lundi 21 décembre 2015

Où va la France ? (3)

Penser l'avenir politique et le préparer dès à présent.

Nous replacer au niveau de l'ensemble de nos concitoyens et pas des seules élites ou favorisés qui ne savent, le plus souvent, se situer, qu'au niveau de leurs propres intérêts.

Sortir du « système des partis » qui éloigne les Français de la politique, (comme le pressentait de Gaulle, mais parce qu'il avait voulu l'impossible : rester, seul, en prise directe avec le peuple !).

Donner du poids aux organisations syndicales qui ont à défendre non plus seulement, à présent, les « intérêts des travailleurs » mais leur respect et la qualité de leur vie professionnelle.

Assurer une formation civique initiale et continue pour que les électeurs se saisissent des institutions et sachent les utiliser et les modifier.

Cesser de confier le sort du pays à des professionnels de la politique, en limitant le nombre et la durée des mandats et en ramenant les indemnités des élus à un niveau qui ne scandalise plus nos concitoyens.

Simplifier et mettre en cohérence les modes de scrutin.

Réviser la Constitution afin de la démocratiser au lieu de la maintenir pyramidale et présidentialiste.

Briser la domination de l'économie sur la politique.

Ouvrir l'espace politique largement en dépassant les frontières et barrières qui rendent impossible de se saisir des questions qui n'ont aucune solution dans chaque État.
Pousser en avant, par l'éducation et la culture, la prise de conscience des contraintes écologiques et des menaces sur l'espèce humaine ou la biodiversité, afin de faire de nous des Terriens responsables.

Réexaminer l'idéologie du travail...

Ces thèmes ont des contenus multiples et denses qui exigeront beaucoup de travail mais nous n'avons plus le choix : il faut nous y engager avec courage.

Nous sommes entrés dans une période de révision de nos fausses évidences, de reconquête des pouvoirs confisqués et de nouvelle « abolition des privilèges ». Ce que nous venons de vivre, en décembre 2015, en révèle l'urgence, si nous ne voulons pas passer de la crise au drame.

Jean-Pierre Dacheux



samedi 19 décembre 2015

Où va la France ? (2)


La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

Autrement dit, on connaît mal la volonté d'une très large partie du peuple vivant en France, soit parce qu'elle n'a pas le souci de l'exprimer, soit parce qu'elle se refuse, désormais, à l'exprimer, soit parce qu'elle ne peut pas l'exprimer car non-inscrite, soit enfin parce qu'elle est empêchée de l'exprimer car mal-inscrite !

Nous sommes ainsi l'un des pays où l'on n'aide pas les citoyens à voter et si des étrangers européens vivant en France, votent, aux élections européennes et municipales, ce fut sous la pression de l'Union européenne. Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays, qui y vivent, parfois depuis fort longtemps, et qui n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! La citoyenneté de résidence doit impérativement s'ajouter à la citoyenneté nationale.

Au moment où la question de la légitimité des résultats électoraux est reposée, puisque le nombre des non-votants et des empêchés de voter est nettement supérieur au nombre des votants, assurer le droit de vote de tous, devient une exigence démocratique indispensable.

Il est temps de remettre « les compteurs à zéro » sinon la démocratie sera définitivement découplée de la votation.

Qu'est-ce à dire ? Le mélange des modes de scrutin proportionnels et majoritaires rendent illisibles les résultats. Les électeurs s'y perdent. Une partie de l'opinion n'est pas représentée. On élimine les petites formations politiques, ce qui ne leur permet pas de croître après avoir fait leurs preuves. Même dans les scrutins proportionnels (pour les européennes, les municipales et les régionales), on fractionne le corps électoral en « zones », on compense le résultat avec des primes (de 50% au vainqueur dans les communes, de 25% dans les régions...). Enfin, les listes sont identifiées par le nom de la tête de liste, comme si elle seule comptait : ce qui sent la pratique monarchique.

Les médias n'informent qu'à propos des « grosses » équipes politiques, des « grands » partis. On n'a que peu parlé des listes qui ont obtenu de 5 ou 10 % des suffrages exprimés ou moins encore. Au moment où l'on invite, à Paris, près de 200 chefs d'État pour étudier et décider comment lutter contre le réchauffement climatique, les écologistes n'auront guère été entendus alors que ce sujet est au cœur de leurs préoccupations depuis des dizaines d'années !

Et si les non-votants avaient effectué un choix politique décisif ? Et si, plus ou moins consciemment, ils étaient lanceurs d'alerte ? Et si, même, une partie non négligeable des électeurs du Front national, notamment ceux des milieux populaires venus de la gauche, exaspérés, déçus, se sentant trahis faisaient la politique du pire pour qu'enfin on pense à eux ?

Ce serait alors le dernier avertissement. Il se peut que le second tour des élections régionales corrige partiellement le premier et que la pseudo-gauche se réjouisse parce qu'elle n'aurait pas tout perdu ! La plus déconfite pourrait être la droite pseudo-républicaine avec un risque de déconvenue pour Sarkozy... (en clair rendre bien plus difficile sa candidature en 2017). Quant au FN, il passera de rien à quelque chose, ce qui devrait lui suffire, pour le moment.

Reste, pour les autres familles politiques, à sortir du jeu pervers où les alliances interdisent tout développement aux écologistes comme aux « socialistes de gauche »

Jean-Pierre Dacheux


Prochain article : Penser l'avenir politique et le préparer dès à présent.

jeudi 17 décembre 2015

Où va la France ? (1)

Que donnent à penser les résultats du 1er tour des régionales 2015 ?

A - La droite et l'extrême-droite étendent leur influence.
Des élections municipales (mars 2014), aux élections élections européennes (mai 2014) puis aux élections sénatoriales (septembre 2014)..., des élections départementales (mars 2015), aux élections régionales (décembre 2015), cinq scrutins se sont suivis, en moins de deux ans.

Tous ont marqué, pour le parti socialiste, un recul brutal.

Des taux d'abstentions record ont accompagné ces élections.
Jamais dans l'histoire de la Ve République, l'abstention n'avait atteint pareil niveau. Le taux d'abstention, au second tour des municipales, le 30 mars 2014, s'était déjà élevé à 37,87% pour la France entière. C'est pourtant, avec les présidentielles, l'élection où l'on vote le plus...
Aux élections élections européennes, l'abstention avait culminé à 56,5%, le 25 mai 2014 !
Aux élections départementales, l'abstention a atteint 50,02% au second tour, le 29 mars.
Le taux d'abstentions, au premier tour des élections régionales, s'est élevé à 50,09%...

En clair, un électeur sur deux n'a plus voté.

Il faut donc diviser par deux, pour le premier tour, les résultats proclamés.
Pour les élections régionales, il faudrait lire :
Inscrits : 100%
Abstentions : 49,91%
Blancs  (non exprimés) : 1,20% des inscrits
Nuls (non exprimés) : 0,79% des inscrits
Non exprimés et non-votants : 51,90%
Exprimés : 48 ,10%
FN : 14%
Droite unie : 13,5%
PS : 11, 75%
Autres listes : 8,85%

Méditons ces nombres. Ils signifient que le tripartisme (FN, PS et Républicains) semble installé, mais que ces trois partis, ensemble, ne font pas même 40% des électeurs. Les cartes sont à rebattre. Les modes de scrutin, en France, ont brouillé les cartes. Les citoyens ne s'y retrouvent pas et désertent les bureaux de vote. Il y a bien « grêve des urnes » ! Le « premier parti de France », c'est enfin admis, même si on voudrait continuer à n'en pas tenir compte, ce sont les non-votants.

Notre habitude de ne compter que les suffrages exprimés, ceux des votants, fausse non seulement les résultats, alors déformés etn mal interprétés, mais aussi notre compréhension de ce qu'est le corps électoral complet, le « souverain ».

Il est temps de s'interroger sur les processus qui retardent ou empêchent le vote des citoyens écœurés, déçus, révoltés, et qui, constatant leur impuissance à changer quoi que ce soit à leur propre vie, s'écartent de la vie publique.

Car s'ajoutent à tous les non-votants, les non-inscrits et les mal-inscrits.
Non-inscrits et mal-inscrits (retirons le mot : abstentionnistes) représentaient près de 9,5 millions de Français en 2012. Soit autant que de voix obtenues, en 2007, par le vainqueur de l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy ! Une réserve de voix non négligeable qu’une réforme du système permettrait sans doute de récupérer, en partie. En France, pour voter, il faut franchir non pas une étape, mais deux : participer au scrutin le jour de l’élection, mais aussi être inscrit sur les listes électorales. L'inscription automatique s'effectue une seule fois, à 18 ans. Les relances, contrôles, appels, encouragements et suivis citoyens font ensuite défaut.

Simple question administrative ? Non. A chaque élection, l’équivalent de la population combinée de Paris, Lyon et Marseille, soit 7% des Français en l’âge de voter, ne peuvent le faire parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et c’est sans compter les « mal-inscrits », soit un Français sur quatre environ, inscrits à une adresse différente de leur adresse actuelle et qui risquent d'e tomber dans l’abstention.

Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays qui, parfois depuis fort longtemps, n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! Nous sommes l'un des pays où, en réalité le corps électoral est incomplet. Et encore, si des étrangers européens votent, aux élections européennes et municipales, cela aura été sous la pression de l'Union européenne.

Le droit de vote n'est toujours pas universel en France.

Jean-Pierre DACHEUX

Prochain article : La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

mardi 8 décembre 2015

Arrêtez de nous prendre pour des imbéciles !


D'aucun s'étonne des résultats du premier tour des élections régionales. Cet aveuglement est surprenant. La relative victoire du Front National était écrite depuis de nombreux mois dans les gazettes et n'est vraiment une surprise que pour ceux qui sont aveugles et sourds

Victoire relative, d'ailleurs, car avec la moitié de l'électorat « abstentionniste » – un Français sur deux s'est déplacé pour aller voter – le FN recueille, seulement, 14 % des inscrits. Un peu plus d'un Français sur 10 a voté pour l'extrême droite : il n'y a pas de quoi triompher.

Un citoyen qui réfléchit, qui regarde vivre la politique depuis longtemps et qui a de la mémoire sait qu'il n'y a pas de victoire sans patience.

Mitterrand et Chirac ont attendu plus de 20 ans pour se faire élire et le FN frappe à la porte du pouvoir depuis 50 ans.

De plus, les droite et gauche qui se sont succédées à la tête de l'Etat, l'ont alternativement utilisé comme épouvantail pour gagner les élections présidentielles et les élections intermédiaires.

Comme au loto, il faut bien qu'un jour, on rafle la mise.

Surtout qu'aujourd'hui les deux prétendants à la désignation présidentielle de 2017  continuent à l'instrumentaliser ainsi que le « brave » électeur qui n'y voit rien.

L'objectif des deux compères est le même.

Même si par le principe des vases communicants, le parti de Sarkozy perd des voix au profit du FN, il se réjouit de le voir virer en tête à l'issue du premier tour. Son calcul est qu'il reste second pour disputer et rafler le trône en 2017.

L'objectif de Hollande est de faire grimper le FN encore plus haut pour que le parti de Sarkozy, par le même principe des vases communicants, soit troisième au premier tour de 2017.

Comme on le voit le « jeu » est très dangereux, car celui qui pourrait, cette fois, rafler le trône risque d'être le FN.

Pauvre France !

Jean-Claude Vitran