lundi 30 janvier 2017

Avec ou sans primaires ? Note complémentaire (9)


Fin de la primaire. Début du secondaire.


Le point au 30 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Chaque texte complémentaire, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre ("Avec ou sans primaires"). Il est contredit, sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent. Fin mai 2017, nous regrouperons ces notes utiles pour effectuer cette activité politique chronologique, en un seul et même document.

1 - Les médias ont beaucoup fait, le 29 janvier au soir, pour minimiser l'ampleur et la signification de la victoire de Benoît Hamonau terme de la primaire voulue par le PS, mais certes pas pour déboucher sur cette surprise. 

Je rêvais d'un rapport 60/40 en faveur de Hamon afin non de terminer mais d'engager le grand débat politique dont ce qui reste de " la gauche " a tant besoin. Nous y étions presque. Avec autour de 59% (58,71% annoncés, le lundi matin) pour le vainqueur, contre environ 41,29% pour son adversaire, non seulement le résultat final déborde l'addition des voix Hamon + Montebourg mais, avec une participation plus importante, supérieure, cette fois, à deux millions de voix, l'écart s'est encore creusé.  

2 - C'est à peine si l'on ne demande pas à Benoît Hamon, pour soit-disant « rassembler » son parti, de mettre, tout de suite, de l'eau dans son vin, c'est-à-dire, en fait, de rentrer dans le rang. Pourtant, ce n'est sûrement pas, en infléchissant son discours pour faire des concessions aux socio-libéraux que Hamon pourra se rapprocher de Mélenchon. Là se situe l'enjeu ces prochains jours. Ni Hamon, ni Mélenchon n'ont intérêt à tenir des discours d'extrême-gauche ou de l'ultra gauche, mais ils ont à convaincre – et vite ! – qu'ils proposent une toute "autre gauche", au contenu inédit, appuyée, certes, sur des valeurs du passé, celles qui restent fondamentales, mais, plus encore, ouverte à un nouveau monde déjà transformé par la mutation de la civilisation.  

3 - Yannick Jadot devrait pouvoir entrer dans cette redéfinition d'une orientation qui ne peut plus être celle de la gauche qu'on a connue et qui se meurt. L'axe écologique Mélenchon-Jadot-Hamon, s'il vient à être tracé, non seulement changerait le rapport des forces politiques en France, mais il permettrait que se déclenche une autre dynamique selon la formule de Benoît Hamon : « Je ne conçois plus d'être socialiste sans être écologiste ».  

À cet égard, Benoît Hamon va se trouver en difficulté pour se débarrasser du PS de la rue de Solférino et il faut souhaiter qu'il résiste à toutes les pressions qui vont s'exercer sur lui, au gouvernement, à Matignon, parmi les députés, à l'Assemblée Nationale et même depuis l'Elysée. On ne peut vouloir sortir d'un monde qui a échoué et trahi en y restant.  

Comment en convaincre les électeurs, engourdis dans des habitudes de pensée devenues, à leur insu, obsolètes ? Benoît Hamon a raison de s'appuyer sur ceux qui sont à même de penser et vivre la nouveauté : les jeunes et les modestes, ceux qui n'ont rien à perdre parce qu'on leur a déjà bouché l'avenir.  

4 - Si, pour qu'une gauche soit qualifiée de « gouvernementale » (par opposition à une gauche qui serait idéaliste), il faut que la politique concerne tout le peuple et pas une partie du peuple, alors il est temps de considérer que la gauche n'est plus à gauche mais partout. Quiconque la tire vers la droite, tel Macron, commet l'erreur d'oublier que le peuple, dans sa diversité et sa complexité, n'est ni tiède, ni dans un entre deux, ni conforme à un modèle, mais en perpétuelle transformation. 

Le mot gauche est soit à abandonner et à remplacer, soit à repenser et à redéfinir dans un autre contexte politique. Ce qui va se passer, en février, transformera l'opinion ou la ré-anesthésiera.

Benoit Hamon, candidat ! ... La fin du Parti socialiste ?



Après avoir été cocufié pendant près de cinq ans, une bouffée d'air plus pur, petite brise encore, vient rafraichir l’atmosphère politique.

Nous venons de désigner un enfant du peuple, un des nôtres, du moins on l'espère, car le monde politique d'aujourd'hui nous a appris à être très prudent, pour se présenter à la magistrature suprême.

Nous ! la populace, les « sans dents » qui vivons sur une autre planète que celle des adeptes de la pensée unique qui veulent que le monde soit celui qu'ils imaginent.

Nous ! Qui avons l'outrecuidance de renvoyer le premier représentant de la fausse gauche à sa mairie du Val de Marne. Il faut espérer, d'ailleurs, qu'un certain nombre d'autres Pinocchio1, suive son exemple et regagne leur retraite loin à la campagne, et qu'ils y restent.

Nous ! qui désirons, seulement, un vrai changement synonyme d'une société plus juste et solidaire. Des mots impossibles à entendre pour l'oligarchie de pouvoir.

Nous ! qui sommes des gens simples qui rejetons la folie du néolibéralisme qui nous conduit au néant.

Comme il était jouissif, hier soir, de contempler les têtes d'enterrement des suppôts de l'establishment, ces garants de l'ordre établi, depuis les porte-paroles des candidats concurrents jusqu'aux journalistes, experts auto proclamés. Ils manquaient d'air, leur petit monde d'initiés se dérobait sous leur pied.
Imaginez ces disciples du TINA2 avec des perruques enfarinées et des robes de marquises, on se serait cru revenu sous l'ancien régime avant la nuit du 4 août.
Leur monde champagne – caviar s'est s'écroulé !
Vous rendez vous compte ... à la Mutualité, une offense, plus encore, une déclaration de guerre de la canaille de gôche, ces impardonnables prolétaires, ces croupissants qui veulent être rétribués à « ne rien foutre » avec le RMU3 … les supporters de Benoit Hamon fêtaient leur victoire au rouge et au blanc ... pas au champagne !!!

Bien sûr, c'est une petite victoire et la partie est loin d'être gagnée, cependant quelques détails nous font croire, qu'insensiblement le monde change ... alors goûtons cet instant.

JCVitran - 30.01.17


1 Ils ont le nez qui s'allonge.
2 There is no alternative - selon Margaret Tchatcher.
3 Revenu Minimum Universel.

vendredi 27 janvier 2017

Avec ou sans primaires ? Note complémentaire (8)



Fin de la primaire. Début du secondaire.


Le point au 27 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Chaque texte complémentaire, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre ("Avec ou sans primaires"). Il est contredit, sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent. Fin mai 2017, nous regrouperons ces notes utiles pour effectuer cette activité politique chronologique, en un seul et même document.


1 – Fin de la primaire :
Le 29 janvier, ce serait une très grosse surprise si Vals l'emportait. La direction du PS va devoir enregistrer un résultat qu'elle ne souhaitait pas. Nous entrerons, dès le lendemain, dans une deuxième phase : il s'agit, pour les socio-libéraux, à commencer par Vals, de justifier leur ralliement prudent, lent, mais inéluctable... à Macron. Il s'agira, par ailleurs, pour les socio-écolos, de négocier avec Mélenchon et Jadot (D'aucuns vont même jusqu'à proposer de les unir au moyen d'une nouvelle... primaire !) Qu'est-ce qui peut troubler le jeu dans cette campagne présidentielle, nouvelle mais officielle, où tous les protagonistes vont devoir, cette fois, sortir du bois ?

2 - Rien n'est plus acquis :
• Le Front national ne se déploie plus, à présent, dans un paysage déserté ; il va devoir se découvrir davantage et sortir de son silence. Il a cessé d'être gagnant à tout coup.
• Les « Républicains » rencontrent, eux, deux surprises. D'une part, le programme de Fillon, qui a enthousiasmé ses électeurs, est trop à droite pour garantir le succès qui lui semblait promis (une élection présidentielle se gagne au centre ou en gagnant les voix dites « modérées) » . D'autre part, l'emploi fictif de Pénélope Fillon, révélé par le Canard enchainé, s'il s’avérait effectif, pourrait nuire à l'image de droiture de son époux, François Fillon et à son image politique tout court !
• Macron, dès qu'il va s'agir de préciser le contenu de son programme, (qui n'est ni à gauche, ni à droite, dit-il) va rencontrer l'hostilité des centristes et il lui faudra, en outre, accepter, en les récusant, (opération bien délicate!), les soutiens des caciques d'un PS en ruines, à commencer, peut-être, par celui du sortant décrié Hollande et... ce serait le baiser de la mort !
• La direction du PS, va chercher à sauver la mise du parti, quitte à renoncer à tout espoir de victoire en mai prochain. Il va lui falloir, pour cela, choisir quelle « gauche irréconciliable » lui est, in fine supportable ! C'est la quadrature du cercle ! L'habileté des discours et la souplesse des échines n'y suffiront pas. Un PS va mourir et ce sera, probablement, celui qu'à chaque élection les citoyens ont chassé de partout, ou presque, ces dernières années.
• Ce qui reste du centrisme est également en péril. Seul François Bayrou pourrait en préserver l'image mais va-t-il se lancer dans une partie aussi délicate et complexe alors que les positions, sur l'échiquier politique, semblent déjà prises ?
• La « gauche de gauche », elle-même, est dans l'embarras. Pour bien figurer, dès le premier tour du scrutin, voire pour atteindre la seconde place seule à même de permettre de concourir pour « la gagne », il lui faut, impérativement, rapprocher trois sensibilités encore éloignées : celle du plus actif, parti de loin, expérimenté, brillant, traçant son sillon : Jean-Luc Mélenchon, mais aussi celle d'un candidat compétent, ayant remporté sa primaire écologiste : Yannick Jadot, enfin, à présent, celle de celui qui a bouleversé la donne et qui est susceptible de redonner des couleurs de gauche au PS en cours d'implosion : Benoît Hamon.
• Quant à l'ultra-gauche, constituée par des partis groupusculaires autant que crépusculaires (LO, NPA, POI, entre autres...) si elle présente des candidats pour exister encore et témoigner, non seulement elle ne pèsera guère électoralement, mais elle ne passera aucun accord qui ferait disparaître le peu de visibilité qui lui reste.

3 - Peut-on encore parler de gauche ?
À mon sens : non. D'abord, parce que nombre de ceux qui s'en réclament et pas seulement Manuel Vals, ne sont plus de cette gauche historique qui s'était identifiée, depuis de nombreuses décennies, à l'anticapitalisme. Le mot « gauche » a été vidé de son sens. Quand la gauche était déterminée par la place dans l'hémicycle des députés, la gauche était constituée d'élus porteurs de divers noms : progressistes, communistes, socialistes, radicaux, tous reconnaissables à leur refus de la domination du capital sur le travail. Même si certains s'affirmaient révolutionnaires et d'autres seulement réformistes, le but ultime était de libérer les travailleurs de la domination des patrons. Cette source idéologique a été tarie. De nos jours, le « camp du travail » a été bouleversé par le recul inexorable de l'emploi. Même s'il devait se recréer des emplois, et il s'en créera, il y aura plus de disparitions d'emplois que de créations, comme on le constate partout, ne fut ce parce que les emplois se précarisent et la durée du temps de travail ne cesse de se contracter. Enfin l'idéologie économiciste qui lie étroitement emplois et croissance est contredite par les faits. La critique écologique du culte de la croissance s'est trouvée avérée. La « gauche » productiviste et croissantiste se meurt. Le catéchisme du plein emploi est incrédible. Le travail n'est plus dépendant de l'emploi. Il y a de plus en plus besoin de travail et de moins en moins d'emplois. Il faut changer de vocabulaire et sortir des a priori bousculés par l'évolution du monde.
Le ni gauche ni droite de Macron, tout comme la gauche de droite de Valls ne dissimulent pas que nos critères et paradigmes sont à repenser, à redéfinir, à réexprimer dans une langue nouvelle. Le champ politique n'est pas partagé entre droite et gauche. Il s'étend sur l'ensemble du pays et concerne la totalité de ceux qui y vivent. Être universel sans se laisser tenter par le totalitarisme, tel est l'enjeu. Il faut maintenir la diversité politique sans la confiner dans des partis le plus souvent obsolètes.
Plus les citoyens s'intéresseront à la pratique démocratique, plus le dépassement du clivage entre les possédants et les « possédés » sera possible.

La victoire probable de Benoît Hamon n'a d'intérêt que parce qu'une partie de son discours échappe à la bien-pensance et au politiquement correct. Cela n'oblige en rien à se rallier à lui. Cela crée pourtant « l'ardente obligation » de contribuer à tourner une page, celle où la politique était soumise aux fausses évidences d'une économie justifiant les inégalités.

lundi 23 janvier 2017

Pourquoi ai-je voté Benoît Hamon ?


D'abord pourquoi ai-je voté  ?

J'ai voulu, comme le recommandent certains sociologues, mettre en pratique, « l'observation participante », ne pas seulement examiner les faits de l'extérieur, participer à un événement politique, même s'il devait être de faible importance, suivre les débats non comme au théâtre, mais en établissant un rapport avec ma vie et ma propre pensée.

Pourquoi s'engager dans « une primaire », de droite ou de gauche ?

Je récuse cette pré-désignation d'un candidat à l'aide d'un mode de scrutin qui est la pâle copie du scrutin présidentiel à deux tours et strictement binominal in fine... En fait, ce n'est pas la forme de cette primaire « de la gauche et de écologistes », dite de  « la Belle Alliance » ou « citoyenne » (?) qui avait de l’intérêt mais bien la double question posée à cette occasion : que veut dire désormais le mot gauche et un parti peut-il en être encore le support ? Les débats pouvaient-ils fournir, à ces sujets, des éclairages et le PS va-t-il en sortir revivifié ou moribond ?

Pourquoi me mêler de ce qui m'intéresse modérément ?

Que plusieurs centaines de milliers de citoyens se déplacent pour effectuer des choix politiques ne peut laisser indifférent même quand aucun de ces choix n'est tout à fait le mien. Tenter d'infléchir ces choix, de façon minuscule, au moyen d'un simple bulletin de vote, n'est que le prolongement d'une analyse faite en tenant compte des arguments entendus.

Pourquoi risquer d'être récupéré par un parti sur le déclin ?

J'ai acquis la conviction que je ne risquais rien. Je suis libre. Par rapport aux candidats (je ne suis pas sûr du tout de voter, en avril, pour le vainqueur de la finale même si je n'en suis pas éloigné). Par rapport aux partis ( je ne suis membre d'aucun) a fortiori du PS ( qui est allé au bout de ses trahisons). Par rapport à quelque machine électorale que ce soit (je n'ai pris aucun engagement en me déclarant « solidaire de la gauche et des écologistes » avant de rentrer dans un isoloir). C'est un mensonge, du reste, que d'avoir exigé cet engagement des électeurs alors que ceux qui, au PS, ont organisé cette primaire n'ont jamais cru, une seconde, que socialisme et écologie étaient inséparables !

Pourquoi voter alors, après toutes ces réserves et ces critiques ?

Je n'ai voté que pour contribuer, ne fut-ce que très modestement, à mettre en difficulté Manuel Valls coresponsable d'un quinquennat calamiteux. Le social-libéralisme de François Hollande et de son premier ministre doit être sanctionné par ceux « qui n'ont pas voulu ça », en 2012, et qui ont dû le subir cependant. Si, comme l'indiquent les résultats proclamés, hier soir, Benoît Hamon, en tête avec 5 points d'avance, devait, en bénéficiant du soutien des électeurs d'Arnaud Montebourg, l'emporter nettement, le 29 janvier prochain, alors, les cartes seraient rebattues totalement, à gauche, au PS, et , du coup, au sein de la politique française tout entière.

Pourquoi penser qu'une gauche éclatée puisse éviter un nouveau désastre électoral ?

Jusqu'à présent, la victoire de François Fillon apparaissait acquise. Les villes, les départements, les régions, le Sénat sont tous, depuis 2012, passés majoritairement à droite. Le Front national de Marine Le Pen obtient des résultats qui lui donnent tous les espoirs de figurer, au pire pour lui, en seconde position au printemps prochain. La gauche du PS n'a pu que... se rallier à la droite au cours des dernières élections régionales, au nord comme au sud de la France, pour éviter que deux régions majeures ne tombent sous le joug des nationalistes. L'élément neuf c'est que les gauches (celle de Mélenchon comme celle de Benoît Hamon, sans oublier celle de Yannick Jadot) ont retrouvé de la confiance et des idées neuves. L'équation est modifiée : l'alliance des trois composantes représentées par des candidats qui ont rompu avec le PS en perdition, est seule à même de concourrir avec une (petite) chance de figurer honorablement en avril prochain.

Pourquoi voter encore le 29 janvier prochain si « la messe est dite » et Hamon assuré du succès ?

Les deux protagonistes restés en piste vont en appeler aux électeurs. L'un, Benoît Hamon, pour réveiller tous les déçus et consolider son avance, en affirmant que la sanction de l'échec, mais aussi l'espérance, l'avenir, la créativité politique passent par un succès net de sa part. L'autre, Manuel Valls, pour refaire son retard, en brandissant l'argument de sa « présidentialité », du choix de la « gauche de gouvernement » dite réaliste et non utopique, qu'il prétend incarner face à la gauche d'illusions qui, selon lui, ne peut l'emporter. Il ne manque pas de ressources et de soutiens pour faire une campagne brillante, active et brutale. Le temps n'est donc pas venu de laisser l'événement se produire sans contribuer, une fois encore, à sa réalisation.

Pourquoi se soucier d'une élection dont les questions essentielles seront absentes ?

Ni l'Europe politique à réinventer, ni les questions énergétiques à repenser, ni la préoccupation climatique à prioriser, ni les inégalités sociales à abolir, etc..., aucune des questions de fond dont dépend l'avenir de nos sociétés ne sont considérées, par les « réalistes », comme des questions sérieuses. Qui ne chiffre pas,(dans les limites des budgets actuels non retouchables !), une proposition nouvelle serait, a priori, un utopiste ! Parler, comme le fait Hamon, de revenu universel, serait, par conséquent, le signe de son irresponsabilité et de son incapacité à exercer des fonctions majeures. Cette fausse opposition entre les sérieux et les irresponsables, entre les réalistes et les utopistes, entre les partis de gouvernement et les formations d'opposition, entre, bref, les capables et les incapables, entre les élites et les fantaisistes, n'est rien d'autre que la négation de la politique qui est création, invention, et recherche permanente de solutions nouvelles ! Ou bien l'on gère (en tordant le cou à ce qui n'est pas dans l'épure officielle), ou bien on affronte les difficultés de notre temps qui menacent les peuples. Le réalisme est de plus en plus conservateur. L'utopie n'est que l'obligation d'une quête de réponses neuves dans un monde nouveau.

Pourquoi, enfin, valoriser un épisode, certes intéressant d'un point de vue médiatique, mais non décisif au regard des risques encourus par l'humanité tout entière ?

Si la France est, désormais, un petit pays planétaire, ses citoyens ne peuvent se résigner à subir un monde où dominent les Trump, Poutine, Erdogan et autres Bachar el Assad. Au reste, ces chefs d'État, colosses aux pieds d'argile, n'ont pas le soutien garanti de leurs peuples et la violence n'offre pas un avenir sûr aux dictateurs même camouflés derrière des apparences démocratiques. Les inégalités ont atteint un tel niveau d'injustice que les puissants se sont mis eux-mêmes en danger. Le capitalisme dispose encore de tous les moyens de nuire mais pas ceux de durer. C'est dans ce contexte qu'il faut se placer pour s'engager. Il n'y a pas d'action trop modeste et insuffisante pour peu que beaucoup d'humains y prennent part.




JP Dacheux - 23.01.2017

dimanche 22 janvier 2017

C'est vraiment l'enfer d'être riche !



Connaissez-vous le premier postulat du capitalisme : Moins tu travailles … plus tu gagnes de pognon … même si cela ne se vérifie malheureusement pas pour les chômeurs.

En effet, la rétribution du travail est inversement proportionnelle à la sueur dépensée ; car le secret des adeptes du capitalisme ce n'est pas de travailler, mais de faire suer le burnous des autres.

Ils vous diront, offusqués, manquant de s'étouffer devant tant d'injustice qu'ils travaillent beaucoup, et qu'en plus ils prennent beaucoup de risques … avec votre argent et votre transpiration.

Regardons de plus près.

C'est vrai que leur quotidien est quelquefois éreintant et leurs nuits courtes ; hier soir, par exemple, après s'être montré au dernier vernissage de Machin, le peintre à la mode - c'est très important de se montrer chez Machin pour le relationnel - après avoir bu quelques coupes de Ruinart 1 rosé millésimé à 200 € la bouteille, ils ont fini la soirée chez Maxim, en dégustant, entre autre babioles, une côte de bœuf à 82 € 2.
Ce matin, ils ont rendez-vous pour un parcours de golf, en effet, il faut savoir que chez ces gens là, … le golf, le tennis, le squash, etc … c'est du travail !
Alors, ils se lèvent quelquefois de bonne heure, et après leurs ablutions matinales dans leur salle de bains, aussi vaste que le HLM où Mohamed vit avec ses 6 enfants, après avoir pris le temps de déguster un copieux petit déjeuner préparé par la cuisinière pendant que la bonne faisait le lit, ils partent vers le golf de Saint Nom la Bretèche au volant de leurs arrogants 4/4 hyper polluants ou de leurs limousines de luxe souvent conduites par un chauffeur.

Vous voyez, c'est vraiment l'enfer d'être riches !

Conduits par leur chauffeur pour éviter la promiscuité populaire, ils vont quelquefois au bureau. Leur bureau : 150m2 - environ 2 HLM de banlieue - air conditionné, au dernier étage de la tour « siège social » avec vue imprenable sur Paris.
Là, selon l'heure devant un café ou un whisky 3 « hors d'âge » servis par leur accorte secrétaire, ils s'enfoncent dans le moelleux canapé du coin salon du bureau pour lire la presse - de droite - du jour - chez ces gens là ... lire la presse ... c'est travailler.
Ils pensent de temps à autres à nous, leur gagne-pain, lorsque leur directeur des relations humaines - j'aime beaucoup ce titre « relations HUMAINES » - leur rappellent notre existence. Familièrement, ils lui rétorquent : « ils veulent encore une augmentation ces cons-là ! Ils exagèrent, ils ont déjà été augmentés ... il y a cinq ans ! »
Le midi, un déjeuner, non, pas à la brasserie du coin, mais, par exemple, au Pavillon Ledoyen 4, c'est près de l'Elysée et on y rencontre tout ce qui compte comme décideurs importants, car chez ces gens là ... déjeuner ... c'est toujours travailler.
Puis, plus tard dans l'après midi, après quelques rapides réunions, quelques décisions importantes, quelques parapheurs à signer, le tout préparé par les « gagne-petits » un tour à la salle de sport, ou un cinq à sept, ou de nouveau une exposition où l'on s'expose, puis …

Vous voyez, c'est vraiment l'enfer d'être riches !

Quand ils voyagent, ce n'est pas comme nous, les sans dents qui partons dépenser notre livret A, laborieusement acquis, en République Dominicaine, une semaine tous frais payés au prix de la bouteille de Ruinart. 5
Ils ne voyagent pas en classe économique, tellement exiguë, qu'on se croirait à la station République à 18 h ; d'abord, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ... alors, ils voyagent en classe affaire où ils bénéficient de toutes les « gâteries » possibles, d'un siège-lit, d'une hôtesse qui vient les border, et de tout le luxe qui va avec.
Pas besoin, à l'arrivée à destination, de dormir une journée pour récupérer du décalage horaire. C'est vrai qu'ils ont besoin, les pauvres, d'avoir l'esprit frais pour aller discuter profits avec les rois du pétrole et des droits de l'Homme.
Souvent, ils bénéficient au départ comme à l'arrivée d'un régime spécial qui leur permet d'éviter les longues files d'attente dans laquelle le quidam moyen angoissé se ronge le sang pour la bouteille de rhum qui est au milieu de sa valise. Mais, je vous fatigue avec mes histoires et je vais arrêter là ma narration.

Surtout que je suis sûr de vous avoir convaincu que c'est vraiment l'enfer d'être riches !

JC Vitran - 22.01.2017

PS : pour les anciens 1 € = 6,559 F

1http://avis-vin.lefigaro.fr/vins-champagne/champagne/champagne/d11311-ruinart/v34372-ruinart-dom-ruinart-rose/vin-rose
2http://maxims-de-paris.com/wp-content/uploads/2017/01/23-Diner-a-la-carte-jan2017.pdf
3http://maltsethoublons.com/2010/06/12/un-coffret-de-vieux-whiskies-rares-chez-glenglassaugh/
4http://www.yannick-alleno.com/fr/restaurants-reservation/alleno/restaurant-3-etoiles-paris.html

5https://www.tripadvisor.fr/SmartDeals-g147289-Santo_Domingo_Santo_Domingo_Province_Dominican_Republic-Hotel-Deals.html

samedi 21 janvier 2017

Avec ou sans primaires ? Note complémentaire (7)




Vers  le scrutin présidentiel des 23 avril et 7 mai 2017


Le point au 21 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Chaque texte complémentaire, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre ("Avec ou sans primaires"). Il est contredit, sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent. Fin mai 2017, nous regrouperons ces notes utiles pour effectuer cette activité politique chronologique, en un seul et même document.

Le troisième et dernier débat qui a eu lieu, le 19 janvier, à 21 heures, sur Antenne 2, n'a pas tenu toutes ses promesses. Dimanche, ceux qui iront participer à la désignation des deux « finalistes » de cette primaire « citoyenne » n'ont pas pu recueillir beaucoup plus d'informations pouvant orienter leur choix qu'au terme du précédent débat...

Des confirmations utiles, cependant, doivent être notées. On peut, en effet, observer que :
• François de Rugy a gagné en précision et... en prudence. Il s'est démarqué du PS. Il a maintenu fortement son opposition au nucléaire civil. Il n'a pas renouvelé sa diatribe anti-Mélenchon.
• Manuel Valls a adopté un ton et une attitude plus détendus qui n'ont en rien modifié son positionnement autoritaire, comme s'il était sûr d'être présent la semaine prochaine et en oubliant que, de Vincent Peillon à Benoît Hamon, il est nettement écarté par ses concurrents.
• Sylvie Pinel, unique candidate femme, n'a pas su profiter du thème de l'égalité hommes/femmes pour redresser sa position. Son radicalisme n'est guère radical. Elle n'a rien amené de nouveau.
• Jean-Luc Bennahmias a, lui aussi gagné en autonomie par rapport au PS et son rappel final de toutes ses options, le rapproche plus de Benoît Hamon que des autres socialistes en course ! Son originalité tient à sa volonté d'ouverture de Mélenchon jusqu'à... Bayrou (s'il se présente). Il ne parle plus de NKM, (il est vrai inféodée à Fillon après son intronisation dans la circonscription que convoitait Rachida Dati !).
• Arnaud Montebourg et Vincent Peillon se sont exprimés avec plus d'assurance. Leur aurait-il manqué du temps pour s'affirmer davantage ? Il n'est pas impensable que l'un d'eux bouche le passage à Manuel Valls en lui enlevant la seconde place. Tout dépendra de la participation : un nombre élevé de votants (au-dessus de deux millions) ne devrait pas être favorable à l'ex Premier ministre qui doit « assumer » le mandat calamiteux du Président sortant.
• Quant à Benoît Hamon, ses chances sont grandes d'être présent au second tour, voire de passer en tête. Sa proposition de revenu universel (déjà mis en œuvre ailleurs), lui vaut soutiens et critiques, tout à la fois. Cela pèsera sur le résultat, dimanche 22 janvier.

Les questions (non innocentes), relatives aux rapports avec Emmanuel Macron ont amené les candidats à se démarquer prudemment de ce personnage politique nouveau venu. Bien sûr les plus critiques ont été Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Il ne pouvait en être autrement, car les uns savent que Macron n'est pas à gauche et d'autres font semblant de s'interroger sur la compatibilité de son programme (quel programme ?) avec le projet de celui qui sortira vainqueur de la primaire. Ce qui se cache sous les mots, c'est, au-delà de la personne de Macron, le désaccord entre les socio-libéraux et les écolos-socialistes.

Jamais les confrontations d'idées ne sont vaines si les débatteurs sont compétents. Ce sera l'acquis de cette primaire. Maintenant nul ne sait comment va se dérouler la seconde phase, la semaine prochaine. Espérons que le dépouillement des votes sera loyal car, (on l'a déjà vu, au PS, de Gaston Deferre à Martine Aubry...) quand l'enjeu est trop grand, il arrive qu'on triche !

L'élan sera brisé ou dynamisé au vu des résultats. Ce qui se joue, c'est non seulement l'avenir d'un parti politique séculaire, c'est la motivation de tous ceux qui se réclament d'une gauche en miettes (et qui doit se reconstituer, se renommer pour se ré-identifier, si elle veut encore jouer un rôle sans rien renier du meilleur de son passé).

Enfin, reconnaissons que cette primaire ambigüe n'aura été que l'un des épisodes, peut-être éclairants (au sein d'une longue séquence politique qui ne prendra même pas fin le 7 mai 2017 - avec l'élection d'un Président -, ni le 18 juin 2017 - avec l'élection des députés -). Comme aux USA dont le Président-milliardaire, impopulaire, inculte et trop âgé entre en fonction, ce 20 janvier, nous allons au devant de l'inconnu, du danger et d'une nouveauté politique dont le monde entier, et pas seulement quelques États, va ressortir changé, transformé, non sans difficultés voire avec de grandes souffrances.

C'est, dans cet état d'esprit que nous observerons, très attentivement, des évolutions majeures auxquelles nous serons amenés à participer, en tant que citoyens acteurs et non spectateurs. Paul Valéry, en 1931, écrivait « le temps du monde fini commence ». On n'en avait pas compris le plein sens. Le monde fini n'est pas la mondialisation, c'est le monde planétaire total. Le temps du monde fini... recommence. Mais c'est avec le monde clos des nationalistes en tous genres que nous en avons fini. Telle est la clef de lecture des événements, si modestes soient-ils, auxquels nous voilà mêlés.

vendredi 20 janvier 2017

Des élections, pourquoi faire ?


Hier soir, je n'ai pas regardé le dernier débat opposant les sept bonimenteurs de la primaire dite de la « gauche ». D'ailleurs, je n'avais pas, non plus, perdu mon temps à regarder les deux premiers pas plus que ceux de la primaire de la droite.

Aucune de toutes ces marionnettes ne changera la France, aucun d'entre eux n'aura le courage, ni la vision nécessaires pour entreprendre les réformes dont les Français, et au delà les Européens, sinon l'Humanité, ont besoin.

Je ne parle pas, bien entendu, des réformes économiques ou financières, de la croissance dont on nous rebat les oreilles, mais de réformes sociétales :

    - celles qui permettraient de libérer la démocratie afin de donner la parole aux citoyens,
    - celles qui s'attaqueraient aux inégalités pour qu'enfin la devise de la République - Liberté, Égalité, Fraternité - ne soit pas une coquille vide,
    - celles qui envisageraient une réflexion en profondeur sur l'emploi pour tenir compte des évolutions de la productivité, de l'informatisation et de la robotisation et qu'enfin le travail humain ne soit plus seulement la variable d'ajustement du profit.
    - celles qui conduiraient à une transition énergétique maîtrisée dont l'humanité a d'urgence besoin.

Le candidat issu des primaires de la « gauche » a de forts risques de finir en cinquième position lors du premier tour des présidentielles derrière Le Pen, Fillon, Macron et Mélenchon - dans l'ordre ou dans le désordre - qui n'ont, pas plus que les autres, les compétences et le courage de conduire notre pays sur le chemin d'un changement indispensable.

Nous avons été politiquement floués, il y a quelques années, nous ne devrions pas en être étonnés car, depuis plusieurs décennies le monde occidental sombre dans la médiocrité politique et médiatique ; nous en avons, d'ailleurs, un brillant exemple, aujourd'hui aux États-Unis.

Bref, vous aurez compris que ce cirque politico-médiatique m’ennuie - pour rester correct.

Pourtant, quand la fin de la civilisation moderne devient envisageable, nous pourrions être en droit d'attendre que la France redevienne le phare qui indique la voie de la renaissance comme elle l'a déjà été par le passé.


    JC Vitran – 20.01.2017

jeudi 19 janvier 2017

Avec ou sans primaires. Note complémentaire (6)


Vers  le scrutin présidentiel des 23 avril et 7 mai 2017


Le point au 19 janvier 2017


par Jean-Pierre Dacheux




"Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Le présent texte, daté et modifiable, contredit sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent, servira d'outil pour effectuer cette activité politique chronologique".


Note complémentaire après le 18 janvier 2017 : à J-3, on y voit un peu plus clair. On va bientôt sortir des primaires. Dimanche soir, il ne restera que deux concurrents, l'un et l'autre membres du PS. Les non socialistes sont out (ce qui démontre bien qu'ils ne servaient que de faire valoir). Vincent Peillon semble le plus distancé (il est entré trop tard dans la course). Manuel Valls n'est plus seul en tête de cette compétition. Benoît Hamon, à en croire les sondages, l'aurait rejoint et serait encore en phase ascendante. Arnaud Montebourg n'est pas loin..

Le troisième et dernier débat aura lieu ce soir, 19 janvier sur Antenne 2. Il devrait être plus tendu. Dans le cas d'un duel Hamon/Valls, Hamon aurait plus de soutiens. Ni Peillon ni Montebourg ne soutiendront Valls sans se trahir...


Le comble est que le PS risque de se se retrouver dans l'obligation de jouer une carte qu'il ne voulait surtout pas utiliser, celle du néo-socialisme écologique de Benoît Hamon ! Autrement dit, que ce soit par déconfiture totale ou par reconstitution inévitable, le Parti socialiste défiguré par François Hollande, n'est plus présentable et, tel quel, disparaîtrait. Ses élus, nombreux, qui, pour tenter de sauver leurs propres meubles, vont se jeter dans les bras de Macron, en paieront le prix tôt ou tard : celui de la défaite. 


Car Hamon et Macron sont incompatibles. L'un veut ressusciter la gauche qui se meurt, quitte à en réinventer les fondamentaux. L'autre veut éliminer la distinction gauche/droite en adoptant des concepts qui sont ceux de... la droite 


Le 29 au soir s'ouvrirait, en cas de désignation de Benoît Hamon, un nouveau et très difficile débat entre lui-même et Jean-Luc Mélenchon, avec l'apport possible de Jadot car, sans alliance, ce qu'ils savent tous les trois, dans le cadre électoral binominal actuel, il n'y aura pas de second tour pour aucun de ces candidats


L'élection présidentielle, pour détestable qu'elle soit, en son principe même, ne sera pas désertée. Les inscriptions sur les listes électorales l'attestent. Pour en finir avec la Vème République, il va falloir l'assumer jusqu'au bout : quelle contradiction


Mais attendons ce soir pour savoir si Valls peut encore endiguer la vague Hamon, ou même celle de Montebourg si, puisque c'est encore possible, ce dernier surgit in extremis.


 



Des inégalités impossibles et qui pourtant se développent !


Ce que révèle le rapport OXFAM1, publié le 16 janvier 2017, c'est l'aggravation d'un scandale qui perdure et qui insulte l'humanité tout entière. Comment est-il possible, oui simplement possible, que « huit hommes détiennent autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes qui représentent la moitié la plus pauvre de l’humanité »2 ?
Ce n'est pas uniquement insupportable, inacceptable, indécent3, c'est inqualifiable et ce devrait être tout à fait impossible ! Quiconque l'accepte, voire en rêve, se place hors du monde des humains dans une tour d'exception qui sera, tôt ou tard, détruite, car c'est une réalité virtuelle et fausse.
Ne dit-on pas que « Les plus fortunés accumulent les richesses à un tel rythme que le premier super-milliardaire du monde pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards dans 25 ans à peine. Pour mettre ce chiffre en perspective, il faudrait débourser un million de dollars par jour, pendant 2 738 ans, pour dépenser ces 1 000 milliards de dollars ».  On voit bien que c'est, répétons-le, bel et bien impossible et plus encore destructeur de la vie en société !
Le capitalisme, «  La peste puis qu'il faut l'appeler par son nom4) a développé le culte du « toujours plus », du « sans limites », qui accepte et même encourage l'écrasement des plus démunis, comme si celui qui n'est pas au-dessus du lot ne méritait pas de vivre. Celui (ou celle, mais c'est bien plus rare !) qui ne se rend pas compte que trop posséder est criminel, devient aveugle, face à la réalité du monde et donc entre dans une zone d'inculture d'où tout peut être dévasté.

Le rapport Oxfam rappelle aussi que« Sept personnes sur dix vivent dans un pays où les inégalités se sont accentuées au cours des trente dernières années. Entre 1988 et 2011, les revenus des 10 % les plus pauvres ont augmenté de 65 dollars par an en moyenne, contre 11 800 dollars pour les 1 % les plus riches, soit 182 fois plus ». 

C'est cette priorité politique qui, déjà, motivait Stéphane Hessel quand il nous appelait à nous indigner, et pas, comme certains l'ont cru, à seulement protester, mais à nous soulever contre une injustice à nulle autre pareille. Ce nouveau constat, en 2017, d'inégalités sans égales, doit fonder tous nos choix, à commencer, en ces temps électoraux, par des engagements dans la cité (par les urnes, et/ou sans elles), afin de contribuer, par des prises de positions publiques, à ré-abolir les privilèges qui se sont réinstallés comme en ces temps point si anciens où régnaient les monarques absolus.
______

1 - Ce rapport intitulé « Une économie au service des 99% » peut être retrouvé sur internet : https://www.oxfam.org/fr/salle-de-presse/communiques/2017-01-16/huit-hommes-possedent-autant-que-la-moitie-de-la-population
2 - Les huit personnes les plus riches du monde (tous de sexe masculin), sont, en ordre décroissant de leur patrimoine net :
  1. Bill Gates : américain, fondateur de Microsoft (patrimoine de 75 000 000 000 USD, soit plus de 70 milliards d'euros) ;
  2. Amancio Ortega : espagnol, fondateur d’Inditex (patrimoine de 67 000 000 000 USD soit plus de 63 milliards d'euros) ;
  3. Warren Buffet : américain, PDG et premier actionnaire de Berkshire Hathaway (patrimoine de 60 800 000 000 USD, soit 57,35milliards d'euros) ;)
  4. Carlos Slim Helu : mexicain, propriétaire de Grupo Carso (patrimoine de 50 000 000 000 USD soit près de 47 milliards d'euros) ;
  5. Jeff Bezos : américain, fondateur, président et directeur général d’Amazon (patrimoine de 45 200 000 000 USD soit près de 42,5 milliards d'euros) ;
  6. Mark Zuckerberg : américain, président, directeur général et cofondateur de Facebook (patrimoine de
     44 600 000 000 USD soit près de 42 milliards d'euros) ;
  7. Larry Ellison : américain, cofondateur et PDG d’Oracle (patrimoine de 43 600 000 000 USD soit près de 41 milliards d'euros) ;
  8. Michael Bloomberg : américain, fondateur, propriétaire et PDG de Bloomberg LP (patrimoine de 40 000 000 000 USD soit environ 37,6 milliards d'euros) ;
Les calculs d’Oxfam se fondent sur les données fournies par le Credit Suisse dans son Global Wealth Databook 2016. Le patrimoine des plus grandes fortunes du monde a été calculé à l’aide du classement des milliardaires publié par le magazine Forbes en mars 2016.
3 - Pour Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, « il est indécent que tant de richesses soient détenues par si peu de monde, quand une personne sur dix survit avec moins de 2 dollars par jour. Les inégalités enferment des centaines de millions de personnes dans la pauvreté, fracturent nos sociétés et affaiblissent la démocratie. »
4 - Voila qui fait penser Aux animaux malades de la peste, de Jean de la Fontaine, quand la royauté absolue écrasait le peuple. Serions-nous revenus en un temps où :
« ...la Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) …/...,
Faisait aux animaux la guerre. » ?

lundi 16 janvier 2017

Avec ou sans primaires. Note complémentaire (5)

Vers le scrutin présidentiel des 23 avril et 7 mai 2017

Le point au 16 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Le présent texte, daté et modifiable, contredit sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent, servira d'outil pour effectuer cette activité politique chronologique.

Note complémentaire du 16 janvier 2017 : Le second débat organisé par « La belle alliance populaire », regroupant quatre candidats PS, une candidate PRG et deux écologistes proches du PS, dans le cadre des primaires dites « Primaires citoyennes », ce 15 janvier 2016, a permis aux sept concurrents qui s'y sont engagés de s'exprimer avec plus de dynamisme et de clarté qu'au cours du débat du 12 Janvier. Toutefois, aucun des principaux compétiteurs n'a pris le dessus de façon irréversible.



En fait, trois des concurrents ne peuvent l'emporter : Sylvie Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias. Sylvie Pinel défend la politique du gouvernement dont elle faisait partie mais sa parole manque de vigueur et Manuel Vals, en « assumant » son bilan est meilleur porte-parole qu'elle. Jean-Luc Bennnahmias, avec plus de force que la fois précédente, a pu, de fait, sur les sujets qu'il maîtrise (et notamment, le diésel, le nucléaire civil et la légalisation du cannabis) soutenir, la position de Benoît Hamon. De même, François de Rugy, avec aisance, a réussi, très librement lui aussi, à refuser la perpétuation du nucléaire civil.


Restent donc les quatre champions venus du PS qui divergent sur des points essentiels. Arnaud Montebourg est un socialiste nationaliste et productiviste tourné vers le passé. Vincent Peillon est un socialiste traditionnel, Européen convaincu, qui défend son parti et ne propose rien de très neuf si ce n'est la proportionnelle intégrale et le passage à la 6ème République, ce qui n'est tout de même pas rien. Manuel Vals est un libéral teinté de socialisme, autoritaire et habile orateur mais qui porte le fardeau du quinquennat raté à la place de François Hollande ? Quant à Benoît Hamon, peut-être le seul socialiste de gauche, devenu un écologiste convaincu et ayant un projet cohérent qu'il expose avec brio. il est solide mais seul.

Que va-t-il se passer ? Vals et Hamon semblent les mieux placés et s'ils s'affrontent, ce sera le choc des « deux gauches inconciliables ». De même, si demeurent, le 22 au soir, Vals et Montebourg, il y aura quelques éclats : « on ne met pas deux crocodiles mâles dans le même marigot ». Une confrontation Montebourg / Peillon est improbable ; si elle a lieu, l'Europe sera au centre de leur désaccord. Enfin si Hamon débat avec Montebourg ou Peillon, c'est l'écologie qui les opposera.

Attendons, donc, le 19 janvier, pour constater si tout est déjà dit ou pas. Celui qui l'emportera, le 29 janvier, aura la responsabilité de tenter de réunir tous ceux qui se réclament de « la gauche », pourtant en miettes. Vals ne le peut. Ceux qui veulent réunir Mélenchon et Macron ne rapprocheront pas l'eau et le feu. Une seule hypothèse est politiquement crédible car leurs projets sont voisins : constituer une force commune entre Jadot, Hamon et Mélenchon. Éviter Fillon ou Le Pen l'exigerait, Mais ce serait un miracle, tant les égos sont déjà engagés...

 

samedi 14 janvier 2017

Avec ou sans primaires. Note complémentaire (4)

Vers le scrutin présidentiel des 23 avril et 7 mai 2017

Le point au 14 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Le présent texte, daté et modifiable, contredit sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent, servira d'outil pour effectuer cette activité politique chronologique.


Note complémentaire du 13 janvier 2017 : Le premier débat de la primaire organisé par le PS aura été de faible impact mais a entr'ouvert l'espace d'une vaste confrontation d'idées.


Le 12 janvier 2017, à 21h. (!), sur TF1, les sept concurrents de la première des trois émissions organisées avant le 22 janvier n'ont pas vraiment confronté leurs politiques. Ils veillaient à ne pas se voir accusés de briser la fragile unité de leur camp et ils sont donc restés sereins tout en avançant, cependant, quelques propositions leur servant, dès à présent, de marqueurs. Ils avaient d'abord besoin de se faire mieux connaître ou re-connaître, mais il leur faudra, dès le 15 janvier prochain, aller plus avant ! 


S'il en était autrement dès le second débat, ils courraient trois risques : ne pas mobiliser (une faible participation serait un fiasco politique), laisser le champ libre aux candidats hors primaires (Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron occupent la gauche et la droite du même champ politique qu'eux), ne pas se distinguer assez nettement les uns des autres (ce qui ne donnerait à aucun d'eux, et surtout au vainqueur, l'autorité susceptible de lui permettre de rechercher l'unité interne au PS - et externe au sein de toute la gauche -).


Qu'avons-nous donc appris que ces candidats ne pourront plus renier ? 

• Que la sortie de la Vème République est voulue par trois des concurrents principaux de Manuel Vals, (B. Hamon, V. Peillon et A. Montebourg) ; 

• que le choix du mode de scrutin proportionnel est devenu une exigence démocratique (rappelée par les mêmes, plus F. De Rugy et J-L Bennahmias) ; 
• que le bilan du quinquennat Hollande n'est assumé, avec précautions que par M. Vals et S. Pinel, et - timidement - par V. Peillon ; 
• qu'aucun n'ose pourtant, critiquer l'action du gouvernement face aux attentats terroristes, en ce qui concerne le renforcement des moyens de l'armée, de la police et des services de renseignements - y compris s'il faut recourir à des assassinats ciblés - (comme l'a révélé François Hollande lui-même !) ; 
• que la politique étrangère et les interventions en Afrique ne sont, du reste, guère contestées et nul ne s'est risqué à annoncer l'abandon par la France de la dissuasion nucléaire ;
• que le recours, au sein du Parlement, à l'article 49-3, largement utilisé par M. Vals (mais qu'il ne soutient plus !), reste soutenu par F. de Rugy, tout en demeurant critiqué par les autres candidats (car ils savent que c'est l'un de principaux points faibles du Premier ministre sortant, leur rival) ;
• qu'assurer la sécurité n'oblige pas à maintenir indéfiniment l'état d'urgence sauf pour M. Vals qui estime que c'est indispensable « tant que ce sera nécessaire »...
Quant à l'évocation de l'avenir politique de l'Europe, rien n'en a été dit encore, si ce n'est sous la forme d'un vif regret exprimé par V. Peillon qui soutient que l'avenir de la France en dépend.

B. Hamon est seul à défendre le revenu universel mais il a ouvert, par là, un large espace de débat économique qui n'est pas près de se refermer car, pour des raisons parfois contraires, l'approbation de cette préconisation est reprise par nombre d'économistes qui estiment que la croissance et le plein emploi ne peuvent plus être obtenus dans les sociétés occidentales. C'est du reste pourquoi l'écologie fait une percée dans les programmes politiques des candidats mais, de façon inattendue, bien plus dans la pensée de B. Hamon, que dans celle de J-L Bennhamias et même de F. de Rugy ! 
En résumé, on constate que la primaire, qui n'est ni celle de la gauche tout entière, ni celle du PS, bien seul, et divisé autant que diminué, ne présente qu'un seul avantage : engager des confrontations d'idées qui demeureront, longtemps après la clôture du temps électoral.

La révélation principale de ce premier débat est, enfin, que la machine à unifier puis à gagner du PS semble brisée, après la succession d'échecs électoraux déjà survenus au cours du quinquennat de François Hollande. En dépit des talents des débatteurs, cet outil politique, "le parti de gauche", pourrait bien, sauf sursaut que rien ne laisse actuellement présager, se trouver rangé pour longtemps, voire pour toujours, au fond du magasin des souvenirs historiques.