mardi 29 août 2017

Tel le phoenix, le Capitalisme se régénèrera toujours.


On lit souvent que le capitalisme est malade, qu'il est moribond, qu'il va mourir.

Je pense que, bien au contraire, il est en parfaite santé et qu'il ne s'est jamais porté aussi bien.

Il suffit pour s'en convaincre de regarder la forme florissante de ceux qui en profitent. Ils n'ont jamais été aussi riches, et leurs avoirs grossissent de manière exponentielle à chaque seconde.

Les transactions financières sont tellement importantes que de nouvelles monnaies ont été inventées pour éviter de donner le vertige aux esclaves qui n'en jouissent pas.

Un seul exemple pitoyable, la transaction de Neymar entre le Barça et le PSG : 220.000 .000 € pour un salaire annuel de 30.000.000 € soit 2.500.000 € mensuel à comparer avec le salaire moyen1 mensuel d'un employé français : 1.700 €. Le footeux tape dans un ballon pour 1470 salaires moyens.

L'argent coule à flot, mais cette démesure, cette obscénité n'a pas l'air d'interpeller l'opinion publique qui semble subjuguée par des choses aussi insignifiantes qu'un numéro 10.

Le capitalisme, système ultime de l’économie de marché2 associée à la confiscation des terres et des moyens de production, c'est l'accumulation de richesses. Ce n'est pas nouveau, c'est certainement, même, consubstantiel à l'homme et aussi vieux que son apparition sur la terre.

Plus près de nous, vers 350 avant notre ère, Aristote3 dénonçait déjà l'accumulation des richesses chez ses contemporains.

Les procédés se sont modernisés, mais l'aboutissement reste le même et il n'a jamais été aussi triomphant.

Ce n'est pas le capitalisme qui est en crise, c'est le système sociétal.

Faute d'un système de substitution, il n'a jamais été aussi fort ; quand il se grippe, il fait appel à la poche des prolétaires4 qui abusés par le syndrome TINA et le langage libéral succombent. On peut d'ailleurs, légitimement, s'interroger si ce n'est pas au travers des crises qu'il se renforce.

En effet, s'il est fiévreux, tous les gouvernements, tous les organismes internationaux se penchent à son chevet pour le doper, pour le perfuser avec le sang des volontaires désignés d'office et faire repartir de plus belle la machine à profits et à privilèges en oubliant toutes les belles promesses.

Édifier sur du virtuel, il n'endosse jamais de responsabilités, s'il est malade, c'est par la faute des politiques qui alors servent de fusibles. Pour s'en convaincre, il suffit d’écouter le propos de Pierre Gattaz qui réunit actuellement les chefs d'entreprise à l'université d'été du Medef. Le patron des patrons français en appelle à la responsabilité du président Macron de ne pas reculer devant l'opinion sur la réforme du Code du travail. Par ailleurs comme le capitalisme s'est mondialisé, il est transpolitique, il s’accommode aussi bien des démocraties que de la pire des dictatures.

Il ne connaît aucun sentiment aucune vertu, l'humanisme lui est complètement étranger ; pour le capitalisme, seul compte l’arithmétique : addition, multiplication mais aussi division pour mieux dominer et le mot « partage » le fait hurler de fureur. Il a d'ailleurs réussi à pervertir ceux qui oublient qu'ils ont été miséreux et ne veulent plus partager, répétant cette triste litanie : « s'ils sont pauvres c'est de leur faute ! ».

En dernier ressort, il lui reste un chantage monstrueux : la guerre.

La guerre comme moyen d'aplanir les résistances, de faire courber l'échine aux plus récalcitrants, et comme variable d'ajustement au problème démographique mondial. Tous les plus fallacieux prétextes sont alors bons pour entraîner la populace à en découdre.

Le capitalisme sortira encore vainqueur, et la masse passive, comme un seul homme « retroussera ses manches » pour recommencer un nouveau cycle de servitude.

Seul un grand idéal humaniste, une utopie pourrait avoir raison du capitalisme, mais pour réussir, cette utopie doit commencer par changer l'homme.

Jean-Claude VITRAN

1    https://www.toutsurmesfinances.com/argent/a/salaire-median-salaire-moyen-en-france-montant-brut-et-net-evolution
2   L'économie de marché est un système économique qui consiste à prendre les décisions en fonction de l'offre et de la demande dans le cadre d'un marché libre, afin de générer de la valeur ajoutée.
3   La chrématistique est une notion créée par Aristote pour décrire la pratique visant à l'accumulation de moyens d'acquisition en général, plus particulièrement de celui qui accumule la monnaie pour elle-même et non en vue d'une fin autre que son plaisir personnel.
4   Le prolétaire ne possède ni capital ni moyens de production et doit donc, pour subvenir à ses besoins, avoir recours au travail salarié. Le prolétariat ne se réduit donc pas au stéréotype de l'ouvrier en blouse bleue ni du travailleur souillé des mines, mais recouvre l'ensemble des êtres humains qui doivent se soumettre à un travail salarié, quel que soit leur niveau de vie et le niveau de leur salaire. (Wikipédia)

jeudi 24 août 2017

Le quinquennat, qui n'a pas encore commencé, manque d'utopies



1 - La 5ème République n'en finit pas de mourir. Pire, elle perdure.

C'est l'avant-rentrée. Les gazettes s'agitent. Les moyens d'agir sont en place. Le gouvernement est installé. La majorité parlementaire, bien obéissante, a fait ses gammes, un peu dissonantes. Le président, lui, a fait peu de gaffes. Mais...

Les sondages ne sont pas bons. L'opinion s'inquiète. Les « réformes » annoncées ne réjouissent que le MEDEF, et encore : il en voudrait plus. Le mensonge explose : la politique « et à droite et à gauche » a vite viré au « tout à droite ». On n'attend plus rien que des déceptions. Le plus dur est à venir.

La rentrée sociale, côté salariés, sera faite de résignation ou de révolte et rien ne laisse prévoir de quel côté cela va pencher. La gestion entreprenariale de la France passe mal. Le pays n'y croit plus. Macron est confronté à des réticences venues de toutes parts. Le pire lui est déjà arrivé : il est un président comme les autres.

La droite traditionnelle relève la tête et compte sur les élections sénatoriales pour se refaire une toute petite santé. Le Front national s'est mis lui-même hors jeu mais ne lâchera rien et attend une nouvelle heure plus favorable.

Bref, le temps des politiciens est revenu maintenant que les incertitudes présidentielles et législatives du printemps dernier sont derrière nous. Le peuple se tait. Les intellectuels « analysent » ... Que leurs voix s'élèvent.

La France insoumise manque de députés et de soutiens populaires ; elle incarne une opposition consistante mais, la loi électorale aidant, elle ne pèse pas autant qu'elle pouvait l'espérer.

L'écologie politique demeure la seule alternative réaliste, dans le monde entier, mais, en France, l'un de ses meilleurs porte-parole, Nicolas Hulot, en acceptant d'entrer au gouvernement s'est piégé. Il est enfermé, ligoté, et il sera sacrifié ou « suicidé » sur l'autel du profit, tôt ou tard. Il le sait.

Quant à EELV, c'est la bérésina... Il n'est pas d'écologie qui puisse s'exprimer au sein d'un parti. Parce qu'ils ont beaucoup à dire et à faire, les écologistes doivent tout remettre en chantier.


2- Nous sommes spectateurs alors qu'il nous faudrait être acteurs.

Nous sommes, certes des spectateurs critiques, mais ça ne suffit pas. Acteurs, nous voudrions l'être, mais nous sommes embarrassés et paralysés faute de savoir où aller. Tout va dépendre de la recherche d'un chemin qui fut celui qu'on appelait, hier, « la gauche » mais que l'on a perdu.

Jaurès et Blum sont morts et ils ne nous diraient pas : faites comme nous. Ne nous exhorteraient-ils pas à trouvez la voie qui, de nos jours, peut déboucher sur une cité d'équilibre, de partage, de prise en compte de tout le vivant terrestre sans lequel c'en est fait de notre propre espèce animale et consciente.

Nous affrontons de rudes défis. Alors, repensons le travail sans lequel la vie cesse mais qui ne peut rester enfermé dans l'emploi. Redonnons sens à l'égalité qui n'est gage de démocratie que si elle envahit la sphère économique. Dissocions liberté et propriété car celle-ci, confondue avec l'appropriation, mène à l'exploitation du plus grand nombre par une minorité de privilégiés (l'abolition des privilèges lancée au cours de la nuit du 4 août 1789, est loin encore d'être accomplie). Donnons un contenu politique et pas seulement éthique, à la fraternité qui n'est rien sans l'hospitalité et la solidarité mises en œuvres.

Utopies que tout cela ? Certes ! L'histoire n'est d'ailleurs faite que d'utopies. Dans des intervalles plus ou moins longs, on attend le surgissement de ... l'utopie à venir. La fin de l'esclavage fut une utopie. La suppression de la peine de mort en France et en Europe fut une utopie. La fin du pouvoir absolu et l'avénement de la République furent une utopie. Le droit du travail est une utopie qui pourrait bien être renversée, mais tout n'est pas dit. Le programme du Conseil National de la Résistance qui déboucha sur la loi de 1945 instaurant la sécurité sociale fut une utopie. Le vote des femmes fut considéré comme une utopie. Bref, ce qui fait progresser la vie en société et qui modifie l'ordre précédemment établi est considéré comme utopique car dit-on, c'est infaisable ! La suite prouve souvent que non.

L'utopie est un réalisme contrairement à ce que l'on nous rabâche. Pourquoi ? Parce que, sans utopies, les sociétés humaines stagneraient, pire, s'enfermeraient dans un immobilisme mortel. L'utopie est un projet neuf qui d'abord effraie et qui finit par être adopté. Bien sûr il y eut des projets insensés, criminels, approuvés avec enthousiasme, tels le fascisme et le communisme soviétique. Ce n'était pas des utopies parce que la violence et le meurtre ne peuvent entrer dans un projet qualifié d'utopique.

Relisons André Gide : « Comme si tout grand progrès de l'humanité n'était pas dû à de l'utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l'utopie d'hier et d'aujourd'hui (…)
Gide, les Nouvelles Nourritures, III, iii.

Participons à l'utopie qui vient. L'humanité en a grand besoin.

Jean-Pierre DACHEUX

dimanche 20 août 2017

Le salafisme est-il à l'origine des attentats djihadistes ?


1 - Le wahhabisme a été accusé d'être une source de terrorisme mondial, ou tout au moins d'inspirer l'idéologie salafiste djihadiste autant que celle d'Al-Qaïda ou de l'État islamique (Daesh).
Selon la doctrine wahhabite, il n'y a qu'une seule interprétation possible des textes religieux et le pluralisme islamique n'existe pas.


La première question qui se pose est donc celle de la totale intolérance religieuse pouvant conduire jusqu'à la mise à mort.

2 - Le Wahhabisme est une idéologie et secte musulmane fondamentaliste fondée vers 1745 par le négociant arabe Mohammed-Abd el-Wahhâb de la ville d'Iyané dans l'Arabie centrale. Reprenant à son compte la vieille doctrine hanbalite (du nom de Ibn Hanbal) remontant au IXe siècle et renouvelé au XIIIe siècle par Ibn Taymiya, l'inttention de Wahhab était de ramener l'Islam (sunnite) à sa primitive pureté ; aussi déclara-t-il rejeter toute tradition, aussi bien écrite qu'orale, pour s'en tenir au Coran. Tous les usages qui n'y étaient pas prescrits furent par lui combattus, spécialement le culte des saints ; tous les pèlerinages vers d'autres buts que la Kaaba de La Mecque interdits. Il abolit également les cérémonies funéraires, prêcha contre le luxe des mosquées, des tombeaux, de l'habillement, l'usage du tabac, la tolérance des spiritueux, des jeux de hasard, toutes les formes de la corruption, imposant la stricte observance des jeûnes, des prières quotidiennes et même Ia communauté des biens.
Passant à l'acte, il entreprit de convertir par la force les réfractaires, de profaner et de démolir les chapelles des saints musulmans. Expulsé de La Mecque, il fut accueilli par le chef de Derayé Saoud, qu'il avait converti et auquel il délégua l'autorité temporelle. Elle fut efficace entre les mains d'Abd-el-Aziz (mort en 1803), fils de Saoud, puis du fils de celui-ci, Abdallah Saoud II (mort en 1814). Ils soumirent toute l'Arabie centrale, le Nedjd. Le chérif de La Mecque fut complètement battu (1790), le pacha Soliman de Bagdad repoussé. Les Wahhabites, forts de 120 000 hommes, mais presque sans armes à feu, saccagèrent Kerbala (1801), occupèrent plusieurs fois La Mecque. L'Empire ottoman, inquiet de savoir le chérif de La Mecque contraint d'adhérer à la doctrine Wahhabite, fit appel à Méhemet-Ali, vice-roi d'Égypte, dont le fils Tousoun reprit Médine et La Mecque (1811). Puis Méhémet-Ali vint lui-même attaquer le sultan Wahhabite Abdallah II, qu'il vainquit complètement à Taïf (1815). Son fils Ibrahim pénétra dans le Nedjd, tua 20 000 hommes aux Wahhabites devant Derayé dont il s'empara (3 septembre 1818). La ville fut rasée ; Abdallah Il fut conduit à Istambul et décapité (décembre 1818).
Les Wahhabites survivants s'enfuirent dans le désert où ils vécurent de brigandage, établirent une nouvelle capitale à Ryiadh, et reprirent ascendant sur les tribus irritées par la tyrannie des fonctionnaires égyptiens. Une nouvelle armée de Méhémet-Ali fut égarée par ses guides et périt dans le désert. En 1863, les Wahhabites s'étendaient de nouveau jusqu'au golfe Persique. Mais la discorde des deux fils de Feyçal, Abdallah et Saoud, les affaiblit, et les émirs de Haïl leur succédèrent dans la prépondérance sur le Nedjd. La disparition de l'empire Ottoman (1923), associé à la politique britannique au Moyen-Orient  ont placé la dynastie des Saoud au pouvoir dans le nouvel Etat d'Arabie Saoudite, et partant favorisé le renouveau de cette idéologie, à laquelle les pétrodollars ont donné une assise solide.
Le wahhabisme, sous diverses formes et variantes (principalement les djihadistes ou khawarijs, prônant la violence, et les cheikhistes, qui sont des théologiens), et que ses adeptes préfèrent aujourd'hui appeler salafisme (de l'arabe salaf = générations précédentes) a aussi connu des succès hors de la péninsule Arabique, aussi bien au XIXe siècle qu'au XXe siècle.
Les idées wahhabites furent d'abord propagées dans l'Inde (et au Pakistan actuel, dans la région de Peshawar) par un pèlerin, Seijid Ahmed, converti à La Mecque vers 1820. Elles ont rayonné de Patna sur le Nord et le centre de l'Inde. Des troubles éclatèrent en 1831. Ahmed y fut tué. Les Anglais obtinrent des muftis de La Mecque une déclaration d'après laquelle l'Inde était « pays de foi-», où le croyant ne doit pas troubler la paix.
Le salafisme a également inspiré les mouvements des Senoussi en Afrique, la révolte des musulmans de Chine (1855-74), ou bien celle des Ghilzaï en Afghanistan, qui peuvent être vus comme les ancêtres idéologiques des Talibans contemporains. En Égypte, le wahhabisme (salafisme) a attendu les années 1950 pour s'implanter par le biais du mouvement des Frères Musulmans ; il y fut initié par les Saoudiens afin de contrer la laïcisation du pays entreprise par Nasser. On rencontre encore l'idéologie salafiste dans les Balkans (Bosnie) et dans le Caucase (Tchétchénie), ou encore en Palestine, dans les rangs du Hamas, etc.
La seconde question qui s'impose est donc celle-ci : le salafisme n'est-il pas intrinséquement violent ?
3 - Dans Les Egarés. Le wahhabisme est-il un contre islam ?, (aux éditions Sigest,) Jean-Michel Vernochet soutient que ce courant s’est affirmé comme le seul islam authentique et a condamné comme hérétique l’islam traditionnel, tel qu’il a existé durant les onze siècles précédents. Son point de vue historique et théologal réfute donc l’idée répandue, depuis le subventionnement de l’expansion wahhabite par l’Arabie saoudite, selon laquelle le wahhabisme serait une forme extrême de l’islam traditionnel.


La troisième question que cet avis suggère est alors celle-ci : le salafisme est-il musulman ?

4 - « Depuis la mort d'Ibn Saoud en 1954, ses successeurs ont toujours été choisis parmi ses fils. La puissante famille des Al al-Cheikh, religieux descendants d'Ibn ‘Abd al-Wahhāb, est étroitement liée aux Saoud dans la direction de l'État. Fort de l'appui de cette monarchie théocratique enrichie par l'exploitation pétrolière, le wahhabisme ne cesse d'inspirer les courants du fondamentalisme sunnite au sein de la umma musulmane. » Dominique Chevallier.


La quatrième question contredit un peu la troisième et l'avis de J-M Vernochet : n'y a-t-il pas un fondamentalisme sunnite, appuyé sur l'Arabie saoudite, qui non seulement combat le chiisme mais aussi toute approche de l'Islam non théocratique ?

5 – Ces repères interrogent sur le caractère, intolérant, violent, conquérant, impitoyable de djihadistes convertis en guerriers d'Allah. Le salafisme n'y est pas pour rien, mais s'en tenir là serait ne voir qu'une face du terrorisme.
La seconde guerre du golfe, qui fut un terrorisme géant, dont l'horreur nous fut masquée, est à l'origine de la haine des peuples où se recrutent les tueurs. Et cette haine de l'occident trouve encore de quoi se nourrir !


Une cinquième question nous est ainsi posée : l'occident est-il sans responsabilité dans le déchaînement de violences aveugles qu frappent des civils, non pas à cause de ce qu'ils ont fait mais à cause de ce qu'ils sont : ceux qui sont membres des pays exploiteurs du monde, surpuissants et inconscients.

6 - Lutter contre le terrorisme, par les armes, sans en rechercher toutes les causes est vain. Ce débat sur les causes est complexe et contradictoire. Il en a été tenté une fine analyse sur Wikipedia. Elle est à connaître. Elle laisse le débat ouvert.


La sixième question à laquelle nous ne pouvons échapper est la suivante : puisqu'on ne peut terroriser le terrorisme (n'en déplaise à feu Charles Pasqua), il faut rechercher les causes à éradiquer du côté de l'économique et de la politique. L'extrêmisme devient religieux mais ses sources ne sont pas d'abord dans les religions. La difficulté à surmonter n'en est que plus grande.

7 – La mauvaise réponse aux attentats est de fermer à quiconque n'en est pas membre les portes de l'Europe. C'est pourtant ce que préconise le ministre polonais de l’Intérieur, Mariusz Blaszczak. Évoquant un « choc des civilisations », il a estimé que les terribles événements de Barcelone n’auraient jamais pu avoir lieu en Pologne !
« Chez nous, a-t-il dit, nous n’avons pas de communautés musulmanes, pas d’enclaves qui constituent une base naturelle pour le développement des terroristes islamistes. Nous faisons tout notre possible pour que notre pays soit en sécurité et ne voulons pas accueillir de migrants », a déclaré le ministre, dans la soirée du 17 août.


Les manifestants qui crient « nous n'avons pas peur », à Barcelone comme hier à Machester, et qui veulent que leur vie ne soit pas arrêtée par des terroristes donnent une réponse plus haute.

La septième question est claire : allons nous vivre dans le repli ou en faisant face, en état d'urgence permanent ou en liberté ? Selon la réponse, nous aurons ou non contribué, en France à la défaite de Daech et autres fondamentalistes.

8 – Et nous, que pensons-nous de cette mort donnée par un tueur, au hasard, en y ajoutant, le plus souvent, la sienne ? Que signifie ce sacrifice de kamikaze où l'on se tue en tuant ? Quelle motivation ou quelles contraintes poussent à aller au-delà de soi-même, sans un regard pour qui l'on massacre ? Conditionnement total ou désespoir absolu ? Le suicide est moins effroyable que l'assassinat de sang froid.
Les sources d'information sérieuses sur ces sujets sont rares.
Les « martyrs » qui font exploser une ceinture d'explosifs sur eux sont-ils convaincus, conditionnés terrorisés, menacés, déclenchés à distance ? Dans le document ci-dessous, le jeune kamikaze sauvé in extremis est condamné... à mort. Ici l'odieux ajoute à l'odieux...


La huitième question est une interpellation : Ne peut-on, parfois repérer des victimes parmi les criminels et les extraire de ces courses à la mort qu'ils ne veulent pas tous faire ? Je pense, en particulier, aux femmes, voire aux enfants qui tuent et se tuent sur les marché africains ?

9 – Ceux, partis d'Europe et qui ont survécu à la défaite à Mossoul ou Racca (ou ailleurs) et qui vont rentrer sont-ils, d'avance, condamnés à la prison, à l'hôpital psychiatrique, à l'abandon (au risque de toutes le récidives), à la perte de nationalité, bref à l'impossibilité de n'être pas traité en paria ? Les « revenants » ne seront pas les bienvenus. Ils seront des suspects continuels.


Le livre de David Thomson (Les revenants paru au Seuil, en 2017) mérite d'être lu même s'il fait peur. Puissent des ministres concernés, le lire avant décisions hâtives.

La neuvième question que posent ces revenants miraculés, ces meurtriers juvéniles parfois, se prononce à peine : voulez-vous encore de moi, sinon tuez moi ?

10 – Chaque attentat déverse ce flot de questions (et il en est bien d'autres). Celles qui me poignent concernent le lien commercial et militaire de la France avec l'Arabie saoudite, les ventes de Mirages à des pays dictatoriaux (dont l'Égypte), la présence militaire française en trop de pays africains où nous ne sommes déjà plus les bienvenus, notre association avec les USA en Irak en Syrie, voire en Lybie, là où des guerres cruelles nous ont fait haïr, nous et d'autres États européens. Qui dira et prouvera que les attentats sont liés à ces événements ?


Allons-nous devoir nous protéger des «returnees» (anglicisme formé des mots «return» et «refugees»). Comprenons bien : on veut nous faire croire que les « revenants » sont des réfugiés. Et bien non, ce sont des Européens beaucoup nés, « éduqués », endoctrinés en France. Ils sont actuellement entre 200 et 300 affirme l'actuel ministre de l'Intérieur.

La dixième question est fondamentale : pour que les revenus (revenants est « fantomatique ») ne sombrent pas dans un nouvel extrémisme et ne menacent plus personne allons-nous prendre les moyens de les accueillir, pas de les cloîtrer ? Mais savons-nous le faire ?

Jean-Pierre DACHEUX

mercredi 16 août 2017

Bientôt la rentrée !


L'analyse des résultats de l'élection présidentielle et des élections législatives qui ont suivi donnent une image claire des choix électoraux des citoyens français.

Pour rappel : lors du second tour des élections présidentielles, 43,61 % des électeurs inscrits ont voté pour Emmanuel Macron, et au second tour des élections législatives seulement 16,55 % des électeurs inscrits se sont déclarés d'accord avec le projet politique du nouveau président, ce qui en terme mathématique signifie que 83,45 % des électeurs ne sont pas d'accord avec ce projet politique.

Cependant, l'ineptie de la loi électorale donne à la République En Marche (REM) la majorité absolue - 306 député(e)s - à l'Assemblée Nationale.

Face à l'étroitesse de ce résultat, les partisans du président élu objectent que l'élection étant démocratique, elle est légitime. C'est un peu court : élection légale assurément, mais « élection légitime » est plus discutable.

Car enfin, comment peut-on s'engager à mener une politique contre une majorité d'électeurs, ou plutôt comment l’électorat peut-il accepter de laisser faire une politique qu'il a rejetée dans les urnes ?

Un vrai démocrate devrait tirer les conséquences de sa mauvaise élection et faire connaître sa position aux français.

Cela n'a pas l'air d'être le choix d'Emmanuel Macron, qui voulant faire une politique « jupitérienne », semble très sûr de lui.

Vu de l'extérieur sa majorité ressemble à une auberge espagnole où cohabite trois grandes composantes :
- des gens de gauche de toutes nuances,
- des gens de droite de toutes nuances,
- et beaucoup d'opportunistes.
De plus, de nombreux élus, certainement de très bonne volonté, n'ont aucune expérience et ne connaissent rien, ou si peu, des pratiques politiques et se retrouvent englués dans la mer des sargasses institutionnelles et sont les cibles de toutes les manipulations, de toutes les instrumentalisations.

Seront Ils, seront elles assez résistant(e)s pour voter en leurs âmes et conscience comme ils ou elles l'affirment ?

A moins d'une grosse poussée d'autoritarisme tout à fait possible de l'exécutif, il semble que cette majorité soit bien fragile car des défections ne manqueront pas d'arriver lors des points de friction entre les diverses composantes.
On nous dit que trois mois de présidence se sont pas suffisants pour porter un jugement pertinent sur le modèle politique qu'entend mener Emmanuel Macron, pourtant, il est évident qu'il néglige la devise républicaine de la France : Liberté, Egalité, Fraternité. En effet, si la politique engagée par le nouveau gouvernement fait sien le premier terme, dans le sens de la liberté économique - liberté de la concurrence, d'entreprendre, du marché, libéralisation de l'emploi - il est prêt à limiter les libertés personnelles des citoyens en faisant passer une partie importante de la loi sur l'état d'urgence dans le droit commun.

Inutile d'être devin pour comprendre qu'il s'agit d'une politique néolibérale - de type tchatchérienne - qui se s’embarrasse pas des termes d’égalité et de fraternité. La suppression de l'APL qui touche essentiellement les personnes victimes de précarité en est la preuve.

Aussi, iI n'est pas sûr que la fraction de gauche qui s'est laissée abuser par les discours du candidat Macron suivra sans regimber au parlement.

En ces jours de rentrée, un rendez-vous électoral sera déterminant, celui des élections sénatoriales de fin septembre. Il est vital pour la démocratie et la tranquillité des Français de ne pas donner une majorité au Sénat à la REM. il n'est pas certain que cela suffira à empêcher des mouvements sociaux importants dans notre pays et le gouvernement devra être particulièrement attentif au bruit de fond de la rue car le degré d'exaspération maximum de la population est proche d'être atteint.

Alors, le citoyen qui s'est fait berner et mépriser par les hommes politiques depuis plus de 35 ans aura deux alternatives possibles.

Soit l'apathie, la servitude volontaire, en attendant des jours meilleurs ; je n'y crois pas.

Soit la réponse offensive de la rue ; qui me semble beaucoup plus probable. 

Jean-Claude VITRAN

vendredi 11 août 2017

Cédric Herrou dit le droit véritable, un droit qui n'est pas - encore - écrit !


Il ne suffit plus de comprendre, approuver et soutenir Cédric Herrou. Il faut dénoncer une conception du monde qui place l'inhumanité dans la loi elle-même ! Si nous condamnons un citoyen parce qu'il secourt ses semblables, nous devons supprimer le mot Fraternité de notre devise républicaine.
Les réfugiés sont des personnes et ceux qui condamne Cédric Herrou se condamnent eux-même !
La non assistance à personnes en danger, et plus encore quand il s'agit d'adolescents sans famille, vaut en toutes circonstances. Il n'y a plus d'éthique ni de politique quand on poursuit ceux qui mettent en œuvre la solidarité humaine. La chasse à l'étranger faite, à la frontière franco-italienne, est criminelle.
En quelle Europe voulons-nous vivre ? L'Europe du repli ou l'Europe du partage ? Attention : elles ne sont pas conciliables.

Jean-Claude VITRAN et Jean-Pierre DACHEUX


Cédric Herrou - Communiqué du 8 août 2017.



« Aujourd’hui, en cour d’appel d’Aix, j’ai été condamné à 4 mois avec sursis et à verser 1000 € de dommages et intérêt à la SNCF.

Pour rappel, j’avais été arrêté en octobre 2016 pour "aide à l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière". Il n’y a eu aucune flagrance, et aucun passage de frontière d’octobre à ce jour. Nous nous étions installés dans des locaux de la SNCF, abandonnés depuis plus de 20 ans, avec un collectif d’associations dont Médecins du Monde et Amnesty International ainsi qu’une soixantaine de demandeurs d’asile. Notre revendication : la prise en charge des mineurs isolés par la protection de l’enfance, et permettre aux demandeurs d’asile d’accéder à leurs droits. A aucun moment il ne s’agissait de "cacher" ou de "dissimuler" ces personnes, mais bien au contraire de les montrer pour tirer la sonnette d’alarme.

Force est de constater qu’un an plus tard, la situation n’a pas changé et a même empiré. J’ai actuellement chez moi de nombreux mineurs isolés qui attendent en vain d’être pris en charge par l’Etat français, et des demandeurs d’asile coincés sur mon terrain, qu’on empêche systématiquement d’accéder à leurs droits. S’ils sortent de chez moi, ils sont sûrs d’être arrêtés et d’être reconduits directement en Italie, sans autre forme de procès. Il est grave que le département des Alpes Maritimes, pourtant frontalier à l’Italie, ne dispose d’aucune infrastructure destinée à l’accueil des migrants.

Tous ceux qui veulent me faire passer pour un militant d’extrême gauche, un activiste no border, n’ont rien compris à la situation ici. Il ne s’agit pas d’être pro ou anti-migrants. Les empêcher de passer la frontière est utopique, et tout simplement impossible : tous passent. C’est justement pour cela que nous demandons un contrôle de ces flux, d’éviter la clandestinité des demandeurs d’asile. Notre combat juridique est respectueux des lois de la République française. C’est une lutte légale et juste, à l’image de la France, nation des droits de l’Homme.

Mais ma condamnation ce matin montre bien les limites de l’indépendance de la justice française, et la manipulation politique qui se joue dans les tribunaux. Tandis qu’à l’heure actuelle des bateaux d’extrême droite naviguent sur la Méditerranée pour couler les bateaux des ONG, on incrimine un paysan qui se substitue à la carence de l’Etat.

Nous alertons Monsieur le président de la République sur les dérives actuelles face au non-respect du droit d’asile dans le département.

Je n’ai pas le choix de continuer car je considère que c’est mon devoir de citoyen de protéger des personnes en danger. La menace d’emprisonnement ne saurait entraver la liberté que je défends.


Cédric Herrou


Le capitalisme et l'oligarchie du mépris.


Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme.
Albert CAMUS


Il est courant de qualifier « d'élite » ceux qui nous gouvernent et la poignée de courtisans thuriféraires qui tournent autour.

Le sens commun et les dictionnaires en donnent cette définition : au sein d'un groupe, l'élite est l'ensemble des individus considérés comme les meilleurs, les plus dignes d'être choisis, les plus remarquables par leur qualité.

Au cours de l'histoire, l'élite est liée à la recherche de la perfection esthétique, de l'exemplarité spirituelle (Grèce) ou citoyenne (Rome). A partir du XVIIème siècle, elle est composée des "honnêtes hommes" avant de céder la place aux élites "économiques" à partir du XIXème siècle.

Même si dans notre société contemporaine française, de nombreuses femmes et hommes en responsabilité méritent cet épithète, il est légitime de se demander si la définition du qualificatif d'élite peut être encore appliquée à une majorité de responsables politiques et de dirigeants. En effet, aujourd'hui, les risques judiciaires sont moins importants en devenant responsables politiques qu'en demeurant voyous.

De plus, nommer « élite » la minorité de « ceux d'en haut » oblige à désigner la majorité restante de la population et le florilège des qualificatifs pour nous nommer est garni, tous plus péjoratifs les uns que les autres : les gens de peu, la France d’en bas1, les p'tites gens2, les veaux3, les sans-dents4, les invisibles5, les gens qui ne sont rien6.

Cette liste, qui n'est pas exhaustive, montre la profondeur du mépris pour le reste du « peuple » de cette communauté qui s'auto-proclame élite7.

Le mépris est l'arme privilégié de cette caste qui croit détenir la vérité en tout et qui, sûre de sa supériorité, pense que les autres sont des crétins. Les élites véritables sont modestes et ne cherchent pas les honneurs. L'élitisme est une plaie sociale.

Il y a bien deux France, d'une part, celle qui ne compte pas et achète tout ce dont elle a envie, qui veut que cette société hiérarchisée persiste et, d'autre part, celle qui doit seulement se satisfaire de fausses promesses et qui devrait accepter d'être méprisée et de continuer à se serrer la ceinture pour que le pays grandisse.

Voilà pourquoi, aux dernières élections, devant l'aveuglement d'une minorité obstinée, le peuple qui a le sentiment d'être trahi, manipulé, abusé, s'est abstenu et a rejeté les promesses et les mensonges de politiciens compromis.

Ce qui semble se profiler, c'est une dérive totalitaire du système, qui acculé dans ses contradictions, n'aura d'autres solutions que de restreindre les libertés et les droits pour une autocratie sauvegardant les intérêts du capital.

Trop, c'est trop, il faut mettre fin à ce système corrompu qui bafoue les principes républicains. Mais, attention, le risque d'explosion est considérable car, c'est dans la rue que se jouera tôt ou tard, inévitablement, la bataille sociale.

Jean-Claude VITRAN


1. Jean-Pierre Raffarin
2. Manuel Valls
3. Charles de Gaulle, en 1940
4. François Hollande
5. Marine Le Pen
6. Emmanuel Macron
7.  « On a dit souvent que les peuples valent ce que valent leurs élites. C'est vrai. Encore faut-il s'entendre sur le sens de ce mot. Trop longtemps l'élite a été définie comme une classe pourvue d'un droit. Elle le tint d'abord de la naissance (…) Elle le tint ensuite de la richesse (…) Ou enfin elle le tint de l'intelligence (…) Si nous assistons aujourd'hui à la disparition de ces anciennes élites, ce dont il est de bon ton de se désoler, c'est parce qu'elles avaient cessé d'assumer le rôle qui doit être celui d'une aristocratie véritable; de provoquer la marche en avant de la société tout entière ».
Daniel-Rops, Ce qui meurt et qui naît, p. 28, éditions Plon. 1937.
Cet écrivain et historien, académicien, catholique traditionnaliste, avait bien vu que les élites du passé n'avaient été utiles, tel celui qui fut maire de Bordeaux, Michel de Montaigne, que parce que, dans l'aristocratie d'alors, on pouvait se donner pour mission de servir le pays dans son ensemble. Ce temps, qui eut ses heures sombres et ses lumières aussi, est totalement révolu.

vendredi 4 août 2017

Jeûne-action pour le désarmement nucléaire


Le 4 août 2017

Du 6 au 9 août, anniversaires des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, des militants non-violents vont interpeller l'opinion publique dans plusieurs villes de France et à l'étranger. Objectif : dénoncer les armes nucléaires qui viennent d'être interdites par un traité international, à l'ONU, le 7 juillet passé (et bien entendu passé sous silence en France).

Cette interpellation se fait sous forme d'un « jeûne-action », une démarche inaugurée à Taverny, par Solange Fernex1 et Théodore Monod2 dans les années 1980. La question est souvent posée sur la signification et l'utilité d'une telle démarche.

Le jeûne-action est une action politique non-violente efficace.

Le jeûne est une privation volontaire de nourriture. C'est, par conséquent, un acte très culturel s'opposant à notre naturel d'êtres vivants omnivores. La motivation du jeûne est parfois médicale. Ce jeûne peut être bref (avant une prise de sang) ou prolongé (pour obtenir, par exemple, une perte de poids).
Une autre motivation du jeûne, bien connue, est d'ordre religieux, comme pendant le Carême des Catholiques ou le Ramadan des Musulmans, mais il peut s'agir, tout simplement, d'une recherche spirituelle visant à obtenir une meilleure connaissance et une plus grande maîtrise de soi.

Toute autre est la grève de la faim qui est l'engagement personnel mais total, parfois sans limitation de durée, de celui qui veut exprimer, seul ou en groupe, son opposition à une violente injustice, dont il s'estime victime, lui-même ou sa communauté de vie. Bobby Sand et 9 autres de ses compagnons irlandais en sont morts, en 1981, à cause de l'intransigeance sans retour du gouvernement anglais de Margaret Thatcher.

Le jeûne-action, différent, est un engagement collectif et concerté dont la durée est, en principe, fixée. C'est donc une alerte, une prise à témoins politique, afin d'éveiller les consciences citoyennes. La grève de la faim et le jeûne-action se rejoignent dans la dénonciation politique d'un crime contre une population tout entière. Gandhi vécut cet engagement-là, personnel et collectif tout à la fois, et il en a prouvé l'efficacité.

Le pasteur Martin Luther King, qui fut l'un des principaux porte-parole de la non-violence politique, assassiné par certains de ceux qui avaient constaté et déploré son influence, n'hésitait pas à donner des « Conseils pratiques pour le jeûne » afin d'y trouver la force de lutter.

Nelson Mandela, « l'homme qui a dit non à la vengeance », a vécu une manière de jeûne total, contraint mais assumé, au cours de ses 27 années d'incarcération et il a fait « de son corps même une arme de protestation » contre l'apartheid.

Le jeûne-action pour l'abolition des armes nucléaires est aussi l'arme politique non-violente utilisée, à ces mêmes dates, chaque année, lors de la commémoration des deux bombardements nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki, en 1945.

L'Action Civique non-violente (contre la torture et la guerre d'Algérie), avec l'appui de Lanza del Vasto, avait ouvert, en France, durant les années 1960-1963, une voie nouvelle en politique qui, depuis, n'a jamais été totalement refermée. Le Mouvement pour une alternative non violente (ou MAN) entend toujours exprimer, à cet égard, la radicalité des engagements de citoyens civilisés et bien décidés à faire obstacle à l'inhumanité de l'espèce humaine elle-même !

Il y a bien plus à dire encore, désormais, sur le jeûne politique, en notre temps de surconsommation et de religion de la croissance. Inséparable d'une vue écologique et non-violente de la vie dans la cité, il n'en est, peut-être, qu'au tout début de son usage citoyen en occident.

Jean-Pierre Dacheux


1   https://fr.wikipedia.org/wiki/Solange_Fernex
2   https://fr.wikipedia.org/wiki/Theodore_Monod

jeudi 3 août 2017

La démocratie poignardée.


« La démocratie est un système politique peu solide lorsqu'elle se contente d'être un système politique et rien d'autre. Elle devrait être non seulement une forme de gouvernement mais aussi un type de société et une forme de vie en harmonie avec ce modèle social. »
Richard Henry Tawney, célèbre historien anglais, dans son livre Égalité, paru en 1931.

La loi d'habilitation de la réforme du code du travail est un déni de démocratie sociale et politique.

Ce n'est pas nouveau car depuis 1958 et l'instauration du régime monarchique de la 5ème République nous aurions dû être habitués à ce que les Présidents abusent de leur autorité et prennent des libertés avec la démocratie.

Pourtant, le dernier monarque en titre, Emmanuel Macron, vient de franchir le Rubicon et installe, sans honte ni scrupule, son pouvoir autoritaire à la tête de l'Etat. Déjà par quelques décisions « jupitériennes » il nous avait fait comprendre qu'il entendait régner sans partage.

En effet, la loi d'habilitation autorisant le gouvernement à réformer le code du travail par ordonnances va être définitivement votée.

Pour respecter ses engagements auprès de ses commettants, le MEDEF et les riches, et faire aboutir cette réforme qui va bouleverser des pans entiers du code du travail et modifier en profondeur les règles qui régissent les relations entre les syndicats, les salariés et les employeurs, Emmanuel Macron s'engage dans une « opération commando » en dehors de toute véritable concertation. Même si l'essentiel des mesures restent à préciser, nous savons, déjà, qu'il s'agit d'une révision en profondeur qui aura des conséquences importantes sur la protection des salariés en assouplissant les règles du licenciement, en accélérant la mise en oeuvre de plans sociaux et en limitant l’accès aux prud’hommes.

Même si l'illusion d'un dialogue a été entretenue par le gouvernement, on constate, en regardant les débats lénifiants de l'Assemblée Nationale, que la majorité parlementaire n'a tenu aucun compte des inquiétudes syndicales et des amendements de l’opposition et a voté comme de bons soldats « godillots ». La démocratie sociale a bel et bien été désavouée.

Deux autres points, soulevés aujourd'hui, ajoutent à notre inquiétude sur la mauvaise santé de la démocratie française.

En effet, alors qu'il est saisi par 153 parlementaires de l'ancienne majorité sur les incompatibilités constitutionnelles de l’accord de commerce entre l’UE et le Canada (CETA) le Conseil Constitutionnel rejette les analyses juridiques et sacrifie la démocratie, les citoyens et l’environnement sur l’autel des intérêts commerciaux.

Dernier point, (pour aujourd'hui) : Emmanuel Macron déclarait, le 17 juillet, que le gouvernement ne baisserait pas les dotations des collectivités territoriales. Trois jours plus tard, confirmant sa propension aux doubles discours, le président, par un décret, en toute discrétion, rabote ces dotations de 300 millions d’euros.

C'est un coup de plus porté aux populations les plus pauvres car ces coupes budgétaires affecteront, en priorité, la construction de logements sociaux et le travail associatif dans les quartiers populaires. C’est le monde associatif de proximité qui va crever car les communes ne pourront plus verser de subventions aux associations et vont geler leurs participations futures.
Ces coupes budgétaires n'annoncent pas seulement la couleur d’un gouvernement au service des riches et des puissants, elles visent un autre but : celui d'assécher financièrement les associations afin de réduire au silence les militants qui dénoncent les agissements de l'oligarchie de pouvoir.

Il est urgent d'aller au-delà des appels à l'indignation de feu Stéphane Hessel.

Il faut, maintenant, à notre tour, résister et agir.


Jean-Claude VITRAN