lundi 28 novembre 2011

dimanche 27 novembre 2011

La schizophrénie du risque zéro.

On ne peut vivre sans risque ! L'idéologie sécuritaire conduit non à supprimer mais à multiplier les risques ! Le principe de précaution ne conduit pas, s'il est compris convenablement, à la suppression des risques mais à leur limitation. Les risques que font courir à l'humanité l'industrie nucléaire, les manipulations génétiques végétales et animales, les nanotechnologies sont tels qu'ils devraient être bannis de nos industries et plus encore de nos armements, pourtant il n'en est rien ! Pendant ce temps, à chaque crime crapuleux ou odieux, on prétend prévenir leur répétition en multipliant les lois répressives. Tout cela est contradictoire, insensé et dangereux pour la civilisation.

L’apprentissage du métier d’Homme, l’éducation, vivre tout simplement obligent à des prises de risque permanentes. Comme le dit Martin Heidegger : « Nous sommes en sursis dès notre naissance », en effet, toute action humaine a sa part de risques.

Dans notre société du 21ème siècle, la philosophie du risque zéro, qui veut que l’on considère le scénario le plus alarmiste comme le plus probable, se renforce. L’angoisse existentielle de notre fin programmée exalte le besoin de sécurité et nous fait rechercher la prise de risque minimale. Nous ne voulons pas que nous même ou nos proches courent des risques ; de notre conception jusqu’à notre dernier souffle, nous demandons à d'autres, à la collectivité, à l’Etat de garantir notre intégrité, voire de nous garantir l’immortalité.

Alimenté par une presse qui verse dans le sensationnel, le public succombe à la dictature du risque zéro et glisse vers une déresponsabilisation générale face aux exigences de la démocratie.

Les hommes politiques se transforment en gestionnaires des risques et en réactifs compassionnels.

Lors de ses vœux aux Français, alors qu’il était président, Jacques Chirac évoqua un « monde incertain et dangereux ».

Dans la conjoncture présente, à l'âge de la fin des idéologies et des partages droite-gauche - depuis 1997, à gauche comme à droite, la sécurité est devenue la « première des libertés » - la notion de risque constitue une ressource politiquement très payante, et le bon politique est le bon gestionnaire des risques.

Le nombre de lois de circonstance promulgué depuis 2005 en est la démonstration la plus éclatante.

Les pouvoirs publics, qui ont ainsi moins à craindre d'affronter les mouvements sociaux, transforment la demande sécuritaire en outil politique, et garantissent le sentiment du besoin de sécurité en développant des systèmes de coercition et de surveillance de plus en plus sophistiqués et généralisés.

Dans le contexte de la société consumériste, les partis politiques, émules du docteur Jekyll et de Mister Hyde, exploitent l'ignorance, la naïveté des citoyens et instrumentalise le risque zéro en répétant à l'envi : « Consommez, consommez bonnes gens, tout est sous contrôle ».

Evidement, le risque zéro n’a jamais existé dans la réalité, et, trop de sécurité tue la sécurité, mais il est l'alibi d'un pouvoir qui soupèse le potentiel de dangerosité des citoyens, et on le retrouve en permanence dans ses discours sécuritaires.

Ces manipulations sont d'autant plus perverses qu'elles cachent les risques les plus dangereux. Aveuglés et trompés par les déclarations fallacieuses du pouvoir, les citoyens réclament une sécurité immédiate et de proximité sans prendre en compte les développements technologiques qui obèrent jusqu'aux possibilités de survie de l'espèce.

Des accidents industriels gravissimes aux impacts internationaux, qui mettent en grand danger une multitude de personnes - centrales nucléaires, usines chimiques - laissent une grande partie du public indifférent. La dernière actualité au Japon illustre dramatiquement le propos.

Des nouvelles technologies - OGM, Nanotechnologie, manipulation du vivant - se développent dans la plus grande opacité et en dehors de tous débats démocratiques alors même que des institutions internationales sonnent l'alarme.

Parlant des nanotechnologies, le directeur général du Centre d'analyse stratégique (CAS), Vincent Chriqui dit avec un froid cynisme, : « on ignore encore largement quels peuvent être les effets (des nanotechnologies) sur la santé ou l'environnement de leur diffusion à grande échelle. Les nanoparticules peuvent traverser la peau et même entrer dans différents organes, notamment le cerveau » pour terminer en martelant « Quelles que soient les craintes qu'on peut avoir, il est indispensable, pour un grand pays comme la France de continuer à les développer » et il ajoute « Le marché mondial pourrait atteindre de l'ordre de 3.100 milliards de dollars d'ici 2015 »

Ces propos résument la schizophrénie du concept du risque zéro à deux vitesses et dévoilent la volonté à peine voilée des politiques.

Obérer éventuellement la pérennité de l'espèce humaine n'a pas d'importance : pas de respect du risque zéro, pas même de celui du principe de précaution, pourtant inscrit dans le préambule de la Constitution, si l'on doit sacrifier les dogmes sacrés du profit et de la croissance.

Nos exigences de minimisation des risques, notre manque de lucidité, notre grande naïveté, les abus de pouvoir dont sont responsables les hommes politiques de tous bords et la confiscation de la démocratie laisse, devant nos yeux aveugles, le champ libre à un bouleversement en profondeur de la société qui débouchera sur la suppression des libertés, des droits fondamentaux et sur un nouvel esclavage.

Ce n'est pas de cette société que nous désirons pour nos descendants, aussi il est urgent de réagir avant que le système politico-financier actuel n'entraîne l'humanité à la catastrophe.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

jeudi 24 novembre 2011

Non au chauvinisme pernicieux



En peu de mots, tout est dit : La Lettre de la Citoyenneté (de novembre-décembre 2011) indique qu'une majorité de Français (59%) est favorable au vote des étrangers résidant en France, à l'occasion des prochaines élections locales. Nicolas Sarkozy ne fait pas partie de cette majorité et, à l'approche de l'examen de question par le Sénat, s'est exprimé, devant l'assemblée des Maires de France, pour associer étroitement nationalité et droit de vote.

Dans la fuite en avant et le tout à droite, Nicolas Sarkozy et "la droite populaire" (si, si..., ça existe, c'est la droite de la droite, à l'UMP) font la course en tête.

Nouvelle dissociation d'avec nombre d'États d'Europe qui acceptent, certains depuis longtemps, le droit des étrangers à voter, non seulement aux élections locales mais à d'autres élections y compris législatives.



Prôner que les résidents étrangers s'insèrent dans le pays (d'aucuns - pas nous !- disent : "s'intègrent") et ne pas les laisser participer à la vie du pays où ils sont installés parfois depuis des décennies est contradictoire ! Le père de Zidane n'a pas pu voter...

Y a-t-il deux catégories d'hommes : ceux qui vivent en leur pays et qui en peuvent être les citoyens, d'une part, et ceux qui ne peuvent qu'habiter, payer leurs impôts, éduquer leurs enfants dans le pays où ils se sont retrouvés en famille, mais sans y avoir le droit d'exprimer un avis sur la politique du pays d'accueil, d'autre part ?

La citoyenneté de résidence et la citoyenneté du monde sont, pour les nationalistes, des concepts erronés et dangereux. Les replis qu'engendre cette conception étroite de la nation peuvent entretenir des conflits très graves. Décidément la pente choisie par les actuels dirigeants de la France nous fait glisser vers ce dont le pays a déjà plusieurs fois souffert : le chauvinisme virulent !

Écartons ce péril !



C'est même pas vrai ! L'UMP et le petit Nicolas aussi, maintenant...

...Pourtant, en 2001 M. Sarkozy écrivait dans son livre « Libre » : « J’avoue ne pas être outrageusement choqué par la perspective de voir des étrangers, y compris non communautaires, voter pour des scrutins cantonaux et municipaux. A compter du moment où ils paient des impôts, où ils respectent nos lois, où ils vivent sur notre territoire depuis un temps minimum, par exemple cinq années, je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher de donner une appréciation sur la façon dont est organisé leur cadre de vie quotidien ».

Et le 25 octobre 2005, il expliquait dans une interview au Monde « qu’il ne serait pas anormal qu’un étranger en situation régulière qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mercredi 23 novembre 2011

La politique polititienne achève la gauche !

Pas encore élus, mais déjà prêts à se partager les places ! Le spectacle offert par les candidats aux sièges et strapontins du futur pouvoir est choquant, à moins que ce ne soit stupide et risible ! Voici Mme Royal installée à La Rochelle, quoi qu'en pensent les habitants et les élus actuels du grand port. À Lyon, par contre, le maire n'envisage pas qu'on vienne marcher sur son territoire. De même à Paris. Pas de changement chez les notables... Quant aux apprentis notables, ils lorgnent goulûment sur ces possibles ouvertures vers le Palais Bourbon...


Le tournesol pousse-t-il bien à l'ombre des centrales ?

Vous avez dit "palais", comme au temps des princes ? Et de surcroît Bourbon comme la famille royale ? On n'en est plus à faire la conquête des résidences princières par les républicains. On en est à transformer les républicains en princes. Le temps des privilèges et des privilégiés est restauré.

La Ve République s'est convertie à la monarchie et, dans les provinces, les grands et petits seigneurs se réinstallent, si possible à vie ! Rien ne doit changer. Ou bien on tient l'État et on le garde, ou bien on tient l'opposition officielle et on la conserve dans l'attente de la prochaine alternance !

Pendant ce temps le monde tourne. On meurt en Égypte pour arracher le pouvoir à l'armée. On meurt en Syrie pour obliger un tyran à céder la place. Le printemps arabe cherche à échapper à l'automne et plus encore à l'hiver de néo-dictatures.

Pendant ce temps le monde tourne et l'on a déjà oublié Fukushima. Ceux qui y vont voir, qui s'en reviennent terrifiés, et qui nous appellent au grand changement énergétique, passent pour des irresponsables et des provocateurs. L'UMP, par la voix des membres de sa meute, hurle à chaque parole prononcée par des citoyens restés " à gauche", notamment quand le mot "nucléaire" est prononcé ! Quant aux "socialistes", ils dénoncent les "talibans verts", les "intégristes écolos". Il n'y a rien à faire avec ces procureurs !

Eh bien nous disons que mieux vaut une droite allemande antinucléaire qu'une fausse gauche française pronucléaire. Oui, Éva Joly sauve l'honneur. Puisse-t-elle avoir la force et le courage de ne pas céder aux politiciens fussent-ils estampillés écologistes !

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


dimanche 20 novembre 2011

Mort ou renouveau de la démocratie ?



"Le système de démocratie dit « représentatif » ne nous représente plus" s'exclament les Indignés de la Défense. Les dits Indignés, commencent à apparaître et tiennent le même discours que partout (en Espagne, devant Wall Street, en Israël...) : "la démocratie, ça ne marche pas" !


Pourquoi ? Parce que, élections ou pas, ceux qui décident ne sont pas ceux qui sont concernés. Parce que les élections servent à décerveler les citoyens.

Exemple : ce qui se passe, ce dimanche 19 novembre, en Espagne. La victoire de la droite y est annoncée avec, peut-être, une majorité absolue. Les socialistes ont déçu en laissant le pays exsangue. Les électeurs vont les punir. Ils savent pourtant qu'avec les nouveaux dirigeants ce sera pire ! Les Indignés appellent à ne pas tomber de Charybde en Scylla. Ils voudraient que le choix se porte sur "autre chose". Mais quoi ?

Autre exemple : ce qui se passe en Grèce. Les soit disant socialistes ont cédé aux exigences des marchés, relayées par les dirigeants actuels de l'Union européenne. Ils n'ont pas su, ou pu, faire payer les profiteurs qui ont ruiné leur pays et placé la pratique de la triche au niveau le plus élevé. Le successeur de Papandreou, connu pour sa fidélité à la doxa libérale, nous est présenté comme un technicien compétent et honnête ! Il ne peut qu'échouer car il va renforcer les causes de l'échec des sortants. Pas même besoin d'élections : "gauche" ou droite, c'est tellement la même chose que le passage d'un gouvernement à l'autre s'est fait sans grande peine. La colère des citoyens, de plus en plus "indignés" de ce qui leur arrive, ne va pas s'éteindre. Il faut un autre choix politique. Mais quoi ?

Tout se passe comme si la démocratie était, aujourd'hui, l'envers ou l'endroit du capitalisme. On nous fait donc valoir que toucher à l'un, c'est toucher à l'autre. Le "monde libre" ne se connait plus d'adversaire. Le capitalisme serait donc installé, depuis 1989, ad vitam aeternam. Non seulement, tout au long de l'histoire humaine, la pérennité d'un régime n'a jamais été acquise, mais le système économico-politique montre, en ce début de siècle, les signes d'un possible effondrement, révélateurs d'un très mauvais état de santé. Il peut donc mourir au cours de ce demi-siècle. Oui, il faut remplacer un système obsolète. Mais par quoi ?

Ce dont nous souffrons le plus, c'est de notre impuissance à préparer cet autre monde auquel nous aspirons. Nous avons beau en appeler à La Boétie qui affirmait que les peuples qui ne résistent pas aux tyrans n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes, nous sommes prisonniers d'une idéologie consumériste et de rapports de forces électoraux qui font de nous des esclaves de la croissance et des partis. Nous n'arrivons pas à nous reconvertir et à redonner vie à la démocratie qui n'a certes jamais été adulte mais qui, à présent, agonise en pleine enfance.



Nous savons tous, mais n'osons pas dire, que la démocratie suppose le partage du pouvoir entre tous et pas seulement le choix d'élites qui ne tardent pas à servir le système dont ils deviennent les instruments, d'une part, et que, d'autre part, la démocratie politique n'a aucune réalité sans démocratie économique. Rien n'y fait. Que les écarts entre les revenus aient atteint des proportions inimaginables, indécentes, ultra violentes, aurait dû suffire à mettre un terme à une société de marché qui est une société de l'inégalité. Il n'en est rien.

Le capitalisme, au cours des siècles précédents, a présenté divers visages. Sous sa dernière version, il a tenté de mondialiser, d'uniformiser, de soumettre les rapports humains afin d'étendre encore le pouvoir de l'argent sur les humains. La surprise tient à ce qu'il y parvient ! Que les citoyens du monde entier s'inclinent pose une question troublante : vivons-nous sur une illusion historique, celle de la croyance en la possibilité de l'émancipation et en le mirage révolutionnaire de la fin des privilèges ?

Le pouvoir est pérenne parce qu'il s'appuie sur la force. Faudrait-il, pour casser tout rapport de force nécessairement déséquilibré en faveur des polices et de l'armée, inventer des formes massives d'action non-violente désarçonnantes pour les professionnels de la violence ? Les Indignés en sont persuadés.

À regarder derrière soi on finit par penser qu'on ne peut que rester sur place ! L'histoire nous enseigne que la guerre finit toujours par s'emparer de l'humanité quand elle ne dispose plus des moyens de sortir de l'impasse politique dans laquelle elle est entrée. Ce qui est authentiquement révolutionnaire serait de casser cette logique : la guerre n'est pas inéluctable, la guerre sociale autant que la guerre entre États. Le conflit est autant inévitable, indispensable que le refus de la violence pour s'y engager. C'est cela être un homme et il n'est jamais trop tard pour le devenir.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



vendredi 18 novembre 2011

Les deux logiques

Nous apprenons, par des amis écologistes, quel contenu justifie l'approbation de l'accord PS/EELV. Vous le trouverez ci-dessous. Sans aucun doute, un tel programme, intégralement appliqué, changerait la vie politique française. Pourquoi doutons-nous pourtant de l'engagement du PS et de la pérennité d'un tel accord ?

Pour de multiples raisons qui se résument à celles-ci :

• il s'agit d'un accord électoral et pas d'un accord politique fondé sur une orientation commune.

• les autres partenaires de la gauche, concernés, n'y sont pas engagés.

• la sensibilité majoritaire au sein des instances dirigeantes du PS (pas nécessairement parmi l'ensemble des socialistes), reste productiviste, centralisatrice et pronucléaire.

• Les écologistes, au sein d'EELV et plus encore au dehors, qui ont une autre sensibilité philosophique, considéreront cet accord comme autre chose que ce dont l'Europe et la planète tout entière a besoin et s'en désintéresseront.

• Bref, deux logiques s'affrontent comme toujours : celle des "réalistes" qui veulent décider et agir à court terme et celle des "utopistes" qui veulent préparer le moyen terme, d'urgence, pour n'être pas contredits par les changements fondamentaux qui s'opèrent, indépendamment des choix électoraux proches.

Autant dire que notre choix est le second, celui qui n'engendrera pas de nouvelles déceptions, des déconvenues conduisant, comme en Grèce ou en Espagne, vers le reflux de ce qu'il reste du socialisme.


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


Présentation de l'accord PS.EELV par des responsables écologistes :

"Sur deux questions cruciales nous avons choisi de préserver notre liberté de parole et d’action, particulièrement pendant la campagne présidentielle : l’avenir du chantier de Flamanville et le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Sur ces questions, EELV et le PS ont vocation à se revoir après l’élection présidentielle.

Comme vous pourrez le constater dans le document ci-joint, le travail, aboutit à un texte qui dans sa rédaction comme ses propositions marque une véritable avancée dans l’intégration du projet écologiste dans un programme de mandature parlementaire".

- Sur le volet énergétique : la fermeture de 24 réacteurs d’ici 2025, l’absence de construction de nouvelles centrales sur la mandature, l’abandon des filières du retraitement et du MOX, la mise en place d’une filière du démantèlement, etc. et globalement une stratégie de transition énergétique basée sur l’efficacité énergétique et le développement des renouvelables.

- La révision des infrastructures de transport (ferroviaire, autoroutier, aéroport) à l’aune de critères environnementaux, de proximité et d’efficacité des fonds publics et un soutien massif aux transports collectifs, etc.

- Une loi d’orientation agricole qui, outre le renforcement du pluralisme syndical, révisera les soutiens publics en faveur de l’emploi et de l’environnement, une refonte de la gestion foncière, l’interdiction des OGM, etc.

- Une politique de santé qui, prenant en compte les causes environnementales de nombreuses maladies, mettra la prévention au cœur de son action, luttera contre les déserts médicaux et les déremboursements injustes, et réévaluera la place des hôpitaux publics, etc.

- Un renforcement des politiques européennes (un saut fédéral) pour lutter contre la crise économique, le contrôle public des banques, la création d’eurobonds, la taxe sur les transactions financières, la suppression des paradis fiscaux et l’augmentation du budget communautaire par renforcement des ressources propres etc.

- Une réforme fiscale prenant en compte la contribution climat énergie, la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, la taxation renforcée des très hauts revenus, etc.

- La reconversion écologique de l’économie, 600 000 emplois verts, une politique de reconversion industrielle, une banque publique d’investissement, etc.

- Le droit à la retraite à 60 ans, la remise à l’agenda social de la question des temps de la vie, la priorité à la lutte contre le chômage des jeunes et des seniors, etc.

- La réduction des pouvoirs excessifs du président de la république, le renforcement des pouvoirs du parlement, une part de proportionnelle de15 à 20% du nombre total de sièges selon le redécoupage, la transformation du conseil constitutionnel en cour constitutionnelle avec pouvoir de contrôle renforcé, etc.

- L’interdiction du cumul et un statut de l’élu, le renforcement de la parité, l’abrogation de la réforme territoriale, de nouveaux transferts de compétences aux régions, le droit de vote et d’éligibilité des personnes étrangères aux élections locales, etc.

- L’indépendance de la justice et la revalorisation de ses moyens, l’abrogation des lois sécuritaires sur les peines planchers et la rétention de sûreté, etc.

- Une action diplomatique pour que les décisions du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC soient soumises aux institutions de l’ONU et à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la démocratisation de l’ONU, 1% du PIB pour l’aide publique au développement, le soutien à la création de l’Organisation Mondiale de l’Environnement, etc.

- Retrait des troupes françaises d’Afghanistan, reconnaissance de l’Etat de Palestine, fin de la Françafrique, participation aux négociations suite à l’initiative Obama sur le désarmement nucléaire, etc.

- Une politique de régularisation des sans-papiers sur la base de critères fixés par le Parlement après une conférence de consensus associant les associations, la réforme de CESEDA et l’abrogation des lois d’exception (restriction vie privée et familiale, etc.), une action résolue pour la sanctuarisation du droit d’asile au niveau européen, etc.

- La lutte contre les discriminations par l’éducation et le renforcement des sanctions, le droit au mariage et à l’adoption pour tous les couples, l’élargissement de la délégation parentale, etc.

- Faire passer l’égalité femme-homme du droit à la réalité des situations, notamment emploi, accès aux responsabilités, salaires, Ministère des droits des Femmes, etc.

- L’abandon de la RGPP, la revalorisation de la fonction publique (lutte contre la précarité des emplois, réforme des promotions internes, etc.)

- Sur l’éducation un plan pluri-annuel de recrutement de professionnels, un droit à la qualification pour tous garanti par un compte formation individuel, qualification de la moitié d’une classe d’âge au niveau licence, le rapprochement des classes préparatoires et des universités, un plan de rattrapage pour le logement étudiant, etc.

- Une conférence salariale annuelle tri partite dans le cadre d’une politique visant à améliorer les salaires, le rattrapage du pouvoir d’achat du SMIC et des minimas sociaux, etc.

- La construction de 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux, l’augmentation des sanctions de la loi SRU et la part des logements sociaux de 25% au lieu de 20%, un plan d’urgence pour loger les 20 000 personnes prioritaires au droit au logement, le désenclavement des quartiers de la politique de la ville, la suspension des expulsions des locataires de bonne foi, etc.


mercredi 16 novembre 2011

Une gauche à dépasser !


Un marché de dupes ? Qui va le plus y perdre ?

"L'accord a minima" entre le PS et les écologistes est d'une lumineuse clarté, si l'on veut rester dans le cadre de la politique politicienne. C'est même un événement, car chaque signataire vise un résultat différent, à partir d'une reconnaissance surprenante d'un accord avec désaccords !

Pour le PS, l'intention est claire : reconstituer une unité de la gauche dite de gouvernement qu'il puisse continuer de dominer, dans le cadre d'institutions non touchées, et en maintenant la bipolarité politique en France, sur le modèle US. D'un côté, les républicains, (l'UMP et ses alliés obligés) ; de l'autre, les démocrates, (le PS et ses partenaires, tenus en laisse).

Pour les écologistes, il s'agit de tenter de briser cette bipolarité, en introduisant, dans la machine électorale, un cheval de "Troie", (comme en Allemagne, où les Grünen ont modifié le rapport CSU-SDU / SPD). Pour cela, l'accord électoral installerait une troisième force partisane, franchement européenne, fédéraliste et écologiste, que le PS ne pourrait plus jamais mettre à sa botte.

À court terme, en 2012, nous saurons qui a le plus gagné à ce jeu de dupes. Car il y aura une dupe, voire plusieurs. On peut, ainsi, imaginer un PS vainqueur de la présidentielle mais surpris par une poussée écologiste pour lui dérangeante aux législatives ! On peut, autre hypothèse, voir surgir une situation internationale incontrôlable, laissant ouvertes des possibilités inattendues, "le pire" étant que les Présidentielles doivent être ajournées pour cause de troubles sociaux.

Car, élections ou pas, il y a gros à parier qu'on ne reconnaitra plus notre pays, d'ici à un an ! Ceux qui s'évertuent à penser la conjoncture, en fonction de repères stables et connus, vont aller de surprise en surprise. Les Chefs de gouvernement ou d'État valsent, depuis quelques mois, à un rythme totalement imprévisible, et l'on n'a pas tout vu.

Que Berlusconi et Papandreou aient dû céder la place sans même qu'un changement de majorité se soit produit, et ce au profit de technocrates respectables mais inféodés aux marchés, révèle que la démocratie se meurt, les peuples n'ayant même plus un mot à dire dans la direction de leurs pays !

Nous assistons à l'implosion du libéralisme. La bête est très grosse et robuste, mais elle s'est blessée à mort. Elle a eu plus grands yeux que grand ventre et s'est étouffée. En combien de temps s'effondrera-t-elle, qui peut le savoir ? Ce qu'il faut, par contre, savoir d'urgence, c'est qu'il importe de se préparer à cette éventualité proche ou lointaine. Et nous voilà, en France, ramenés à cet accord habile et vain qu'ont signé des partis qui ont, par principe, à proposer une alternative crédible non pas à la présidence Sarkozy mais à une situation, économique, écologique, financière et sociale qui ne peut perdurer. Est-ce le cas ? Est-ce le but ?

Que les socialistes, tels que nous les connaissons par l'intermédiaire de leurs personnalités médiatisées, mais vieillies avant que d'être vieilles, persistent à croire -nous disons bien croire- en la croissance, l'énergie nucléaire, les institutions de la Ve République et la démocratie représentative fondée sur les partis, rien d'étonnant à cela.

Leurs alliés principaux, en 1981, les communistes, en retard d'une ou deux générations, sont politiquement morts avec la fin du système des soviets, en 1989 (Tchernobyl y ayant contribué, en 1986), mais aussi à cause de leur instrumentalisation par François Mitterrand. Les survivants, de cet organisme caduc en sont restés à une politique traditionnelle de protection des derniers élus, sans rien proposer de neuf, ni pour leur pays ni pour eux-mêmes. Le tout nouveau Front de gauche en fera bientôt les frais, en dépit des talents d'orateur de Jean-Luc Mélenchon et des quelques idées fraîches nées au sein du Parti de Gauche.


Combien de députés ? C'est la question qui poigne les écolos comme les cocos.

Mais que les écologistes lâchent la proie pour l'ombre, à cause d'un calcul électoral à court terme, voila qui inquiète, plus que cela n'étonne ! L'écologie, telle que nous l'avons découverte, comprise et adoptée, suppose une vision à moyen et long terme qui n'autorise pas la perpétuation de cette quête constante de places, soit disant pour peser sur les politiques publiques mais au risque de ne peser que sur du marginal ! Les lucides savent qu'il y a plus d'avenir chez les "indignés" que dans un retour à des majorités roses-vertes que le PCF, moribond, et les antiquités politiques, hier brillantes, tel Chévénement, feront tout pour rendre infécondes. L'erreur pluri-décennale des Verts, depuis les années 1970, aura été de chercher à entrer dans des jeux d'alliance avant d'avoir obtenu, par eux-mêmes, l'audience et la représentativité nécessaires pour n'être pas marginalisés.

Cette fausse gauche-là est en voie de dépassement, quand bien même elle continuerait à engranger des succès électoraux ! Les élections ne sont plus au bout de processus politiques qu'elles valident, mais elles sont devenues des machines à désigner des vedettes, formatées pour séduire, et devant disposer de moyens financiers considérables et aliénants. La démocratie a cessé d'être liée à des succès électoraux !

Car la démocratie n'est-elle pas à réinventer ? Eh bien non ; elle est à... inventer, car c'est d'une autre démocratie que nous avons besoin, celle où le citoyen peut décider. La réalité du monde a changé et faire fonctionner les organisations politiques, comme au siècle dernier, ne peut durer longtemps encore. Il n'y a pas que le système économico-politique capitaliste qui va imploser, c'est tout une culture au rabais dans laquelle se sont englués les leaders de droite comme de gauche qui va se révéler obsolète et pernicieuse.

Dépassons nous-mêmes cette politique du compromis avec le passé. Il y va de la paix autant que de la liberté de penser et d'agir des citoyens, dans un monde qui a achevé de se transformer, sous nos yeux, en "société de Marché" et qui ne peut plus fonctionner dans ce cadre restreint.



... la France peut leur vendre un excellent prototype : Flamanville

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

lundi 14 novembre 2011

La Renaissance comme issue au libéralisme ?

Nous accueillons, dans notre blog, quelques pensées que nous empruntons à Dany-Robert Dufour et qui, parues dans le quotidien Le Monde, annonçaient la sortie prochaine d'un livre, dont nous présentons ci-dessous l'image. Ce qui nous apparait positif, dans la démarche intellectuelle du philosophe, c'est la volonté de dépassement du libéralisme en fouillant jusqu'aux racines de son idéologie, pour mieux les couper. Repenser l'individu pour l'arracher à son égotisme revient à réhabiliter la personne qui est un être social, en communication, et pas un personnage autocentré. Il est vrai que cette conception de l'individu humain-là est incompatible avec l'homo œconomicus. Ouvrons donc le dialogue avec Dany-Robert Dufour, même si nous devions, sur tel ou tel point, rencontrer des divergences.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


Dany-Robert Dufour est professeur de philosophie de l'éducation à l'université Paris-VIII, ex-directeur de programme au Collège international de philosophie. Il a notamment publié une anthropologie critique du libéralisme en trois volumes (L'Art de réduire les têtes, Le Divin Marché, La Cité perverse, chez Denoël) et, récemment, L'individu qui vient... après le libéralisme (Denoël, 450 p., 22 euros).



Extrait de l'article paru dans l'édition du Monde, du 30.10.11

" La civilisation occidentale, entraînant avec elle le reste du monde, est emportée par un nouveau démon où se mélangent en proportions diverses l'ultra et le néolibéralisme. Ce diagnostic, partagé, est cependant un peu trompeur : il porte à croire que la crise est d'abord économique et financière. De sorte que, pour la résoudre, on aurait avant tout besoin de la science des économistes. On aurait tort de le croire. Pour plusieurs raisons. La première est triviale : la science des économistes est au moins aussi versatile que celle du marc de café. La seconde est plus sérieuse : nous ne vivons pas seulement une crise économique et financière, mais aussi politique, écologique, morale, subjective, esthétique, intellectuelle... Ce sont les fondements sur lesquels repose notre civilisation qui sont atteints.

D'où vient donc cette courte vue qui pousse à croire que les remèdes à la crise sont économiques ? D'une illusion d'optique dont il serait temps de nous déprendre. Cette illusion émane des théories ultra et néolibérales elles-mêmes qui prennent l'économie marchande et financière pour référence unique. Du coup, ce sont les autres grandes économies humaines qui sont oubliées, avant d'être mises au pas : les économies politique, symbolique, sémiotique et psychique.

Nous vivons en quelque sorte dans un nouveau totalitarisme sans le savoir, découlant de l'impérialisme théorique de l'économisme néo et ultralibéral faisant l'impasse sur tous les autres secteurs où les hommes échangent entre eux : qu'il s'agisse des règles pour gouverner la cité, des valeurs dont ils tirent des principes, des discours porteurs de signes à la recherche du sens, des intensités et des flux pulsionnels mis en jeu.

Dans la pensée libérale, en effet, la société des hommes, dans sa richesse et sa diversité, n'apparaît plus que comme une auxiliaire du marché. Comme l'a montré l'historien de l'économie Karl Polanyi dans son maître ouvrage écrit en 1944, La Grande Transformation (Gallimard, 1983), dans cette perspective, au lieu que l'économie soit encastrée dans les relations
sociales, ce sont les relations sociales qui sont déstructurées et restructurées afin d'être réencastrées de force dans le système économique. Bref, le marché oublie que les relations marchandes n'ont de sens qu'à condition de s'intégrer dans des rapports plus vastes où les hommes échangent non seulement des produits manufacturés, mais aussi et surtout des formes symboliques, morales, juridiques, linguistiques, esthétiques, psychiques dont l'échange les constitue comme sujets.

Ce sont non seulement les autres grandes économies humaines que l'économie ultra et néolibérale altère, mais aussi l'économie du vivant. Il existe en effet, comme Fukushima le montre, une contradiction majeure entre le fantasme de la richesse infinie et le réel caractérisé par la limite et la finitude des ressources offertes par la terre. La nature n'est-elle pas en train d'émettre d'inquiétants symptômes de dérèglement et d'épuisement ?

Pourtant, la civilisation occidentale dispose de ressources exceptionnelles. Sa spécificité, nous semble-t-il, c'est d'avoir su viser, au travers de nombreuses vicissitudes, la réalisation de l'individu. Il faut reprendre ce projet abandonné, car notre époque, contrairement à l'opinion courante, n'est pas à l'individualisme, mais à l'égoïsme. De sorte qu'on se trouve dans une troisième impasse historique en un siècle.

En effet, après l'impasse du fascisme qui a fait disparaître l'individu dans les foules fanatisées et après celle du communisme qui a interdit à l'individu de parler tout en le collectivisant, est venue celle de l'ultra et du néolibéralisme qui réduit l'individu à son fonctionnement pulsionnel en le gavant d'objets.

Il faut relancer le projet philosophique occidental, car l'individu n'a jamais encore véritablement existé, pas plus aujourd'hui qu'hier. Plusieurs fois déjà, la civilisation occidentale a su se sortir d'impasses historiques tragiques en se réinventant un avenir possible visant la pleine réalisation de l'individu.

Pensons à l'esprit de Philadelphie qui s'est imposé au sortir de la seconde guerre mondiale. Fondé sur le principe de dignité, cet esprit présidait alors à la reconstruction complète d'un monde mené à sa ruine en grande partie à cause du chaos de 1929 provoqué par l'ultralibéralisme d'avant-guerre, sur lequel le nazisme avait surgi. Il suffit de relire des textes aussi fondateurs que le programme du Conseil national de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 sous le titre Les Jours heureux, la Déclaration internationale des droits à vocation universelle de Philadelphie, proclamée le10 mai 1944, l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, pour sentir qu'un souffle nouveau était à l'œuvre.