mardi 30 mai 2017

Il n'est plus que deux forces politiques


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 29 mai 2017. Note 72 à J-14 et J-21.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


On peut « amuser la galerie » tant qu'on veut, « faire du buzz », commenter plutôt qu'analyser, il n'en reste pas moins que la situation politique se résume à une opposition entre les libéraux, réunis dans toutes leurs diversités, et les autres : « les partageux ». Les tenants de la mondialisation libérale contre les tenants de la mondialisation solidaire en quelque sorte. C'est brutal ! On se croirait revenu au temps de « la lutte des classes », me dira-t-on. Eh bien oui, mais il ne s'agit pas, cette fois, que de classes. Nous sommes plongés dans un différend planétaire : l'avoir contre l'être.


1 - Quel que soit le résultat des législatives, deux conceptions du monde et des relations entre les Terriens s'affronteront, et ce n'est qu'un début.
Avoir ou être ? L'antithèse posée par Erich Fromm n'est pas nouvelle. Gabriel Marcel, dès 1935, dans une étude philosophique restée célèbre, soulignait que « Plus nous nous identifions à nos possessions, plus nous sommes en proie à une sorte d'esclavage incompréhensible et intolérable ». Pour Erich Fromm, du choix que l'humanité fera entre ces deux modes d'existence dépend sa survie même.
Cf. Erich Fromm, Avoir ou être ? Un choix dont dépend l'avenir de l'homme ,éditions Poche, 1er mars 1996.
Cf. Gabriel Marcel, Être et avoir, éditions universitaires, Paris, 1935, réédité en 1991.

Cette simplification de l'affrontement politique a de quoi étonner. Nous pensions que, la complexité des relations humaines, étendue à la planète tout entière, nous éloignerait des bipolarisations mais il n'en est rien. Quelle qu'en soit les formes, le rapport entre les dominants et les dominés, entre les possédants et les « possédés », bref entre les riches et les pauvres, détermine, encore et toujours, les conditions de vie des humains. Nous ne sommes ni égaux, ni semblables, ni frères, ni voisins, ni prochains dès que ce qui est en jeu est le pouvoir par conséquent l'argent et la force.
Les inégalités dépassent tout ce qu'on a connu et la loi du plus fort régit les relations entre les peuples mais aussi au sein des peuples. Bref, il y a conflit planétaire entre ceux qui ont et ceux qui sont. Mon hypothèse est que « la révolte de Gaïa » qui n'est pas une conscience de la Terre passant à l'action pour se venger des blessures qu'on lui inflige, mais la résultante violente des erreurs que nous avons commises, depuis que nous ne savons plus contenir nos appétits de profits, relance notre prise de conscience sous la pression d'un sentiment d'urgence. Il n'est plus que deux voies possibles : celle qui tue, où nous sommes poussés (posséder, s'enrichir et accumuler) et celle qui laisse ouvertes les portes de la vie (partager, mettre en commun et donner).
C'est sous cet éclairage qu'il faut se placer pour juger de la situation électorale en France et ailleurs. Une minorité de possédants ne peut maintenir sa domination ad vitam aeternam ! La démocratie est un moyen ce n'est pas une fin. Elle peut être détournée et elle l'est. Etienne de la Boétie l'a montré et l'a dit : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres »  Le mode de scrutin, tant pour les législatives que pour les présidentielles, est conçu de façon à convaincre les électeurs de voter pour leurs tyrans ? Notre servitude est volontaire parce que nous croyons que notre intérêt est de marcher dans les pas du Prince. En 2007, Nicolas Sarkozy avait gagné la bataille idéologique : en convaincant un majorité de Français que l'on peut gagner plus en travaillant plus. On sait ce qu'il en est advenu ! Emmanuel Macron est en passe d'user d'un autre stratagème idéologique, tout aussi pervers : dépassons le clivage gauche/droite, dit-il et nous réussirons tous ensemble. En un mot comme en cent, ne croyons pas à la fable qui ferait passer les loups pour des moutons ! Le toujours actuel La Fontaine avait déjà prévenu dans la morale de sa fable  Les Loups et les Brebis ( Livre III, fable 13) :

La paix est fort bonne de soi :
            J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
           Avec des ennemis sans foi ?

2 - Qui sont, de nos jours, « les ennemis sans foi » dont parle La Fontaine
Un ennemi n'est pas nécessairement un mauvais homme. C'est seulement le contraire d'un ami. Il est celui qui ne peut vous aimer car il est, de fait, votre rival. Ses intérêts ne sont pas les vôtres ! On ne peut « aimer son ennemi » que lorsqu'on est persuadé que les divergences, une fois comprises et les buts redéfinis, des convergences peuvent apparaître. L'histoire nous enseigne que l'ennemi héréditaire peut devenir un véritable ami.

L'opposition entre les 1% les plus riches et les 99% des autres humains est brutale. L'ONG Oxfam avait prédit que les 1% posséderaient plus que le reste du monde en 2016. Cette prédiction s'est en fait réalisée dès 2015, un an plus tôt ! « 62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale », c'est-à-dire plus que 3,6 milliards d'individus sur la planète. Elles étaient encore « 388 il y a cinq ans », affirme l'ONG. Même si la méthode de calcul peut être contestée, elle va dans le même sens que d'autres, utilisant d'autres démarches et qui montrent, elles aussi une concentration des richesses aux mains d'un petit nombre. Qui ne trouve rien à redire à cela ou qui, pire, le considère comme inévitable et « dans l'ordre des choses », est un ennemi de l'humanité.

Là est la césure, là est le clivage. Les siècles s'écoulent et il n'est apporté aucun remède à cette injustice historique et qui va s'aggravant. Nos ennemis sont, dès lors, ceux qui prospèrent dans un monde fait pour eux. Ne perdons pas notre temps à les haïr. C'est inefficace. Peu importe, dans ces conditions, les joutes électorales, ce qui compte, c'est de savoir où l'on se place. Voter, ensuite devient plus simple. Il suffit de ne pas se trahir soi-même. Et si un choix n'est pas offert qui porte au moins une partie de ce qu'on pense, et surtout qui échappe aux diverses candidatures néo-libérales, il convient de s'abstenir ou de ne utiliser des bulletins sans valeur.

3 – Les législatives sont elles, d'ores et déjà, bouclées et « macronisées ?
Ce serait à craindre si ... Si la France n'était pas la France, c'est-à-dire le pays de l'incertitude et de l'imprévisibilité. Tout est certes fait, dit, et mis en images pour donner à penser que, législatives ou pas, « nous en avons pris pour cinq ans » ..., au moins. Après une période de calme et de silence, les professionnels du conditionnement de l'opinion se sont remis au travail. Et c'est reparti :
# Pour quoi voter puisque Macron a gagné ? Les députés n'ont qu'à lui donner de quoi agir !
# Nous avons, enfin, un vrai Président « à poigne » : on l'a vu, face à Trump ou Poutine.
# Les Français sont légitimistes : La République en marche ne peut donc que l'emporter.
# Sa victoire est sûre : 300 députés ou plus. Seule nous manque l'ampleur de la majorité.
# Les Républicains devraient limiter les dégâts avec150 sièges environ.
# À potentiel électoral égal, le FN et la France insoumise auraient de 20 à 30 sièges ...
On pourrait allonger la liste. Et pendant ce temps, du Louvre à Versailles, Macron s'intronise ... Ne lui manque plus que le sacre en la cathédrale de Reims ! La République royale a retrouvé (pour combien de temps ?) son lustre et ses ors. C'est anachronique ? Qu'importe. Il faut réussir le spectacle avant le 18 juin. Après on avisera : qui a le pouvoir a les mains libres, croit-on.

Soyons réalistes. Nos institutions auront permis que, sauf surprise, les oppositions contradictoires (le Front National et la France Insoumise) soient marginalisées. La République en Marche - Modem et « Les Républicains » ( ces derniers ayant la même philosophie politique libérale que le Président) finiront par s'entendre. Ils disposeraient (si l'on suit les sondeurs) de 300+150 = 450 députés sur 577, (la majorité absolue se situant à 289 sièges ...). Aux autres les miettes ...

Faut-il pour autant se résigner ou attendre du ciel ce qui ne sortirait pas des urnes ? Sûrement pas ! Le renouvellement attendu (206 députés ne se représentent pas et 362 se représentent - sans être tous certains d'être réélus) n'est pas négligeable et va engendrer un temps d'adaptation voire des perturbations. Mais, surtout, les questions posées à tout le pays, et pas au gouvernement seul, ne vont pas disparaître. Au contraire, elles vont ressurgir et la majorité néo-libérale « multi composante », n'est pas équipée pour les traiter. Les principales me semblent être :
• Le réchauffement climatique dont les productivistes du monde entier n'ont cure (et pas seulement Donald Trump) ! L'accord de Paris sans une volonté politique très forte est mal parti.
• Le recul du nucléaire civil en période de fin de vie de plusieurs centrales. Arrêter et démanteler Fessenheim ne suffit pas. Le rôle du nucléaire en Europe, dans l'Union et hors d'elle (comme le vote de la Suisse le révèle) n'est plus à considérer du seul point de vue français.
• De quelle Europe voulons-nous ? Le débat avorté des présidentielles va reprendre. Une Europe dominée par l'Allemagne et la France, n'ayant d'autre ambition que son avenir économique, perdra le soutien des peuples qui la constituent. La citoyenneté européenne est à repenser.
• La France est désormais, en Europe, la seule puissance militaire dotée de l'arme nucléaire. Au moment où l'ONU prépare un traité d'interdiction des armes nucléaires, il est temps de sortir l'Europe, donc la France, des zones nucléarisées. Les 9 États dotés de la Bombe ne peuvent tenir l'avenir de la planète entre leurs mains !
• La réforme du droit du travail effectuée par ordonnances ne peut se faire sans un abandon de notre modèle social mis en place à la Libération. C'est ce que veut le patronat. C'est ce à quoi il faut s'opposer et pas uniquement au Parlement !
• Le recours aux scrutins proportionnels fait partie de notre approbation du projet européen, tout comme l'abolition définitive de la peine de mort. Ce ne sera pas une question de « dose » mais d'effectivité. Il y va de la démocratie elle-même.
• La venue de nouveaux arrivants, au péril de leurs vies, fuyant le malheur, la guerre, la famine, ne peut plus être traitée comme une gestion de flux migratoires. Les réfugiés nous montrent à quel point s'est installé un désordre sans nom sur une planète qui peut nourrir tous les Terriens. Les réfugiés climatiques vont augmenter encore le nombre des familles en fuite.

Sans en dire plus (on le pourrait !), on se rend compte que s'ouvre une période politique déterminante où il ne s'agit pas seulement de voter ! Habiter la Terre n'est plus la juxtaposition de populations résidant dans des États-nations. Le monde dans lequel nous sommes entrés, sans toujours l'avoir voulu, rend nos soucis locaux secondaires, même s'ils sont restés, à nos yeux très importants. Les législatives se situent dans ce contexte. Il faut y prendre part pour tenter de freiner la dérive libérale, mais la mutation de civilisation va bien au-delà. Et c'est, peut-être, la grande utilité de la période électorale que traverse la France. Nous avons à nous adapter à une réalité mondiale qui nous oblige à sortir des fausses évidences dont se sont nourris et qu'ont propagé les dirigeants politiques de notre pays depuis (cela devient, historiquement de plus en plus flagrant) ... la guerre d'Algérie.

samedi 27 mai 2017

N'oublions pas le « nerf de la guerre » électorale !


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 26 mai 2017. Note 71 à J-15 et J-22.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Elle est bien discrète cette campagne des législatives, en tout cas sur les grands médias pour qui « la messe est dite »... Et si nous allions fouiller dans les troncs de l'édifice électoral pour voir ce qui s'y trouve ?


1 – Perdre les élections, pour les grands partis traditionnels qui « tenaient » ou « détenaient » le pouvoir (et les sous... !), c'est courir à la ruine.
Au-delà du recul des idées dont ils s'étaient fait, hier, les défenseurs, et dont ils ne se pré-occupent plus, le PS et les « Républicains » se débattent dans une contradiction : comment régresser, puisque c'est inévitable, sans trop y perdre ? Y perdre quoi ? Des ressources d'abord. Dans l'écurie politique « macronienne », il n'y a pas d'avoine pour tous les chevaux (jeunes étalons et chevaux de retour). Cela s'est passé en quelques semaines, en ce début 2017 mais avait été préparé depuis longtemps, depuis des mois et de mois : il n'y a pas de place pour tous les caïmans mâles dans le même marigot. Les libéraux de toutes obédiences devront s'entendre sur les clefs de financement : beaucoup pour les vainqueurs, un peu pour les vaincus, fusent-ils des ralliés d'aujourd'hui ou de demain.

2 - Depuis 1988, un financement public des partis et groupements politiques est prévu, en fonction des résultats aux élections législatives et du nombre de parlementaires. C'est dire l'importance pratique de la prochaine élection des 11 et 18 juin.
Une information détaillée, avec un tableau comparatif très révélateur, est fournie par Wikipedia.  :
Les citoyens ne connaissent pas, le plus souvent, les règles du financement public des partis et groupements politiques ainsi que leurs effets sur la vie politique et donc sur la campagne électorale. Nous croyons devoir en rappeler l'essentiel :
Le montant des crédits inscrits dans le projet de loi de finances de l’année pour être affecté au financement des partis et groupements politiques est divisé en deux fractions égales.
  • une première fraction est destinée au financement des partis et groupements en fonction de leurs résultats aux seules élections législatives (pour les candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions).
  • une seconde fraction est spécifiquement destinée au financement des partis et groupements représentés au Parlement, ( proportionnellement au nombre de membres du Parlement qui ont déclaré au bureau de leur assemblée, auquel ils sont inscrits ou rattachés.
Principaux partis au Parlement, entre 2012 et 2017, le Parti socialiste et « Les Républicains » (LR) étaient les destinataires les plus importants des aides d’Etat. « Ainsi, en 2013, le montant global versé aux partis et formations politiques de métropole et d’outre-mer s’est élevé à 70 083 332,15 € dont notamment : 28 480 742,50 € pour le PS ; 19 870 309,79 € pour l’UMP devenue « Les républicains » ; 5 543 646,41 € pour le FN ; 3 521 792,11 € pour Europe Écologie-Les Verts ; 3 222 320,99 € pour le PCF (décret n°2013-430 du 27 mai 2013).
Voir l' utile complément d'informations, actualisées, consultable sur le site du quotidien Le Monde :

3 - Les législatives servent-elles de pompe à finances !
Une voix aux élections législatives peut entraîner un financement pendant cinq ans d'à peu près 1,40 euro par an. On a compté, selon la Commission nationale des Comptes de campagne, jusqu'à 451 partis politiques, ramenés à 338 depuis 2015. La plupart ne servent, s'ils remplissent les conditions, qu'à récupérer un financement public au prorata du nombre de suffrages obtenus ! Ainsi un « Parti de défense de la culture du poireau », par exemple, s'il est dûment déclaré, s'est doté d'un mandataire financier et tient à jour ses comptes, s'il obtient ne fut-ce que 1000 voix, pourrait toucher, théoriquement, au terme de la législature :1,40€ X 1000 X5 = 7000€ ! En 2012, 53 partis avaient ainsi réussi à décrocher le jackpot.

Le député René Dosière, qui suit ce dossier depuis des années, propose, pour obtenir le statut de parti politique, de relever la barre à 100 candidats et 2,5% des voix politique. Dans le projet du gouvernement préparé par François Bayrou, et relatif à la moralisation de le vie publique, il n’en est, pour l’instant, pas question.

4 – Il y a pire que les « magouilles » des micro-partis trop facilement désignés comme partis : les « grands partis », jusqu'ici riches, maîtrisaient tous les processus électifs par leur seule domination financière. Qu'est-ce qui va changer ?
Voici encore une manipulation de l'opinion à laquelle les médias apportent leur concours ! Il ne suffit pas de changer de dominants pour changer de domination ! L'effondrement (probable) du PS et le recul (sensible) des Républicains, changera la forme du pouvoir libéral mais pas son fond. Dépossédés mais impuissants, les partis traditionnels constatent qu'est sorti, de l'œuf de coucou qu'ils ont couvé, un « drôle d'oiseau, plus gros qu'eux qui a entrepris de les jeter hors du nid. Il n'auront plus qu'à implorer la clémence du Jupiter préidentiel et devront même boire le calice jusqu'à la lie, puisqu'il leur faudra exprimer leur soutien à celui qui les ruine politiquement et financièrement.
Résumons, sans détailler : fini, en 2017, pour le PS, les quelques 28,5 millions d'€ d'aide publique, ou pour « les Républicains ( ex-UMP), les presque 20 millions d'€ d'aide publique. Pour les autres formations, il n'y aura pas le choix : elles aussi menacées de recul, elles devront se compter pour tenter de sauver ce qui peut l'être ; les ententes électorales qui ne sont pas organisées pour assurer la survie des plus menacés ne pouvaient se conclure. Il en est du reste de même pour les mouvements, comme La République en Marche et La France insoumise, qui doivent présenter le plus de candidats possible puisqu'ils aspirent à passer de rien à une forte représentation au Parlement. Le gâteau électoral ne pouvant ni se réduire ni augmenter, il faut bien en priver certains convives et voilà bien pourquoi la question politique est devenu une question d'argent. Ne cherchons pas ailleurs la source de conflits médiatisés. Ceux qui vont perdre une grande partie de leurs ressources, donc leurs moyens d'agir, ne peuvent que se durcir et nous en ferons le constat avant la fin juin.



vendredi 26 mai 2017

Le terrorisme utilisé mais non abordé pendant la campagne


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 26 mai 2017. Note 70 à J-16 et J-23.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


1 - Remarque préalable au sujet des premier et second tours des législatives :
Du premier tour dépend le second, bien entendu. Pourtant, il y a deux enjeux liés à cette élection et non pas un seul. C'est pourquoi, nous modifions notre compte à rebours, ci-dessus. L'enseignement à retirer du premier tour sera : quelle a été la résistance des partis traditionnels à la vague de fond qui a bouleversé le paysage politique de la France ? L'enseignement du second tour sera, bien sûr : le président Macron dispose-t-il d'une majorité pour gouverner ? Autrement dit : en dépit des limites imposées par le mode de scrutin, le lessivage continue-t-il et au profit de quelles forces politiques ? Tout n'est pas encore écrit, tant s'en faut.

2 - De quel phénomène politique le terrorisme est-il le nom ?
Après l'attentat de Manchester, le gouvernement annonce une nouvelle prolongation de l'état d'urgence ! Est-ce la bonne réponse à la menace terroriste ? La campagne des législatives esquive le sujet même si certains s'y vautrent. Nous voulions y réfléchir. C'est l'objet principal de cette nouvelle note.

• On connaît le refrain de l'extrême droite et d'une partie des « Républicains » : le terrorisme a son origine dans la radicalisation de jeunes musulmans tombés sous la coupe des fanatiques de Daesch. On imagine, à la veille du Ramadan, l'angoisse que fait monter, dans la communauté musulmane, une analyse aussi incomplète. Est-ce que les « fous de Dieu » ne se recrutent qu'en terre d'Islam ? Il suffit d'observer les événements qui se produisent sur toute l'étendue de la planète pour comprendre que les intégristes religieux qui usent de la violence ne sont pas que des musulmans. Des Chrétiens catholiques, orthodoxes ou protestants, des Juifs, des Musulmans sunnites ou chiites, des Hindous, des Sikhs, des Boudhistes, etc..., s'opposent les uns aux autres ou se dressent contre le « incroyants » depuis des siècles. Les religions, quelles qu'elles soient, secrètent des violences et les athées ne sont pas en reste, comme on l'a vu au temps de l'empire soviétique. Est-ce la volonté de convertir ou la lutte entre des chapelles hostiles qui enragent les prosélytes au point d'en faire des tueurs ? Qui le sait ? Mais de toute façon, cela n'explique pas tout. D'ailleurs, en ce siècle, les victimes les plus nombreuses du fanatisme religieux sont musulmanes et il importe de le rappeler sans cesse.

