jeudi 17 décembre 2015

Où va la France ? (1)

Que donnent à penser les résultats du 1er tour des régionales 2015 ?

A - La droite et l'extrême-droite étendent leur influence.
Des élections municipales (mars 2014), aux élections élections européennes (mai 2014) puis aux élections sénatoriales (septembre 2014)..., des élections départementales (mars 2015), aux élections régionales (décembre 2015), cinq scrutins se sont suivis, en moins de deux ans.

Tous ont marqué, pour le parti socialiste, un recul brutal.

Des taux d'abstentions record ont accompagné ces élections.
Jamais dans l'histoire de la Ve République, l'abstention n'avait atteint pareil niveau. Le taux d'abstention, au second tour des municipales, le 30 mars 2014, s'était déjà élevé à 37,87% pour la France entière. C'est pourtant, avec les présidentielles, l'élection où l'on vote le plus...
Aux élections élections européennes, l'abstention avait culminé à 56,5%, le 25 mai 2014 !
Aux élections départementales, l'abstention a atteint 50,02% au second tour, le 29 mars.
Le taux d'abstentions, au premier tour des élections régionales, s'est élevé à 50,09%...

En clair, un électeur sur deux n'a plus voté.

Il faut donc diviser par deux, pour le premier tour, les résultats proclamés.
Pour les élections régionales, il faudrait lire :
Inscrits : 100%
Abstentions : 49,91%
Blancs  (non exprimés) : 1,20% des inscrits
Nuls (non exprimés) : 0,79% des inscrits
Non exprimés et non-votants : 51,90%
Exprimés : 48 ,10%
FN : 14%
Droite unie : 13,5%
PS : 11, 75%
Autres listes : 8,85%

Méditons ces nombres. Ils signifient que le tripartisme (FN, PS et Républicains) semble installé, mais que ces trois partis, ensemble, ne font pas même 40% des électeurs. Les cartes sont à rebattre. Les modes de scrutin, en France, ont brouillé les cartes. Les citoyens ne s'y retrouvent pas et désertent les bureaux de vote. Il y a bien « grêve des urnes » ! Le « premier parti de France », c'est enfin admis, même si on voudrait continuer à n'en pas tenir compte, ce sont les non-votants.

Notre habitude de ne compter que les suffrages exprimés, ceux des votants, fausse non seulement les résultats, alors déformés etn mal interprétés, mais aussi notre compréhension de ce qu'est le corps électoral complet, le « souverain ».

Il est temps de s'interroger sur les processus qui retardent ou empêchent le vote des citoyens écœurés, déçus, révoltés, et qui, constatant leur impuissance à changer quoi que ce soit à leur propre vie, s'écartent de la vie publique.

Car s'ajoutent à tous les non-votants, les non-inscrits et les mal-inscrits.
Non-inscrits et mal-inscrits (retirons le mot : abstentionnistes) représentaient près de 9,5 millions de Français en 2012. Soit autant que de voix obtenues, en 2007, par le vainqueur de l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy ! Une réserve de voix non négligeable qu’une réforme du système permettrait sans doute de récupérer, en partie. En France, pour voter, il faut franchir non pas une étape, mais deux : participer au scrutin le jour de l’élection, mais aussi être inscrit sur les listes électorales. L'inscription automatique s'effectue une seule fois, à 18 ans. Les relances, contrôles, appels, encouragements et suivis citoyens font ensuite défaut.

Simple question administrative ? Non. A chaque élection, l’équivalent de la population combinée de Paris, Lyon et Marseille, soit 7% des Français en l’âge de voter, ne peuvent le faire parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et c’est sans compter les « mal-inscrits », soit un Français sur quatre environ, inscrits à une adresse différente de leur adresse actuelle et qui risquent d'e tomber dans l’abstention.

Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays qui, parfois depuis fort longtemps, n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! Nous sommes l'un des pays où, en réalité le corps électoral est incomplet. Et encore, si des étrangers européens votent, aux élections européennes et municipales, cela aura été sous la pression de l'Union européenne.

Le droit de vote n'est toujours pas universel en France.

Jean-Pierre DACHEUX

Prochain article : La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

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