jeudi 20 janvier 2011

La France n'est pas le pays des droits de l'homme



Il est souvent dit que la France est le pays des Droits de l’Homme. Il n’est pas exact d’affirmer cela. il suffit de se référer à l’histoire pour le prouver.

Bien avant la Révolution française, après une courte guerre civile en juin 1215, un texte, la Magna Carta, est rédigé par les barons anglais pour réduire les pouvoirs royaux de Jean sans terre et garantir les libertés individuelles.

Ensuite le 26 mai 1679, les Anglais, encore eux, proclament le Bill d’habeas corpus qui règle avec précision le droit de l’inculpé et du détenu. En 1689, ils détronent Jacques II et proclament le Bill of right qui marque le passage d’une monarchie de droit divin à une monarchie constitutionnelle basée sur un contrat. Même incomplète, cette Déclaration des Droits marque la véritable naissance de la démocratie moderne.

Le 4 juillet 1776, les « Américains » dans une belle Déclaration, écrite par Thomas Jefferson, ont proclamé leur indépendance. Enfin le 26 août 1789, les députés de l'Assemblée nationale constituante établissent la synthèse des textes anglo-saxons et des idéaux politiques et philosophiques du Siècle des Lumières. Ils rédigent alors la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Regardons le contexte contemporain maintenant, plus particulièrement en Europe :

Il y a 60 ans, le 4 novembre 1950 était signé à Rome la Convention européenne des Droits de l’Homme qui entrait en vigueur en 1953 décidant la création de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) qui rend son premier jugement le 14 novembre 1960.

Cependant la France, qui héberge la Cour à Strasbourg, n'a ratifié la Convention qu'en 1974, et n'a permis à ses résidents de la saisir qu'en 1981.

La CEDH, qui a rendu son 10000 ème arrêt en fin 2009, ne couvre pas seulement les pays de l’Union Européenne mais toute l’Europe. À l’exception du Bélarus et du Kazaksthan, tous les pays européens ont ratifié la Convention et sont membres de la CEDH.

Sur 47 pays contractants, la France occupent la 4ème position au nombre de condamnations au titre du non-respect des Droits de l’Homme, derrière la Turquie, l’Italie et la Russie.

Les derniers chiffres connus en 2009 nous indiquent qu’elle a été condamnée 579 fois depuis 1986 et il y avait 2464 affaires à juger.

Pour la seule année 2009 : la France a fait l'objet de 33 arrêts dont 20 ont constaté une violation de la Convention des droits de l'homme, dont 5 pour violations du droit à un procès équitable, 4 au sujet du droit à la liberté et à la sureté ainsi que du droit de propriété, 3 pour violation de la liberté d’expression et 2 pour tortures ou traitements inhumains et dégradants.

Pour 2010, les chiffres ne sont pas encore connus mais, le 14 octobre 2010, la CEDH a condamné la France dans une affaire de garde à vue. Les juges européens ont estimé que les personnes gardées à vue doivent pouvoir bénéficier d’un avocat dès le début de la procédure et durant tous les interrogatoires et ils ont insisté pour que soit respecté le droit d’un mis en cause de garder le silence. « Le droit français ne répond pas aux exigences du procès équitable » écrivent-ils.

Les chiffres et les faits sont parlants, et la boulimie législative, à laquelle on assiste – 17 lois sécuritaires depuis 2002* – le traitements des migrants et de certaines minorités, Voyageurs et Rroms, par exemple, la multiplication des systèmes de surveillance, de fichage et de traçage des personnes n’autorisent pas d’affirmer haut et fort et de se vanter que la France est le pays des Droits de l’Homme.

D’ailleurs, il nous semble que, sous l’alibi du terrorisme et des paranoïas sécuritaires, les droits fondamentaux et les libertés sont en régression sur l’ensemble de la planète.

Il ne suffit pas d'appeler Voltaire, Diderot, Schœlcher, Hugo, Zola, Camus, à la rescousse. La France n'est pas plus exemplaire que n'importe quel État de la planète et même, sa participation à l'esclavage, à la colonisation, à la collaboration avec le fascisme, à la torture, dont les archives qui s'ouvrent montrent, à présent, toute l'ampleur, ne lui donne aucune possibilité de donner des leçons au reste du monde.

Plus circule l'information, plus se multiplient les travaux historiques, plus le temps passe avec la mort de ceux dont on ne cache plus les crimes, plus il apparait que le pays des droits de l'homme n'est certainement pas la France !

Un livre récent Kamerun nous apprend que, "pendant plus de quinze ans, de 1955 à 1971, la France a mené au Cameroun une guerre secrète, une guerre coloniale, puis néo-coloniale, qui a fait des dizaines de milliers de morts, peut-être davantage, une guerre totalement effacée des histoires officielles.

Un documentaire, France-Afrique, l'argent-roi, présenté sur France2, a révélé, il y a peu, d'autres crimes perpétrés par l'armée française. On y apprend les tares de ce système qui a promu et soutenu des régimes sanguinaires en Afrique noire. On y découvre comment l'argent du pétrole et des matières premières issus des sous-sols de ces pays, a servi à déstabiliser des États, à tuer une partie de leurs populations et à financer les partis politiques de tous bords en France.

Ce qui se passe en Cote d'Ivoire est tout aussi révélateur de la permanence de l'influence postcoloniale française et Laurent Gbagbo dispose encore de bien des bombes diplomatiques lui permettant de monnayer sa sortie ou son retour, selon l'opportunité. Ses soutiens parmi d'importantes personnalités socialistes nous rappellent que, durant les septennats de François Mitterrand aussi, la Françafrique a exercé tout son pouvoir au détriment des populations locales.


Et voici venu le temps des révélations tunisiennes... Il éclate sous nos yeux que le soutien aux dictateurs et autres chefs d'État fantoches, quel que soit le prix humain à payer, par les milieux affairistes et politiciens français, aura sali notre pays. L'étonnant est que nous l'ayons si longtemps toléré ! Depuis De Gaulle, Messmer, Debré, puis, sous Mitterrand, ensuite de Chirac à Sarkozi, bref de RPR en UMP, on a exploité et dominé brutalement les peuples d'Afrique, sous nos yeux, tout en leur interdisant de s'autodéterminer, mais nous avons porté ailleurs notre regard.

Nous avons ignoré par méconnaissance ou par oubli volontaire nos crimes d'État. Il nous pesait sans doute d'avoir perdu notre empire, nos colonies, notre puissance planétaire. La vérité se fait jour mais lentement, difficilement. Il est grand temps de laver notre honneur. Mais cela ne se fera pas sans changer de génération, sans changer de personnel politique.

Ce n'est d'ailleurs qu'un début. L'art de masquer les faits qui ont compromis des dirigeants historiques de notre pays ne résiste pas au temps et à la généralisation de l'information transmise au-delà de toutes les frontières. En ce temps où la communication, même chargée de documents falsifiés, n'interdit plus de savoir ce qui va s'inscrire dans nos livres d'histoire, nos références changent et ce qui était indicible, politiquement trop incorrect, surgit et transforme nos jugements de valeur.

C'est ainsi, à présent, qu'il convient d'aborder les droits de l'Homme, c'est-à-dire les droits de tous les hommes et pas les droits de l'homme tels que les autorités françaises les décrivent. Cela va beaucoup plus loin que la dénonciation de l'immoralité et de la violence de personnages en vue mais crapuleux. Un droit sans contenu n'est plus un droit. Et offrir un droit qu'on ne peut exercer est une vilénie.

Les événements de Tunisie, quelle que soit la suite qui se produira dans les semaines et mois à venir, ont déjà atteint un but : les droits civiques d'un peuple, bridés, brimés, avec l'approbation muette de démocraties occidentales complaisantes (mais s'agit-il encore, alors, de démocraties) n'ont pu être enfouis à jamais et leur manifestation spectaculaire va inviter tous les peuples à relever la tête.

1° -  LA JUSTICE EN FRANCE SUBIT-ELLE DES PRESSIONS

Annexe : * Les 17 lois sécuritaires, votées en France depuis 2002 :

- 30 août 2002 - Loi d'orientation pour la sécurité intérieure N°1.
- 09 septembre 2002 - Loi d'orientation pour la justice.
- 03 février 2003 - Loi réprimant la conduite sous l'influence de stupéfiants.
- 03 février 2003 - Loi visant à aggraver les peines des infractions à caractère raciste.
- 18 mars 2003 - Loi pour la sécurité intérieure permettant aux policiers de faire des contrôles d'identité.
- 12 juin 2003 - Loi sur la violence routière.
- 27 novembre 2003 - Loi sur la maîtrise de l'immigration.
- 09 mars 2004 - Loi adaptant la justice aux évolutions de la criminalité.
- 21 juin 2004 - Loi sur la confiance dans l'économie numérique.
- 12 décembre 2005 - Loi sur la récidive.
- 24 janvier 2006 - Loi sur le terrorisme.
- 25 juillet 2006 - Loi sur l'immigration.
- 07 mars 2007 - Loi sur la prévention de la délinquance.
- 10 août 2007 - Loi sur la récidive.
- 20 novembre 2007 - Loi sur la maîtrise de l'immigration.
- 25 février 2008 - Loi sur la rétention de sûreté
- 20 juin 2008 - Loi renforçant la prévention et la protection des personnes contre les chiens dangereux.
- 2009/2011 - Loi d’Orientation et de Programmation de la performance de la Sécurité Intérieure N°2.
(Noter au passage ce mot, performance, qui en dit long sur les véritables intentions du pouvoir).

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 16 janvier 2011

Nous sommes tous des Tunisiens


Les tendresses de la France...

La longue complaisance de plusieurs gouvernements français et de personnalités politiques bien en vue, à l'égard du régime dictatorial et corrompu de Ben Ali, apparait, enfin, comme choquante et révélatrice de l'ambiguïté de bien des discours "démocratiques".

On va, à présent, sans doute, souligner les désordres que cet effondrement du système policier va engendrer, alors que les criminels et les brutes, aux ordres d'une famille ayant confisqué les richesses du pays, vont se retrouver, seuls et bien armés, ayant à se sortir d'une situation qui les aura surpris et désarçonnés.

Afficher l'image en taille réelle
Mohamed Bouazizi, l'enfant de Sidi Bouzid, ne sera pas mort, à 26 ans, pour rien, après son immolation par le feu, le 17 décembre dernier. Une opportunité démocratique s'ouvre, qui ne doit pas être déçue. La portée de l'événement s'étend bien au-delà du Maghreb ! C'est bien là sa force et sa faiblesse. Sa force, car elle redonne espoir à des peuples entiers et pas seulement en Afrique du Nord. Sa faiblesse, parce que les dictateurs des pays voisins, de Moubarak à Kadhafi, et d'autres chefs d'États soumis à l'occident, auront du mal à laisser se développer un processus politique pouvant faire tache d'huile...

Des pressions vont s'exercer très vite sur les responsables tunisiens occupés à redonner un visage humain à leur pays. Bien entendu, le spectre de l'islamisme sera brandi. Il fut pourtant absent de la révolte qui a renversé Ben Ali mais, du point de vue des États occidentaux, on doit dresser des barrières autoritaires, voire militaires devant la menace que constituerait, partout, dans les pays arabes, Al-Qaïda et "les Barbus"...

Nous, nous ne boudons pas notre plaisir. Double. D'une part, les Tunisiens qui comptent des hautes compétences s'engagent dans un renouveau : puissent-ils réussir à élargir un espace démocratique et de liberté authentique. D'autre part, les Tunisiens nous ont aussi révélé l'indignité et le cynisme des complices objectifs du dictateur en fuite. Nombre de Français, en font partie qui avaient accepté que la Tunisie soit réduite à n'être qu'une simple industrie touristique aux mains d'une mafia.

Comme il arrive, de loin en loin, dans l'histoire des hommes, un événement vient bouleverser un immobilisme menteur et cruel.

C'est ce qui vient de se produire.


La Tunisie... J'aime.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

jeudi 13 janvier 2011

Le surendettement tue : supprimons cette insécurité.

Nous pourrions adresser ce courrier au Président de la République :


Monsieur le Président,


Un retraité s’est donné la mort après avoir supprimé sa mère, sa femme et sa fille, dans des conditions atroces. Surendetté, il n’a pas supporté qu’un huissier vienne lui saisir ses biens après une vie de labeur.


Comme lui, près de un million de familles françaises sont victimes de ce fléau du surendettement, conséquence de la démesure de la société consumériste, de la rapacité du système financier et de ses dérives perverses.


Nous vous savons prompt à prendre le parti des victimes. Nous ne doutons pas que vous allez, donc, très prochainement, faire proposer une loi pour supprimer le surendettement.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux



Voir :

http://www.leprogres.fr/fr/dernieres-minutes/article/4446200/Drame-du-surendettement-un-retraite-tue-sa-famille-et-se-suicide.html?CodeInsee=69123&dt=12012011





lundi 10 janvier 2011

Laisser crever les pauvres pour pouvoir enfin vivre entre nous ?


Stéphane Hessel n'est pas seul...

Comme chaque année, le 2 janvier, quelques résistants et enfants de résistants se réunissent à Signes, dans le Var, pour honorer la mémoire d’un groupe de maquisards qui se battaient pour la libération de notre pays et pour créer un monde meilleur, en accord avec les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité et le programme du Conseil National de la Résistance (CNR).

La présidente de la section du Var de l’Association des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) a rappelé les valeurs de ce programme en les comparant à ce que nous voyons aujourd’hui.

Le représentant du gouvernement et certains élus, agacés par des propos aussi incongrus, ont quitté la salle en signe de dénégation.

D’aucuns se sont posés la question de savoir si parler de générosité dans notre société sera devenu inconvenant.

Il est effectivement inconvenant de parler de générosité, terroriste d’employer le mot de fraternité dans la « nouvelle » société sarkozienne construite sur l’individualisme et le profit, sur la peur de l’autre, sur le rejet de l’étranger, sur la dangerosité des jeunes qui habitent en banlieue et qui sont donc de potentiels délinquants. Surtout ne pas leur tendre la main, s’ils en sont là c’est de leur faute, il faut les laisser crever pour qu’enfin nous puissions vivre entre nous.



Tel est le discours qui fut source de discorde :

M. le préfet, M.M les maires, conseillers généraux, régionaux,
Mesdames et Messieurs les présidents d’associations,
Chers camarades et chers amis de la Résistance ;

Merci de votre présence fidèle, année après année, pour commémorer le souvenir des 10 maquisards et du courageux berger Ambroise Honnorat abattus à la Limatte le dimanche 2 janvier 1944 au matin.

Il y a maintenant 67 ans. C’est l’âge qu’avait le pauvre berger Honnorat. Tous les autres étaient très jeunes bien que vétérans de la Résistance armée, fondateurs pour la plupart du camp FAITA en février 1943. Leur groupe était le camp MARAT.

Nous voulons rappeler leurs noms :
Alphonso, officier aviateur de l’armée italienne
Paul Battaglia, 23 ans, ouvrier tailleur à Sainte Maxime
Joseph Gianna
Amédée Huon, 22 ans, pompier dans la région parisienne
Yvan Joanni, maitre skieur savoyard
Georges Lafont, 21 ans, matelot, originaire de Gironde
Jean Perrucca, 24 ans, originaire de Savoie
Pierre Valcelli, 22 ans,ouvrier céramiste à Salernes
Serge Venturrucci, 22 ans, ouvrier boulanger au Luc
ainsi qu’Ambroise Honnorat, 67 ans, berger à Limattes.

A l’appel de leurs noms nous joignons toujours ceux de Lucien Henon, leur camarade, et de Sansonetti et Basset, disparus tous trois dans l’abjection des camps de la mort parce qu’ils avaient commis le crime de donner une sépulture décente aux maquisards massacrés avec férocité.

Au souvenir des 14 de la Limatte associons celui des 8 jeunes gens de Siou Blanc arrêtés sans armes, fusillés le 17 juin à la Rouvière, deux autres à Méounes le 20 juin, le souvenir des 29 patriotes assassinés au premier charnier le 18 juillet et enfin - nous disons enfin parce que le chiffre total est énorme -, des 9 du deuxième charnier, le 12 août, après d’horribles tortures.

Une élite française et internationale, depuis les Italiens tombés à Limatte le 2 janvier, jusqu’à l’Américain Muthular d’Errecalde, le 12 août...

Et souvenons nous de la population de Signes qui a fait preuve de courage et de dignité. Les enquêteurs n’ont jamais pu obtenir d’elle aucun renseignement. Nous la remercions au nom des suppliciés de Signes.

Ceci se passait voici plus d’un demi siècle.

Une question se pose toujours devant l’injuste sort réservé à ces jeunes martyrs. Pourquoi avaient-ils pris ce risque ? Quelles étaient leurs principales raisons ? Nous connaissons la réponse en ce qui les concernait, au présent, en 1944. Tous les résistants l’ont dit et répété : leur première motivation a été la défense de la France. La deuxième, surtout pour quelques uns, dont ces jeunes FTP faisaient assurément partie, a été le projet de rendre les hommes heureux. Le programme du CNR s’appelait “les jours heureux”. Ils ont réussi leurs deux paris. La France libérée, libérée par nos alliés mais aussi par elle même, a pu mettre en place le programme pour lequel ces hommes avaient donné leur vie.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Que penseraient-ils de nous s’ils pouvaient connaître notre monde et nos actions ? Diraient-ils toujours “oui, je referais ce chemin” ? ou ne se demanderaient-ils pas s’ils n’ont pas donné leur seule vie pour des hommes et femmes indifférents aux deux causes qui leur tenaient tant à cœur ?

Leur regard ne peut être que sévère. Nous avons laissé se dissoudre la France dans un magma informe et nous sommes en train de laisser se dilapider toutes les conquêtes sociales acquises à la Libération.

Faisons un état des lieux.
Des boutades en forme de provocations nous ont pourtant avertis.
Warren Buffet, milliardaire américain, 1ère fortune mondiale en 2008, nous a dit : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ».

En 2007 c’est Denis Kessler qui nous a fièrement annoncé : « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. […] Il est grand temps de le réformer ».

Comment imaginaient-ils réussir un pareil projet ? La réponse tient en partie dans cette autre boutade de Patrick Le Lay en 2004 « à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit ».

Comment concilier ce “métier” avec la 4ème des mesures à appliquer, dès la libération du territoire, « assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères » ?

Ces Résistants de 44 nous regardent, se demandant jusqu’où nous allons accepter l’inacceptable. Ils peuvent être rassurés. La Résistance en 2011 a déjà bien commencé et elle se développe.

L’ANACR n’a cessé et ne cesse de rappeler les valeurs de la Résistance et l’importance du programme du CNR. Les résistants, malgré leur âge et leur fatigue continuent de témoigner sans relâche dans les lycées et collèges, décrivant la Résistance, ses valeurs, ses combats. Au cours des manifestations de cet automne contre la loi sur les Roms et celle de la réforme des retraites, ses membres à Draguignan comme à Toulon ont distribué des tracts expliquant notre refus de ces lois. Armand Conan, tenant un écriteau sur lequel était écrit “Moi, résistant, 90 ans, 34 ans de retraite = CNR ; Je vous soutiens” a été déclaré grand vainqueur à l’applaudimètre par Var Matin.



Armand Conan, (photo Sylvain Gaillard)

Stéphane Hessel vient de publier un petit opuscule qui s’appelle Indignez vous et dont le succès montre que l’indignation est dans le cœur de beaucoup de Français. Ce petit livre est un discours qu’il a fait, en 2008, lors du rassemblement maintenant bien connu des Glières. Nous avons décidé d’organiser un semblable rassemblement dans le Var et, le 22 mai, un collectif d’associations mené par l’ANACR et la Ligue des Droits de l’Homme organisent un pique-nique républicain à La Seyne. Nous y présenterons le Pacte pour les droits et la citoyenneté de la LDH et des résistants prendront la parole. Vous êtes tous conviés au pique-nique et si vous le désirez à faire partie du collectif.

Moins connu mais tout aussi indigné est le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Fin novembre 2010 il a prononcé un long discours devant ses collègues du Sénat américain. Vous pouvez l’écouter et le lire sur le blog de la lettre du lundi ou en cherchant Bernie Sanders sur Google.

Le discours commence ainsi : « Il y a une guerre en cours dans ce pays, je ne fais pas référence à la guerre en Irak ou en Afganistan, je parle d’une guerre menée par certains des gens les plus riches et les plus puissants de ce pays contre les familles des travailleurs, contre la classe moyenne qui rétrécit et disparaît. En 2007 le 1% des gros revenus a fait 23.5% de tous les revenus, plus que les 50% du bas de l’échelle... Il y a une guerre en cours, la classe moyenne lutte pour sa survie, elle s’attaque aux forces les plus riches et les plus puissantes dans le monde ,dont la cupidité n’a aucune limite, et si nous ne commençons pas à nous battre avec elle et à représenter ces familles, il n’y aura plus de classe moyenne dans ce pays ».

Bernie Sanders vient de retrouver la solution que les Résistants avaient appliquée avec la création du CNR. Nous devons tous nous unir contre ce 1%. Dans cette salle où nous ne sommes pas cent, statistiquement il ne devrait pas y avoir de représentant de ce groupe. Nous sommes donc d’accord entre nous. Pourquoi croyons nous que nos positions politiques sont si éloignées les unes des autres que le mot “politique” doive être tabou ? Le CNR n’était-il pas un concentré de politique ? Et l’union de toutes les familles politiques en son sein n’a-t-il pas été plus efficace que leur négation ?

Oui, nous devons arriver à nous unir, ne serait-ce que pour pouvoir nous dire que les 10 maquisards morts le 2 janvier à Signes nous donnent raison.

Je vous remercie.

Claude Roddier

Cité et commenté par Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

mardi 4 janvier 2011

L’escroquerie du temps de travail ou le nouvel esclavage.


L’idée de revenir sur la durée du travail hebdomadaire, les « trente cinq heures » et la retraite à 62 ans sont des escroqueries bien compréhensibles de la droite qui a fait alliance depuis toujours avec le patronat et tient à augmenter la durée du temps de travail pour éviter l’embauche de nouveaux salariés.


La variable d’ajustement des fluctuations économiques est le temps de travail pas le nombre de travailleurs. Imaginer que l’augmentation de cette durée aura une influence sur la santé économique du pays est soit un mensonge, soit une crétinerie.


Qu’Emmanuel Valls, membre du parti socialiste, embouche les mêmes trompettes et l’escroquerie prend toute sa saveur. Mais ce membre du parti, qui n’est pas un crétin, est il encore socialiste ? L’a-t-il d’ailleurs jamais été ? Son égo démesuré ne lui ferait-il pas marcher sur les traces d’autres transfuges aujourd’hui remerciés par le monarque ? Non, monarque à la place du monarque, il rêve de l’Elysée et il s’agit bien pour lui de nous vendre avec la droite libérale une escroquerie intellectuelle.



Depuis le début de l’ère industrielle le temps de travail s’est toujours réduit car la demande des industriels, d’abord, des financiers, maintenant, est d’augmenter toujours la productivité horaire humaine afin de toujours réduire les coûts salariaux et d'accroître les profits. D’ailleurs les Français sont parmi le peloton de tête des salariés les plus productifs dans le monde et à ce titre, ils devaient être remerciés par le patronat et le gouvernement.


Depuis deux siècles, l’idée fondamentale du patronat est de remplacer l’Homme par des machines qui n’émettent pas de revendications et ne se mettent pas en grève, ne sont pas malades, ne prennent pas de vacances et travaillent 24 h sur 24 sans rechigner, des nouveaux esclaves.


Hier, on a supprimé le poinçonneur des Lilas, demain, l’utilisation des puces RFID permettra de supprimer le travail de 300 000 caissières de supermarchés. Dans les médias, tous les jours on entend parler de suppression de postes, de dégraissages de structures, d’abord dans les services publics : la police, la gendarmerie, la poste, l’éducation nationale, Pole Emploi (un comble) et dans l’industrie : Molex, Michelin, Dassault, Renault, Laboratoires Roche, Unilever, Cargill et beaucoup d’autres … Hier aussi, on envisageait la semaine de 4 jours, portée par Gilles de Robien, pas vraiment à gauche puisque ministre du gouvernement Villepin.


Qu’est ce qui a changé ?


Ce qui a changé, c’est que le gouvernement actuel fait siennes les théories anglo-saxonnes néo libérales de Hayek, chères à Thatcher, Reagan et Bush et offre le pouvoir aux financiers et aux industriels qui sous prétexte de croissance, de PIB, détricotent les avantages péniblement acquis au cours du dernier siècle et rendent l’Homme moyen à nouveau corvéable.


Que la nouvelle droite dite décomplexée adopte cette posture et flirte en permanence avec le mensonge et l’arrangement sémantique n’est pas une révélation ; mais que des membres du parti socialiste se livrent à ces arnaques est intolérable et démontre comme nous l’avons déjà affirmé qu’une recomposition à gauche est vraiment nécessaire.



Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

lundi 3 janvier 2011

La démocratie, c'est notre affaire.

Le mot démocratie est un mot fétiche. Se déclarer non démocrate est politiquement incorrect. Démocratie est aussi un mot chargé d'illusions, un mot fourre-tout : ceux qui l'emploient ne pensent pas nécessairement à la même chose !

Pour la droite, la démocratie est le système politique qui permet de désigner les élites par le vote. C'est un système de transfert du pouvoir de décision du peuple vers ses représentants. C’est une dépossession.

Pour la gauche, la démocratie est le mythe au nom duquel on part à la conquête du pouvoir pour l'arracher aux forces de l'argent, afin de le confier aux représentants des forces du travail.

On remarquera que, d'un bout à l'autre de l'éventail politique, on ne conteste pas le passage par la représentation. À droite, les partis sont, dès lors, des outils au profit de l'émergence des ambitions personnelles, de façon avouée et sans états d'âmes. À gauche, les partis qui ont, en général, une histoire plus ancienne, sont des outils de promotion de cadres, liés par une très forte solidarité et chargé d'organiser la conquête de l'Etat.

On se demandera, sans doute, où est la différence dès lors que l'objectif est le même, à gauche comme à droite : installer des leaders aux commandes des instruments du pouvoir, et il est vrai que la différence est devenue d'autant plus ténue que la personnalisation de la politique, en France principalement, oblige à confier l'expression politique a des ténors, des portes paroles médiatiques, à des professionnels qui font carrière et qui occupent la scène en permanence, au grand dam de la démocratie elle-même qui suppose l’intervention de tous.

Car là est bien l'imposture : une démocratie, même minimale, exigerait une rotation du personnel politique, un renouvellement des représentants, une redynamisation de la fonction élective en même temps qu'évolue la sociologie du pays. Il n'en est rien. La “ démocratie française ”, (ce fut le titre d’un livre de Valéry Giscard D'Estaing), s'accommode volontiers de la monocratie, c’est à dire de “ l'exercice solitaire du pouvoir ”, dénoncé, puis exercé par François Mitterrand!

L'entrée de générations nouvelles, l'influence et le nombre de la population féminine, la composition actuelle de la société comprenant de nombreux citoyens d'origines étrangères, imposeraient le “ turn-over ” des désignations de candidats aux fonctions électives. Hélas, les partis politiques, qui sont pourtant censés faire émerger des compétences nouvelles, protègent les cumulards et laissent trop souvent monopoliser les responsabilités dirigeantes par les mêmes cadres, de génération en génération. Cette confiscation, cette centralisation de la représentation, portent évidemment atteinte à la démocratie représentative la plus classique.

Et pourtant, il faudrait aller bien au-delà de la correction de cette insuffisance constitutive (constitutive en ce sens qu'elle est générée par la Constitution, elle-même, celle dont la France est dotée depuis 1958). Sortir du gaullisme, du gaullisme aggravé par le refus de s'incliner devant le désaveu référendaire (en contradiction avec ce que fit Charles de Gaulle, en 1969 !), est une nécessité que ne veulent pas reconnaître les partis dits “ de gouvernement ”. C'est, en effet, un jeu dont ils connaissent toutes les ficelles et toutes les tricheries, et cela demanderait une adaptation, un renouvellement trop inquiétant pour les élites en place.

La démocratie serait-elle mise à mal par les partis ? Voilà une constatation inattendue! Les partis ne sont-ils pas, au contraire, en charge, comme le reconnaît la Constitution, de la préparation des scrutins et de l’organisation de la représentation démocratique? Eh bien non! Ils ne jouent pas, ou plus, ce rôle avec loyauté et efficacité. Ils confisquent cette représentation et l'organisent au profit de leurs cadres bien installés.

Nous ne sommes plus, évidemment, à l'époque où un parti, dit socialiste, le parti communiste, s’était s'identifié à l'État, au point de devenir le parti unique, exerçant le pouvoir dictatorial au nom du prolétariat. Cela n'est plus nécessaire dans les démocraties occidentales : l'envahissement des rouages de l'État, de l'administration, jusqu'aux cabinets ministériels par le parti dominant est une pratique courante.

On l'a vu, de l'UNR à l'UMP, en passant par le RPR confortablement installé par une loi électorale instituant le vote majoritaire. Mais on l'a vu aussi, à un degré moindre, quand le PS, étant entré dans les habits du gaullisme, a pu s'emparer, à son tour, derrière François Mitterrand, des postes et des places.

Les institutions, le fonctionnement ou le rôle de partis sont donc totalement à repenser, tout comme la confusion entre l'État et la nation, si nous voulons sortir d’une impasse de plus en plus étroite, celle d'une réduction de la politique à la prise du pouvoir d'Etat, au travers d'une personnalité-phare, entouré d'un personnel d'exécution.

À aucun niveau, les pouvoirs publics n'échappent à cette mécanisation de la démocratie, réduite à n’être plus qu’un empilage d'autocraties : de la commune jusqu'à l'Élysée. La France, en y mettant les formes, est bel et bien retournée à la monarchie, une monarchie certes “ républicaine ” mais de moins en moins parlementaire, déconcentrée certes, mais nullement décentralisée.

Un tel système engendre des contradictions, bien entendu. À droite, cela oblige à gérer un État qu'on habite tout en voulant l'affaiblir! C'est pourquoi on ne cesse de privatiser ses services. Ici, deux conceptions du pouvoir s'affrontent. Celle qui, telle que Dominique de Villepin l'incarne, maintient la tradition de l'Etat régulateur et centralisateur au service des puissants; l'autre, celle que Nicolas Sarkozy installe, qui réduit l'espace d'influence de l'État, mais le concentre très autoritairement dans ses fonctions régaliennes. Face au conservatisme modernisé de l'un semble se dresser le néolibéralisme américanisé de l'autre. L'un a représenté le retour à un gaullisme adapté; l'autre a préparé la rupture avec le gaullisme pour y substituer la modernisation capitaliste la plus cynique.

À gauche aussi la contradiction a fait son oeuvre. Entre les nostalgiques du mitterrandisme qui ne peuvent renoncer à des recettes qui ont fait leurs preuves (ils comptent sur l'alternance, comme un moyen privilégié de revenir aux affaires), et les nostalgiques du parti prolétarien qui ne savent échapper à la logique du renversement du capitalisme par la conquête, électorale ou pas, du pouvoir central. Entre ces deux nostalgies, l'espace est plus étroit qu’il n’y paraît.

De Gaulle continué contre Mitterrand réhabilité : passé contre passé, voilà l'un des pièges dans lequel l'élection présidentielle continue de nous faire tomber. Mais il en est d’autres… Il existe bien, à présent, à droite, une voie nouvelle, le “ sarkozysme ” qui s’est offert de confisquer le parti gaullien, au grand dam de Jean-Louis Debré, fils de Michel Debré, l'ancien rédacteur de la Constitution de la Ve République!

Existe-t-il, à gauche aussi, une solution de rechange ? Si c'est le cas, elle n'est pas prête. Et c'est ce qui réunit tous les citoyens qui pensent avoir à contribuer à la rénovation d'une démocratie, qui restituerait au peuple le plus grand nombre de fonctions décisionnelles possibles.

Le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ”, ce beau principe, inscrit dans notre Constitution, n'est bien entendu qu'un leurre. Le citoyen qui croirait à la mise en oeuvre, en France, de cette maxime républicaine serait soit un naïf, soit un ignorant! Les références permanentes au “ modèle républicain ” ajoutent d’ailleurs à la confusion! La démocratie est, au contraire, une utopie réaliste : elle consiste à viser la cible citoyenne, toujours un peu plus haut qu'il n'est nécessaire, pour être certain que, chargée du poids de la réalité, la flèche atteigne sûrement sa cible. La République c'est la recherche acharnée d'une vie en commun dont aucun citoyen ne sorte exclu.

Autant dire que nous sommes loin du compte! La démocratie promue sur la planète entière par les porte-parole des grandes puissances industrielles et commerciales n'est pas de nature à galvaniser les peuples. Pire, elle sert de repoussoir! Il n'y a pas de démocratie véritable dans un pays où l'on exécute un condamné à mort de 76 ans, aveugle et infirme, au bout de 23 années d'internement : c'est pourtant ce qui a pu se passer au sein des États-Unis d'Amérique. Il n'y a pas davantage de République, de res publica, de “ chose publique ”, là où, par exemple, l'eau est la propriété de personnes privées.

La démocratie est le partage maximal du pouvoir. La République est la mise en commun, la plus complète possible, des ressources, des biens et des services. Autrement dit, la démocratie est, comme le disait Jacques Derrida, un processus constant et toujours inachevé, qui élargit la sphère de la co-décision. Ce processus est irréversible et tout retour en arrière conduit à la disparition de la démocratie elle-même. La République est inséparable de la démocratie parce qu'elle vise à faire intervenir le plus grand nombre d'acteurs dans la Cité. Elle ne peut laisser aucun d'entre nous sur le bord de la route. C'est pourquoi, elle intègre l'économique dans le politique. Il ne peut y avoir partage du pouvoir sans partage des moyens de vivre et inversement. La coopération c'est la République elle-même. C'est quand s'effectue le choix de la protection plutôt que l'élimination des plus faibles que se manifeste ce qui est le propre de l'espèce humaine : l'action politique!

La multiplication des cellules citoyennes est à envisager à tous ces points de vue en recherchant sans cesse comment être des acteurs de la démocratie la plus large dans une République toujours plus ouverte aux humbles. C'est seulement à cette aune, qu'on pourrait mesurer encore ce qu'est encore une gauche. fidèle à son passé. Si ce n'était pas le cas, mieux vaudrait alors soit déserter une gauche ayant, très exactement, perdu son sens, ou abandonner ce repère qui n'en serait plus un!

Enfin, il semble utile de rappeler que la démocratie ne peut être la dictature du nombre. La vérité ne surgit pas d’elle-même du vote majoritaire. Un citoyen, seul, peut avoir raison face à tous les autres. Le vote est un compromis, une règle fragile, un mode de fonctionnement dont il ne faut pas abuser. La recherche de l'unanimité est de portée supérieure même si l'unanimité elle-même, ne garantit pas la vérité. Elle n'est qu'une meilleure approche statistique, un risque moindre d'erreur.

C'est bien pourquoi une démocratie se mesure à la façon dont elle traite ses minorités politiques. L'opposant est un adversaire, un concurrent. Il a droit aux moyens d'agir, non de décider mais d'agir, c'est-à-dire de s'exprimer en toute connaissance de cause. Priver une opposition d'information est anti-démocratique et le signe du doute dont on est soi-même empli.

Tout citoyen est un jour minoritaire. Les majorités sont des additions de minorités. La démocratie n’est pas la conquête du pouvoir par le nombre ! Prendre une décision n’est pas un jeu où gagne celui qui a conquis le plus d’acquiescements ! C’est une recherche collective visant à obtenir l’approbation la plus large, et c’est tout différent. Il ne s’agit pas de victoire ; il faut démilitariser le langage politique ; ce n’est pas même un match sportif. La fermeté, la clairvoyance, n’obligent pas à faire de la politique l’art du mauvais coup. Il s’agit d’une quête du mieux vivre dans le respect de tous et de chacun. Cette dialectique subtile entre le groupe et l’individu conditionne probablement la qualité de la démocratie républicaine. La mise en œuvre citoyenne de la démocratie, au XXIe siècle, ne peut plus être la reproduction de modèles mis au point il y a deux siècles ! Tenir compte de l’esprit même des Lumières exige non qu’on y retourne ou qu’on les oublie mais qu’on les dépasse.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran