lundi 28 mars 2011

Un échec éclairant et salutaire..., dans le Val d'Oise.

Les cantonales, c'est fini.

Que d'enseignements, rendus manifestes par cette élection mineure !

(dessin : Louison)

1 - Le record d'abstentions exprime le refus de la politique telle qu'elle est présentée aux Français ! Le Val d'Oise, notre département, fait partie des grands leaders de cette abstention significative.

2 - La nouvelle progression du PS est ambiguë ! Il dirigera plus de 60 départements français, moins à cause de la montée des scores de ses candidats que par la mécanique de désistement, fatale à l'UMP. Dans le Val d'Oise, le "département de DSK", étonnante exception : cette mécanique s'est grippée ! Cette gauche non plurielle n'a plus que 18 élus, contre 21 à la droite...

3 - L'échec de l'UMP est brutal. La division intra-droite est apparente. Mme Balkany, "l'amie des Sarkozy" père et fils, chute dans le fief de droite des Hauts de Seine... L'avenir est bouché pour ce parti, mais la droite a des ressources...

4 - Le FN n'a pas eu besoin d'élus pour gagner du terrain. Le comble est qu'avec deux élus en France et presque autant d'électeurs que l'UMP, c'est lui qui démontre le contenu antidémocratique de notre système électoral. Il prouve, en outre qu'en politique, ce n'est pas le nombre de sièges qui fait la force d'un parti. Dans le Val d'Oise, où il a su polluer le vote de droite, il n'aura aucun élu alors qu'au premier tour, il avait obtenu...

5 - Le PCF bouge encore. Il garde deux présidences de départements. Il bénéficie d'un conservatisme local. Le Front de gauche lui aura été favorable. Le Parti de gauche a du souci à se faire avec ce partenaire, quel que soit le talent de Mélenchon qu'on pourra laisser aller se fracasser sur l'obstacle présidentiel. Dans le Val d'Oise, avec une seule élue PCF, non sortante et donc non encore sortie, la régression continue.



6- Les écologistes croient avoir rencontré des succès. Ils ont, enfin, grapillé quelques sièges ici ou là, comme dans les Yvelines, à Andrésy, où ils font leur entrée. C'est loin d'être à la hauteur de leurs ambitions ! Dans le Val d'Oise, aucun élu écologiste (échec de Michel Vampouille, à Argenteuil) : l'écologie étouffe dans le manteau étriqué d'un parti, que ce soit Les Verts ou Europe-Écologie-Les-Verts (EELV). À quand les 250 000 manifestants antinucléaires, comme hier, en Allemagne, où, dans la très riche région du Bade-Wurtemberg, le président sera Vert ?


Joël Tissier, conseiller général EELV d'Andrésy, un adversaire de l'A104...

samedi 26 mars 2011

Le fascisme économique

Dans un de nos blogs sur la généralisation de la surveillance (14.12.2010), nous avons insisté sur la concomitance d’intérêts entre le pouvoir et le secteur marchand.


Pour aller plus loin dans cette réflexion, nous voulons démontrer que les rapports d'intérêts entre le monde politique et les lobbies industrio-financiers sont particulièrement imbriqués et que l'on peut sans exagérer qualifier ce système de "fascisme économique".


Le dénominateur commun à ces deux mondes est l’efficacité.


S’agit-il d’ailleurs de deux mondes ?


Comme pour l’acier damassé servant à la fabrication des épées et des couteaux, l’intrication des sphères d’influence est tellement importante qu’il est impossible de séparer les couches pour retrouver les composants initiaux.


Aujourd’hui, il n’est pas politiquement incorrect d’affirmer que le système économique qui régit le fonctionnement des échanges transnationaux est le capitalisme dans sa forme la plus aboutie, le néolibéralisme.


Dès sa naissance à la fin du moyen âge, ce système a eu pour postulat d’augmenter les profits de façon infinie et par réciprocité de réduire les coûts d’exploitation, en employant d’abord des esclaves, ensuite des machines et en abaissant à leur minimum les coûts variables, en l’occurrence la main d’œuvre, par la diminution du nombre des salariés et/ou des salaires.


Pour revenir à la surveillance et à sa généralisation, il semble difficile de croire que les gouvernements désirent surveiller les citoyens dans le but d’une domination d’idéologie politique. Les gouvernants, courroies de transmission de la sphère industrio-financières, qui ne peut pas encore gouverner seule, ont dans leur dos l’aiguillon du système financier nécessaire au renouvellement de leur mandat et de leur survie pécuniaire, et mettent en place, petits arrangements entre amis, des législations favorisant l’abaissement des coûts collectifs et leur transfert vers des financement privés générateurs de croissance et de profits.


Les dépenses de la sphère publique coûtent, les dépenses de la sphère privée rapportent ; et l’un des éléments prioritaires de l’efficacité du système est la surveillance généralisée et le profilage des citoyens qui permettent de réduire les aléas et les inconnus générateurs de perte et de générer des profits.



De nombreux textes de lois confirment, s’il en était besoin, cette dérive du système politique vers un fascisme économique. Prenons la LOPPSI 2 - Loi d’Orientation et de Programmation de la performance de la Sécurité Intérieure – qui porte, dans son nom même, la stratégie de l’efficacité voulue par le gouvernement. L’idée maîtresse de cette loi fourre-tout est l’obligation de résultat des forces de police - notion stupide et calcul indigent que de décider a priori des résultats du travail des fonctionnaires de police ! - le transfert des fonctions régaliennes de l’État aux collectivités territoriales, en faisant appel au secteur privé, et l’utilisation forcenée des technologies de l’information et de la communication, génératrices, là encore, de croissance et de profits.


La vidéosurveillance est la caricature de ce concept d’efficacité et de performance : la démultiplication de l’œil du surveillant par les yeux multiples des caméras - un seul individu surveillant plusieurs endroits en même temps - Quelle économie, surtout quand cette surveillance est cédée aux polices municipales qui n’émargent pas sur le budget national, économie encore plus substantielle lorsque la surveillance est reportée a posteriori en enregistrant les images sans visionnage instantanée.

Chacun sait que l'intérêt de la vidéosurveillance est nul pour les citoyens en terme de protection, mais pas en terme de profit pour les industriels.


À cela s’ajoute, entre autres :

- La visioconférence pour l’audition des personnes en détention qui ne sortiront plus de l’univers carcéral pour être interrogé à distance par le juge d’instruction. Encore de substantielles économies, au détriment du droit et d’une justice équitable et humaine.

- La proposition de loi de simplification et d’amélioration de la qualité du droit, toujours la performance et l’efficacité, dite loi Warsmann, adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale, et qui affirme dans son article 2 que tous les fichiers administratifs seront susceptibles de devenir accessibles à toutes les autres administrations... plus simplement écrit : l’interconnexion de l’ensemble des fichiers administratifs ; ce que SAFARI (1) avait rêvé en 1974.

- Dans l’éducation nationale, mais pas seulement … le livret de compétences qui suivra les individus depuis l’école maternelle jusqu’à la sortie du système scolaire, mais qui permettra aussi le profilage de la personnalité par les entreprises en vue du recrutement.


Faire chuter les coûts salariaux pour augmenter les profits...


Comment, en effet, refuser à un futur employeur la lecture de son livret de compétences ?

Et le détail des compétences est instructif : compétence 1 : langue française, 2 : langue étrangère, 3 : mathématiques, sciences, technologies, 4 : de nouveau langue française, (c’est à partir de la compétence 5 qu’apparaissent des notions plus étonnantes et subjectives), 5 : culture humaniste, 6 : sociales et civiques et 7 autonomie et initiative.

France Télécom ou Renault donneraient chers pour avoir dès maintenant ce journal intime espion à leur disposition au moment du recrutement, l’efficacité y gagnerait encore.


On pourrait rajouter bien d’autres systèmes, le Dossier Médical Personnalisé et le Dossier Pharmaceutique qui permettront, à terme, la modulation du remboursement des frais médicaux en fonction du profil du malade, toujours l’efficacité ! Les dossiers santé et psychiatrique qui, sous prétexte d’améliorer la performance, — lire la diminution des dépenses publiques — des services hospitaliers violent l’intimité des patients et sont la négation d’un travail thérapeutique normal et de qualité.


Arrêtons nous là. La liste est trop longue et désespérante des hypocrisies et des perversités d’une société où les individus sont seulement classés en fonction de leur capacité à générer de l’efficacité productive, c’est à dire du profit.



Les vertus – mot grossier – d’hier, l’honnêteté, le courage, l’abnégation, etc. sont ringardes aujourd’hui. Elles sont remplacées par la culture du meilleur où il faut, pour réussir, tuer son rival. Quel avenir extraordinaire nous est proposé.


Oui, nous ne sommes plus dans une démocratie, mais bien dans une oligarchie où une caste de décideurs cyniques et arrogant (2) s’emploie à développer un fascisme économique particulièrement féroce, sous couvert d’efficacité et de culture du profit, et parce qu’il n’y aurait pas d’autres alternatives.


Ce n’est pas ce chemin que nous voulons voir suivi pour nos concitoyens !


(1) SAFARI : il s'agit d'une base de données imaginée en 1974 par le gouvernement de Georges Pompidou et Jacques Chirac pour rassembler en un seule méga fichier l'ensemble des données personnelles des français. Une ferme réaction citoyenne fit reculer le gouvernement et permis la création de la CNIL et de la loi informatique et libertés de 1978.


(2) Voir le livre bleu du gixel :

http://bigbrotherawards.eu.org/article626.html

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux



mardi 22 mars 2011

Enfin le monde arabe vint...

Ce qui se passe au Moyen Orient, dans le Machrek et le Maghreb nous dépasse. Nous ne disposons pas de toutes les clés nécessaires pour comprendre cette révolution qui, née en Tunisie, étendue à l'Égypte, n'en finit pas de diffuser au Nord de l'Afrique et sur l'autre rive de la mer Rouge.


Nous avons constaté, avec stupéfaction, que naissait une volonté populaire infrangible, s'exprimant par la bouche et la présence d'hommes et de femmes qui, plus que le bien être, recherchent le droit à l'expression libre et l'épanouissement d'une démocratie spécifique ne se limitant pas au renversement des dictateurs.

Ainsi, la démocratie n'est-elle une revendication des seules sociétés occidentales. Ainsi a été déchirée la caricature de musulmans soumis à un intégrisme religieux dont les dictatures Ben Ali et Moubarak auraient pu nous protéger ! Ainsi la fierté de peuples se découvrant capables de faire l'histoire a-t-elle explosé dans la joie et l'unité.



Des observateurs politiques et des historiens considèrent déjà que 2011, comme 1989, voire 1789, restera une date à laquelle on se référera, dans l'avenir. Le monde arabe qui fut le vecteur de la civilisation, il y a de nombreux siècles, sort-il de sa nuit ou est-ce un nouveau monde arabe qui non pas renaît, mais s'éveille ?

Tout donne à penser que ce mouvement puissant va s'étendre sur la plupart des États arabes : du Maroc à l'Algérie, du Yémen à la Syrie en passant par Bahrein...

Bien entendu, les profiteurs du pétrole, (producteurs, entreprises exploitantes et grands États consommateurs), ne sauraient voir d'un bon œil ces bouleversements qui mettent en cause des stabilités jusque là économiquement satisfaisantes ! Les pouvoirs locaux autoritaires et violents, les grandes puissances et les compagnies pétrolières ont les moyens de réduire les ambitions de ces nouveaux démocrates qui osent exiger le partage du pouvoir et de la richesse.

Comme on le voit déjà, en Lybie, dont le colonel et guide suprême Mouammar Kadhafi dispose, avec la manne de l'or noir, de réserves monétaires inépuisables, il n'est pas si simple de faire chuter un dictateur chevronné, fut-il à l'origine d'attentats hier condamnés et à présents... absous ! Dans la péninsule arabique, le régime saoudien, qui a beau être le fournisseur des fonds servant à multiplier les mosquées intégristes, fait l'objet de la sollicitude des États, ceux-là même qui, par ailleurs, s'épuisent à lutter contre Al Kaïda.

Les peuples arabes, juste de l'autre côté de Mare Nostrum, constituent, à présent, un pôle démocratique dont nous sommes solidaires. Saurons-nous leur apporter un soutien loyal ? C'est difficile à croire ! Le retournement du Gouvernement français qui, en quelques semaines, est passé de la plus triviale connivence avec les dictateurs à une position agressive très ambigüe, ne rassurera que les naïfs. Les Lybiens qui veulent se débarrasser de leur potentat n'ont pas besoin, d'abord, de nos Rafales, même s'ils faut protéger les populations menacées, ils ont, bien davantage, besoin de liberté et par rapport à un dirigeant meurtrier et par rapport à la domination occidentale capitaliste.



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 21 mars 2011

À quand le séisme politique force 10, en France ?

Ces (petites) élections cantonales, mieux qu'un sondage, apportent des informations sur l'état de l'opinion qui font peur.

1 - La politique qui intéressent les Français est ailleurs : à plus de 55% d'abstentions, le tocsin pourrait se déclencher car l'offre politique est très inférieure à la demande. le pays a faim de politique et le brouet qu'on lui sert est insipide.

2 - Le FN est un gros tigre de papier, (à moins qu'il ne s'agisse d'une baudruche dans laquelle on souffle pour faire du bruit avec sa bouche...). Le (très relatif) succès du FN, qui n'aura peut-être aucun élu, (ce qui est inacceptable, en démocratie, puisqu'il est reconnu comme parti non interdit !) manifeste le refus du bipartisme PS-UMP, autant que le désespoir des citoyens maltraités qui ne voient plus en l'Europe qu'une menace.

3 - Le Front de gauche, déjà désuni, où le PCF reprend sa course vers une alliance tactique avec le PS pour garder des sièges, se satisfait d'avoir atteint 10% des votants ! Désespérant !

4 - Fukushima ou pas, les écologistes ne percent guère et sont loin de leur score des régionales. Les voila donc obligés de repasser sous les Fourches Caudines du PS. Retour en arrière affligeant vers une "gôche" plurielle qui appartient à un passé révolu.

5 - Le PS est content : il va augmenter le nombre des présidences des Conseils généraux qu'il occupe, sans doute plus de 60 ! Les vieux crocodiles ont encore des dents. le renouvellement des candidatures est minime. Mais surtout : rien de neuf à l'horizon ! L'appel aux républicains pour faire barrage au FN appartient aussi à un autre temps. Qui ne voit que c'est le contenu d'une politique qu'il faut disputer au FN qui n'a pas besoin d'élus pour peser sur le pays !

6 - Ne parlons pas de l'UMP en état de coma avancé, mais dont il peut sortir ! Son crime aura été de suivre un Président à la dérive mais président quand même... Et, à ça, on ne touche pas en France : c'est la clé de voûte ! Tous ceux qui sont juchés dans l'édifice et jouissent du paysage font comme si rien ne pouvait s'effondrer !
La Ve République est comme ces centrales nucléaires quelle a crées : elle ne peut que perdurer, sauf tremblement de terre politique...

7 - Les autres partis, tous, sont "à la ramasse", tournés vers eux-mêmes, oublieux que ce qui se passe leur est extérieur, installés dans un cadre relationnel brisé où ils peuvent se montrer mais où ils ne peuvent agir.

8 - La peur est aussi au cœur de la majorité des citoyens qui constatent que la voie électorale est bouchée, que nulles sont les perspectives d'amélioration de leur situation matérielle dégradées, et que l'on peut se retrouver en guerre, en quelques heures.

9 - Quant à l'angoisse engendrée par les retombées radioactives émises par des réacteurs japonais, impossibles désormais à maîtriser, elle ne peut que croître... car les certitudes s'effondrent en même temps que les mensonges se révèlent.



10 - Sortir de la glu politique visqueuse et collante qui immobilise les Français ne peut s'envisager que si trois conditions sont, à notre avis, remplies :
• changer des institutions monarchiques qui ont fait leur temps et qui ont été trahies depuis que, à l'inverse de son fondateur, De Gaulle, elles permettent à un chef de l'État désavoué de rester en poste !
• entrer dans une rénovation économique totale qui satisfasse deux exigences sans lesquelles l'avenir de notre civilisation n'est plus garanti : le partage effectif et impartial des richesses et du pouvoir de décider, d'une part, la prise en compte des contraintes écologiques conduisant à la fin de tous les gaspillages capitalistes, d'autre part.
• sortir du nucléaire civil et militaire qui ruine et menace la France mais qui, surtout, oblige à mener une politique sécuritaire, centralisée, mobilisatrice des crédits indispensables à la recherche et à la réalisation de l'exploitation des énergies non polluantes, renouvelables et alternatives.

À quand ce tsunami bienveillant, cette révolution non-violente, cette ré-surrection de l'espérance politique ?


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

dimanche 20 mars 2011

Nucléaire : pousser l'argumentation jusqu'au bout !



Nous publions, ici, un avis que nous ne partageons pas entièrement. Il a le mérite de baliser les questions auxquelles nous ne pourrons plus refuser de répondre. Nous estimons non seulement que le risque est inévitable, que les centrales coûtent si cher que le prix réel de l'électricité n'est pas ce qu'on nous dit, que des écologistes craignent plus le CO2 que l'atome, que l'indépendance énergétique ne dépend pas du nucléaire et que le terrorisme n'est pas le seul risque majeur encore à craindre ! Nous estimons que le nucléaire, militaire autant que civil, liés, sans retour, en cas de dispersion de la radioactivité, doit, année après année, être abandonné, en commençant dès à présent.

Explosions, radiations, évacuations. La catastrophe de la centrale de Fukushima a relancé, dans le monde, le débat sur l'énergie d'origine nucléaire : son utilité, ses risques, son avenir. Comme toujours, dans des débats passionnés, l'irrationnel domine chez les adversaires et partisans du nucléaire et, face à des peurs latentes, dans l'inconscient collectif dès que les mots d'atome, de radiation etde réaction nucléaire sont prononcés.

Dans le Washington Post, Michael Levi, directeur du programme sur la sécurité énergétique et le changement climatique du Conseil des relations internationales (Council on Foreign Relations), redresse les 5 mythes qui, selon lui, entourent l'énergie nucléaire.



1. Le principal problème avec l'énergie nucléaire est la sécurité
La sécurité est certainement une question critique du nucléaire, mais depuis de nombreuses années la principale question autour de cette source d'énergie est son coût. Pas seulement le coût de production de l'électricité, une fois la centrale construite, mais - en France on l'oublie souvent - le coût de l'investissement pour construire la centrale, l’entretenir, la protéger, recycler les déchets et la démanteler un jour.
«Aujourd'huil'électricité nucléaire est plus coûteuse que celle provenant du charbon et du gaz, principalement parce que les centrales sont extrêmement chères à fabriquer. Une étude du MIT de 2009 chiffrait à au moins 30% de plus le coût del'énergie nucléaire», explique Michael Levi.

2. Les centrales nucléaires sont des cibles faciles pour les terroristes
Il est facile de se faire peur avec un scénario d'attaque terroriste contre une centrale nucléaire. Après le 11 septembre, les hypothèses les plus invraisemblables ont été avancées. Le risque existe. L'expert nucléaire Matthew Bunn, de l'Université de Harvard, a montré comment une attaque bien organisée pourrait créer une situation comparable à celle de Fukushima avec de multiples défaillances des systèmes de sécurité. Mais il est, en fait, très difficile de s'attaquer à une centrale. On ne brise pas facilement des enceintes de confinement même avec des explosifs et on ne pénètre pas comme cela dans un centre de contrôle qui lui même possède de nombreuses sécurités automatiques.
Les plus vulnérables sont sans doute les piscines où sont entreposées les barres de combustible usagées.

3. La droite est pour le nucléaire et la gauche contre
La droite est clairement (en France comme aux Etats-Unis) favorable à l'énergie nucléaire,gage d'indépendance énergétique. Mais à gauche, c'est plus compliqué. Les écologistes, qui se sont construits, dans les années 1970, dans l'opposition au nucléaire sont confrontés à des positions très différentes, même parmi les défenseurs del'environnement. Avant Fukushima, certains d'entre eux estimaient que le nucléaire était peut-être la seule solution pour réduire ou mieux contrôler les émissions de gaz à effet de serre.

4. Le nucléaire est la clé de l'indépendance énergétique
Quand les gens parlent d'indépendance énergétique, ils évoquent notamment le pétrole que nous importons. Quand ils parlent de nucléaire, ils parlent d'électricité. Plus de nucléaire ne signifie pas forcément et en l'occurrence quasiment pas, moins de pétrole importé.
Tant que les automobiles, les camions et les avions ne fonctionneront pas à l'énergie électrique, et ce n'est certainement pas dans un futur proche, nucléaire ne peut pas rimer avec indépendance énergétique.

5. Les progrès technologiques peuvent rendre le nucléaire sans risque
La technologie peut augmenter et augmente la sécurité. Les réacteurs de Fukushima sont d'une technologie assez ancienne. Les réacteurs de nouvelles générations seront refroidis de façon passive ce qui signifie que, même en cas de panne de leursystème de refroidissement, une fusion du cœur sera impossible.
Pour autant, des vulnérabilités liées à une succession d'événements imprévus ou mal contrôlés existeront toujours. Toutes les formes d'énergie comportent des risques pour les hommes et pour l'environnement: les barrages se brisent, les plateformes pétrolières explosent, les mines s'effondrent…