lundi 28 avril 2008

Il y a démocraties et démocratie



Il y a démocraties et démocratie. Et même démocratie et démocratie.

Il n’est que temps d’y voir clair, de tenter d’user de tout son bon sens !

L’actuel chef de l’État français a pu dire, devant les journalistes qui l’interrogeaient, la semaine passée, qu’il devait prendre une décision toutes les dix minutes, et que c’était donc inévitable qu’il se trompe, de temps en temps.

Une telle déclaration interpelle le citoyen conscient de sa responsabilité et de son rôle : où et comment s’exerce donc la démocratie ? Ce mot de démocratie qui franchit les lèvres de tous les responsables politiques, couramment et banalement, recouvre de fausses évidences.

Depuis le XIXe siècle, en effet, on appelle démocraties des États où la désignation des responsables politiques se fait, à échéances fixes, par l’intermédiaire d’élections organisées au suffrage universel. La démocratie qui prévaut, dans ces démocraties, est donc un système délégataire. Une fois effectuée la délégation, le représentant du peuple devient le peuple lui-même. Il peut décider. Au besoin, toutes les dix minutes… Sans avoir de comptes à rendre à quiconque avant l’élection suivante. Le contrôle, la rectification, la sanction des décisions politiques (et de ceux qui les ont prises) sont toujours reportées à plus tard. Et là s’ouvre une controverse.

Nous ne savons pas encore comment mettre en œuvre la formule, rabâchée et mensongère, de notre Constitution qui prétend que nous vivons dans un régime dont le principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple (article 2 du chapitre 1er : de la souveraineté). Du reste, l’article 3, aussitôt, corrige cette affirmation qui pourrait laisser à penser que la démocratie directe est envisageable : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants.

Cependant, nous ne vivons plus au XIXe siècle, ni même au XXe ! Les élus ne sont plus les porte-parole de masses incultes et parfois analphabètes ! Et pourtant, la remise du pouvoir à un seul, en France, au détriment même, notons-le, des représentants du peuple (qui n’exercent plus, dès lors, la souveraineté nationale !), n’a plus grand chose à voir avec la démocratie la plus traditionnelle, elle-même jetée au rebus !

Alors qu’il faudrait trouver les moyens de faire intervenir toujours plus les citoyens dans les décisions les concernant, et ce en permanence, pas seulement au moment de chaque élection, serions-nous rejetés en arrière, vers ces temps historiques révolus où la monarchie était indiscutable puisque de droit divin ?

Les démocrates vivent une période de l’histoire qui n’est pas la leur. Au moment où devrait s’engager un dialogue fécond entre mandants et mandataires, le Président de la République, (apparemment le principal mandataire dans le cadre de la République française), peut prendre des décisions, seul, toutes les dix minutes…, et l’avouer ! Ou bien on sourit devant pareille inconscience, ou bien l’on prend peur ! Quant aux milliers de mandataires en charge d’exercer, ici et là, la souveraineté du peuple, les voici coincés entre une absence de responsabilité et un trop plein de responsabilités. Qu’une énorme majorité de communes, départements et régions soient gérées par des opposants au Chef de l’État est sans aucune incidence sur la politique du pays : la partition s’écrit à l’Élysée, sa mise en musique se prépare à Matignon et l’orchestration au palais Bourbon. Ce qui se passe ailleurs, en France, est broutilles sans intérêt. Quant à ceux qui rêvent d’être vizir à la place du vizir, qui regardent avec gourmandise, vers le palais présidentiel, se rendent-ils bien compte que la démocratie n’a plus besoin de vizir ?

Comment sortir de cette contradiction dans la démocratie ? Qu’on admette que le peuple pèse sur les décisions par l’opinion qu’il exprime et que mesurent des enquêtes et sondages ne suffit pas ! Non seulement parce que la démocratie d’opinion est influençable, manipulable et détournable, mais parce que les officines qui ont la charge de sonder le peuple, sont, comme les grands médias, le plus souvent préorientées et font partie des outils du pouvoir en place. Les représentants des salariés que sont les syndicats, plus proches, par fonction, des intérêts de la grande masse des Français, souffrent de deux fragilités qui limitent leur capacité d’intervention. La première tient à l’abandon de leur volonté d’être associés à la définition d’une politique tant en Grande-Bretagne où les Trade-Unions ont coupé les ponts avec les Travaillistes du Labour Party, qu’en France où la CGT survit, avec difficulté, à l’agonie du parti communiste. La seconde tient à la lente décrue de l’influence du salariat dans le rapport des forces économiques.

Alors ? « Que faire » eut dit Lénine ? Il nous va falloir préparer des pratiques qui, d’une part, éloignent de la centralisation politique, autrement dit de « la monarchie républicaine », (avec tous les retentissements que cela engendre auprès d’innombrables potentats locaux jouissant pleinement leur rôle mineur de « petits Présidents ») et, d’autre part, développer des réseaux d’influences multiples où tous les dossiers d’intérêt général feront l’objet d’un co-examen avec les collectivités qui ont à en connaître.

Mais cela ne suffira pas encore. La démocratie n’est ni centralisable ni confiscable, mais elle a besoin d’organisation et d’organisations. La mise en réseaux ne signifie pas qu’on puisse pratiquer la démocratie par internet ! La rencontre de citoyens en chair et en os, pouvant échanger leurs pensées et débattre de leurs projets, est indispensable. Il vient à l’esprit, immédiatement, qu’il y a des partis politiques pour cela. Eh bien, là encore, cela ne suffit plus. Les partis sont trop centralisés, trop faibles en effectifs, trop habitués à accompagner la seule démocratie représentative, pour constituer le lieu unique ou principal du débat démocratique. De multiples cellules d’échanges, de partages et d’élaboration de la pensée politique sont nécessaires. Ce maillage, ce tissu, cette irrigation du corps social, peuvent seuls transformer la démocratie élitiste en… -mais peut-on oser l’écrire après les tragiques erreurs passées- une « démocratie populaire ».

S’exprimer ainsi prend à rebours ce qui est dit et pratiqué de la démocratie dans notre Occident libéral. La démocratie se fait haïr parce qu’elle devient la caricature d’elle-même : la forme politique obligée du capitalisme. Sauver la démocratie, c’est lui rendre une visibilité et un attrait, c’est donner la preuve que le peuple décide et qu’il n’est pas trompé. Quand la France ou l’Italie se donnent comme figures de proue des personnages qui savent si bien faire illusion, c’est le signe d’une dangereuse maladie : on choisit mal quand on n’a guère de choix, quand à peu près les mêmes politiques économiques prennent des visages différents. Si la démocratie ne s’empare pas de l’économie, si politique et économie se superposent, l’économique occupant la place du dessus, il n’y a plus de démocratie. Ceux qu’embarrasse la possibilité laissée au peuple de choisir une économie politique différente, se satisferont, bien sûr, de cette superposition qui couvre toute la politique des contraintes ou pseudos contraintes de l’économique. Quant à l’autre superposition, celle qui placerait l’économique en-dessous du politique, elle constitue, tout simplement, une révolution, un retournement du positionnement, ce dont peu de politiciens aux affaires peuvent se satisfaire tant seraient bousculés leurs repères, leurs habitudes, leur confort de pensée, et, disons-le, leurs avantages.

Alors qu’explose, se répand, parfois s’étale, dans la confusion, au cours de cette décennie, la thématique écologiste, il faut se saisir de cette opportunité. Si chaque citoyen est appelé à se pré-occuper de l’avenir de l’humanité, ce ne peut pas être pour s’en remettre, en tout, à ceux et celles qu’il élit. Il ne peut que travailler avec eux, ou sans eux, mais toujours au sein d’équipes, de Collectifs, de Groupes, d’associations qui trament le social et lui donnent armature, plasticité et consistance. Être élu pour être enfin efficace (du moins le croit-on) est une expression qui n’a plus de sens. L’élu est celui qui finalise ce qui s’est conçu parfois avec lui, parfois loin de lui, et qui va entrer dans un cadre fonctionnel. L’élection est un service. L’écologie politique, elle, a ceci de neuf qu’elle entraîne chaque citoyen dans la sphère de responsabilités qu’on laissait trop volontiers occuper par des politiciens quasi professionnels. La cogestion et l’autogestion sont donc de retour. C’est exactement le contraire de ce que préconise l’hôte de l’Élysée, avec constance, intelligence et énergie mais en vain. Ses choix sont ceux d’un autre monde, un monde impossible, insoutenable, d’où nous sortirions meurtris pour longtemps.

L’homme de l’anti-mai 68 vient de nous rendre, à nouveau, un grand service : il vient de révéler que le chef qui se trompe peut annoncer qu’il ne regrette que la forme qu’a prise l’erreur et pas sa cause. En France, en 2008, il serait impossible au peuple tout puissant (en droit) de changer quoi que ce soit (en fait) aux erreurs constatées et moins encore de rectifier l’erreur électorale qu’il a commise et qu’il regrette si visiblement. On peut en douter et le proche avenir pourrait bien le révéler.

Car reste, comme lieu de démocratie, ce qu’on appelle, un peu vite, « la rue » et qui est, plus noblement, l’espace public, la place publique, l’agora immense où devraient pouvoir se faire entendre et comprendre, sans violence, la protestation et les demandes de rectification politiques. L’enfermement de la politique dans des formes désuètes et inefficaces ne pourra pas durer éternellement. L’État, les partis, les médias tels que nous les connaissons, ne sont plus adaptés à la démocratie contemporaine. On peut attendre que cela devienne une évidence dramatique. Il vaudrait sans doute mieux que nous commencions, avec modestie et courage, des travaux pratiques de démocratie non seulement participative mais décisionnelle.

Jean-Pierre Dacheux

mardi 22 avril 2008

La France est noire, aussi.



Vous avez dit peuple martiniquais ?

Devant Aimé Césaire, même mort, décidément, on n’ose pas la contradiction!
Car quoi, la France n’a jamais accepté qu’il y ait un autre peuple au sein de la République que le peuple français, un et unique ! D’où nous vient donc ce "peuple martiniquais" qu’un beau matin nous sortent les journalistes, pour mieux rendre compte d’un hommage mortuaire ?
La Martinique ne serait-elle pas la France ?

Il est vrai que Césaire pensait que la France était la République mais que la République française était bien plus grande que la France ? Autrement dit, il opposait la France républicaine (à vocation universelle) à la France coloniale (à vocation conquérante ou mondialiste, comme on dit aujourd’hui).

Le meilleur hommage qu’on eut pu rendre à Césaire aurait été de lui accorder que la France est une République où s’unissent plusieurs peuples.

De même que la négritude n’appartient pas aux seuls nègres puisque « le nègre fondamental » c’est l’homme, (même si, chez l’homme noir, l’histoire a révélé une culture spécifique), de même, Corses, Basques, Occitans et autres Français auraient droit à être reconnus par la République comme des peuples qui la composent, l’enrichissent, la parent des mille facettes de cultures différentes et néanmoins convergentes.

La Martinique, se veut la France, mais elle ne l’est ni par le fait du droit de conquête, ni par le fait acquis de l’histoire coloniale. La France n’est pas la seule Martinique. La Martinique n’appartient plus à la France; elle s’y est donnée et, comme la Martinique, c'est-à-dire les Martiniquais, elle peut se reprendre comme le peut un peuple libre. Césaire et Senghor, en francophonisant la négritude, ne se sont pas inclinés devant la langue du colonisateur. Ils l’ont subvertie et en ont fait un outil décisif de la libération des Noirs.

La France en Europe est cette unité complexe qui tient sa force de sa pluralité. La fragilité de nos institutions apparaît dans ce refus d’accepter ce que nous sommes : une diversité. Césaire l’a démontré : ce qui fait la République, ce n’est pas la métropole. Une île n’est pas une terre détachée qu’on retient par les fils d’un pouvoir imposé. La Martinique et les autres territoires « français » sont des terres qui associent leur sort. Au-delà de l’autonomie, au-delà de l’indépendance même, il y a le dépassement des nationalismes. La France appartient désormais à la Martinique, à la Guadeloupe ou à la Nouvelle-Calédonie, et plus l’inverse. Et il en sera ainsi tant que les intéressés le voudront et tant que l’ensemble des Français voudront bien en tirer la conséquence majeure : la France est noire, aussi.

Jean-Pierre Dacheux

lundi 21 avril 2008

Un PS sans principes : le socialisme privé de révolution!



Avec ou sans œillets, au Portugal ou ailleurs, c'en est fini de la révolution en Europe, semble-t-il!
En France, en tout cas, la cinquième déclaration de principes aura été la bonne : la révolution est morte.
Elle est morte au sein du PS en tout cas.
Le parti "de classe" (1905). Fini.
Le parti "essentiellement révolutionnaire" (1946). Fini.
Le parti estimant "qu'il ne peut exister de démocratie réelle dans la société capitaliste" et que "c'est dans ce sens que le Parti socialiste est révolutionnaire" (1969). Fini.
Le parti "qui met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" (1990). Fini aussi.
Le parti ex-socialiste va dire, en 2008, "oui à l'économie de marché et non à la société de marché" (Alain Bergougnoux-sic-), " oui à une économie sociale et écologique de marché". Si! Si!
Tout est à présent très clair.
La nouvelle déclaration de principes fait l'unanimité de tous les courants du PS, avec une réserve sur l'Europe, de la part de Jean-Luc Mélenchon. On va arranger ça!
On n'a pas seulement enterré le grand Aimé Césaire qui définissait la négritude comme l'émancipation de "l'homme fondamental", noir ou pas. On vient d'enterrer l'espoir de la fin du système économique qui tient le monde entier en esclavage.
Le "socialisme" n'est plus que la recherche d'une régulation plus juste et d'un partage plus équitable, dans le cadre de l'économie libérale.
Plus de radicalité, ni dans les moyens ni dans les fins.
Du réalisme, un humanisme mou et une belle giclée d'écologie sur le tout. Voilà, c'est fait.
Le PS nouveau est arrivé et ce n'est pas du rouge!
Il est même un peu vert. Mais aigre. Il ne peut mûrir.
Par contre, il peut mourir comme meurt l'amour. D'infidélité.
Voici venue la rupture : et il n'y a pas eu besoin de Sarkozy pour cela.
La rupture? Quelle rupture! Ne faut-il rompre radicalement avec ce parti qui se contentant de si peu ne pourra plus rien changer au fond, mais seulement à la marge?
La déclaration de principes, nous rappelle-t-on, "c'est la carte d'identité du Parti", une identité à vérifier..., une identité nationale certes, mais suspecte.
Car cette nouvelle carte d'identité du PS semble devenue un faux!
L'identité du socialisme véritable est, à présent, hors de ce parti plutôt conservateur.
Ce parti démocrate à la mode US pourra sans doute bien vivre, mais il a cessé d'être ce pourquoi il fut créé!
Beaucoup quitteront, peu à peu, le PS pour les raisons qui étaient celles qui les avaient fait adhérer.
Qui gardera "la vieille maison" du socialisme, devra le faire de l'extérieur!

Ce 21 avril 2008, un an pile après le premier tour des présidentielles de 2007, si nous revotions? Sans équivoque, nous inspireraient encore les pensées antillaises et tout à fait révolutionnaires dont regorgent les livres d'Aimé Césaire et Franz Fanon. À moins que nous nous sentions, pour un jour, sud américains. Au Paraguay, ne s'est-il pas trouvé un ex-évêque, presque rouge,... qui avaient des principes, des principes quasi révolutionnaires!

Mais surtout, ne dites jamais que ne peuvent refleurir les œillets! Nous ne sommes qu'à quatre jours du 25 avril!

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

Démocratie barbare? Barbarie démocrate? Seulement une barbarie !



Par 7 voix contre deux, la Cour Suprême des États-Unis a rejeté le recours d’avocats américains argant que l’injection létale administrée aux condamnés à mort violait l’amendement N° 8 de la constitution étasunienne laquelle proscrit tout châtiment cruel et inhabituel.

Les « sages » ont dit que « les plaignants n’ont pas prouvé que le risque de souffrance lié à une mauvaise administration d’un protocole d’injection mortelle qu’ils reconnaissent humain, de même que le refus d’adopter des alternatives non vérifiées, constituent un châtiment cruel et inhabituel ».

Dans certains États, comme le Texas, les exécuteurs devraient se remettre au travail, pourtant il est avéré que les condamnés restent souvent conscients et souffrent mille tortures. (Étude du journal The Lancet de 2005).

A leur triste palmarès, les États-Unis ajoutent la torture! Ils vont pouvoir reprendre leur rivalité avec la Chine, une triste compétition en marge des Jeux Olympiques.

Dans tous les cas, une nation qui pratique la peine de mort et la torture n’est pas une démocratie, c’est seulement une barbarie.

Il n’y a pas d’exemplarité dans la peine de mort, il n’y a que de la barbarie. Aucun crime, soit-il le plus abject, ne donne droit à la vengeance par le crime.

Jean-Claude Vitran

mardi 15 avril 2008

Crise, vous avez dit crise ?





Je ne suis pas économiste et c’est tant mieux.

Je suis seulement un humain moyen qui, comme tous les Français, se pense doué de bon sens.
C’est pour cette raison que je m’autorise à attirer l’attention sur les dérives actuelles du capitalisme et de son rejeton, la société libérale.

Les postulats de ce système économique sont :
• de laisser faire le marché qui s’autorégule,
• d’ouvrir tous les services collectifs du pays – santé, éducation, transports, énergie, etc. – au marché libre pour supprimer les financements publics et les fonctionnaires.
Les privatisations successives des gouvernements, de gauche comme de droite, ne sont que l’illustration de ce principe.

Pourtant, ces derniers jours, plusieurs événements, non reliés entre eux, vérifient la faillite de ce système économique :

1) Le renchérissement des matières premières alimentaires empêche des populations entières de se nourrir et déclenche des émeutes dans de nombreuses parties du monde. Il affecte le pouvoir d’achat des Français.
Que le marché finisse par s’autoréguler est une évidence, mais le problème vient de la longueur d’onde du cycle d’autorégulation. Cette onde est longue et, comme dans tous systèmes en phase de régulation, elle passe par des stades positifs ou négatifs, avant de redevenir stable. Le pouvoir d’achat de la majorité de nos contemporains permet seulement de satisfaire le cycle de la faim; il est vital et permanent. Si les denrées alimentaires se renchérissent rapidement, ils ne peuvent plus manger à leur faim.
Ce cycle court ne peut pas s’accommoder des fluctuations longues du marché car discordants, ils ne sont jamais en phase..
Pour accorder ces déphasages, il y avait, jusqu’alors, besoin d’un élément régulateur : les États. C’était eux qui réussissaient tant bien que mal la régulation du marché, mais la mondialisation, véritable credo économique occidental, a changé la donne.

2) La hausse du prix du gaz et la suppression de la carte famille nombreuse (même si le gouvernement est revenu sur cette suppression) offre une image des effets pervers du libéralisme.
Lorsque Gaz de France et la SNCF étaient dans le giron de l’État, la fixation du prix du gaz et l’attribution de la carte famille nombreuse ne faisaient pas question. L’État était, là aussi, quelquefois à son corps défendant, le régulateur. Ces deux entreprises ont maintenant pris goût à l’économie de marché, à ses dividendes à deux chiffres et au dogme du profit, sans préoccupation humanitaire. Privatiser les entreprises publiques dérégule les marchés au détriment des consommateurs. Demander à une entreprise privée de se préoccuper de la personne humaine, c’est la menacer; la seule loi qui prédomine est celle de la concurrence et de ses exécuteurs. Croire qu’une entreprise privée, petite ou grande, fera preuve de modération est une naïveté proche de la bêtise. Le postulat des entreprises est de faire du profit, rien que du profit. C’est la raison du plus fort qui domine. Que nombre de chefs d'entreprises se réclament de l'éthique (ou tiennent tout autre discours moralisateur!) relève de l'imposture fallacieuse.

Par ailleurs, le monde devient virtuel, la bourse est virtuelle, les finances sont virtuelles, les images sont virtuelles, etc. Seuls les Êtres humains sont bien réels, de chair et d’os. Et c’est bien là le problème

Jean-Claude Vitran.

lundi 7 avril 2008

Le 8 avril, journée mondiale des Rroms




Pendant leur esclavage dans les principautés roumaines, (esclavage aboli seulement en 1856), les Rroms vivaient dans des grands trous creusés dans la terre, recouverts de branches (les bordeï). Ils y gardaient aussi leurs chevaux, pendant l’hiver, pour les préserver du froid et aussi pour se réchauffer. Afin de fêter l’arrivée des beaux jours, au début du mois d’avril, ils sortaient les chevaux décorés de guirlandes. Le "jour des chevaux" est donc une vieille fête des Rroms de Transylvanie.

Dans les années 1960, à Montreuil-sous-Bois, autour notamment de Ionel Rotaru un avocat rrom d’origine moldave, dit Vaïda Voïvod, se crée le Congrès mondial rrom, qui devient l’Union Rromani Internationale, le 8 avril 1971, à Londres. Cette date est alors choisie comme symbole de l’émancipation. Ce sera la Journée mondiale du peuple rrom. Depuis ce premier Congrès, les Rroms ont un drapeau, et un hymne : Gelem, Gelem.

Comme le stipule une loi adoptée, récemment, par les députés roumains, la population d’ethnie rrom sera fêtée, chaque année, le 8 avril. Le leader parlementaire des minorités, Varujan Pambuccian, a déclaré que cette loi représente "une réparation morale vis à vis des Rroms qui ont eu, en Roumanie, un statut de serfs" et que "le temps de leur affranchissement est venu".

Ce 8 avril sera aussi jour de fête pour les Rroms du Val d’Oise. Mais une fête en demi-teinte, une fête assombrie par les tourments des lendemains difficiles et par la recherche perpétuelle de conditions favorables. Car, différents par leur culture et leur mode de vie, ils ne sont nulle part acceptés. Pire, boucs émissaires, ils sont victimes de la vindicte publique et administrative; ils sont en permanence pourchassés, expulsés et errent d’un endroit bourbeux à un autre endroit bourbeux. Nous semblons ne pas vouloir leur offrir d’autres conditions de vie.

On leur interdit l’accès à l’eau ; leurs enfants n’ont pas partout, comme cela est prévu par les lois, accès à la scolarisation. Malgré leur statut d’européen, ils ont difficilement accès au travail. On leur supprime toutes les aides auxquelles ils avaient droit. Tout est fait pour qu’ils partent, ailleurs, n’importe où, mais qu’ils partent !

Le collectif de défense des Rroms du Val d’Oise et des Yvelines, composé d’associations et de citoyens bénévoles, continuera à oeuvrer en faveur des Rroms. La défense de leurs droits fondamentaux est aussi la défense de nos droits fondamentaux.
En ce jour du 8 avril, nos pensées vont aussi vers les victimes du Samudaripen, le génocide des Rroms déportés et tués, durant la seconde guerre mondiale, parce qu'ils étaient nés Rroms.

Nous souhaitons bonne fête et longue vie à nos amis Rroms.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


jeudi 3 avril 2008

Avez-vous bien dit « réformes » ?




Résistances et changements
.
Nous n’avions pas choisi pour rien ce titre de notre blog !
Pour un peu on nous accuserait de résister aux changements.
Pensez : nous résistons aux réformes.
Non, nous ne résistons pas aux vraies réformes, mais nous résistons à l’abus de mots.
Car la confusion à propos du mot réformes est à son comble !

Il est temps de dénoncer ce mensonge politique qui nomme réformes ce qui ne l’est pas.
Il n’est de réformes que celles qui conduisent à un mieux être.
Les réformes qui sacrifient les intérêts des plus modestes ne sont pas des réformes.
La réforme qui déforme est une contre-réforme.
La Réforme, de la Renaissance à nos jours, fut une contestation des pouvoirs centralisés.
La réforme est partage, jamais une rupture avec le meilleur du passé.

Réforme et changements peuvent-ils signifier retour aux privilèges.
Un retour aux privilèges qui serait donc un retour en arrière !
Cessons de faire dire au mot réforme l’inverse de ce qu’il signifie !
Certes, tout ne peut rester à jamais acquis.
Mais réformer, c’est toujours modifier dans le sens d’un mieux collectif.
Et pas « envoyer à la réforme » comme on envoie le vieil animal à l’abattoir…

À ne jamais dire ce qu’on réforme, on trompe, sciemment, l’opinion.
Comment sortir de ce jeu de dupes et penser la réforme véritable ?
Réformer, c’est vivre au rythme de l’évolution du monde et y adapter notre action.
Sûrement pas remettre le sort de 6 à 9 milliards d’hommes à des minorités.
C’est prendre enfin en compte ce que nous avons vécu, depuis plusieurs siècles.
Réformer, c’est se former soi-même, en se transformant en citoyen responsable.

Jean-Pierre Dacheux

mardi 1 avril 2008

1000 nouveaux combattants français en Afghanistan, pourquoi ?

Le Président Nicolas Sarkozy décide d’envoyer 1000 combattants français en Afghanistan. Si ce n'est pour faire plaisir à l’allié américain, la décision s’explique mal et nous trouble .

Compte tenu du réalisme politique du locataire de l’Elysée, j’avance une autre hypothèse.

Le déploiement de soldats français en Afghanistan ne manquera pas d’attirer sur notre pays les admonestations des extrémistes Al Quaïda, avec menaces d’attentats à l’appui.

Notre monarque républicain pourrait alors réactiver les plans de prévention, surfer sur la vague sécuritaire et s’empresser d’essayer de faire oublier aux Français reconnaissants de tant de sollicitude à leur égard tous les problèmes de crise économique et d’érosion de leur pouvoir d’achat.

Le climat social est instable et le printemps français quelquefois propice aux débordements, qu’importe, si l’envie vient aux citoyens de contester le pouvoir, on pourra toujours leur faire remarquer, peut-être avec rudesse la force étant déjà dans la rue, que le moment est mal choisi, que la patrie est en danger et que manifester dans ces conditions est pure folie.

En politique comme en marketing, cette stratégie, régulièrement employée depuis le début du quinquennat s’appelle le détournement.

Son principe est simple, il s’agit de détourner l’attention des citoyens en créant un nouveau pôle de préoccupations ou d’intérêts en faisant accroire qu’il est d’importance capitale.

Vous pensez que j’exagère, peut-être, l’avenir nous le dira !

Jean-Claude Vitran