Le G vain : La roue de la fortune a canné...
Après Cannes quels enseignements tirer de cette série d'épisodes historiques grotesques ?
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Partira ? Partira pas ! La sortie de Papandreou ne règlera rien. Qu'il quitte le Gouvernement par la grande porte ou par la petite porte ne peut suffire à répondre à la question qui se pose à la Grèce, dans un premier temps, mais qui se posera à d'autres pays à commencer par l'Italie.
Partira ? Partira pas ! La sortie de Berlusconi ne règlera rien. Qu'il quitte le Gouvernement par la grande porte ou par la petite porte ne peut suffire à répondre à la question qui se pose à l'Italie, dans un premier temps, mais qui se posera à d'autres pays notamment à l'Espagne.
Partira ? Partira pas ! La sortie de Zapatero ne règlera rien. Qu'il quitte le Gouvernement par la grande porte ou par la petite porte ne peut suffire à répondre à la question qui se pose à l'Espagne, dans un premier temps, mais qui se posera à d'autres pays notamment à la France.
Partira ? Partira pas ! La sortie de Sarkozy ne règlera rien. Qu'il quitte le Gouvernement par la grande porte ou par la petite porte, en mai prochain, ne peut suffire à répondre à la question qui se pose à la France, dans un premier temps, mais qui se posera à d'autres pays de l'Europe.
Car l'opinion majoritaire, influencée par les médias assez visiblement aux ordres, se trouve dominée par de fausses évidences qu'on a rabâchées au cours du G20. Et il faudra bien, tôt ou tard, entrer dans une autre dynamique politique et abandonner ces fausses évidences !
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• La première de ces fausses évidences est que le monde entier serait endetté. Il ne devrait pas y avoir plus (ou moins) d'argent sur Terre, aujourd'hui qu'il y a cent ans ! La monétarisation de l'économie a brisé tous nos repères. La question est donc tout autre : l'argent est-il encore un moyen d'échange ou bien une marchandise nouvelle qu'on surproduit, qu'on vend et qu'on achète, indépendamment de l'activité industrielle et agricole ? Que des pays, de plus en plus riches, soient de plus en plus pauvres n'a aucun sens. Ce qui a pris sens, un bien mauvais sens, c'est que l'on veut faire fonctionner les États comme des entreprises et que l'on a jeté des sociétés entières dans la fuite en avant de l'emprunt permanent. Ainsi avons nous privatisé la politique. Ainsi avons-nous remis notre sort entre les mains expertes et perverses des financiers.
• La seconde de ces fausses évidences est que, sans croissance, il n'existe aucune possibilité de retrouver un équilibre économique. Cela signifie que nul ne pourrait marcher sans courir ! Cela veut dire que la sobriété est impossible aux sociétés modernes. Cela conduit vers une perpétuelle recherche du plus de productions, sans éliminer aucune de celles, nuisibles ou inutiles, qui rapportent de l'argent. Dans un monde limité c'est un suicide de nos civilisations.
• La troisième de ces fausses évidences, c'est qu'il serait possible de maintenir le concept de démocratie sans solliciter l'avis des peuples, voire en l'obligeant à changer d'avis quand ce qu'il désire ne convient pas aux choix des dirigeants ! Corollaire : quand on a enfermé un pays dans de multiples erreurs économiques, c'est encore au peuple qu'on demande de payer la note !
• La quatrième de ces fausses évidences, c'est qu'on pourrait prolonger le fonctionnement d'un système qui non seulement s'effondre mais rend « toxique » l'activité humaine. Quand on saigne le peuple grec mais que les très fortunés armateurs grecs restent intouchables, sous peine, menacent-ils, d'aller faire fortune ailleurs, on atteint le comble du cynisme. Une humanité de sept milliards d'individus ne peut céder à de pareils chantages qu'on retrouve, cependant, partout ! Sans démocratie économique, il n'y a pas de démocratie politique possible.
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Et voilà que Barak Obama, président de la plus grande puissance économique au monde - car les USA le sont encore ! - s'en vient, à Cannes, au lendemain d'un « G vain », sans effet sur la conjoncture, devant les ondes des télévisions françaises, apporter son soutien au président d'une France à la peine.
La caractère électoraliste et assez ridicule de l'opération ne mériterait pas un seul commentaire mais ce qui nécessite l'analyse, c'est l'intention cachée de la tentative, à y regarder de près, mais côté étatsunien ! La fausse évidence mondialisée, par l'intermédiaire de ces quinze minutes de discours médiatisée, est celle-ci : "non, l'occident n'est pas en panne et il sait manifester, si besoin est, sa solidarité coûte que coûte". En d'autres termes, et plus crûment, il faut sauver le capitalisme, certes au bord du gouffre, mais qui peut n'y pas sombrer car ne manquant pas de réserves politiques, à preuve cette exhibition télévisuelle. En outre, revoici l'Europe mise sous la protection et le contrôle des USA. Belle opération pour Obama, candidat en 2012, moins menacé que Sarkozy, et qui montre sans avoir, lui, à le démontrer, qu'il est et reste un leader incontournable.
Ce n'est pas le leader chinois, ni même le leader indien qui se seraient prêtés à ce vilain jeu de dupes. Eux ont le poids ou l'avenir démographiques avec eux et n'ont pas, à rechercher, d'abord, un nouvel « american way of life » qui serait fatal à leurs peuples et à l'écologie du monde entier. Relevons ici l'ultime fausse évidence qu'on voudrait voir mondialisée : là où sont les plus nombreux des hommes on peut trouver les meilleurs clients non encore pourvus des biens qui nous sont devenus nécessaires, en Europe ! On ne sauvera pourtant pas les industries de nos sociétés saturées par le transfert de nos savoirs, de nos usines et de nos technologies vers l'Asie. Le capitalisme asiatique n'a jamais été et ne sera pas semblable au capitalisme occidental. Plus encore : ce capitalisme se transformera parce que la philosophie qui l'inspire n'a pas déserté le marxisme pour se vautrer dans le libéralisme anglo-saxon. La Chine s'est réveillée et ne va pas dans la direction où nous pensions inévitable d'aller : soit le communisme en fin de vie, soit la démocratie libérale en pleine et fatale contradiction.
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In fine, ce qui apparaît effroyable, c'est le refus de considérer les véritables évidences qui sont fondées, depuis des siècles, sur des valeurs qu'on déforme, minimise, oublie ou qu'on renie : le partage, la vertu, la modestie, le service, la solidarité. Rien d'utopique, pourtant, dans dans ces évidences là, à moins qu'on renonce à l'espérance d'une vie collective équilibrée.
Des nonagénaires tels que Stéphane Hessel, Edgar Morin, ou Jean Malaurie en sont, après des décennies de travaux et d'engagements, ayant souvent fait l'unanimité, à recommander, d'urgence, l'indignation citoyenne, une tout autre voie politique, la révolution écologique ! Comment se fait-il que nous n'en sachions ni les lire, ni les comprendre afin d'en tirer tous les enseignements pratiques ?
D'ici quelque temps nous regarderons la période historique que nous traversons avec étonnement. Opposons, dans toutes les situations, les plus vastes comme les plus étroites, nos évidences citoyennes aux fausses évidences mondialisées qui nous conduisent, au sens propre comme au sens figuré, à la ruine.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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