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mardi 14 juin 2011

Le référendum : un chemin d'expression populaire


Il ne suffit pas de se réjouir du résultat de la consultation qui, hier 13 juin -date mémorable-, a écarté, pour longtemps, en Italie, la privatisation de l'eau, le retour du nucléaire (déjà repoussé par référendum, en 1987 !) et le droit à ne pas se présenter devant la justice quand on est un dirigeant du pays !

Les peuples se cherchent. Le référendum est l'un des moyens par lesquels il fait entendre sa voix. De l'intérieur des partis, à l'extérieur des partis, les citoyens qui ne font pas de la politique un métier mais un service, veulent aller au-delà des systèmes de représentation qui permettent la confiscation des intentions populaires.

Évidemment, le risque d'une récupération par la droite extrême, n'est pas négligeable. Cependant l'argument selon lequel, il faut vivre avec le mauvais pour éviter le pire ne fonctionne plus.

On nous a, pendant des années, rappelé, chaque jour, que la dictature était moins dangereuse que le fanatisme. Bien sûr, ce n'est pas ainsi qu'on a voulu nous en convaincre, mais en tolérant les régimes qui écrasait leur peuple car, nous disait-on, ils étaient des remparts face au terrorisme islamiste.C'est allé jusqu'à inviter et honorer des chefs d'État criminels, ceux-là même qu'on cherche à évincer, à présent, y compris, parfois, par la force, ou à coup de résolutions à l'ONU !

La droite aux affaires, en France, a bien saisi que la conjoncture ne lui est pas favorable et donc qu'il fallait "faire semblant" d'aller vers ce qui se profile et qu'elle veut pourtant éviter à tout prix : la démocratisation du débat politique et son débouché sur des décisions d'avenir. On masque donc ; on ment ; on arrange les faits ; on tente de faire peur encore. "Si vous ne me choisissez pas, vous aurez Le Pen" (çà, c'était quand Nicolas Sarkozy était en position d'être, toujours, au second tour des élections présidentielles de 2012.). "Si vous ne choisissez pas les socialistes, le drame de 2002 se reproduira" (ça, c'était avant Fukushima et avant le tsunami politique déclenché par l'affaire DSK).

La droite, oui, la droite, sous ses deux visages, ultra libéral et social-libéral, jouait gagnante à tout coup. Quand on se dirigeait vers un choix contraint (Sarkozy ou Strauss-Kahn), on le sait, à présent, c'était l'enfermement entre deux variantes du même jeu : le capitalisme hard ou le capitalisme soft.

Le parti socialiste portera longtemps les traces de cette complaisance que représentait la candidature DSK. Le PS, machine à gagner les élections, dans le système institutionnel français s'est enrayée et qu'elle mette, ou pas, Hollande ou Aubry à l'Élysée, c'en est fini de la politique d'alternance. Il faudra bien que des alternatives surgissent, et l'on voit mieux où, grâce à ce sursaut italien : la priorité au service public, le renoncement aux énergies qui épuisent la planète et lui nuisent, l'institution de nouvelles règles de fonctionnement démocratique.

Le triple référendum italien, après "le printemps arabe", après les manifestations des "indignés", après les refus de laisser s'incliner l'Europe devant la domination des banques (en Grèce, au Portugal, en Islande et souvent ailleurs...) ouvre un nouvel espace politique en Europe. Ou bien les partis dits de gauche y entreront, ou bien ils seront balayés et remplacés par des forces émergentes qui ne toléreront plus très longtemps d'être instrumentalisées par des professionnels de la politique qui, pour beaucoup, ont cessé de servir l'intérêt général.


La jeunesse a mis la fleur au poing

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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