jeudi 24 janvier 2013

Le terrorisme : un "élément de langage" !

 


Dans les cabinets ministériels et mêmes les cabinets des grandes mairies, on ne peut parler comme on pense. Il faut utiliser des "éléments de langage", autrement dit des mots autorisés, des expressions permises, afin de communiquer avec l'opinion publique et les médias, en restant dans un cadre prédéterminé.

Ainsi en est-il, tout spécialement en temps de guerre. L'armée, "la grande muette", ne peut rien dire ou ne veut dire que ce qui "enfume" l'opinion, afin de protéger ses soldats, pour ne pas informer l'ennemi, pour retarder les réactions des citoyens hostiles, pour masquer les résultats peu glorieux des opérations qui peuvent révulser les "âmes sensibles" et, donc, pour cacher les "dommages collatéraux" ( c'est-à-dire les victimes tout à fait innocentes, le plus souvent des civils, qui avaient eu l'immense tort d'être là où, malheureusement pour eux, il ne fallait pas être).

Depuis que la France, pardon le gouvernement français, est entré en guerre au Mali, on combat, nous dit-on, contre le terrorisme ou, plus précisément, (voici un « élément de langage ») contre les groupes terroristes. Le terrorisme est une nébuleuse ; les groupes terroristes sont constitués de combattants en chair et en os, sans loi, mais pas sans foi, pour qui tuer ou mourir est devenu une nécessité dans la lutte contre...

Contre qui ? Les "infidèles ? les "croisés" ? Les néo-coloniaux ? Les "occidentaux" ? Les "Blancs" ? Les "riches" ? Les "chrétiens" ? Bref, tous ceux qui, de près ou de loin, depuis des décennies, ont, effectivement ou pas, humilié et martyrisé des peuples entiers, en Irak, en Afghanistan, en Palestine...

Les dits terroristes, ces assassins (et fous d'un Dieu réduit à n'être que leur construction mythique), sont entrés dans une dissidence universelle où ils ont perdu toute mesure, toute humanité. Ils sont, cependant, la créature fanatisée d'autres terroristes qui, avec l'aide des États sectaires, violents et richissimes, notamment l'Arabie saoudite ou le Qatar, ont entrepris la conquête mercantile de la planète et la marchandisation de toute chose ! Ainsi, les marchands d'armes sont-ils tout autant terroristes que ceux qui les achètent et s'en servent. Derrière les "éléments de langage", il y a des réalités crues mais masquées, comme, par exemple, les intérêts d'Aréva et du lobby militaro-industriel qui veille sur ses sources en uranium, au Niger proche, mais il y a, aussi, les conséquences, à moyen et long terme, de l'action funeste de la France-Afrique coloniale puis post-coloniale !

Quand on perd toute espérance, on perd tout contrôle de soi et on peut proférer des horreurs pour tenter de conjurer son malheur ou pour se donner encore des raisons d'être. Pire, on peut les commettre ces horreurs, dès qu'on est devenu la proie facile de manipulateurs d'opinion, eux-mêmes fanatisés par le désir farouche de résister, coûte que coûte, aux puissants et aux riches. Le suffixe isme transforme une donnée de la pensée, une valeur, en système idéologique : c'est le cas de l'islamisme qui est une perversion de l'islam. Il n'est pas possible de faire exactement le même raisonnement avec le terrorisme, qui est certes aussi un système idéologique, à dimension impitoyable pour soumettre une population. Tout au long de l'histoire, le terrorisme aura été l'arme des faibles mais aussi des affaiblis, l'arme du loup acculé dans ses repaires, ou l'arme du chasseur qui veut éliminer tous les loups qui le... terrorisent.

La guerre entend terroriser le terrorisme et n'y parvient jamais. Faute de lutter contre les causes d'injustices qui dressent des populations concernées et révoltées contre ces injustices, mais peu souvent contre leurs causes, on reste dans des zones de violences sourdes qui finissent toujours par devenir aiguës. Si tout homme qui use de la violence devient un terroriste, si comme le disait -sans doute à tort- Max Weber, la violence est le monopole légitime de l'État, alors, toute contestation violente peut être considérée comme terroriste !

De Gaulle fut décrit comme un terroriste en 1940. Les Allemands ont  fusillé et torturé des partisans français stigmatisés comme terroristes. Yasser Arafat fut un terroriste qui finit par se faire entendre à la Tribune de l'ONU. Des leaders  israéliens ont été dénoncés comme terroristes au moment de l'installation des Juifs, en Palestine. Est terroriste, aux yeux des hommes de pouvoir installés, toute opposition qui use de la force des armes pour abattre ou installer un État.

Il faut aller débusquer des éléments de vérité, plutôt que des "éléments de langage", sous le mensonge des mots. La guerre au Mali n'est ni une guerre contre le terrorisme, ni une guerre contre des groupes terroristes, c'est une guerre à laquelle s'obligent des gouvernants impuissants, devenus incapables de trouver ailleurs que dans la force la résolution d'un conflit.

Il faut dire que la guerre au Mali n'est pas la guerre "du" Mali et que la guerre au Mali est une guerre "dans" le Mali (et déjà ailleurs, en Algérie). C'est encore moins une guerre aux Maliens.

Il faut dire que la guerre au Mali est, en quelque sorte une guerre que nous nous faisons à nous-mêmes.

Il faut dire que la guerre au Mali est une provocation des fanatiques qui ont voulu entraîner les États occidentaux dans le même piège qu'en Irak, en Afghanistan ou, jadis au Vietnam ou en Algérie : là ou le plus fort perd, à coup sûr, parce que la supériorité militaire la plus énorme n'assure jamais la maîtrise certaine du terrain.

Il faut dire que la guerre au Mali prolonge la guerre en Lybie qui ne s'est pas arrêtée à la mort de Khadafi. 
 

L'Algérie, pivot de l'Afrique sahélienne

Il faut dire, enfin, que la guerre au Mali a des causes qui ne sont ni la protection des populations martyres, ni le sauvetage de Bamako, mais la mise en convergence d'intérêts : ceux, d'une part, de l'État malien (où le pouvoir, bancal, fragile et impuissant, est convoité par des militaires, ceux-là mêmes que les États-Unis avaient voulu former militairement),  et, d'autre part, ceux des États occidentaux, (au premier rang desquels la France, puissance diplomatique fortement armée), qui ont besoin de stabiliser une région pour des raisons stratégiques et économiques.

Il est temps de relire Albert Camus et ses Réflexions sur le terrorisme, (regroupées fin 2002, dans un ouvrage paru aux éditions Nicolas Philippe).


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Camus est l'un des seuls écrivains français qui aient affronté et pensé le terrorisme. Deux pièces , " Les Justes ", en 1949, et l'adaptation scénique des " Possédés " , dix ans plus tard, manifestent la constance de cette préoccupation. " L'homme révolté ", en tant qu'essai sur la perversion de la révolte, fournit un cadre théorique à cette représentation du geste terroriste.
La guerre qui, à partir de 1954, ravage son Algérie natale, a permis à Camus d'affiner sa réflexion. La flambée d'attentats qui ensanglante sa terre natale a, pour lui, des causes. " Le terrorisme, en effet, n'a pas mûri tout seul ; il n'est pas le fruit du hasard et de l'ingratitude malignement conjugués... En Algérie, comme ailleurs, le terrorisme s'explique par l'absence d'espoir. Il naît toujours et partout, en effet, de la solitude, de l'idée qu'il n'y a plus de recours ni d'avenir, que les murs et les fenêtres sont trop épais et que, pour respirer seulement, pour avancer un peu, il faut les faire sauter." Il est le fruit amer des humiliations accumulées par une population marginalisée, la conséquence des revendications insatisfaites, le résultat des promesses jamais tenues. " Quelle que soit la cause que l'on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d'une foule innocente où le tueur sait d'avance qu'il atteindra la femme et l'enfant " , peut - on lire dans Chroniques algériennes. Camus n'en reste pas à cette dénonciation morale et politique. " Le sang, s'il fait parfois avancer l'Histoire, la fait avancer vers plus de barbarie encore. " L'attentat suicide et le bombardement aveugle d'un village, en tant que moyens de guerre, sont des crimes contre l'humanité injustifiables dans la mesure où ils ne distinguent pas les combattants et les civils. L'organisation terroriste, parce qu'elle s'attaque au premier venu, parce qu'elle postule la diabolisation de l'adversaire et met en avant l'idée de responsabilité collective, reproduit ce qu'elle voulait abolir, l'arbitraire. Elle joue toujours contre la démocratie.

I
l existe, pour Camus , une relation de causalité entre une pratique cynique de la violence et sa codification par un pouvoir absolu. Il a distingué le terrorisme groupusculaire et le terrorisme d'État , mais pressenti qu'on pouvait passer de l'un à l'autre. En d'autres termes, le parti d'avant-garde armé sert de laboratoire sinon de matrice au " despotisme ", à l'État totalitaire qui institutionnalise ses agissements meurtriers.


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran




dimanche 20 janvier 2013

Les droits de l'homme, ... des droits en constant devenir ?




 


Individuellement, nous sommes généralement conformistes et conservateurs, pourtant, la collectivité humaine est toujours en mouvement et les droits de l'homme, qui en sont l'un des piliers, ne sont pas gravés dans le marbre, mais en perpétuelle mutation.

Ils sont aussi vieux que l'homme. Ils sont une évolution du vivre ensemble et ont cheminé à côté de l'homme tout au long de son histoire. Ils n'ont pas pris naissance en France à la fin du 18ème siècle, comme notre esprit cocardier veut le laisser croire, mais bien avant notre ère, à Babylone, chez les philosophes grecs, et ensuite en Afrique, au Mali, en Inde, en Angleterre et ailleurs.

Ils sont une idée fixe des hommes de bonne volonté.

En France, en 1789, après quatre cent ans de domination totalitaire de la monarchie absolue, nos grands parents firent, quelques années après les Etats Unis d'Amérique, tomber le pouvoir royal et, à partir de la synthèse des idées des philosophes du siècle des lumières, ils rédigèrent une Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, creuset des droits de l'homme actuels. 
 
Néanmoins, cette révolution fut une passation de pouvoir entre la dictature royale et la bourgeoisie qui domine toujours actuellement, et, pendant près d'une centaine d'années, la République a beaucoup bégayé. A part, quelques soubresauts, en 1830, en 1848, le peuple n'a vraiment fait sa révolution qu'au moment de la commune en 1871, insurrection réduite immédiatement de manière sanglante par la bourgeoisie.
Il fallut attendre, les folies meurtrières du 20ème siècle, la fin du second conflit mondial et des millions de morts, avant qu'une poignée d'hommes décident, enfin, de coucher sur le papier une déclaration universelle Droits de l'Homme.

Une des preuves de ce mouvement, c'est que cette Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, socle moderne des droits de l'homme, a été, au cours des années, complétée par des textes précisant la nature de certains droits ou familles de droits - droits de première génération, de deuxième, de troisième voire de quatrième génération - mais aussi des droits spécifiques attachés à des groupes humains, à une région, à un continent - Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989, Convention Européenne des Droits de l'Homme - d'autres traités internationaux et de nouveaux concepts en gestation.

Même si l'universalité des droits est un axiome en ce qui concerne l'article premier, clef de voûte des droits de l'Homme, des différences importantes existent entre les peuples.
Sans aller très loin, la notion de vie privée - un droit que nos concitoyens considèrent fondamental - a-t-elle la même valeur dans le nord et le sud de l'Europe, chez les Européens et les Anglo-Saxons, et ne parlons pas de l'Afrique, des Indes ou de la Chine.
En ce qui concerne la justice et la présomption d'innocence les différences d'approches, là aussi, sont importantes. Le concept du droit à l'image, particulièrement malmené dans le monde de la surveillance, des réseaux, de la télévision et de l'Internet est-il le même partout ?
D'autres différences d'appréciations, quelquefois importantes, pourraient être soulignées.

De plus, des droits pourtant nécessaires au bon fonctionnement d'une démocratie sont omis :
- La résistance à l'oppression définie par la déclaration de 1793 dans les articles suivants :
Article 33 : La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme.
Article 34 : Il y a oppression contre le corps social, lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Article 35 : Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
- Le droit à un revenu minimum universel ou à un revenu permanent (selon la théorie de Milton Friedman)

Et les bouleversements les plus importants sont à attendre avec les nouvelles technologies, car une révolution est en marche dont nous ne mesurons pas les conséquences, surtout dans notre société libérale où la finance et l'industrie déterminent les règles du jeu pour rester maîtres de la croissance et du profit.
La « grande convergence » NBIC (Nanotechnologie, Biotechnologie, Intelligence artificielle, Sciences Cognitives) va bouleverser notre relation au monde, elle créera de nouvelles contraintes qu'il faudra combattre par une évolution des droits sous peine de totalitarisme. 
Quelques exemples :
La possibilité, que l'on commence à entrevoir, de commander des appareils (fauteuils, prothèses, mais aussi ... armements) directement depuis le cerveau pour optimiser le fonctionnement, l'efficacité des individus ou pour compenser leur déclin - « l'homme symbiotique » - l'« humain augmenté » techniquement !
On pourra choisir le sexe de ses descendants !
On pourra donner naissance à des enfants pour soigner ses autres enfants déficients ou malades !
On s'apprête à légaliser l'euthanasie !
Et que dire du développement et de la multiplication des contraintes de surveillance par la miniaturisation, voire l'invisibilité, des systèmes ! Sans parler des nombreuses évolutions technologiques dont nous n'avons encore aucune idée ….
Ces concepts peuvent s'avérer séduisants, mais lorsqu'on commence à modifier la nature humaine, il n’existe plus de projet universel, par conséquent plus d’éthique universelle.
Il est fort probable que les découvertes NBIC vont transformer considérablement l’homme, la société et l’environnement.
D'importantes divergences sur l'évolution risquent de voir le jour et le vivre ensemble deviendra impossible.
Ni l’obligation, par décision autoritaire ou par pression économique, de se transformer, ni la volonté d’interdire toute tentative de transformation de l'humain ne peuvent être satisfaisantes.
Alors, où se trouvera la vérité ?
Les Droits de l'Homme risquent d'être singulièrement malmenés par toutes ces évolutions.
L’espoir réside dans de nouvelles formes de pensée, mais aussi par l'exigence drastique d'imposer des devoirs, ... des devoirs éthiques aux entreprises et aux financiers. 



Jean-Claude VITRAN 

Parler des droits est devenu banal et abusif. Banal car, de l'enfant qui clame, dans sa cour d'école "tu n'as pas le droit", à l'avocat qui, s'il le faut, invoque ou invente des droits pour défendre son client mal parti, le droit peut servir à avoir raison par tous les moyens. Abusif, par ce qu'à tout vouloir mettre dans les lois et règlements, on déshumanise la société où règne, alors, des droits qui ne sont plus ceux de l'homme !
Il est grand temps de réfléchir à une réforme de nos approches du droit lequel, au lieu d'ouvrir des possibilités, les bloque. Les dogmes étaient et restent des droits imposés et non des droits aimés. Il faut changer la philosophie du droit marquée par l'ethnocentrisme et la judiciarisation.
Jean-Claude Vitran  attire notre attention sur l'impuissance du droit et la manipulation du droit, afin de laisser libre cours à ce que d'aucuns nomment le "transhumanisme", qui n'est qu'une hyperviolence scientiste que veulent nous "vendre" les marchands d'illusion : un modèle de superman qui ferait de nous des machines pensantes. C'est maintenant qu'il faut tirer la sonnette d'alarme. Demain, il sera trop tard. Je m'associe à cet appel au bon sens et à la vigilance.
Jean-Pierre DACHEUX

mercredi 16 janvier 2013

Quiconque vit en France doit pouvoir y voter

Droit de vote pour les résidents étrangers dès 2014 !

Je signe l'appel ! Ont signé...


Le suffrage universel a été une longue conquête dans l’histoire de la République.

Si, en 1793, lors de la Révolution, la première République en adopta le principe, il fut réellement mis en œuvre par la IIe République, après la Révolution de 1848. Mais le suffrage resta limité aux hommes jusqu’en 1944, lorsque fut enfin instauré, à la Libération, le droit de vote pour les femmes. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge du droit de vote fut abaissé de 21 à 18 ans.

En 1998, les étranger(e)s citoyen(ne)s des pays de l’Union européenne résidant en France ont été admis(es) au vote et à l’éligibilité pour les élections municipales et au Parlement européen.

En mai 2000, l’Assemblée nationale vote une proposition de loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales pour les étranger(e)s extracommunautaires, qui résident légalement sur le territoire depuis cinq ans au moins. Le Sénat, à son tour, le 8 décembre 2011, adopte cette même proposition. Il reste à mettre en œuvre la révision constitutionnelle nécessaire.

De nombreux(ses) responsables politiques de gauche, et aussi du centre et de droite, se sont exprimé(e)s en faveur de ce droit.

En 2012, lors des élections présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre, a promis qu’il y aurait un projet de loi en 2013.

Près de deux millions et demi d’étranger(e)s extracommunautaires vivent et travaillent dans des communes où elles/ils participent à la vie locale et paient des impôts. Nombre d’entre elles/eux sont responsables d’associations, délégué(e)s de parents d’élèves, délégué(e)s syndicaux(cales)...

La vie locale est un lieu essentiel de la vie démocratique et il n’existe aucune raison pour que toutes celles et tous ceux qui résident sur ces territoires n’y participent pas de façon égale. Il est temps de franchir une nouvelle étape pour l’élargissement du suffrage universel, la démocratie, la cohésion sociale et pour l’égalité des droits.

Les promesses électorales faites depuis plus de trente ans, approuvées par les électeurs(trices) à au moins quatre reprises, depuis 1981, doivent maintenant être tenues.

Nous appelons à la mobilisation citoyenne pour que cette réforme, essentielle pour une République ouverte et fraternelle, soit mise en œuvre dès les élections municipales de 2014.

Monsieur le président de la République,
Nous vous demandons d’engager le processus de révision constitutionnelle permettant d’instaurer le droit de vote et d’éligibilité pour nos concitoyen(ne)s résident(e)s étranger(e)s aux élections locales, dès les municipales de 2014.

Cet impératif d’égalité et de démocratie est urgent !

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Il va de soi que nous sommes, et depuis longtemps, solidaires de cette exigence d'un suffrage véritablement universel ! Quiconque fait obstacle au droit de vote des étrangers vivant en France ne saurait se dire véritablement démocrate. On verra, d'ici quelques années, que ce refus de l'évidence était aussi obsolète que le refus, en France, du vote des femmes, jusqu'en 1944.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran.

dimanche 6 janvier 2013

Drones tueurs, la guerre asymétrique.


Nous voulons vous faire partager l'effroi qui nous a submergé à la lecture de l'article ci-dessous1.
Les drones, ces mini-avions téléguidés et bardés de nouvelles technologies, sont utilisés dans les conflits guerriers actuels.
Comme l'écrit dans l'article le journaliste Allemand, on affirme aujourd'hui que l'utilisation de ces engins rend la guerre plus humaine. Comment peut-on imaginer, sans avoir l'esprit dérangé, que la guerre puisse être humaine.
Quelle lâcheté derrière ces propos et ces actes.
La guerre est humaine pour les amis, ceux qui ne risquent rien assis dans un fauteuil d'un QG du Nouveau-Mexique à 10.000 kilomètres du théâtre des opérations et qui jouent à la guerre comme on joue à un jeu vidéo ; pour les « autres », la question ne se pose même plus, leur statut d'ennemis les a sorti de l'humanité.
C'est intolérable, qu'elles qu'en soient les raisons, la guerre est toujours inhumaine. Elle tue, le plus souvent de façon aveugle, et rien n'autorise des hommes à en éliminer d'autres.
Le monde occidental, qui veut partout dicter sa loi et installer son système économique, se croit supérieur par l'utilisation des nouvelles technologies, mais, se faisant, il recule sur les plans éthique et philosophique.

Ne soyons pas complice de cette régression !

Jean-Claude VITRAN et Jean-Pierre DACHEUX

DRONES – « On vient de tuer le gamin ? »

C'est un glaçant récit de guerre, mais dont les acteurs n'ont jamais foulé les champs de bataille. Pendant plus de cinq ans, Brandon Bryant a combattu enfermé dans un container de la taille d'une caravane, au fin fond des Etats-Unis. "Il suffisait qu'il presse un bouton au Nouveau-Mexique pour qu'un homme meure à l'autre bout de la planète" résume le journaliste du quotidien allemand Der Spiegel dans cette captivante enquête sur les pilotes de drones dont Courrier international propose une version française cette semaine.

On y découvre l'autre visage de la guerre moderne, "invisible", à qui "la distance ôte de sa gravité". "La guerre nouvelle se veut plus précise que l’ancienne, écrit le journaliste. Pour cela, beaucoup la disent 'plus humaine'." C'est cette conception qu'interroge le témoignage, rare, du jeune soldat.

Agé de 27 ans, Brandon Bryant revoit encore précisément les montagnes afghanes avec ses sommets enneigés et ses vallées verdoyantes qui lui rappelaient son Montana natal. Il les observait à 10 000 kilomètres de distance.

Extrait :
Ce jour-là, dans le réticule du drone, une maison aplatie en terre, avec une étable pour les chèvres, se rappelle-t-il. Lorsque l’ordre de faire feu tombe, Brandon presse un bouton de la main gauche […]. Le drone lance un missile de type Hellfire. Il reste alors seize secondes avant l’impact. "Les secondes s’écoulent au ralenti'", se souvient Brandon aujourd’hui. […] A cet instant, Brandon peut encore détourner le missile roquette. Trois secondes. Brandon scrute le moindre pixel sur l’écran. Soudain, un enfant qui court à l’angle de la maison. […] Brandon voit une lueur sur l’écran – l’explosion. Des pans du bâtiment s’écroulent. L’enfant a disparu. Brandon a l’estomac noué.

"On vient de tuer le gamin ?" demande-t-il à son collègue assis à côté.

"Je crois que c’était un gamin", lui répond le pilote. […]

C’est alors que quelqu’un qu’ils ne connaissent pas intervient, quelqu’un qui se trouve quelque part dans un poste de commandement de l’armée et qui a suivi leur attaque : "Non, c’était un chien."

Ils se repassent l’enregistrement une nouvelle fois. Un chien sur deux jambes ? Lorsque Brandon Bryant sort de son container ce jour-là, le cœur de l’Amérique profonde s’étale devant lui : l’herbe drue de la steppe à perte de vue, des champs, l’odeur du lisier. […]

Une guerre est en cours.
Le responsable de la force d'intervention drones au sein de l'US Air Force préfère évoquer l'usage humanitaire des drones après le tremblement de terre en Haïti, les succès contre les forces de Kadhafi en Libye et l'appui aérien aux troupes terrestres en Afghanistan, affirmant : "Nous sauvons des vies." Devant le journaliste, le commandant jure "n'avoir vu mourir que des combattants". 

Brandon, lui, affirme qu'en six ans dans l'US Air Force il a "vu mourir des hommes, des femmes et des enfants" et que jamais il n’aurait imaginé tuer tant de gens.

Marqué par les scènes terribles auxquelles il assiste en direct, malgré la distance, il finit par ne plus supporter son "cockpit" du Nouveau-Mexique. Il rêve en "infrarouge", ne dort plus la nuit, répond à ses supérieurs. Dans son journal intime, il écrit : "Sur le champ de bataille, il n’y a pas de belligérants, juste du sang, la guerre totale. Je me sens tellement mort. Je voudrais que mes yeux se décomposent." 

Un jour, il s'effondre au bureau, crache du sang. Les médecins du département des anciens combattants diagnostiqueront un syndrome post-traumatique. "L’espoir d’une guerre confortable, sans séquelles psychologiques, a fait long feu", écrit le journaliste.

1http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/01/04/drones-on-vient-de-tuer-le-gamin/


mercredi 2 janvier 2013

Bonne année 2013, quand même ?


Les voeux sont comme les promesses, ils n'engagent que ceux qui y croient ! Mais, chaque année, les vœux des personnages politiques nous surprennent.

Une question se pose : croient-ils vraiment en ce qu'ils nous souhaitent ou, par pure démagogie et simple recherche de la quiétude sociale, essaient-ils seulement de nous convaincre que demain sera mieux qu'aujourd'hui ?

Comme son homologue allemande, le président français, tel l'enchanteur Merlin voudrait, comme par magie, nous persuader que le chômage va se résorber, fin 2013.

Mais « mon pauvre François », il n'y a que toi et ton gouvernement pour donner à croire en un rêve pareil !

Tout le monde sait que le chômage ne reculera pas, ou si peu. Nous sommes, depuis le mitan des années 1970, entrés dans un nouveau cycle dans lequel les gains de productivité, les évolutions technologiques, l'automatisation des fabrications réduisent la quantité totale de travail humain et cette constatation est un postulat immuable. La valeur travail, telle que nous l'avons connue et à laquelle nous tenions, ne serait-elle pas en passe de devenir obsolète ?

Les pseudo « experts » continuent de rechercher des solutions dans la croissance, mot dont ils se gargarisent.

Mais, comme on le constate aujourd'hui, sans avoir besoin de sortir des grandes écoles, les seuls pays en croissance sont les pays en voie de développement, là où l'on emploie une main d'œuvre très bon marché, pour un salaire de misère, où l'on se moque du droit du travail, où l'on n'a pas de couverture sociale ni de systèmes de retraites. Ce qui, non plus, ne saurait durer.

Les Français, comme les autres Européens, sont-ils prêts à réduire leurs salaires, à supprimer une partie de la solidarité sociale, à modifier considérablement leur système de retraites, à régresser d'un siècle ? 
Pourtant, c'est le lot de la Grèce et c'est ainsi que cela se passera aussi chez nous si nous continuons à écouter les sirènes gouvernementales ou médiatiques.

À moins de changer fondamentalement les règles du jeu, embaucher toujours moins de personnes au travail aura pour conséquence de ne plus pouvoir équilibrer la sécurité sociale, de ne plus pouvoir payer les retraites par répartition, et de supprimer les miettes de solidarité qui perdurent encore.

Alors, pourquoi taire la réalité et faire de la cérémonie des vœux un catalogue de contre-vérités ?

Les Français seraient-ils des crétins qui ne peuvent pas comprendre que notre société change durablement et profondément, ou bien seraient-ils gouvernés par des crétins qui ne voient pas que toutes les sociétés changent ?

Archaïque, le pouvoir socialiste, tournant le dos à son propre passé, semble incapable d'aller y chercher les propositions permettant d'affronter la révolution sociétale qui est en marche.

Les problèmes sont considérables et il est impérieux de reconsidérer le fonctionnement de nos sociétés. Beaucoup d'intellectuels, âgés mais expérimentés, qui ne sont pas des imbéciles, le clament, (Albert Jacquard, Stéphane Hessel, Michel Serres, Edgar Morin1, etc …). Il nous faut changer de modèle économique, revoir la répartition des revenus, intégrer tous les apports de l'écologie, élever progressivement la solidarité et la justice sociale au niveau de l'échelle mondiale et en finir avec la pensée dominante, car, si nous ne le faisons pas, et rapidement, nous allons périr. 
 

Ou bien nos gouvernants sont aveugles, rigides et crispés sur des modèles dépassées, ou bien, ils se moquent de nous et nous mentent.

Reprenons les propos du Manifeste Roosevelt de 2012 : « Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes."

Cette « petite oligarchie » doit comprendre qu'aujourd'hui, on n'a plus le temps, qu'il faut du nouveau, que le temps de l'indignation est passé et qu'arrive celui de la révolte.

Jean-Claude VITRAN et Jean-Pierre DACHEUX