• Derrière les motivations prétendument religieuses se dissimulent (mal !) des projets politiques et des volontés de pouvoir qui exploitent les rancœurs et les désespoirs de peuples entiers qui n'ont pas la maîtrise de leurs existences et qui, trop souvent, ne peuvent que survivre. C'est là qu'il faut chercher le terrain et le terreau où se nourrit la haine et où se recrutent des assassins que rien n'arrête, pas même la peur de la mort.
Nos analyses sont courtes car nous ne voulons voir que le mal qui nous est fait par les attentats à l'aveugle que nous subissons, en occident. Les policiers et les soldats ne peuvent assurer notre protection absolue et, à force de vivre dans l'exception (et cela a commencé en 1955 pendant la guerre d'Algérie, de 1954 à 1962, ne l'oublions jamais), nous ne vivons plus totalement en paix, mais dans un état d'exception quasi permanent.

• Rappelons-nous, en effet que, plusieurs fois mis en oeuvre durant la guerre d'Algérie, l'état d'urgence n'avait été décrété que deux fois depuis : en 1985, en Nouvelle-Calédonie, lors des affrontements qui avaient alors touché l'archipel, et en 2005, face aux émeutes dans les banlieues, à l'initiative du gouvernement de Dominique de Villepin. Institué par la loi du 3 avril 1955, l’état d’urgence peut être mis en œuvre « soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ». Il est déclaré par décret en conseil des ministres et ne peut être prolongé au-delà de douze jours que par la loi. C'est ainsi que la proclamation de l’état d’urgence par François Hollande, le 14 novembre 2015, a réactivé le dispositif adopté en avril 1955 afin de répondre, alors, à l’offensive des « terroristes » dans les départements d’Algérie sans avoir à pleinement reconnaître la situation de guerre.
Une étude de 1996, organisée par l'Association de consultants internationaux en droits de l'homme relevait que « dans de nombreux pays, pour faire face aux situations exceptionnelles, les Gouvernements ont recours à l'état d'exception et suspendent l'application de lois qui protègent les libertés ». Autrement dit, nous vivons dans un état d'urgence qui est un état d'exception qui, lui-même, réduit l'état de droit. Nous restreignons les libertés pour mieux les protéger ! C'est contradictoire et insupportable dans la durée, car il y va de la démocratie elle-même. Le débat est difficile mais nous ne pouvons en faire l'économie. La passion risquant de s'en emparer, les candidats se gardent prudemment de s'y lancer. Ils le rencontreront pourtant, au Parlement, s'ils sont élus. Ce silence sur le sujet est aussi imprudent que lâche.
Le lien entre notre passé colonial et l'actualité redevient visible et l'usage du vocable terroriste ou terrorisme est de plus en plus ambivalent. La Terreur fit partie de l'histoire de France, durant la Révolution, au cours des années 1792 et 1793. Les terroristes étaient, à la fin du XIXe siècle, les anarchistes qui furent durement réprimés et, pour certains, tel Ravachol, conduits à la guillotine, cet instrument même de la Terreur. Les résistants, au cours de l'occupation nazie et sous le régime de Vichy étaient désignés comme terroristes. Enfin, la rébellion algérienne fut aussi considérée tout entière comme terroriste.

• Le terrorisme contemporain est de nature différente. C'est une utilisation de l'épouvante pour rendre la vie impossible à toute une population et pas seulement aux victimes, d'ailleurs frappées au hasard. C'est le recours à la violence extrême, impitoyable, pour « punir » toute une civilisation jugée impie non seulement parce que non religieuse mais surtout parce que dominatrice et par l'argent et par les armes et par ses conquêtes. Là commence la confusion : les grandes erreurs sont pétries de réelles vérités. La haine de l'occident remonte à un lointain passé où les colonisateurs et les États coloniaux ont fait régner des terreurs dont on commence seulement à connaître l'ampleur (comme au Congo ex-belge, par exemple, où les massacres de masse on été perpétrés dans l'indifférence générale !). Au nombre de victimes innocentes massacrées, Daesch n'a pas encore atteint la palme de l'horreur. On a fait encore pire sur tous le continents.
Ce regard historique n'excuse personne mais relativise, les uns par rapport aux autres, les crimes innommables commis par tous les terroristes, d'où qu'ils viennent et quels qu'ils soient, partout où l'on tue autrui simplement parce qu'il est coupable d'être ce qu'il est !

• Penser ces horreurs et ces drames ne peut être évacué du débat législatif. « Terroriser les terroristes » comme disait Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, entre 1986 et 1988, n'a qu'une efficacité temporaire, s'il en a une, car on ne peut s'en tenir à combattre les effets sans éradiquer les causes. Et elle est bien maigre la contribution à la quête des causes. Aurions-nous encore trop peur de nous y brûler les doigts ? Bref, si j'ose dire, nous ne restons pas « blancs » quand il s'agit d'aller fouiller aux sources du terrorisme.

• Quand Jean-Claude Vitran observe, dans l'un de ses derniers blogs, non plus le passé qui fournit les sources mais le présent qui en révèle les effets ravageurs, il nous invite à une lucidité plus grande. « Comme pour les perpétrateurs des drames de Charly Hebdo et du Bataclan, écrit-il, la personnalité et le parcours du « kamikaze » de Manchester devrait poser question. Dans l'état actuel des investigations, le jeune homme de 22 ans, né en Grande Bretagne, de parents d'origine libyenne, avait commencé, puis abandonné, des études de management à l'université, et semblait bien tranquille selon ses voisins ». Quand les études qu'on peut faire dans l'une des universités du pays où l'on vit, donne accès à des informations terrifiantes sur le sort infligé à ses propres ancêtres, par les colons italiens, sous Mussolini, de 1922 à 1928, on peut se trouver submergé par des sentiments et des ressentiments qui fragilisent autant qu'ils radicalisent. L'agent recruteur qui vient, alors, donner une réponse (fausse mais crédible) à la question légitime qui se pose : « pourquoi a-t-on fait çà », prend pouvoir sur le psychisme d'un jeune traumatisé qui va vouloir venger les siens et ne réussira rien si ce n'est devenir un mauvais ange exterminateur. Comprendre ces parcours de mort mais aussi dire la vérité et l'éclairer avant que ne s'en servent les propagandistes extrémistes fait partie de l'action nécessaire pour éradiquer le terrorisme.

• Si l'on veut créer l'unanimité on proclame l'union sacrée contre le terrorisme. Il en aura été ainsi, à Taormina, en Sicile, au pied de l'Etna, ce jour même, au cours d'un G7 – les États les plus riches, dit-on –, (le G8, moins la Russie, mais plus l'Union européenne), distinct du G10 (les mêmes plus la Chine, l'Inde et le Brésil). Emmanuel Macron y faisait son entrée dans la cour des Grands. Pendant ce temps débarquaient, en Italie des milliers de réfugiés.
Et voilà l'une des causes du terrorisme : quand devant tous les peuples du monde, au travers des médias, on juxtapose, sans broncher, l'immense richesse et la plus grande détresse, on donne des arguments aux fauteurs de guerres intestines.
Entendons-nous bien : expliquer n'est pas justifier et la mort d'un enfant, à Manchester, au fond de la Méditerranée, gazé en Syrie... n'aura jamais d'excuse. Ce qui importe, c'est de combattre non un mot (« le terrorisme ») mais ce qui engendre la monstruosité. Au reste, toutes les peines de mort sont abominables.
Par exemple, et restons en là de nos répugnances, quand le président des USA, depuis l'Arabie saoudite, puis en Israël, dénonce l'Iran comme seul financeur du terrorisme, en plein affrontement sunnites-chiites, il devient un fauteur de guerre, un propagateur de la violence internationale, bref un authentique terroriste.

***
Ne pas s'en tenir à la France pour comprendre la France ; ne négliger aucune des violences si l'on veut éradiquer l'une d'elles, parmi les pires, le terrorisme ; cesser de ne compter que sur la force pour écarter le crime ; reconnaître que la tyrannie de l'argent est une forme de terrorisme : voilà ce que les électeurs ont à entendre et à méditer, dans les jours à venir avant d'entrer dans leurs isoloirs. Quiconque est candidat et n'est pas conscient de ces évidences ne mérite pas d'être élu.


Pourquoi voter pour « La France insoumise » ?


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 25 mai 2017. Note 69 À J-24.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Que reste-t-il de la gauche qui puisse peser encore? Du gigantesque lessivage produit par l'élection présidentielle de 2017, oui, que reste-t-il de ce qui fut « la gauche » ? Pas grand chose, si l'on ne s'en tient qu'aux vieux mots et aux anciennes références qui n'ont plus cours ou qui ont été abandonnés.


1 – Le PS n'incarne plus la gauche et ne peut plus diriger la France.
La gauche ralliée au social-libéralisme n'est plus la gauche parce que, comme le criait Mitterrand au Congrès d'Épinay, en nous trompant tous (au point que nous avons cru que le PCF avait cessé d'être le seul grand parti anticapitaliste en France) : « Celui qui n'accepte pas la rupture - la méthode, ça passe ensuite - celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi - politique, ça va de soi, c'est secondaire - avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste ». Tout était dit. C'était en 1971. Était-ce un mensonge de la part de celui qui visait déjà l'Élysée ? Qui le sait ?
46 ans plus tard, on peut dire encore, sans la même éloquence mais avec réalisme : « celui qui ne consent pas à la rupture avec la société capitaliste ne peut pas se dire socialiste » Et voilà pourquoi le PS se meurt : en son sein se juxtaposent, sans se comprendre « deux gauches irréconciliables » : celle, (la fausse gauche), qui abjuré la motion finale d'Épinay, et celle qui cherche les voies nouvelles de contestation du capitalisme (la minorité de gauche qui a tenté, en vain, avec Benoît Hamon, de sauver l'héritage en ouvrant l'espace nouveau du socialisme écologique). Cet échec du député de Trappes, voulu par les dirigeants actuels du PS, a marqué la fin de ce parti Osons dire que c'est mieux ainsi, plus clair et définitif.
Cassé en trois, le PS ne peut rien proposer d'attrayant et d'original aux Français. Ceux qui ont rejoint Emmanuel Macron sont déjà partis ailleurs ; ceux qui tiennent la boutique pour qu'elle ne tombe pas dans les mains des amis de Benoît Hamon vont se retrouver laminés, le 18 juin, et bien seuls rue de Solférino ... ; ceux qui demeurent des socialistes vraiment socialistes ne pourront tout rebâtir sur les ruines de leur parti et il leur faudra passer des alliances avec ceux qui pensent comme eux ou presque. Cela ne peut se produire qu'après les législatives. Et voilà pourquoi Jean-Luc Mélenchon avec la France insoumise ne peut passer aucun accord électoral général ou local avec ceux qui tiennent encore le PS et qui proposent un programme abandonnant les apports de Jaurès, de Blum et même de Mitterrand à Épinay, tout comme celui de Benoît Hamon, pourtant net vainqueur de la primaire du 29 janvier 2017, face à Manuel Valls (58,71% contre 41,29%). Jean-Christophe Cambadélis reparle, le 22 mai dernier, comme le fit Manuel Valls en 2007, 2011 et 2014, d'un changement de nom du Parti qui cesserait de se qualifier de socialiste. Tout est dit.

2 - Le PCF n'a aucune autre perspective que de sauver ses dernières implantations locales.
Les ultimes forces de ce parti qui fut, après la seconde guerre mondiale, le premier parti de France, que la chute de l'empire soviétique a discrédité, mais qui gérait plutôt bien les villes les plus populaires qu'il dirigeait, vont être jetées dans une lutte pour la conservation des derniers bastions. Ce conservatisme, car c'en est un, qui reste fondé sur une idéologie productiviste et pro-nucléaire, à peine camouflée derrière un discours devenu plus ouvert à l'écologie politique, est sans avenir. Là encore, il y a incompatibilité entre une vision globale et une vision localiste. La gauche n'est plus une alliance de partis, c'est, dit Jean-Luc Mélenchon, « le peuple », c'est-à-dire la diversité des « gens » qui ne se contentent pas d'avoir des points d'appui, ici ou là, mais qui veulent, dès aujourd'hui si possible, ou demain sans trop tarder, vivre avec de quoi espérer, en échappant à la domination des oligarques tout puissants. Et voilà pourquoi la France insoumise, ne peut passer aucun accord électoral d'avenir avec ceux qui limitent leurs ambitions à sauver les sièges de ceux des députés qui-ont-bien-fait-leur-travail.

3 - Les Verts, quel que soit le nom qu'ils se donnent, (aujourd'hui EELV), ont perdu leur pari.
Plusieurs fois, on a cru qu'un boulevard s'ouvrait devant cette organisation qui s'était d'abord présentée comme « mouvement ». Les élections à la proportionnelle lui ont été un temps favorables : au Parlement européen, dans les Conseils régionaux et dans les mairies mais, trop dépendants du PS, les Verts n'ont pu influencer suffisamment la vie politique française. Le mode de scrutin majoritaire en France a bloqué leurs résultats au niveau national, et non seulement leurs candidats, à l'élection présidentielle n'ont qu'une seule fois dépassé les 5% (exactement 5,25%, par Noël Mamère, en 2002), mais leurs députés ont rarement réussi, par leurs propres moyens, à se faire élire au Parlement. C'e fut encore le cas de Cécile Duflot en 2012.
Les voici repartis en 2017, mais, cette fois, en autonomie forcée, (le PS ne disposant plus des capacités de les associer à leurs succès pour mieux les contrôler). Que peuvent-ils attendre de cette situation nouvelle ? Plus de liberté, certes, mais toujours peu d'élus, sans doute ! Il leur faudra, surtout, une nouvelle orientation dès lors que leur sort sera immanquablement lié à celui des organisations ouvertes à une écologie véritable, telles que l'ont exposée et Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Ils ne seront plus l'unique parti de l'écologie politique.
Europe Ecologie-Les Verts présentera 459 candidats aux élections législatives, (228 hommes et 231 femmes) et soutiendra 52 candidats socialistes, 16 communistes et au moins un candidat de La France insoumise, François Ruffin, dans la Somme. Le parti socialiste soutiendrait, lui, 49 candidats écologistes en ne présentant pas de candidats contre eux. Le PCF en soutiendra une quinzaine dans les mêmes conditions. L'effort des Verts est conséquent mais bien peu d'entre tous ces candidats, sauf surprise, devrait atteindre le second tour !
La désignation du candidat Yannick Jadot a conduit à un choix catastrophique qui les a entrainés dans la chute de Benoît Hamon. Pour la première fois depuis 1974, les écologistes n'ont pu faire valoir leur analyses et leurs propositions au cours d'une élection présidentielle !
L'absence d'accord avec la France insoumise tient aux mêmes causes que celles qui séparent le PCF des candidats FI. Deux stratégies incompatibles s'affrontent : celle de la traditionnelle « Union de la gauche », partout où c'est possible, - qui n'est qu'une addition - et celle, globale et nationale, d'une continuité avec les présidentielles, - qui se veut une multiplication - pour dépasser et renouveler, sans attendre, car le coup est parti, une gauche qui n'était plus elle-même et qui doit se refonder autour d'un programme (« L'avenir en commun »), déjà approuvé par plus de 7 millions d'électeurs. L'écologie n'est plus à côté de ce programme ; elle est dedans.

4 – C'est dans ce cadre que se situent les raisons de voter pour la France Insoumise.
La France Insoumise est seule face à toutes les droites réunies. Elle a besoin du soutien de ceux qui ne se résignent pas à la victoire en trompe l'œil d'Emmanuel Macron qui bénéficie du rassemblement de tous les libéraux. Elle reste seule est en capacité de résister ou de l'emporter.
La seule alternative crédible, c'est la politique socio-écologique. Elle ne peut convaincre ou vaincre, progresser ou gagner, que dans une unité nouvelle qui ne soit pas la somme ou le total de forces alliées et disparates mais bien la démultiplication d'un effort collectif qui est effectué par les citoyens eux-mêmes. Les législatives peuvent en fournir l'occasion si le pays confirme et amplifie son vote du 23 avril dernier. C'est une dernière chance à ne pas laisser passer.
Le triomphe, inéluctable à terme, d'une écologie anti-capitaliste se prépare tout de suite. Le libéralisme, quelle qu'en soit la forme, engendre trop d'inégalités et trop de dangers pour l'espèce humaine. Il ne pourra longtemps encore maintenir sa domination face à des milliards d'exploités, de plus en plus informés et cultivés. Il faut faire entendre cette anticipation politique et scientifique au Parlement.
• Il ne s'agit plus seulement de soutenir et d'approuver des partis, il s'agit de faire entrer les citoyens dans les processus de décision et de leur rendre possible le contrôle de l'exécution des politiques qu'ils ont choisies. Des députés élus en grand nombre non pour faire carrière mais pour mettre en œuvre cette grande orientation démocratique, tel est l'enjeu majeur des législatives.
S'engager dans la vie politique doit changer de signification : c'est plus que déléguer, c'est s'impliquer. Une représentation parlementaire plus jeune, plus féminine, plus libre par rapport au lobbies, peut seule effectuer ce passage vers une action publique préparée et partagée avec tous les concernés.
Les grandes préconisations du programme « L'avenir en commun » sont des engagements rendus publics et auxquels quiconque pourra se référer. Elles constituent donc bien plus qu'une liste de vœux. C'est, comme on dit, «  une feuille de route » qui n'est pas facultative mais impérative.
Il est prudent de ne pas laisser les néo-libéraux gouverner à leur guise. Ce constat impose de rassembler un opposition de la gauche véritable capable aussi de gouverner. Comment est-ce possible si La France insoumise n'est pas ou majoritaire seule ou très majoritaire au sein des oppositions ?

En conclusion, osons dire, aujourd'hui, qu'il est des choix qui s'imposent quand on est le dos au mur : devant le bloc qui est déjà, ou qui sera demain plus encore, constitué d'auxiliaires sans état d'âme du nouveau Président de la République, il faut aller chercher les forces du refus là où elles sont, et en masse. Et c'est pourquoi il importe de voter prioritairement pour les candidats de La France insoumise mais aussi, quand cela se produit, pour des candidats très bien placés pour l'emporter et qui sont, de toute certitude, des écolos-socialistes ou des socialistes-écolos clairement anti-capitalistes. Tous les autres repères deviennent négligeables.





mercredi 24 mai 2017

De la radicalisation et de ses causes.


Dans sa note du 23 mai, Jean Pierre Dacheux s'interroge dans ces termes : « Après ce qui s'est passé, hier soir, au terme d'un concert, à Manchester, il ne suffit plus de condamner les terroristes et leur opposer la force des armes ! Comprendre le terrorisme, si l'on veut l'éradiquer, est devenu une priorité prioritaire ».

C'est effectivement à cette réflexion capitale « comprendre le terrorisme » que nos édiles devraient consacrer leur rencontre au lieu de répondre par toujours plus de sécuritaire inutile : le risque zéro n'existant pas !

C'est beaucoup leur demander, tant ils sont convaincus que leurs choix de société sont les meilleurs et qu'ils ne génèrent pas de ressentiment, d'animosité, voir de haine.

Enfermés dans le syndrome TINA - il n'y a pas d'alternative - complices des lobbies industrio-financiers mondiaux, ils continuent aveuglement leurs politiques destructrices et suicidaires.

Pourtant, comme pour ceux des fomentateurs des drames de Charly Hebdo et du Bataclan, la personnalité et le parcours du « kamikaze » de Manchester devraient poser question. Dans l'état actuel des investigations, le jeune homme de 22 ans né en Grande Bretagne de parents d'origine libyenne avait commencé, puis abandonné des études de management à l'université, et semblait bien tranquille selon ses voisins.

Il s'est pourtant radicalisé !

Pourquoi ce changement ? il n'a pas eu lieu sans raison !

L'oligarchie de pouvoir, adoratrice de son veau d'or « l'argent », ne veut, surtout, pas imaginer que la société inégalitaire et injuste qu'elle produit puisse être en partie responsable de ces radicalisations. Partant du principe, gravé dans le marbre, que chacun est maître de la conduite de son existence, les néolibéraux au pouvoir affirment que ces « terroristes » sont seuls responsables de leurs actes sanglants : pas le gouffre des inégalités, pas les injustices, pas le chômage, pas les ghettos des banlieues, etc …

Il faut lire un petit livre1, par la taille, pas par son contenu, qui résume très bien la dérive mortifère de notre civilisation. La guerre que les riches mènent contre les peuples conduit vers le totalitarisme et la barbarie. Les profits escomptés sur le réchauffement climatique, l'élection de Donald Trump, la marchandisation du corps humain … sont disséqués par deux sociologues parfaits connaisseurs de notre société.

Même si Frank Fenner et Stephen Hawking considèrent qu'il est trop tard et que l'humanité court à sa perte, essayons tout de même de contraindre nos gouvernants à réagir avant qu'il ne soit réellement trop tard.

Il nous reste, prochainement, une échéance électorale pour tenter d'infléchir les choses.



1    Les prédateurs au pouvoir - main basse sur notre avenir – Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – Editions Textuel

mardi 23 mai 2017

En marche vers la démocratie descendante


Les législatives, inséparables des présidentielles

Le point au 23 mai 2017. Note 68 À J-28.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 18 juin. La lecture complète du résultat des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Ce jour nous impose de mettre d'abord en évidence deux menaces qui interpellent tous les humains, mais qui ont été et restent peu ou mal abordées au cours des campagnes électorales qui se suivent, au cours de ce printemps 2017 :

1 • Après ce qui s'est passé, hier soir, au terme d'un concert, à Manchester, il ne suffit plus de condamner les terroristes et leur opposer la force des armes ! Comprendre le terrorisme, si l'on veut l'éradiquer, est devenu « une priorité prioritaire ». Nous y reviendrons par une note, prochainement. Relevons seulement la nouvelle stupidité proférée par Le Président des USA (en Arabie saoudite !) et accusant le seul Iran islamiste de financer le terrorisme !

2 • Moins immédiatement choquante, mais plus meurtrière encore, la boulimie énergétique, productiviste et consumériste mènent l'humanité à sa perte. L'homo sapiens pourrait disparaître d'ici cent ans estimait, dans une interview accordée au quotidien national The Australian, et publiée le 16 juin 2010, peu avant sa mort, à 95 ans, Frank Fenner, professeur émérite de microbiologie à l'Université nationale australienne,
Le célèbre astrophysicien Stephen Hawking considère, lui aussi, que la disparition de l'humanité devrait intervenir dans le siècle et que rien ne pourra y changer. Il avance, pour cela, plusieurs risques de portée planétaire : - une guerre nucléaire ; - une pandémie suite à l'apparition d'un virus génétiquement modifié ; - la domination de l'espèce humaine par l'intelligence artificielle ; - l'épuisement des ressources de la planète incapables de satisfaire une croissance démographique effrénée.
Ce n'est pas là du catastrophisme, c'est une probabilité dont des scientifiques en renom nous avertissent. Elle devrait nous mobiliser totalement pour tenter d'y échapper, mais, de cela n'ont cure, ceux qui, par leur inaction et à cause de leur cécité, nous conduisent vers l'abîme. Cette autre « priorité prioritaire » ne les habite pas car, sinon, il leur faudrait remettre en question notre système économico libéral. Ce qu'à Dieu ne plaise, pensent-ils !

3 • La vérité politique tombe-t-elle du ciel ?
Nos institutions le permettent : toute la légitimité étant dans le Président d'une République verticale, le Chef du gouvernement a été désigné. Il propose, théoriquement, les noms des ministres au Président qui les nomme, s'il en est d'accord. Le Parlement n'aura pas, une fois élu, à confirmer ces nominations. Il ne peut qu'approuver la politique mise en œuvre ou s'y s'opposer, proposition de loi par proposition de loi... La démocratie à la française est bel et bien descendante. Elle a son siège au Château, le palais de l'Élysée. Mais de cela « la France des Lumières », « la France des Droits de l'homme », « la France du Front populaire en 1936 », « la France de la Libération en 1945 » y sont historiquement opposées. L'Ancien régime monarchique qu'il soit royal ou « républicain » a fait son temps et il va bien falloir l'abandonner. Une France « de droite », banalisée, camouflée ou pas derrière une présidence « et de droite et de gauche », est anachronique. Et en prendre conscience au plus vite constitue l'urgence démocratique du moment. Alors, que voyons-nous ?

• Nous voyons qu'une Assemblée nationale de 577 députés (c'est trop !) va s'installer pour 5 ans, jusqu'à la prochaine année d'élections présidentielle et législative associées, en 2022. On en vient à espérer qu'une dissolution de l'Assemblée nationale brise le rythme de ce calendrier infernal conçu pour faire des députés des « godillots » comme l'on disait sous De Gaulle.

• Nous voyons que le Sénat est oublié. Et pourtant des élections sénatoriales auront lieu dès le dimanche 24 septembre 2017 afin de renouveler la moitié des membres de la Chambre dite haute. Ces élections permettront d'élire les 170 sénateurs de la « série 1 » qui comprend :
    - les sénateurs des départements dont le numéro est compris entre 37 (Indre-et-Loire) et 66 (Pyrénées-Orientales) ;
    - les sénateurs des départements d'Île-de-France ;
    - les sénateurs de certains territoires situés Outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon et Nouvelle Calédonie
    - la moitié des douze sénateurs établis hors de la France métropolitaine
« Dans un système bicaméral, la chambre haute est généralement perçue comme la chambre de révision, censée vérifier voire tempérer les dispositions adoptées par la chambre basse » précise pudiquement Wikipedia.
Et encore : « Ce système a pour but de modérer l'action de la Chambre basse, élue au suffrage direct et représentant donc directement le peuple, en soumettant toutes ses décisions à l'examen de la Chambre haute, élue généralement au suffrage indirect et représentant souvent des départements, des régions ou des États ».
In fine, la chambre basse ( l'Assemblée nationale), celle du bas peuple, est bien sous la surveillance de la chambre haute (le Sénat), presque toujours conservatrice. De Gaulle a voulu toucher au Sénat : ce fut l'une des causes de son échec au référendum de 1969.
En bref, tout changement démocratique réel contraint à modifier le rôle et le mode de désignation des sénateurs représentant toutes les catégories de citoyens et dont la fonction ne devrait pas être législative mais de conseil de la République.

• Nous voyons que le mode de scrutin en vigueur pour les prochaines législatives ferme les portes de l'Assemblée nationale aux représentants des petites familles politiques ou des partis dits extrémistes.
    • Avec 12,5% des inscrits au moins pour pouvoir être candidat au second tour décisif, il faut obtenir un nombre de suffrages par rapport aux exprimés qui dépend et de la participation et de l'importance des votes blancs et nuls. Ainsi, avec moins de votants (c'est souvent le cas après les présidentielles), mais aussi avec de 10 à 20 candidats par circonscription, ou plus, les candidats promus pour figurer au second tour doivent atteindre autour de 20% des suffrages exprimés.
    • Ce système électoral ramène à deux (le plus souvent), à trois (parfois), à quatre (exceptionnellement) le nombre de candidats restant en lice.
    • Le cas particulier du Front national est à considérer. Ce parti, non interdit, est éliminé, en général au second tour, par le rejet concerté des candidats qui sont en concurrence avec lui, ce qui rend manifeste la contradiction suivante : faute de proportionnelle les voix qui se sont portées sur le FN, fussent-elles très nombreuses, sont souvent perdues et, comme on l'a vu lors des élections régionales, la représentation d'un parti légitime est érodée non par les urnes mais par la réglementation électorale. Le risque qui s'ensuit est évidemment d'encourager les électeurs frustrés à soutenir un parti antidémocratique. Les élections de 1986, à la proportionnelle n'avait pas permis au Front national d'atteindre 10% des suffrages et ne lui avait donné qu'un groupe de 35 députés. Tôt ou tard, il faudra
    • soit écarter le FN des scrutins soit lui consentir la représentation que les citoyens veulent lui accorder.
    • Les partis trotskistes, aux scores faibles, n'ont aucun représentant à l'Assemblée Nationale. Ils en sont réduits à se manifester aux présidentielles et dans la rue. Là encore, il faudra bien trouver les moyens d'expression pour ces minorités qui ne sont pas exclues de la vie politique du pays.
• Nous voyons que le concept de majorité fluctue et que les abstentionnistes et les bulletins blancs, voire certains bulletins nuls font désormais partie de l'expression politique des citoyens.
    • Le candidat Macron est loin d'avoir obtenu le vote d'un électeur sur deux. 66,1% des suffrages exprimés ( dont nombre de votes anti-FN) ne pèsent que 43,61% des inscrits.
    • Les abstentions (25 44%) auront pesé au second tour plus que le vote Le Pen (22,36%) toujours par rapport aux inscrits.
    • À quoi s'ajoutent les blancs (6,35%) et nuls (2,24%), en tout 8,59%.
    • Les suffrages exprimés ne représente que les deux tiers des inscrits ( 65,97%).
    • Les enseignements à retirer de ces données n'ont guère fait l'objet de commentaires. Nous estimons, au contraire qu'il y a beaucoup à dire et que ces résultats posent de vraies questions pour les législatives.
      # La première est que tous les votes favorables à Emmanuel Macron ne se reporteront pas nécessairement sur les candidats de La République en Marche.
      # La seconde est que tous les abstentionnistes volontaires conservent des raisons politiques de ne pas se rendre aux urnes. Avec la baisse habituelle du taux de participation aux législatives, cela peut représenter encore une abstention forte qui pèsera sur les résultats.
      # La troisième est que les quatre millions de bulletins blancs et nuls ont été déposés par des électeurs qui ont compris que cette expression devient influente quand elle est médiatisée. Que vont-ils faire ? Pour une part s'exprimer à gauche et en priorité pour La France insoumise, mais d'autres, déçus par le résultat final, peuvent soit rejoindre l'abstention soit réitérer leur rejet de l'offre qui leur est faite, en votant blanc.
      # la quatrième, et non la moindre, est que, de toute façon, la représentation parlementaire allait être bouleversée ? Seuls 361 députés ont choisi d’être candidats à leur propre succession. Plus de 37 % des députés ne se représentent pas aux législatives. 216 circonscriptions seront donc renouvelées, notamment à cause de l’application de la loi sur la limitation (Loi n° 2000-295 du 5 avril 2000 relative à la limitation du cumul des mandats électoraux et des fonctions électives et à leurs conditions d'exercice ) et le non-cumul des mandats (Les lois promulguées le 14 février 2014, une loi organique concernant les députés et sénateurs et une loi ordinaire pour les députés européens interdisent le cumul de fonctions exécutives locales avec un mandat de parlementaire ou de représentant au Parlement européen).
      Le cumul d’un mandat de parlementaire et d’un mandat exécutif local, qui concernait 45% des députés et 48% des sénateurs en 2012, est interdit à compter des élections législatives de juin prochain, des élections sénatoriales de septembre 2017 et des élections européennes de 2019.

Ce à quoi on pourrait raisonnablement s'attendre.
Si les législatives devaient refléter les élections présidentielles, de nouvelles surprises pourraient surgir. À défaut de pouvoir les prévoir, on peut effectuer des suppositions assez vraisemblables. Le 18 juin, nous jugerons de la distance entre ces éventualités et les réalités.Ne faut-il pas s'attendre à :
      * Un recul net du PS et plus faible du PCF (relativement à leurs effectifs actuels).
      * Un recul diversifié des candidats membres des Républicains et du CDI, en rapport avec leurs origines partidaires, leurs positionnements locaux et leur ralliement au Président. (C'est dans cette famille politique que l'on peut trouver le plus de résultats contradictoires et surprenants).
* Une entrée importante des députés de La République en Marche.intégrant des ralliés PS et Républicains.
    * Une entrée forte de députés de La France insoumise et d'alliés d'une gauche de gauche ayant soutenu le candidat Mélenchon
(Du rapport des forces entre ces deux entrées, aux poids respectifs imprévisibles à ce jour, dépendra la suite du quinquennat).
      * Une entrée modeste de députés du FN qui ne sera pas à la hauteur de leurs espérances.
      * Quelques députés écologistes pris en étau entre la petite minorité socialiste « hamoniste » et la nouvelle représentation social-écologiste de La France insoumise.
      * Une poignée de personnalités inclassables mais fortement implantées.

La raison et l'information ne donnent pourtant pas toutes les clefs du scrutin à venir et il ne faut pas exclure aussi des phénomènes imprévisibles tout à fait dans le mouvement d'élections jusqu'ici à nulles autres pareilles. Un raz de marée peut tout modifier. Au contraire, la résignation, le dégoût, ou le désintérêt peuvent faire exploser l'abstention et le vote blanc. Il suffirait aussi qu'une partie des 10 638 475 de voix d'électeurs de Marine le Pen se déportent vers d'autres choix que le FN afin de manifester leur colère, leur déception, en troublant le jeu électoral, pour que les législatives deviennent incompréhensibles, voire déclencheuses d'agitations et de complications politiques encore une fois inattendues mais dont la plus probable serait « l'ingérabilité » de l'Assemblée !

Nous ne voulons surtout pas annoncer la suite des événements ! Nous pensons que rien ne sera joué le 18 juin au soir et qu'il ne faut pas s'attendre seulement à « un cinquième tour social » si, par exemple, on veut passer en force et réformer le droit du travail par ordonnances. De nombreuses autres questions tout aussi graves ont été posées. Elles concernent nos institutions, la pratique de la démocratie permanente, la paix, la sécurité environnementale, les inégalités que côtoient les Français, les injustices sociales...etc. N'y pas répondre engendrerait des mécontentements dont on ignore la forme mais qui ne seront pas jugulables par la contrainte. Ouvrir les yeux sur notre sort commun de Français, d'Européens et de Terriens permettrait de chercher et de trouver ensemble des réponses. C'est l'enjeu, que les candidats aux législatives devraient porter d'abord.

On en est très loin !