dimanche 31 mai 2009

Et ça continue... Des enfants délinquants?


"Un enfant de huit ans a été auditionné samedi (30 mai) avec son père par les gendarmes de Courdimanche (Val-d'Oise) après s'être battu à l'école avec un de ses camarades de classe, rapporte, dimanche, Le Parisien/Aujourd'hui en France Dimanche. Lors de son audition, qui a duré une vingtaine de minutes, le garçonnet a reconnu s'être battu avec l'un de camarades de classe qui "cherchait à (le) manipuler". "C'est une histoire qui n'aurait même pas dû sortir de l'école. Elle aurait dû se régler entre adultes, au lieu de dramatiser à ce point", déplore le père, cité par le quotidien".

http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/societe/200922/bagarre-d-ecole-un-enfant-de-8-ans-entendu_213495.html?popup

http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/a-8-ans-chez-les-gendarmes-31-05-2009-532276.php


Cela devient une habitude! Une mauvaise habitude! Les forces de l'ordre s'occupent de ce dont les parents et les enseignants ont à s'occuper! Ils interviennent dans des affaires scolaires et interrogent des enfants au risque de les traumatiser ou... de banaliser l'autorité dont ils sont investis!

Un enfant n'est pas un délinquant, y compris quand il commet des actes répréhensibles! En la circonstance, il s'agit d'un conflit mineur entre enfants pour lequel la famille de l'un d'eux, au lieu de s'adresser au directeur de l'école, a cru devoir se tourner vers la gendarmerie! Là aussi, il y a erreur : on porte plainte pour peu de chose, et l'on dramatise ce qui doit être traité de façon à apaiser les élèves!

Ce qui est grave, dans ce que révèle le fait divers, c'est que la politique du tout répressif, en milieu urbain, conduit à une perte de repères de la part des adultes! Il semble que la société doive se défier de ses enfants et les considérer comme des délinquants potentiels! Cette conception de l'enfance et de l'adolescence est porteuses de conflits qui peuvent devenir dramatiques! Faute de rechercher les causes de comportements à surveiller, on généralise la suspicion à l'égard des enfants. Rien n'est plus détestable!

http://img234.imageshack.us/img234/8735/enfant7sh.jpg

Ah le sale gosse!

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mercredi 27 mai 2009

La Grève des électeurs.


Les prochaines élections européennes sont mal accueillies par les citoyens européens qui ne voient pas en quoi elles les concernent en tant qu’acteurs de la démocratie. Allons-nous vers un abstentionnisme politique historique ?

En France où, en 1979, la première élection au suffrage universel du Parlement européen avait connu une participation de 60% et où, depuis, tous les cinq ans, la participation électorale n’a cessé de décroître jusqu’à tomber, en 2004, à 42%, on annonce la possibilité d’un taux de participation inférieur à 40% !

À ce niveau, il s’agirait d’un événement politique majeur. Il n’y a pas si longtemps, en 2007, les Français ont élu le Président de la République en se déplaçant deux fois plus nombreux : la participation fut supérieure à 80% ! Il ne s’agit donc p as d’une mauvaise habitude nationale de désertion des bureaux de vote, ni d’une négligence, ni d’un incivisme, mais bien d’un refus dont les causes sont multiples.

La première est qu’il n’y a décidément pas de citoyenneté européenne : on ne vote pas le même jour, de la même manière, pour des candidats connus et approchables, et l’entité Europe n’a d’autre existence politique que celle que les États-nations lui délèguent. Je ne suis européen que parce que français et nullement européen parce que… européen ! Du reste, à notre frontière, la Suisse nous fournit l’exemple même de la non évidence de cette citoyenneté : au cœur de l’Europe, elle ne fait pas partie de cette Europe politique qui, en dépit de ses élargissements successifs, n’est encore qu’une Union européenne et pas l’Europe.

La seconde cause de refus est que ce manque d’Europe s’accompagne d’un flagrant manque de démocratie. On se donne une règle puis on la bafoue : il fallait l’unanimité des États pour valider de nouvelles institutions européennes. Trois rejets par référendum, en France, aux Pays-Bas et en Irlande n’y auront pas suffi : on a inventé un quasi clone du projet ces institutions écartées, sous la forme d’un traité dit de Lisbonne, et on l8 0a soumis à des parlements plus dociles que les peuples… Quant à l’Irlande dont la constitution interdit le non recours au référendum, eh bien, on la fera revoter en lui promettant monts et merveilles… Proposer aux Européens, par l’intermédiaire d’une constituante, un texte qui pourrait être voté à une majorité définie (les deux tiers des voix, par exemple), il n’en est pas question car… cela ferait exister l’Europe politique !


Le suffrage est-il bien universel?

La troisième cause de refus est de l’ordre de la déception. L’Europe de Bruxelles est le très vaste manteau sous lequel les gouvernements des 27 États intéressés s’entendent, ou derrière lequel ils s’abritent, pour faire passer les mauvais coups de la libéralisation capitaliste. L’Europe cache derrière les droits de l’homme (côté face de la pièce libérale) une volonté implacable de privatisation au nom de la concurrence (et c’est le côté pile, celui de l’économie de marché). Ce marché du charbon, de l’acier puis du reste, dont on espérait, après la seconde guerre mondiale, la garantie d’une paix durable, a vidé les Parlements nationaux de leurs droits à régir l’activité économique et, contradictoirement, a interdit la naissance d’une communauté européenne supranationale ! Une instance supra étatique sans contenu supranation al : voilà l’Europe. Les électeurs naviguent entre ces deux pôles ( trop d’Europe et pas assez d’Europe) sans savoir où accoster. L’euroscepticisme (celui des nationalistes acharnés comme celui des déçus de l’Europe fédérale) trouve là sa source.

Cette crise politique, en pleine période de bouleversements économiques, est, à court terme, sans solution. D’instinct, l’électeur ne veut pas entrer dans ce jeu de dupes. La montée fulgurante du chômage en parallèle à la progression non encore freinée des périls écologiques le font douter d’une réponse électorale à une situation que les grandes et petites formations politiques ne maîtrisent plus. L’Europe est née de l’économie et, pour qu’elle n’en meure pas, il faudrait que la démocratie pèse sur des choix économiques. Mais la société marchande se refuse à ce marchandage : l’économie est chose trop délicate pour la confier aux peuples irresponsables, incultes et sans moyens financiers ! Quant à l’écologie, si elle ne devient un nouveau marché, celui de la croissance verte, du capitalisme vert, elle est un facteur de déstabilisation dangereux, une source de subversion qui n’a pas sa place en Europe. Il faudra, pensent les eurocrates, en convaincre les écologistes ou les éliminer des compétitions électorales.

Telles sont, parmi d’autres encore, les causes principales de cet abstentionniste annoncé. Qui va le reconnaître ? Qui va en tirer des enseignements ? On va déplorer la maigreur des participations, dans la plupart des États d’Europe, puis on se résignera à faire avec les résultats sortis des urnes ! Un parti « vainqueur » à 25% des suffrages exprimés pèsera, en réalité, 10% de l’électorat, mais cela n’invalidera nullement son succès relatif ! Les 732 députés siègeront puis on oubliera… Sauf que, cette fois, on va établir une assemblée parlementaire sur un volcan dont on ne connaît ni la date de l’éruption ni la violence de l’explosion, ni la direction que prendra le flot de lave ! L’angoisse, la misère, la déception dans une période d’incertitudes et de régression sociale nourrissent des révoltes qui, lentes à se manifester, peuvent surgir de façon soudaine et incontrôlée ! Voilà ce que dissimule cette abstention qui vient : la volonté de sanctionner, de montrer son mépris et d’exiger une autre approche de l’action publique, sinon… Sinon l’Europe en son entier va bouillonner et connaître des conflits sans fin.

Le 7 juin, regardons bien ce que représenteront les suffrages exprimés, c’est-à-dire les votes émis qui seront pris en compte. Il faudra soustraire du total des électeurs potentiels constituant le corps électoral ( d’ailleurs incomplet du fait des non inscrits ou des résidents étrangers sans droit de vote), les abstentionnistes, les bulletins nuls ou volontairement annulés, les bulletins blancs, mais aussi les bulletins valides portés sur les listes n’ayant pas obtenu, selon notre mode de scrutin, les 5% nécessaires à une représentation. L’observation risque de surprendre car, le faible pourcentage pronostiqué par les médias pourrait bien se voir aggravé…

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Octave Mirbeau (1848-1917)

Le 28 novembre 1888, Octave Mirbeau, dans un article du journal /Le Figaro /en appelait à la grève du suffrage universel ! On imagine mal, aujourd’hui, la parution d’un tel article, politiquement incorrect, dans quelque quotidien que ce soit, et surtout pas dans /Le Figaro/ ! Curieusement, les éditions Allia font reparaître, en mai 2009, pour trois euros, ce pamphlet antiboulangiste dont la pertinence heurte notre confort intellectuel, plus de cent ans après sa parution! /La grève des électeurs/ fit scandale et dérange encore. Pourtant, « ce n’est pas l’idée de démocratie qu’Octave Mirbeau remet en cause mais sa pratique qui a toujours confisqué au peuple le pouvoir au profit d’une poignée d’exploiteurs qui parle en son nom », écrit Cécile Rivière en postface, à ce tout petit mais beau livre.

Et si, en effet, plus d’un siècle après l’incitation d’Octave Mirbeau, était attendue la première grève des électeurs ?

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mardi 26 mai 2009

Le PS, ou la machine à trahir...

Bockel, Besson, Kouchner, et aujourd'hui : Allègre.
Demain, ou déjà peut-être : Lang ou Vals...
On en passe, mais ça fait déjà beaucoup...


"Malheur à ces barbus barbus : un autre socialisme est possible", Oui, mais esquel?.


Au PS on apprend à faire-de-la-politique, c'est-à-dire comment gagner des sièges et des postes. Et c'est tout.
Le reste est un arrangement avec les mots, un art dialectique afin de tenir la place acquise...
Quand Arnaud de Montebourg écrivait La machine à trahir songeait-il au PS?

Mais qui trahit et que trahit-on?

Celui ou celle qui trahit, quel que soit son nom, renonce à ce qu'il a pensé (peut-être!), affirmé, (sûrement!).
Ce qui est trahit, c'est le socialisme lui-même et, partant, cette gauche dont on parle sans la définir.
La trahison de soi-même, de son parti, de sa classe (oh le vilain mot!), des plus pauvres des citoyens, est faute mortelle.

Il n'y a plus de socialisme quand le "parti-pris" pour le monde du travail cesse d'être évident.
Il n'y a plus de socialisme dès qu'il cesse d'être une alternative au capitalisme.
Il n'y a plus de socialisme quand ceux qui l'incarnent perdent toute fiabilité.

Il n'y a plus de gauche quand l'attrait du pouvoir l'emporte sur le désir de ce que le PS avait appelé "changer la vie".
Il n'y a plus de gauche quand on ne peut plus distinguer sa politique de celle de la droite.
Il n'y a plus de gauche dès qu'elle est définie comme la non-droite, et donc sans contenu propre...

La pire des trahisons est la trahison de ceux qui ne trahissent pas!
Au sein du PS, de nombreux adhérents croient devoir soutenir la seule force électorale actuellement dangereuse pour l'UMP.
La (petite) trahison de ces citoyens qui se trompent de lutte n'est rien à côté de la grande trahison de leurs leaders "prêts-à-tout".


La main nue du citoyen que la trahison rend impuissante et douloureuse

Et des trahisons, on en a constaté des myriades, depuis bientôt 30 ans.

La première fut celle de Mitterrand qui a chaussé les pantoufles institutionnelles de De Gaulle.
La dernière aura été celle de celui qui a rendu les armes, en pleine déroute, en 2002.

Il y eut même et il y a encore des trahisons intellectuellement honnêtes, au sein du PS!
Celle de Delors qui ne fut pas candidat parce qu'il savait ne pas pouvoir faire une politique de gauche.
Celle de sa fille, Martine Aubry, qui tait la vérité pour tenter de sauver du naufrage un bateau qui ne flotte plus.

PS savonnette impossible à prendre en main.

Il y a, ville par ville, département par département, région par région, des élus qui trahissent ce qu'ils représentent.
En concentrant les pouvoirs au lieu de "nous les rendre" comme disait le défunt "Président-de-l'union-de-la gauche"!
En surcumulant les mandats (électifs) autant que la loi laxiste le permet, et en empochant les mandats (de paiement).

Il en est des survivances comme des navires : les moteurs coupés, ils avancent encore.
On le voit avec le parti communiste qui bouge encore bien que blessé à mort.
Le PS s'est tué. Il ne s'est pas loupé. La machine à trahir est en train de casser.



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 23 mai 2009

Vous avez dit prescription!

Ils ont été irradiés pour avoir été placés à proximité des lieux où avaient été effectué, à l'air libre, les essais d'armes atomiques, au Sahara ou en Polynésie. Anciens militaires, ils réclament la reconnaissance du pays et une indemnisation pour les survivants (bien peu nombreux!). La Justice a décidé , le 22 mai 2009, qu'il y avait prescription pour des faits vieux de plus de trente ans.

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Image d'un vétéran défiguré, parue dans France-Soir, le 24 mars 2009.

Une épouse, âgée de 70 ans, fait valoir, avec bon sens, que s'il y a prescription c'est seulement parce que l'Armée française a sciemment fait trainer les choses et que la Grande Muette n'a jamais voulu, jusqu'ici, reconnaître le lien entre les essais et les décès ou maladies graves survenus dans les rangs des soldats, (mis en danger par ces essais mais dont on continue de dire qu'ils n'étaient pas dangereux pour les populations avoisinantes)!

Car qui dédommagera les Touregs ou les Polynésiens qui se meurent, ou ont déjà quitté ce monde, à la suite d'opérations dites "nécessaires à la défense nationale", et voulues par l'État français sans considération pour ceux qui avaient eu le malheur de naître et de vivre dans ce ce désert ou ces îles pour longtemps contaminés?


Non, le désert n'était pas sans habitants...

À présent qu'il n'est plus possible de nier les effets désastreux de ces essais (y compris du reste les essais souterrains), la France pourrait assumer sa politique et prendre en charge les conséquences de ses expériences sur la vie de citoyens qui ont longtemps ignoré ce qu'ils risquaient. Mais non, la patrie est ladre. L'armée ne peut avoir tort. La Justice, qui ne peut dépasser son rôle, constate que la loi fait prescription. N'en parlons plus.

Eh bien si, parlons en. C'est l'honneur de tous les citoyens français qui est en cause. La Justice n'a pas été juste parce que nos lois ne le sont pas. On parle du vote d'une loi d'indemnisation. Ce serait mieux que rien. Mais attention au mépris : en indemnisant une poignée de "vétérans" déjà atteints gravement, au bord du tombeau, sans tenir compte de tous ceux qui ont été aussi mis en danger et apparemment moins ou pas touchés (1), on persisterait dans le déni.

Se cache, sous cette minoration des risques, une autre volonté politique : celle de ne pas affoler les populations civiles confrontées aux risques de contamination nucléaire à proximité des installations nucléaires civiles. C'est bien pourquoi, ce scandale du refus de la reconnaissance de la nation devant les causes des cancers et leucémies dus à l'atome, militaire ou civil, ne sera jamais couvert par aucune prescription. Il faudra aller jusqu'au bout de la vérité et faire justice à... l'histoire!



(1) "Hervé Morin, indiquait que 150.000 personnes étaient « théoriquement » concernées. Voilà quelques mois, d’autres sources avançaient le chiffre de 100.000. Pour tragique qu’elle soit, la réalité est d’une ampleur bien moindre. Selon un pointage précis effectué par l’état-major et le ministère, auquel France-Soir a eu accès, ce sont 74.000 personnels qui ont pris part aux expérimentations atomiques de 1960 à 1996 (lire notre encadré) : 17.000 militaires au Sahara et 41.000 en Polynésie, auxquels il faut ajouter 16.000 membres du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Or, depuis 1995, 334 demandes de réévaluation de pensions militaires ont été déposées pour cause de surirradiation. Et seulement 132 de ces dossiers font aujourd’hui l’objet d’un contentieux".

Sources: France-Soir Essais nucléaires - Morin promet enfin des indemnisations, par Philippe Cohen-Grillet, le mardi 24 mars 2009.

Voir aussi : http://seaus.free.fr/spip.php?article271

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

vendredi 22 mai 2009

La philosophie est une activité séditieuse

Trop de philosophes se laissent aller. Ils persiflent. Ils se mêlent de ce qui ne les regardent pas. Ils surveillent la police. Ils n'obéissent pas. Ils font les beaux parleurs. Ils ne reconnaissent pas leurs torts. Ils se croient au-dessus des fonctionnaires payés pour mettre de l'ordre dans une société dangereuse. Ils multiplient les ouvrages politiques au lieu de faire passer les examens Heureusement, nous sommes dans une société de droit et, comme en témoigne cet extrait de presse, la justive veille. Pour un peu, ils s'installeraient dans la rue, dans des tonneaux, pour jouer les pauvres et, tels Diogène face au puissant Alexandre, lanceraient au chef de l'État :"Sarko, ôte toi de mon soleil"!

Heureusement, nous sommes dans une société de droit et, comme en témoigne l'extrait de presse suivant, la Justice veille. Et... nous aussi.

http://ferragus.blog.lemonde.fr/files/2007/03/diogene-1.1174290754.jpg

Paru sur le site de France 3 Ile de France.

http://paris-ile-de-france-centre.france3.fr/info/54563972-fr.php

Pour avoir qualifié la police de "milice de Sarko", Yves Baumgarten comparaît pour délit d'outrage.

Yves Baumgarten professeur de philosophie, comparaît aujourd'hui devant la 29e chambre du TGI de Paris pour délit d'outrage. Les faits remontent à mai 2008. Yves Baumgarten était à la terrasse d'un café à Barbés (18e arrondissement de Paris) avec un ami. Il avait amené son ordinateur portable pour lui demander conseil.

Interviennent alors des policiers en civil qui l'accusent d'avoir volé le portable. Le professeur de philosophie s'étonne et leur demande "vous n'avez trouvé que moi dans le quartier?". A ce moment un autre policier intervient et le plaque sol. Yves Baumgarten est menotté et emmené au commissariat dans un fourgon de police. la discussion s'envenime et le professeur traite les policiers de "milice de Sarko". Ces derniers portent plainte pour outrage.

Yves Baumgarten risque jusqu'à 7 500 euros d'amende et six mois de prison.

Mardi dernier, c'est un autre professeur de philo qui s'est retrouvé devant la justice, à Marseille cette fois. Le professeur s'était adressé aux policiers, lors d'une arrestation musclée à la gare Saint-Charles en leur déclarant "Sarkozy, je te vois". Une amende de 100 euros a été requise contre lui."

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.



mardi 19 mai 2009

Sondages, sondages… L'Europe en panne!




Le Gouvernement de Nicolas Sarkozy
a déjà remporté les élections européennes. C’est Le Figaro qui le dit. Un sondage place les listes UMP largement en tête, avec 27% des intentions de vote (parmi ceux qui voteront!) et même 33% en Ile de France…!

Ce que Le Figaro ne dit pas, c’est que le triste record d’abstentions de 2004 (près de 58%!) risque d’être battu. Avec 40% de participation, 27% de votants ne feraient même pas 11% des inscrits (et cela sans compter les blancs et nuls qui peuvent peser plusieurs points !). Ne parlons pas des résultats des autres, tous « anti-Sarkozy », mais totalement éparpillés ! Il ne suffira pas d'additionner les votes non-UMP! Conclusion : le plus mauvais des partis pouvant se prévaloir d’avoir fait moins mal que les autres, la messe est dite : en dépit de son score médiocre, et donc en perdant l'élection "le Parti du Président" l'aura gagnée!


Cela vaut-il la peine d'en faire tout un fromage?


Mais partout en Europe, c’est la même chose : dans les 26 autre
s pays, comme en France, on votera probablement peu, et absolument pas pour se prononcer sur les politiques européennes. Ce sont des comptes nationaux qu’on va régler ! Les élections européennes seront donc privées d’Europe! C'est contradictoire et, à la réflexion, prévisible, au vu de la pseudo campagne, terne et inadaptée, à laquelle… nous avons à peine pu assister et encore moins participer (contrairement aux débats ayant accompagné le référendum de 2005) !

Le PS et le MODEM ont le regard fixé sur 2012. Cela ne leur réussit pas. Europe-écologie semble pouvoir, dans ces conditions, obtenir un résultat décent. Du coup, les sourires que s’adressaient François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit ne sont plus qu’un lointain souvenir. Quant aux socialistes, ils sont, disent-ils, devenus les seuls à pouvoir mettre en œuvre des politiques écologistes… Ne riez pas ; c’est désolant.

Le résultat politique principal se trouve dans la main des abstentionnistes (et, pour une fois, c’est reconnu comme indiscutable). Les raisons de ne pas voter (ou de voter blanc, mais ce vote, non comptabilisé, est sans poids, hélas !) sont évidentes : le nouveau Parlement élu n’imposera pas davantage qu'hier sa volonté à la Commission ; on peut voter comme on veut mais les États ont le pouvoir de ne pas s’incliner devant un vote majoritaire, y compris quand il s’agit d’un référendum ; L’Europe économique est une Europe définitivement libérale devant laquelle l’Europe politique est et restera muette ; avec ou sans élection, la soit disant crise ne changera donc rien aux décisions économiques prises à Bruxelles ou Strasbourg, avec l’aval des gouvernements ; et surtout, la plupart des votes au Parlement ayant déjà fait l’objet d’un consensus entre les Libéraux et les « socialistes », pourquoi cela ne continuerait-il pas ? La démocratie européenne est, aujourd’hui, devenue un leurre.

Les sondages font partie du conditionnement de l’opinion, mais ils ne peuvent tout cacher ! En particulier que la France n’est plus europhile, qu’elle est à la 19ème place sur 25 en termes de confiance en l’Europe, et qu’elle est désormais convaincue que son vote ne changera rien.

Aller vers une élection européenne concernant 475 millions de citoyens, sans pouvoir rien transformer en Europe (et devoir voter tout de même !), au moment où tout est remis en question (mais sans qu’on puisse associer les peuples d’Europe à cette mutation de société !) Voilà qui n’est pas banal ! Sondage ou pas, il n’y aura aucun vainqueur au soir du 7 juin, sauf la masse de ceux qui n’auront pas voulu participer à cette mascarade et dont on culpabilisera aussitôt le refus de choisir (quelle que soit la forme que cela prendra).

On ne redonnera pas vie à la citoyenneté européenne sans refonder l’Europe. Cela est inéluctable, mais… cela se fera bien après le mois de juin 2009 !


Et il en manque...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 18 mai 2009

N'oublions pas que la guerre d'Algérie a commencé le 8 mai 1945



Le 8 mai 2009, les Français ont commémoré, avec l'ensemble des européens, la capitulation nazie de 1945.
Peu d'entre eux savent que, de l'autre côté de la Méditerranée, les Algériens honorent, le même jour, les victimes de la répression de Sétif, Guelma et Kherrata.

Car, lorsqu’en Europe on célébrait, dans la liesse générale, la fin du conflit, l'armée française, aidée par des milices civiles, massacrait entre 30 000 et 40 000 civils algériens ayant revendiqué leur indépendance. Aujourd'hui encore le chiffre des victimes est incertain.

Depuis le début de la colonisation, les Algériens n'avaient pas les mêmes droits que les colons européens et ceux qui avaient participé à la libération de la France, de retour chez eux, demandaient la liberté et l'égalité des droits, comme le discours de de Gaulle, à Brazzaville, leur avait laissé espéré.

Au lieu de cela, ce fut un sanglant carnage et des milliers d'Algériens tombèrent sous les balles françaises. On date du 1er novembre 1954 le début de la guerre d'Algérie, mais c'est le 8 mai 1945 que se sont ouvertes les portes qui ont mené à l'insurrection pour l'indépendance.

Les noms de ceux qui prirent le maquis, le lendemain de ce massacre sont connus: ce sont ceux que nous retrouvons dans les instances dirigeantes du FLN et de l'ALN; cette génération de combattants apparus en 1954 est bien née le 8 mai 1945.

Si ce prologue à la guerre qui dura huit ans, de 1954 -1962, a été longtemps passé sous silence en France, il fait l'objet chaque année de commémorations officielles en Algérie. Le silence des autorités françaises explique le courroux des Algériens quand le gouvernement français a voulu, il y a quelques mois, réécrire l'histoire coloniale en vantant ses « aspects positifs » pour complaire à l'extrême droite.

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Il faut se rappeler ces évènements dramatiques qui seront suivis par, d'autres, tout aussi affreux, à Madagascar, en 1947.
À cette époque, les Français n'imaginaient même pas que leur empire colonial puisse être contesté.

La France a le de
voir de respecter la vérité historique et donc de reconnaître ses torts. Elle doit aussi renoncer à toute visée néocoloniale et agir pour une véritable coopération avec les pays qui furent ses anciennes colonies. Pourquoi, des dizaines d'années après, ne l'acceptons-nous pas encore?


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


lundi 11 mai 2009

1914-2009, presque un siècle après : résister encore à la guerre

http://cs.nga.gov.au/IMAGES/LRG/128588.JPG

Actuellement, nous commémorons la fin de la seconde guerre, et "la victoire" de 1945, mais je voudrais revenir sur la première guerre, celle de 1914-1918, et vous parler de mes deux Grands-Pères.

Non, ne quittez pas ce texte! Il ne s'agit pas d'une histoire de famille, ou alors il s'agit d'une très grande famille, la nôtre, la famille universelle.

Mes deux Grands-Pères sont nés dans les années 1890. En 1914, ils avaient chacun un peu plus de 20 ans, et comme l'ensemble des jeunes gens de l'époque, il leur fallut défendre « la patrie », beaucoup d'entre eux du côté de Verdun. Par chance, ils en réchappèrent.

Pourtant, dans les années quarante, ils sont morts, tous les deux, de la même maladie : l'ALCOOLISME. Où croyez-vous qu'ils avaient contracté cette maladie (car c'est une maladie!) ? Sur le front, dans les tranchées ! Car à l'époque, l'État, qui avait besoin de défenseurs de la patrie en danger, se moquait bien de savoir si sa belle jeunesse s’enivrait : une dose de gnôle, et au combat, mon gars ! "Les Boches, tu les auras" !



Eh oui! Mes deux grands-pères sont morts, encore jeunes, d'une maladie contractée sur le front, pour défendre la France. Aujourd'hui, l'État, les historiens eux-mêmes, vous parlent-ils de ce massacre d'une génération ? Non, aujourd'hui, l'État, et nos bons moralisateurs, veulent empêcher la consommation d'alcool et de tabac après les avoir encouragées.

L'État est schizophrène, ambivalent et sans principes; il ne prend que les décisions qui l'arrangent.

Jean-Claude Vitran

samedi 9 mai 2009

L'Europe, c'est la résistance à l'ennui


Le parti pris de la vie est un parti pris politique. Nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre le risque de mourir d'ennui (Raoul Vaneigem). Début mai 1968, Le Monde titrait : "La France s'ennuie"... Il est temps de faire la fête.

Le 9 mai, journée de l'Europe, n'est pas une journée de commémoration vide; c'est une journée de résistance, de résistances multiples. Nous ne pouvions que saluer les initiatives qui se prennent aujourd'hui, à Paris, à Montreuil et ailleurs. Il est temps d'inventer de nouvelles formes de résistances, efficaces, non-violentes et radicales. Nous accueillons, à cette occasion, l'information du FRAP (Festival des Résistances et Alternatives à Paris).



Voici l'édito du FRAP. Sur l'essentiel, nous sommes d'accord.


Ne laissons personne réfléchir à notre place et agir pour nous !

Comme les hirondelles, le Festival des Résistances et Alternatives à Paris se pose au printemps pour évoquer les thèmes porteurs de l'année en cours, les malaxer,l es digérer et repartir vers d'autres horizons.

Qui se souvient encore que l'année dernière nous interrogions Mai 68 sur la permanence de l'utopie ? Qui se doutait alors que la crise allait tout emporter sur son passage ? Tout emporter ? Vraiment ? Ne dénoncions-nous pas déjà le système capitaliste et la crise du productivisme ? La crise a bon dos qui nous ferait nous recroqueviller sur nos intérêts immédiats pendant que les classes dirigeantes se réunissent dans de grands raouts mondiaux ou européens. En ce printemps de nouvelles luttes, de nouveaux réseaux se développent sans que nous puissions encore en deviner la perspective collective. Le pouvoir en place l'a bien compris qui tisse les filets d'un système répressif tous les jours plus resserré, ayant tellement peur d'un mouvement de révolte générale qu'il est prêt à l'inventer.

Dans ce climat entre chien et loup, où les repères s'effritent, le Festival des Résistances a choisi d'ouvrir ses festivités par un retour sur le décembre grec, en passant par des thèmes révélateurs du “moment en cours”, pour continuer la réflexion sur la tentative d'étouffement de nos révoltes. Lotta continua, la lutte continue...


http://frap.samizdat.net/


2007

vendredi 8 mai 2009

La "sortie du capitalisme" a-t-elle déjà commencé?

André Gorz et sa compagne, dans les années 1970

La croissance est l’énergie qui permet au capitalisme de survivre. Pourtant, dès 1972, le fameux rapport Meadows, (plus connu en France son le nom de « Halte à la croissance »), tirait le signal d’alarme. Sa traduction française était d’ailleurs inexacte, car le titre anglais « The limit to growth » aurait du être traduit par « Les limites de la croissance », ce qui aurait certainement donné un crédit différent au livre, dans notre pays. Et déjà, André Gorz annonçait la fin inéluctable du capitalisme...

Écrit, il y a 35 ans, ce rapport ne prédit rien de manière précise, si ce n'est que la croissance matérielle perpétuelle conduira, tôt ou tard, à un effondrement du monde où nous vivons. Simple raisonnement de bon sens pour qui veut réfléchir intelligemment.

Pour être plus précis, par effondrement, il ne faut pas entendre disparition de l’humanité, mais diminution rapide de la population mondiale par une dégradation soudaine des conditions de vie des survivants.

Particulièrement d’actualité, ce vieux texte de 1972 nous rappelle que nous sommes face au plus grand et au plus tragique génocide pouvant survenir dans l’histoire de l’humanité. Tout discours sur les droits de l'Homme devient, alors, creux devant la gravité des périls.

Pourquoi parler de génocide ? Parce qu'il y a génocide quand la volonté d'un pouvoir légitime conduit à l'extermination de peuples entiers. Et la décision de ne pas agir devient un crime d'État sans précédent, tout simplement parce que la partie la plus développée du monde peut laisser, sans état d'âme, périr l’autre partie pour continuer à vivre dans l’excès. Les faits sont là et nous ne les voyons même pas.

Le sida? Le seul remède qui permet de le soigner avec de bonnes chances de réussite n’est pas accessible aux habitants les plus touchés par la maladie, en Afrique et en Asie.

La faim? Elle ne touche pas le cœur du monde occidental, mais les populations les plus pauvres de l’hémisphère sud.

La grippe, quelle soit mexicaine, porcine ou autre? Seul le monde occidental disposerait des moyens de résister à la pandémie qui guette l’humanité.

L’Europe? Elle s’entoure d’une muraille numérique et policière pour empêcher l’immigration des populations pauvres du sud et de l’est.

Et les exemples ne manquent pas...



Le capitalisme ne peut survivre que grâce à la croissance mais celle-ci devient synonyme de suicide. Le capitalisme est incapable de partage, de solidarité, d’égalité et de respect des équilibres naturels. Le capitalisme, c’est, aujourd'hui, la rivalité, la violence, la barbarie.

Le 20ème siècle a montré les limites du communisme; le début du 21ème celles du capitalisme.

Il est urgent de sortir des « ismes » et de solidariser nos luttes pour la survie de l'espèce humaine avant qu’il ne soit trop tard.



Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux