vendredi 30 mai 2008

L'épouse et la putain



Les Droits de l’homme, parait-il, incluent les droits de la femme. Voire! Pour certains, la femme reste la propriété exclusive de celui qui y pénètre et qui a, seul, impudiquement, la clef d’accès au cœur et au cul de sa belle ! Nous voici violemment renvoyés dans le passé, quand l'adultère était puni de mort.

Qu’une décision de justice approuve les réserves d’un époux qui découvre, le soir de ses noces, que sa compagne n’est pas vierge et qui, pour cela, la répudie, n’est pas seulement révoltant, c’est inhumain, scandaleux et choquant. La loi n'a pas à s'immiscer en cet endroit!

La dame a-t-elle eu la possibilité, elle, de vérifier si son mari était puceau ou pas? Et pourquoi ce qui est interdit à un sexe serait-il autorisé à l’autre?

Monsieur considère-t-il avoir été trompé sur la marchandise? Si le mariage est un acte de consommation, il y a, en effet, rupture de contrat quand, sous l’emballage, on ne trouve pas exactement l’objet qu’on désire et dont on pense avoir fait l’acquisition. Mais qui va oser dire qu’une femme est un objet dont on peut, ainsi, jouir à sa guise ? C’est pourtant ce que sous entend le jugement du TGI de Lille admettant la rupture du mariage, une rupture juridique que ne désavoue pas, d’ailleurs, la Garde des Sceaux -qui n’est pas encore la garde des pucelages, mais ça va venir-…

Le machisme, cynique et décomplexé, obtient donc, en France, la tolérance de la Justice! La transformation du contrat de mariage en contrat d’assurance-virginité, nous renvoie donc à la barbarie. On nous objectera que nous y étions déjà bien installés et que, jour après jour, nous nous enfonçons dans un monde où il devient licite de dominer l’autre, de le transformer en client ou en esclave. Eh bien non, nous ne tolèrerons pas l'intolérable : les droits humains ne sont pas les droits de l’homme, des droits masculins, mais les droits des êtres humains.

Nous méprisons ceux qui pensent qu’il y a deux sortes de femmes : les épouses et les putains ; les premières qui doivent se conserver intactes pour leur seigneur et maître, et les secondes qui n’existent que pour satisfaire la libido des mâles, mariage ou pas. Mais pourquoi ne ferions-nous pas davantage : laisser aux femmes le soin de juger les juges qui les ont symboliquement réduites à l’état de choses. Gageons que ces personnages grossiers, et leurs approbateurs seront vite réduits au silence dont, sur ce sujet, ils auraient beaucoup mieux fait de pas sortir.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mercredi 28 mai 2008

Vous avez dit "libéral" ?



Cela devait arriver : le débat sur le libéralisme est lancé.

Un débat qui fait rage ! On médiatise une fausse querelle de mots.
La poudre aux yeux est largement projetée au visage des citoyens.
Mais nous prend-on pour des gogos ?

Il y a « libéral » et « libéral ».
Le danger est dans la superposition des sens !
Quand libéral veut dire large de vues, cela passe.
Quand libéral veut dire libre d’imposer ses vues, ça ne passe plus.

Libéral (libéraliste) s’affronte à libéral (libre).
Des politiciens instrumentalisent des vocables.
Ils enferment le débat politique dans les étiquettes.
Ils oublient le contenu des flacons !

Libéral peut vouloir dire respect de la liberté individuelle.
Libéral peut aussi vouloir dire droit : imposer à autrui le pouvoir de son argent.
Ce qu’il y a d’apparemment commun : c’est le refus de l’imposition de limites.
Ce qu’il y a d’incompatible : c’est le pouvoir de fixer à autrui ses limites.

On ne peut être « libéral-libertaire ».
Il ne peut y avoir deux libertés superposées.
La liberté en économie n’est pas la même que la liberté en politique.
L’une tue l’autre.

Au cœur du débat se situe précisément la limite.
Le libéral n’en veut aucune : « tout est possible ».
Or, c’est faux : tout n’est pas possible dans un monde fini.
L’homme libre sait que la limite fait partie de la condition humaine.

Voilà pourquoi le débat sur la décroissance sera acharné.
La décroissance n’est pas le recul mais la reconnaissance des limites.
La liberté commence quand on sait ce qu’on peut faire.
Elle n’existe pas quand on lui demande de tout pouvoir faire.

Un socialiste qui accepte « les lois du marché »,
Et admet les lois non écrites de la domination du capital,
n’est plus socialiste,
et ne peut donc se réclamer de la liberté.

Encore une fois, la liberté n’est pas le droit de faire.
Faire sans contrepartie ni contrôle.
Le droit de faire ce qu’on veut n’est pas la liberté.
La liberté sans partage est un leurre.

Les adversaires de l’idéologie idéologisent !
Le réalisme économiste se sert de la liberté pour l’interdire.
Le pouvoir d’achat n’est plus la liberté de vivre
C’est la liberté de consommer ce qu’on est conditionné à acheter.



Le diable, nous prêche-t-on, n’est jamais si efficient que quand il se fait oublier.

S’il convainc ses victimes qu’il n’existe pas, il peut mieux agir.
Qui fait croire que le consommateur est libre s’inspire de ce diable.
La liberté du plus fort, du plus nanti, du plus instruit est une perversion.

Le débat est très ancien et son retour étonnant.
Les révolutionnaires savaient qu’il n’y a pas liberté sans égalité,
Ni de liberté et d’égalité sans fraternité.
Mais la devise républicaine n’a jamais été prise au sérieux.

Faute de contenu donné à la fraternité,
on en a fait une charité, une générosité, un humanisme douceâtre.
On n’a pas voulu y voir l’hospitalité universelle et le partage dans la justice,
une nécessité vitale pourtant, et la condition même de la liberté.

La planète nous impose, aujourd’hui, de choisir entre libéral et libre.
Est libéral celui qui accapare la liberté.
Est libre celui dont le sort ne dépend pas de plus puissant que lui.
Dans une planète fermée, il n’y a pas de porte ouverte sur un « plus » indéfini.

L’histoire nous en a fait, cruellement, accomplir l’expérience :
L’égalité sans liberté, c’est la dépossession et la mort.
La liberté sans égalité, c’est l’appropriation et aussi la mort.
La confiscation du monde, par une partie des hommes, tue.

Inutile, dès lors, de tenter de détourner les mots :
Le libéral ne peut être libéral s’il s’en tient à ses propres intérêts.
Le libéralisme, qui en fait doctrine, est liberticide.
Est libre -et non libéral- celui qui échappe à la domination.

Échappons donc à la confusion.
Profitons de ce débat, entr’ouvert par ceux qui s’y perdent,
Pour tenter d’y introduire la révolution philosophique :
Libres, égaux et fraternels n’est pas une utopie.

Une humanité qui renoncerait à ce qu’elle a conçu :
une République fondée sur la possibilité d’un « en commun »
sombrerait dans un réalisme suicidaire.
L’ami de la liberté n’en fera jamais un principe, substituable aux autres.

Osons passer pour utopistes.
Là où il n’y a plus d’utopie il n’y a plus de politique.
Quand libéral entre dans le vocabulaire économique et réaliste,
Il abandonne le droit à la liberté pour tous.

Il cesse alors d’exprimer ce qu’on voulait lui faire dire.

Jean-Pierre Dacheux.

jeudi 22 mai 2008

Laisser tuer les Rroms, c'est tuer l'Europe


Des habitants de Ponticelli ont sali le beau nom de leur ville,
celui que portait Lazare Ponticelli, le Français
immigré italien,
le dernier des Poilus de la Der des Ders, mort à 110 ans, voici quelques mois!


Le fascisme refait son lit en Italie! Les pogroms de Ponticelli à l’est de Naples, avec incendies, bastonnades et lapidations de Rroms ne sont pas apparus de façon spontanée. En 72 heures, au moins 7 attaques avec cocktail Molotov ! L’exaspération due à l’entassement de tonnes d’ordures depuis des mois, l’exploitation politique systématique du thème sécuritaire, la Camorra, la bêtise crasse aussi, ont composé un mélange explosif. La haine, hideuse, a pu alors s’exprimer tout à son aise. Le bouc émissaire sera donc égorgé, s’il ne fuit. La honte s’est abattue sur l’Europe.

Car il ne s’agit pas de limiter les conséquences de ce drame à la seule Italie. Ne lui donnons pas de leçons : elle fait actuellement, certes en pire, ce que d’autres font, -dont nous !- Au moment où la France va prendre, pour six mois, la présidence de l’Union, on peut craindre que les restrictions à toute immigration, intra ou extra européenne, ne soient présentées comme des moyens de protéger les peuples d’Europe. Protéger contre qui ? Contre eux-mêmes ? Ou contre tout étranger indésirable et misérable résidant en Europe ?

Viktória Mohácsi, l’une des deux eurodéputées rroms, revenant d'une visite en Italie, a estimé que "le gouvernement Italien est dur avec les faibles et faible avec les forts : quand il y a des difficultés, au lieu de s'en prendre à la Camorra, on s'en prend aux Roms afin de ne pas s'attaquer aux vrais problèmes" . L’émotion est vive, partout en Europe. Dans les campements rroms, en France, on suit les événements et l'on ne cache pas sa peur.

La chasse aux Rroms est rouverte, plus ou moins violente mais, en maint pays, impitoyable. On chasse quand on expulse, mais aussi quand on poursuit des hommes comme du gibier. On a déjà connu ces crimes en Europe. Cela porte un nom. C’est le racisme. Ici, l’on veut tuer en incendiant ; là, on tue à petit feu.

Ces dernières années, les textes se sont multipliés tant au sein du Parlement européen qu’au niveau du Conseil de l’Europe. Tous convergent vers ce même constat : "l’antitsiganisme constitue une forme distincte de racisme et d’intolérance, à l’origine d’actes d’hostilité allant de l’exclusion à la violence à l’encontre des communautés de Roms". C'est ce qu'on peut lire dans la recommandation du Comité des ministres aux 47 États membres du C.O.E, datée du 20 février 2008. Mais si aucun de ces documents n’engage les pouvoirs nationaux, à quoi bon les écrire et les voter ? La crédibilité de nos démocraties est bel et bien en jeu.

L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l’Union, sur laquelle il n’est pas question de revenir, oblige chacun des 27 États à protéger tout Eurocitoyen membre de l’un quelconque de ces États ! Ce n'est-il pas vrai des Rroms? Qui ne voit que la romaphobie est une europhobie puisque les Rroms sont massivement dans l’Europe et en sont une constituante. Le meurtre est en marche en Italie. Il risque de s'étendre. Laisser tuer les Rroms, c'est tuer l'Europe. Lutter pour eux, c'est lutter pour nous, comme toujours...


"Écrasons l'infâme !"
(Devise favorite de Voltaire contre l'intolérance dont il signait ses lettres en abrégé : Ecr.L'inf )

Jean-Pierre Dacheux

dimanche 18 mai 2008

Boutons la tourterelle turque hors de France


Tourterelle turque et tourterelle des bois

Il est de notre devoir de porter à votre connaissance une situation inadmissible dont les pouvoirs publics devraient s’emparer immédiatement.

Nous voulons parler des tourterelles turques.

Aucun oiseau ne présente un phénomène d’expansion naturelle aussi important.

