lundi 22 septembre 2008

Le capitalisme est mort


Vive la crise. Elle nous enrichit!

La défaite des libéraux se traduit-elle par la victoire des collectivistes ?

C’est aller un peu vite en besogne, et c’est pourtant le sentiment du moment! On envisage tous les contrôles étatiques pour mettre fin à la crise qui s’abat sur la finance mondiale. Le pouvoir politique, Bush en premier, fait exactement le contraire de ce qu’il a toujours préconisé : laisser aller le marché, car il se régulera tout seul.

Allons-y : et de nationaliser, AIG, puis Fannie Mae et Freddie Mac... À qui le tour ?

Et d'injecter 1000 milliards de dollars (1) pour apurer les créances douteuses, plutôt des créances malhonnêtes, des créances de voyous... Même les défenseurs du libéralisme économique reconnaissent que le monde de la finance marche sur la tête et que l’irresponsabilité des dirigeants financiers confine au crime. Ils savaient, depuis de nombreux mois, ce qui allait se produire. Ils ont ajouté le secret à leur folie.

Savez vous que 1000 milliards de Dollars représente plus que le PNB de la plupart des pays du monde?

Il n’est d’ailleurs pas certains que ce cautère soit suffisant.

Beaucoup de voix s’étaient pourtant élevées pour affirmer «Tout système livré à lui-même finira par produire une catastrophe». Cela a été vrai du fascisme, du nazisme, du communisme. Cela est maintenant vrai du capitalisme.

Alors c’est la mort du capitalisme? Celui que nous connaissions, oui !
Car voir l’État américain, contraint de venir en aide à son système financier, de nationaliser des entreprises, c’est un modèle de société qui s’effondre : celui du libéralisme.
Les Etats Unis n’appartiennent même plus aux Américains !
La dette américaine, déjà colossale, (la dette française aussi) va s’alourdir de 1000 milliards de $. Dés lors que « vous avez une balance courante déficitaire, vous dépendez des étrangers, c’est peut-être le début de la fin de l’empire américain ». (2)

Il semble que le système libéral, cher à notre actuel président, présente, effectivement, les symptômes d’une mort clinique.


Le capitalisme bouge encore...

Et la France dans tout cela? Le discours de Mme Lagarde tente de nous rassurer : « les banques françaises ne sont pas trop exposées » dit-elle, à peine 1 ou 2 milliards € ; à titre de comparaison le RSA coûtera 1,5 milliard €.

Tous ces milliards (qui nous donnent le tournis) auraient été très utiles pour sortir une partie importante de l'humanité de la misère. Mais, pour cela, il aurait fallu que le système financier refoule sa cupidité, qu’il ne se prête plus au jeu de pratiques hautement répréhensibles, à vrai dire malhonnêtes, et que, de son côté, l’État remplisse son rôle : protéger les citoyens. Tout au contraire, les contribuables du monde entier vont payer pour sauver les banques, sans qu'il soit certain que cela suffise!

C'est bien à la fin d'un monde que nous assistons!

(1) Environ 5000 milliards de nos francs
(2) Nouriel Roubini – économiste – Courrier International N° 93

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 21 septembre 2008

De EDVIGE 1 à EDVIGE 2.0



La ministre de l’intérieur a transmis hier, à la CNIL(1), le nouveau projet de décret remplaçant EDVIGE. Afin de mieux enfumer le citoyen, il devient EDVIRSP, nom imprononçable! Nous l’appellerons donc EDVIGE 2.0 afin de lui faire sa fête, le 16 octobre, jour de la sainte Edvige.

Quelle rapidité de réaction! La commission des lois de l’assemblée nationale auditionne la ministre, tard le jeudi et, dès le vendredi matin, le nouveau décret est transmis à la CNIL ainsi qu'au Conseil d’Etat! Nous avons vraiment des politiques performants !

Ce nouveau décret est loin de faire l’unanimité dans les rangs de 200 000 pétitionnaires du collectif « NON À EDVIGE » ainsi que chez les parlementaires, de droite comme de gauche.

Lors de son audition au parlement, MAM, actuelle Ministre de l'Intérieur, a dit : « les données relatives aux origines raciales, ethniques, à la santé ou à la vie sexuelle seront exclues, car en effet on n'en a rien à faire ». Ce n’est pas aussi clair dans EDVIGE 2.0, l’article 1 mentionne bien un principe d’interdiction, mais l’article 2 prévoit qu’on peut déroger au principe d’interdiction de l’article 1 sauf pour les données « qui ne sont pas relatives à la santé ou à la vie sexuelle » (ce qui signifie que toutes les autres données peuvent être collectées : origine raciale ou ethnique par exemple).

Il est navrant par ailleurs d’apprendre à ce sujet que M. Alex Türk a reconnu (2) que la CNIL sait, depuis longtemps, que les renseignements généraux fichent la santé et l’orientation sexuelle, donc que la police viole la loi protégeant la vie privée.

Le fichage à priori des enfants demeure, c’est l’essentiel de ce que voulait le président de la République (3), avec un "droit à l’oubli", à 18 ou 21 ans pour des infractions que l’on a pas commises !

L’article 9 de la Constitution garantit la présomption d’innocence. Le fichage au soupçon est donc incompatible avec cet article, et, rien que pour cela, EDVIGE 2.0 devrait être abrogé.

Le collectif « NON A EDVIGE » ne se satisfait pas de ce replâtrage.
Il demande :
- L’abrogation d’EDVIGE 2.0,
- La saisie du parlement, seul compétent constitutionnellement pour protéger les libertés, pour une remise à plat de l’ensemble des fichiers (4).
- De redonner à la CNIL le pouvoir de bloquer les fichiers de police dangereux (c’est-à-dire : revenir sur la loi de 2004) et de lui donner des moyens juridiques, financiers et humains sérieux de contrôle à postériori (5).

Sommes-nous sûrs que nous, nos enfants, ne sommes pas, en ce moment même, dans cette situation où l’on enregistre des données fausses sur notre compte, et qui pourront rester sans limitation de durée (6) dans les ordinateurs du ministère de l’intérieur.

Il faut donc une loi pour protéger les libertés contre la "société de surveillance", tous fichages confondus, avec des droits effectifs et sérieux (accès, rectification) et des contrôles qui le soient aussi (contrôle parlementaire, CNIL, juridictions …)

(1) - Commission Nationale Informatique et Liberté
(2) - La Voix du Nord – mercredi 17 septembre
(3) - Il voulait comme candidat président les ficher à partir de 3 ans sous prétexte, dit-il, que l’on peut discerner dès cette âge leur penchant délinquant.
(4) - Il a été reconnu par le gouvernement, en 2006, que le STIC, fichier de police qui concerne plusieurs millions de Français - coupables, victimes, témoins – comporte plus de 40 % d’erreurs.
(5) - Le 21 mai 2008, le Conseil d’Etat a reconnu à un citoyen le droit à l’accès et à la rectification de sa fiche des Renseignements Généraux, il avait saisi la CNIL... en 1999 !
(6) - Dans EDVIGE 2.0, il n’y a pas de limitation de durée pour les majeurs.

Jean-Claude Vitran

lundi 15 septembre 2008

Vous avez dit "laïcité positive"?



L’addition de ce qualificatif : positive, au mot laïcité laisse entendre que le concept ne se suffit pas à lui-même ou qu’il faudrait équilibrer par du positif ce que la laïcité aurait de… négatif.

En réalité, deux conceptions s’affrontent qui ne sont ni l’une ni l’autre proches de ce qu’est la laïcité (tout court). L’une consisterait à dire que la laïcité est anti-religieuse ou indifférente au phénomène religieux ; l’autre consiste à dire que toutes les religions ont leur place dans la conduite des affaires publiques. Deux erreurs parce que, d’une part, les citoyens qui se réclament d’une philosophie ou d’une religion sont des citoyens de plein droit, tout aussi laïques que les agnostiques et les athées et, d’autre part parce que l’influence d’une religion, quelle qu’elle soit, sur le pouvoir porte un nom très ancien : c’est le cléricalisme.

Derrière ce débat ouvert par le Président de la république française (c’est un comble!), il y a une volonté politique de récupération électorale équivalant à celle qui a si bien réussi avec la clientèle du front national, s’agissant du thème de l’immigration. Les catholiques sont censés voter majoritairement à droite et la laïcité, en Europe, fait toujours problème pour les démocrates-chrétiens qui ont des difficultés à admettre que la foi ne soit pas reconnue par l’État ! On cherche donc à les flatter. On leur laisse entr’apercevoir qu’à la mode anglo-saxonne, la Bible pourrait redevenir le Livre sur lequel peut être fondé le serment officiel de respect des Lois par les Chefs d’État. On confond alors, sciemment, habilement, laïcité et pluralité religieuse.

Certes la laïcité contient l’acceptation de la diversité de pensée et donc le respect des églises, temples, mosquées et synagogues et surtout de ceux qui les fréquentent. Mais cela n’est pas tout ! La laïcité, c’est aussi le respect par l’État de la liberté de conscience, celle-là même que l’Église catholique a mis beaucoup de temps à admettre ! Athées, agnostiques, déistes, et autres croyants dont la foi n’a rien en commun avec les religions du Livre ont, en France, toute leur place !

L’élargissement de l’espace public qu’occupent, depuis quelques dizaines d’années, les musulmans, dans notre pays, nous invite à préciser le contenu de la laïcité. L’ouverture de l’occident à la vaste Asie va nous faire découvrir d’autres approches de la compréhension du monde et déjà les bouddhistes constitueraient, par leur nombre, la quatrième religion en France.

De là à réduire la laïcité à n’être qu’une simple tolérance, il n’y a qu’un pas que ne peut franchir un Français, ayant une longue expérience de la vie en commun de citoyens « qui croient au ciel ou qui n’y croient pas ».

Deux affirmations sont à la racine de cette justification idéologique de la « laïcité positive ». L’une, que l’Église catholique contestera, avec raison, consiste à dire que « toutes les opinions se valent pourvu qu’elles soient sincères ». Le respect d’autrui ne vaut pas acceptation a priori de tout ce qu’il pense ! L’autre consiste à dire que tout ce qui échappe à la raison est sans valeur. L’homme ne peut renoncer à affirmer ce qu’il croit juste dès qu’il s’aperçoit que sa pensée achoppe sur le réel ! Le risque de l’acte de foi est un risque humain, un « pari » disait Pascal, qui peut permettre de tenter d’avancer dans la nuit du savoir. Autrement dit, le débat sur foi et raison que Benoît XVI, après son échec de Ratisbonne, va sans doute tenter de reprendre (c’est au cœur de son Pontificat) a bien à voir avec la réflexion sur la laïcité. Là où la divergence avec lui, comme avec Nicolas Sarkozy, risque d’éclater de nouveau, se situe, bien entendu, au cœur de la question des rapports entre le pouvoir et la religion. La laïcité n’est positive que lorsqu’elle met le citoyen, chaque citoyen, tout citoyen, tout habitant d’un pays, à l’abri de la ou des confession(s) dominante(s).

Curieux libéralisme que celui qui instaure ou ressuscite une religion d’État (de façon autoritaire ou masquée !). Le Christ est mort sur la croix d’infamie pour avoir bravé le pouvoir de l’Empire et celui des Grands Prêtres, associés ! Les chrétiens feraient bien de se le rappeler. Cela leur éviterait de passer pour des citoyens voulant bénéficier, de nouveau, des avantages que les anciens régimes avaient institués, avant (et même après) une certaine nuit du 4 août 1789 qui avait vu l’Ordre du Clergé abolir ses propres privilèges ! Il est vrai que c’était au temps de la Révolution française dont certains voudraient se débarrasser des acquis. La laïcité, qui en est née à la fin du XIXe siècle, a pourtant hérité de ces acquis sur lesquels reposent la démocratie et la République (mais pas ce qui en est dit actuellement et qui n’est souvent que caricatures !).

Le retour du cléricalisme à visage avenant, tout comme la survenue de l’idéologie autoritaire à discours habile ont, à l’évidence, parties liées. Ne nous laissons pas enfermer dans un affrontement trop bien mis en scène par les médias. Au-delà de la visite du pape en France, il y a une véritable menace politique : l’effacement progressif de la laïcité de l’État et de l’école. Aussi, soyons lucides. La laïcité au XXIe siècle, c’est à nous de la réinventer, pas à l’Église ni à un Président qui sert un culte, le culte du moi et dont, par conséquent, la pensée ne déborde guère du champ de ses intérêts.


Jean-Pierre Dacheux

vendredi 12 septembre 2008

EDVIGE : ce n'est pas fini et pas encore gagné!

Il existe en France une «quarantaine» de fichiers de police, estime Jean-Claude Vitran, spécialiste des questions de fichage à la Ligue des droits de l’homme (LDH). (Libération de ce jour). (1)



CONTINUONS DE SIGNER!

Sans débat public préalable, le gouvernement, par un décret publié au Journal officiel du 1er juillet 2008, a considérablement accru les capacités de fichage de nos concitoyens. Ce fichage sera assuré, à l’avenir, par la Direction centrale de la sécurité publique (fusion des Renseignements Généraux et de la DST).

A cette fin, un nouveau fichier policier sera mis en place sous le nom d’EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale). Il recensera, de manière systématique et généralisée, toute personne « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Sans exception, toutes les personnes engagées dans la vie de la cité sont donc visées.

En outre, ce fichage vise à permettre la collecte de renseignements identitaires sur les « suspects » (personne mais également groupe) simplement considérés, par la police, comme susceptibles, à l’avenir et de manière totalement hypothétique, de porter atteinte à « l’ordre public ».

Il permettra de compiler toutes les notes de renseignements telles que : état civil, photographie mais aussi fréquentations, comportement, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et associatives …

La police sera autorisée à consulter ce fichier en cas d’enquêtes administratives pour l’accès à certains emplois.

Les mineurs ne seront pas épargnés puisque fait sans précédent dans notre République et particulièrement choquant, leur fichage sera autorisé dès l’âge de 13 ans et cela sans qu’aucune infraction n’ait été commise et sur la seule base de leur dangerosité présumée.

Cette initiative gouvernementale, porteuse à l’évidence de nombreuses dérives, s’inscrit résolument dans le cadre de la mise en place d’une politique sécuritaire ouvertement revendiquée.

Le gouvernement est passé outre aux réserves émises par la Commission nationale Informatique et Libertés concernant ce fichier qui, dès sa parution, a suscité les plus vives réprobations de multiples organisations associatives, syndicales et politiques.

C’est pourquoi les organisations et les personnes signataires de cet appel :

- exigent le retrait du décret autorisant la mise en place du fichier EDVIGE qui institue un niveau de surveillance des citoyens totalement disproportionné et incompatible avec une conception digne de ce nom de l’état de droit,

- sollicitent le soutien et la signature de tous nos concitoyens et de toutes les organisations attachées aux libertés publiques, au respect de la vie privée et des droits de l’enfant,

- s’engagent à se constituer, dès le mois de septembre 2008, sous forme de Collectif afin de prendre toute initiative utile visant à obtenir des pouvoirs publics qu’ils renoncent à la mise en place du fichier EDVIGE. (2)

(1) http://www.blogger.com/post-edit.g?blogID=4166085502895021173&postID=1391410910421837188
(2) http://nonaedvige.ras.eu.org/

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


lundi 8 septembre 2008

EDVIGE, Taser et caméras ou le flicage social



Notre société ne trouverait-elle plus d'autres parades à l'insécurité que la mise sous surveillance généralisée des citoyens et la menace permanente de la police? Si c'était le cas, qui ne voit qu'elle se condamnerait elle-même et rendrait ainsi manifeste son échec!

En ce début de mois de septembre, on admet, enfin, qu'est liberticide, le décret ayant créé EDVIGE (1) qui, depuis le 1er juillet, permet à la DCRI (2) de recueillir toutes les informations possibles sur le comportement des Français, (et ce depuis qu'ils ont l'âge de 13 ans et sont devenus, a priori, potentiellement dangereux! ). Même le Ministre de la Défense, surpris, s'en inquiète. La Ministre de l'Intérieur, elle, ridiculise l'étonnement de son collègue, nécessairement informé. Les pétitions hostiles au flicage s'enrichissent, au jour le jour, de milliers de signatures. Le décret n'est évidemment pas abrogé. On attend l'avis du Conseil d'État. Pendant ce temps, rien ne changera : la saisine du Conseil n'est pas suspensive!

Avec méthode et constance, on dote les polices de nouveaux moyens d'action, y compris, depuis aujourd'hui, les polices municipales. Parmi ces dernières, celles qui en feront la demande, sous la responsabilité de leur maire, après formation spécifique, pourront disposer d'un révolver électrique, crachant 50 000 volts et projetant celui ou celle qui est touché(e) à sept mètres du point d'impact. Ce joujou, ou Taser, déjà largement utilisé en Amérique du Nord, a déjà tué, notamment des cardiaques, des drogués et des asthmatiques et autres personnes en grande fragilité. Qu'on se rassure, le Taser européen est moins puissant que le Taser d'outre Atlantique... Dit-on.


Les Anglais ont été les pionniers de la surveillance vidéo. À côté de repérages efficaces de criminels, dont on a fait des gorges chaudes, on a pu constater que la délinquance ne régressait pas outre-Manche et, bien entendu, que les malfrats s'adaptaient à la présence de ces caméras à peine cachées. Big Brother ne peut mater le crime tout simplement parce qu'il est impuissant pour peser sur la cause du crime! Tout au plus peut-il, parfois, mettre en images le crime lui-même. La prévention est réelle mais faible. Les dégâts, en terme de solidarité citoyenne, sont, par contre, immenses. À force de s'en remettre à la technique et à l'État (alors qu'on clame, par ailleurs, nécessaire le moins d'État économique!), on finit par limiter la puissance publique à la mise sous contrôle de la population! Viennent ensuite les discours sur la responsabilité..., aussi ronflants qu'inutiles.

La "démocratie" du conditionnement est en marche. C'est une mise en lois et règlements, toujours plus nombreux, toujours renforcés, toujours plus coercitifs, destinée à "faire se tenir tranquilles" tous les citoyens, quelle que soit la forme de leur rébellion. C'est, bien entendu, une entreprise de régression démocratique qui n'apporte même pas ce qu'elle prétend être seule à pouvoir obtenir : l'ordre et le calme en la cité.

Quand un pays confie son sort à des personnages qui confondent leur pouvoir propre et celui de la nation, on constate alors que les gouvernants en demandent toujours plus! Cette confusion, dramatique, entre l'élargissement du pouvoir et l'augmentation des moyens de l'exercer par la force, conduit, inéluctablement à des conflits qui peuvent être d'autant plus violents que les possibilités de répression se sont multipliées. L'arsenal de textes et d'outils de contrainte ne peut suffire. Toute forteresse est un jour prise. Qui oublie cet enseignement de l'histoire met son peuple en danger. La révolte peut mettre du temps à couver mais elle surgira. Pendant ce temps, non seulement on vit mal, mais on ne cherche pas les bonnes réponses aux questions que pose l'insécurité inhérente à tout processus d'évolution sociale...

Qu'il faille ressasser ces évidences après des siècles d'expérimentation sociale a quelque chose de désespérant, d'incompréhensible et de stupéfiant. Pourtant le fait est là : la technologie a été mise au service de la peur. Sans une réaction citoyenne, la France va entrer dans l'une des périodes sombres de son histoire.

(1) Edvige est l'acronyme de : "exploitation documentaire et valorisation de l'information générale».
(2) Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) : "le FBI à la française", un service de renseignements du ministère de l'Intérieur français, né de la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de la Direction centrale des Renseignements généraux, opérationnel depuis le 1er juillet 2008.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

jeudi 4 septembre 2008

Touche pas à mon pote



Des manifestants nationalistes corses ont osé pénétrer dans la propriété d'un acteur ami du Chef de l'État!

Décidément, M. le Premier Ministre nous n’avons pas le même sens de la démocratie. Dans ce qui est devenu "l’affaire Clavier" et après le limogeage-sanction du patron des forces de sécurité de Corse, vous avez répondu aux journalistes qui vous interrogeaient que "le gouvernement ne rend pas de compte sur ces questions". Cela veut-il dire, selon vous, que cette question n’est pas du domaine citoyen?

Vous exprimeriez-vous comme l’un de vos prédécesseurs, qui dans une rafarinade, avait parlé, avec dédain, des « gens d’en bas », (certainement des gens à part, des irresponsables de la société) ; ou, comme le candidat-président qui, à plusieurs reprises, avait fustigé certains de nos concitoyens, les faisant apparaître comme de seconde zone.

Soyons bien d’accord : des exactions, de la part des protagonistes de la manifestation, pouvaient être sanctionnées par la justice, cela ne fait aucun doute.

Mais, M. Fillon, dans notre beau pays, il n’y a que des citoyens comme vous, qui, comme l’indique le Premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme, inspirée de la déclaration de 1789, "libres et égaux en dignité et en droits".

Nous vous rappelons que ces droits sont repris dans la Constitution du 3 juin 1958, qui n’a pas été abrogée, qui est opposable au gouvernement et qui proclame dans son préambule :
- Le Peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de l’homme … de 1789.
- Dans son article 2 : son principe est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
- Dans son article 3 : la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants …..

Ces textes, qui fondent notre démocratie, interdisent de réduire les droits des citoyens. Le système démocratique vous oblige à rendre des comptes à la nation.

Aussi, la décision prise par l'un de vos ministres, sur l’insistance du Père Fouettard de l’Elysée, copain d’école du propriétaire des lieux, ne vous exonère pas des explications et des justifications que les citoyens sont en droit de réclamer et de connaître. Elle pose le problème de l’égalité de traitement des citoyens et des dérives autoritaires du pouvoir qui se multiplient.

Elles interrogent sur l’état de notre démocratie et sur son avenir.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux