lundi 29 décembre 2008

Accident ou assassinat?

Il est des hommes qu'il faut ne jamais oublier...

Décès de Me Goungaye Wanfiyo

Article publié le 28/12/2008 Dernière mise à jour le 29/12/2008 à 06:07 TU

Me Goungaye Wanfiyo était une figure de la société civile. Président de la Ligue centrafricaine des droits de l'homme depuis quatre ans, il est mort samedi soir dans un accident de voiture. 2 autres passagers sont morts également, un quatrième a survécu. Une enquête est ouverte, pour déterminer les circonstances exactes de ce drame. En tout cas, le pays perd un infatigable militant qui ne mâchait pas ses mots.

http://accel21.mettre-put-idata.over-blog.com/1/81/85/96/Goungaye-Wanfiyo-Nganatouwa.jpgMaître Goungaye Wanfiyo, président de la Ligue centrafricaine des droits de l'homme (LCDH).

(Photo : Centrafrique-Presse)

Il était réputé pour son sérieux, sa droiture, et son indépendance. La cinquantaine, Maître Goungaye Wanfiyo n'épargnait personne.

Il n'a jamais ménagé le régime Patassé. Il défendait d'ailleurs les victimes dans les procédures lancées par la CPI contre Jean-Pierre Bemba, allié de l'ex-président centrafricain et il venait de recueillir des témoignages dans l'intérieur du pays quand il est mort. Sans concession, Maître Goungaye l'était aussi avec le régime Bozizé.

Il dénonçait sans relâche les jeux politiciens, la prédation, le tout avec un sens de la formule qui faisait mouche. Il avait ainsi accusé le président Bozizé de se servir de la Centrafrique comme d'un « butin de guerre ».

Le président de la Ligue centrafricaine des droits de l'homme dénonçait aussi les graves exactions des rebelles, des militaires contre les populations du nord du pays.

Au dialogue national, il y a dix jours, il avait été l'un des seuls à s'offusquer que les victimes des crises successives soient oubliées. Avec son franc-parler et sa rigueur, il s'attirait aussi bon nombre d'ennemis, y compris dans l'entourage du chef de l'Etat.

Maître Goungaye avait été menacé de mort à plusieurs reprises, et encore en juin dernier. Il avait également été arrêté il y a trois mois. L'avocat disait qu'on ne le ferait jamais taire et de fait, il ne s'est jamais tu, jusqu'à ce drame, sur la route.

http://www.rfi.fr/actufr/articles/108/article_76630.asp



mercredi 24 décembre 2008

Nous prenons rang dans la bataille d'interprétation

Les voilà qui se réveillent!
De Michel Rocard à Jacques Delors, d'Alain Juppé à Xavier Emmanuelli, entre
autres...
Et que nous disent-ils, ces bons apôtres (1)?


Qu'il est temps de rappeler, à l'approche de Noël, que le respect des autres et la sobriété ainsi que la solidarité active constituent plus qu'une urgence, une nécessité impérative.


Ah bon! Faut-il que le feu approche pour que l'on nous ressorte les principes et préceptes du retour à l'évidence? Est-ce la "grande trouille" qui oblige à appeler la Sainte Église au secours?

Si Noël demeure une espérance, pourquoi faut-il que la menace surgisse pour qu'il faille nous le rappeler? De quelle espérance s'agit-il, en cette fin d'année, sinon, après tant de drames et d'injustices, et comme le dit le magnificat -s'il faut citer des textes bibliques (1)!- de "renverser les puissants de leur trône"?

Si une certaine sobriété dans l'usage des biens matériels s'impose, pourquoi aura-t-il fallu que s'annonce une année 2009 très dure, dont souffriront d'abord ceux qui n'ont plus déjà, ou n'auront plus demain, l'essentiel permettant de vivre dignement, pour inviter à une sobriété dont les hommes de pouvoir se sont tenus si éloignés, depuis des décennies, et alors que l'arrogance des riches, actuellement, nous éclabousse tous de façon scandaleuse!

Si l'économie de marché ne peut fonctionner que dans des sociétés fondées sur ces valeurs morales (de respect et de sobriété, précise-t-on), pourquoi alors faut-il que ces sociétés, dites démocratiques, ait promu à ce point, ces derniers temps, sans état d'âme, le triomphe du plus rapide, du plus habile, du plus riche, du plus entreprenant et donc de la croissance à tout va?

Mais il y a bien pire, dans ce texte, que des contradictions entre les bonnes intentions, affichées, et les exploitations impitoyables, constatées, des plus faibles par les plus forts, sur toute la surface de notre terre-mère comme dit Jean Malaurie, de notre terre-patrie comme dit Edgar Morin! Cela donne à penser à une tentative de "sauvetage des meubles" qui ajoute le cynisme à l'hypocrisie.

Ainsi lit-on : les chrétiens ne condamnent pas l'économie de marché sous toutes ses formes. Pardon! Des chrétiens ou, admettons-le, le plus grand nombre des chrétiens... ne condamnent pas l'économie de marché, mais il n'est pas de foi de ne pas la condamner. Du moins si l'on prend au sérieux la parole que rapporte Matthieu: «Nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent».

Et encore : la propriété est légitime si son détenteur en communique aussi les bienfaits à ceux qui en ont besoin! Où, quand et comment ce sage principe a-t-il, de façon massive et constante, été mis en œuvre? Le propriétaire partagerait-il spontanément son bien? À quelle vieille lune veut-on nous faire croire encore?

Quant au baptème de Jaurès par Léon XIII et de Gorbatchev par Jean-Paul II, il faudrait montrer un peu plus de prudence voire de décence! Rerum novarum, l'encyclique par laquelle l'Église reconnut l'existence de la question ouvrière ne faisait ni la promotion du socialisme ni même celle de la justice sociale. Quant à Gorbatchev, on peut difficilement penser qu'il fut aidé par le cardinal Wojtila pour promouvoir, en URSS, un socialisme enfin démocratique. Ce n'est pas, en tout cas, ce qui est apparu au monde entier.

Il s'agit donc de ne récuser ni le profit ni les investisseurs, conclut-on, /.../ mais d'appeler à une indispensable régulation de leur fonctionnement par les autorités publiques. Cela se peut penser, du moins des citoyens de bonne foi peuvent le croire. Cependant, en appeler à la pensée sociale chrétienne, pour le justifier, a quelque chose de décalé, de dépassé, de décevant! Est-ce bien ce que pensent ces hommes-là? Ensemble? Leur bonne volonté est désarmante, à moins que leur rouerie ne soit méprisable... Que croire?

Ils disposent pourtant de la clé qui ouvre la porte qu'ils laissent à jamais close! Plus, ils la montre cette clef! En citant
les pères de l'Église qui, disent-ils, un peu effarouchés, n'y allaient pas par quatre chemins, ils révèlent que les premiers chrétiens n'avaient pas grand chose à voir avec... le capitalisme! Saint Ambroise qui tonne (c'est ainsi qu'il faut le lire!) : voici que ce qui était destiné à l'usage de tous, tu te l'es arrogé pour toi tout seul...

Une bataille d'interprétation fait rage estime l'éditorialiste de Politis, Denis Sieffert (3). On aimerait trop,dit-il, du côté du gouvernement, des élites économiques et souvent médiatiques, nous convaincre que tout cela résulte d'un simple défaut de régulation. Mais il est tout aussi possible que la crise marque le début d'un changement d'époque.

manuscrit
Selon Rufillus, copiste et enlumineur, XIIe siècle
Saint Ambroise,

Nous prenons rang dans la bataille d'interprétation. L'explication pieuse de la crise n'est pas chrétienne. Même les païens, les agnostiques et les athées peuvent s'en rendre compte!

(1) Noël dans la crise : un rendez-vous pour l'espérance.
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0,50-1134437,0.html

(2) Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 46-55.
(3) Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 24.
(4) Politis du 24 décembre au 7 janvier, n° 1032-1033, p.3.

Jean-Pierre Dacheux

mercredi 17 décembre 2008

Le coup de colère d’Anne-Marie Garat




Anne-Marie Garat est écrivain. Elle écrit ceci :

« En 1933, depuis près de trois ans, le Reichstag avalise sans broncher ; les décisions se prennent sans débats ni votes. Von Hindenburg gouverne un coude sur l’épaule des SPD, tétanisés, un coude sur celle des nazis, bons bougres. Hitler n’a plus qu’à sauter sur l’estrade, grand clown des atrocités, impayable dans son frac tout neuf.

Qui prétend encore que c’est arrivé du frais matin ? Le sommeil a bon dos, où naissent les songes, et les cauchemars. Mais on ne se réveille pas dans le pire, stupeur, au saut du lit : le pire s’est installé, insidieux, dans le paysage, banalisé par l'apathie ou l'’incrédulité des uns, la bénédiction des autres.

Des gendarmes brutaux, grossiers, débarquent impunément avec leurs chiens dans les classes d’un collège du Gers, pour une fouille musclée ; le proviseur entérine, bonasse. Et le ministre de l’Education, qu’en dit-il ? Que dit-il de l’enlèvement d’enfants dans une école de Grenoble, d’eux et de leur famille expulsés en vingt-quatre heures, après combien d’autres ? Qui tient la comptabilité de ces exactions ordinaires ?

Un journaliste est interpellé chez lui, insulté, menoté, fouillé au corps, pour une suspicion de diffamation, qui reste encore à démontrer en justice... Qu’en dit la Garde des Sceaux ? Elle approuve (mutine bague Cartier au doigt, n’en déplaise au Figaro).

Nos enfants, nos journalistes, ce sont encore catégories sensibles à l’opinion. Celle-ci s’émeut-elle ? Mollement. Elle somnole.

Mais les réfugiés de Sangatte, chassés comme bêtes, affamés dans les bois ; les miséreux du bois de Vincennes menacés de « ratissage », les gueux de nos trottoirs au vent d’hiver ? Les sans-papiers raflés, entassés dans des lieux de non-droit, décharges d’une société qui détourne le regard ignoble de son indifférence ? Et la masse des anonymes, traités mêmement comme rebut par une administration servile ? Au secours, Hugo !

Il y a de jeunes marginaux qualifiés par la ministre de l’Intérieur d’«ultra gauche» – spectre opportun des bonnes vieilles terreurs –, jusqu’ici, pure pétition communicationnelle... Sa police veille, arme à la hanche, elle arpente, virile, les couloirs du métro, des gares. Sommes-nous en État de siège ? A quand l’armée en ville ?

Il y a le malade mental incriminé à vie par anticipation ; l’étranger criminalisé de l’être ; le jeune de banlieue stigmatisé pour dissidence du salut au drapeau : danger public ; le prisonnier encagé dans des taudis surpeuplés – à 12 ans, bientôt ; le sans-travail accusé d’être un profiteur, le pauvre d’être pauvre et de coûter cher aux riches ; le militant associatif qui le défend condamné, lourdement, pour entrave à la voie publique. Il y a le fonctionnaire taxé de fainéantise (vieille antienne) ; l’élu réduit au godillot ; le juge sous menace de rétorsion ; le parlementariste assimilé au petit pois ; la télé publique bradée aux bons amis du Président, qui fixent le tarif ; son PDG berlusconisé et des pubs d’Etat pour nous informer - à quand un ministre de la Propagande?- On en a bien un de l’Identité nationale. Et le bon ami de Corse, l’escroc notoire, amuseurs sinistres, protégés par décret du prince...

Criminalisation systématique de qui s’insurge, dénis de justice, inhumanité érigés en principe de gouvernement. Presse paillasson, muselée par ses patrons, industriels des armes. Intimidations, contrôles au faciès, humiliations, brutalités, violences et leurs dérapages – quelques précipités du balcon, quelques morts de tabassage accidentel –, sitôt providentiellement dilués dans le brouhaha des crises bancaires, de l’affairisme et du sensationnel saignant, bienvenue au JT : touristes égarés, intempéries, embouteillages du soir... Carla et Tapie en vedettes.

Ces faits sont-ils vraiment divers, ou bien signent-ils un état de fait ? En réalité, un état de droite. Extrême. Dire que Le Pen nous faisait peur...

Cela rampe, s’insinue et s’impose, cela s’installe : ma foi, jour après jour, cela devient tout naturel. Normal : c’est, d’ores et déjà, le lot quotidien d’une France défigurée, demain matin effarée de sa nudité, livrée aux menées d’une dictature qui ne dit pas son nom. Ah ! le gros mot ! N’exagérons pas, s’offusquent les mal réveillés. Tout va bien : M.Hortefeux est, paraît-il, bon bougre dans sa vie privée.

“Tout est possible”, avait pourtant promis le candidat. Entendons-le bien. Entendons ce qu’il y a de totalitaire dans cette promesse cynique qui, d’avance, annonce le pire. Sous son agitation pathologique, un instant comique – au secours, Chaplin ! –, sous ses discours de tréteaux, ses déclarations à tous vents, contradictoires, paradoxales, sous son improvisation politique (oripeau du pragmatisme), sous sa face de tic et toc s’avance le mufle des suicideurs de république, des assassins de la morale publique. La tête grossit, elle fixe et sidère.

Continuerons-nous à dormir ? Ou à piquer la marionnette de banderilles de Noël?»

Anne-Marie Garat

dimanche 14 décembre 2008

Message de jeunes Grecs à l'Europe qui se tue

Η επιστολή των φίλων του Αλέξη

La lettre ouverte des amis d’Alexandre

distribuée pendant ses funérailles


ΘΕΛΟΥΜΕ ΕΝΑΝ ΚΑΛΥΤΕΡΟ ΚΟΣΜΟ. ΒΟΗΘΗΣΤΕ ΜΑΣ
NOUS VOULONS UN MONDE MEILLEUR. AIDEZ
-NOUS

Δεν είμαστε τρομοκράτες, «κουκουλοφόροι», «γνωστοί-άγνωστοι».
Nous ne sommes pas des terroristes,
des “porteurs de cagoules”, des “inconnus-connus”

ΕΙΜΑΣΤΕ ΤΑ ΠΑΙΔΙΑ ΣΑΣ.
NOUS, NOUS SOMMES VOS ENFANTS.

Αυτοί, οι γνωστοί-άγνωστοι....
Eux, ce sont des inconnus-connus

6

Κάνουμε όνειρα - μη σκοτώνετε τα όνειρά μας.
Nous faisons des rêves. Ne les anéantissez pas.

Έχουμε ορμή - μη σταματάτε την ορμή μας.
Nous avons la fougue, ne nous arrêtez pas

ΘΥΜΗΘΕΙΤΕ.
SOUVENEZ-VOUS

Κάποτε ήσασταν νέοι κι εσείς.
Un jour..., vous avez été jeunes, vous aussi

Τώρα κυνηγάτε το χρήμα, νοιάζεστε μόνο
Aujourd'hui...,, vous courez après l’argent, vous ne vous souciez

για τη «βιτρίνα», παχύνατε, καραφλιάσατε
que des apparences, vous avez grossi, perdu vos cheveux

ΞΕΧΑΣΑΤΕ.
VOUS AVEZ OUBLIÉ.

Περιμέναμε να μας υποστηρίξετε,
Nous attendions votre soutien,

Περιμέναμε να ενδιαφερθείτε,
Nous attendions votre intérêt,

να μας κάνετε μια φορά κι εσείς περήφανους.
pour que, cette fois, ce soit nous qui soyons fiers de vous.

ΜΑΤΑΙΑ.
EN VAIN.

Ζείτε ψεύτικες ζωές, έχετε σκύψει το κεφάλι,
Vos vies ne sont que mensonge, vous avez baissé la tête,


έχετε κατεβάσει τα παντελόνια και
vous avez descendu vos pantalons et


περιμένετε τη μέρα που θα πεθάνετε.
vous attendez le jour de votre mort

Δε φαντάζεστε, δεν ερωτεύεστε, δεν δημιουργείτε.
Vous n’avez plus d’imagination, vous n’aimez plus, vous ne créez plus

Μόνο πουλάτε κι αγοράζετε.
Vous ne faites qu’acheter et vendre

ΥΛΗ ΠΑΝΤΟΥ
LE MATÉRIALISME PARTOUT


ΑΓΑΠΗ ΠΟΥΘΕΝΑΑΛΗΘΕΙΑ ΠΟΥΘΕΝΑ
L’AMOUR NULLE PART - LA VERITE NULLE PART

Πού είναι οι γονείς;
Où sont les parents ?

Πού είναι οι καλλιτέχνες;
Où sont les artistes ?

Γιατί δε βγαίνουν έξω;
Pourquoi ne descendent-ils pas dans la rue ?

ΒΟΗΘΗΣΤΕ ΜΑΣ

AIDEZ-NOUS

ΤΑ ΠΑΙΔΙΑ
(signé) LES JEUNES

Υ.Γ.: Μη μας ρίχνετε άλλα δακρυγόνα. ΕΜΕΙΣ κλαίμε κι από μόνοι μας.
PS : Arrêtez vos gaz lacrymogènes. Nous pleurons assez par nous-mêmes !

http://storage.canalblog.com/64/90/376032/33459989.jpg

Source : "Les tribulations d'une Française en Grèce"

Allez le lire le blog et voir ses photos dans...
http://fdoun.canalblog.com/
Après, peut-être entrerez-vous dans le monde qui vient...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 8 décembre 2008

Serait-ce ça l'universalité des Droits de l'Homme ?

"Pêcher par le silence quand ils devraient protester, transforme les hommes en lâches!" Ella Wheeler Wilcox.



Le système mis en place dans notre monde libre repose sur l'accord tacite d'une sorte de contrat passé avec chacun d'entre nous dont voici, dans les grandes lignes, le contenu. Voici le contrat reconductible par tacite reconduction que vous signez chaque matin en vous réveillant simplement et ne faisant rien :

1) J'accepte la compétition comme base de notre système, même si j'ai conscience que ce fonctionnement engendre frustration et colère pour l'immense majorité des perdants,
2) J'accepte d'être humilié ou exploité a condition qu'on me permette a mon tour d'humilier ou d'exploiter quelqu'un occupant une place inférieure dans la pyramide sociale,
3) J'accepte l'exclusion sociale des marginaux, des inadaptés et des faibles car je considère que le prise en charge de la société a ses limites,
4) J'accepte de rémunérer les banques pour qu'elles investissent mes salaires à leur convenance, et qu'elles ne me reversent aucun dividende de leurs gigantesques profits (qui serviront a dévaliser les pays pauvres, ce que j'accepte implicitement). J'accepte aussi qu'elle prélèvent une forte commission pour me prêter de l'argent qui n'est autre que celui des autres clients,
5) J'accepte que l'on congèle et que l'on jette des tonnes de nourriture pour ne pas que les cours s'écroulent, plutôt que de les offrir aux nécessiteux et de permettre à quelques centaines de milliers de personnes de ne pas mourir de faim chaque année,
6) J'accepte qu'il soit interdit de mettre fin à ses jours rapidement, en revanche je tolère qu'on le fasse lentement en inhalant ou ingérant des substances toxiques autorisées par les états,
7) J'accepte que l'on fasse la guerre pour faire régner la paix. J'accepte qu'au nom de la paix, la première dépense des états soit le budget de la défense. J'accepte donc que des conflits soient créés artificiellement pour écouler les stocks d'armes et faire tourner l'économie mondiale,
8) J'accepte l'hégémonie du pétrole dans notre économie, bien qu'il s'agisse d'une énergie coûteuse et polluante, et je suis d'accord pour empêcher toute tentative de substitution, s'il s'avérait que l'on découvre un moyen gratuit et illimité de produire de l'énergie, ce qui serait notre perte,
9) J'accepte que l'on condamne le meurtre de son prochain, sauf si les états décrètent qu'il s'agit d'un ennemi et nous encouragent à le tuer,
10) J'accepte que l'on divise l'opinion publique en créant des partis de droite et de gauche qui passeront leur temps à se combattre en me donnant l'impression de faire avancer le système. j'accepte d'ailleurs toutes sortes de divisions possibles, pourvu qu'elles me permettent de focaliser ma colère vers les ennemis désignés dont on agitera le portrait devant mes yeux,
11) J'accepte que le pouvoir de façonner l'opinion publique, jadis détenu par les religions, soit aujourd'hui aux mains d'affairistes non élus démocratiquement et totalement libres de contrôler les états, car je suis convaincu du bon usage qu'ils en feront,
12) J'accepte l'idée que le bonheur se résume au confort, l'amour au sexe, et la liberté à l'assouvissement de tous les désirs, car c'est ce que la publicité me rabâche toute la journée. Plus je serai malheureux et plus je consommerai : je remplirai mon rôle en contribuant au bon fonctionnement de notre économie,
13) J'accepte que la valeur d'une personne se mesure à la taille de son compte bancaire, qu'on apprécie son utilité en fonction de sa productivité plutôt que de sa qualité, et qu'on l'exclue du système si elle n'est plus assez productive,
14) J'accepte que l'on paie grassement les joueurs de football ou des acteurs, et beaucoup moins les professeurs et les médecins chargés de l'éducation et de la santé des générations futures,
15) J'accepte que l'on mette au banc de la société les personnes âgées dont l'expérience pourrait nous être utile, car étant la civilisation la plus évoluée de la planète (et sans doute de l'univers) nous savons que l'expérience ne se partage ni ne se transmet,
16) J'accepte que l'on me présente des nouvelles négatives et terrifiantes du monde tous les jours, pour que je puisse apprécier a quel point notre situation est normale et combien j'ai de la chance de vivre en Occident. je sais qu'entretenir la peur dans nos esprits ne peut être que bénéfique pour nous,
17) J'accepte que les industriels, militaires et politiciens se réunissent régulièrement pour prendre sans nous concerter des décisions qui engagent l'avenir de la vie et de la planète,
18) J'accepte de consommer de la viande bovine traitée aux hormones sans qu'on me le signale explicitement. J'accepte que la culture des OGM se répande dans le monde entier, permettant ainsi aux trusts de l'agroalimentaire de breveter le vivant, d'engranger des dividendes conséquents et de tenir sous leur joug l'agriculture mondiale,
19) J'accepte que les banques internationales prêtent de l'argent aux pays souhaitant s'armer et se battre, et de choisir ainsi ceux qui feront la guerre et ceux qui ne la feront pas. Je suis conscient qu'il vaut mieux financer les deux bords afin d'être sûr de gagner de l'argent, et faire durer les conflits le plus longtemps possible afin de pouvoir totalement piller leurs ressources s'ils ne peuvent pas rembourser les emprunts,
20) J'accepte que les multinationales s'abstiennent d'appliquer les progrès sociaux de l'Occident dans les pays défavorisés. Considérant que c'est déjà une embellie de les faire travailler, je préfère qu'on utilise les lois en vigueur dans ces pays permettant de faire travailler des enfants dans des conditions inhumaines et précaires. Au nom des droits de l'homme et du citoyen, nous n'avons pas le droit de faire de l'ingérence,
21) J'accepte que les hommes politiques puissent être d'une honnêteté douteuse et parfois même corrompus. Je pense d'ailleurs que c'est normal au vu des fortes pressions qu'ils subissent. Pour la majorité par contre, la tolérance zéro doit être de mise,
22) J'accepte que les laboratoires pharmaceutiques et les industriels de l'agroalimentaire vendent dans les pays défavorisés des produits périmés ou utilisent des substances cancérigènes interdites en Occident,
23) J'accepte que le reste de la planète, c'est-à-dire quatre milliards d'individus, puisse penser différemment à condition qu'il ne vienne pas exprimer ses croyances chez nous, et encore moins de tenter d'expliquer notre Histoire avec ses notions philosophiques primitives,
24) J'accepte l'idée qu'il n'existe que deux possibilités dans la nature, à savoir chasser ou être chassé. Et si nous sommes doués d'une conscience et d'un langage, ce n'est certainement pas pour échapper à cette dualité, mais pour justifier pourquoi nous agissons de la sorte,
25) J'accepte de considérer notre passé comme une suite ininterrompue de conflits, de conspirations politiques et de volontés hégémoniques, mais je sais qu'aujourd'hui tout ceci n'existe plus car nous sommes au summum de notre évolution, et que les seules règles régissant notre monde sont la recherche du bonheur et de la liberté de tous les peuples, comme nous l'entendons sans cesse dans nos discours politiques,
26) J'accepte sans discuter et je considère comme vérités toutes les théories proposées pour l'explication du mystère de nos origines. Et j'accepte que la nature ait pu mettre des millions d'années pour créer un être humain dont le seul passe-temps soit la destruction de sa propre espèce en quelques instants,
27) J'accepte la recherche du profit comme but suprême de l'Humanité, et l'accumulation des richesses comme l'accomplissement de la vie humaine,
28) J'accepte la destruction des forêts, la quasi-disparition des poissons de rivières et de nos océans. J'accepte l'augmentation de la pollution industrielle et la dispersion de poisons chimiques et d'éléments radioactifs dans la nature. J'accepte l'utilisation de toutes sortes d'additifs chimiques dans mon alimentation, car je suis convaincu que si on les y met, c'est qu'ils sont utiles et sans danger,
29) J'accepte la guerre économique sévissant sur la planète, même si je sens qu'elle nous mène vers une catastrophe sans précédent,
30) J'accepte cette situation, et j'admets que je ne peux rien faire pour la changer ou l'améliorer,
31) J'accepte d'être traité comme du bétail, car tout compte fait, je pense que je ne vaux pas mieux,
32) J'accepte de ne poser aucune question, de fermer les yeux sur tout ceci, et de ne formuler aucune véritable opposition car je suis bien trop occupé par ma vie et mes soucis. J'accepte même de défendre à la mort ce contrat si vous me le demandez,
33) J'accepte donc, en mon âme et conscience et définitivement, cette triste matrice que vous placez devant mes yeux pour m'empêcher de voir la réalité des choses. Je sais que vous agissez pour mon bien et pour celui de tous, et je vous en remercie.

Fait par Amitié sur la Terre, le 11 septembre 2003.


http://www.syti.net/ContratTacite.html

Texte approuvé par Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mercredi 3 décembre 2008

Relances.

On nous relance.
Dans la langue populaire, cela veut dire qu'on "en remet une couche",
qu'on nous drague. Excusez- moi, mais ça fait un peu... putassier.

Si nous ne consommions plus assez, nous tuerions l'économie.
Pas verte ou verte, il nous faut de la croissance...
Relance, croissance, ça ne rime à rien...



Toutes ces contorsions pour nous convaincre de faire ce qu'il ne faut pas faire...
On lâche, à regret, sur quelques dispositifs écologiques, mais sans logique.
On relance l'automobile, sinon, cela nous enfonce dans le chômage.

"Prime à la casse" : la belle formule!
Payer pour casser des voitures afin d' en faire acheter des neuves... polluantes!
Car, nous avoue-t-on, Peugeot et Renault ne sont pas prêts.

Prêts à construire des voitures hybrides.
Il faudra donc acheter japonais, chez Toyota.
Et puis, l'avenir est-il vraiment à la voiture hybride?

Intimider, mettre en place des réflexes de peur, empêcher les actions concertées,
ne relance guère l'intelligence, ni l'initiative des créateurs.
On relance les mécanismes cassés : la machine va donc s'arrêter.

Voici, après le plan de relance des banques,
après le plan de relance des PME, le plan de relance de l'économie!
C'est la relance des mots, la relance du capitalisme en faillite.

Inavouable : dire qu'on ne sait que faire.
Un chef sait toujours que faire.
Sarkozy, le Prince, le Sauveur, va parler de la lutte contre la grande pauvreté!

Pourvu qu'il ne trébuche pas de nouveau sur ses phrases,
en évoquant la relance de la grande pauvreté!
Inutile, d'ailleurs, c'est fait!

La relance de l'automobile et du logement, à la fois : c'est incompatible.

Une place de parking, c'est 7 mètres carrés :
on soigne mieux les voitures que les humains.

Pendant ce temps, dans le Bois de Vincennes, on se cache pour crever.
Ultime dignité ou peur des flics?
La relance de l'argument sécuritaire mène à l'inverse : l'insécurité.



Insécurité y compris pour les fous qu'on veut enfermer à jamais,

même s'ils ne sont pas fous, mais malades, dangereux donc.
Au secours Monsieur le Préfet, encloisonnez-nous ces gêneurs!

Insécurité pour les ultra-gauchistes. Ils refusent notre société.
Ils peuvent s'en prendre à nos TGV! Il faut les "surveiller et punir".
Au secours Foucault, il sont devenus fous.

Insécurité pour les fortes têtes qui n'obtempèrent pas aux juges.
patron de presse ou pas, Libération ou non, tu nous montreras ton cul,
pardon, ton trou du cul? cette vulgarité s'appelle : fouille au corps.

Voilà, sous nos yeux, la relance de l'humiliation,
Sous notre nez, la relance des mécanismes puants qui broient l'humain.
Relances... Relance du passé.

Relance de ce qu'on pensait ne plus revoir.
Crispations d'hommes de pouvoir perdant leur pouvoir.
La relance de ce qui nourrit le fascisme glisse de l'Italie vers la France.

Résistance et Changements, avec bien d'autres,
constate la résistance au changement des profiteurs
qui ne lâcheront pas facilement leur proie pour l'ombre.

La révolution consiste non à générer la violence
mais à faire le contraire de ce qu'on avait fait jusque là.
Il faut donc faire la révolution de la relance.

Pas celle que nous annonce le prestidigitateur,
la relance de la vie partagée, solidaire et dynamique,
la relance que toute jeunesse porte en elle : le neuf!


Jean-Pierre Dacheux

lundi 1 décembre 2008

Citoyen, réveille toi!


Aristote

Il y a près de 2500 ans, Aristote a forgé pour qualifier la tendance d’un individu à rechercher le profit grâce et au travers des relations marchandes en usant d’un ensemble de ruses et de stratégies en vue de l’acquisition de richesses et de leur jouissance, le mot chrématistique.
A sa suite, les anciens Grecs, employaient le mot ubris ou hubris pour qualifier toute outrance dans le comportement, tout sentiment violent né de l'orgueil, et qui allait jusqu'au dépassement des limites, la démesure en quelque sorte.

Les événements qui ont conduit à la crise de civilisation que nous traversons actuellement sont caractérisés par ces deux mots, chrématistique : l’amour de la monnaie, de l’argent, la jouissance de la richesse, et ubris : la démesure. Ce sont elles qui sont la cause de l’explosion de l’économie financière, du formidable décalage entre l’économie spéculative et l’économie réelle, la cause aussi du dérèglement écologique planétaire.

Chaque jour, les transactions financières représentent en moyenne 3200 milliards de dollars. Seulement 2.7 % de cette somme sont liés à l’économie réelle soit environ 100 milliards de dollars, le reste n’est que spéculation et économie virtuelle.

Quelques autres valeurs annuelles donnent le vertige :
La publicité mondiale : 700 milliards de dollars,
Le marché des stupéfiants : 800 milliards de dollars,
Le marché de l’armement : 1200 milliards de dollars.

En pendant à ces sommes énormes, on a calculé récemment qu’en mettant seulement 40 milliards de dollars de plus sur la table on pourrait régler les problèmes d’eau potable, de faim, de soins de base, et la question du logement dans le monde. Dans le même temps, les États européens, pour sortir de la crise de la démesure qu’ils ont, pour leur part, eux-mêmes engendrée, veulent injecter dans leur économie 1000 milliards de dollars.

Et ces milliards de dollars où peuvent-ils les prendre : simplement dans votre poche, la poche du contribuable. Sont-ce les contribuables qui doivent éponger les pertes de l’économie casino, cette formidable machine à produire des inégalités, cette démesure ? 225 ultra riches ont, actuellement, l’équivalent de la fortune et des revenus de 2.5 milliards d’êtres humains!

Chez nous, on est capable de mettre sur la table 15 milliards de cadeaux fiscaux aux riches et on a toutes les peines du monde à trouver 1.5 milliards pour le revenu de solidarité active (RSA) destinés aux plus pauvres.

Déjà en 1930, Keynes disait : « c’est n’est pas une crise économique, c’est une crise de l’économie, c’est une crise de la surproduction, et nous risquons à terme une dépression nerveuse collective ».

La guerre de 1939 – 1945 a retardé l’échéance et il a fallu attendre 80 ans pour que sa prédiction se réalise. La même année, Freud, dans son livre Malaise dans la civilisation fait un constat similaire sur le psychisme collectif et les pulsions mortifères des sociétés.

Henri Ford disait qu’une entreprise était en danger lorsque le salaire du PDG était dix fois supérieur au salaire le plus bas de l’entreprise, aujourd’hui nous dépassons le rapport démentiel de 1 pour 1000, si ce n’est plus.

Il faut arrêter le massacre, s’il n’est pas trop tard, et considérer une autre façon de faire fonctionner la société. Il faut sortir de l’ubris général qui nous conduit au désastre avec la concomitance entre la crise écologique, la crise sociale et la crise financière.

Aujourd’hui, il ne faut pas, comme nos gouvernants voudraient nous le laisser croire, traiter d’un côté la crise financière par la fuite en avant, en oubliant ou en feignant de traiter la crise écologique et la crise sociale.

La théorie de la grande maison TERRE est première par rapport à nos petites maisons. Si la grande maison est en danger, alors qu’en est-il de nos petites maisons ?

Il faut reconsidérer la richesse :
Qu’est ce qui comptes vraiment dans nos vies ?
Dans quelle société voulons nous vivre ?
Et surtout quelle société voulons nous laisser à nos enfants ?

La chrématistique et son corollaire, la démesure, sont les mécanismes du creusement des inégalités et du pillage des ressources de la planète.

On parle d’homo sapiens sapiens, mais comme le dit Edgar Morin, on ferait mieux de parler d’homo sapiens demens parce que notre génie et notre folie sont fortement imbriqués, à moins que cette crise de civilisation nous conduise à devenir vraiment sapiens sapiens.



Soyons optimistes...

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

Le marché, ça ne marche pas.

L'économie est une science humaine. Ce n'est pas une science exacte. Ce n'est pas une science "dure". Elle n'existe pas séparée des autres sciences humaines. Pour avoir voulu faire de l'économie un savoir qui ne se discutait plus, avec des lois intangibles et des calculs mathématiques savants, on a précipité l'économie dans le dogmatisme et le fanatisme des marchés. Or le marché, ça ne marche pas; ça ne marche pas tout seul. Il n'y a pas de lois du marché. Il n'y a que les pratiques des marchés.



L'économie est comme la météo : un papillon achète une action à Melbourne et cela a des répercussions à Francfort! On peut bâtir tous les modèles que l'on veut, aucun n'est fiable. Il y a autant d'économies que d'économistes ; il y a surtout autant d'économies que de niveaux de partage et de solidarité.

L'économie devenue ordinaire, celle dont on nous ressasse les fausses vérités tout au long des émissions radio et télé diffusées, par exemple, ne connaît pas la gratuité. L'économie libérale surtout, qui monétarise tout. Dans le livre L'économie pour les Nuls, l'auteur, Michel Musolino, professeur d'économie et d'histoire de l'économie en classes préparatoires et à l'Institut Supérieur de Gestion, soutient le pari de rendre accessible, tout en restant pédagogique, une discipline qui, une fois débarrassée des ses oripeaux, se révèle divertissante autant par sa logique que par les problèmes qu'elle pose et qu'elle résout. Il y rappelle que, dans les sociétés humaines, l'échange et le don ont toujours été pratiqués. Faire de tout une marchandise est une perversion qui... coûte cher.

Le philosophe Alain Guyard (1), au cours d'une émission de Là-bas si j'y suis (2), diffusée sur France Inter, nous invite à ne pas nous comporter comme des moutons. Ce n'est pas parce que l'on ne sait pas faire fonctionner l'économie mondiale autrement qu'en la faisant dépendre de financements contrôlés en Bourse, qu'il faut, à jamais, que l'humanité dépende de cette organisation rigide et unilatérale des marchés, satisfaisant toujours, et d'abord, les intérêts des riches! S'il en a été ainsi depuis l'antiquité, ce n'est pas de nature, c'est parce que le pouvoir et les moyens d'agir appartiennent à ceux qui possèdent l'argent, mais ce n'est plus inéluctable.

Jacques Attali (3), dont on ne peut dire qu'il n'est pas un soutien fervent de l'économie capitaliste, a l'intelligence d'expliquer que le capitalisme, s'il veut continuer à marcher, ne peut plus laisser les pauvres s'appauvrir en finançant l'essentiel (ce qui permet de survivre) tandis que les épargnés s'enrichissent toujours plus tout ( et en s'accordant ce qui constitue le superflu)! L'intérêt des riches n'est plus, actuellement, de garder toute la richesse pour eux-mêmes!


Les économistes informés savent surtout que les limites de l'espace de vie des humains ne permet plus d'exploiter la Terre à fonds perdus. L'écologie est une nécessité économique autant que politique mais, à présent qu'il n'est plus possible d'en contester l'ampleur et l'urgence, une nouvelle bataille fait rage : à qui va profiter l'économie verte? À tous ou, encore une fois, aux privilégiés de la planète? Nous disposons de quelques années pour effectuer le virage très difficile à négocier qui nous sortirait de la dictature des marchés. Sinon...


(1) http://www.diogeneconsultants.com/QUIsommesnous.html
(2) http://www.la-bas.org/
(3) http://elections.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2008/11/03/attali-l-a-dit.html

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 22 novembre 2008

Deux PS renvoyés sur les roses...


Deux fleurs ne font pas un bouquet...

42 voix, voix, nous dit-on, sépareraient Martine de Ségolène! Une broutille.
50,02% contre 49,98%. Un rien.
Manuel Vals aurait-il, cette fois, mal choisi son camp?
Il s'enflamme : "nous ne nous laisserons pas voler la victoire!"

Le score n'est pas seulement serré : il est si comprimé qu'il est inutilisable.
Inutilisable, mais aussi inutile : le PS s'est déchiré. C'est fait.
Le nous l'emporte, de justesse, sur le je, mais ce nous est bien impuissant!
Martine voulait faire échec à la personnalisation de la politique. Et pourtant...

Sa désignation par les militants était une présidentialisation du parti,
inventée par Jospin, dans la logique des législatives placées en second...
Et qui soutenait cette candidate, hostile à toute personnalisation ?... Jospin!
Martine Aubry vit une contradiction insurmontable!

Ségolène Royal, quant à elle, a rejoué et reperdu.
"Dites non au : tous contre Ségolène!"
"Dites oui à l'avenir contre le passé!"
"Dites oui aux jeunes contre les vieux!"...

"Dites oui à l'ouverture contre la fermeture" (au centre)!
"Dites oui aux modernes contre les ringards!"
De tels mots d'ordre, propagés par des loups, jeunes ou pas,
auront été d'une démagogie souvent efficace, mais..., échec!

Ces propos étaient globaux, simplificateurs et diviseurs.
Une division accomplie, réussie, et qui a été bien mesurée : 50% pile!
Cette logique devrait donc conduire à la scission.
Un parti coupé en deux parties égales ne fonctionne plus.

Mais... on n'abandonne pas un navire en état de marche, les cales pleines,
et qui n'est pas près de couler bien qu'il parte à la dérive, puisqu'il flotte,
sans pilote, mais non sans matelots-militants pleurant de rage,
entrainés dans les courants vers les eaux les plus tumultueuses qui soient.


Alors, nous assistons à ce long et lent désastre,
résignés pour certains, avec espoir pour d'autres.
Car, pas plus à Marseille qu'ailleurs le PS ne pourra, désormais, boucher le port.
Rendus à eux-mêmes, les citoyens pourront-ils gagner le grand large ?


Vers l'océan de la politique

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


lundi 17 novembre 2008

Crise ou rupture?



Depuis le début de ce qu'on s'entête à appeler "crise"(1), et que j'appellerais plus volontiers "rupture"(2), on nous couvre de chiffres et, plus encore, on déverse sur nous des torrents de mots.
En réalité, et parce que l'économie ne dit pas tout, parce que cette cassure est systémique, inchiffrable, on s'évertue à expliquer ce qu'on ne comprend pas. Se taire serait trop angoissant... Et quel aveu d'impuissance, en outre, ce serait que de dire : "le monde est devenu si complexe que l'on ne maîtrise plus ce qui s'y passe".

Peut-on encore avoir une réflexion politique quand nulle action aux effets sûrs ne peut plus être projetée? Ce qui ne peut être chiffré, c'est aussi ce qui est illisible, insaisissable pour la pensée. Ici l'inchiffrable devient indéchiffrable. Ce qu'on ne peut expliquer avec des chiffres ne l'est pas non plus avec des mots! Faire face à ce neuf inabordable face auquel s'agitent des savants impuissants : tel est l'enjeu philosophique et politique fondamental.

À l'issue du G20 dont les journalistes prétendent qu'il s'agit d'un événement historique ou, au contraire, d'un non-événement n'ayant débouché que sur un catalogue de bonnes intentions probablement sans effet sur le réel, il faut stopper. Et que stopper? Stopper la précipitation et la vitesse de nos réactions inadaptées alors qu'une lame de fond va nous submerger.



Il faut flotter et ne pas s'opposer à ce que nous avons déclenché.
Nous avons ouvert des vannes et quand la pression de l'eau s'exerce, impossible de refermer les portes. Autre image : peut-on, par grand vent, s'opposer à l'incendie qui ravage (par exemple, actuellement, les abords de Los Angelès)?



Entrer dans le complexe avec modestie en solidarisant nos compétences : rien n'est plus urgent.
Mais voilà, c'est incompatible avec la démocratie de représentation (au double sens de délégation et de théâtre...) qui voudrait qu'on s'en remette aux élites élues! L'action de tous est indispensable. La politique aussi est emportée dans la tourmente.

Pauvres hommes aux mains nues, il va vous falloir vous préoccuper vous-mêmes de votre sort.

(1) Crise : "accident qui atteint une personne en bonne santé apparente" dit Le Robertl. (L'économie mondiale se portait elle si bien que ça?)
Par ext. Manifestation émotive soudaine et violente. ( Cette survenue n'a surpris que ceux qui ne voulaient pas voir, ou ne pouvaient pas voir parce que trop sous informés!)
Par analogie. Phase grave dans l'évolution des choses, des évènements, des idées. (On est au-delà de l'évolution des choses : on aborde la fin d'un cycle).
(2) Rupture, cassure, brisure, coupure ou déchirure : tous ces mots que termine le suffixe ure contiennent l'idée d'un événement après lequel rien ne sera plus jamais semblable à ce qui fut avant.

Jean-Pierre Dacheux

dimanche 16 novembre 2008

Le désastre salutaire.


PS Champagne! Le Parti qui fait pchitt...

À Reims, le PS a explosé. En cinq morceaux au moins. L'un s'est éjecté dès avant la clôture du Congrès : le groupe Mélenchon-Dolez. Le second, le plus gros, trop composite, a perdu son pilote et s'écrase : la motion Delanoë. Le troisième, le moins mal apprécié par les socialistes, un tiers du parti, s'envole vers un parti présidentialiste à l'américaine : la motion Royal - Peillon - Vals. Le quatrième, le plus populiste, composite lui aussi, résiste, et garde "la Vieille maison", en espérant un sursaut "de gauche" : la motion Aubry - Fabius - DSK. Le cinquième, gauche de la pseudo gauche, attend son tour, s'il y en a un, et durcit le ton, prêt à ramasser les morceaux d'un parti désespéré : la motion Hamon. Ne parlons pas des écolos-socialos. Les uns, constituant le Pôle écologiste, sont déjà chez Ségolène. Les autres, avec Utopia, iront soit chez Aubry soit chez Hamon. Tout est dit, et la messe avec. Le désastre est absolu.



Rideau! la sortie est à droite!

Et pourtant, quelle chance! La clarification s'opère sous nos yeux! On sort de ce Congrès sans fausse alliance. La droite du parti existe : elle porte le beau visage de Ségolène. Elle est hors d'état de faire face aux enjeux : Martine Aubry l'a justement remarqué. La fausse gauche du parti existe aussi : la dite Martine Aubry est éloquente, compétente et généreuse mais elle se traine des alliés qui la plombent : DSK, patron du FMI sur lequel Sarkozy compte pour sauver le capitalisme, mais aussi Fabius qui a raccroché son wagon à cette équipe pour ne pas être mis hors course après son aventure européenne pro-non. La vrai gauche ringarde, à visage rajeuni, existe aussi : elle incarne un socialisme néotraditionnel qui n'a pas encore choisi entre la croissance qui fournit l'emploi et l'écologie qui combat la folie des riches. Salutaires divisions. Le paysage se recompose. Toute la gauche est à repenser. Le PS en gelait l'évolution. Le voici embarqué dans le flot tumultueux des recompositions. Ce n'est pas un drame. C'est la dernière chance d'une organisation qui a fait son temps et doit ou mourir ou se rebâtir sur de nouvelles bases.

Pour cela, le clan Royal a choisi le modernisme et l'abandon de ce qui fit l'histoire même des socialistes. Il a une longueur d'avance mais la crise mondiale ne joue pas dans son sens. Les autres composantes du PS ont à se débarrasser des vieilleries qui l'encombrent, sans y perdre l'esprit du socialisme qui n'est pas fait d'électoralisme mais de fidélité à des valeurs de solidarité avec les victimes du système économique. Cette solidarité peut resurgir, sinon il faudra laisser la place à d'autres. Lesquels? On ne tardera pas à le savoir. Oui, ce vrai désastre est tout à fait salutaire : il ouvre des espaces politiques qu'on croyait bouchés!


Offrez-nous des roses rouges et..., nature, s.v.p !
Jean-Pierre Dacheux

samedi 15 novembre 2008

On s’enfonce dans la crise.

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Il n’est nul besoin de pratiquer l’art divinatoire pour savoir que les prochaines années seront particulièrement impitoyables pour l’ensemble des citoyens et principalement pour les plus pauvres.

Depuis trente ans, les financiers internationaux, leurs complices politiques et l’ensemble des citoyens du monde occidental, prennent la planète pour une salle de jeu où les perdants sont toujours les mêmes, les plus nus, les plus démunis, ceux qui n’ont pas grand chose : les trois quarts de l’humanité.

Depuis trente ans, certains nous répètent que nous allons dans le mur, que nous marchons sur la tête, car l’on ne respecte plus les équilibres nécessaires à la pérennité du système, qu’il soit écologique ou économique.

Rien n’y a fait, nous avons laissé les voyous jouer au casino et dépecer le monde du nord au sud, de l’est à l’ouest ; tout ceux qui avaient l’outrecuidance de la dénonciation furent traités de « Cassandre » ou de malades mentaux tout simplement, quand ce n’est pas d’ennemi de la société et de la démocratie.



Même si nos gouvernants essaient encore de donner le change et de sauver le piteux système, nous savons tous, inconsciemment, que la crise est profonde et que nous ne pouvons pas continuer à vivre durablement au-dessus de nos moyens, sinon en éliminant physiquement la moitié de la planète pour satisfaire nos égoïsmes.

Le monde occidental sera, demain, contraint de revoir son système de répartition des richesses et de diminuer son train de vie pour permettre une égalité planétaire.

S’il ne le fait pas, il est condamner à périr de manière violente dans une conflagration générale.

Aujourd’hui, la récession s’installe, avec ses corollaires, la fermeture des entreprises, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat généralisée et la multiplication des conflits sociaux. Les cartes vont se redistribuer, ailleurs et autrement.

La crise de 1929 a été terrible, mais les hommes et les femmes de l’époque n’étaient pas déjà habitués au confort de la consommation de masse ; celle de 2009 risque de laisser des souvenirs beaucoup plus tragiques.

En histoire, les scenarii ne se reproduisent pas, paraît-il, pourtant le spectre de la société fasciste plane sournoisement au-dessus des grandes crises. Il faut toujours des victimes expiatoires à sacrifier à l’ordre social.

Pour une soit disant nécessité collective supérieure, pour le bien commun, les Droits de l’Homme risquent d’être bafoués, relégués à un avenir incertain.

Ne soyons pas dupes de ces discours. C’est maintenant que les Droits de l’Homme doivent être défendus. Il faut resserrer les rangs, résister et demeurer particulièrement vigilants.



Jean-Claude Vitran