Limitées à la Turquie, d’où leur nom, les tourterelles turques ont déferlé et, en 40 ans, elles se sont installées jusque dans les Iles Britanniques, colonisant l’ensemble de l’Europe, de la Suède à l’Espagne, de la Turquie à L’Irlande.

Elles se sont établies, sans vergogne, sur notre territoire et maintenant, elles mangent le pain de nos bonnes tourterelles à nous, les tourterelles des bois.

Nous en appelons à Nicolas et à Brice pour faire cesser cette immigration clandestine, sans visa de longue durée, sans numéro d’étranger, sans papier, avec des convictions et une identité douteuses.

C’est insupportable! Elles ont jusqu’à dix petits par an! Imaginez combien cela nous coûte !

Il faut que cela cesse, boutons la tourterelle turque hors de nos frontières !

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

lundi 12 mai 2008

Ne restons pas nous-mêmes des esclaves !



Nous venons de célébrer,
le 10 mai, l’anniversaire de la loi d’abolition de l’esclavage.

Dans un discours très fort, et resté célèbre, prononcé à Miami en 1987, Aimé Césaire, qui vient de nous quitter, disait « La négritude, une révolte nécessaire contre le sentiment européen de supériorité »

C’était, il y a 21 ans, rien n’est à changer à cette phrase, toujours d’une actualité brûlante.

Il ajoutait : « Je veux parler de ce système de pensée d’une civilisation éminente et prestigieuse à abuser de son prestige même pour faire le vide autour d’elle en ramenant abusivement la notion d’universel, chère à Léopold Sédar Senghor, à ses propres dimensions, autrement dit à penser l’universel à partir de ses seuls postulats et à travers ses catégories propres. »

Dans ce discours, il s’adressait particulièrement à nos frères noirs, et par-delà aussi, à tous les opprimés, de toutes origines, couleurs et religions.

C’est l’arrogance du monde occidental qu’il dénonçait à cette occasion.

Ce monde occidental qui affirme l’universalité de son modèle de société, le certifie meilleur et soutient qu’il doit être appliqué à l’ensemble de l’humanité même au son du canon.

Ce monde occidental, et l’une de ses composantes, la France, qui s'est faite avec des immigrations successives, mais qui a peur de la différence au point de créer un ministère de l’identité nationale. Pour rendre hommage à Aimé Cesaire, accordons-nous pourtant pour constater que la France tient sa force de la diversité des peuples qui la composent.

Concluons par un écrit dont je vous laisse trouver l'auteur(e) :
« ... La France, je l’imagine regarder l’avenir dans sa diversité, défendre sa vision à l’extérieur par une francophonie moins ringarde, se voir telle qu’elle est, fière d’elle-même ; je rêve de voir cette nation se rassurer enfin sur ce qu’elle est. Se rassembler. Les jeunes, les femmes, les exclus, les anciens. Il faut en finir avec la fracture générationnelle ; la fracture du genre, la fracture culturelle, la fracture sociale au profit de la solidarité, de la fraternité, et du patriotisme républicain. »

Allez, rien n'est perdu. Il reste l'espoir d'en finir avec ces fractures au sein du genre humain!


Jean-Claude Vitran

dimanche 11 mai 2008

De l’athéisme des religions ou du détournement du pouvoir.



On n’agit pas de la même manière selon qu’on pense que Dieu – le nom qu’on donne au tout-pouvoir– est avec nous, est pour nous ou encore est en nous.


La praxis (« l’ensemble des activités humaines susceptibles de modifier le milieu naturel ou de modifier les rapports sociaux ») dépend de l’idée qu’on se fait de la nature et de la place que l’homme y occupe .

Baruch Spinoza fut chassé de la Synagogue parce qu’il fut déclaré athée, ou panthéiste ce qui, dans l’esprit des petits esprits, était tout un, si j’ose dire. En réalité, le philosophe juif ne concevait pas qu’on puisse penser l’homme, ni Dieu, en dehors de la nature (pas la nature verte et animale, mais le tout du Monde étant).

L’a-thée est celui qui se dit sans Dieu. Spinoza ne disait rien de tel. Il démontrait seulement que Dieu ne peut être ce qu’on en dit, un être à part, créateur de ce qui est !

Cette vieille controverse est très actuelle. Elle contient des explosifs intellectuels. Si les religions se réfèrent à un Dieu qui n’est pas, elles prêchent l’athéisme ! Si Dieu n’est pas hors de la Nature mais au sein de son sein, nous sommes non plus devant Dieu mais en lui. Et le vaste savoir des théologiens n’y peut rien retrancher.

Quand les Princes se croyaient, ou se disaient, détenteurs d’un pouvoir de droit divin, ils ne faisaient rien d’autre que de se déclarer acteurs de Dieu, ce que les prêtres se gardaient bien de condamner comme blasphématoire. Au reste, le prêtre, l’intermédiaire entre Dieu et les hommes est installé dans des conduites deux fois mensongères : parce que, si Dieu est, tout homme conscient de sa relation à Dieu, peut se dire prêtre ; parce que parler de Dieu, c’est le définir, le finir, et alors Dieu n’est plus.

Les religions tuent l’idée même de Dieu. Les libres penseurs, qui nient Dieu, si libre est réellement leur pensée, devraient convenir que le Dieu qu’ils nient est un Dieu caricatural, réduit à n’être que le Tout puissant, comme si le tout était dans la puissance !

Spinoza n’est pas panthéiste. Il ne dit pas que Dieu est le tout nature ! Il distingue la nature naturante (natura naturans), qui "peut" être Dieu, de la nature naturée (natura naturata) qui en est les effets. Cette conception non transcendantale de Dieu a fait accueillir Spinoza parmi les athées, par Deleuze ou Negri, ce qui n’est possible qu’à condition d’enfermer Dieu dans la transcendance, au-dessus, à côté, ailleurs. Certes, un Dieu impossible n’est pas.

La multitude, selon Spinoza (et Negri le reprend déjà, dès 1997, dans son livre sur Le pouvoir constituant ) est siège du seul pouvoir possible, celui du seul souverain, le peuple en sa totalité, sa complexité, sa diversité. Peuple ou foule ? Spinoza ne fait pas de la multitude un concept intégralement positif, mais il donne, à la démocratie, un outil pour l’exercice du pouvoir : c’est la multitude qui est finalement déterminante.

Nous voici parvenus au cœur de l’action, l’action de l’homme sur lui-même, l’action de l’homme sur son environnement. À ceci près : il n’y a pas d’environnement. Rien n’est autour. La Terre est indissociable de ceux qui l’habitent et inversement. L’homme ne peut sans se contredire et détruire, penser les rapports sociaux comme si l’autre n’était pas lui. À partir de là, toute praxis qui n’est pas infidèle à elle-même, conduit à ce que Jean Malaurie appelle « la révolution philosophique », celle qu’opère la conscience écologique amenée à respecter Terre Mère (Natura Naturans), qui, si elle n’est pas Dieu, est, de toute façon, porteuse de toute vie physique et spirituelle. La religion est dangereuse pour le religieux. C’est bien connu. Le religieux relie. La religion sépare.

Nous vivons un temps qui marque non pas le retour du religieux mais son émergence laquelle n’interdit rien, même pas l’agnosticisme. Les «peuples-principes», comme l’explique Malaurie, sont tous des peuples «branchés» sur la complexité de la nature et qui manifestent, de mille façons différentes, cet attachement aux esprits, aux ancêtres, au mystère de l’être. Les superstitions y trouvent place, mais moins qu’en ces pays de la modernité où tout fait culte, et où le pouvoir magique de l’argent entraîne vers les plus vastes aberrations.

Les religions s’opposent à cette prise de conscience du seul sacré possible : celui qui sort du temple et découvre que le temple, c’est le monde entier.

Les politiques, ceux qui savent accaparer les lieux de décision, commencent à s’affoler de cette conscientisation universelle. L’enjeu est, en effet, que la multitude cesse d’être une foule pour devenir un peuple, c’est-à-dire le souverain s’occupant de ce qui le concerne. Dès lors que le sort de l’espèce est en jeu, surgissent des forces imprévisibles que d’aucuns diront mystiques, que d’autres diront vitales. Qu’importe, c’est tout un : le temps du sacré-profane est arrivé.
Jean-Pierre Dacheux


samedi 10 mai 2008

De la restructuration très lucrative du groupe Wendel


Elle est bien bonne...

Depuis quelques jours, je manque d’air. Non qu’il fasse trop chaud. C’est la lecture de mon quotidien favori qui a failli m’étouffer. Et, depuis, je manque d’air !

Enfin, c’est la lecture d’un article du journal Le Monde “ la restructuration très lucrative du groupe Wendel ”. Le personnage principal de cette histoire vraie est le baron Ernest Antoine Seillière.

Pendant que le chef de l’Etat vaque au service de ses intérêts du moment, tandis que son premier ministre s’égosille à répéter que les caisses sont vides, que l’on va contraindre les seniors à reprendre du service à prix réduit, que vous aller devoir travailler 41 ans pour une maigre retraite, que ma retraite va augmenter le 1er septembre, (pourquoi seulement le 1er septembre d’ailleurs ?) de 0.8 %, (merci pour l’aumône), etc …, le baron et ses potes, - ils sont 15 -, empochent la bagatelle de 324 millions d’euros.

Cela ne vous parle pas ! À moi non plus, et c’est sur ce détail qu’ils comptent (en euros) les copains malins du baron…
Je sais, je vais vous faire mal, excusez-moi.

Cela fait 2,125 milliards de francs, pour les plus anciens 212 milliards de francs “ légers ” du temps de l’Abbé Pierre, du temps où on savait encore ce que c’était qu’un millionnaire !

Là, comme moi, je vous sens défaillir.

Le baron, lui, n’a touché “ que ” 79 millions d’euros, une aumône, à rapprocher de la mienne d’aumône : 0,8 % d’augmentation de ma retraite, et en septembre seulement.

Et tout cela le plus légalement du monde ! Je me sers de quelques petites sociétés; j’en crée d’autres - Solfur, Compagnie de l’Audon, Phylahe – ; un petit aller-retour au Luxembourg, un clin d’œil aux Bahamas, à Jersey, une pincée d’interventions de la banque JP Morgan, puis le tour est joué. Dans la poche, le pactole.

Même un ministre du gouvernement de Dominique de Villepin, par l’intermédiaire de son épouse, directrice de communication chez Wendel, a empoché, au passage, 8 millions d’euros, une misère ! L’ancien ministre, interrogé, a répondu que cela faisait partie de sa vie privée. Ben voyons…

Dernier détail, toutes ces transactions se sont faites sans débourser le moindre impôt ou la moindre plus value, il n’y a pas de petites économies chez les braves gens.

Les seuls mécontents, pas invités au festin, les Wendel, un peu dindons de la farce.

Allez les manants, au travail, vous gagnerez plus !
Jean-Claude Vitran

lundi 5 mai 2008

La non-droite n’est pas la gauche. Elle n’est rien




Il n’y a plus de gauche à gauche.
De ce que nous savions être la gauche, rien n’est resté.
Gauche est un mot qui a été vidé de son sens politique.
La gauche nous a quittés.

Pourquoi conservons-nous alors ce mot ?
Pourquoi nous reste-t-il incrusté dans l’âme ?
Pourquoi n’offre-t-il plus une autre politique bien reconnaissable ?
Pourquoi ne donne-t-il plus rien à espérer ?

La gauche fut longtemps un mythe utile.
C’était l’intérêt général opposé aux intérêts particuliers.
C’était la promesse d’un dépassement du règne de l’argent.
C’était privilégier les défavorisés pour équilibrer la société.

Pourquoi, partout en Europe, s’effondre, à présent, la gauche ?
Pourquoi les électeurs ne la suivent-ils plus dans les scrutins décisifs ?
Pourquoi Bush, Berlusconi, Sarkozy se sont-ils trouvé de nettes majorités ?
Pourquoi le modèle capitaliste s’impose-t-il aux démocraties ?

L’axe sur lequel se positionnait la gauche s’est cassé.
Et sur cette ligne brisée, le curseur s’est déplacé vers la droite.
La droite parlementaire a glissé vers son extrême pour mieux l’absorber.
La gauche dite extrême est devenue le supplétif de la gauche défaillante.

Pourquoi cette dérive emporte-t-elle à droite toute la représentation ?
Pourquoi l’alternance bipartiste s’est-elle substituée à l’alternative ouverte ?
Pourquoi peut-on, sans honte et sans gêne, se dire, désormais, de droite ?
Pourquoi vient-on de ranger, la révolution dans le magasin des antiquités ?

Tout indique que nous approchons d’une crise sociale et systémique majeure.
Mais ce qui fut la gauche n’y est pas préparé.
Ce qui fut la gauche ne travaille pas à révéler les causes des exploitations.
Elle attend son heure, une heure qui ne viendra pas…

Pourquoi cette cécité qui a empêché de voir venir le tsunami alimentaire ?
Pourquoi cette persistance à faire de la croissance la condition de l’emploi ?
Pourquoi cet enfermement dans l'Europe de la concurrence "libre"?
Pourquoi cette timidité dans l’affirmation de choix écologiques courageux ?

Une « gauche de gauche » est sans réponse car la locution est inadéquate.
Une « gauche de gauche » n’existe pas plus qu'une gauche de droite.
Une « gauche de gauche » est un pléonasme politique.
Une gauche à gauche est, tout autant, une redondance, un truisme.

Pourquoi ces illogismes dans la pensée politique de l’ex-gauche ?
Pourquoi confondre des succès électoraux avec l’adhésion de l’opinion ?
Pourquoi ignorer que la gauche convertie u capitalisme n’est plus de gauche ?
Pourquoi ce recentrage au risque de se noyer dans les eaux du marais centriste ?

Droite et gauche ne servent plus à orienter le champ politique.
Les partis ne produisent plus que des élus sans références crédibles.
Alors, des réseaux de parole s’emparent de la place publique.
La gauche est morte, vive la gauche ?

Pourquoi ne pas voir que la politique ne s’enferme pas dans des mots surannés ?
Pourquoi ce qui était pertinent hier le resterait-il encore ?
Pourquoi se servir de vocables qui troublent le débat au lieu de le cerner?
Pourquoi parler une langue politique dévalorisée ?

Ce n’est pas trahir la gauche que l’abandonner quand c’est elle qui trahit.
Ceux qui s’en réclament sans avoir conscience d’un désaveu se condamnent.
Le peuple se détourne des tièdes et des timides.
L’ennemi, plus crédible que les faux amis, en devient ainsi préférable !

Pourquoi peut encore se dire socialiste le dirigeant du FMI ou de l’OMC ?
Pourquoi parler d’un socialisme qui ne socialise plus la société ?
Pourquoi la gauche italienne a-t-elle perdu si ce n’est pour s’être reniée ?
Pourquoi la gauche française, garde-t-elle ce mot de socialiste sans la chose ?

Non, droite et gauche n’ont pas toujours été en quête d’un pouvoir indifférencié!
Oui, la droite et la gauche sont tombés dans des réalismes convergents.
Non, il n’est pas possible de mener une action politique dans cette confusion.
Oui, mieux vaut, à présent, lâcher le mot gauche que ses valeurs.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran