samedi 19 décembre 2015

Où va la France ? (2)


La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

Autrement dit, on connaît mal la volonté d'une très large partie du peuple vivant en France, soit parce qu'elle n'a pas le souci de l'exprimer, soit parce qu'elle se refuse, désormais, à l'exprimer, soit parce qu'elle ne peut pas l'exprimer car non-inscrite, soit enfin parce qu'elle est empêchée de l'exprimer car mal-inscrite !

Nous sommes ainsi l'un des pays où l'on n'aide pas les citoyens à voter et si des étrangers européens vivant en France, votent, aux élections européennes et municipales, ce fut sous la pression de l'Union européenne. Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays, qui y vivent, parfois depuis fort longtemps, et qui n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! La citoyenneté de résidence doit impérativement s'ajouter à la citoyenneté nationale.

Au moment où la question de la légitimité des résultats électoraux est reposée, puisque le nombre des non-votants et des empêchés de voter est nettement supérieur au nombre des votants, assurer le droit de vote de tous, devient une exigence démocratique indispensable.

Il est temps de remettre « les compteurs à zéro » sinon la démocratie sera définitivement découplée de la votation.

Qu'est-ce à dire ? Le mélange des modes de scrutin proportionnels et majoritaires rendent illisibles les résultats. Les électeurs s'y perdent. Une partie de l'opinion n'est pas représentée. On élimine les petites formations politiques, ce qui ne leur permet pas de croître après avoir fait leurs preuves. Même dans les scrutins proportionnels (pour les européennes, les municipales et les régionales), on fractionne le corps électoral en « zones », on compense le résultat avec des primes (de 50% au vainqueur dans les communes, de 25% dans les régions...). Enfin, les listes sont identifiées par le nom de la tête de liste, comme si elle seule comptait : ce qui sent la pratique monarchique.

Les médias n'informent qu'à propos des « grosses » équipes politiques, des « grands » partis. On n'a que peu parlé des listes qui ont obtenu de 5 ou 10 % des suffrages exprimés ou moins encore. Au moment où l'on invite, à Paris, près de 200 chefs d'État pour étudier et décider comment lutter contre le réchauffement climatique, les écologistes n'auront guère été entendus alors que ce sujet est au cœur de leurs préoccupations depuis des dizaines d'années !

Et si les non-votants avaient effectué un choix politique décisif ? Et si, plus ou moins consciemment, ils étaient lanceurs d'alerte ? Et si, même, une partie non négligeable des électeurs du Front national, notamment ceux des milieux populaires venus de la gauche, exaspérés, déçus, se sentant trahis faisaient la politique du pire pour qu'enfin on pense à eux ?

Ce serait alors le dernier avertissement. Il se peut que le second tour des élections régionales corrige partiellement le premier et que la pseudo-gauche se réjouisse parce qu'elle n'aurait pas tout perdu ! La plus déconfite pourrait être la droite pseudo-républicaine avec un risque de déconvenue pour Sarkozy... (en clair rendre bien plus difficile sa candidature en 2017). Quant au FN, il passera de rien à quelque chose, ce qui devrait lui suffire, pour le moment.

Reste, pour les autres familles politiques, à sortir du jeu pervers où les alliances interdisent tout développement aux écologistes comme aux « socialistes de gauche »

Jean-Pierre Dacheux


Prochain article : Penser l'avenir politique et le préparer dès à présent.

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