jeudi 31 janvier 2008

Imposture

Je veux vous amener à réfléchir sur l’article 25 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. Cette déclaration aura 60 ans le 10 décembre.

1.Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

2. La maternité et l’enfance ont droit à une aide et une assistance spéciale. Tous les enfants, qu’ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.

Tout est dit dans cet article et dans ceux qui l’accompagnent, n’est ce pas !
Où plutôt, non !
Il n’est pas dit que les pauvres, les chômeurs, les malades, les handicapés, les veufs, les vieux, les enfants sont dans cette situation par leur faute, comme le laissent entendre nos chers dirigeants ultra-libéraux.

Jean-Claude Vitran

mardi 29 janvier 2008

Une société pas générale du tout

Une banque prend l'eau. Elle portait un nom ambitieux : la "Société Générale". Déjà la bande à Bonnot, l'anarchiste violent des années 1910, s'en prenait à la Société Générale, née en 1864, l'une des "trois vieilles" (avec le Crédit Lyonnais -fondé en 1863- et Paribas -créé en 1872-). Aujourd'hui, "le mécano de la Générale" n'est pas drôle du tout! Rien à voir avec Buster Keaton! C'est un trader de la banque, privé de contremaître, qui s'est mal servi de ses outils! Personne ne s'en est donc pris à cette banque, si ce n'est... elle même!

À vouloir tout couvrir, tout gagner, tout financer, à force de se confondre avec la société générale, on finit par ne plus tout voir, ni tout savoir, et c'est la chute. Débacle générale et tout à fait exemplaire : quand l'économie virtuelle déserte l'économie réelle, elle se gonfle, telle la grenouille de la fable qui, écrivait La Fontaine, " grossit tant et tant qu'elle creva".

L'ennui est qu'il n'y a pas que les bulles spéculatives qui crèvent. Les misérables, au sens où l'entendait Hugo, crèvent aussi, de faim, de froid et de misère, ici, en Europe, un peu moins qu'ailleurs, mais ici aussi... Ah! Que n'avons-nous, en France, dans nos étranges lucarnes, des journalistes ayant la liberté de ton de nos voisins d'Outre-Quiévrain (1)...

(1) Extrait de la chronique de Paul Hermant, de la RTBF.
"Ah, lumpen prolétariat, voilà bien quelque chose qui va mal en bouche, ce qu'ils sont sales, tout de même, les mots du social… On dirait que ces derniers jours, décidément, se chargent de nous donner des leçons d'économie en accéléré."
http://blogrtbf.typepad.com/matin_premiere/2008/01/2901---chroniqu.html.

Jean-Pierre Dacheux

lundi 28 janvier 2008

Asphyxie

Une stratégie de la droite sarkozienne que n’aurait pas démentie Clausewitz, celle de l’étouffement ou plutôt de l’asphyxie.

1) Se rendre maître des médias, communiquer en permanence et pour n’importe quoi :
Pendant ce temps l’opposition court derrière et s’époumone à répondre à des questions déjà dépassées puisque nous sommes plus loin ou ailleurs.
Bâtir des écrans de fumée - divorce, mariage, .. - qui cachent l’essentiel par la futilité médiatique quand la situation échappe.

2) Après la victoire, ouvrir à gauche :
Un certain nombre d’anciens, l’âge aidant, savent que la défaite a scellé pour eux la retraite des affaires ; ils se sont engouffrés dans l’ouverture, en déstabilisant et en d’étouffant le principal parti d’opposition.

3) Asphyxier les associations d’opposition ou celles qui font de l’ombre : – France Liberté, Ligue des Droits de l’Homme, etc. – en leur supprimant les subventions nationales. Un moyen efficace de clore le bec à la Société Civile. Ce procédé anti-démocratique n’avait jamais été utilisé par les anciens locataires de l’Elysée.

Pas de pessimisme, reprenons notre souffle pour combattre cette stratégie d’asphyxie.

Jean-Claude Vitran

La fin des anges.

Michel Serre, dans sa chronique hebdomadaire de France-Info, le dimanche, en fin d'après-midi (1), apporte son éclairage de philosophe des sciences sur les réalités qui font notre quotidien.
Il s'agissait, ce 27 janvier passé, des transformations qui s'opèrent dans les médias et notamment avec l'apparition de la radio numérique.
Les journalistes, dit Michel Serres sont des médiateurs, c'est-à dire des intermédiaires, des messagers, rôle confié, jadis par la Bible aux anges!
Non seulement les journalistes ne sont pas des anges, archanges saints ou lucifériens, mais ils doivent devenir des mutants, car ils vont cesser d'être des hommes et des femmes de média, des "inter-médiaires". Plus de France-Inter peut-être, bientôt, car la relation avec les auditeurs va devenir de plus en plus directe et interactive.
Je suis moins Michel Serres quand il compare cette radio directe à la démocratie qui deviendrait, elle aussi, directe car, comme on le vit, voici quelque trente ans avec les radios libres, tout est récupérable et on ne laissera pas le quatrième pouvoir glisser si facilement entre les mains des citoyens!
Pourtant, la fin des anges, (ces élites intermédiaires, mi-dieux mi-hommes, qui volaient auprès de chacun de nous sans nous quitter d'un pouce), risque de s'annoncer. Et pas seulement les anges journalistes surfant sur les ondes! D'autres anges gardiens vont avoir du mal à nous maintenir dans le parc où sont rassemblées les bonnes âmes! Les enseignants, les députés, les commerçants ont notamment du souci à se faire. Le temps où l'on apprend soi-même, ou l'on est représenté par soi-même, ou l'on se sert soi-même, ne fait que commencer et, face à la tentative de mise en surveillance généralisée sous les caméras de Big Brother, les possibilités d'émancipation liées aux outils contemporains de communication pourraient bien bousculer des habitudes installées depuis de nombreuses décennies. Je n'en exclus pas les dérives. Je voudrais, pour l'instant, y trouver des chances de renouveau démocratique.
(1) - http://www.france-info.com/spip.php?article63064&theme=81&sous_theme=173

Jean-Pierre Dacheux

dimanche 27 janvier 2008

Faites l'amour, pas la morale!

Une petite remarque sans importance : à l’issue de son voyage aux Indes, l’omniprésident Sarkozy a visité le Taj Mahal « le monument de l’amour », sans sa compagne du moment, Carla Bruni.

A sa place, c’est Patrick Balkany, (une vieille histoire d’amour), qu’on a vu à côté du président. Nicolas Sarkozy était accompagné, dans cette visite, d’une partie de la délégation française, dont une poignée de ministres, parmi lesquels Jean-Louis Borloo, Rachida Dati et Valérie Pécresse.

Rappelons au passage que Patrick Balkany, de nouveau maire de Levallois et député des Hauts de Seine, grâce à la bénédiction du seigneur de l’Elysée, a été condamné, en 1996, à une amende de 200 000 francs de l'époque, quinze mois de prison avec sursis et deux ans d'inéligibilité. Il a fait appel mais la décision a été confirmée en 1997. Et, en 1999, la Chambre régionale des comptes l'a sommé de rembourser les salaires indûment versés par la commune, pour une somme totale de 523 897,96 euros.

Il s’est racheté car, lors de la campagne électorale, il a dit : "Il faut remettre la morale au cœur de la politique". À commencer à Levallois, Neuilly et Clichy. Quel brave garçon !

Jean-Claude Vitran.

Travailler plus pour gagner plus !

Question fondamentale : sommes-nous programmés pour travailler ?

Programmés pour penser, pour certains, certainement ; mais pour travailler rien n’est moins sûr !

N’avons nous pas été manipulés au cours des siècles, au point de croire que le travail est une vertu sociale.

Je vais m’empresser de vous le démontrer.

Connaissez-vous le verbe « loisirer », « vacancer » ou bien « oisiver » ? Non bien sur, il n’existe aucun contraire au travail, je vous entends objecter si « se reposer », non, puisque lorsqu’on se repose, on ne fait rien.

Vous ne dites pas « je loisire » pour prendre du travail mais je travaille pour prendre des loisirs.

Encore que les plus démunis d’entre nous, et ils sont nombreux, travaillent seulement pour (sur)vivre.

La fonction travail est toujours mise en avant.

Vous dites d’un chômeur qu’il a perdu son travail, vous ne dites pas qu’il a gagné du repos.

Même mon Beau-Père qui, retraité depuis 20 ans, ne perd pas les habitudes de sa femme, a beaucoup de travail toute la semaine, ( à croire même qu’il se repose moins qu’avant… lorsqu’il travaillait).

Vous êtes fatigués : vous vous reposez la fin de semaine pour être en forme pour aller travailler le lundi. Je ne vous ai jamais entendu dire, le jeudi matin : « je vais moins travailler aujourd’hui et demain pour pouvoir loisirer, après m’être reposé en fin de semaine.

Ne dites vous pas à vos enfants « couche-toi de bonne heure, demain, tu travailles » ?

Nos ancêtres étaient-ils assez idiots pour avoir inventer le travail ?

Mais non !

Ils jardinaient, ils chassaient, ils péchaient, … ; termes qui sont d’ailleurs passés dans le langage des loisirs, pardon, de la consommation ; tout cela pour manger, vivre et loisirer, car ce verbe, je loisire avec Germaine, par exemple, existait sans doute dans le langage de l’homme de Néandertal.

Si la grotte de Lascaux n’était pas fermée, vous le liriez sur ses murs.

Il a été oublié, enfoui, enterré, piétiné ou plutôt il est devenu un péché quand, au retour d’une partie de pêche, ils ont rencontré le premier curé ou le premier capitaliste ultra libéral venu.

Le curé leur a dit : « C’est mal de vivre ainsi, Dieu a dit vous êtes condamnés à gagner votre vie » ; ce qui est une escroquerie puisque de toute façon on la perd.

Le capitaliste ultra libéral a dit : « je ne vais pas vous engraisser à rien foutre, travaillez pour gagner votre vie » ; ce qui est une escroquerie aussi puisque c’est lui qui s’engraisse ; avez-vous déjà vu un capitaliste rachitique et malingre ?

C’est peut-être un raccourci rapide ; mais dire que Dieu est capitaliste, (attention le contraire n’est pas vrai), sauf peut-être pour un U.M.P. ou pour un socialiste, est un bon résumé de la situation, puisque tous les deux nous font perdre notre vie à la gagner.

Travailler plus pour gagner plus est donc une escroquerie ! CQFD.

Travailler moins pour travailler tous, me semble bien plus intelligent, mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai.

Jean-Claude Vitran.

jeudi 24 janvier 2008

Revoir la laïcité, en Italie aussi?

Comme en France, en Italie, la laïcité est battue en brèche.

Benoît XVI a annulé un discours qu’il devait prononcer pour l’inauguration de l’année académique à l’Université romaine La Sapienza.

C’est la pression de professeurs et de collectifs d’étudiants laïques dénonçant un théologien rétrograde, qui place la religion au-dessus de la science, qui a motivé cette annulation ; leur protestation s'appuie sur un discours prononcé, en 1990, par celui qui n'était encore que le cardinal Joseph Ratzinger démontrant, affirment-ils, que le futur pape soutenait le procès en hérésie intenté, en 1633, contre Galilée pour avoir osé affirmer que la Terre tourne autour du Soleil. Le Vatican a tout de même rendu public le discours.

Le pape et le vicaire de Rome ont contre attaqué en organisant une manifestation rassemblant 200 000 personnes.

L’assemblée des manifestants était composée de groupes traditionalistes, de simples fidèles, mais aussi des états majors des partis de droite et de plusieurs représentants de la majorité de centre-gauche dont le vice-président du Conseil.

Le président de la République italienne a déclaré « l’annulation du discours est inacceptable pour un démocrate ».

Depuis 2006, le président du Conseil, Romano Prodi, n’a cessé de donner des gages à l’église, notamment sur les projets concernant les homosexuels, et le pape redouble d’attaques contre l’avortement.

Nombres de laïques italiens se sentent abandonnés par leurs représentants politiques.

Il faut être attentif et vigilant, la tendance sarkozienne de remise en cause de la laicïté n’est pas qu’un phénomène franco-français ; en Espagne aussi, les catholiques veulent peser sur les élections législatives de mars 2008, en attaquant le gouvernement à propos de la législation sur l’avortement et sur le divorce.

Rappelons-nous que le premier projet de constitution européenne, initié par la commission Giscard d’Estaing et repoussé ensuite par les Français et les Néerlandais faisait référence à la christianisation de l’Europe.

Jean-Claude Vitran

dimanche 20 janvier 2008

La laïcité est un respect

La laïcité n'est pas une neutralité mais un respect. Elle n'est pas une antireligion! Confondre religion et politique : là est la source du cléricalisme, celui des clercs comme, aujourd'hui, celui des mollahs.

Le retour du cléricalisme (et non du religieux) constitue l'un des évènements politiques les plus pernicieux qui soient. La sacralisation de la fonction politique est une résurgence de la monarchie. Laurent Joffrin, bien que brocardé par le Chef de l'État, n'avait pas eu tort de parler de "monarchie élective". Aurions-nous voté pour élire un roi qui pense, en tout cas sous-entend, qu'il détient de Dieu le pouvoir de gouverner les hommes?

Le mythe du prince qui tient sa fonction du Tout-puissant est une mystification, une tromperie! Toute politique est profane, c'est à dire se définit hors des temples, synagogues et mosquées. Non que la motivation politique ne puisse se nourrir de spiritualité et de conviction religieuse mais parce que le vivre ensemble suppose des compromis entre citoyens se pensant différemment quand ils s'expriment sur l'agora.

Les apports des philosophies et des religions ne se jaugent pas. Ils s'additionnent, se fondent et se confondent ou parfois, au contraire, ne peuvent que se superposer sans se concilier. Le tout, y compris les contradictions, appartient à un peuple dont la culture se construit sans jamais prendre la forme d'un culte unique. C'est bien pourquoi celui (ou celle) qui parle au nom de tous se doit de ne jamais séparer "celui qui croit au ciel" de "celui qui n'y croit pas".

La laïcité, oui, est un respect actif. Il n'a jamais été aussi important de le répéter et de se tenir prêt à défendre cette "politique de civilisation" là, celle qui n'obscurcit pas les Lumières mais au contraire, éclaire, éclaircit et répand les valeurs que la Révolution française a rendues universelles mais qui restent si fragiles et notamment la Fraternité, la petite dernière de notre devise républicaine, très systématiquement masquée ou bafouée.

Jean-Pierre Dacheux


Mesdames, messieurs les Instituteurs, convertissez-vous!

« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours le radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »

Cette phrase est tirée du discours prononcé par Nicolas Sarkozy, le 20 décembre 2007, lors de sa consécration comme chanoine d’honneur de la basilique de Latran.

Pour une bonne transmission des valeurs (celles de Neuilly – Passy, certainement) et un bon apprentissage du bien et du mal, mesdames, messieurs les instituteurs, convertissez-vous !

Vous n’êtes pas capables, représentants laïques sans morale, de transmettre les bonnes valeurs.

Le personnage emplit tellement la sphère médiatique, entre sa vie personnelle, sa compassion compulsive et ses prises de positions contradictoires que certaines de ses paroles en deviennent négligeables.

Pourtant, il est surprenant que cette phrase ne fasse pas plus de remous car il s’agit d’une insulte, qui ne peut rester sans réponse.

Une insulte envers les éducateurs de nos enfants qui doivent être considérés comme une force de notre pays.

Il est intolérable que le premier des Français, président d’une République laïque, se permette de porter atteinte à la compétence et aux idéaux d’un métier dont on dit qu’il est le plus beau puisqu’il permet de faire émerger l’adulte, le citoyen de l’enfant.

Je vous en conjure, mes amis Instituteurs, réagissez !

Jean-Claude Vitran

jeudi 17 janvier 2008

Le chanoine impudique

Bouffon imperator (1) est devenu chanoine, c'est-à-dire, selon le dictionnaire Le Robert, "dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église cathédrale ou d'une basilique". S'agit-il d'un moyen de gagner plus en travaillant à peine plus... Eh bien non, depuis Louis XI, les rois de France et leurs successeurs, les présidents de la République française, sont de droit, sans être clercs, chanoines d'honneur de l'archibasilique Saint-Jean de Latran. Ce que cela rapporte ne se compte pas en écus ou en euros. Les plus monarchistes des cinq présidents de la Ve République, De Gaulle, Giscard d'Estaing et Chirac, s'étaient laissé donner la fonction honorifique; Pompidou et Mitterrand, sans la récuser, ne s'étaient pas installés dans aucune stalle de chapitre. Nicolas Sarkozy reprend, avec une visible satisfaction, cette tradition monarchiste et en accuse les traits.

Ce Saint-Nicolas là, nullement évêque bien que pontifiant, est un catholique qui ne saurait demeurer en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un simple catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical ?). Un catholique seulement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.

Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, quant à lui, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction: le Président de la république a des pouvoirs et s'en sert, mais il en abuse avec une constante effronterie. Il montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les moins justifiées, qui sont celles qui accompagnaient, jusqu'à présent, l'exercice de la fonction. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi à incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprême. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine, celui qui, tout puissant, omnicient et omniprésent, peut interprèter et exprimer la parole de Dieu... Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.

À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la bouche et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant ses succès politiques et sentimentaux, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour cette réinstallation de la fille aînée de l'Église au premier rang de la cour européenne?

Jean-Pierre Dacheux

(1) Alain Brossat, Bouffon impérator, éditions Lignes, 2008.

Laïcité et morale.

Lors de son discours du Palais de Latran, le nouveau chanoine d’honneur, Nicolas Sarkozy, a dit « Il ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas ».

Si ces propos confirmaient qu’il n’y a pas de risque pour la laïcité si chère au cœur des républicains, ils seraient rassurants. Mais, à d’autres occasions, de nombreuses allusions, d’autres discours montrent, comme à son habitude, le double langage du locataire de l’Elysée.

Ces derniers temps, il multiplie les références aux religions, au catholicisme dans la suite de son discours de Latran, à l’islam dans celui prononcé à Riyad. Il en ferait tout autant à Jérusalem ou à Bombay en parlant d’autres religions.

Les républicains attachés à la laïcité s’inquiètent de ces références sarkoziennes aux religions. Ils ont raison, car Nicolas Sarkozy est capable de revoir, si cela lui semble nécessaire, la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état. Il recherche une référence morale pour asseoir et cimenter son pouvoir et la seule qui a grâce à ses yeux est la morale religieuse.

Il veut faire table rase des apports du siècle des Lumières et ses philosophes, comme il veut faire table rase de mai 68 et de ses libertaires. Il le dit clairement (1) : « s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini ».

Alain Badiou (2) qualifie cette recherche d’assise morale de « transcendantal pétainiste ».

Il y a des analogies troublantes entre cette période de notre histoire et avec le bonapartisme. D’abord le travail – travailler plus pour gagner plus – la morale religieuse maintenant, puis la patrie : « le sentiment religieux n’est pas plus condamnable à cause du fanatisme que le sentiment national ne l’est à cause du nationalisme » (3). Le sentiment national, n’est ce pas la patrie ?

La boucle se ferme. Nous avons affaire à un cynisme d’état qui ne reculera devant rien, même pas de revoir la loi de 1905 et s’appuiera sur cette vieille trilogie – travail, famille, patrie - pour faire rentrer le bon peuple dans le rang et renvoyer ses velléités de liberté et de justice aux oubliettes.

Jean-Claude Vitran

1 Discours de Latran du 20 décembre 2007.
2 De quoi Sarkozy est il le nom ? – Alain Badiou – Nouvelles éditions Lignes.
3 Discours de Riyad du 14 janvier 2008.

mardi 15 janvier 2008

Un blog de plus ?

Tout n'a-t-il pas été écrit?
N'y a-t-il pas abus d'écriture sur la toile?
Les mots n'ont-ils pas tendance à remplacer les actes?

Revenir sur des évidences philosophiques et politiques a quelque chose de décourageant. Certes.
Internet sert de défouloir aux citoyens qui se découvrent impuissants. Oui.
Il y a risque de confusion entre le virtuel et l'actuel. Bien sûr.

Mais le combat politique est plus que jamais idéologique.
Mais ne pas utiliser les moyens contemporains d'expression voue à l'inefficacité.
Mais créer des liens entre les acteurs du débat politique est tout sauf abstrait.

Nous prenons donc, ensemble, le risque de ce blog.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux