samedi 24 octobre 2009

De l'action politique (1)


Ce mythe s'effondre sous nos yeux : la politique, est, essentiellement, l'action des partis. Subsidiairement, la politique, était l'action des élus. Cela ne tient, évidemment, pas davantage. En conséquence, l'élection n'apparait plus comme la condition même de la démocratie, car cette condition, si elle reste nécessaire, est moins que jamais suffisante.



Il nous faudra revenir sur l'utilité des élections dans une société s'affirmant démocratique si nous voulons avancer dans la réflexion sur l'action politique, mais l'urgence n'est pas encore là : avant de s'intéresser à la problématique électorale, il importe de se pré-occuper de ce que peut faire, hic et nunc, le citoyen comme acteur politique.

On peut considérer que l'action dans l'opinion, et sur l'opinion, autour de soi, dans son immeuble, sa rue, son quartier, sa commune, passe par la parole publique, non refoulée, livrée au contraire à la discussion et ouvrant, partout où l'on passe, des espaces de débat. C'est une action lente, minuscule, mais efficace dans la sphère d'influence considérée.


Il est temps de l'ouvrir...

Ce n'est, bien sûr, qu'une forme de l'action, à ne pas négliger, mais d'efficacité limitée. Il faut entrer aussi dans les lieux (physiques ou organisationnels) où le débat existe, où des recherches de solutions s'effectuent, où se nourrit la pensée, où des solidarités s'établissent. Il existe plus de possibilités d'entrer dans ces lieux que nous n'avons de temps à y passer. Trier, parmi ces lieux, ceux où l'on préfère s'investir, est déjà un choix politique.

Être ou ne pas être membre d'un parti politique devient, dès lors, affaire de choix secondaire, car ne pas s'y inféoder est devenu indispensable pour n'être pas instrumentalisé au sein de son organisation, garder toute sa liberté de penser, s'autoriser à pratiquer, éventuellement, la multi-appartenance, s'ouvrir à des mouvements et associations non partisans mais actifs dans la sphère publique.

La politique cesse d'être la politique quand elle n'est plus qu'un métier, une spécialité dans la gestion des affaires publiques, une zone d'influence certes majeure au sein de la société mais séparée, comme le noyau l'est dans son fruit, de la société tout entière. Le crime parfait, en démocratie, c'est de réussir à décourager l'ensemble des citoyens des affaires les concernant strictement, lesquelles ne se vivent pas les jours d'élections, mais au quotidien. Quand la politique dégoute, c'est qu'elle a été trahie. Cherchez la faute...

L'action politique, vue sous cet angle, ne consiste pas à faire « de la » politique, à vivre « de la » politique, mais à vivre la politique! On peut, en effet, être plongé dans la politique sans le savoir ou sans vouloir le savoir; ou bien, à l'inverse, chercher constamment en quoi l'on est concerné, touché, atteint, modifié par l'environnement politique, (lequel n'est pas porté à notre conscience par les seuls médias fournisseurs d'informations justes, ou incomplètes, ou fausses, ou sciemment déformées).

Vivre la politique ce n'est pas en faire, c'est la faire. C'est la dimension non intime de nos vies, celle qui détermine nos relations et donc la vie collective.

L'action politique est si prenante qu'elle conduisait les inventeurs de la démocratie, dans les cités grecques, à réserver sa pratique à ceux qui avait le temps, et donc les moyens, de s'y consacrer tout entiers. Les esclaves et les pauvres en étaient donc exclus. Le « travailler plus » sarkoziste (travailler signifiant, ici, être employé et salarié) a ceci de cynique et d'éhonté qu'il interdit de limiter le temps du travail professionnel, ce que les technologies permettraient, afin de pouvoir consacrer, hors de l'entreprise, du temps à la vie publique pour l'action politique.

Car l'action politique a ceci de difficile et d'essentiel de faire rechercher tout ce qui concourt à la bonne décision. C'est une œuvre de longue haleine qui ne cesse jamais et qui, donc, ne suppose aucune pause entre deux scrutins. Le militant, comme on dit, n'est pas plus qualifié que le député ou le maire pour déterminer ce qui est le bien commun. Il n'y a pas de « spécialiste » de l'action politique. Jean-Jacques Rousseau l'avait précisé dans son Contrat Social : le représentant du peuple, l'élu ou l'animateur (mot que je préfère au vocable guerrier de "militant"!) sont les exécuteurs de la politique et non, à eux seuls, ses décideurs! S'ils sont décideurs, ils le sont au même titre que les autres citoyens. Par contre, ils ont la très lourde responsabilité de mettre en œuvre la volonté populaire quand elle s'est manifestée et de nourrir constamment le débat public.

Depuis l'émergence des outils informatiques, l'ouverture de l'information et de la communication politiques au plus grand nombre a élargi les potentialités d'action démocratique. Elle ne les a pas installées. Tout au contraire, elle a permis que la domination des peuples se fasse plus méthodiquement et plus subtilement, par des armées de professionnels de la communication. Se saisir des instruments d'expression contemporains pour relancer, modifier, transformer, démultiplier, généraliser (donc démocratiser réellement) l'action politique, en l'arrachant à ceux qui la monopolisent à leur profit, tel est l'enjeu.

Là encore, il ne faudrait pas confondre les conditions nécessaires et les conditions suffisantes. Le nécessaire se situe au niveau des moyens. Le suffisant, au niveau des fins. La politique est à placer au niveau des fins plus que des moyens. Internet est un espace politique nouveau qu'il est interdit de déserter mais ce n'est pas l'espace de la vie charnelle là où tout se joue.


Créons partout des agoras!

L'action politique, c'est comme respirer et se nourrir, c'est une nécessité de la vie en société. depuis la révolution française on est passé de l'aristocratie et du pouvoir absolu, à la délégation de pouvoir au sein d'une République démocratique. La contradiction, de plus en plus flagrante, tient en ceci : la délégation, aggravée par la tolérance du cumul des mandats et l'ultra concentration des pouvoirs, conduit au retour du pouvoir absolu. Nous devrons à l'actuel Président de la république française d'en avoir fait la démonstration. Reste à rentrer dans une démocratie qui fasse de chaque citoyen un acteur politique. C'est l'enjeu du siècle.

Jean-Pierre Dacheux

lundi 12 octobre 2009

Société de surveillance - société de sanction


Le génie de la liberté va-t-il devoir quitter la Bastille?

Les défenseurs des libertés affirment que le monde occidental est entré, depuis quelques décennies, dans l’ère de la société de surveillance généralisée.

C’est une affirmation justifiée au regard des systèmes, règlements, décrets, arrêtés, circulaires et lois qui sont quotidiennement mis en place et promulgués par les pouvoirs publics.

Les développements technologiques, principalement celui de l’industrie de l’informatique, permettent aujourd’hui d’imaginer des systèmes de contraintes de plus en plus liberticides, qui semblent naturellement acceptés par nos contemporains comme une fatalité nécessaire au bien-être de l’humanité.

Cette surveillance, que certains appellent de leurs vœux, n’est pas sans conséquence sur nos vies quotidiennes car, comme dans un livre célèbre Surveiller et punir, Michel Foucault l’a démontré, surveiller a pour conséquence directe et immanente de sanctionner. Surveiller pour surveiller serait inepte, il est donc normal, nécessaire dans un système dominateur, de punir.

Nous sommes, de ce fait, passés directement d’une société permissive à une société de sanction; la surveillance n’étant que le bras armé du père fouettard gouvernemental.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Sûrement, parce que notre système sociétal a rendu le monde malade de la paranoïa des gouvernements occidentaux qui utilisent, habilement, les dramatiques attentats new-yorkais du 11 septembre 2001, pour remplacer la présomption d’innocence par une présomption de culpabilité où l’on doit apporter la preuve de son innocence et où chaque citoyen est considéré comme un terroriste en puissance. Malade de l’excès de besoin de sécurité et de l'idéologie (plutôt de la dictature) du risque zéro , savamment distillée par les gouvernements.

Exemple récent : la grippe porcine, mexicaine, AH1N1... Ce fiel sécuritaire génère la peur, l’insécurité permanente, levier puissant de la domination et, sur le plan social, conduit à des replis, suivis de passages à l'acte qu'on pourraient qualifier de perpétuels : peur, repli, passage à l'acte, de nouveau instrumentalisation de la peur, repli, passage à l'acte, etc...

Malheureusement réclamé par de nombreux citoyens, qui voudraient même l’immortalité, le dogme du risque zéro sert la politique sécuritaire du pouvoir. Chacun sait que le risque zéro n'existe pas, pourtant le système, la communication marketing des pouvoirs, et leur détournement langagier permanent, les conduisent à inventer des concepts comme "le potentiel de dangerosité", (pourquoi pas dès trois ans,!) ou la "vidéo-protection", terme mensonger puisque ce système ne protège personne.


Haut les mains, vous êtes fichés et fichus.

Malade aussi du mélange vie privée/vie publique qui prend une ampleur encore inconnue par la people-isation et l’hyper-médiatisation. Immédiatement après la seconde guerre mondiale, Hannah Arrendt a écrit: "Un des piliers de nos démocraties est la frontière entre le public et le privé". Écrit prémonitoire car l'intime est absolument fondamental dans la construction du sujet.

Notre inconscient a besoin de différenciation entre l'externe et l'interne, entre le fantasme et le réel, entre moi et l'autre. Cet intime, une fois mis à mal, subit des conséquences psychologiques importantes qui deviennent pathologiques. Quelques sociologues et des journalistes prédisent la fin de la vie privée. Cette fin, si elle devait intervenir, amènerait l’humanité à la folie collective et à la barbarie.

Malade, enfin, de la boulimie de croissance d’un système capitaliste déshumanisé qui considère l’être humain, seulement comme consommateur, pour le seul profit des grands groupes financiers et industriels planétaires. Comment avoir des états d’âme et se passer d’un pactole de croissance de 20 % l’an ? Alors, la volonté de développer une technologie de contrainte et celle de se servir de la "persuasion" et du pouvoir, donc de la loi, pour la faire accepter à des fins purement mercantiles, ne sont que les deux faces d'un même dessein.

Le ministre de l'intérieur voulant intensifier la mise en place de caméras vidéo, sachant qu’il est prouvé que le système est inefficace, est dans cette posture. Mais pourquoi s’inquiéter ? Nous qui sommes honnêtes, nous n’avons rien à nous reprocher. Ainsi semble penser la majorité de la population.

Et pourtant, l’employeur, l’assureur, le banquier, le maire (loi sur la prévention de la délinquance) le fournisseur d’accès à Internet, l’hypermarché, l’État, tous sont preneurs ou seront preneurs du profil des citoyens, pour les démarcher souvent, pour les surveiller et les sanctionner toujours.

Pour clore ce propos, voici deux exemples de surveillance/sanction qui ne semblent pas liés directement à des atteintes à nos droits fondamentaux, mais qui, pourtant, reflètent bien le passage d’une société de confiance et de présomption d’innocence, à une société de défiance, (tous coupables!). Ils donnent un indice de la haute opinion du pouvoir sur la probité et l’honnêteté de l’ensemble des citoyens de ce pays.


Un philosophe nous met en garde.

Le contrôle – sanction des chômeurs. Ne croyez-vous pas que le chômage est déjà une sanction sociale suffisante. Non, le pouvoir, qui a une grande responsabilité dans les crises qui amènent au démantèlement des entreprises, peut-être, même, pour maquiller sa responsabilité, entend surveiller, culpabiliser et sanctionner les citoyens qui ne seraient pas suffisamment dociles voire serviles.

Le contrôle – sanction des arrêts de travail et des indemnités journalières abusives, (une nouveauté du ministre du budget). Là encore, on entend surveiller, culpabiliser et sanctionner tous les citoyens, en partant du principe simple qu’un arrêt de travail est sûrement demandé par un " tire au flanc ", coupable de collusion avec son médecin traitant. Ce sera donc au malade, même s’il n’a rien à se reprocher, de faire la preuve de sa maladie.

Nous pourrions multiplier les exemples de ces contrôles – surveillances, demandes de justifications tatillonnes et non fondées, qui débouchent le plus souvent sur des sanctions injustifiées, le pouvoir actuel considérant toujours l’individu comme un sujet dangereux et potentiellement coupable.

Une société où la confiance n’existe plus entre les citoyens et ses gouvernants n’est déjà plus une démocratie.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux



vendredi 9 octobre 2009

Qui sont les victimes?

Frédéric Mitterrand aime les garçons. Il n'est pas le seul! Jusque là, pas de problème. L'homosexualité n'est pas condamnable en France, croyons-nous savoir !

Il va en Thaïlande et y trouve ses partenaires, qu'ils paient. Il s'en confesse dans un récit quasi autobiographique, La Mauvaise Vie, paru en 2005 et qui n'a pas retenu l'attention des gazettes, à l'époque. Littérature peu appétissante, mais enfin, c'est de la littérature...



Depuis, après un détour par la villa de Médicis, pour la direction de laquelle il a dû batailler ferme, voici l'auteur de ce livre devenu ministre... Et de la culture s'il vous plait, par la grâce du Tout-Puissant hôte de l'Élysée. Bon. Il est d'autres ministres que le Président de la République a politiquement séduits.. La récupération du nom de Mitterrand, en l'occurrence, a sans doute suffi...

Arrive l'affaire Polanski : les Helvètes enferment, à la demande de la justice des États-Unis, un metteur en scène célèbre qui s'est soustrait, depuis 1977, à la police U.S, après le viol d'une adolescente de 13 ans. Frédéric Mitterrand s'indigne. Les associations féministes s'indignent de son indignation. C'est parti...

Marine Le Pen ressort le livre La Mauvaise Vie et tente de faire un "coup politique" en réclamant la démission d'un ministre qui, suggère-t-elle, s'il défend un violeur, pourrait bien être suspect d'avoir profité d'enfants en Thaïlande. Et comme il se trouve que ce pays est l'un de ceux où le tourisme sexuel est "florissant", on peut plus aisément s'en émouvoir, ou faire semblant...

Frédéric Mitterrand se défend pieds et ongles, hurle au loup fasciste, lâche Polanski, et jure n'avoir jamais touché aux garçons mineurs. Les socialistes avancent un pied puis le reculent : on fermera les yeux sur les frasques de Mitterrand afin de ne pas sombrer dans l'homophobie. Les amis de Sarkozy, eux, défendent le ministre, mais avec plus ou moins de chaleur. La solidarité politique masque, visiblement, la désapprobation. Fin (provisoire) de l'épisode.

Mais voici que surgit le philosophe de France Culture : l'inévitable Alain Finkielkraut. Il défend Frédéric Mitterrand, et surtout Polanski, en allant jusqu'à rappeler que la mineure violée par le cinéaste était une allumeuse, qui posait pour des magazines... Bref, l'enfant était une putain. Les organisations de défense de l'enfance s'insurgent et rappellent que ce machisme intellectuel, doublé du mépris glacial des adultes pour les enfants, est tout simplement "dégueulasse" (sic). C'est re-parti...

Sous cette crasse, des choix de société (de la "bonne" société contemporaine) qui banalisent l'abjection. À l'évidence, n'est pas suffisante la lutte contre ce tourisme sexuel (qu'il s'agisse de filles ou de garçons), qu'organisent des entreprises trouvant, dans la misère, une facilité pour trouver des proies à faire consommer aux riches voyageurs, souvent occidentaux. Enfants ou jeunes adultes sont offerts comme des produits de luxe qu'on achète pendant ses vacances. Ce n'est pas seulement de la prostitution, c'est de l'esclavage, et l'écrasement des droits de l'homme.



La culture n'est pas prude. Elle n'est pas non plus une justification littéraire de l'odieux. Prendre le parti des victimes, comme on nous le demande, fréquemment dans notre pays, c'est dénoncer ceux qui tolèrent l'intolérable. On peut pardonner à Polanski ; il n'en a pas moins commis un crime qu'il n'a pas payé. On peut refuser de trainer Frédéric Mitterrand dans la boue; il ne s'en est pas moins mis lui-même en difficulté en étalant une vie privée peu reluisante dont on ignore jusqu'où elle l'a mené. On peut admirer (parfois!) l'écrivain Finkielkraut; il ne s'en est pas moins démasqué en défendant, une fois de plus, les puissants, les riches et les mâles, sous couvert d'arguments habilement spécieux.



Non, ce ne sont pas Roman Polanski ou Frédéric Mitterrand qui sont les victimes de l'intolérance et de l'inculture des honnêtes gens, n'en déplaise à Finkielkraut . S'ils sont victimes, c'est d'eux mêmes, de leur art de vivre qui n'en est pas un. Quant aux véritables victimes, les inconnus, les gosses et les jeunes, les misérables, qui n'ont pu échapper à la domination des porteurs de dollars ou d'euros, c'est d'eux qu'il convient d'être solidaires.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

dimanche 4 octobre 2009

L'Europe relancée ou définitivement morte ?

Marielle de Sarnez, députée européenne et vice-présidente du Mouvement Démocrate, a estimé, samedi 3 octobre, que "l'heure d'une Europe politique est venue", saluant la "très large victoire du oui" en Irlande !


Est-ce si sûr?

Certes, Dany Cohn-Bendit est satisfait; il triomphe même, après avoir mis ses convictions oui-ouistes à l'ombre, le temps de convaincre quelques incorrigibles écolos de voter pour Europe-écologie. Ce matin, 4 octobre, il est donc bien content. Mais qu'en pense, à présent, José Bové?

Sarkozy aussi est content. N'a-t-il pas eu raison de faire bafouer le suffrage universel par le Parlement.? C'est lui qui, sous sa présidence, a mis en marche la procédure de re-vote en Irlande. Le vrai sauveur de l'Europe, c'est lui! Oui, Monsieur : les Irlandais lui doivent une fière chandelle!

Reste deux salauds : les présidents polonais et tchèques, qui n'ont même pas leurs Parlements derrière eux. Ils prétendent ne pas signer le traité de Lisbonne, en dépit de la volonté de l'Europe tout entière? Eh bien, on va s'occuper d'eux. Comment? C'est simple, ou bien on les fait destituer ou bien, c'est plus sûr, on les achète.

On va donc appliquer le Traité de Lisbonne d'ici peu. L'Europe n'est pas sauve. Elle est morte. Même dans l'esprit de nombre de ceux qui y ont cru, comme à un dépassement du nationalisme et du triomphalisme droitier français, c'est fini. Cette Europe du fric indiffère. En fait de dépassement, c'est celui de l'Europe libérale, froidement capitaliste (on ne s'en cache plus) qui va s'imposer, État par État. En France, en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne..., des majorités solides, "démocratiquement élues", permettent de mener des politiques désastreuses que l'Union européenne soutient, relaie et encourage. Nous ne faisons pas partie de ces Européens-là.

La raison, comme en Irlande, va conduire les citoyens de chaque pays à confier leurs intérêts à ceux qui savent gérer l'argent : aux banquiers et à leurs mentors. Jusqu'à ce que, dans une catastrophe sociale et écologique sans précédent, - et que nous aurions tant aimé voir éviter!- l'ensemble du dispositif démocratique issu de deux siècles de pratique parlementaire, s'effondre, comme s'est effondré le soi-disant communisme du bloc soviétique.




S'il ne devait n'y avoir plus qu'une seule raison, suffisante, de refuser, vote ou pas vote, le Traité de Lisbonne, elle est là : "Le traité de Lisbonne autorise à tuer des « émeutiers »", titre Agora Vox. Exagération? Allez y voir de près, dans l'article dont la référence se trouve ci-dessous. Ce qui figurait dans le projet de traité constitutionnel, en annexe, figure encore dans le Traité de Lisbonne (toujours aussi lourd, illisible, confus et complexe...)! L'Europe des riches se protège contre le risque de révolution populaire (non-violente ou pas). Lisez très attentivement...

Et il n'y a pas que ça : les symboles positifs de l'Europe (hymne, devise et drapeau), eux aussi , sont menacés de mort; ils ont déjà quitté le texte du traité et ne sont retenus que par 16 États sur 27... Ce n'est pas anodin.

Merci aux Irlandais d'avoir tenté de résister, puis révélé qu'on ne s'oppose pas à la contrainte économique quand on dépend, pour manger, de l'argent d'autrui. "La vie (oui) ou la mort (non)" du pays, : choisissez librement! En pleine crise, avec un chômage sans précédent, telle était la fausse et pourtant inévitable alternative...



La rupture, que ce vote tragique manifeste, est salutaire en ceci : s'éloigneront, à jamais, de l'écologie qui se couche, incarnée par Europe-écologie, ceux qui, ont lié le sort le l'écologie à la fin du capitalisme. Tout est clair à présent : de Sarkozy à De Sarnez, en passant par Cohn-Bendit, (sans oublier, bien entendu, nos chers amis, dits "socialistes"), l'Europe des puissances économiques, des États couchés et des libéraux sans scrupule n'a rien à voir avec l'Europe dont nous avons besoin : l'Europe solidaire, écologiste et antilibérale. Fin du premier acte. L'histoire de l'Europe continue.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.

http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/le-traite-de-lisbonne-autorise-a-62526