vendredi 21 mai 2010

À Cergy comme ailleurs, la "vidéotranquillité" n'est pas rassurante !

Vidéosurveillance, … vidéoprotection, … et maintenant... vidéotranquillité !

De nouvelles expressions pour faire passer la pilule.



J'vous ai à l'œil

C’est très onéreux et dispendieux de l’argent public.

C’est inefficace et, au-delà, le rapport coût/efficacité est nul.


C’est attentatoire aux droits fondamentaux.

Cela ne PROTÈGE personne. Cela SURVEILLE simplement.

D’ailleurs, et personne ne s’y trompe, pour faire accepter ces systèmes intrusifs, la NOVLANGUE, le marketing politique transforme les expressions – "PROTECTION À DROITE" et, comme cela ne suffit pas, "TRANQUILLITÉ À CERGY" !




C’est très onéreux et dispendieux de l’argent public :

1) En moyenne 1,5 à 2 millions € (10 000 000 F à 13 000 000 F), pour l’installation.

2) De 150 000 à 200 000 € pour la maintenance annuelle.

3) Et, pour un système fonctionnant 24h/24, 500 000 € au-minimum pour la masse salariale des opérateurs assis derrière les moniteurs de contrôle.

C’est-à-dire, sur 5 ans, un budget total moyen de 5 000 000 € (35 millions de francs) soit, environ, 40 salaires d’éducateurs, d’animateurs sociaux culturels, médiateurs de rue, correspondants de nuit, surveillants de sortie d’école, enfin des emplois de proximité permettant de renforcer le lien social et de faire des actions de prévention.

Pourquoi ces systèmes ne sont-ils pas efficaces ?

Parce qu’on leur demande de faire un travail qui ne correspond pas à leur process technologique, en fait de quoi s’agit-il :

- d'un ensemble de caméras,

- d'un réseau reliant l'ensemble de ces caméras,

- d'une ou plusieurs salles de contrôle où des opérateurs reçoivent et visionnent les images sur des moniteurs de télévision,

- d'un système informatique, généralement automatisé, de gestion et de stockage des images.

On comprend immédiatement les limites du système.

A part quelques cas très isolés, le décalage entre la constatation d'une singularité et l'intervention in situ est important ! À quoi il faut ajouter la baisse très rapide de la vigilance des opérateurs.

À cause de ces limites fonctionnelles, et sauf à placer un fonctionnaire de police en faction sous chaque caméra, la vidéosurveillance ne protège pas et n’apporte aucun progrès en matière de sécurité.

Une étude anglaise de 2006 l’a démontré de façon claire : ces systèmes permettent tout au plus de résoudre « plus rapidement », et a posteriori, 3 % des enquêtes policières.

Ce n'est pas seulement la conclusion d'une étude anglaise, reportons-nous au rapport du site URBANEYE sur 6 villes européennes - Berlin, Budapest, Copenhague, Londres, Madrid, Oslo et Vienne. Pas des villes françaises, bien entendu. Il est affligeant pour la vidéosurveillance.



La République n'aime pas le flicage


C’est attentatoire aux droits fondamentaux :

C’est le point que les thuriféraires de la vidéosurveillance nomment péjorativement l’IDÉOLOGIE des "droits-del’homistes".

Ce n’est pas d’idéologie qu’il s’agit mais du respect des droits fondamentaux et principalement de celui de pouvoir circuler librement, sans entrave, c’est-à-dire sans être épié, espionné constamment par un surveillant invisible comme dans le panoptique de Jeremy Bentham, si bien décrit par Michel Foucault.

Que ceux qui nous disent : "je n’ai rien à me reprocher, donc je m’en moque" se méfient. Ils n’ont rien à se reprocher dans la norme sociale d’aujourd’hui, peut-être. Mais demain, qu’en savent-ils ?


La société n’est pas à l’abri d’une dérive et d’un système plus autoritaire, voire totalitaire.

Et qu’on ne nous dise pas non plus : "cela n’est pas possible". Tout est possible; on l’a vu en d’autres temps.

Croyez vous que les homosexuels, les malades mentaux, les Tsiganes, et enfin les Juifs, avaient quelque chose à se reprocher en 1942 ?


http://www.newsoftomorrow.org/IMG/jpg/berne_plebiscite_la_videosurveillance_resize_crop320par220.jpg
Et les Noirs ? Donc...

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 16 mai 2010

Parlons donc de la retraite...

Ne cédez pas un pouce de terrain sur l’âge et le montant de votre retraite.

http://communistesclichy92.elunet.fr/public/communistesclichy92.elunet.fr/retraites.jpg

D’aucuns disent que les meilleurs moments de la vie sont l’enfance et la jeunesse. C’est certainement vrai pour l’insouciance propre à ces âges, pour la certitude que l’on va changer le monde que ces crétins de « vieux » n’ont pas réussi à changer, pour l’espoir que l’on va rencontrer le bonheur.

C’est, bien sûr, les premiers émois amoureux, c’est aussi la vivacité, la force, l’entrain, l’enthousiasme, mais c’est aussi l’autorité, l’éducation, l’apprentissage, puis le début de la vie professionnelle maintenant si stressant et difficile. Autant de contraintes que Michel Foucault dépeint dans ce qu’il appelle la société disciplinaire, celle de l’enfermement dans la famille, à l’école, à l’usine.

Et quelques années, plus tard, on tombe dans la routine d’une vie servile faites d’éternels compromis car on a compris, désabusé, que l’on ne changera rien. Heureusement, il y a l’heure de la retraite ! Pour certains, c’est la fin de vie, mais rien n’est plus faux.

Elle est le commencement d’une vie nouvelle, le meilleur moment de l’existence, celui de la liberté, celui où l’on sait que demain le chef tatillon ne viendra plus vous emmerder, que les embouteillages, le métro, la cohue, c’est pour les autres. C’est tous les jours les vacances, quel délice de savoir que le réveil ne sonnera pas alors qu’on a envie de dormir encore un peu. C’est aussi, le moment de faire ce que l’on a envie, de se consacrer à ses petits enfants, à son violon d’Ingres, de militer dans des associations, … à tel point que beaucoup de retraités, très actifs, disent : « je suis submergé tellement j’ai d’activités. » Il faut noter que ce bénévolat est du bénéfice perdu et ne fait pas le jeu des ogres du profit.

***

Alors vous qui êtes jeunes et actifs, un conseil si vous le permettez, ne vous laisser pas endormir par le chant des sirènes. Ce qu’on vous raconte sur la problématique des retraites n’est que propos fallacieux et trompeurs. Comment nos gouvernants ou leurs « experts » seraient-ils capables d’imaginer ce qui va se passer en 2030, en 2050 alors qu’ils sont incapables de prévoir ce qui va se passer l’année prochaine ; la crise de 2007 en est l’exemple le plus probant.

Le temps de travail a diminué continuellement depuis 150 ans, pourquoi en serait-il autrement dans les décennies à venir alors que la productivité progresse continuellement et que le système économique n’a de cesse de diminuer le nombre des salariés pour les remplacer par des machines qui ne font pas grève pour de meilleures conditions de travail, ne sont pas malades, ne prennent pas de vacances et peuvent travailler à n’importe quel moment du jour et de l’année.

Cela pourrait éventuellement être vrai dans une société stable conforme à celle d’aujourd’hui, mais imaginer le marché du travail en 2030, voire en 2050, sans intégrer les conséquences :

... - des dérèglements climatiques, écologiques, sociaux,

- de la venue de migrants qui seront toujours plus nombreux,

- de l’émergence de nouveaux pays concurrentiels, Chine, Indes, Brésil …

- de l’évolution d’une nouvelle industrie sans les énergies fossiles, comme le pétrole, etc...

... est mensonger, irresponsable, voire criminel.

Nos gouvernants, de tous bord, sont des maîtres chanteurs, thuriféraires d’une société sans avenir dont ils ne sont que les bas exécutants et qui, comme tous les grands menteurs, finissent par croire ce qu’ils disent. Ce qu’ils vous chantent met en musique de fausses paroles, qui cachent ce fossé des inégalités qui ne cesse de se creuser et donc refusent la répartition des richesses.

http://carcassonne.gauchepopulaire.fr/public/carcassonne.gauchepopulaire.fr/manif-des-retraites.jpg

Avec une plus juste répartition des richesses, comme par enchantement ne règlerait-on pas le problème des retraites et la majeure partie des dysfonctionnements de notre société ?

Ne cédez pas un pouce de terrain sur l’âge et le montant de votre retraite.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


jeudi 13 mai 2010

Jusqu'à quand allons-nous supporter ça ?

À la lecture de ce qui suit, vous avez le choix entre :
• Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
• Mais quel est donc le pays où de telles choses se passent ?
• Mais qui nous protègera de la police ?
• Le clandestin est-il vraiment un délinquant ?
• Peut-on, même, traiter ainsi des délinquants ?
• Doit-on obéir aux ordres quand ils sont abjects ?
• Assistons-nous au retour de pratiques préfascistes ?
• Pourquoi les "autorités morales" restent-elles silencieuses ?
• Le citoyen qui sait et se tait n'est-il pas complice ?
• C'est quoi... les droits de l'homme ?

http://www.raidh.org/IMG/jpg/expulsion.jpg

HISTOIRE D’EXPULSIONS :

8 avril 2010.

La préfecture du Rhône décide d’expulser Guilherme, angolais, père sans papier de 4 enfants * . Le juge des libertés de Lyon avait prolongé sa rétention jusqu’au lendemain, vendredi, 11 heures du matin. La veille, il est embarqué vers 19 heures à l’aéroport de Lyon Bron, dans un avion « privé » spécialement affrété par le ministère de l’Intérieur en direction du Bourget. L’aéroport de Bron était un camp retranché : des CRS bloquant tous les accès et un hélico tournant au dessus… Menotté à bord de cet avion, à l’arrivée au Bourget, il est attendu par trente CRS et six voitures de police, excusez du peu. Avant de monter à bord d’une d’entre elles, il est entièrement ligoté, de la tête aux pieds, comme un saucisson, et on le bâillonne. On l’emmène à la Police de l’air et des frontières (PAF) de Roissy où il attend pendant plus d’une heure, toujours ligoté et entravé, sans pouvoir ni s’asseoir ni se tenir debout. On lui refuse à boire et d’aller aux toilettes. Enfin on l’emmène en voiture au pied de l’avion pour Luanda où il est monté par l’arrière comme un paquet, toujours saucissonné.

Le commandant refuse de partir avec lui. Il est redescendu de l’avion et repars à la PAF. On est « gentil » avec lui : on lui désentrave les jambes et on lui enlève son bâillon, mais il est toujours ligoté à partir des genoux. Après de multiples coups de téléphone, les policiers le remettent dans une voiture et le ramènent à l’avion. Le commandant refuse de faire rouvrir les portes. Il repart à la PAF et là, les policiers ne savent plus quoi faire… On le désentrave. Il est quatre heures du matin, il est fatigué. Il n’a pas d’endroit pour se reposer et on lui dit que les locaux ne sont pas fait pour ça. A cinq heures du matin, il est transféré au Centre de Rétention Administratif (CRA) de Bobigny. Le matin, il n’est pas sur les listes des comparutions immédiates pour les refus d’embarquement. Il est emmené de force pour tenter à nouveau de l’expulser. Sa femme attend en bas pour le voir. Elle ne le verra pas. Les policiers lui expliquent qu’il prendra un avion « privé » au Bourget à 17 heures 30 pour destination inconnue. Enfin, à 22 heures, on apprend qu’il sera libéré ; l’avion parti pour le Portugal n’ayant pas eu l’autorisation d’atterrir. Il est revenu à Bobigny et a été libéré du CRA vers minuit. Dans l’avion qui l’emmenait vers Lisbonne il était accompagné de quatre policiers et attaché sur son siège.

Communiqué laconique de la préfecture du Rhône indiquant qu'en raison de l'impossibilité d'exécuter la mesure, il était remis en en liberté.

* Témoignage de Dominique Noguères, avocat de Guilherme et membre de la LDH.


Mardi 11 mai 2010

David, sa femme et deux de ses enfants, de nationalité géorgienne, sont arrêtés en Meurthe et Moselle et conduits au CRA de Lyon. Ils sont passés par la Pologne avant d’arriver en France. Lors de leur arrestation, la famille n'est pas complète : il manque le petit dernier de 2 ans ! Qu'importe, ils sont mis le lendemain matin dans un avion « privé », menottés, ligotés pour être expulsés vers la Pologne. 15 policiers les accompagnent dans l'avion… Mais la famille n'est pas complète et la Pologne ne les accepte pas !

Retour à Lyon où ils sont libérés. Le réseau éducation sans frontière est contacté par le CRA car la PAF ne sait que faire d'eux. Et là comble de l'ineptie, ce sont 5 policiers de la PAF qui remettent les 4 membres de la famille à des militants de RESF sur le parking de la gare routière de la Part-Dieu. C'est la même préfecture qui avait arrêté, pour l'expulser, un jeune polyhandicapé !

Résumons la situation : Déploiements de police incroyables, pourtant il ne s’agit pas de dangereux terroristes, simplement de pauvres bougres à la recherche d’une meilleure existence. Utilisation d’avions privés affrétés spécialement … puis des allers et retours pour rien vers Lisbonne ou la Pologne. Séparation d’un enfant et de ses parents en contradiction avec la Convention internationale des droits de l’enfant pourtant ratifié par notre pays. Et, surtout, des méthodes indignes de notre pays et des mauvais traitements inhumains et dégradants.

Mais jusqu’où iront ceux qui décident et nous gouvernent ?

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


lundi 10 mai 2010

La journée commémorant la fin des esclavages !

Les Rroms ont été des nègres blancs en Europe !


L’esclavage des Rroms en Europe, en particulier en Moldavie et en Valachie, aura duré au moins cinq siècles ! Peu d’Européens le savent ! Ce fait, en soi, déjà, est bouleversant.




Nul besoin, dans la seconde partie du 14e siècle, dans la principauté de Valachie, d’aller chercher la main d’œuvre et de la convoyer ; elle était immédiatement disponible ! Entrés libres dans le sud-est de l’Europe, les Rroms furent, en effet, rapidement, contraints par la force de demeurer sur place et de se soumettre à des propriétaires terriens, boyards ou moines, devenus leurs maîtres absolus.


« Les premières traces écrites de cet esclavage date du règne de Rudolf IV (1331-1355) ». Les tentatives de fuite vers l’Allemagne ou la Pologne furent d’autant plus vite réprimées et annihilées que les Rroms durent faire retour sur les Carpates après avoir subi les pires cruautés de la part de ceux qui les considéraient comme « musulmans » (à cause de leur teint mat).


Que l’esclavage ait été longuement présent en Europe comme dans les Amériques, a dérangé et continuera de déranger les bien-pensants de toutes obédiences. Cette réalité historique est, pourtant, d’autant plus acquise que c’est dans la même mouvance anti-esclavagiste des années 1840-1860 qu’apparurent les décisions d’abolition dans la toute jeune Roumanie. L’Église moldave libéra ses esclaves en 1844. L’Église de Valachie, en 1847, fit de même.


En France, Victor Schoelcher, arrachait à Arago, en mars 1848, la décision qui devait aboutir au décret abolitionniste de 27 avril, paru dans Le Moniteur, le 3 mai, mais inappliqué jusqu’à ce que les nègres de Martinique s’insurgent le 22 mai, et voient paraître, enfin, l’arrêté d’application, le 23 mai.


Les Noirs des Antilles et les « nègres blancs » de Roumanie marchèrent donc, progressivement, ensemble, sans se connaître, vers leur libération. L’esclavage devint totalement illégal en Moldavie, le 23 décembre 1855, et le 8 février 1856 en Valachie.


Même libérés de l'esclavage, les Rroms ont pourtant continué de vivre dans des conditions dramatiques. Nombreux d'ailleurs sont ceux qui, craignant un retour à l'esclavage, s’enfuirent, d'abord vers les pays voisins, puis jusqu'en Scandinavie ou en Europe de l'Ouest, voire en Amérique.


Ils n’avaient pas tort : après que le traité de Paris eut reconnu, en 1856, dans le cadre de l'empire ottoman, l'autonomie des deux provinces roumaines –qui, à partir de 1861, vont former la Roumanie- le nouveau dirigeant des provinces, le Prince Ioan Alexandru Couza, instaura à nouveau l'esclavage pour les Rroms et le servage pour les paysans. Ce n'est qu'en 1864, suite au coup d'Etat mené par Mihaïl Kogalniceanu, que l'esclavage et le servage seront définitivement abolis en Roumanie.


S’il faut établir un parallélisme entre l’esclavage des nègres et celui des Rroms on relèvera qu’ils ont connu les uns comme les autres une période de réinstauration de l’esclavage ? Entre 1802 et 1848, l’esclavage des noirs, aboli en 1794, par la Convention, aura été rétabli par un décret de Bonaparte, aussi lapidaire que cyniquement atroce. Ce crime bonapartiste reste, le plus souvent, ignoré des enfants de France : les livres d’histoire font silence sur cette ignominie.


En 1815, la Restauration royale ne revint, évidemment pas sur cet acte impérial qui renvoyait avant la Révolution :

« Article 1 : l’esclavage sera maintenu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789.

« Article 2 : la traite des noirs et les importations dans les dites colonies auront lieu conformément aux lois et règlements existant avant 1789. »


Avant 1789 ? Depuis Colbert, c’est le temps du Code Noir !


L’esclavage est, selon le Code Noir, l’affaire des seuls catholiques. Selon l’article 2 : « Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine. »


Une fois ce cadre religieux imposé et bien installé, il reste à rendre impensable et impossible tout espoir de liberté physique. La fuite, c’est la mutilation ou la mort. L’article 38 le spécifie : « L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marquée d'une fleur de lis une épaule; s'il récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d'une fleur de lys sur l'autre épaule; et, la troisième fois, il sera puni de mort. »


Quant à l’avenir, tout est aussi en ordre. L’enfant d’esclave restera esclave et les progénitures sont un bien acquis avec les mères ; c’est l’article 12 qui le précise : « Les enfants qui naîtront des mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves et non à ceux de leurs maris, si le mari et la femme ont des maîtres différents. »


Est-on si loin du code pénal de Valachie, postérieur, qui, en 1818, inclut les articles suivants, concernant les Rroms :

Section 2 : les tsiganes naissent esclaves.

Section 3 : tout enfant né d'une mère esclave est esclave.

Section 5 : tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves.

Section 6 : tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince.


Quant au code pénal moldave de 1833, il précise encore, sans parler des Rroms (mais il n’y a que des esclaves rroms, alors, en Roumanie):

Section II.154 : des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves.

Section II.162 : Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires.

Section II.174 : Le prix d'un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son age, sa condition et sa profession.


Il en est de l’esclavage comme des génocides : il atteint tout l’homme, toute l’humanité, et pas seulement une partie des hommes. Noirs ou pas, nègres d’Afrique ou nègres blancs d’Europe, ceux qui ont été mis au rang des sous-hommes sur lesquels des maîtres ont eu droit de vie et de mort, ces êtres vivants, tout juste bons à enrichir ceux qui les possèdent et les soumettent, sont cependant nos semblables. L’esclavage déshumanise moins les victimes que les bourreaux. Le mystère est épais qui recouvre les motivations profondes de ceux qui ne voient plus en l’autre le reflet d’eux-mêmes et qui réifient autrui jusqu’à en faire, donc, un objet d’utilité sans aucune autre valeur que la valeur d’usage.




Les philosophes et encyclopédistes, en signalant le « commerce des nègres » n’ont pas manqué de faire connaître les nations qui s’y livraient « dans les Indes occidentales et particulièrement : les Français, les Anglais, les Portugais, les Hollandais, les Suédois et les Danois ». Des esclaves d’Europe rien n’a pu être dit. En 1837, un demi-siècle plus tard, Mihaïl Kogalniceanu, écrivain et homme politique moldave né à Iasi, écrit pourtant : « Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l'abolition de l'esclavage en Amérique, alors que, sur leur propre continent, 400 000 Tsiganes sont maintenus en esclavage». Pour qu’il y soit définitivement mis fin, il faudra attendre 1864 que ce même Kogalniceanu soit parvenu au pouvoir..


L’esclavage n’est finalement pas celui des Noirs ou des Rroms : d’autres en ont été victimes ; d’autres le sont encore ; il est celui des hommes. Il aura fallu attendre la courte loi (courte par son texte, grande par sa portée) dite « loi Taubira » pour qu’en 2001 l’esclavage soit considéré, en France, comme un crime contre l’humanité : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. »


La question de l’esclavage cesse d’appartenir exclusivement à l’outremer. Il ne suffit plus de reconnaître, par exemple que les perpétrateurs de l’esclavage ont fait la richesse de ports négriers comme Nantes, Bordeaux ou La Rochelle ; il faudra bien que, tôt ou tard, une fois la Roumanie entrée en Europe, soit historiquement constatée et jugée cette dimension intra-européenne du crime contre l’humanité qu’a constitué, sur ce continent aussi, l’esclavage !


Il appartient au philosophe de s’interroger, sur les raisons qui expliquent qu’au côté de l’holocauste oublié, existe un esclavage oublié, un crime oublié! La nation disait Renan a besoin de l’oubli pour se constituer. « Tout citoyen français doit avoir oublié la Saint Barthélémy », écrit-il. On peut aussi penser qu’un peuple se constitue avec les matériaux que lui fournit son passé assumé.


Il ne suffit donc pas que soit promulguée une loi pour que soit effacée une injustice. Christiane Taubira-Delannon, députée de la Guyane, rappelle volontiers que quatre cents années de déportation, de quinze à trente millions de déportés n’ont été rendus possibles que parce que la traite négrière était un système étatique. L'état était, des pouvoirs locaux étaient, en effet, en grande partie propriétaires des plantations et percevaient des taxes sur les esclaves. Indépendamment des culpabilités individuelles qui appartiennent au passé et peuvent s’y dissoudre, ce système ne peut ni être oublié ni être absout.


L’encyclopédiste Jaucourt, avec beaucoup moins d’ambiguïté que Montesquieu, (lequel vendait son vin aux Antilles), en dénonçant la traite des nègres, a de façon plus catégorique, condamné l’esclavage : « Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n'y a point de crime, quelque atroce qu'il soit, qu'on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont donc pas en droit de disposer de leur liberté et de les vendre pour esclaves".


Il n’est certes pas impensable ni impossible que les intellectuels noirs mettent en jeu leur propre altérité et pratiquent une écoute attentive, sans dogmatisme, de la réalité culturelle de l'Autre, le Rrom.


Noirs, Juifs et Tsiganes portent, ensemble, bien que différemment, ces dénis successifs qui trouent l’histoire en y prélevant les traces de crimes contre l’humanité d’autant plus violents qu’ils s’abattent sur des populations que, pour de multiples et faux motifs, on vise à écarter du vécu « ordinaire » des sociétés.




Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

dimanche 9 mai 2010

La Journée de l'Europe ?

9 mai 2010 : L'Europe, nom de Zeus !


"In varietate concordia" ( "Unité dans la diversité")

Le 9 mai 1950, Robert Schuman présentait sa proposition relative à une organisation de l'Europe, indispensable au maintien de relations pacifiques. Cette proposition, connue sous le nom de "déclaration Schuman", est considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

Aujourd'hui, le 9 mai, Journée de l'Europe, est devenu un symbole européen qui, aux côtés du drapeau,
de l'hymne, de la devise et de la monnaie unique (l'euro) identifie l'Union européenne en tant qu'entité politique.



Tout cela est poudr
e aux yeux !

L'Europe économique conçue pour conduire à l'Europe politique est en train de tuer l'Europe politique. Le mal est si profond qu'on songe à... protéger les États des ravages de la contamination des économies par la toute puissance des banques. L'Europe, telle que sortie du traité de Lisbonne, extorqué aux peuples, n'est plus, comme le voulait Delors, une fédération d'États-nations; c'est la devanture des oligarchies qui ont pris le pouvoir face à la menace que la mutation sociale et écologique fait peser sur le capitalisme depuis deux ans.

_____

Allégorie européenne


Zeus (le pouvoir)
dissimulé en taureau blanc (la puissance)
séduisit Europe (le territoire)
pour féconder en elle Minos (la richesse).




Minos, osa tromper Poséidon (la mer)
et il lui fut imposé un monstre fabuleux (Le Minotaure),
enfermé dans le Labyrinthe (la complexité),
et construit par Dédale (le génie).

Impossible d'en sortir sans le fil d'Ariane (l'évidence)
et sans avoir tué le Minotaure (le bourreau des hommes) !



Thésée y parvint.



Le mythe est ainsi de retour en Grèce
où naquit l'idée démocratique.

Le Minotaure, c'est le capitalisme.
Le Labyrinthe, c'est l'univers des marchés.
Dédale, c'est l'inventeur de produits mathématiques d'une effroyable complexité.
Le fil d'Ariane, c'est l'intelligence pour nous sortir d'un monde clos.
Thésée, est en chacun de nous... et il lui faudra tuer le monstre
si nous voulons sauver Europe.


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 8 mai 2010

Sétif, 8 mai 1945 : un déni historique !

Les Droits de l'Homme "hors la loi" ?

8 mai 1945 : fin d'une guerre mondiale.

8 mai 1945 : début d'une guerre coloniale.
Les Algériens qui voyaient dans la Victoire, à laquelle ils avaient contribué, une chance pour l'indépendance de l'Algérie, ont été massacrés, par milliers, à Sétif, après une manifestation ayant dégénéré en affrontements tragiques et entrainé la mort de plusieurs dizaines de "Pieds-noirs". Ce massacre est à l'origine de la révolte qui allait couver et commencer en novembre 1954.
http://a7.idata.over-blog.com/434x600/0/40/66/71/une-2005-05-07.jpg
C'était en 2005, à l'occasion du 60e anniversaire du massacre, dans Libé.

Le conseil d'administration de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a décerné, "à l'unanimité", le vendredi 7 mai 2010, le premier prix de la "Bêtise avec un grand C" au député UMP des Alpes Maritimes Lionnel Luca pour s'être "attaqué publiquement" à une oeuvre, le film de Rachid Bouchareb "Hors-la-loi", "sans l'avoir vue". Lionnel Luca, "dans un grand élan de respect et de tolérance", a estimé que "Hors-la-loi", qui sera présenté le 21 mai en compétition au 63e Festival de Cannes, est manichéen et qu'il s'agit d'une falsification historique".

"Hors-la-loi" suit, de la fin des années 1930 à l'indépendance algérienne en 1962, le destin de trois frères à travers les tumultes de l'histoire franco-algérienne.

Taxé de "négationnisme" par M. Luca, le film s'est attiré les foudres de l'extrême droite, d'associations représentant des harkis, des anciens combattants et des pieds-noirs. Une douzaine d'intellectuels ont réagi en dénonçant le "retour en force de la bonne conscience coloniale".

Plusieurs intellectuels protestent. Nous aussi ! En pleine remontée de l'extrême-droite en Europe, le déni historique est le signe d'une avancée de forces qui n'en sont pas à leur première violation des Droits de l'Homme. M. Luca n'est pas seulement ridicule; il est dangereux. Nous faisons nôtre cette protestation :

" L'évocation d'une page d'histoire tragique peut aussi bien passer par la fiction, avec ses inévitables raccourcis, que par les indispensables travaux des historiens.

Dans le cas du film de Bouchareb, le problème de fond est ailleurs : des pressions ont été exercées sur les chaînes de France Télévisions pour ne pas coproduire le film et sur les responsables de la sélection officielle du Festival de Cannes pour qu'il ne soit pas sélectionné. Tandis que le producteur a été l'objet de demandes inhabituelles venant de la présidence de la République et du secrétariat d'Etat à la défense et aux anciens combattants pour visionner – dans quel but ? – le film avant la date de sa présentation officielle aux jurés et au public du Festival de Cannes.

En même temps, des associations extrémistes appellent à perturber le Festival en protestation contre la sélection de ce film. Et la réaction de M. Luca – rejoint le 29 avril par le député UMP de Béziers, Élie Aboud, président du groupe parlementaire d'études sur les rapatriés, qui n'admet pas "qu'on utilise de l'argent public pour insulter la République" – est révélatrice : des milieux nostalgiques de la colonisation continuent de chercher à faire obstacle à la liberté de la création et à la nécessaire reconnaissance du passé colonial de la France. Ces députés déclarent espérer que la "Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie", prévue par l'article 3 de la loi du 23 février 2005, qui présentait comme positive l'"œuvre de la France outre-mer", sera rapidement mise en place, "afin de mieux approcher la vérité". Le pire est à craindre quand le pouvoir politique veut écrire l'histoire que nos concitoyens iront voir demain sur nos écrans".

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


vendredi 7 mai 2010

Impitoyable Sarkosie !

Dans quel pays vivons-nous donc ?

Expulsion d’un enfant polyhandicapé : l’APF et RESF scandalisés !

APF : http://www.reflexe-handicap.org/
RESF : http://www.educationsansfrontieres.org/


L’Association des Paralysés de France (APF) et le Réseau Education sans Frontières (RESF) sont révoltés par l’expulsion d’un jeune polyhandicapé de 15 ans accueilli à l’Institut d’Education Motrice (IEM) « Les Jonquilles1 » à Freyming-Merlebach (57). Lundi 3 mai à 21h, une trentaine de policiers et de gendarmes font irruption dans l’IEM. Munis d’une décision préfectorale d’expulsion, ils emmènent avec eux le jeune, devant le personnel soignant choqué et impuissant. Après avoir passé la nuit au Centre de Rétention Administrative de Metz, il a été expulsé de France avec sa famille, mardi 4 mai à 10h par avion à destination du Kosovo. L’APF et RESF sont scandalisés par ce procédé et condamnent fermement cette expulsion. Les intérêts des politiciens et la politique gouvernementale actuelle ne doivent pas prévaloir sur l’état de santé des personnes malades et nécessitant des soins quotidiens !

Le Kosovo

Ce jeune polyhandicapé accueilli dans un IEM depuis mars 2010, est d’origine kosovare. Arrivé clandestinement en France avec ses parents, sa grande sœur et son frère, sa famille a été accueillie en Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, tandis que la Maison des Personnes Handicapées a orienté le jeune atteint d’une maladie évolutive vers l’IEM « Les Jonquilles ». Une demande de régularisation pour la famille avait été instruite par des travailleurs sociaux.

L’APF et RESF jugent intolérables la violence et l’inhumanité de cette expulsion qui a eu lieu lundi soir dans cette structure. Le dispositif mis en place (30 policiers et gendarmes et 10 véhicules pour emmener un enfant malade ; intervention sans que l’IEM ou la DDASS n’aient été prévenus) s’apparente à de l’intimidation ! La légalité de la procédure d’expulsion qui a été imposée au directeur de la structure ne justifie pas les méthodes employées ! Les parents de l’enfant, sa sœur et son frère avaient été arrêtés quelques heures avant et étaient isolés à l’extérieur dans les véhicules. L’enfant a été emmené, sans comprendre ce qu’il se passait, avec ses affaires, ses médicaments et son dossier infirmier.

C’est par le biais de l’association RESF que l’APF a appris l’expulsion de la famille par avion le lendemain matin, mardi à 10h. Toute la procédure d’expulsion avait été organisée à l’avance puis exécutée dans la précipitation afin que l’expulsion passe inaperçue et ne soulève pas des vagues de protestation, légitimes au regard de l’état de santé de l’enfant.

L’APF, en tant qu’association gestionnaire d’établissements et services, mais aussi en tant que mouvement revendicatif des droits des personnes en situation de handicap et RESF en tant que réseau militant contre l’expulsion des sans-papiers jugent lamentable l’expulsion de ce jeune polyhandicapé. L’état de santé d’une personne malade et la nécessité de soins quotidiens importants ne peuvent pas passer au second plan, derrière une politique gouvernementale qui consiste à « faire du chiffre » en matière d’expulsions.


Contacts :

Evelyne Weymann : 01 40 78 56 59 – 06 89 74 97 37

Sylvaine Séré de Rivières : 01 40 78 69 60 – 06 07 40 16 65

mercredi 5 mai 2010

Surveiller pour punir

Pas tranquilles avec la vidéotranquillité ?

Cergyssois, dormez tranquille, la mairie veille sur votre tranquillité !


Entrez dans notre beau pays de Sarkosie

Jeudi 6 mai, la mairie de Cergy inaugure son nouveau dispositif de vidéosurveillance composé de 45 caméras. Plus fort encore que le marketing politique du gouvernement et sa vidéo protection, la mairie de Cergy a baptisé son système « VIDEOTRANQUILITE ».

Tranquillisé, enfin pas toute la journée, en fin de soirée et jusqu’au matin, plus personne ne sera là pour visionner les images.

http://bigbrotherawards.eu.org/IMG/jpg/videosurveeil05.jpg
"J't'ai à l'œil, eh! Voyeur !"

Pourquoi mettre en place ces systèmes dont toutes les études fiables affirment qu’ils sont inefficaces, inutiles et dispendieux des deniers publics et qu’ils ne protègent personne. Ils ne sont qu’une aide à la police pour élucider plus rapidement dans 3% des cas les enquêtes policières.

Pour donner des gages vertueux, la municipalité de Cergy accompagne cette mise en service d’une commission d’éthique de la vidéotranquillité présidée par le maire, qui aura pour rôle de "veiller à ce que le système ne porte pas atteinte aux libertés fondamentales".

La Ligue des droits de l’Homme, opposée à tous systèmes de vidéosurveillance, de vidéoprotection ou de vidéotranquilité qui sont une atteinte aux droits fondamentaux a décliné l’offre qui lui a été faite de participer à cette “commission”, simple chambre d’enregistrement du fonctionnement d’un système inutile et onéreux mis en place en dehors de tout débat citoyen.


"Et ça n'empêche pas la pêche !"

Ligue des droits de l'Homme
Fédération du Val d'Oise