lundi 21 décembre 2015

Où va la France ? (3)

Penser l'avenir politique et le préparer dès à présent.

Nous replacer au niveau de l'ensemble de nos concitoyens et pas des seules élites ou favorisés qui ne savent, le plus souvent, se situer, qu'au niveau de leurs propres intérêts.

Sortir du « système des partis » qui éloigne les Français de la politique, (comme le pressentait de Gaulle, mais parce qu'il avait voulu l'impossible : rester, seul, en prise directe avec le peuple !).

Donner du poids aux organisations syndicales qui ont à défendre non plus seulement, à présent, les « intérêts des travailleurs » mais leur respect et la qualité de leur vie professionnelle.

Assurer une formation civique initiale et continue pour que les électeurs se saisissent des institutions et sachent les utiliser et les modifier.

Cesser de confier le sort du pays à des professionnels de la politique, en limitant le nombre et la durée des mandats et en ramenant les indemnités des élus à un niveau qui ne scandalise plus nos concitoyens.

Simplifier et mettre en cohérence les modes de scrutin.

Réviser la Constitution afin de la démocratiser au lieu de la maintenir pyramidale et présidentialiste.

Briser la domination de l'économie sur la politique.

Ouvrir l'espace politique largement en dépassant les frontières et barrières qui rendent impossible de se saisir des questions qui n'ont aucune solution dans chaque État.
Pousser en avant, par l'éducation et la culture, la prise de conscience des contraintes écologiques et des menaces sur l'espèce humaine ou la biodiversité, afin de faire de nous des Terriens responsables.

Réexaminer l'idéologie du travail...

Ces thèmes ont des contenus multiples et denses qui exigeront beaucoup de travail mais nous n'avons plus le choix : il faut nous y engager avec courage.

Nous sommes entrés dans une période de révision de nos fausses évidences, de reconquête des pouvoirs confisqués et de nouvelle « abolition des privilèges ». Ce que nous venons de vivre, en décembre 2015, en révèle l'urgence, si nous ne voulons pas passer de la crise au drame.

Jean-Pierre Dacheux



samedi 19 décembre 2015

Où va la France ? (2)


La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

Autrement dit, on connaît mal la volonté d'une très large partie du peuple vivant en France, soit parce qu'elle n'a pas le souci de l'exprimer, soit parce qu'elle se refuse, désormais, à l'exprimer, soit parce qu'elle ne peut pas l'exprimer car non-inscrite, soit enfin parce qu'elle est empêchée de l'exprimer car mal-inscrite !

Nous sommes ainsi l'un des pays où l'on n'aide pas les citoyens à voter et si des étrangers européens vivant en France, votent, aux élections européennes et municipales, ce fut sous la pression de l'Union européenne. Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays, qui y vivent, parfois depuis fort longtemps, et qui n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! La citoyenneté de résidence doit impérativement s'ajouter à la citoyenneté nationale.

Au moment où la question de la légitimité des résultats électoraux est reposée, puisque le nombre des non-votants et des empêchés de voter est nettement supérieur au nombre des votants, assurer le droit de vote de tous, devient une exigence démocratique indispensable.

Il est temps de remettre « les compteurs à zéro » sinon la démocratie sera définitivement découplée de la votation.

Qu'est-ce à dire ? Le mélange des modes de scrutin proportionnels et majoritaires rendent illisibles les résultats. Les électeurs s'y perdent. Une partie de l'opinion n'est pas représentée. On élimine les petites formations politiques, ce qui ne leur permet pas de croître après avoir fait leurs preuves. Même dans les scrutins proportionnels (pour les européennes, les municipales et les régionales), on fractionne le corps électoral en « zones », on compense le résultat avec des primes (de 50% au vainqueur dans les communes, de 25% dans les régions...). Enfin, les listes sont identifiées par le nom de la tête de liste, comme si elle seule comptait : ce qui sent la pratique monarchique.

Les médias n'informent qu'à propos des « grosses » équipes politiques, des « grands » partis. On n'a que peu parlé des listes qui ont obtenu de 5 ou 10 % des suffrages exprimés ou moins encore. Au moment où l'on invite, à Paris, près de 200 chefs d'État pour étudier et décider comment lutter contre le réchauffement climatique, les écologistes n'auront guère été entendus alors que ce sujet est au cœur de leurs préoccupations depuis des dizaines d'années !

Et si les non-votants avaient effectué un choix politique décisif ? Et si, plus ou moins consciemment, ils étaient lanceurs d'alerte ? Et si, même, une partie non négligeable des électeurs du Front national, notamment ceux des milieux populaires venus de la gauche, exaspérés, déçus, se sentant trahis faisaient la politique du pire pour qu'enfin on pense à eux ?

Ce serait alors le dernier avertissement. Il se peut que le second tour des élections régionales corrige partiellement le premier et que la pseudo-gauche se réjouisse parce qu'elle n'aurait pas tout perdu ! La plus déconfite pourrait être la droite pseudo-républicaine avec un risque de déconvenue pour Sarkozy... (en clair rendre bien plus difficile sa candidature en 2017). Quant au FN, il passera de rien à quelque chose, ce qui devrait lui suffire, pour le moment.

Reste, pour les autres familles politiques, à sortir du jeu pervers où les alliances interdisent tout développement aux écologistes comme aux « socialistes de gauche »

Jean-Pierre Dacheux


Prochain article : Penser l'avenir politique et le préparer dès à présent.

jeudi 17 décembre 2015

Où va la France ? (1)

Que donnent à penser les résultats du 1er tour des régionales 2015 ?

A - La droite et l'extrême-droite étendent leur influence.
Des élections municipales (mars 2014), aux élections élections européennes (mai 2014) puis aux élections sénatoriales (septembre 2014)..., des élections départementales (mars 2015), aux élections régionales (décembre 2015), cinq scrutins se sont suivis, en moins de deux ans.

Tous ont marqué, pour le parti socialiste, un recul brutal.

Des taux d'abstentions record ont accompagné ces élections.
Jamais dans l'histoire de la Ve République, l'abstention n'avait atteint pareil niveau. Le taux d'abstention, au second tour des municipales, le 30 mars 2014, s'était déjà élevé à 37,87% pour la France entière. C'est pourtant, avec les présidentielles, l'élection où l'on vote le plus...
Aux élections élections européennes, l'abstention avait culminé à 56,5%, le 25 mai 2014 !
Aux élections départementales, l'abstention a atteint 50,02% au second tour, le 29 mars.
Le taux d'abstentions, au premier tour des élections régionales, s'est élevé à 50,09%...

En clair, un électeur sur deux n'a plus voté.

Il faut donc diviser par deux, pour le premier tour, les résultats proclamés.
Pour les élections régionales, il faudrait lire :
Inscrits : 100%
Abstentions : 49,91%
Blancs  (non exprimés) : 1,20% des inscrits
Nuls (non exprimés) : 0,79% des inscrits
Non exprimés et non-votants : 51,90%
Exprimés : 48 ,10%
FN : 14%
Droite unie : 13,5%
PS : 11, 75%
Autres listes : 8,85%

Méditons ces nombres. Ils signifient que le tripartisme (FN, PS et Républicains) semble installé, mais que ces trois partis, ensemble, ne font pas même 40% des électeurs. Les cartes sont à rebattre. Les modes de scrutin, en France, ont brouillé les cartes. Les citoyens ne s'y retrouvent pas et désertent les bureaux de vote. Il y a bien « grêve des urnes » ! Le « premier parti de France », c'est enfin admis, même si on voudrait continuer à n'en pas tenir compte, ce sont les non-votants.

Notre habitude de ne compter que les suffrages exprimés, ceux des votants, fausse non seulement les résultats, alors déformés etn mal interprétés, mais aussi notre compréhension de ce qu'est le corps électoral complet, le « souverain ».

Il est temps de s'interroger sur les processus qui retardent ou empêchent le vote des citoyens écœurés, déçus, révoltés, et qui, constatant leur impuissance à changer quoi que ce soit à leur propre vie, s'écartent de la vie publique.

Car s'ajoutent à tous les non-votants, les non-inscrits et les mal-inscrits.
Non-inscrits et mal-inscrits (retirons le mot : abstentionnistes) représentaient près de 9,5 millions de Français en 2012. Soit autant que de voix obtenues, en 2007, par le vainqueur de l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy ! Une réserve de voix non négligeable qu’une réforme du système permettrait sans doute de récupérer, en partie. En France, pour voter, il faut franchir non pas une étape, mais deux : participer au scrutin le jour de l’élection, mais aussi être inscrit sur les listes électorales. L'inscription automatique s'effectue une seule fois, à 18 ans. Les relances, contrôles, appels, encouragements et suivis citoyens font ensuite défaut.

Simple question administrative ? Non. A chaque élection, l’équivalent de la population combinée de Paris, Lyon et Marseille, soit 7% des Français en l’âge de voter, ne peuvent le faire parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et c’est sans compter les « mal-inscrits », soit un Français sur quatre environ, inscrits à une adresse différente de leur adresse actuelle et qui risquent d'e tomber dans l’abstention.

Et c'est sans compter avec les habitants de notre pays qui, parfois depuis fort longtemps, n'ont pas le droit de voter parce qu'étrangers non communautaires ! Nous sommes l'un des pays où, en réalité le corps électoral est incomplet. Et encore, si des étrangers européens votent, aux élections européennes et municipales, cela aura été sous la pression de l'Union européenne.

Le droit de vote n'est toujours pas universel en France.

Jean-Pierre DACHEUX

Prochain article : La volonté du peuple ne s'exprime pas totalement

mardi 8 décembre 2015

Arrêtez de nous prendre pour des imbéciles !


D'aucun s'étonne des résultats du premier tour des élections régionales. Cet aveuglement est surprenant. La relative victoire du Front National était écrite depuis de nombreux mois dans les gazettes et n'est vraiment une surprise que pour ceux qui sont aveugles et sourds

Victoire relative, d'ailleurs, car avec la moitié de l'électorat « abstentionniste » – un Français sur deux s'est déplacé pour aller voter – le FN recueille, seulement, 14 % des inscrits. Un peu plus d'un Français sur 10 a voté pour l'extrême droite : il n'y a pas de quoi triompher.

Un citoyen qui réfléchit, qui regarde vivre la politique depuis longtemps et qui a de la mémoire sait qu'il n'y a pas de victoire sans patience.

Mitterrand et Chirac ont attendu plus de 20 ans pour se faire élire et le FN frappe à la porte du pouvoir depuis 50 ans.

De plus, les droite et gauche qui se sont succédées à la tête de l'Etat, l'ont alternativement utilisé comme épouvantail pour gagner les élections présidentielles et les élections intermédiaires.

Comme au loto, il faut bien qu'un jour, on rafle la mise.

Surtout qu'aujourd'hui les deux prétendants à la désignation présidentielle de 2017  continuent à l'instrumentaliser ainsi que le « brave » électeur qui n'y voit rien.

L'objectif des deux compères est le même.

Même si par le principe des vases communicants, le parti de Sarkozy perd des voix au profit du FN, il se réjouit de le voir virer en tête à l'issue du premier tour. Son calcul est qu'il reste second pour disputer et rafler le trône en 2017.

L'objectif de Hollande est de faire grimper le FN encore plus haut pour que le parti de Sarkozy, par le même principe des vases communicants, soit troisième au premier tour de 2017.

Comme on le voit le « jeu » est très dangereux, car celui qui pourrait, cette fois, rafler le trône risque d'être le FN.

Pauvre France !

Jean-Claude Vitran

jeudi 26 novembre 2015

La mécanique de la désespérance


Il nous a semblé que l'article de Nacira Guénif paru dans l’hebdomadaire Politis à la suite des tragiques attentats de Paris et Saint-Denis apportait un éclairage intéressant sur la nécessité d'une remise en question politique qui s'impose plus que jamais afin de déterminer les responsabilités partagées.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

______________________________________


Nacira Guénif : La mécanique de la désespérance

Mercredi 18 novembre 2015, propos recueillis par Sasha Mitchell. Article paru dans Politis

Directrice de l’ouvrage collectif la République mise à nu par son immigration (La Fabrique), la sociologue Nacira Guénif analyse la mécanique de la désespérance dont souffrent de nombreux jeunes Français issus de l’immigration et préconise une réponse par la solidarité afin de regarder plus loin que le terrorisme.

Quel est le terreau du terrorisme en France ?

Nacira Guénif : Penser que les attentats du 13 novembre sont une atteinte à la civilisation occidentale est erroné. Il s’agit du résultat d’un processus long de plusieurs décennies, d’une intensification de la violence politique, de la violence sociale et de la violence d’Etat. Les motivations des tueurs ne se résument pas à « nous venons venger nos frères syriens », c’est plus profond que cela. Il faut à tout prix éviter de tomber dans le piège du nous sommes parfaits, nous sommes vertueux et nous demander pourquoi aucune politique n’a réussi à assécher le terreau qui fait que nous produisons des terroristes « maison ». Ce n’est pas exogène, ni un corps étranger, mais en partie le résultat de la mécanique de la désespérance. Que nous soyons saisis par l’horreur est légitime. Et il ne s’agit pas de dédouaner ces personnes, qui sont complètement responsables de leurs actes. Mais il faut reconnaître aussi la responsabilité collective, politique, sur le long terme ; celle de la suspicion perpétuelle, de la disqualification systémique durant la scolarité, lors de l’accès à l’emploi et au logement, au fil des relations avec les administrations, les autorités élues, les représentations de l’Etat, à commencer par la police et la justice.
Arrêtons-nous un instant sur ces deux pouvoirs régaliens qui tournent au régime d’exception.
Depuis des décennies, les jeunes habitants arabes et noirs des quartiers sont harcelés par la police lors de contrôles d’identité au faciès sans que cela n’émeuve personne. Ce serait leur lot, dicté en quelque sorte par leur sexe masculin, supposé porté sur un virilisme violent et incontrôlable, et leur couleur de peau, noire ou basanée. Ils sont donc tenus pour responsables du fait qu’ils sont constamment « serrés » par des agents de police prompts à l’excès de zèle, voire à céder à un racisme ambiant.
Contre toute attente dans un état de droit, ce climat a pour conséquence l’absolution des policiers, l’impunité vis-à-vis de leurs comportements indignes et violents à l’égard de cette jeunesse racialisée ou lors de passages à l’acte meurtriers devenus routiniers : quinze morts suspectes et violentes aux mains de la police par an.
Et c’est dans ces circonstances que la justice prend le relais en prononçant des non-lieux au terme d’interminables instructions entachées d’erreurs et d’omissions, en relaxant des coupables, des agents de police responsables de gestes qui ont tué ou d’actes et de décisions qui ont conduit à la mort, comme l’illustre le verdict, en mai dernier, concernant les policiers impliqués dans la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré. Ces causes réelles peuvent devenir autant de prétextes fallacieux à des actions violentes une fois travesties dans le discours d’une théocratie de façade.
Si nous refusons d’admettre la continuité des causes et des mécanismes d’entrée dans la violence meurtrière – quand certains jeunes en France et en Europe subissent l’impasse des humiliations et des fins de non-recevoir, et sont rendus enragés par le chaos géopolitique qu’ils contemplent et décryptent selon une grille de lecture délirante qui préempte l’islam –, je ne vois pas de solution, et ça continuera inexorablement.
La lecture psychologisante des « terroristes », mise au service d’une bonne conscience occidentale et française campée sur ses positions de belligérant dans son bon droit et détentrice de la bonne analyse du Moyen-Orient et de l’Afrique, fait désormais partie du problème à résoudre. Il faut appliquer une analyse plus complexe, sinon nous ne ferons qu’alimenter la spirale de la haine et son corollaire : une politique de la peur complaisante et irresponsable.

Les mesures sécuritaires et liberticides prises à la suite des attentats du mois de janvier s’inscrivent à l’opposé de cette « analyse complexe » …

Arrêter de s’illusionner sur l’efficacité des systèmes de surveillance devient urgent. Les habitants ordinaires ne sont pas protégés lorsqu’ils sont traités sans discernement par un instrument de surveillance devenu omnipotent. Ceux mis en place depuis janvier n’ont servi à rien, et la solution n’est pas de rendre invivable l’espace démocratique. La police à chaque coin de rue, l’armée, il ne faut pas que cela devienne banal, car le climat de peur est alors entretenu.
Si nous continuons à dire que nos valeurs sont en danger sans nous remettre en question, le problème ne se réglera pas. Et il ne suffit pas de rappeler ce qu’est la laïcité, c’est au mieux une « mesurette », au pire un alibi pour justifier le nouveau tour d’écrou qui se prépare contre les libertés individuelles et collectives.
Il est urgent d’admettre le visage de la société française et de ses citoyens que nous voyons. Il est celui de ces spectateurs du Stade de France qui ne comprennent pas qu’on les ait contenus à l’intérieur, alors que les attaques avaient lieu à l’extérieur, mais aussi celui de ces tueurs déterminés qui ne voient pas la mort qu’ils sèment.
Ne pas voir ces contradictions, ces tensions, revient à ne pas pouvoir construire une réponse politique que l’intensification de la surveillance diffère. C’est ce que traduit ce deux poids deux mesures du régime de liberté sous condition pour les populations des quartiers populaires et d’un régime inconditionnel pour les privilégiés. Prétendre faire la guerre pour sauver la liberté comme principe pendant que des libertés ordinaires, mais précieuses, seront bafouées par des lois liberticides est une position intenable et indéfendable.

Quelques heures après les attaques, il était déjà implicitement, voire explicitement, demandé aux Français de confession musulmane, comme en janvier, de s’en dissocier. Cela ne fait-il pas qu’alimenter la suspicion et l’idée selon laquelle chaque musulman est un terroriste potentiel ?

Les présumés musulmans n’ont pas à être interpellés pour qu’on leur demande de se désolidariser des assassins. C’est se tromper d’analyse, se tromper de cible que de persister dans ce ton accusateur. Est-il nécessaire de rappeler que les Français de confession musulmane vont de nouveau se retrouver particulièrement exposés à des atteintes verbales et physiques ? Ils sont les premiers à payer, à la suite de ce genre d’action, le prix d’une islamophobie devenue routinière. Celle-ci est minorée au nom d’une supposée impérieuse hiérarchisation des racismes, qui continue de présenter l’antisémitisme comme le seul fléau qui vaille d’être combattu en France.
L’esprit qui existe depuis des décennies, ravive après les attentats de janvier, et qui consiste à dire que les musulmans n’appartiennent pas à la nation, qu’ils sont de faux Français, va perdurer s’il n’y a pas un sursaut contre l’islamophobie ordinaire et ses effets pervers parmi ceux qui prétendent défendre l’islam et ses « vrais » croyants.

La France compte six millions de musulmans, citoyens ou habitants, migrants ou réfugiés, et ils n’ont pas tous vocation à devenir des tireurs déchaînés. Il faut rappeler la juste proportion des choses et la réalité multiforme des musulmans, loin du fantasme d’une communauté homogène et fanatisée.

Les réfugiés, qui sont déjà victimes d’amalgames et dont l’accueil risque d’être rendu encore plus délicat, ne seront-ils pas les autres victimes collatérales de ces actes ?

Il est important de rappeler que les réfugiés fuient justement les massacres perpétrés dans leur pays par ceux au nom desquels des tueurs prétendent agir ici. Encore une fois, il ne faut pas se tromper : ces personnes-là ne vont pas tout d’un coup se transformer en terroristes, et les éléments relevés dans l’enquête ouverte après les attentats ne doivent pas conduire à des généralisations hâtives. Ces théories sont le fruit d’une stratégie d’intoxication de l’information qui empêche une action raisonnée.
Par ailleurs, tenir un discours assumant que des vies valent davantage que d’autres est devenu obscène, les massacres sont présents partout et les morts déplorées se valent toutes. Rappelons que, la veille des attaques à Paris, un attentat à Beyrouth faisait 41 morts et 200 blessés, qu’on dénombre 83 morts et plus de 7 000 blessés palestiniens depuis début octobre, et que la centaine de morts à Ankara est déjà oubliée, recouverte par d’autres monceaux de cadavres.
Ces théâtres de violence apparemment distants ne doivent pas conduire à sous-évaluer certaines vies et à en oublier tant d’autres qui sont fauchées, souvent par les mêmes mécaniques guerrière et la même militarisation de l’espace démocratique. Cela revient à disqualifier certaines vies, que ce soit celle des migrants et des réfugiés morts en Méditerranée ou celle des dizaines de milliers de civils tués en Syrie, en Irak et en Palestine, ou encore au Yémen, un théâtre de guerre qui n’intéresse personne ici.

Quelles solutions, au niveau national, sont envisageables pour sortir de cette période très difficile par le haut ?

Aucune solution ne suffira seule et ne sera efficace immédiatement. L’entrée dans ce cycle est ancienne, la sortie en sera longue. Il faut dès à présent en penser la possibilité en renonçant aux injonctions moralisatrices, au rappel à l’ordre étatique qui ne questionne pas sa légitimité et aux accusations faciles. Commencer par Établir la cartographie des responsabilités partagées, des décisions différées, des lâchetés entretenues et des dénis de droit dans la société française, mais aussi très au-delà dans le monde. Car, seule, la France ne peut déjà plus rien : c’est ce qu’ont compris les services de renseignement et ce que peinent à comprendre ou à accomplir les coalitions populaires.
Ce sont des défis que seules des solidarités entre peuples, et souvent contre leurs Etats, peuvent relever en adoptant leur propre agenda, en l’imposant avec détermination et clairvoyance, en regardant plus loin que le doigt du terrorisme pour dévoiler la lune des droits fondamentaux bafoués, des inégalités destructrices et des libertés soumises à condition de loyauté aveugle.
Il est temps de demander des comptes à des Etats réduits à l’impuissance par le capitalisme débridé que rien ne semble inquiéter, pendant que la confiscation des richesses est l’un des terreaux les plus féconds du passage à l’action violente armée.
Le terrorisme est la diversion idéale lorsqu’il s’agit de protéger des profits contre les attentes légitimes de celles et ceux qui veulent qu’enfin le partage soit engagé. Pendant que les zones nommées « pays utiles » économiquement continuent de prospérer, la vie des gens est dédaignée et mise en coupe réglée.
C’est l’ensemble de cette chaîne de causalités et de responsabilités qui doit être exposée pour définir des modes d’action. Pas seulement pour déjouer les attentats, mais pour en finir avec les attentats à la vie que sont l’enrichissement indécent de quelques-uns et l’illusion entretenue sur les causes du malheur du plus grand nombre.
Le rendez-vous maintenu de la COP 21 pourrait être la prochaine scène de revendications fortes, si l’on veut bien admettre que la géopolitique actuelle s’est forgé dans le terrorisme islamiste un ennemi idéal bien commode pour ne pas parler des destructions à venir qui feront autant sinon plus de morts. Qu’on ne s’y trompe pas : le terrorisme est devenu le meilleur allié du capitalisme. C’est contre cette alliance qu’il faut s’élever en parlant d’une écologie politique qui reste à inventer.

Nacira Guénif, sociologue et Professeure à l’université Paris 8

mardi 17 novembre 2015

Non, non et non !


Non à la modification de la constitution.

Non à la dérive autoritariste qui prolonge l'état d'urgence pour trois mois.

Non à la posture guerrière qui entraîne la France dans une violence internationale inutile.

Voudrait-on modifier la Constitution, non pas pour la rendre plus démocratique, pour en finir avec la monarchie républicaine, mais pour renforcer les moyens légaux de limiter les libertés, soit disant pour assurer la sécurité des citoyens ?

François Hollande rejoint ou rallie la droite, voire l’extrême droite, et le calcul électoral saute aux yeux.

Comme d'habitude, face à des événements graves et dramatiques on ne sait prendre aucun recul et on légifère aussitôt, en mettant l'opinion devant le fait accompli.

Cette révision constitutionnelle sera-t-elle soumise à référendum ? Sûrement pas !

Armée, police, renseignements vont voir leurs moyens renforcés. Ils en manquaient, sans doute, et ce serait, alors, une condamnation de la politique menée jusqu'ici ! Ne veut-on pas, plutôt, faire de l'usage de la force un argument politique qui ne sera entendu et compris que par les citoyens le moins informés ?

Quels sont les buts assignés à ces militaires, policiers, services secrets, qui vont agir en notre nom ? Ce n'est pas dit !

Nous sommes contre !

Les manifestations prévues pendant la COP 21 vont être interdites, autrement dit l'appui des citoyens à la lutte pour le climat est suspendue. Le changement climatique tue beaucoup plus que Daesh, mais cela on ne veut pas le voir pour le moment.

La France, nous fait-on croire est une grande puissance et quand on l'agresse, elle riposte.

Cette posture – qui n'est pas celle de la plupart des pays européens – a conduit l'armée française sur divers terrains, en Afrique, avec des succès mitigés et en courant le risque d'accumuler les ressentiments.

Les « bonnes raisons » fournies pour justifier les interventions, d'abord acceptées par les populations concernées – comme au Mali – rencontrent des obstacles, le temps passant, qui sont déjà, et seront de plus en plus, difficiles à surmonter.

« Les origines de ce 13 novembre sont aussi à chercher du côté de la politique étrangère de l’Europe et de la France, ces quarante dernières années1», estime Jean-François Bayard.

Associés avec les États-Unis, en Afghanistan et en Irak, la France est accusée de s'être trahie. Où est la politique extérieure prudente de Jacques Chirac et Dominique de Villepin qui, en février 2003, avait conduit à refuser le concours de notre pays à la guerre en Irak contre Sadam Hussein ?

L'action en Libye, en Centrafrique, en Syrie, a déjà et aura, dans les années à venir, des conséquences désastreuses, nous faisant perdre nos amis africains et justifiant la haine criminelle des intégristes enragés.

Bref la France s'enfonce, faute de lucidité et de courage, dans des politiques de force dont on verra vite l’inefficacité.

Nous refusons cette posture de chef de guerre

La pseudo union nationale, qui n'aura duré que « l'espace d'un matin », n'aurait été que le rassemblement temporaire des « va-t-en-guerre », de gauche et de droite, qui ne veulent pas considérer les véritables causes des attentats commis à Paris.

« Ceux qui voudraient s'engouffrer dans la ligne du Patriot Act qu'ont suivi les Etats-Unis suite aux attaques du 11.09.2001 avec, à la clé, une guerre ayant nourri une déstabilisation générale, un Irak éclaté et l'émergence de Daech, ceux là même qui aimeraient un Guantanamo sur Seine et enterrer la démocratie sous des mesures spéciales et des lois liberticides ne font que répondre à la pente naturelle balisée par les terroristes qui mène à ...  plus de terreur2», affirme l'anthropologue Sylvain Thévoz.
Car tout ne se décide pas depuis la Syrie ou l'Irak où les dirigeants de Daesh sévissent.

Les assassins sont, pour la plupart, des Français. L'importance des soutiens belges ne fait que renforcer le constat : les frustrés, les haineux, les incultes, les faux musulmans, qui préfèrent mourir afin de pouvoir tuer, sont des Européens francophones, dont les familles sont installées dans nos pays depuis des décennies.

Nous entrons dans une sombre période où la menace contre nos libertés viendra autant de l'intérieur que de l'extérieur.

La France s'égare !


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

1 - Jean-François Bayard, professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales et du développement de Genève, Le retour du boomerang,15 novembre 2015. http://www.liberation.fr/debats/2015/11/15/le-retour-du-boomerang_1413552
2 - Sylvain Thévoz, Vous voulez prévenir le terrorisme? Préparez la justice sociale, La Tribune de Genève.
http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2015/11/15/accueillir-la-complexite-refuser-la-confusion-271787.html

jeudi 12 novembre 2015

La guerre de 1914 / 1918 et les fusillés pour l'exemple.


Morts pour la patrie proclament tous nos monuments aux morts.

Quelle tromperie !

La Grande Guerre, comme on l'appelle, c'est déjà la guerre du fric.

Le véritable enjeu était de savoir quelle puissance dominerait le monde et contrôlerait ses richesses. C'est la guerre des classes dominantes contre les pauvres. Le capitalisme commence à montrer son vrai visage, celui où l'argent roi pervertit toutes les relations laissant place à un égoïsme généralisé.

Anatole France, que l'affaire Dreyfus avait amené à militer à la Ligue des Droits de l'Homme n'affirme t-il-pas : « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. »

1914, c'est aussi le moment où l'Europe est prête à basculer dans le socialisme. Fernand Braudel a écrit : « On a le droit d'affirmer que l'Occident, en 1914, autant qu'au bord de la guerre, se trouve au bord du socialisme. Celui-ci est sur le point de se saisir du pouvoir et de fabriquer une Europe moderne … En quelques jours, la guerre aura ruiné ces espoirs. »

Cent ans sont passés, et croyez-vous cela a changé ... que les idéologies profondes se sont modifiées ?

Comme on le constate malheureusement aujourd'hui en de nombreux points du globe, la guerre se perpétue et se développe avec son cortège funeste de réfugiés jetés sur les routes, sans que cela émeuve le moins du monde les nantis et leurs marionnettes gouvernementales.

Le socialisme, où ce qu'il en reste, essaie bien des percées timides, comme en Grèce et au Portugal, mais est brutalement remis au pas puisqu'il n'a surtout pas sa place dans la société marchande mondialisée.

Non rien n'a changé, le monde s'est fossilisé.

Alors, vous pensez bien que les fusillés pour l'exemple peuvent attendre une réhabilitation. Celle - ci finira comme les autres promesses dans le tiroir des mensonges de François Hollande.

Cette fin d'année 2015, nous commémorerons le 110ème anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Ce sera l'occasion, avec de nombreuses associations et organisations, de manifester notre attachement à la laïcité, quatrième pilier de la devise de la République - Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité - le 5 décembre, place de la République à Paris, à partir de 15 heures.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

mercredi 11 novembre 2015

Mediapart et Arrêt sur image


Il nous semble que Mediapart et Arrêt sur image sont victimes d'une décision politique, d'une cabale destinée à faire taire la presse indépendante en ligne et la contestation des thèses des tenants de la pensée unique et du libéralisme ambiant.

Il est intéressant de lire à ce sujet l'article de Roland Veillepeau – ancien Directeur National des Enquêtes Fiscales - : « Contrôle fiscal de Mediapart : réflexions sur un dossier qui fleure bon, quoi qu'on dise, le règlement de comptes. » (lien en bas de page)

Les sommes réclamées donnent un peu le vertige : 4,1 millions d'euros pour Mediapart et 540.000 euros pour Arrêt sur Images.

Il est fait reproche aux deux sites de s'être alignés sur la TVA de la presse traditionnelle, 2,1%, depuis leur lancement jusqu'en 2014, date à laquelle la TVA appliquée aux sites web (qui a oscillé entre 19,6% et 20% selon les années) a effectivement été ramenée dans les mêmes proportions que celle de la presse papier.

L'Etat considère, simplement, que de 2008 à 2014, les deux sites ont fraudés et qu'ils doivent régularisés les arriérés de paiement.

Seulement, ces deux sites sont indépendants, c'est pour cette raison qu'ils se tournent vers leurs seuls et principaux soutiens : leurs lecteurs.
En guise de riposte, Mediapart soulève des fonds auprès du public pour faire face à cette amende gigantesque à l’adresse suivante : https://www.jaimelinfo.fr/mediapart/support/.

Alors que la presse traditionnelle est aux mains des grands groupes de presse détenus par des grands patrons, nous appelons à soutenir la presse indépendante qui reste le seul contre-pouvoir dans une société où la manipulation est instituée en système de gouvernement.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux


http://blogs.mediapart.fr/blog/roland-veillepeau/091115/controle-fiscal-de-mediapart-reflexions-sur-un-dossier-qui-fleure-bon-quoi-quon-dise-le-regle

samedi 31 octobre 2015

Le Portugal sous contrôle !


Anibal Cavaco Silva, actuel Président de la République portugaise, a décidé de confier le gouvernement le vendredi 30 octobre à Pedro Passos Coelho. Que M. Cavaco Silva pense qu’un gouvernement de la gauche unie puisse conduire à un affrontement avec l’Eurogroupe et l’UE est son droit, et c’est même sans doute vrai. Mais, dans une République parlementaire, comme l’est le Portugal, il n’est pas dans son pouvoir de s’opposer à la volonté des électeurs. Il doit mettre à l'essai la majorité nouvelle sortie des urnes.

______________

Le Dimanche 4 octobre, au Portugal, pour les élections législatives, 9 682 553 électeurs ont rendu un verdict difficile à interpréter.

Les droites au pouvoir, menées par Pedro Passos Coelho et Paulo Portas (PSD et CDS), étaient en tête avec 36,86% des voix, (soit 20,59% des Inscrits), mais perdaient la majorité absolue (- 25 députés) et 700 000 voix, environ, par rapport aux précédentes élections.

Le Parti socialiste (PS) d'Antonio Costa est arrivé deuxième, avec 32, 31% des voix, (soit 18,04% des Inscrits) et 86 sièges (+12)).

Le Bloc de gauche de Catarina Martins, double son score de 2011, avec 10,19% des voix, (soit 5,68% des Inscrits)
et 19 sièges (+11).

La Coalition démocratique unitaire (CDU) de Jeronimo de Souza, réunissant le Parti communiste portugais et les Verts, obtient : 8, 25% ( soit 4,60%
des Inscrits) et 17 sièges (+1).

La gauche, si elle s'unit, disposerait donc d'une majorité au Parlement, (122 sièges de députés).

Un parti "Pour les animaux" (soit 0,77
%des Inscrits), obtient 1 siège !

Mais l'information principale est que l'abstention pèse 44,14% des Inscrits. C’est le taux le plus élevé depuis la Révolution des Œillets en 1974.

Les Blancs pèsent 2,09% des Inscrits et les nuls pèsent 1,66% des Inscrits.

Les enjeux de ce scrutin concernent autant l’ensemble des Européens que les Portugais eux-mêmes. L'Europe, qui n'est plus, de fait, une Union européenne mais, désormais, l'Europe de la finance et des marchés, ne peut mettre le Portugal sous contrôle et sous sa coupe ! Si un électorat européen, quel qu'il soit, ne peut faire un choix qui ne conviendrait pas à la Troïka, alors c'est la stagnation politique assurée et la fin de la démocratie transmuée sournoisement en totalitarisme mou.1

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.


1 Sur le totalitarisme mou voir : Hans JONAS - Le principe responsabilité - Editions Flammarion Champs essai

vendredi 30 octobre 2015

Le mauvais exemple de la Pologne ?


Où va la Pologne ? Est-elle encore un pays de cette Europe qui se veut et se dit « démocratique » ? Ce beau et grand pays va-t-il retourner à la dictature ? Certes, Le général Wojciech Jaruzelski est décédé, en mai 2014, à l'âge de 90 ans, et ne risque pas d'inspirer un neo-communisme totalitaire ! En 1981, le syndicat ouvrier Solidarnosc luttait pour la liberté. Son principal animateur, Lech Walesa, allait devenir, en décembre 1990, le nouveau Président de la République polonaise, avec 72,14% des voix, au second tour de scrutin. Depuis, la Pologne n'a cessé d'évoluer vers une droite toujours plus décomplexée. Karol Wojtila, pape de 1978 à 2005, avait puissamment agi pour soutenir Solidarnosc, avant et après la chute du « Mur de Berlin » fin 1989. Conservateur, certes, il ne voulait pas d'une république antisociale. Les espérances portées par ceux qui voulaient la paix et la justice s'effondrent-elles brutalement ? Ce qui vient de se passer nous le donnent à craindre.

Le 25 octobre 2015, en Pologne, Le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, avec 238 sièges sur 460, a obtenu la majorité absolue aux élections législatives.

Pour la première fois dans l'histoire de la Pologne, depuis la chute du communisme, un seul parti va gouverner ce pays de 38 millions d'habitants, membre de l'UE et de l'Otan, devenu un poids lourd économique en Europe orientale.

Les Polonais ont porté au pouvoir les conservateurs catholiques eurosceptiques qui ont surfé sur une vague de promesses populistes et la peur de l'arrivée massive de réfugiés du Proche-Orient.

Le mouvement antisystème du rockeur Pawel Kukiz arrive troisième avec 44 mandats, devant le parti Nowoczesna (dit « moderne ») du néo-libéral Ryszard Petru (24) et le parti paysan PSL, allié des libéraux sortants (18).

La Gauche unifiée – qui n’atteint pas le seuil requis pour former un bloc électoral de 8 % – est le grand perdant de ces élections législatives et n'obtient aucun siège ! C'est un échec historique.

Comme partout en Europe, l'abstention atteint des sommets, avec 49,78% des inscrits, cette fois !

Restons en éveil : ce qui se passe en Pologne peut se passer ailleurs. Et même en pire...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.

lundi 19 octobre 2015

Contrôles au faciès : pouvoir et versatilité.


« La République ne connaît pas de races ni de couleurs de peau. Elle ne reconnaît pas de communautés. Elle ne connaît que des citoyens, libres et égaux en droits. Et ce n'est pas négociable ». Tels sont les propos de François Hollande, prononcés le 8 octobre 2015, lors de sa visite au mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence.

Le président de la République est vraiment le champion de la versatilité.

Sinon, comment expliquer qu'il passe, en trois ans de présidence, d'un objectif de lutte contre les contrôles au faciès à la contestation de l’existence même de ces contrôles d’identité discriminatoires devant la justice ?

En effet, alors que le gouvernement a déclaré la lutte contre le racisme « grande cause nationale de 2015 », il s'est pourvu en cassation contre sa condamnation, le 24 juin 2015, par la cour d’appel de Paris, pour « faute lourde » dans cinq cas de contrôle d’identité présentant « un caractère discriminatoire qui engage la responsabilité de l’État.»

Cette énième contradiction vient s'ajouter à l’abandon du récépissé pour les contrôles d’identité qu'avait décidé Manuel Valls, lors de son passage place Beauvau, durant l'été 2012. C'était pourtant le 30e «engagement pour la France» du candidat Hollande, alors déterminé à lutter «contre le délit de faciès dans les contrôles d'identité par une procédure respectueuse des citoyens».

De plus, certaines des raisons invoquées pour prendre cette décision ont de quoi laisser interdit ! Les mots ont-ils encore un sens : « Ce pourvoi s’inscrit dans le souhait de lutter contre les contrôles au faciès, avec les mini-caméras mises en place par Manuel Valls lorsqu’il était à l’Intérieur et le texte de Christiane Taubira sur les actions de groupe en matière de discrimination. »

En agissant ainsi, le gouvernement bafoue les libertés publiques et manifeste un autoritarisme préoccupant.

Ce système politique fondé sur la tromperie des citoyens, en permanence, court à sa perte.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

mardi 13 octobre 2015

Violences salariales contre violences patronales.


De nombreuses voix, de droite comme de gauche, s'élèvent pour condamner les violences dont ont été victimes des cadres de direction de la société Air France.

Dans le même temps, certains font appel à Jean Jaurès qui dans un discours en réponse à Georges Clemenceau, le 19 juin 1906, déclarait :

« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

Pour être conforme à la vérité historique, il faut aussi citer le discours plus nuancé qu'il fit lors du Conrès National Socialiste de février 1912, où il revint sur la question des violences commises par des ouvriers.

« Encore une fois, camarades et amis, je suis d’accord avec vous pour faire un immense effort afin de discipliner ces mouvements, afin de suppléer à la force des inspirations brutales de violence par la puissance de l’organisation. Mais, pas de pharisaïsme : nous n’arriverons jamais à expurger de toute tentation de violence le cœur et le cerveau des ouvriers en lutte. […] Mais, si nous devons de tout notre effort corriger, contenir, refouler par la puissance grandissante de la raison et de l’organisation ces échappées d’instinct, de colère et de violence, ah ! du moins, lorsque, malgré tout, la violence éclate, lorsque le cœur de ces hommes s’aigrit et se soulève, ne tournons pas contre eux, mais contre les maîtres qui les ont conduits là, notre indignation et notre colère !  »

C'est vrai que la violence est toujours condamnable, mais on doit aussi se poser la question de savoir pourquoi des gens « normaux » se mettent à adopter des comportements aussi extrêmes.

Lorsque le chômage atteint des sommets vertigineux, les plans sociaux à répétition qui se succèdent à Air France ne sont -ils pas des violences ?

Aussi, lorsque l'on traite les gens avec dédain, avec violence, comme des animaux qu'on mènent à l'abattoir, il ne faut pas s'étonner qu'ils finissent par se comporter comme des animaux.

Alors, il faut nous employer à désigner les vrais coupables.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux