vendredi 27 février 2009

Quand la fraternité régénérée vivifie la politique.


Régis Debray nous interpelle...

Régis Debray, philosophe incernable, nous invite à renouveler notre réflexion sur la fraternité. Invité, ce jour, sur les ondes de France-Inter, il présentait son dernier livre Le mouvement fraternité, avec clarté et conviction. L'avantage d'avoir à ramasser son propos en quelques phrases est double : on va à l'essentiel quand on a déjà travaillé sur le fond, et l'on peut renvoyer l'auditeur à une analyse personnelle, en lui faisant connaître l'existence d'un essai plus complet, récemment édité, et servant d'appui ou de référence.

J'ai immédiatement été attiré par cette volonté de redonner vie à ce vocable que Régis Debray qualifie de « fané » ! Dépasser le machisme des fraternités de combat, inclure la sororité (ou la fraternité des sœurs) dans la fraternité universelle, redynamiser le « nous », raccrocher la fraternité à la poétique telle qu'elle vient de ressurgir aux Antilles, préciser en quoi l'énergie spirituelle mobilise les peuples..., Régis Debray, qui ne dissimule pas son agnosticisme, propose, en quelque sorte, de revisiter la fraternité en tant que valeur laïque, constitutive de la République.


La fraternité, grande oubliée de la République?

Cette approche, qui n'est pas nouvelle, mais qui revient, opportunément, au devant de la scène politique, permet de préciser quelques notions qui avaient été soit oubliées, soit minorées. Ainsi, dit Régis Debray, la solidarité est-elle la fraternité moins l'imaginaire ? Ce disant, il ne dévalue pas la solidarité ! Au contraire, il rappelle que la solidarité devrait être quotidienne, banale et nécessaire en toute société humaine, vivifiée sans cesse par l'élan, la force, l'exigence de la fraternité mise en actes.

Là où il y a peuple, il y a fraternité. La nation, telle que la Révolution Française l'avait révélée, n'a pas été d'abord l'État-nation ! La nation est un peuple en marche conscient de lui-même. Son ciment, c'est la fraternité.

La fraternité suppose le dépassement de soi. Il y a, dit encore Régis Debray, une incompatibilité structurelle entre la fraternité et la quête du profit personnel. Que réapparaisse le concept de fraternité, alors que surgit l'une des plus graves dépressions économiques qu'aient connue les sociétés humaines, ne saurait étonner ! Quand une catastrophe frappe (accident, incendie, inondation, tremblement de terre) solidarité et fraternité se superposent : à l'organisation des secours s'ajoute la puissance de l'action de soutien, de l'engagement des survivants. Le sacrifice de soi-même, de ses intérêts, au profit... d'autrui, et cela au nom de ce que c'est qu'être un Homme : ainsi se manifeste alors la fraternité.

Sacrifice renvoie à sacré, mais pas à un sacré divin nécessairement ! Il est un sacré laïque. Ce qui est sacré, pour l'homme fraternel, c'est son frère, non comme enfant d'un commun Dieu-le-Père (encore que rien n'interdise de le penser), mais comme semblable, comme égal en humanité, comme alter ego. La fraternité, dit encore Régis Debray est hostile à toute tribalisation, autrement dit, tout enfermement dans des castes, des nationalismes (qui tuent la nation), des communautarismes (qui dévaluent les communautés), des replis identitaires (qui font perdre l'identité), des religions
totalisantes (qui anéantissent le questionnement religieux), des régimes politiques autoritaires, etc.

Il était temps que revienne la possibilité de penser la destinée humaine autrement que comme la réalisation et la juxtaposition de réussites individuelles, de succès obtenus dans des compétitions acharnées, de «peopleïsations » nombrilistes, bref, on attendait le retour de la personne au détriment de l'individu. S'épanouir personnellement dans un vivre ensemble où tout ne s'articule pas autour de vedettes médiatisées redevient pensable. La fraternité se réjouit du bonheur des voisins et ne le déplore pas !

Il y a peu, et l'on mesure alors à quel point de déshumanisation nous étions parvenus, parler de fraternité faisait sourire. Bien sûr, fallait-il être aimable et correct dans ses paroles et dans son apparence, de là à promouvoir la société du partage et de la coopération, il ne fallait pas rêver ! Ce qui meut le plus l'homme, c'est l'intérêt et la compétition, disait-on, et de ce dogme libéral nous ne pouvions sortir.

Nous ne sommes pas, du reste, encore sortis de cette idéologie fondant le capitalisme. Et nous n'en sortirons ni rapidement ni facilement, mais une donnée essentielle est apparue : non seulement il n'est plus insensé de déclarer qu'on en peut sortir, il est devenu évident qu'il est inéluctable qu'on doive en sortir. Car l'avenir de l'espèce humaine est en jeu...

Bref, tout change et rien ne change ! La réalité du monde se transforme plus vite que les hommes ne le peuvent concevoir, car modifier des comportements et des convictions accumulées pendant des décennies ne saurait aller de soi. Nous entendrons donc encore longtemps parler, avant tout, de croissance, d'investissement, de consommation, de produits, de relance... Fraternité, solidarité, échange, coopération, partage et - ô malheur ! - gratuité restent des mots que beaucoup voudraient voir rangés au magasin des antiquités ! Ces concepts qu'on peut admirer ne sont pas utilisables pensent les faux penseurs, ceux pour qui il n'est d'avenir que dans « l'économie de marché » (comprendre précisément : société où les marchés, et surtout ceux qui les impulsent, font et défont librement la loi).



Repenser la fraternité, c'est repenser toute la politique. C'est accepter d'envisager, de mettre des visages, sur la démocratie coopérative qui, mieux encore que la démocratie participative, fait prendre au peuple son destin en mains. Les hommes et femmes politiques, installés dans un système qu'ils n'ont pas tous conçu ni approuvé, mais dont ils constituent les pièces, les rouages, ne sont pas en situation de modifier en profondeur des régimes qui fonctionnent (mal, mais qui fonctionnent) et où ils ont un rôle à jouer. Si le peuple ne s'en mêle, si la poussée ne vient pas des citoyens (dans la rue, sur Internet ou tout autrement...), nous continuerons d'entendre d'habiles discours convenus où la fraternité en œuvres ne tiendra qu'une place restreinte.

C'est une révolution culturelle - oh là, là, quel mauvais souvenir chinois ! - qui est devenue urgente. Ce n'est nullement de la violence du Parti, du Prolétariat, de la Nation dont il pourrait être question, mais c'est de la manifestation de la volonté populaire dont aucun gouvernement ne peut, tôt ou tard, faire l'impasse. Inutile de changer de Président - encore qu'on se demande comment celui qui « dirige » la France, actuellement, pourrait encore tenir trois ans face à son impopularité sans égale - si ce n'est pas pour changer de... logiciel politique ! Si les opposants restent enfermés dans un cercle étroit de références dépassées, ils n'auront rien à offrir.

La fraternité, au sens habituel du mot, c'est-à-dire la bienveillance, est la chose du monde la moins partagée dans les milieux politiques où triomphe la loi du plus fort (en gueule, en argent ou en culot). On le constate chaque jour dans l'univers présidentialisé où le pouvoir sur autrui passe le pouvoir sur l'événement et où la haine suppure de façon de moins en moins dissimulée. On l'a constaté dans les congrès récents de plusieurs partis et notamment celui du PS à Reims ; c'est palpable dans les allées du pouvoir et les palais de la république. En fait de révolution, il en est une de première importance : dé-présidentialiser l'ensemble de la vie politique française de chaque hôtel de ville jusqu'à l'Élysée. Au sein de la représentation parlementaire, on n'y est prêt ni à droite ni, le plus souvent, à gauche.

Régis Debray donne à penser. La fraternité comme concept politique, et non comme concept humanitaire ou charitable, nous est représentée, et reprend des couleurs dans la devise républicaine. Elle rend compréhensible la réconciliation entre politique et poétique. Elle rappelle que seul le peuple est constituant. Elle prouve que l'énergie politique décisive est spirituelle et que le nombre de divisions ne suffit plus à installer la force d'un pouvoir. Osera-t-on parler d'amour en politique ? Il est des utopies qui finissent par triompher de façon inattendue.!La fraternité reprend sens.


Le drapeau de la fraternité.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

jeudi 26 février 2009

Où est le terrorisme nucléaire? En Iran ou en France?



La centrale nucléaire de Bouchehr (lire: "bouchère")

La Russie a achevé la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, située dans le sud de l'Iran. Selon le chef de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique, Sergueï Kirienko, la centrale est actuellement au stade de "pré-mise en service". Il s'agit d'un réacteur à eau pressurisée d'une puissance de 1 000 mégawatts. L'Iran, qui est le quatrième producteur mondial de pétrole, a pour objectif de s'équiper d'un parc nucléaire d'une capacité de 20 000 mégawatts. Lancement d'ici à fin 2009.

Le projet, confié initialement à l'Allemand Siemens, remonte à l'époque du Shah. Il est interrompu par la révolution islamique de 1979, et la guerre Irak-Iran (1980-1988). L'Allemagne ayant convaincu Siemens de se retirer, à cause des risques de prolifération nucléaire, Téhéran se tourne vers la Russie, qui reprend le contrat en janvier 1995.

L’Iran aura donc une centrale nucléaire. On en annonce 240 en plus dans le monde, selon Courrier international…


Courrier international constate que le nucléaire est "tendance". Pour combien de temps?

Questions : le lien entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire ne pouvant être dénoué, faudrait-il interdire à l’Iran ce que s’autorisent les grandes puissances de la planète ? Y aurait-il, d’un côté, occidental, les bons (les « démocraties ») et, de l’autre, oriental, les méchants (les « islamistes ») ? Ne sortirons-nous jamais de ce manichéisme à la George W. Bush : le bien est chez nous, le mal est ailleurs ! Curieuse conception du monde !

Et puis, en quoi, si c’était vrai, -nous en doutons fortement- l’indépendance énergétique procurée par le nucléaire, devrait-elle être réservée aux États ayant pignon sur rue ? L’État voyou n’est pas toujours celui qu’on dit : est-ce que le voyou n’est pas celui qui cause le plus de mal ? Est-ce, alors, hors du monde occidental qu’il faut rechercher tous les États voyous ?

L'Italie avait renoncé, en 1987, par référendum au nucléaire. Avec le retour au pouvoir de Silvio Berlusconi en mai 2008, l'Italie a décidé de renouer avec l'énergie nucléaire afin d'atténuer sa dépendance envers le gaz et le pétrole. L'Italie veut à terme produire 25% de son électricité à partir du nucléaire. La Stampa titre : L’atome français a son commis voyageur! Flanqué de la directrice d'Areva, Nicolas Sarkozy vend notre technologie nucléaire, sans trop se soucier des glissements possibles du civil au militaire, et cela inquiète le monde entier. Mais qui le dit?


Un beau couple à l'énergie... nucléaire!

Le dogme du terrorisme appliqué à ceux qui usent de la violence aveugle, en oubliant la violence plus affreuse encore qui est le fait des États surarmés, n’est-il pas une manipulation politique géante de l’opinion internationale ? Madeleine Rebérioux l’avait magistralement démontré : l’usage du terme terrorisme dépend des contextes et enjeux politiques ; l’un des pires terrorismes n’est-il pas celui de ceux qui, depuis longtemps, mettent le monde en péril par l’usage inconsidéré du nucléaire civil donc militaire!

Sources :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3216,50-1160098,0.html

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=81822
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090224142342.g0vdxzz6.htm
http://www.politis.fr/Trois-vies-pour-une-femme,5627.html?var_recherche=reb%C3%A9rioux

Jean-Pierre Dacheux

lundi 23 février 2009

"La sortie du capitalisme aura lieu, de façon civilisée ou barbare".

En réponse aux problèmes sociaux et sociétaux que connaît la Guadeloupe, (Gwadloup en créole), neuf intellectuels antillais ont écrit un Manifeste pour les "produits" de haute nécessité (1). Jacques Bino, le syndicaliste assassiné, a soudé autour de lui, lors de ses obsèques, une population plus que jamais déterminée. La mobilisation populaire, animée par le LKP, (la plus importante jamais vue en Guadeloupe) et la prise de conscience qu'a exprimée le Manifeste nous amènent aux réflexions suivantes.


LKP

Pensez que le capitalisme se régénèrera est irréaliste. S’il n’est pas encore mort, il est moribond; il bouge encore, mais plus pour longtemps; que ses thuriféraires le veuillent ou non, le capitalisme est agonisant... D’aucuns pensent qu’il s’agit d’une simple phase d’adaptation, quelle imposture ! Il est plus que temps d’inventer une nouvelle façon de vivre ensemble.

Les gains frénétiques de production ont eu raison du capitalisme de production, et l’appât du gain immédiat, la chrématistique aristotélicienne ont amené les affamés du fric au capitalisme financier. L’argent est la seule marchandise que le capitalisme produit au détriment de l’investissement productif. Une industrie financière s’est constituée avec pour but de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien que de l’argent. La bourse capitalise la croissance future, les profits futurs des entreprises, la hausse future du prix de l’immobilier, etc.

Dans cette fuite en avant imbécile, on a poussé les populations à s’endetter, à consommer leurs revenus futurs. Surendettés comme les particuliers, les États ont fini par abandonner leurs pouvoirs économiques aux puissances financières, devenues folles.

Les droits fondamentaux sont, à présent, minés par le dogme de la croissance qui renforce et accroît les différences entre riches et pauvres et creuse les inégalités.



Le capitalisme n’offre aucune perspective d’avenir, aucun espoir, sinon celui de consommer toujours plus, laissant alors l’individu toujours insatisfait et névrosé dans l’attente d’un bien-être en recul permanent. C’est l’inéluctable fuite en avant sans espoir de pause et cette fuite en avant est la deuxième impasse du capitalisme. Plus de croissance pour plus de capitalisme; son seul oxygène, c’est la croissance. Mais trop d'oxygène asphyxie aussi, brûle et tue à coup sûr....

Nous avons vécu sur le bradage du capital de la planète, sur les matières fossiles, et pas sur les revenus de ce capital qui sont eux, renouvelables. Notre mode de vie est donc incompatible avec nos possibilités environnementales à supporter toutes nos émissions polluantes. La planète ne peut supporter que tous les Terriens aient le niveau de vie des occidentaux.

Faudra-t-il éliminer la moitié de l’humanité pour que l’autre survive dans la démesure ?

Non, il faut inventer un nouveau rapport au monde qui ne mette plus en péril l’avenir de l’humanité. On ne devient pas un être humain responsable au travers de la seule recherche de biens matériels, du bling-bling, mais à travers le lien social, l’échange, la parole, la confrontation pacifique à l’autre.

Il faut, peut-être, envisager une décroissance, qui ne serait ni la récession ni le retour aux diligences, mais l'entrée dans un autre mode de vie plus modeste et plus juste qui suppose d’autres rapports sociaux.


Dorine et André Gorz jeunes. Inséparables.

"De toute manière, la sortie du capitalisme aura lieu, de façon civilisée ou barbare. La question porte seulement sur la forme que cette sortie prendra".(2) Nous voulons croire que la meilleure serait celle vers laquelle nous nous dirigerions nous-mêmes.

(1) http://http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=8399
(2) André Gorz, Ecologica, éditions Galilée, 2008.
Texte intégral à retrouver dans : http://decroissance.ch/index.php/Andr%C3%A9_Gorz

« La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d'une façon ou d'une autre, civilisée ou barbare. »

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

dimanche 22 février 2009

La Guadeloupe ou "l'effet papillon".


Cela ne peut signifier qu’une chose :

non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir,

mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes.

Aimé Césaire, "Lettre à Maurice Thorez".


La Guadeloupe est entrée en résistance. Il ne s'agit pas d'une manifestation supplémentaire de la crise, mais de la révélation d'une mutation. "La grande transformation" a surgi aux Caraïbes mais elle ne concerne pas que les Antilles françaises, ni même que la France. Elle est un refus de la marchandisation généralisée, de "la profitation"..., et ça ne fait que commencer.

Les "marmonneurs de mots", comme disait Aimé Césaire, ont cette fois frappé très fort : le manifeste des neuf intellectuels (1) ose dire en quoi la poétique rejoint la politique et pourquoi, quand la poésie poétise l'impoétisable, le monde entier tremble. Le conflit traditionnel qui oppose deux hommes, deux sociétés, deux idéologies, nous y sommes habitués et nous savons, hélas, comment ça se termine : par la victoire du plus fort. Là, il s'agit de tout autre chose, du sursaut global d'un peuple qui dit sans peur et sans haine mais non sans colère, ceci : celui qui est chez lui a droit de se préoccuper de ses propres affaires. "On n'achète pas la paix sociale avec une allocation". Il est des produits de plus haute nécessité au premier rang desquels la dignité. Se faire respecter entraine l'abandon des inégalités.

Le capitalisme est devenu une philosophie, une dictature intellectuelle, dont nul ne sait comment sortir, fondant une activité planétaire prédatrice. La maximisation de l'intérêt individuel est indigne et tue. Des toutes petites Antilles nous vient, alors, une contestation de cette idéologie, car c'en est une, et le manifeste nous parle de l'universel, de l'unité de l'humanité, de l'urgence absolue à répondre au défi écologique, de l'évidence d'un dépassement de la question raciale quand les USA eux-mêmes confient leur politique à un président "créole"...! (Glissant et Chamoiseau, dans leur tout dernier livre, en appellent aussi à Obama, évidemment dépassé par la puissance symbolique qu'il a déclenchée, pour qu'il ne fasse pas obstacle à "la mise en poétique de l'inévitable changement du monde").


Les journalistes sont très embarrassés face à ce flux d'idées neuves ultramarines : les neuf intellectuels guadeloupéens ont-ils lancé un manifeste-de-la-révolte ou un simple manifeste de soutien à la Guadeloupe, signé un manifeste-pour-les Antilles ou rédigé un texte contre-les-archaïsmes coloniaux, ou bien ce manifeste-de-neuf-intellectuels-antillais-pour-des-societes-post-capitalistes n'est-il, sobrement, que le-manifeste-des-neuf-intellectuels-antillais? Qu'importe, au fond? Le vrai titre est, je pense : "Martinique – Guadeloupe – Guyane – Réunion, manifeste pour les produits de haute nécessité". Et ce qui pèsera, c'est la "haute nécessité", car le besoin d'un changement fondamental, pour "briser un impossible", nécessite l'ouverture du champ de projection à tous les imaginaires du monde.

Pure folie? "La société, ça n'existe pas" affirmait Margaret Thatcher. Elle et ses successeurs ont été bien près de nous le faire croire. L'individuation des comportements a bouleversé les sociétés. Le retour du vivre ensemble, qui ne sera pas un retour au passé ne va pas se faire sans heurts et malheurs. Le Collectif, si nous le régénérons, ne sera pas une nouvelle et vaste secte. Un miracle poétique et politique n'est plus une utopie hors de portée. Dépasser l'enfermement dans des insularités aux horizons bouchés par la mondialisation, dépasser les Antilles et les départements d'outremer, ne pas s'enfermer dans nos métropoles, acquérir une conscience planétaire, c'est possible mais ce n'est pas acquis. Il n'est, pourtant, de plus grande urgence.

L'effet papillon, le battement d'aile qui déclenche un ouragan à l'autre bout du monde, tant tout est lié et solidaire, va-t-il se manifester sur notre planète? Sommes-nous prêts à accompagner cette formidable énergie politique. À chacun de le dire.

(1) les sources où trouver ce manifeste différemment titré :
http://www.mediapart.fr/journal/france/160209/neuf-intellectuels-antillais-lancent-un-manifeste-de-la-revolte
http://www.livreshebdo.fr/les-gens/actualites/chamoiseau-et-glissant-lancent-un-%E2%80%9Cmanifeste%E2%80%9D-de-soutien-a-la-guadeloupe/2723.aspx http://www.lexpress.fr/actualite/politique/neuf-ecrivains-signent-un-manifeste-pour-les-antilles_741518.html
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/02/16/neuf-intellectuels-antillais-contre-les-archaismes-coloniaux_1156114_823448.html
http://www.paperblog.fr/1616289/manifeste-de-neuf-intellectuels-antillais-pour-des-societes-post-capitalistes/
http://www.rue89.com/2009/02/16/le-manifeste-des-neuf-intellectuels-antillais

Jean-Pierre Dacheux

samedi 14 février 2009

Alain Réfalo un résistant, pour que ça change!

Partout, ça résiste. Partout on désobéit, civilement. La non-violence active et citoyenne est en marche. L'espoir renait. Nous nous en réjouissons.

Communiqué du réseau des enseignants en résistance fédérés par le blog "Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école".

Alain Refalo sanctionné !

Alain Refalo, premier enseignant de France à avoir informé, dès le 6 novembre, par lettre ouverte à son inspecteur de circonscription, qu’il entrait en désobéissance pédagogique pour résister à la mise en œuvre des réformes du ministre de l’Education Nationale, a été informé par l’inspection académique de la Haute-Garonne qu’il était sanctionné d’un retrait de salaire de deux journées par semaine à compter du 5 janvier pour n’avoir pas mis en place réglementairement le dispositif de l’aide personnalisée deux heures par semaine.

Cette sanction financière fait suite à plusieurs visites d’observation de l’Inspecteur de l’Education Nationale dans la classe d’Alain Refalo au cours desquelles il a été constaté que ces deux heures étaient consacrées à une activité théâtre avec l’ensemble des élèves. Rappelons que ces deux heures se situent sur un temps extra-scolaire et que la présence des enfants est soumise à l’autorisation des parents.

Alain Refalo, accompagné de Laurent Cabreils représentant du SNUipp31, a été reçu ce matin par le secrétaire général et l’inspecteur d’académie adjoint, pour prendre connaissance du dernier rapport de visite de son inspecteur. C’est à l’issue de la lecture par l’intéressé de ce rapport que le secrétaire général a informé Alain Refalo des sanctions qui lui étaient infligées. Alain Refalo a alors déclaré qu’il assumait les risques liés à son action de désobéissance, et que les sanctions ne le dissuaderaient pas de poursuivre ce légitime combat contre le démantèlement de l’école publique.

Depuis plusieurs semaines, ce combat est désormais collectif. Des milliers d’enseignants sont entrés en résistance et en désobéissance pédagogiques notamment sur le terrain des nouveaux programmes, de l’aide personnalisée, des évaluations nationales et du fichier Bases élèves. Près de 2 000 enseignants l’ont fait savoir ouvertement à leur hiérarchie par écrit. Cette action collective inédite témoigne du profond malaise des enseignants du primaire et de leur volonté de ne pas collaborer par leur silence complice ou leur participation active au démantèlement du service public d’éducation.

Aujourd’hui, à Colomiers, dans la ville où enseigne Alain Refalo, une lettre collective de désobéissance annonçant la suspension du dispositif de l’aide personnalisée, signée par 30 enseignants désobéisseurs de plusieurs écoles maternelles et élémentaires de la ville, a été remise à l’inspecteur de la circonscription. A Paris, ce sont 276 lettres de désobéissance qui ont été montrées (sans être remises) à l’Inspection Académique, ce matin, (le 21 janvier 2009).

Le réseau des enseignants en résistance dénonce la sanction disproportionnée infligée à Alain Refalo qui a accompli intégralement ses obligations de service en présence de tous les élèves. En sanctionnant l’initiateur de ce vaste mouvement de désobéissance, cette sanction n’a d’autre objectif que de faire plier les enseignants qui s’engagent dans la résistance aux réformes destructrices de M. Darcos. Il appelle les citoyens à se mobiliser pour exiger de l’Inspection Académique le retrait de cette sanction injuste et l’ouverture d’un débat public qui prenne en compte le mécontentement des enseignants et des parents d’élèves.

Le meilleur soutien que nous pouvons apporter aujourd’hui à Alain Refalo est d’amplifier la désobéissance pédagogique dans les écoles afin de dénoncer les lois et les réformes qui déconstruisent l’Education Nationale. Le réseau des enseignants en résistance appelle les enseignants à ne plus mettre en oeuvre le dispositif de l’aide personnalisée et à le faire savoir à leur hiérarchie. Il appelle les citoyens à développer l’action publique dans et autour des écoles pour défendre et sauver l’Ecole publique en danger.

http://resistancepedagogique.blog4ever.com/blog/index-252147.html

http://sauvons-lecole.over-blog.com

http://www.nonviolence.fr/spip.php?article317

dimanche 1 février 2009

Un inspecteur du travail, pour gagner plus, doit travailler moins!

Plus le capitalisme se fragilise, plus il se durcit.
Il va finir par casser!


Tous les syndicats de l’inspection du travail en sont d’accord :
- la justice est extrêmement laxiste en matière de droit du travail,
- les employeurs qui ne respectent pas le code du travail restent largement impunis.

Trois procès-verbaux sur quatre de l’inspection du travail sont classés sans suite par le Parquet.

Patrons impunis, inspecteurs du travail poursuivis : paradoxalement, ces trois dernières années, ce sont des contrôleurs et inspecteurs du travail qui se sont vu mis en cause dans l’exercice de leurs fonctions alors que Laurence Parisot a affirmé que «la liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail».

Le dernier en date, c’est Gérard Filoche. L’inspecteur du travail est mis en examen pour un prétendu « chantage » vis-à-vis d’un patron qui refusait la réintégration dans son poste antérieur d’une salariée de retour de congé maternité et qui a demandé trois fois de suite, à l’égard de cette employée, déléguée syndicale, une autorisation de licenciement.

Si c’est du « chantage » que de menacer, dans ce cas, un employeur d’un PV, alors toute l’inspection du travail fait du « chantage » sans le savoir ! Comment alors que le Parquet, débordé, manque de moyens au point de classer la majorité des PV de l’inspection du travail, choisit-il de donner suite à une plainte patronale prétendant, de façon invraisemblable, que Gérard Filoche fasse « entrave à un Comité d’Entreprise » ?

Nous tenons, en de telles circonstances, à exprimer notre totale solidarité avec Gérard Filoche.

Une pétition est en ligne
http://www.solidarite-filoche.fr/

Pour plus de détails, aller voir sur : http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1758

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux