mercredi 21 juillet 2010

Lettre de Salah Hamouri

Il reste bien des Bastilles à prendre... La lettre du 14 juillet ici publiée en atteste.
Ce jeune Franco-Palestinien fait les frais de la politique pro-israélienne de la France et croupit dans une prison pour un délit d'opinion.
Mais Bernard Kouchner a autre chose à faire qu'à se soucier de ce perturbateur qui se refuse à dire le contraire de ce qu'il pense...
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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14 juillet 2010

J’espère que vous lirez cette lettre…

Au pays de la révolution française qui a mis fin au féodalisme et à la servitude en propageant à travers le monde les mots de « Liberté – Egalité – Fraternité » ; à Paris, capitale d’un pays qui a résisté hautement pour se libérer de la barbarie d’une armée occupante féroce et brutale ; depuis vos bureaux à l’Elysée ou ceux du Quai d’Orsay – j’espère que vous lirez ma lettre.

Dans l’un de ces bureaux, ma mère a été finalement reçue afin de discuter des moyens pour obtenir ma libération.

Nous savons tous que la démocratie fonde le respect de la diversité des êtres humains. Elle définit les bases légales qui accordent à chacun des droits et des devoirs. Elle prône l’égalité des droits humains et refuse absolument d’établir des différences négatives et ségrégatives selon la couleur de la peau, l’origine, la religion, etc.

Comme citoyen franco-palestinien, je pensais que les autorités françaises se devaient de me protéger (comme elles le font pour tous nos compatriotes français injustement en difficulté dans le monde) alors que je vis dans un pays sous occupation militaire décidée par un gouvernement qui refuse obstinément de reconnaître et d’appliquer le droit international.

Il semblerait que ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous ait convaincu que le seul moyen pour moi de retrouver la liberté n’était pas que, lui, fasse, ce qu’il devrait faire pour cela mais qu’en plus de l’injustice que je subis que, moi, je fasse un acte d’humiliation supplémentaire : que je présente des « regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.

Je voudrais vous poser une seule question : aurait-il été acceptable pour vous que les résistants français, pendant la seconde guerre mondiale, « regrettent » leurs actes devant des tribunaux d’occupation ou de collaboration ?

Si on ne peut comparer terme à terme les deux situations, il n’en reste pas moins que la Palestine vit aussi sous occupation étrangère depuis maintenant 62 ans. Une occupation brutale qui multiplie les meurtres, qui construit des murs, qui assiège et colonise, qui expulse le plus possible de Palestiniens de leur terre ou de leurs maisons, surtout à Jérusalem-Est où je vis avec ma famille.

Devant cette occupation que vit mon peuple, je ne peux rester ni indifférent ni me taire. Je suis né et j’ai grandi dans un pays occupé et, parce que je ne peux pas me taire, je suis depuis plus de 5 ans en prison. Comment pourrais-je accepter cette occupation que vous-même avez condamnée ? C’est mon droit que de la refuser.

Dans ces conditions il n’est pas pensable une seule minute, qu’en plus de tout cela que je subis, j’en vienne à « regretter » ou à « m’excuser » de quoi que ce soit devant un tribunal militaire d’occupation.

Je soutiens la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de la solidarité des gens libres à travers le monde.

Bien à vous,

Salah Hamouri

lundi 19 juillet 2010

Vous avez dit démocratie ?

Je n’ai pas regardé la prestation télévisée du Président, le 12 juillet. Je ne regarde jamais les prestations du Président, car je pense que l’image télévisuelle fausse le jugement, mais j’ai écouté les radios et lu l’ensemble des échanges dans la presse française et internationale.

Et comme toujours, rien dans cette émission ne m’a convaincu. Pire, j’ai eu la désagréable impression que ce Président nous prenait pour des débiles, des crétins, qu’il se foutait de nous... J’en ai vraiment assez qu’avec ses amis il brade la République, celle pour laquelle tant de nos ancêtres se sont battus afin qu’elle soit une démocratie.

Rappelons nous l’article premier de la constitution de la Cinquième République : " La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances".

La valeur fondamentale est l’égalité de tous devant la loi. Cela veut dire : respect de cette notion d’égalité par ceux qui nous gouvernent et qui ont été portés au pouvoir. Cela veut dire aussi que le mot " République " est totalement antinomique du mot "privilèges ".

Imaginez une démocratie où les gouvernants exigeraient des citoyens de se serrer la ceinture au nom de l’intérêt général, et imaginez que, dans le même temps, les citoyens de ce pays apprennent que certains de ces gouvernants augmentent leurs traitements de façon démesurée, cumulent des retraites de façon injustifiée, bénéficient d’innombrables passe droits, mettent en place des avantages fiscaux accordant des privilèges aux nantis, se servent de leurs positions dans leur intérêt personnel et celui de leur famille, décident de contraindre les médias et la justice, détricotent les grands acquis sociaux du programme de rénovation sociale du Conseil National de la Résistance et ne tiennent pas compte des appels de la rue. Quel climat malsain se répandrait dans ce pays et mettrait, alors, en péril la démocratie !

Ne cherchez pas longtemps, ce pays est le nôtre. En effet, notre République démocratique est malade, gravement malade, du cynisme, de l’arrogance de ses gouvernants, mais aussi de notre constitution elle-même qui assurent la prédominance de l’exécutif sur le législatif et donne les pouvoirs démesurés d’un monarque à notre Président.

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L’histoire de notre pays est parsemée de crises de ce genre où l’accumulation des scandales ouvrait la voie aux ennemis de la République .... Heureusement, à chaque fois, dans un réflexe unitaire, l’opinion publique républicaine a su remettre le pays dans le bon chemin. N’oublions pas que c’est de nous, qui élisons nos responsables, que dépendent le respect et la mise en œuvre des valeurs de la République.

La France est une Démocratie et elle doit le rester.

Jean-Claude Vitran



mardi 13 juillet 2010

Une véritable crise de régime est ouverte

ATTAC attaque : on est, en effet, arrivé au bout de ce qui est supportable et l'irritation s'accroît, jour après jour. L'entêtement d'un président rejeté, qui n'en veut faire qu'à sa tête, avec la complicité d'une foule de courtisans, met le pays en danger et la démocratie au plus mal. À son tour, l'association ATTAC sonne le tocsin. Il faudra bien que le peuple s'éveille, celui dont on dit qu'il peut emplir les rues à sa guise mais que ça ne changera rien ! Nous pensons, tout au contraire, que le jour approche où l'on sifflera la fin de la partie. Et ce ne sera pas du football...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



Affaire Woerth-Bettencourt : refuser l’affaissement démocratique


Nicolas Sarkozy a vainement tenté hier soir de clore l’affaire Woerth-Bettencourt, à la veille de l’adoption du projet de réforme des retraites par le Conseil des ministres. En s’appuyant sur des hauts fonctionnaires aux ordres, une justice au pas et des intervieweurs complaisants, il espère faire oublier le scandale pour laisser Eric Woerth et le gouvernement imposer la réforme des retraites.

Pourtant la page Woerth-Bettencourt sera difficile à tourner. Car elle rend terriblement concrète aux yeux de dizaines de millions de citoyens une réalité que seuls des chiffres peu compréhensibles démontraient jusqu’alors. Entre 2000 et 2010, les politiques de moins-disant fiscal ont réduit de 100 milliards d’euros les recettes de l’Etat (d’après Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget à l’Assemblée). Niches fiscales pour les riches, exonérations pour les entreprises, on a creusé sciemment les déficits, le tout au nom de la « compétitivité » et de « l’emploi ». La réforme des retraites, c’est encore 20 milliards d’euros économisés pour les actionnaires au détriment des ouvriers, des salariés précaires et des femmes, dont beaucoup devront attendre 67 ans pour une retraite à taux plein.

Ils nous serrent la ceinture pour enrichir encore leurs amis et sponsors milliardaires : voilà ce que révèle crûment l’affaire Woerth-Bettencourt aux yeux de la population. La crise de la finance avait affaibli les arguments d’intérêt général sur la « compétitivité » et « l’emploi » qui servaient à justifier ces politiques. Mais avec cette affaire, c’est maintenant la rapacité et le cynisme des classes dirigeantes qui sont mis à nus. On ne peut plus s’étonner de la complaisance envers les paradis fiscaux, de la liberté totale laissée aux spéculateurs, des déclarations ronflantes mais jamais suivies d’effets sur la taxation de la finance…

Une véritable crise de régime est ouverte, qui pose la question de sa légitimité démocratique. La réforme des retraites devient aujourd’hui plus qu’une lutte entre patronat et salariat sur la répartition des richesses. Elle concerne l’ensemble des citoyens car elle met en jeu le sens même de la démocratie : peut-on laisser ces gouvernants, élus sur des promesses non tenues et qui gouvernent par le mensonge, continuer à imposer les intérêts de leur caste ? La mobilisation populaire contre la réforme des retraites doit permettre d’entraîner toute la société pour refuser cet affaissement de la démocratie dans notre pays. Attac s’y emploiera en tout cas avec toute son énergie dans les semaines à venir.

Attac France,
Montreuil, le 13 juillet 2010

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Sarko à la retraite... !

lundi 12 juillet 2010

Une « République exemplaire »

Au lendemain d'une "prestation présidentielle télévisée" non pas décevante mais hors sujet, avec des dénégations très fermes et des affirmations peu crédibles, il y a motifs à être inquiet : la République est aux abonnés absents? Car les propos de Nicolas Sarkozy sont bien imprudents ! Ils peuvent assez vite se retourner contre lui et son régime ! Nous avons, pour cela, estimé important de publier le texte ci-dessous qui essaie de répondre aux questions que se posent en leur majorité, les Français.
Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux




Une « République exemplaire », par Jean-Pierre DUBOIS, président de la LDH

Un ministre dépense cent dix mille euros pour gagner quelques heures de vol afin de participer à une réunion sur... le désastre humanitaire d’Haiti. Les survivants du séisme lui en ont-ils su gré ? Un autre, s’étant fait offrir douze mille euros de cigares par la République, explique que cela ne dépasse pas deux havanes par jour aux frais du contribuable. Business as usual ? Une de leurs anciennes collègues,
icône de la morale traditionaliste, a accepté neuf mille cinq cent euros par mois pour réfléchir sur la mondialisation, outre ses six mille euros de retraite parlementaire et ses deux mille six cent euros de conseillère générale. Voilà une retraitée à l’abri du besoin...

Quant au ministre chargé précisément de faire voter l’inéquitable des réformes des retraites, il ne voit pas le moindre conflit d’intérêts, dans le fait que, alors ministre du Budget et en même temps trésorier de l’UMP, il ait invité à dîner, dans un palais de la République, deux gros contribuables, deux donateurs à l’UMP et impliqués dans des affaires de fraudes fiscales, et qu’il leur ait personnellement remis la Légion d’honneur, cependant que son épouse exerçait, sous l’autorité hiérarchique directe de l’un des heureux décorés, le métier de conseil en évasion fiscale... Tout en gérant par ailleurs une écurie de courses qui s’est fort bien trouvée d’un avantage fiscal voté sur la proposition de son mari. Lequel mari, maire de
la fort huppée ville de Chantilly, s’amusait il y a peu d’être si souvent invité à dîner par de gros contribuables familiers de son champ de courses.

Et l’opposition ose taxer de « rigueur » des gouvernants si enclins à la « souplesse »...

Heureusement, l’« omniprésident », qui avait promis « une démocratie exemplaire » avant de faire retraite sur le yacht de Bolloré, a décidé que désormais les ministres paieraient sur leurs propres deniers leurs dépenses personnelles, sans mesurer l’énormité de l’aveu contenu dans le « désormais ». Et il s’agirait de « réduction du train de vie de l’Etat », comme si tout cet argent était allé auparavant à l’Etat : argent des gouvernants et argent de l’Etat, serait-ce un tout ?

Le sens du sacrifice de Nicolas Sarkozy, qui supprime la garden party du 14 juillet, ne va pas jusqu’à renoncer à son « long courrier présidentiel » (cent quatre-vingt millions d’euros...), ni à l’auto-augmentation de 172 % de son traitement : « gagner plus », disait-il... D’ailleurs, au-dessus de monsieur Woerth à la fois « trésorier » de la République et de l’UMP, il y a un président de la République... et de l’UMP.
Pourquoi accumuler ces indices des moeurs décomplexées et de l’inconscience des actuels gouvernants ?

En quoi tout cela, qui soulève le coeur de nombreux citoyens, regarde-t-il la LDH ?

D’abord, nous savons depuis Montesquieu qu’il n’est pas de République sans vertu civique. Et tout manquement à cette règle se paie cher en poujadisme « antipolitique ». Que l’arroseur populiste se retrouve ici arrosé ne saurait nous réjouir, alors qu’au début d’une crise sociale gravissime l’extrême droite monte dans toute l’Europe.

Ensuite, l’indécente juxtaposition de cette avidité « décomplexée » et du discours sur les « privilégiés » de la Fonction publique passe les bornes de l’admissible dans une République qui a intégré, dans ses normes constitutionnelles, l’article 6 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : « La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. »

La fange éclabousse ainsi tous les principes démocratiques, et délégitime tous ceux qui s’y vautrent : comment exiger des citoyens un respect qui ne se commande pas mais se mérite ? En vérité, lorsque cessera cette honte pour la République, il faudra non seulement rouvrir un chemin pour le progrès des droits, mais refonder le pacte de confiance entre les citoyens et leurs représentants. Et le plus tôt sera le mieux.

vendredi 9 juillet 2010

Au-delà des péripéties financières.

Chaque jour apporte son information.



Une information qui n'en est pas une : les riches approvisionnent la droite. Évidemment !
Que la plus riche femme de France arrose l'UMP n'est pas un scoop.
Ce qui l'est, c'est que la preuve en soit apportée.

Les cris d'orfraie des ministres qui craignent pour l'effondrement du système s'expliquent.
Les protestations d'innocence de Sarkozy sont dérisoires, voire comiques.

Car soyons simplement logiques (nous ne disposons pas d'informations autres que celles qui émergent du grand bassin à "phynance") : l'ex comptable de Mme Bettencourt est soit naïve et inconsciente, soit "règle ses comptes" (c'est le cas de le dire), soit est... folle.

Elle délivrerait des informations qui peuvent faire sauter le gouvernement et ne s'en rendrait pas compte, ou elle s'en rendrait compte trop tard, ou elle s'en moquerait ! Foin de petite psychologie, les faits sont là, devant l'opinion : on a distribué, et cela a été vu, des petites et/ou grosses enveloppes à des hommes et femmes politiques proches du pouvoir actuel. Peu importe combien et peu importe qui, mais ce qui ne quittera plus les esprits des Français, c'est que tout ce beau monde "touche", est du côté du luxe, et cela se sait au moment où de lourds sacrifices sont demandés.


Ubuesques Mensonges Permanents

En bonne démocratie, cela devrait conduire à une démission immédiate. Sous la Vème République, depuis De Gaulle, le Chef de l'État ne quitte le pouvoir que s'il le décide et pas sous la pression de "la rue", ("la rue", c'est nous, la masse des sujets, la populasse, quoi...).

En cette période difficile à vivre, la manifestation de la complicité entre tous les Grands (par la fortune et le pouvoir) est pré-révolutionnaire et, comme avant toute Révolution, on ne sait ni quand ni comment ça va exploser, mais, désormais, on le sait : rien ne sera plus comme avant.

La France doit choisir entre le ressaisissement et le dégoût (la démocratie rénovée ou la dictature populiste, la VIème République ou la droite extrême). L'opposition a beau tempêter, elle ne dispose pas d'arguments suffisamment crédibles pour entrainer le peuple vers une alternative ordinaire. Le PS et ses alliés ne sont pas en mesure de donner à penser qu'ils incarnent un véritable renouveau. Au reste, les événements européens montrent que le libéralisme, le monde des affaires, loin de reculer, marque des points. Des grèves, ici ou là, en Grèce ou au Portugal, ne manifestent pas une rébellion mais une simple protestation, ce dont les nantis se moquent.

L'épisode français a ceci de particulier que le pouvoir est, sinon à terre (il n'est pas à ramasser), du moins trop affaibli pour pouvoir faire mieux que se crisper. Il est donc très redoutable car il joue son va-tout.

Après le gâchis énorme de la vaccination inutile qui a engraissé les laboratoires pharmaceutiques, après l'épisode ridicule de la mise en accusation d'un trader qui aurait, seul(?), fait perdre des milliards à la Société Générale, après l'épisode grotesque de la Coupe du Monde de football où l'on a tenté de mettre sur le dos de richissimes enfants gâtés, un échec de la finance sportive, voici la révélation non surprenante, mais désormais éblouissante, de la source des scandales : le pouvoir est entre les mains des plus riches et ils comblent de biens leurs serviteurs.


Ubu Roi.

Sots et naïfs que nous sommes ! Notre servitude est vraiment volontaire ! Rien de neuf dans tout cela : cela fait des siècles et des siècles qu'il en est ainsi. Sauf..., sauf que trop c'est trop, et que le mot même de démocratie, dont tout le monde se gargarise, ne recouvre plus le concept, tellement dévalué qu'il va falloir le retailler à la mesure d'une population instruite, informée et en mesure de se prendre mieux en main. Secouons notre indigne tolérance de l'intolérable ! Dans un siècle où tout est fragilisé, il est urgent que d'un mal nous puissions retirer autre chose que de la résignation ! C'est plus qu'une question de dignité, c'est une question de foi en l'avenir, ce dont aucune civilisation ne peut se passer.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran