lundi 27 avril 2015

La trahison consommée de François Hollande.


« Madame Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 1970 ... » en prononçant ces mots, lors d'une émission de Canal Plus, et en assimilant les communistes d'hier, (près d'entrer dans le gouvernement de François Mitterrand, au temps du programme commun de la gauche), avec les ultranationalistes ou néofascistes d'aujourd'hui, François Hollande révèle son vrai visage.

C'est celui d'un pseudo–socialiste de centre droit renonçant définitivement à remettre en cause le capitalisme qui, pour lui et ses alliés, est, désormais, le seul système économique et politique possible.

Nous n'en sommes pas surpris, car il s'est, depuis longtemps, converti à la nouvelle religion néolibérale et rangé dans le camp des supporters du profit, des courtisans du CAC 40, des fanatiques de la marchandisation absolue et de la mondialisation impitoyable, de la libre entreprise dérégulée et de « la main invisible du marché ».

Pourtant, il avait essayé, et presque réussi, à nous séduire pendant la campagne présidentielle par son discours du Bourget. Son slogan : « le véritable adversaire, c'est le monde de la finance », avait de la gueule. Pourtant un mois plus tard, première trahison, il court à Londres, à la City, pour rassurer les financiers.

Il est édifiant de relire aujourd'hui ce discours1 pour être convaincu, définitivement, qu'il ne s'agissait que d'une posture de pure démagogie.

Quand on connaît le parcours politique de François Hollande, son passé médiocre à la tête du Parti socialiste, on ne peut pas être étonné de la direction social-démocrate, franchement libérale prise par la politique gouvernementale.

Le début de son quinquennat n'a été qu'une succession constante de reniements des promesses faites ( ratification du traité européen – hausse de la TVA – crédit d'impôts aux entreprises – loi bancaire très accommodante pour les établissements financiers …). En matière économique, ses positions et celles de son premier ministre, très technocratiques, sont transparentes : politique de l'offre en espérant une reprise de l'embauche en passant un accord avec le Medef. Aujourd'hui, il ne semble même plus en capacité de trouver les mots de gauche pour communiquer avec son électorat.

« Les promesses ( des hommes politiques ) n'engagent que ceux qui les écoutent » aurait dit Henri Queuille2, mais, avec François Hollande, on atteint le sommet de l'imposture. Ceux qui pensent qu'il s'agit de soumission ou d'incompétence se trompent. Il s'agit bel et bien d'une complicité de classe, d'un bipartisme alternatif où l'on se repasse le pouvoir, ce qui empêche le développement de toute autre alternative politique.

Combien de temps cela peut encore durer ? Les dernières élections ont montré l'irritation des électeurs dont le mécontentement croissant de ceux qui ne votent plus ! Il serait peut-être temps de mettre fin à ce jeu pervers avant que le nationalisme le plus ultra ne s'empare de l'opinion.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux 

1 - http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle-2012/sources-brutes/20120122.OBS9488/l-integralite-du-discours-de-francois-hollande-au-bourget.html
2 – François Hollande est souvent comparé à Henri Queuille.  http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Queuille

vendredi 24 avril 2015

Morts en méditérannée. Nous avons honte !





Notre colère est vive.

Le Conseil Européen du 23 avril 2015 réuni en urgence pour prendre des mesures à la suite de la mort de près de 900 migrants dans le naufrage d'un chalutier en méditerranée, a fait preuve, comme à l'accoutumée, de son impuissance, d'un profond cynisme et d'une totale hypocrisie.

Après avoir essuyé les larmes de crocodiles de circonstance sur le sort des pauvres victimes, les membres du Conseil Européen ont « courageusement » décidé de renforcer les frontières de la forteresse européenne en donnant des moyens supplémentaires au réseau Frontex, dont il faut rappeler qu'il n'est pas un système de sauvetage en mer, mais de surveillance des frontières.

A cette occasion, le Chef de l'Etat français, « magnanime », a affirmé «  la France prendra sa part1, c'est-à-dire (qu'elle accueillera) entre 500 et 700 réfugiés syriens ». Ainsi, alors que le Liban, pays de 6 millions d'habitants, fait face à un afflux de 1,2 millions de réfugiés syriens, notre pays de 66 millions d'habitants accueillera « royalement » 500 à 700 syriens.

Ces propos honteux, indignes du chef de l'Etat, et contraires à nos traditions humanistes, illustrent, une fois encore, l'état de pourrissement des valeurs de la République .

La Présidente d'Amnesty International France dit : « la politique française est basée sur le contrôle des flux migratoires, pas sur le sauvetage de vie ». Elle a tout à fait raison, nos gouvernants ont une machine à calcul greffée à la place du cerveau, ils considèrent la migration comme un coût et comme une menace sécuritaire. Ils veulent s'attaquer aux passeurs, mais ceux-ci, même si ce sont d'odieux personnages, ne sont pas la cause, mais la conséquence de la politique européenne.

Nous attendions des mesures d'urgence, par exemple celle d'ouvrir des voies de circulations légales garantissant aux réfugiés la possibilité d'accéder aux territoires de l'UE sans mettre leur vie en danger. Au contraire, les décisions du Conseil Européen alimentent les politiques discriminatoires ; elles empêchent les personnes de circuler, elles favorisent les trafics d’êtres humains et contreviennent au droit international.

Oui, les Européens peuvent avoir honte de leurs gouvernements et les Français particulièrement.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1  Dixit Michel ROCARD

mercredi 1 avril 2015

La dictature du temps court.


Des élections viennent de se terminer.

De quelques couleurs politiques qu'elles proviennent, les professions de foi sont révélatrices de la pauvreté des programmes des candidats et cette observation est constante à toutes les élections. Ensuite, arrivés au pouvoir, ils gèrent le présent sans prendre en compte l'avenir.

Alors que la politique doit s'entendre dans le temps long, coincés par la durée de leur mandat, par la perspective de leur réélection et par le fonctionnement médiatique et sociétal, tous les hommes politiques font de la gestion de court terme.

En 2012, la Cour des Comptes les a tancés en affirmant dans un rapport « (qu'il fallait) mettre le politique au défi de se placer sur le temps long, pas sur celui des promesses électorales ».
« Assez de pilotage à vue » a écrit la Cour, ajoutant : « de se débarrasser des réflexes d'une société de consommation obnubilée par le temps … court »

Mais, comme tous leurs contemporains, ils se laissent prendre au piège de l'accélération du temps où l'on va toujours plus vite, où Internet permet d'être informé dans l'instant, où l’obsolescence programmée limite la durée de vie de tous les biens de consommation, où le retour sur investissement, non content d'être à deux chiffres, doit être immédiat, où les transactions boursières se font à la nanoseconde …
Le temps court permet de renouveler les produits plus souvent au bénéfice (importants) de quelques individus qui ont compris comment s'approprier les marges à leur profit.
Le temps court permet d'augmenter le rendement des capitaux qui tournent à la vitesse de la lumière et décuple la cupidité du système et des oligarques.
Le temps court est concomitant à la société de consommation dont le credo est de consommer toujours plus et toujours plus vite. L'accélération du temps est inhérent au système capitaliste et assure son succès.

Le monde a perdu de vue le temps long et ne s'intéresse qu'aux symptômes et plus aux causes.

« Nous empruntons la terre à nos enfants »

Oublier ce proverbe africain si chargé de bon sens, c'est oublier que nous devons toujours considérer nos actions en pensant aux générations futures, c'est oublier que le temps long est celui des visions politiques de long terme porteuses de progrès social et humain.

L'omission du temps long donne le confort d'ignorer les conséquences de nos actes et de nos décisions sur les générations à venir et obère jusqu'à l'avenir de l'humanité.

Malgré l'oxymore que certains dénoncent, le concept de « développement durable » est un rappel à l'ordre à notre modèle économique et à l'adulation du « dieu croissance ». Le modèle que nous montre l'évolution du monde depuis sa création est celui du temps long.
C'est l'arrogance et la prétention de l'homme « moderne » qui le met en contradiction avec la terre qui le porte.

La petitesse de notre passage sur la terre sur la terre en comparaison avec les temps géologiques devraient nous ramener à la plus grande modestie.

Tout dans la nature est là pour nous rappeler le temps long :

  • Le jardinier qui plante aujourd’hui un chêne sous l'ombre de laquelle se détendront ses petits enfants,
  • les énergies fossiles qui, œuvre des temps anciens, seront consommés en moins de deux siècles,
  • des pans entiers des forêts d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique détruites en quelques minutes par des machines géantes,
  • les ressources halieutiques en voie d'extinction détruites par l'avidité du monstre humain,
  • sans oublier la désagrégation lente des déchets nucléaires et la dégradation des nappes phréatiques, de la couche d'ozone, du climat, etc

Quelle prétention de se croire ainsi supérieur à la nature qui a mis des centaines de milliers d'années à élaborer ce que nous aurons dilapidé en l'espace de deux siècles.

Aujourd'hui, on constate que la Cour des Comptes n'a pas été entendue et que ses exhortations sont restées lettres mortes, pourtant, il faut absolument que la raison revienne à tous les décideurs, aux industriels, aux femmes et aux hommes politiques, mais aussi à nous tous car la prise en compte du temps long n'a de sens que collectivement.

Il est primordial que les conséquences de nos décisions comme de nos actes soient prises en compte sur la durée.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux