jeudi 30 juin 2011

Des indignaos aux aganaktismenois

D'un bout à l'autre de l'Europe, nous sommes indignés

Tout tient en cette phrase : "Ce sont ceux qui ne sont pas responsables de la crise qui en portent le fardeau." Ou bien celle-ci encore : « qui peut accepter qu’un remède soit pire que le mal ? »

Le Parlement grec n’a pas voté librement mais sous la pression, celle des instances européennes, qui exigent toujours plus de sacrifices pour « sauver la Grèce » (comprendre lui « consentir » des prêts à un taux qui la saigne à blanc).

Quand on oppose la volonté populaire et l’intérêt général, il y a gros à parier que quelqu’un ment et que c’est la démocratie qui en fait les frais !

Le peuple grec, indigné et révolté, est puni pour des erreurs qu’il n’a pas commises.

Les « aganaktismenois » (les « indignés » en grec) luttent non seulement pour eux-mêmes mais pour nous.


L’Union européenne trahit l’Europe. C'était prévisible après que le Traité de Lisbonne a effacé les refus référendaires français et néerlandais de la Constitution libérale proposée en 2005. Elle impose sa loi d’airain, appuyée sur les grandes banques qui prêtent aux États et les tiennent sous leur coupe.


Faire cesser la domination de la finance internationale sur les politiques publiques : tel est l’enjeu.


La démocratie née en Grèce va-t-elle y mourir ?

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 20 juin 2011

La voix de Mélenchon ne porte pas assez loin

dimanche 19 juin 2011

Même motif, même punition, pas sûr !


"J'me casse!" Et bien ... casse toi !

En plein enregistrement d'une émission télévisée sur le nucléaire français, le ministre de l'Industrie a quitté précipitamment le plateau de tournage. La chaine diffusait le témoignage d'un ancien sous-traitant chargé de la sûreté des centrales nucléaires, lorsque le ministre ulcéré, jetant son micro, s'est levé pour partir en disant : "Allez, je vous laisse. Je me casse. Fait chier." Et s'en allant, il aurait rajouté : "j'me barre ".

Mon petit-fils de 18 ans, qui a tenu, il y a quelques temps, à peu près les mêmes propos à l'encontre de sa professeure de philo, qui cherchait à connaître son niveau de connaissance sur la République de Platon a écopé, fort justement, d'une mise à pied de 3 jours.
Il vient de me demander si le ministre de l'Industrie va écoper, lui aussi, d'une mise à pied de trois jours du gouvernement.
En regardant mes chaussures, j'ai été obligé de lui répondre que la loi n'est pas la même pour tout le monde et que les ministres qui, justement, font les lois, ne se les appliquent pas.

Le monde est vraiment injuste...



Jean-Claude Vitran, avec la complicité de Jean-Pierre Dacheux

mardi 14 juin 2011

Le référendum : un chemin d'expression populaire


Il ne suffit pas de se réjouir du résultat de la consultation qui, hier 13 juin -date mémorable-, a écarté, pour longtemps, en Italie, la privatisation de l'eau, le retour du nucléaire (déjà repoussé par référendum, en 1987 !) et le droit à ne pas se présenter devant la justice quand on est un dirigeant du pays !

Les peuples se cherchent. Le référendum est l'un des moyens par lesquels il fait entendre sa voix. De l'intérieur des partis, à l'extérieur des partis, les citoyens qui ne font pas de la politique un métier mais un service, veulent aller au-delà des systèmes de représentation qui permettent la confiscation des intentions populaires.

Évidemment, le risque d'une récupération par la droite extrême, n'est pas négligeable. Cependant l'argument selon lequel, il faut vivre avec le mauvais pour éviter le pire ne fonctionne plus.

On nous a, pendant des années, rappelé, chaque jour, que la dictature était moins dangereuse que le fanatisme. Bien sûr, ce n'est pas ainsi qu'on a voulu nous en convaincre, mais en tolérant les régimes qui écrasait leur peuple car, nous disait-on, ils étaient des remparts face au terrorisme islamiste.C'est allé jusqu'à inviter et honorer des chefs d'État criminels, ceux-là même qu'on cherche à évincer, à présent, y compris, parfois, par la force, ou à coup de résolutions à l'ONU !

La droite aux affaires, en France, a bien saisi que la conjoncture ne lui est pas favorable et donc qu'il fallait "faire semblant" d'aller vers ce qui se profile et qu'elle veut pourtant éviter à tout prix : la démocratisation du débat politique et son débouché sur des décisions d'avenir. On masque donc ; on ment ; on arrange les faits ; on tente de faire peur encore. "Si vous ne me choisissez pas, vous aurez Le Pen" (çà, c'était quand Nicolas Sarkozy était en position d'être, toujours, au second tour des élections présidentielles de 2012.). "Si vous ne choisissez pas les socialistes, le drame de 2002 se reproduira" (ça, c'était avant Fukushima et avant le tsunami politique déclenché par l'affaire DSK).

La droite, oui, la droite, sous ses deux visages, ultra libéral et social-libéral, jouait gagnante à tout coup. Quand on se dirigeait vers un choix contraint (Sarkozy ou Strauss-Kahn), on le sait, à présent, c'était l'enfermement entre deux variantes du même jeu : le capitalisme hard ou le capitalisme soft.

Le parti socialiste portera longtemps les traces de cette complaisance que représentait la candidature DSK. Le PS, machine à gagner les élections, dans le système institutionnel français s'est enrayée et qu'elle mette, ou pas, Hollande ou Aubry à l'Élysée, c'en est fini de la politique d'alternance. Il faudra bien que des alternatives surgissent, et l'on voit mieux où, grâce à ce sursaut italien : la priorité au service public, le renoncement aux énergies qui épuisent la planète et lui nuisent, l'institution de nouvelles règles de fonctionnement démocratique.

Le triple référendum italien, après "le printemps arabe", après les manifestations des "indignés", après les refus de laisser s'incliner l'Europe devant la domination des banques (en Grèce, au Portugal, en Islande et souvent ailleurs...) ouvre un nouvel espace politique en Europe. Ou bien les partis dits de gauche y entreront, ou bien ils seront balayés et remplacés par des forces émergentes qui ne toléreront plus très longtemps d'être instrumentalisées par des professionnels de la politique qui, pour beaucoup, ont cessé de servir l'intérêt général.


La jeunesse a mis la fleur au poing

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

jeudi 9 juin 2011

Après la gauche

C'est le tire d'un film qui passe, ce jour même, sur les écrans d'Utopia, à Saint-Ouen l'Aumône, en Val d'Oise.



Dans Après la gauche, 13 personnalités de la gauche d’hier s’expliquent devant les caméras posées par Jérémy Forni, Geoffroy Fauquier et Gaël Bizien sur ce qu’il reste de la gauche pour notre génération.

Alors que le Portugal est passé à droite et que les socialistes espagnols sont concurrencés par la rue, toute l’Europe se pose la même question : y-a-t-il encore une gauche européenne ?

Depuis que voter à gauche conduit à se livrer à la droite, sans choix ni espérance, les citoyens préfèrent s'en remettre à ceux qui font ce qu'ils disent, même si c'est pour leur faire très mal ! Le pouvoir leur a été confisqué, mais aussi les mots et les valeurs eux-mêmes !

Le PASOK en Grèce, et les socialistes, au Portugal ou en Espagne, sont impuissants à empêcher de "faire payer les pauvres". Ils se trouvent disqualifiés. En France, le PS a failli confier notre sort à DSK qui n'a pas que son addiction sexuelle pour effrayer, mais une addiction à l'argent, au système capitaliste, beaucoup plus dangereuse encore pour l'humanité. Ne parlons plus de Tony Blair qui convertit le Labour au Capital.

Depuis qu'elle ne se réfère plus à ce qui l'a fondée, la gauche n'est plus .

Cependant, ce qui est à l'origine du mouvement ouvrier, au sein duquel agirent les partis (communiste, socialiste ou troskyste..., notamment) a-t-il encore une existence ? Autrement dit, faute de partis "de gauche", y a-t-il encore une pensée et une action "de gauche", en France et en Europe ?

Le fétichisme des mots nous rend difficile d'abandonner nos repères linguistiques. Alors on lance, par défi : "la gauche est morte, vive la gauche"... Et si la gauche était définitivement obsolète... Et si les exploités, les humbles et les pauvres n'avaient plus d'autre choix que de se prendre en main eux-mêmes, sans déléguer le pouvoir d'agir à ceux qui n'agissent pas ?



Le "printemps arabe", "les indignés" n'ont que faire de simples victoires électorales qui seraient à l'origine de changements, puisque les seules élections qui modifient les rapports de force parlementaires sont celles qui suivent et non pas précèdent les changements.

Le spectacle quotidien, révoltant, du fonctionnement d'une société où rien ne bouge, sauf le gonflement des privilèges et l'engourdissement culturel des citoyens, dominés par la logique mercantile et la publicité, donne à penser, contradictoirement, que nous serions obligés, tout à la fois, de chercher comment échapper à un monde dont nous ne pourrions nous échapper !

On appelle cela, en philosophie, une aporie, c'est-à-dire, dit le Robert, une "difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue". Sortir du capitalisme, du nucléaire, de la Ve République et de la croissance, en même temps, est bien plus qu'une utopie, c'est une chimère, une illusion, un fantasme, mais c'est, pourtant, ce vers quoi il faut tendre si l'on veut éviter à l'espèce humaine une ruine jamais encore connue, sur une planète plus peuplée que jamais.

La gauche, les gauches, ce qu'on nomme gauche, offrent des perspectives sans prise sur le tsunami écologico-économique qui nous submerge. Le réchauffement climatique, la surproduction (couplée à la misère), le surenrichissement des maîtres de l'économie (auquel on nous habitue et qui n'est plus même scandaleux bien qu'abject), le déséquilibre des revenus entre les populations (au hasard de leur répartition géographique !), la catastrophe de Fukushima (avec ses suites et conséquences), tout cela bouleverse profondément nos analyses et notre quête d'un mieux vivre. Faire face à cette situation va bien au-delà d'une simple exigence de meilleure justice sociale. Il y va de notre peau et la révolution à opérer n'est pas seulement quantitative mais qualitative. La gauche que nous avons connue, celle qui perdure tant bien que mal, est bien incapable d'assumer les luttes de cette révolution-là.

Faut-il abandonner la gauche pour réaliser ses objectifs, ceux-là même qu'elle a annoncés, conçus, formalisés au XIXe siècle, puis considéré comme dépassés ? La période sarkozyste nous aura permis de constater jusqu'à quels excès une politique de la domination peut conduire, mais elle aura permis plus : nous convaincre que l'opposition politique peut n'être pas une rupture mais un simple remplacement, un changement de style, ce qui est vain.

Après la gauche, il faut, à court terme, tenter la politique écologique qui, bien sûr, nous décevra elle aussi, mais qui peut ouvrir quelques passages vers d'autres champs d'action pouvant être retravaillés. De ce qui nous est laissé, en cette fin de printemps, il n'y a plus grand chose qui vaille d'être rénové. Tout est à réinventer. Saurons-nous le faire ?

Il ne suffira pas, après la gauche, de changer de politique, il faudra changer la politique elle-même.

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http://www.cafebabel.fr/article/37781/apres-la-gauche-y-a-t-il-gauche-en-europe-.html
http://www.mediapart.fr/content/apres-la-gauche-continuer-le-combat
http://tto45.blog.lemonde.fr/2010/11/25/reinventer-la-politique-double-parution-aux-editions-utopia/










Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran