vendredi 29 décembre 2017

Une année chasse l'autre.


Dans quelques heures nous allons passé de 2017 à 2018.

Passage tout à fait artificiel destiné seulement à s'y retrouver dans l'écoulement du temps.

Pourtant cette « norme », le calendrier grégorien, nous rassemble tous, ou plutôt presque tous, car si le calendrier grégorien est officiellement adopté par la majorité des nations, certains pays asiatiques, musulmans ou orthodoxes utilisent un autre calendrier pour les actes religieux ou les événements culturels importants. Par exemple : le nouvel an chinois, musulman et juif ne tombent pas le 1er janvier de chaque année.

Aujourd'hui, vendredi 29 décembre 2017 nous sommes le 11 Tevet 5778 dans le calendrier juif, mais, le 10 Rabi'ou Al-Thani 1439 dans le calendrier musulman et le 8 nivose 226 dans le calendrier républicain issu de la Révolution française. Six pays n'utilisent pas le calendrier grégorien : l'Afghanistan (calendrier persan) - l'Arabie saoudite (calendrier hégirien) - l'Éthiopie (calendrier éthiopien) - l'Iran (calendrier persan) - le Népal (calendrier Vikram Samvat) - le Viêtnam (calendrier luni-solaire).

Il n'en reste pas moins que pour des raisons évidentes, ultra-libéralisme oblige, la grande majorité des nations mondiales ont adopté le calendrier grégorien pour faciliter les échanges marchands.

C'est ce « presque tous » qui pose problème. Le calendrier grégorien n'est qu'une fabrication arbitraire du monde occidental dont le point de départ, c'est à dire l'instant zéro pose beaucoup de problèmes. Dans le calendrier grégorien, issu du calendrier julien, il n'y a pas d'année zéro, ainsi, le calendrier passe directement de l’an -1 à l’an 1, mais il y a un instant zéro censé correspondre, approximativement, avec la naissance de Jésus-Christ. C'est Denys le Petit, mort en 540, qui propose de rattacher le calendrier à la vie du Christ, cette proposition est adoptée par l'Église en 532 et généralisée à partir de l'an 1000.

Il est facile de comprendre qu' un système qui pourrait être fédérateur - avoir tous la même date sur la surface du globe - ne peut être que diviseur dès l'instant où son origine est directement issue d'une croyance religieuse singulière que l'arrogance occidentale a essayé, principalement lors de la période coloniale, d'en faire un dogme universel.

Cette nature religieuse du calendrier grégorien a donné lieu, au cours des trois derniers siècles, à des projets de calendrier universel et de calendrier fixe. Au cours du XXe siècle, la SDN1 puis l'ONU cherchèrent à réformer le calendrier, sans aboutir à cause de la pression de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l'Indonésie, officiellement pour ne pas désorganiser les traditions religieuses !

Comme à chaque passage d'une année occidentale à l'autre, les médias vont s'employer à nous faire croire que le monde est en liesse pour se souhaiter une heureuse nouvelle année. C'est, bien entendu, comme nous venons de le voir totalement faux.

Pour en terminer, dans notre sphère occidentale, chacun se soumettra à la traditionnelle cérémonie des vœux - bonne année, bonne santé - qui, le plus souvent, est empreinte d'une hypocrisie crasse.

En ce qui me concerne, compte tenu des circonstances, qu'elles soient personnelles, nationales ou internationales, je ne ferai plus jamais mienne cette tradition mais je vous propose de réfléchir, de partager et d'appliquer deux aphorismes qui me semblent tellement plus profonds et intelligents que les traditionnels, mais verbeux, souhaits.

« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent. » Albert Camus

« Il faudrait toujours toujours traiter ceux que l'on aime comme si, à la minute qui suit, on allait les perdre. » José Cabanis

Jean-Claude VITRAN


1SDN : Société Des Nations

lundi 25 décembre 2017

Ca tangue à la République en marche !


Mardi 19 décembre lors d'une séance de l'Assemblée nationale, la députée du parti fondé par Emmanuel Macron, La République en marche, Sonia Krimi a interpellé vigoureusement le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur le projet de loi concernant la politique d'immigration en France qui doit être présenté à l'Assemblée dans quelques semaines.

La députée de la Manche a interpellé le ministre de l'Intérieur en ces termes : « Les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République. »

Quelques heures plus tard, interrogée par les médias, elle a relativisé sa prise de position et nié tout début de fronde : « C'était un rappel à tout ce que nous avons promis durant notre campagne, a-t-elle commenté. On a promis d'avoir une réforme digne, sans préjugé, sans fantasme .... il s'agit aujourd'hui de poser le décor. C'était important de rappeler sur quels principes on s'est engagé, dignes, sans préjugé, respectueux et justes, parce qu'on est le pays des droits de l'Homme. »

Pourtant, ses propos témoignent des tensions qui existent au sein de la majorité où certains députés LREM semblent opposés à un durcissement de la législation sur l'immigration et ne sont pas au diapason sur les sujets sociétaux qui clivent la société française.

Des dissonances se font entendre dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Un député de la majorité dénonce « le risque de fracture » et affirme que « les Marcheurs risquent d'être bousculés par l'actualité sans réponse cohérente à opposer ». L'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) et de la gestation pour autrui (GPA) qui ne fait pas consensus en est un exemple et les sujets de désaccord sont nombreux.

La composition1 singulière et hétérogène du parti d'Emmanuel Macron, où se côtoient des personnes de sensibilités très différentes, de gauche, de droite et de nombreux opportunistes ne peut conduire qu'à de nombreux conflits voire à un éclatement de la majorité présidentielle.

Jean-Claude VITRAN


1     La République en marche, Parti écologiste, Mouvement des progressistes, Alliance centriste, Europe Écologie Les Verts, Mouvement démocrate, Mouvement radical, Divers gauche, Divers

samedi 2 décembre 2017

La démocratie encore bafouée ou l'affaire du GLYPHOSATE !


Lundi 27 novembre 2017, dix-huit pays de l'Union Européenne ont voté en faveur de la proposition de l'exécutif européen, neuf s'y sont opposés et un pays s'est abstenu.
Pour que la proposition soit validée il fallait que plus de 65 % de la population soit représentée.

Voici le détail du vote pays par pays :
  • Pour (65,71%): Bulgarie, Allemagne (qui s'était abstenue lors du vote précédent), République tchèque, Danemark, Estonie, Irlande, Espagne, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Finlande, Suède, Royaume-Uni;
  • Contre (32,26%): Belgique, Luxembourg, France, Croatie, Italie, Chypre, Grèce, Malte, Autriche;
  • Abstention (2,02%) : Portugal.

C'est l'Allemagne qui, pourtant, s'était abstenue lors du vote du 9 novembre 2017 et qui a pesé, cette fois, sur le résultat final. Le fait que Monsanto, producteur du RoundUp, soit en cours de rachat1 par Bayer n'est pas, bien entendu, étranger à ce revirement.

Le glyphosate est un herbicide puissant et polyvalent, breveté en 1974 sous le nom de Roundup, qui tue la plupart des plantes. Il est très critiqué par les défenseurs de l’environnement et a été classé comme « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé.

Depuis le début des années 2000, le brevet de Monsanto est tombé dans le domaine public et le glyphosate est utilisé partout dans le monde pour l’agriculture comme pour les jardins publics et privés. Il est fabriqué par plus de 90 sociétés dans une vingtaine de pays. Le marché mondial du glyphosate devrait dépasser 6 milliards de dollars en 2024. En France, il a été l'herbicide le plus vendu entre 2008 et 2013. Selon une enquête de « Cash Investigation » citée par France Info, 47 626 tonnes de glyphosate ont été écoulées dans l’Hexagone pendant cette période.

Le Roundup qui est utilisé dans les années 1990 permet aux agriculteurs de produire plus pour répondre à la demande - entre 1960 et 2004, le volume de la production agricole totale a doublé. En voulant interdire l'utilisation du glyphosate en France, Nicolas Hulot et le gouvernement ont suscité une levée de boucliers parmi les agriculteurs car beaucoup d'entre eux, notamment la FDSEA et la FNSEA, invoquant que ce produit est indispensable pour éliminer les mauvaises herbes, chardons et plantes vivaces, afin de préserver les plantes cultivées, défendent l’herbicide inventé par Monsanto. D’après ses utilisateurs, il n'y a pas d’équivalent aussi efficace et bon marché.

Pourtant, l'utilisation du Roundup par les particuliers et les agriculteurs n'est pas sans incidence sur l'environnement. En 2014, l'Inra prouve l'effet néfaste de ces produits sur les abeilles qui lorsqu'elles sont exposées à l'herbicide perdent le sens de l'orientation et ne retrouvent pas leur ruche. Les conséquences sont importantes sur la production de miel qui a atteint à peine 15 000 tonnes en 2013, contre 33 000 vingt ans auparavant. L'homme pourrait bien constituer la prochaine victime du Roundup. « Nous avons découvert que le glysophate changeait la régulation de la division des cellules, et donc qu'il avait une incidence sur l'induction de cancer », explique Robert Bellé2. Des conclusions également révélées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Monsanto affirme sur son site que « les preuves sont limitées », que « Plusieurs études ne sont pas vraiment des études, mais plutôt des hypothèses », que « la corrélation entre le Roundup et la hausse des cancers reste difficile à établir ». Dans le même temps, de nombreux journaux internationaux affirment que la firme américaine a cherché à influencer les médias et la recherche scientifique afin de minimiser ou nier la toxicité du Roundup.

Au travers de ce vote des 28, il est impossible de ne pas voir la victoire du lobbying industrio-financier et la défaite d’une certaine idée de la Commission européenne, censée être garante de l’intérêt général européen et non porte-parole des intérêts des géants de la finance et de l’industrie.

C'est ce point qui met en cause la démocratie.

En effet, le mardi 24 octobre 2017, le Parlement européen a voté une résolution non contraignante, il est vrai, demandant la disparition du glyphosate dans l’Union européenne d’ici 2022 et son interdiction d'utilisation dès le 15 décembre 2017 pour l'utilisation à des fins non professionnelles.
La résolution, a été adoptée par 355 voix pour, 204 contre et 111 abstentions.

Par ailleurs, une pétition avait réuni 1,3 millions de signatures d'Européens, et le vote du Parlement visait à mettre la pression sur la Commission européenne.

Mais les autocrates omniscients de Bruxelles sont restés sourds aux demandes européennes et ont reconduit le « poison » pour cinq années supplémentaires.

Alors, le glyphosate a encore de beaux jours devant lui, les abeilles et les futurs malades aussi, car les membres de la Commission Européenne qui n'ont que faire des avis des citoyens européens en ont décidé autrement malgré les avertissements de l’OMS, la pétition de millions d’hommes et de femmes à travers l’Europe et le vote du Parlement européen.

Comme lors du vote de 2005 sur la Constitution européenne, la démocratie est, une nouvelle fois, bafouée et le citoyen le dindon.

Ca ne peut pas continuer ainsi !

Jean-Claude VITRAN


1    La Commission européenne a annoncé jeudi la suspension temporaire de sa procédure d'enquête sur le rachat de l'américain Monsanto par l'allemand Bayer, afin de permettre aux deux sociétés de fournir des informations jugées importantes par Bruxelles. Une fois ces informations fournies, une nouvelle date butoir sera annoncée pour que la Commission européenne arrête sa décision sur cette fusion, a précisé un porte-parole de la Commission. Initialement, la date-butoir était le 8 janvier 2018.

2.    Biologiste et professeur émérite à l'Université Pierre et Marie Curie.