vendredi 11 septembre 2009

Lettre à Monsieur Eric Wœrth

Résistances et Changements ne pouvait se priver du plaisir de faire paraître, de temps en temps, entre deux blogs, quelque insolent billet. En voici un. Il y en aura d'autres.

Lettre à Monsieur Eric Wœrth

Monsieur le ministre,

Je viens d’apprendre, par la presse, que vous vous apprêtiez à amnistier 3000 « grands » fraudeurs qui avaient planqué leur pognon en Suisse.

J’ai bien dit amnistie, car même si elle est déguisée, il s’agit bien d’une amnistie.

Le président est moins magnanime que vous! Les contrevenants du 14 juillet n’ont plus cette chance. Et puis, c’est vrai, la morale n’est pas la même pour tout le monde et, comme ma grand’mère, femme de grande sagesse, disait « On ne prête qu’aux riches ».

Enfin revenons à notre mouton, j’ai par inadvertance, l’an dernier, oublié de déclarer la somme de 25 euros, et pour moi, 10% de 25 euros, c'est une grosse somme.

Puis-je prétendre, moi aussi, à être aussi amnistié comme les 3000 milliardaires ?

Recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de toute ma considération.

Jean-Claude Vitran

jeudi 10 septembre 2009

Décroissance prospère ou décroissance pépère?

Au MEDEF on ose. Pas de question tabou! La décroissance a donc trouvé une place dans ses Journées d'été du 2 au 4 septembre...

http://bellaciao.org/fr/IMG/jpg/parisot_medef.jpg

Y est apparu, dans la bouche d'Hugues Rialan, directeur de la gestion financière de Robeco, le nouvel oxymore suivant : "la décroissance prospère". Subtilité faussement contradictoire : d'un côté on reconnaît que "le mécanisme de la croissance qui a fonctionné jusqu'à présent ne peut mathématiquement pas continuer jusqu'à l'infini". Bravo! De l'autre, on avance " qu'en même temps que le contrôle de la consommation, il faut donc aussi réguler la démographie". Et là, attention!

Le bout de l'oreille pointe quand il apparaît qu'il s'agit moins du contrôle des naissances dans les pays peu développés que dans les pays occidentaux, afin d'y garder un certain niveau de vie! Autrement dit, faisons baisser la consommation globale dans les pays développés en diminuant le nombre des consommateurs (pas questions de compenser par l'acceptation d'une immigration la chute démographique qui a commencé en Europe -sauf en France et en Irlande-!), il y aura toujours assez de consommateurs dans les pays non encore pourvus de tous nos biens pour continuer à faire des affaires!

Pierre Rhabi, invité, a eu beau évoquer l'inutilité du superflu dans "une société d'abondance sans satisfaction", il n'a été que poliment écouté, mais surement pas entendu.


Pierre Rhabi, le paysan philosophe.

Nul doute que, ce 10 septembre, "l'écologiste Sarkozy" ne donne du grain à moudre aux faiseurs de mots : la décroissance franchira tôt ou tard ses lèvres fut-ce pour dire, comme Yves Cochet, et bien entendu, dans un tout autre esprit, que "nous y sommes déjà". La décroissance comme fatalité ou à la décroissance comme nécessité : des politiciens de tous bords finiront bien par vouloir nous faire croire qu'il l'avait prévue!

La décroissance prospère (pas pour tout le monde!) ne peut qu'être opposée à la décroissance "pépère" autrement dit tranquille, lente, sûre d'elle, sélective, qui fera la part entre le futile et l'essentiel.

Reste une question grave : celle qui relie décroissance économique et décroissance démographique. Puisque le gateau à partager n'augmente plus de taille et de volume, diminuons le nombre de parts pour que chacune reste de belle taille! Pour cela deux solutions : limitons le nombre des invitations au repas commun ou bien supprimons des convives! S'il y a trop de vieux inactifs, il y a aussi trop de bouches à nourrir : supprimons donc ces empêcheurs de prospérer en rond. Pour cela deux solutions : affamer ou éliminer. De toute façon, tuer...! De tels choix politiques ne font pas partie du domaine de la fiction : ils ont commencé à être mis en œuvre, à plusieurs moments de l'histoire humaine. Le totalitarisme, cette globalisation de la pensée enfermée dans une absolue certitude, y conduit inexorablement.

Civilisation ou barbarie? On revient toujours à André Gorz. Si "nous sommes déjà dans la décroissance", c'est que le capitalisme est entré dans un irréversible déclin. Tous ceux qui en vivent ne vont pas laisser leur domination décroître! Nous sommes entrés dans des temps très dangereux.

Le 5 mars 2009, le professeur Leridon donnait une conférence inaugurale au Collège de France. Il y démontrait, magistralement, qu'il n'est pas plus sérieux, d'un point de vue conceptuel, de parler d'une croissance exponentielle des richesses planétaires que de celle du nombre des humains! L'une comme l'autre ont leurs limites : d'un côté "80% de de notre énergie vient du sous-sol et n'est pas renouvelable" (comme le souligne Yves Cochet); de l'autre, parce que le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 5 à 2,7 alors que le niveau de remplacement des populations est de 2,2, comme le constate Henri Leridon.

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Henri Leridon, directeur de recherche émérite à l’Institut national d’études démographiques.

Autrement dit, la décroissance volontaire de l'activité économique comme celle du nombre des naissances ne peut qu'accompagner une évolution déjà engagée. Et même si la croissance de la production et celle de la population vont se prolonger, sans doute jusqu'à mi-siècle, comme pour le bateau rentrant au port dont la vitesse décroit, il nous faut déjà penser à l'arrimage et au prochain voyage. Consommer moins, vivre plus longtemps et voir diminuer la population mondiale sera le lot de nos petits-enfants. "Les hommes sauront alors que, s'ils ont des obligations à l'égard des êtres qui ne sont pas encore, elles ne consistent pas à leur donner l'existence, mais le bonheur". Ainsi parlait Nicolas de Condorcet, en 1793... (1)


Nicolas de Condorcet (1743-1794)

(1) Cité, page 37, par Henri Leridon, De la croissance zéro au développement durable, éditions du Collège de France / Fayard, avril 2009, 10€.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



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lundi 7 septembre 2009

Battisti et la parole donnée

Le 9 septembre prochain, le Tribunal Suprême du Brésil doit rendre son jugement sur l'asile politique de Cesare Battisti.


En 2008, le ministre de la Justice brésilien le lui avait accordée mais le président du Tribunal a voulu s'opposer au gouvernement Lulla et l'a maintenu en détention en attendant sa propre décision.

Cet ancien membre des Prolétaires Armés pour le Communisme, condamné en Italie par contumace, en 1993, à la perpétuité pour quatre homicides commis en 1978 et 1979 - les années de plomb -, homicides qu'il a toujours niés, s'était évadé d'une prison italienne, en 1981, et avait gagné le Mexique avant de se réfugier à Paris, en 1990, jusqu’au 21 août 2004, pour éviter l'extradition vers son pays.

Cesare Battisti avait, comme l'y obligeait la " doctrine Mitterrand " de 1985, rompu avec l'activisme armé et, comme beaucoup d'anciens militants de l'extrême gauche italienne des années de plomb - dont Marina Petrella, ex-membre des Brigades rouges, autorisée, en octobre 2008 à rester en France pour "raisons de santé" -, il avait refait sa vie et entamé une carrière d'écrivain de romans policiers. Onze de ses livres ont été publiés chez Gallimard au cours des années 1990 et 2000. Il était aussi le concierge de son immeuble parisien, pour arrondir les fins de mois et subvenir aux besoins de ses deux filles.

Mais, en août 2002, le gouvernement Chirac, le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, et le garde des sceaux, Dominique Perben, ont d'un coup renié la "doctrine Mitterrand" (politique d'asile de tous les gouvernements français, depuis la fin des années 70) et la "parole donnée" par l'État français, et accepté d'extrader les anciens militants ; ils livrent ainsi Persichetti à Berlusconi, en se déclarant solidaire de Roberto Castelli, haut responsable de la très xénophobe Ligue du Nord et alors ministre de la Justice transalpin.

En mars 2004, l'Italie réclame Battisti, que la justice française avait déclaré par deux fois inexpulsable, depuis son arrivée sur le territoire. Sur la base de " nouveaux éléments " transmis par le parquet italien, la justice française change finalement d'avis et déclare l'Italien extradable.
Ses défenseurs saisissent alors la Cour européenne des droits de l'homme, réputée très peu favorable à Berlusconi. La Cour n'aura pas le temps de donner son avis, car Battisti sait qu’il n’aura pas le droit à un nouveau procès, et finira ses jours en détention et en août 2004 il se soustrait à son contrôle judiciaire, entre à nouveau dans la clandestinité et se réfugie au Brésil.

Cesare Battisti a été arrêté le 18 mars 2007 près de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro après 30 mois de cavale. L'opération a été coordonnée par les services d'Interpol, son contact, une jeune française, ayant été filé par des policiers français de l'Office Central de Lutte contre la Criminalité qui ont transmis leurs renseignements à la police brésilienne.

Cesare s'est retrouvé pris, une fois de plus, dans un enjeu de pouvoirs qui le dépasse. Si le tribunal suprême lui refuse le statut, Lulla peut toujours en dernier recours refuser d'exécuter l'extradition.

Nicolas Sarkozy est justement en visite au Brésil pour vendre des avions " Rafale " aux Brésiliens. Espérons, sans trop y croire, qu’entre deux séances de négociations financières, il reviendra sur sa décision de 2002 et saura rétablir l'honneur de la patrie des Droits de l'Homme, donnant foi à la parole donnée par la France en convainquant les autorités brésiliennes de laisser Battisti en liberté.


Voir le livre de Fred Vargas : La Vérité sur Cesare Battisti, Editions Poche.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


dimanche 6 septembre 2009

L'uniforme est un formatage

Le vêtement (ou l'absence de vêtement) est un mode de relation à autrui qui oblige au respect, c'est-à-dire à l'acceptation de l'apparence d'un autre, sans jugement. Non seulement l'habit ne fait pas le moine, mais, parure ou protection, il est incompatible avec une codification sociale. Dis moi comment l'on t'oblige à te vêtir, je te dirai dans quelle société tu vis. En France, la démocratie n'est pas la mise de toute la vie en lois! Seul le débat et la rencontre permettent de modifier réellement les comportements vestimentaires car les raisons intimes pour lesquelles on se couvre ou découvre le corps, de telle ou telle manière, sont complexes et relèvent de mille causes! Toute uniformisation est dangereuse pour les libertés?

Nous reprenons ici un texte adopté par la Libre Pensée, non que nous nous associions à tout ce qu'affirme et demande cet organisme, mais parce qu'il donne ici des éléments pour adopter une position fondée, équilibrée, non sectaire. À chacun ensuite de se construire une conviction...

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


À l’occasion de son congrès national réuni en Savoie du 24 au 26 août 2009, la Fédération nationale de la Libre Pensée tient à rappeler ses positions de principe quant à la laïcité institutionnelle, et au respect des libertés démocratiques fondamentales qui garantissent le respect de la vie privée des citoyennes et citoyens de ce pays.

Une campagne médiatique d’importance a débuté à la fin du mois de juin, à partir de l’initiative d’un député du PCF, rejoint par une majorité de députés de droite, pour stigmatiser le port de la burqa et du niqab en dehors de l’École publique, de l’Administration et des autres services publics. Cette démarche a été entendue et amplifiée par le Président de la République dans son discours devant le Congrès à Versailles.

Rappelons que Nicolas Sarkozy ne nous avait pas habitués à se parer des vertus de la défense de la laïcité. Bien au contraire, puisqu’il insiste depuis des années sur la « nécessaire place » des religions dans la société et la vie publique. Une mission d’information parlementaire devrait remettre un rapport sur cette question.

Qu’est-ce que la laïcité ?

La laïcité n’est pas une philosophie ni un art de vivre, c’est un mode d’organisation politique des institutions. Elle vise, par la séparation des Églises et de l’État (loi de 1905), à distinguer institutionnellement le domaine de l’Administration et des services publics du domaine privé de la vie des citoyens.

La laïcité, comme principe politique d’organisation, s’applique aux institutions et non aux individus. C’est cette claire distinction, mise en œuvre par la loi sur la liberté d’association du 1er juillet 1901, et par la Loi du 9 décembre 1905 qui garantit la non-ingérence des conceptions métaphysiques dans le domaine public pour mieux garantir la liberté d’opinion et de comportement dans le domaine privé.

Dans cette acception, il est logiquement républicain et laïque d’interdire tout signe d’appartenance religieux à l’École publique et pour les agents du service public. C’est ce qu’ont fait la loi Goblet de 1886, la Loi de 1905 et les circulaires Jean Zay de 1936 et 1937. En revanche, la loi n’a pas à dicter les modes vestimentaires dans le domaine privé, ou tout autre comportement, tant que ceux-ci ne sont pas une menace pour la vie d’autrui.
On ne combat pas un totalitarisme en le remplaçant par un autre

Il est indéniable que le port imposé de la burqa ou du niqab est un symbole de l’oppression. Mais en quoi le port de la soutane pour les prêtres, de la robe de bure pour les moines, de la robe et de la cornette pour les religieuses, du schtreimel, du spodik ou du caftan pour certains juifs est-il moins oppressif que le port de la burqa pour certaines musulmanes ?


Caftan, soutane, burqa, spodik, etc!

Rappelons que ce sont toujours les dictatures qui ont voulu imposer un mode de vie et des modes vestimentaires. En 1872, le tsar Alexandre II a interdit, en Pologne, alors sous occupation russe, le port des papillotes et des longs manteaux (costume traditionnel) pour les juifs. Le Code civil de Napoléon Ier interdisait le port du pantalon pour les femmes. De 1967 à 1974, la Grèce des colonels a interdit les cheveux longs et la minijupe. L’Histoire regorge de ces tentatives totalitaires de vouloir régenter la vie des gens.

« Lorsque le fanatisme est mis au service d’une cause ignoble, on peut le regretter, on doit le combattre, mais on peut le comprendre – intellectuellement –, car on est dans un système cohérent où les causes et les effets, les objectifs et les moyens, correspondent comme dans un puzzle parfaitement ajusté. Mais lorsque le fanatisme est mis au service d’une cause, la plus noble soit-elle, il dégrade et disqualifie ipso facto cette cause dont il prétend servir la promotion. Pourquoi ? Parce que l’être humain est un être complexe, capable de massacrer ses contemporains au nom de l’amour, de les enchaîner au nom de la liberté, de les rendre fous au nom de la raison et, en somme, de faire régner la terreur au nom de la vertu » (Alain Graesel, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France).

La burqa, la soutane, le caftan, sont des tenues imposées pour uniformiser la vie de ceux qui les portent, et « tout uniforme est une livrée » (Ferdinand Buisson). Pourquoi, dès lors, distinguer entre les oppressions vestimentaires ? Pourquoi interdire l’une et autoriser les autres ?

Anastasie 2009

Défendre les libertés démocratiques

« La liberté, c’est toujours défendre la liberté de celui qui pense autrement » (Rosa Luxembourg). On va commencer par interdire tel vêtement, et demain où cela s’arrêtera-t-il ? Il fut une époque où il était interdit de s’embrasser dans la rue. Va-t-on nous faire tous marcher au pas de l’oie ?

Nous sommes dans une société qui ferait apparaître le régime de Big Brother dans 1984 d’Orwell pour un jardin d’enfants. Nous sommes fichés, surveillés, contrôlés, inspectés, fouillés en permanence. Par les systèmes informatiques, les possesseurs de la puissance électronique et du pouvoir politique peuvent tout savoir sur nous. Il y avait, sans doute, moins de risque, pour la confidentialité de ses opinions, à écouter Radio-Londres en 1942 qu’à surfer aujourd’hui sur Internet.
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Big Brother 2009

Et l’on va nous dire ce qui est autorisé ou pas comme vêtements ? Insidieusement, par cette campagne médiatique, certains forgent un ordre moral qui n’ose pas dire son nom. On entre de plain-pied dans le politiquement correct et la pensée unique. On cherche à formater la société.
Après le délit de sale gueule, va-t-on avoir le délit de sale vêtement ?

C’est une conception néo-totalitaire. Rappelons qu’en 1905 ce type de débat a déjà eu lieu : fallait-il une Loi de Séparation des Églises et de l’État, ou une loi de destruction des religions ? Le débat politique était clairement posé : État laïque ou État athée ? La Libre Pensée s’est retrouvée très majoritairement, avec Jean Jaurès, dans la proposition d’Aristide Briand pour une séparation : « Une loi n’a jamais pu, heureusement, réussir à réduire, ni les individus, ni les groupements d’individus, encore moins leur pensée, à l’impuissance. Une telle loi qui se proposerait un tel but ne pourrait être qu’une loi de persécution et de tyrannie. »
Adopté à l’unanimité des 200 délégués des 81 groupements fédérés représentés au Congrès national.

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Vêtements solaires


jeudi 3 septembre 2009

Thomas Jefferson avait-il tout prévu?



Thomas Jefferson, troisième président des USA a-t-il, oui ou non, écrit , en 1802 (!), les lignes suivantes au secrétaire au Trésor de l’époque, Albert Gallatin :"Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les instituions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis"?



Abraham Alfonse Albert Gallatin (1761-1849), secrétaire au Trésor de 1801 à 1813,
professeur de français à Harvard et fondateur de l'Université de New York en 1831.


Sur internet, depuis plus de six mois, cette citation revient constamment, mais les sources d'où sont extraites ces phrases ne sont pas précisément fournies, si bien que certains se demandent s'il ne s'agit pas d'un faux! Cela mérite examen, en effet, parce que cette prise de position, si prémonitoire, émanant de l'un des pères fondateurs de la Constitution des États Unis d'Amérique, serait tout à fait bouleversante!

Ce que dit le Président Jefferson, au début du XIXe siècle, "colle" à notre actualité de façon extraordinaire et nous rappelle que le rapport aux banques privées fait non seulement partie de la politique américaine (et de la nôtre) mais n'est sans doute pas pour rien dans la mort de deux autres Présidents : Abraham Lincoln, tué à Washington, le 14 avril 1865, par John Wilkes Booth, (sans cause élucidée), et John Fitzgerald Kennedy assassiné un siècle plus tard, (et le mystère de sa mort n'est toujours pas totalement dissipé).

Le président Lincoln, qui avait percé à jour le jeu des Rothschild refusa de se soumettre au diktat des financiers européens et, en 1862, il obtint le vote du Legal Tender Act par lequel le Congrès l’autorisait à revenir à l’art. 1 de la Constitution signée à Philadelphie, en 1787, lequel stipulait dans son article 1, section 8, § 5 : "C’est au Congrès qu’appartiendra le droit de frapper l’argent et d’en régler la valeur". Lui aussi, Lincoln, avait dénoncé les banquiers : "Le pouvoir des financiers tyrannise la nation en temps de paix - et conspire contre elle dans les temps d’adversité. Il est plus despotique qu’une monarchie, plus insolent qu’une dictature, plus égoïste qu’une bureaucratie. Il dénonce, comme ennemis publics, tous ceux qui s’interrogent sur ses méthodes ou mettent ses crimes en lumière. J’ai deux grands ennemis : l’armée du sud en face et les banquiers en arrière. Et des deux, ce sont les banquiers qui sont mes pires ennemis ». « Je vois dans un proche avenir se préparer une crise qui me fait trembler pour la sécurité de mon pays. […] Le pouvoir de l’argent essaiera de prolonger son règne jusqu’à ce que toute la richesse soit concentrée entre quelques mains."


Abraham Lincoln (1809-1865)

Le Président Kennedy, le 4 juin 1963, signait l’Executive Order n° 11110 par lequel le gouvernement retrouvait un pouvoir inscrit dans la Constitution, celui de créer sa monnaie sans passer par la Réserve Fédérale. Le Président Kennedy fit imprimer 4,3 milliards de billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 100 dollars. Les conséquences de l’Executive Order n° 11110 étaient énormes. En effet, d’un trait de plume John Fitzgerald Kennedy était en passe de mettre hors jeu tout le pouvoir que les banques privées de la FED s’étaient arrogées depuis 1816 et qu’elles détenaient officiellement, depuis 1913. L’assassinat de Kennedy mit fin à cet dispositif politique, abrogé par le Président successeur, (ce fut sa première décision).


John Fitzgerald Kennedy (1917-1963)

On trouve, sur un site catholique, une analyse impitoyable de l'histoire du système bancaire et monétaire :
http://www.alleluia-france.com/offres/gestion/actus_251_3914-1/la-verite-sur-le-systeme-monetaire-et-bancaire.html


Au sujet de la «crise financière», deux lourds ouvrages sont parus aux USA, ces mois derniers, The dollar-crash par Ellen Brown et The Creature from Jekyll Island, par Edward C. Griffin. Les deux auteurs arrivent à la même conclusion : la crise financière aboutira à une crise du dollar.

La présentation de ces livres se trouve sur :
http://www.alterinfo.net/L-argent-gouvernemental-et-l-etalon-or-dans-le-mouvement-de-reforme-financiere-americain_a31350.html

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.

mercredi 2 septembre 2009

Berlusconi et la presse


Ce qui se passe en Italie ne peut pas nous laisser sans réaction.

Silvio Berlusconi intente un procès au quotidien italien La Repubblica en raison des demandes que ce journal lui adresse quotidiennement depuis le 14 mai et auxquelles il ne veut pas répondre. Non content de s’en prendre à la presse italienne, il menace de faire procès à la presse étrangère qui relate ses frasques. Silvio Berlusconi qui est entrepreneur, propriétaire d’organes de presse et éditeur veut museler la liberté d’expression. Par ailleurs, il accuse La Repubblica de subversion car ce journal ferait partie d’une vaste conspiration internationale fomentée par les journaux et les chancelleries pour le renverser.

Si ce n’était pas dramatique et dangereux, (voir ce qu'écrivait, sur de telles pratiques, Hannah Arendt*), cela serait risible venant d’un individu qui se conduit comme un simple d'esprit. Mais ce qui se passe en Italie ne nous laisse pas indifférents, et peut se répéter en France. Nous avons donc nous aussi décidé de soutenir La Repubblica et de défendre la liberté d’expression :

Liberté de la presse : soutenons La Repubblica.

Silvio Berlusconi réclame un million d'euros de dommages et intérêts pour diffamation au quotidien La Repubblica qui lui a posé publiquement dix questions sur sa vie privée. Trois juristes, Franco Cordero, Stefano Rodotà et Gustavo Zagrebelsky, publient un appel pour la liberté de la presse, dont voici le texte.

Les attaques à l'encontre de La Repubblica, dont la plainte en justice pour diffamation n'est que le dernier épisode en date, ne peut être interprétée que comme une tentative de réduire au silence la presse libre, d'anesthésier l'opinion publique, de nous isoler de la circulation internationale des informations et, en définitive, de faire de notre pays une exception à la démocratie.

Les questions adressées au président du Conseil ont suscité un intérêt non seulement en Italie mais dans la presse mondiale. Si l'on considère qu'elles ne sont que des figures rhétoriques parce qu'elles suggéreraient des réponses désagréables, il n'y a qu'un seul moyen de les démonter : y répondre plutôt que de tenter de faire taire celui qui les pose.

Au contraire, la voie empruntée est celle de l'intimidation à l'encontre de celui qui exerce le droit et le devoir de " chercher, recevoir et diffuser avec tous moyens d'expression, sans considération de frontières, les informations et les idées " comme l'indique la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 approuvée par le concert des nations à un moment où l'on se souvenait encore de ce qu'était l'information transformée en propagande sous les régimes non libéraux et antidémocratiques du siècle dernier.

La pétition peut être signée à l’adresse informatique suivante : http://temi.repubblica.it/repubblica-appello/?action=vediappello&idappello=391107
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En solidarité avec le quotidien La Repubblica, voici les dix questions posées chaque jour au président du Conseil italien depuis le 14 mai :

1 - Quand avez-vous rencontré pour la première fois Mlle Letchi ? Combien de fois l'avez-vous vue ? Quand l'avez-vous rencontrée ? Avez-vous jamais fréquenté, et fréquentez-vous toujours, des mineures ?

2 - Quelle raison exacte vous a empêché de dire la vérité durant les deux derniers mois, vous conduisant à produire quatre versions de la façon dont vous avez rencontré Mlle Letizia avant deux aveux tardifs ?

3 - Pensez-vous que le fait d'avoir récompensé des jeunes filles qui vous appelaient "Papi" en leur offrant des places sur des listes électorales et en leur promettant des responsabilités politiques pose un sérieux problème pour la démocratie italienne et pour votre pouvoir ?

4 - Vous avez passé la nuit du 4 novembre 2008 avec une prostituée. Selon l'enquête des magistrats, des dizaines de call girls ont fréquenté votre résidence. Saviez-vous que ces femmes étaient des prostituées ? Si vous ne le saviez pas, pouvez-vous fournir des garanties du fait que ces rencontres ne vous ont pas rendu vulnérable ou ne vous ont pas exposé au chantage — comme le montre, par exemple, les enregistrements produits par Patrizia D'Addario ou les photographies de Barbara Monreale ?

5 - La flotte aérienne officielle a-t-elle été utilisée pour conduire ces invitées à vos résidences sans que vous soyez à bord ?

6 - Etes-vous totalement sûr que vos relations n'ont pas compromis les affaires de l'Etat ? Pouvez-vous assurer à ce pays et à ses alliés qu'aucune de ces femmes ne dispose de moyens de pressions qui pourraient affecter votre autonomie politique sur des affaires de politique interne ou internationale ?

7 - Votre comportement entre en contradiction avec votre politique. Pourrez-vous encore prendre part au Jour de la famille ou promulguer une loi qui punit les clients des prostituées ?

8 - Croyez-vous que vous pouvez toujours poser votre candidature pour devenir président de la République italienne ? Et si ce n'est pas le cas, pensez-vous que quelqu'un qui n'est pas digne du Quirinal (le palais présidentiel) peut exercer les fonctions de premier ministre ?

9 - Vous avez dit être victime d'un "complot subversif". Pouvez-vous garantir que vous n'avez jamais eu recours ou voulu utiliser les services secrets ou la police contre les témoins, les magistrats ou les journalistes ?

10 - À la lumière de tout ce qui a été révélé ces deux derniers mois, quel est votre état de santé ?

* Hannah Arendt, Le système totalitaire (Tome 3 des Origines du totalitarisme), réédition le Seuil, 2005.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

mardi 1 septembre 2009

Le totalitarisme et la grippe.

La grippe mexicaine, porcine, A, H1N1, proclamée pandémie, s'étendant sur la planète entière, qui n'est ni plus ni moins (plutôt moins jusqu'à présent...) dangereuse que la grippe ordinaire, fait l'objet d'une médiatisation à nulle autre pareille qui distille l'angoisse.

Cette grippe tue. Peu. Dans l'hémisphère sud, où s'inversent les saisons, la grippe A n'est guère plus mortelle que dans l'hémisphère Nord. Les annonces de catastrophe, au cours de notre prochain automne, en Europe, n'ont aucun caractère de certitude. Il n'est pas non plus certain que la grippe ne frappera pas des dizaines de milliers de personnes...

Laissons de côté l'horreur que représente l'exploitation commerciale de cette possibilité de risque sanitaire majeur. Les masques, les mouchoirs en papiers, les vaccins serviront ou ne serviront pas mais, en tout cas rapporteront beaucoup, beaucoup d'argent! Le coup est parti. Les engagements sont pris. Les labos seront payés. Non, là ne se loge pas le pire.

Il est hautement instructif d'apprendre qu'il est possible, en notre siècle, qu'une infection peut faire le tour de la Terre à une vitesse inimaginable et concerner des populations innombrables. Que peu ou beaucoup d'hommes et de femmes en soient victimes est presque devenu secondaire! L'information prioritaire est qu'une peste, noire, jaune ou blanche, peut submerger la planète. Et, ou bien n'y rien faire d'autre que ce qui s'y passe ordinairement, (quelques milliers de morts), ou bien : faire, sur la population mondiale, une large ponction inimaginable encore.



Les pouvoirs paniquent parce qu'ils n'auraient plus, en cette circonstance, aucun pouvoir. Les vaccins n'offrent qu'une protection supposée et de toute façon faible. Ils peuvent causer plus de dégâts qu'élever des barrières immunitaires! On ne se protège pas d'un virus qu'on ne connaît pas. Affaiblir les immunités au lieu des les étendre peut aggraver les catastrophes. En réalité, nous agitons du vent afin de nous rassurer. Pour les pouvoirs publics, ne rien faire est pire que tout et obligerait à reconnaître notre impuissance, (ce qui est impossible pour un État déjà placé sous la menace de bouleversements écologiques et sociaux comme on n'en a très rarement connus)!

Alors, il faut tirer d'un rien un bien (pour les gouvernements en place!). "Parions, se disent les responsables politiques aux affaires, que la grippe sera une grippette. On ne le sait pas, mais tablons sur cette probabilité. Voici une aubaine au moment où des insatisfactions peuvent déboucher sur des fortes contestations. Brisons les peurs par la peur".

Occupez vous de votre sort vital et point de votre sort social, nous suggèrent des médias tout à la fois habilement manipulés et manipulateurs, transmettant des informations d'autant plus crédibles qu'elles sont douteuses. Ce qui peut arriver est aussi dangereux que ce qui arrivera surement. Et comme il est impossible d'affirmer que le pire ne se produira pas, la panique devient, dans la presse, un beau sujet d'intérêt.

Le totalitarisme commence quand nul ne peut penser autrement que ce que les dirigeants d'un pays suggèrent. Au moment, historique, où une mutation de société s'annonce, ceux qui ne veulent voir rien changer qui bouleverserait leurs privilèges, ont la tentation de semer ces graines de panique et d'embrouiller les cerveaux.

Pour les personnalités politiques en exercice, de deux choses l'une : ou la grippe à venir sera terrible et il faudra survivre et permettre aux survivants de conserver leurs profits, ou bien, plus probablement, la grippe à venir n'aura que des effets réduits, et ce sera temps gagné si les citoyens rebelles se sont trouvés réduits au silence par leurs angoisses et les graves préoccupations de santé publique sans cesse commentées.

En clair, il est devenu très suspect qu'on parle de la grippe comme l'on parlerait d'on ne sait quel paludisme ou sida tueurs, qu'il faudrait combattre sans trop savoir comment s'y prendre. Du paludisme, du reste, le vrai, celui qui cause des millions de victimes, on ne se soucie guère, en vérité, de l'éradiquer, et si l'on jetait dans la balance de l'espoir de vivre, tout l'argent qu'on consacre à la lutte contre la grippe, cette fièvre jaune reculerait considérablement. Mais cela ne concerne, après tout, que des Africains...

Le totalitarisme nous enveloppe dans une une société où l'on peut survivre mais point vivre. On n'y peut exprimer que des pensées conventionnelles, celles qui s'imposent. Reste à former des hypothèses que, plus tard, l'histoire confirmera, peut-être...

Eh bien, formulons l'hypothèse que tout ce tapage autour de la grippe A est fait pour nous interdire d'entendre ce qui vient, les appels d'un Nouveau Monde tel que celui qu'annonçait Gustav Malher dans sa neuvième symphonie, ou Ludvig van Beethoven, lui aussi par une neuvième symphonie, dans l'Ode à la Joie. Alors que nul ne sait dire où nous allons, il nous est même interdit d'ouvrir les yeux pour choisir notre voie. Soyons lucides et ne nous laissons pas embarquer sur des vaisseaux fantômes. Vivons.



Et un mystère de plus, dans cette panique montante sur la grippe A ! Alertée par un virologue américain, Tom Jefferson, la presse allemande est en train de lever un drôle de lièvre, qui pourrait bien nourrir les débats de la rentrée. Elle relève l'étrange modification par l'OMS de sa définition de la "pandémie". En substance, auparavant, il fallait "de nombreux morts" pour que l'on puisse parler de pandémie. Or l'OMS vient de modifier en catastrophe cette définition. Exit la nécessité des "nombreux morts". Simple querelle sémantique ? Peut-être. Mais ce n'est pas l'avis de certains scientifiques, comme Jefferson, qui décèlent sous ce changement un coup de pouce donné par l'OMS à l'industrie pharmaceutique (dont elle a besoin pour financer ses actions) pour écouler davantage de vaccins. La grande chaîne publique ZDF, l'hebdomadaire Der Spiegel, ont ouvert le dossier.
Voir : Arrêt sur images n° 88.

Jean-Pierre Dacheux