mercredi 29 septembre 2010

La France que nous aimons

"La France on l'aime ou on la quitte" clamait l'extrême droite. Serons-nous bientôt mis à la porte pour délit de manque d'amour ? Nous n'en sommes peut-être pas loin, mais de quelle France s'agit-il donc ?

La France de Raymond Depardon, - ce photographe de génie qui expose à la Bibliothèque "nationale"-, la France de Jean Ferrat -"Ma France", un chant qui est resté au fond de nos esprits, la France des Droits de l'homme, bref la France, ne peut être la France de M. Besson.



Osons le dire : nous vivons dans une autre France, un autre monde que ceux qui s'apprêtent à voter la énième loi sur l'immigration ! De cette France là, la France qui trie, qui rejette et qui est la France des riches, nous ne faisons plus partie. Nous vivions dans un pays complexe et contradictoire, qui permettait non seulement de dire ce que l'on pense mais d'espérer un mieux pour nos enfants. C'est fini !

La France est cassée. Rebâtissons-la. Il n'a pas fallu de nombreuses années pour effectuer cette "rupture". On n'a pas rompu avec un passé obsolète ou une société dépassée, on a rompu, on a brisé, on a fracturé ce qui constituait l'architecture du pays : ce qui le rendait solide, la solidarité, c'est-à-dire le partage !

Il est grand temps de le dire : nous ne voulons pas de cette France-là, impitoyable, dure aux pauvres, complice des riches, injuste, intolérante, brutale, qui nous fait honte.

La France qui se fait montrer du doigt dans toute l'Europe ne peut être la France. Serait-elle mythique, la France dont les autres hommes de la Terre rêvent est celle qui fait encore penser qu'on peut marier Liberté, Égalité et Fraternité. La France sarkoziste tue, jour après jour, l'espoir en un avenir plus heureux; elle ne peut donc être la France.

La France qui fiche n'est pas la France. La France qui chasse n'est pas la France. La France du fric n'est pas la France.

La France rime avec espérance. La France est un petit pays grand par ce qu'il offre comme pensée au monde entier. La France doit redevenir la France. Elle ne l'est plus.

Ce qui se passe au Parlement, en ce jour, est sans intérêt. On en rira dans vingt ans. à moins qu'on ne pleure encore... Regardons devant nous : la France a besoin d'un nouvel avenir. L'Europe a besoin d'une France digne. Tous les habitants de la planète Terre ont besoin de la France qu'on aime.

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Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 27 septembre 2010

Du terrorisme

Terrorisme. Le mot agace. Il est utilisé à tous propos. Jadis, c'était le communisme. On a changé de diable. Comme pendant la guerre 1939-1945, au cours de laquelle tout ennemi des nazis était un "terroriste", aujourd'hui tout ennemi de l'occident (comprendre : occident capitaliste, donc "démocratique"...) est un terroriste.

Il y a terrorisme quand on fait vivre autrui systématiquement sous la terreur. Car c'est un système : la politique de ceux qui veulent dominer par la violence ceux qui, sinon, ne se soumettraient pas. C'est dire si le terrorisme est une vieille histoire et s'il est encore la chose du monde la "mieux" partagée !

Il y a, en effet, des terrorismes et pas le terrorisme. Quand Charles Pasqua voulait "terroriser les terroristes" il instituait un terrorisme d'État (licite), face à un terrorisme, bien sûr venu de l'étranger (illicite). La France vit, depuis des années, sous le régime du "plan vigie pirate" et s'il en est que rassure la présence de militaires visiblement bien armés, dans nos gares, on peut aussi y voir la preuve d'un formidable échec : la menace terroriste, vague mais réelle, accompagne toute notre vie quotidienne. Autrement dit, la paix civile que connaissent nombre de pays d'Europe n'est plus qu'un espoir toujours reporté à plus tard, chez nous, en France.


Protégées ?

Mais sortons de l'hexagone (loin, entre parenthèses, d'être partout sous la menace d'Al Qaïda !). Où sont les terrorismes ? Ils sont partout, multiformes, là où la terreur est une politique. I

Quand Handicap international rappelle, à l'occasion de sa 16e campagne, que la présence encore innombrable de mines antipersonnels constitue une guerre permanente, cela signifie que nous continuons de vivre dans une terreur qu'ont voulu les États qui ont fait la guerre au Vietnam, au Cambodge, au Yémen ou ailleurs. Et tous les pays où l'on fabrique encore ces armes perverses, indétectables, mortelles, abritent le terrorisme.

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Le crime est de laisser accroire que le terrorisme, c'est les autres. George Bush avait osé prétendre que nous étions "les bons" face aux terroristes, les méchants. Cette coupure entre les anges et les diables appartient non à la réalité mais à l'idéologie qu'on nous distille mot à mot, jour après jour. En France, c'est devenu un chapitre de la doxa gouvernementale.

L'exploitation des hommes est un terrorisme qui engendre le terrorisme. Les enlèvements de personnel d'Areva au Niger sont des actes terroristes faits pour inspirer la peur en France, mais n'oublions jamais que l'exploitation de l'uranium au Niger par la France, pour la fabrication de ses armes nucléaires, est doublement terroriste parce qu'elle maintient en Afrique une présence industrielle française de type colonial avec des risques environnementaux effroyables, et parce que les bombes sont faites -c'est la doctrine même de la dissuasion !- pour terroriser, d'avance, nos ennemis potentiels.

Le terrorisme est la loi du plus fort ou de celui qui veut le devenir. Et cela jusqu'à la contradiction suprême car les fanatiques qui font de la religion leur arme totale (que ce soit, comme on le voit, en Afghanistan, en Israël ou aux USA) bénéficient des services de ces marchands d'armes qui leur offrent tous les moyens de se dresser contre les sociétés où se développent leurs propres entreprises criminelles.

Cessons donc de croire que nous ne serions pas nous-mêmes complices du terrorisme. Notre culte de la violence et, pire, notre volonté de domination ainsi que notre industrie militaire géante fabriquent du terrorisme chez nous et contre nous. Nous avons trop longtemps fermé les yeux sur le contenu de nos productions tant que nos entreprises procuraient du travail ! Le capitalisme aussi est un terrorisme, le pire peut-être à long terme.

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Bombe à sous- munitions : telle une gousse de fruits funestes...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

dimanche 26 septembre 2010

Une société déshumanisée, primaire et inculte.

Le monde occidental se vante d’être un monde civilisé, de raffinement et de savoir-vivre. Les USA en font partie. Pourtant, aux USA, dans l’état de Virginie, le bourreau a assassiné Teresa Lewis.


Le bourreau ou le juge qui envoie quelqu'un qui porte un nom -ici Teresa Lewis- vers la mort n'est pas plus humain que l'assassin !

Cette femme avait été condamnée à être exécutée pour avoir laissé la porte de la caravane où elle vivait, ouverte pour que ses deux complices y pénètrent et tuent son mari et son beau-fils, afin d'empocher les assurances-vie.

Elle a été la seule des trois protagonistes à être condamnée à mort pour des meurtres qu’elle n’a pas physiquement commis. Ses deux complices, qui
ont exécuté les deux victimes, ont été condamnés à la prison à perpétuité. Le tribunal avait pourtant reconnu qu’elle était dotée d’un QI de 72, (la limite de la déficience mentale - en deçà de laquelle la cour suprême interdit les exécutions - est fixé à 70) ! Elle est la 12ème femme exécutée aux Etats-Unis depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Dans le même temps, 1 215 hommes ont été mis à mort, dont 107 en Virginie, État le plus "actif" après le Texas. Elle est également la première femme exécutée en Virginie depuis... 1912.

Qu’elle soit débile mentale ne change rien à l’affaire car une nation qui pratique la peine de mort est une nation barbare. Cette nation se pense civilisée car elle emploie des techniques de mort douce, tranquille, par injection mortelle. Cette hypocrisie est le comble de la perversité.

Nous avons décidé de vous tuer, mais vous aller mourir tranquillement, « humainement », comme le chien qu’on euthanasie. Mais sait-on ce qui se passe dans la tête des condamnés à mort ? Sait-on quelles tortures ils endurent avant leur exécution qui peut avoir lieu de longs mois, sinon plusieurs années après la condamnation ?

