dimanche 29 mars 2020

C'est très beau de vous entendre toutes et tous applaudir à 20h


Le texte, ci dessous, signé Lilou LK est tiré du blog de l'association pour une Philosophie Nomade « ici et ailleurs » dont Jean-Pierre DACHEUX fut le Président.
Notre état de servitude volontaire1 nous rend totalement moutonnier seulement capable de copier notre semblable. Aujourd'hui, cet état est amplifié par les réseaux sociaux.
Je partage complètement l'avis de Lilou LK : il faut dès maintenant prendre date pour ne pas se laisser abuser par le pouvoir lorsque la dramatique crise du coronavirus sera derrière nous.
Il y en a assez de la politique du profit seulement capable de générer de profondes inégalités qui laissent la moitié de l'humanité sur le bord du chemin.

Jean-Claude VITRAN

CLAP CLAP

C'est très beau de vous entendre toutes et tous applaudir à 20h chaque soir. Mais voilà c'est bien le problème : c'est juste beau. Et le beau ne sauvera pas le service public. Le beau ne résoudra pas la crise sanitaire. Le beau ne destituera pas les incompétents au pouvoir. Voilà pourquoi à mesure que les jours passaient, j'ai applaudi moins longtemps, moins fort et aujourd'hui : je n'applaudis plus. Applaudir c'est me résigner à accepter la situation telle qu'elle est, à accepter le sacrifice du personnel soignant. Et je ne peux m'y résoudre. Dans la 7ièmepuissance économique mondiale, dans le 2ièmepays payant le plus d'impôts au monde, nos hôpitaux publics ne devraient manquer ni de moyens, ni de personnel, et aucun médecin ne devrait mourir du seul fait de l'incurie de l'État.
Jugez-moi, fustigez-moi mais pour soutenir le personnel soignant, il ne sert à rien de taper dans ses mains. La majorité des gens qui sont à leur fenêtre, nous ne les avons pas entendus pendant la grève des hôpitaux, nous ne les avons pas vu à nos côtés en manifestation pendant un an, lorsque nous scandions des slogans pour sauver les services publics, lorsque nous devions faire face aux gaz lacrymogène, aux coups, aux insultes d'une police au service de l'autoritarisme. Ces applaudissements dépolitisent le combat que nous menons. Car oui, c'est bien de Politique qu'il s'agit ici. Ce sont les politiques qui ont supprimé des lits dans les hôpitaux, des postes, restreignent les budgets. Ce sont les politiques qui n'ont pas anticipé, ou voulu anticiper la crise sanitaire dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Ce sont les politiques qui ont décidé de nous sacrifier au profit de la productivité, de l'économie, des dividendes : il est bien plus important de rassurer la finance que de sauver des vies. C'est encore une fois les politiques qui profitent de nos peurs, de notre faiblesse, de notre incapacité à agir pour faire passer les lois les plus liberticides et antisociales de ces 70 dernières années. En plus de vivre dans l'incertitude, l'angoisse, l'inconnu, nous devons maintenant nous inquiéter de l'après. 
Ils ont fait du coronavirus une arme de destruction humaine, sociale, et politique. 
possibilité d'augmenter la durée du travail à 60h 
possibilité de réduire le repos compensateur à 9h 
possibilité de travailler le dimanche 
possibilité de travailler 7 jours sur 7.
Et dans la grande tradition de la Novlangue macronienne, ils ont appelé cela : la solidarité. Ils ont réussi à détourner ce mot qui auparavant nous appartenait : « Sentiment d'un devoir moral envers les autres membres d'un groupe, fondé sur l'identité de situation, d'intérêts : Agir par solidarité ». Ce sentiment de devoir moral nous ne le devons ni à eux, ni à ceux de leur caste, leur situation n'est pas la nôtre, nous ne défendons pas leurs intérêts.
Il va nous falloir préparer l'après. L'après où pour certains d'entre nous, il sera difficile de retrouver un emploi, difficile de payer les factures, difficile de trouver un logement. Ce n'est pas le virus qui plonge certains d'entre nous dans la précarité. Ce sont des décisions politiques. C'est la soumission de l'Etat au grand patronat. C'est la loi du marché. C'est la violence du capitalisme. Je regarde les nouvelles défiler sur mon fil d'actualités facebook, je clique sur un article de Boursorama : En pleine crise sanitaire « les entreprises européennes commencent à distribuer à leurs actionnaires les quelques 359 milliards d'euros de dividendes, correspondant aux gains 2019 ». 10 minutes après je lis le témoignage d'une infirmière sur le manque de gel hydro-alcoolique, et de masques - alors que l'on a vu le président porter un masque FFP2 malgré les déclarations de sa porte-parole 2h auparavant qui nous assurait que cela ne servait à rien si l'on n'était pas malade. J'enchaine mes lectures et je tombe sur un article du Huffpost où les hôpitaux privés demandent à être réquisitionnés (pourquoi n'est-ce pas déjà fait ?). Je constate à quel point il est facile et rapide pour nos dirigeants de légiférer pour sauver l'économie et lent et fastidieux de prendre des décisions pour préserver notre santé.
Cette crise sanitaire est encore et toujours une guerre de classes. Politiques, footballeurs, dominants, ont accès au test même avec des symptômes bénins et nous, la populace, personnel soignant inclus, nous devons rester dans l'incertitude. Il ne nous reste que le confinement et gare à vous si la police juge votre Ausweisnon conforme ! Au mieux vous écoperez d'une amende et au pire, si vous vivez dans un quartier populaire, vous écoperez de quelques coups. Car oui, cette milice déjà violente par le passé, continue de sévir en temps de crise sanitaire.
Dans tout ce bordel, une lueur d'espoir : j'ai vu des vidéos tourner sur les réseaux sociaux où, dans certains quartiers populaires, à 20h les gens scandaient à leur fenêtre le slogan « du fric, du fric pour l'hôpital public ». C'est un début, c'est une revendication politique, c'est la réappropriation d'un combat que nos gouvernants tentent d'étouffer sous des clap-clap.
Certains ne retiendront de ce texte que le fait que je n'applaudisse plus, et peut-être tenteront-ils de me faire passer pour une ingrate, une inhumaine. Mais j'espère qu'après cette épreuve, ils réaliseront que leurs applaudissements ne peuvent rien face à une politique liberticide, antisociale, inique ; En un mot : meurtrière.
Au plaisir de vous voir toutes et tous investir la rue pour construire ensemble le monde d'après. Et là je recommencerai sûrement à applaudir.
Clap...

1https://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire

vendredi 13 mars 2020

EMMANUEL MACRON : DECISION DE RUPTURE.


J'ai, hier, comme la majorité des Français écouté attentivement les propos d’Emmanuel Macron qui s'exprimait sur l'épidémie de Covid-19.
Incompétent, je ne porterais pas de jugement sur les décisions prises dans le cadre de la maladie contrairement à un certain nombre de femmes ou d'hommes politiques autoproclamés spécialistes en pandémies.
Je dois dire qu'il me semble que la gestion de la crise actuelle est plutôt positive de la part du gouvernement.
Par contre, certains propos tenus lors de la conclusion de l'allocution du Président, que vous trouverez ci-dessous en italique, m'ont particulièrement interpellé :
« Mes chers compatriotes, 
il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. 
Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché
Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. 
Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. 
Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. 
Je les assumerai. »
D'aucuns disent que rien ne sera plus comme avant cette dramatique pandémie dont nous ne connaissons pas l'issue. Rappelons nous seulement l'épisode dit de la « grippe asiatique » de 1957, complètement oubliée aujourd’hui, et qui avait contaminé 12 millions de Français et causé la mort de 100 000 personnes.
Rien ne sera plus comme avant : nous avons déjà entendu cela après la crise financière de 2007/2008 dans la bouche du Président de l'époque. 
Dans les mois qui ont suivi, on s’est servi dans la poche des contribuables et le « système » est reparti de plus belle dans un néolibéralisme effréné.
Je reste dubitatif quand à la sincérité de la parole présidentielle, nous avons été tellement floués dans le passé.

Bien sûr, il nous faut laisser passer la tempête, mais, Emmanuel Macron a employé une expression chargée de beaucoup de force : décisions de rupturealors prenons acte et date, dès maintenant, de ces propos et des résolutions qu'il a affirmé qu'il assumerai.

Jean-Claude VITRAN