vendredi 24 avril 2015

Morts en méditérannée. Nous avons honte !





Notre colère est vive.

Le Conseil Européen du 23 avril 2015 réuni en urgence pour prendre des mesures à la suite de la mort de près de 900 migrants dans le naufrage d'un chalutier en méditerranée, a fait preuve, comme à l'accoutumée, de son impuissance, d'un profond cynisme et d'une totale hypocrisie.

Après avoir essuyé les larmes de crocodiles de circonstance sur le sort des pauvres victimes, les membres du Conseil Européen ont « courageusement » décidé de renforcer les frontières de la forteresse européenne en donnant des moyens supplémentaires au réseau Frontex, dont il faut rappeler qu'il n'est pas un système de sauvetage en mer, mais de surveillance des frontières.

A cette occasion, le Chef de l'Etat français, « magnanime », a affirmé «  la France prendra sa part1, c'est-à-dire (qu'elle accueillera) entre 500 et 700 réfugiés syriens ». Ainsi, alors que le Liban, pays de 6 millions d'habitants, fait face à un afflux de 1,2 millions de réfugiés syriens, notre pays de 66 millions d'habitants accueillera « royalement » 500 à 700 syriens.

Ces propos honteux, indignes du chef de l'Etat, et contraires à nos traditions humanistes, illustrent, une fois encore, l'état de pourrissement des valeurs de la République .

La Présidente d'Amnesty International France dit : « la politique française est basée sur le contrôle des flux migratoires, pas sur le sauvetage de vie ». Elle a tout à fait raison, nos gouvernants ont une machine à calcul greffée à la place du cerveau, ils considèrent la migration comme un coût et comme une menace sécuritaire. Ils veulent s'attaquer aux passeurs, mais ceux-ci, même si ce sont d'odieux personnages, ne sont pas la cause, mais la conséquence de la politique européenne.

Nous attendions des mesures d'urgence, par exemple celle d'ouvrir des voies de circulations légales garantissant aux réfugiés la possibilité d'accéder aux territoires de l'UE sans mettre leur vie en danger. Au contraire, les décisions du Conseil Européen alimentent les politiques discriminatoires ; elles empêchent les personnes de circuler, elles favorisent les trafics d’êtres humains et contreviennent au droit international.

Oui, les Européens peuvent avoir honte de leurs gouvernements et les Français particulièrement.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1  Dixit Michel ROCARD

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