Des journalistes ayant assisté à l'injection mortelle ont indiqué que Teresa Lewis semblait nerveuse et effrayée en entrant dans la salle où s'est déroulée l'exécution. On est tout de même rassuré car le porte-parole des autorités pénitentiaires de l'État de Virginie a affirmé : « Il n'y a pas eu de complication », en ajoutant avec un cynisme confondant : « Peu de temps avant l'injection, elle a pris une douche, puis son dernier repas, constitué de poulet, haricots verts, gâteau au chocolat et tarte aux pommes ».

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Dis moi comment tu traites les prisonniers, je te dirai dans quelle civilisation tu vis.

C’est une nation de brutes et d’arriérés que cette nation qui pratique encore sur son sol « l’assassinat d’État » et qui veut donner des leçons à l’Iran parce qu’elle veut faire périr une femme adultère par lapidation.

Il est vrai que cette nation qui ne reconnaît pas sa responsabilité à Hiroshima et Nagasaki, qui généralise le port d’armes, qui construit sur sa frontière avec le Mexique un mur de 3200 kilomètres, qui pratique couramment la torture et a inventé GUANTANAMO, n’a pas beaucoup à apprendre des autres nations barbares.

L’hyper technologie ne rime pas avec la civilisation ; une société pour qui la vie n’est pas une valeur sacrée et pratique la peine de mort n’est pas une société civilisée.

C'est une société déshumanisée, primaire et inculte.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 19 septembre 2010

Le retour des démons

Nous empruntons à Laurent Mucchielli un texte. Il nous prévient. Tous les signaux d'alarme sont au rouge. Debout la République !
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


Laurent Mucchielli, sociologue

Hortefeux fli
rte avec les démons xénophobes et populistes Un air nauséabond souffle sur la France, et l’on comprend que c’est un peu toute la planète qui s’en aperçoit quand on voyage ou qu’on lit la presse étrangère. Quelque chose est en train de se passer au « pays des droits de l’homme ».

Les vieux démons de la xénophobie et du populisme antirépublicain avaient peut-être été enterrés trop vite. En 2009, le débat sur « l’identité nationale » avait déjà mis quelques puces à quelques oreilles. Mais après tout, la question paraissait en soi légitime. Et puis comme les ficelles politiciennes étaient trop grosses et que le prétendu « grand débat » tourna au café du commerce, la baudruche se dégonfla rapidement. Chassés par la porte de l’entrée « immigration », les vieux démons sont pourtant en train de revenir par la fenêtre « sécurité ». Xénophobie, populisme et antirépublicanisme.

Depuis le mois de juillet, en effet, il ne s’agit plus simplement de désigner des problèmes de délinquance précis et de leur déclarer la guerre. Il ne s’agit plus seulement de lutter contre la délinquance et ses figures-repoussoirs habituelles (les bandes de jeunes, les fous criminels sexuels). Cela, nous le connaissions depuis longtemps, et le petit jeu qui va avec : la droite contre la gauche, les syndicats de police contre les magistrats, les emballements médiatiques à chaque fait divers sortant un peu de l’ordinaire (un ordinaire fait de petits problèmes qui concernent un peu tout le monde dans la vie quotidienne, ce qui n’intéresse évidemment personne).


Le xénophobe se protège de ses propres idées

Mais depuis cet été, quelque chose a changé : le gouvernement actuel s’attaque désormais à des catégories de population. C’est le démon de la xénophobie qui s’agite. Mais il ne revient pas seul. Son petit frère, le démon du populisme et de l’anti-républicanisme, n’est jamais loin. Plusieurs indices de sa présence ne trompent pas. D’abord, ce démon aime qu’on vénère les chefs, qu’on ne discute pas l’autorité, qu’on ne perde pas de temps à parlementer et qu’on ne fasse pas de compromis. Si le Chef dit quelque chose, cela doit devenir immédiatement réalité ! Ce satané démon… Le démon ne supporte pas la séparation des pouvoirs, ni l’indépendance de la justice, ni la liberté des journalistes, ni l’autonomie relative des fonctionnaires, pas même la légitimité des élus locaux. On est avec lui ou contre lui, et tout est bon pour réaffirmer son pouvoir. Le mensonge n’est pas glorieux mais il est nécessaire, le démon a dit qu’on ne devait pas hésiter.

On pourra toujours dire plus tard « je ne savais pas » (que j’avais sur mon bureau une circulaire sur l’expulsion des Roms) ou « vous m’avez mal compris » (je parlais des Auvergnats, pas des Arabes). Le principe est clair : nul ne doit résister. Ainsi le démon pousse t-il le Chef à détourner les missions de l’administration pour protéger un de ses lieutenants quand le scandale menace.

Il pousse aussi un autre à dire que ceux des élus qui ne pensent pas comme on doit penser (par exemple sur la vidéosurveillance) sont des traîtres et que c’est à cause d’eux que tout va mal. Il pousse encore le Chef, son staff et un truc qui s’appelle le Parlement à laisser le ministre de l’Intérieur réformer la justice des mineurs (en instaurant la comparution immédiate pour eux) au mépris des travaux en cours au ministère de la Justice.

Il a même soufflé hier au même ministre de l’Intérieur (récemment condamné par cette maudite justice à cause des pressions du démon de la xénophobie) que les magistrats ne devraient plus être des fonctionnaires d’Etat mais des personnes élues localement. Et pour les « rapprocher du peuple » encore plus, il pense comme le Chef qu’on pourra leur adjoindre des jurés populaires au tribunal correctionnel. Monsieur Hortefeux, êtes-vous prêt à rétablir la peine de mort ?

Allez monsieur Hortefeux, avouez-le, ce satané démon vous a déjà soufflé à l’oreille que vous devriez aussi essayer de rétablir la peine de mort, non ? Franchement, ça ne rime à rien de tourner autour du pot en allongeant tout le temps la durée des peines, en enfermant des malades juste au cas où, tous ces trucs qui coûtent très cher en plus. Ce serait tellement plus simple et tellement plus économique. Et la médecine a fait de grands progrès, ça serait parfaitement indolore. Au fait, vous allez rire, un de mes collègues qui vit aux Etats-Unis (il s’appelle David Garland) vient tout juste de publier un livre qui explique pourquoi la peine de mort est encore en vigueur dans une douzaine d’Etats américains alors qu’on l’a abolie partout ailleurs en Occident. Et vous savez quoi ? Il montre que l’une des raisons, c’est précisément que les juges sont élus par la population locale. En effet, quand un drame survient (meurtre, viol, acte de pédophilie), que l’émotion est à son comble et que les médias locaux majoritairement populistes soufflent sur les braises, alors ces représentants de la loi préfèrent satisfaire le désir de vengeance du peuple plutôt que risquer de perdre leur siège aux prochaines élections.

Ah, les élections… C’est vrai que 2012 approche. Dites-nous, mesdames et messieurs qui détenaient le pouvoir et qui recevaient à dîner ces démons de plus en plus souvent, jusqu’où êtes-vous prêts à aller exactement ?
Laurent Mucchielli



Dehors tous les gueux ?

mercredi 15 septembre 2010

La démocratie malade de la xénophobie anti-Roms

Les membres de la Ligue des Droits de l’Homme ne sont pas bien-pensants non plus que milliardaires de gauche, mais ils savent que, quand l’incompétence et l’échec sont patents, le pouvoir a besoin de bouc émissaire pour maquiller ses défaillances.


Il faut reprendre le constat de Patrick Chamoiseau : « de vieilles ombres sont de retour et nous regardent sans trembler ». Ces ombres nous rappellent les années 1934 - 1935.



C’est ce que nous sommes en train de revivre dans notre pays, car l’idée de démanteler les campements de Rroms n’est pas une tocade présidentielle qui daterait du discours de Grenoble. Non, déjà une circulaire du ministère de l’intérieur du 24 juin ordonnait aux préfets de procéder aux évacuations. Il s’agit donc bien d’une politique délibérée qui vise une population déterminée.


Aujourd’hui, par cette politique, le pouvoir instille dans la tête des citoyens mal informés, culturellement plus fragiles, l’idée que les maux dont souffrent la société – le chômage, les violences, les angoisses face aux crises qui se superposent- sont de la faute des Tsiganes. Désigner un bouc émissaire est tellement plus pratique que de chercher des remèdes et de se remettre en question.


Et ne vous y trompez pas, de cette démarche le racisme n’est jamais absent ! On stigmatise les plus précaires, ensuite ce sera l’Arabe, le Juif, l’homosexuel, le handicapé, l’intellectuel et l’opposant politique.

La grande force du racisme est, comme le disait Hannah Arendt, sa banalité.


Le raciste n’est généralement pas un monstre, c’est un respectable père de famille qui, plein de compassion et de bonnes intentions, désire rééduquer les brebis égarées qui sont sales, méchantes, menteuses, voleuses ou bien, plus fort encore, qui sont sales, méchants, menteurs et voleurs de naissance, de père en fils, depuis des générations, irrécupérables, et qu’il faut éliminer.


Criminel est celui qui est d’une certaine ethnie, d’une certaine religion, d’une certaine philosophie.


Depuis l’été 2010, on drague dans les marécages du racisme et de la xénophobie. Les discours que nous entendons sont tous de cette veine : ils sont nauséabonds car nourris du populisme le plus bas, celui qui semble volontaire mais qui privilégie l’action à la réflexion, et qui véhicule le mépris pour la culture et la pensée.


Comment est-il possible qu’en 2010 nos dirigeants ait un tel trou de mémoire ? Comment leur rappeler que près de 700 000 tziganes furent anéantis à Auschwitz et ailleurs ?


Et qu’ils ne nous disent pas que cela n’a aucun rapport, que notre propos est exagéré, le début du chemin est le même : les gendarmes, dans la plaine de Pierrelaye ne font-ils pas, actuellement, des photos anthropométriques de Rroms comme cela se pratiquait jadis ?


C’est justement le début du chemin et c’est lui qui compte.


Même la Commission Européenne par la bouche de Mme Reding s’inquiète et dit : « Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale ».


Pour terminer, une triste réalité de l’inégalité de cette démocratie malade :

Quand un rom viole la loi, c’est mal, mais quand l’Etat viole la loi, c’est la France qui la viole ! Je pense au non-respect de la loi Besson, (Louis, le socialiste), je pense aussi au non-respect des lois sur la présomption d’innocence ou sur la violation du secret des sources journalistiques dont on parle actuellement. Et bien d’autres, puisque les lois doivent être respectées seulement par les faibles, quand les forts s’en affranchissent.


Nous affirmons que le pouvoir devra admettre que parmi les soi-disant bien-pensants se trouvent aussi des mal-pensants comme le sont les membres de la Ligue des Droits de l’Homme.


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Marianne a toujours été une mal-pensante


Jean-Claude Vitran

lundi 13 septembre 2010

Le retour de la République

" Sous la IVème République, il n'y avait, en réalité, qu'un pouvoir : l'Assemblée ; le Gouvernement n'existait plus, il était dominé, écrasé, phagocyté par le Parlement. Sous la Vème, il n'y a de nouveau qu'un pouvoir : l'exécutif, le Gouvernement ou plutôt le Président ; l'Assemblée ne joue aucun rôle, sinon de pure figuration. On est passé d'un extrême à l'autre".
Pierre Mendès-France

République et Démocratie

On a eu beau parler, au siècle dernier, de "la Nouvelle République" (1), le mot république avait pris le sens que lui donnaient les Républicains made in USA : le société gouvernée par les élites. La République gaullienne était de nature présidentialiste. La Vème République, en dépit de ses évolutions, l'est restée.

Quand Jean-Pierre Chévénement parlait de République, il faisait appel, lui aussi, à un État fort, sévère et juste, très réticent devant la décentralisation, la régionalisation et l'Europe politique.

Cette République-là se distinguait de la démocratie quand elle ne s'en s'éloignait pas ! La "République moderne" mendésiste, au contraire, voulait un équilibre des pouvoirs qui ne réduise pas la République à une "monarchie républicaine".

Le temps passe. La République se réveille de la léthargie dans laquelle elle a été plongée. Sous jacente aux institutions, elle s'en détache parce que la res-publica, "la chose publique", est passée derrière les intérêts privés que les gouvernements français ont privilégiés. Le gouvernement actuel a dépassé les bornes en rendant publique sa connivence avec les puissances d'argent. Auparavant, la solidarité avec les capitalistes se faisait discrète; on respectait des formes. Non seulement cette prudence a cessé mais, en même temps, des événements appelés "crise" ont mis en doute la nécessité d'associer le capitalisme à la démocratie.

Alors l'idée républicaine a refait surface ! La démocratie qui est l'association plus ou moins forte des citoyens aux décisions politiques a été rejointe par la République qui est l'organisation politique où prime l'intérêt général. La République qui fut, d'abord, le rejet du pouvoir absolu, ne se reconnait pas dans "l'exercice solitaire du pouvoir" condamné par François Mitterrand et si bien exercé par lui. La République n'a rien à voir avec le gouvernement ultra centralisé, "élyséen", que nous voyons à l'œuvre ! En clair, la Vème République n'avait gardé de la République que ce que De Gaulle y avait laissé : s'obliger à s'incliner devant une décision populaire exprimée par référendum. Dès que cette obligation même a été "oubliée", conduisant à la cohabitation, cette fiction démocratique, la République a cessé d'être ce qu'elle est !

La République n'est pas une Constitution numérotée ! La République est un vivre ensemble organisé où les choix sont ceux qui font de "la chose publique" la priorité. Il est des Républiques défigurées qui portent un nom mais n'ont plus la substance républicaine, laquelle est nécessairement démocratique parce que la chose publique est la chose de tous.

Si, à l'occasion du prochain scrutin présidentiel, n'est pas mise en avant la question vitale pour le pays, (la restauration d'une République au contenu de ce siècle), nous resterons hors de la République réelle.

(1) L'Union pour la nouvelle République (UNR) était un parti politique français destiné à soutenir l'action de De Gaulle, revenu au pouvoir, au mois de juin 1958.

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Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

samedi 11 septembre 2010

62 ans...

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Le onze septembre social est-il survenu ? Imperturbable, obéissant, le Parlement a suivi son chef.

Manif. ou pas, sondages ou non, syndicats unis comme jamais ou non, rien n'y fait, la machine politique sarkozienne tourne à plein régime et écrase tout sur son passage. Oui, tout ! Car, si grave soit la tentative de déformer le système des retraites, en France, il y aussi, -et le Sénat s'est couché devant la volonté du Prince à ce sujet-, notre enfermement collectif dans la "prison virtuelle" qui fait, de chaque Français, un délinquant potentiel placé en surveillance informatique, manifestants et contestataires inclus. Oui, c'est tout un système pervers, répressif et dur aux faibles, qui s'installe.

Le piège est béant : si la révolte débouche sur la violence, le pouvoir, qui s'y est préparé, y trouvera prétexte à justifier sa répression et fera tout pour mater les indociles.

Le report, de 60 à 62 ans, de l'âge ouvrant droit à la retraite est hautement symbolique. Il nous invite à admettre que le temps est venu du passage d'un "travailler plus pour gagner plus" à un "travailler plus sans gagner plus". Il nous oblige à oublier que l'on ne trouve guère d'emploi quand on le perd après 50 ans. Il tue l'espoir d'une vie allégée de la charge de l'emploi quand on n'en peut plus de fatigue... Il souligne que la démographie est coupable et, en faisant froid dans le dos, que trop nombreux sont les vieux vivant encore ! Il insiste sur la volonté de faire payer les retraites par les travailleurs, d'abord, ce qui ne fonctionne plus dans une société où l'emploi est contracté et où la production dépend de moins en moins des salariés. Il révèle que rien ne se négocie plus et que les organisations syndicales sont réduites à constater le passage en force du gouvernement.

Le Parti socialiste fait savoir que, s'il revient "aux affaires" (comme on dit !), on retournera de 62 à 60 ans, pour partir, "si on le veut", en retraite. C'est bien le moins...! L'expérience, cependant, nous enseigne que ce n'est pas sur les alternances qu'il faut compter pour revenir à une situation antérieure ! Plus encore : il serait dangereux de compter sur cette annonce pour obtenir justice. Jamais l'on n'a vu des élections se substituer aux luttes sociales. Tout au mieux peuvent-elles les accompagner.

Nous voici entrés dans l'ultime étape du conflit politique majeur et la partie n'est pas gagnée d'avance. Sarkozy est loin d'être à la retraite. Woerth n'est toujours pas en retrait. Hortefeux se voit déjà premier ministre ou à la tête de l'UMP. Besson à l'intérieur. Alliot Marie au Conseil Constitutionnel. Bertrand à la Justice. Nous n'en sommes plus à un cauchemar près !

La résistance, celle qui n'a rien à oublier de ce qu'avait voulu le Conseil National de la Résistance, en 1945, est engagée. Nous ne nous reconnaissons pas en ce gouvernement-là. Nous ne nous considérons pas représentés par ce Chef d'État, même s'il fut régulièrement élu. La France s'est trompée en 2007. Elle le sait, à présent. Elle cherche comment corriger son erreur sans renier la République. Passerons-nous par un Sarkogate ? Nous ne sommes pas aux USA ! Le 23 septembre, syndiqués ou non, il faudra sortir dans les rues ! Que la plus grande des manifestations jamais organisées depuis le début du XXIe siècle, révèle la force du peuple s'il veut n'avoir pas à entrer en rebellion.

Et n'oublions rien : tous ceux qui ont plié, se sont courbés, ont fait allégeance depuis deux ans, se sont déconsidérés à jamais, y compris ceux qui ont été sensibles aux "ouvertures" (qu'ils y aient cédé ou pas !). Ce n'est pas d'alternance que le pays à besoin, mais d'une véritable alternative, d'une société qui mettent, enfin, le juste partage avant tout autre considération.

60 ans était une barrière infranchissable. Ceux qui l'ont franchi ont fait l'acte politique de trop.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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jeudi 9 septembre 2010

Le onze septembre : les anniversaires de la politique qui tue

1973, 2001 : ces onze septembre ont marqué l'histoire politique de ce dernier demi-siècle.

En 1973, avec l'aide des USA, l'armée chilienne a assassiné Salvador Allende et ses soutiens.



En 2001, les USA ont été très douloureusement blessés par un attentat géant qui a déclenché une riposte militaire géante dont nous ne sommes pas encore sortis.

En 1973 la tentative d'instauration d'une société socialiste par la voie pacifique a été balayée par les tenants d'un capitalisme dur ayant l'appui de Richard Nixon. Il s'en est suivi de longues années de nuit fasciste dont le Chili n'a pu sortir avant longtemps!

En 2001, les Tours jumelles, symbole même d'un haut lieu de la finance, ont été abattues par un avion dont des fanatiques kamikazes avaient pris les commandes. Il s'en est suivie une période de violences extrêmes perpétrées en Irak et en Afghanistan pour venger ce crime sans équivalent historique. En vain.



Aujourd'hui, le monde change lentement de visage. L' Amérique du sud a largement "viré à gauche" au grand dam de l'Oncle Sam. L' Amérique du Nord a vu s'installer un Noir à la Maison Blanche ! Rien de totalement révolutionnaire en tout ça, mais une série d'enseignements dont nous aurions intérêt à tenir le plus grand compte !

1 - Le socialisme ne s'instaure ni par la force, ni par la non-violence. Il résulte d'un processus qui ne vient pas "d'en haut", de l'État, ou des élections. Il n'est pas enfermable dans des frontières et, de La Havane à Santiago, il n'est pas qu'un chemin pour sortir du capitalisme.

2 - On ne terrorise pas le terrorisme. Le plus puissant État du monde tombe en un piège en voulant tenir à sa merci des adversaires dispersés, déterminés mais surtout portés par la haine de l'Occident à un niveau que nous n'avons pas encore mesuré.

3 - L'antagonisme Est/Ouest, du type "communisme"/capitalisme, a été remplacé par une double rivalité planétaire : économique, dans le cadre libéral, (et les USA, le Japon et l'Allemagne s'effacent peu à peu derrière la Chine et l'Inde), politique, dans le cadre écologique (et, sans lutte armée, l'équilibre du monde tourne à l'avantage des peuples émergents, les plus nombreux, par suite des gâchis et des surexploitations accumulés, ces dernières décennies).

Ce 11 septembre 2010, n'aurions-nous pas à nous prémunir du retour de la droite intransigeante, dure et prête à employer la force contre le peuple. En France, en particulier.

Ce 11 septembre 2010, au moment où un pasteur intégriste s'apprête à brûler publiquement des Coran pour relancer la "guerre des civilisations" n'est-il pas temps de rappeler que tous les intégrismes le chrétien comme le musulman débouchent sur les plus effroyables violences. Aux USA et en Afghanistan, en particulier...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mardi 7 septembre 2010

Mais où est l'argent ?


La Semeuse a t-elle vidé son sac ou a-t-elle, dedans, plus d'un tour ?

Les caisses sont vides ! La rigueur s'impose ! Mais où est l'argent ? Les citoyens n'y comprennent rien et ne peuvent rien y comprendre !

Les comptes de la Sécurité Sociale sont, nous dit-on, dans le rouge. Il nous est précisé aussi que l'État n'a pas payé sa part et que s'il la payait, les comptes seraient en équilibre. Si c'est bien le cas, on ne pourrait affirmer que la Sécurité Sociale est en déficit qu'une fois les retards de paiement effectués. Mais cette exigence rationnelle, comptable et citoyenne ne s'exprime guère. Pourquoi ? Passe de faire des économies et de ne pas gaspiller, mais ne rien changer à notre façon de nous soigner, continuer à faire de la santé un marché, et autoriser l'État à prélever sur cette manne tout en diminuant les remboursements. Non !


La bonne fortune n'est pas dans les étoiles !

Mais il y a plus grave encore, si possible ! Il faudrait travailler plus tard et cotiser davantage pour pouvoir assurer les retraites des Français ! Cette curieuse logique repose sur plusieurs idées fausses. La première est qu'il faut travailler plus, allonger donc le temps passé dans l'entreprise, alors que, depuis des décennies, très régulièrement, il faut de moins en moins de temps travaillé pour produire davantage ! La seconde est que l'allongement de la durée de la vie coûte et qu'il faut donc le payer, alors que les revenus du capital croissent sans aucune commune mesure avec les revenus du travail. La troisième est que l'on a besoin de la compétence des anciens au travail et que satisfaire le désir d'emploi correspond à un besoin de société, alors que le chômage, ou plutôt la décrue programmée de l'emploi tout au long de la vie professionnelle, est un objectif avéré du patronat.

Ces deux domaines fondamentaux sur lesquels repose la sécurité des sécurités, la sécurité sociale, sont ceux où apparait le mieux la rupture que veut opérer le gouvernement : faire de tout un marché, n'accepter aucun déficit, faire tout payer aux usagers, tenir des comptabilités qui n'englobent pas l'ensemble des coûts et des rentrées possibles, bref, rompre avec l'apport du Conseil National de la Résistance qui avait obtenu du patronat collaborateur qu'il se plie aux exigences sociales de l'après-guerre !

Mais une question reste à examiner : où est l'argent ? Comment peut-on en trouver pour sauver les banques et pas pour sauver les retraites ? Il ne s'agit pas seulement de faire "payer les riches", il s'agit de savoir où est l'argent et qui en dispose ? L'État ? Les banques ? les entreprises ? Les rentiers ? Les actionnaires ? Comment se partage "le gâteau" ? Pourquoi les parts sont-elles de plus en plus inégales ? Pourquoi le salariat supporte-t-il plus les coûts que ceux qui paient les salaires ? Pourquoi ces très vieilles et banales questions n'ont-elles jamais reçu de réponse claire, quel que soit le régime politique en place, qu'il soit "communiste" ou "capitaliste" (dans ses deux variantes social-démocrate ou libérale ?)


La Poule aux œufs d'or une fois tuée révèle vide.

Il n'y a pas de Poule aux œufs d'or, de Corne d'abondance, de Semeuse semant sans fin ou de Dame Fortune. Il n'est pas de mythe en l'affaire ou plutôt dans les affaires ! Que BP puisse sacrifier des milliards de dollars pour sauver sa réputation menacée par la pollution géante du golfe du Mexique révèle bien qu'il est deux mondes : celui où l'on ne compte plus parce qu'on a tout et celui où l'on compte constamment parce que l'on a peu.


La richesse n'est pas dans l'argent mais dans ce qui produit l'argent.

Où est l'argent ? Et, question subsidiaire, à qui est-il ? Que des particuliers possèdent plus que des peuples entiers est non seulement insensé et choquant mais inhumain, intolérable et nous condamne, tous. Oui, se condamne celui qui accepte cette injustice géante et radicale qui concentre les avoirs au lieu de les distribuer. Mais attention, l'acceptation n'est pas uniquement celle de celui qui en jouit, elle est chez celui qui la supporte, voire espère avoir son tour, à la loterie du bonheur !



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran