vendredi 26 avril 2024

RETRECISSEMENT INTELECTUEL ou L'APPAUVRISSEMENT DE LA PENSEE

 Les développements technologiques posent des questions fondamentales et inquiétantes pour l'avenir de l'humanité et son évolution intellectuelle.

Les chercheurs s'accordent pour constater que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés. Ils constatent une diminution du vocabulaire utilisé entrainant un appauvrissement de la langue. 

Cet appauvrissement conduit à une incapacité à exprimer une émotion et à structurer une pensée. 

D'après les mêmes spécialistes, il semblerait qu’une partie de la violence de notre société provient de l’impossibilité à qualifier les émotions par des mots. 

Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

Comment en sommes-nous arrivés à cette situation?

Je pense que c'est la révolution numérique en cours qui, pleine de promesses positives, engendre la naissance d'un homo œconomicus hyper assisté qui n'a plus besoin de faire d'efforts de réflexion car la machine se substitue à lui. 

Cet assistanat développe une paresse psychique favorisant un rétrécissement intellectuel synonyme d'appauvrissement de la pensée et de régression.

Les capacités intellectuelles et cognitives, comme la souplesse du corps, doivent être entretenus par une gymnastique permanente.

Voici quelques exemples : 

il y a quelques dizaines d'années :

- Nous utilisions une carte routière pour aller d'un point à un autre. 

Maintenant, le GPS nous prend par la main et nous guide à destination. 

Qui, aujourd'hui, sait encore se servir d'une carte routière ?

- L'école nous entrainait au calcul mental, puis on a vu apparaître les mini calculettes, ensuite le mobile qui fait les calculs à notre place.

Qui, aujourd'hui, sait encore faire des calculs mentaux ?

- Nous écrivions des lettres à nos familiers, aux administrations, etc 

Maintenant, nous communiquons sur nos smartphones et nos tablettes en envoyant de brefs messages rédigés en langages texto ou SMS la plupart du temps sans respect de l'orthographe et sans message de civilité.

Qui, aujourd'hui, est encore capable de faire un courrier conventionnel avec une formule de politesse adaptée ?

- Certains qui nous veulent du bien, surtout à nos portefeuilles, nous préconisent de laisser agir la machine à notre place - ChatGPT, par exemple.

Pourquoi se fatiguer les méninges puisque la machine nous remplace ?

Il y a pire, car en naviguant sur le web nous sommes « profilés1 » dans le but de connaître nos goûts, nos désirs et nos opinions, mais aussi, éventuellement en vue de nous manipuler.

Alors, nous sommes abreuvés de publicités, de communiqués ... correspondant à notre profil, qui si notre esprit critique et notre méfiance ne sont pas en alerte, nous enferment dans un couloir de pensée bienveillant dont il est difficile de sortir. Cette situation abolit notre envie de confrontation intellectuelle car on préfère, toujours, se rassembler avec qui pense comme soit.

- Pour terminer, je crois qu'il est inutile d'ajouter à ce triste tableau les réseaux sociaux dont on peut constater chaque jour la perversité.

A la lecture des propos ci-dessus de nombreux lecteurs penserons qu'il s'agit de ceux d'un « vieux con » qui pense que c'était mieux avant.

Cette assertion est tout à fait plausible.

Pourtant, j'engage ces lecteurs à réfléchir longuement aux avantages et aux inconvénients que nous apporte ce nouveau monde.

Il a d'extraordinaires intérêts, mais, comme un marteau qui peut devenir une arme, il permet un facile asservissement de l'humanité par des individus et des politiciens sans scrupule et seulement attirés par le pouvoir et l'argent.


Jean-Claude VITRAN

1 Récupérer, à son insu, l'ensemble des caractéristiques psychologiques d'un individu.

dimanche 21 avril 2024

LE LOTO DE CARLOS TAVARES

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, touchera plus de 36,5 millions d'euros pour sa rémunération de 2023.

"Comme pour un joueur de foot ou un pilote de Formule 1, il y a une dimension contractuelle. Au-delà, il y a la dimension sociétale. Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et je la respecterai". Tel est le commentaire abject de Carlos Tavares lorsqu'on s'offusque de l'énormité de la somme.

Je ne porterai pas de jugement sur la personnalité de cet individu, il serait trop méprisant.

A titre indicatif, le salaire annuel net de Kylian Mbappé au PSG est de 56 millions et celui de Max Verstappen de 64 millions, sans compter les contrats publicitaires.

A titre indicatif aussi, M. Martin, cariste chez Peugeot à Sochaux, a été augmenté de 15 euros brut mensuels et il touche en moyenne 26 000 € de salaire annuel.

En 2022, la rémunération du directeur général de Stellantis, devait atteindre 66 millions d’euros et le chef de l’État, grand spécialiste de la parole mais pas des actes, avait jugé cette somme "choquante" et "excessive". Il avait, alors, promis d'imposer un plafonnement des revenus des patrons au niveau européen. 

Deux ans plus tard, rien n’a changé. 

Ce qui est surprenant, c'est l'évolution de la rémunération du DG de Stellantis :

En 2015 : 5,24 millions d'euros, considéré par la CGT comme « complètement indécente »

En 2019 : 7,6 millions d’euros. 

En 2021 : 19 millions d’euros.

En 2022 : 23 millions d'euros.

En 2023 : 36,5 millions d'euros.

Selon un rapport d'Oxfam France, 3h30 de travail du PDG de Stellantis suffisaient cette année-là pour gagner le salaire annuel moyen de ses employés et la CFDT de Sochaux note que 36,5 millions d’euros, cela donne une moyenne de 100 000 euros par jour. On parle particulièrement de Carlos Tavarès, mais il n'est pas le seul, loin s'en faut, il y a, par exemple, Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, 33 millions € l'année dernière ou Dave Calhoun, PDG de Boeing, les avions en carton, 33 millions $ annuel.

Que la vie doit être compliquée pour ces braves gens. Etre obligé, chaque jour, de se creuser la tête pour savoir comment dépenser tout ce pognon !!!!

Il me semble que la devise de notre pays est LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE.

Nous savons tous que la véritable égalité est une utopie impossible à atteindre, mais il est des bornes qui ne devaient pas être dépassées sous peine d'indécence et d'une explosion sociétale.

De plus, nous nous posons tous des questions sur la flambée de violence de la société actuelle, mais ces dérives cyniques et le manque de considération pour les citoyens moyens n'en sont ils pas une des conséquences ?


Jean-Claude VITRAN



jeudi 4 avril 2024

QU'IL EST BON DE NE RIEN FAIRE ...

 Il semble que de nouveau, le Gouvernement, par son premier ministre, veut faire croire aux Français que le travail est la vertu cardinale. 

Il veut faire croire que les chômeurs sont des fainéants et qu'ils doivent être remis au travail rapidement.

C'est simplement parce que ces gouvernements néolibéraux confondent TRAVAIL et CROISSANCE.

Il faut de la croissance pour combler la dette !!!!!

On veut nous culpabiliser alors que nous sommes, comme beaucoup d'économistes le clament depuis de nombreuses années, victimes d'un « quoi qu'il en coûte » peu courageux.

Question fondamentale : sommes-nous programmés pour travailler ?

Programmés pour penser, pour certains, certainement ; mais pour travailler rien n’est moins sûr !


N’avons nous pas été manipulés au cours des siècles, au point de croire que le travail est une vertu sociale. La vertu des vertus.

Connaissez-vous le verbe « loisirer », « vacancer » ou bien « oisiver » ? 

Non bien sur, il n’existe aucun contraire au travail, je vous entends objecter si « se reposer », non, puisque lorsqu’on se repose, on ne fait rien.

Vous ne dites pas « je loisire » pour prendre du travail mais je travaille pour prendre des loisirs.

Encore que les plus démunis d’entre nous, et ils sont nombreux, travaillent seulement pour (sur)vivre. 


La fonction travail est toujours mise en avant.


Vous dites d’un chômeur qu’il a perdu son travail, vous ne dites pas qu’il a gagné du repos.


Même mon Beau-Père qui, retraité depuis 20 ans, ne perd pas les habitudes de sa femme, a beaucoup de travail toute la semaine, ( à croire même qu’il se repose moins qu’avant… lorsqu’il travaillait ).


Vous êtes fatigués : vous vous reposez la fin de semaine pour être en forme pour aller travailler le lundi. Je ne vous ai jamais entendu dire, le jeudi matin : « je vais moins travailler aujourd’hui et demain pour pouvoir loisirer, après m’être reposé en fin de semaine.

Ne dites-vous pas à vos enfants « couche-toi de bonne heure, demain, tu travailles » ?

Nos ancêtres étaient-ils assez idiots pour avoir inventer le travail ?


Mais non !


Ils jardinaient, ils chassaient, ils péchaient, … ; termes qui sont d’ailleurs passés dans le langage des loisirs, pardon, de la consommation ; tout cela pour manger, vivre et loisirer, car ce verbe, je loisire avec Germaine, par exemple, existait sans doute dans le langage de l’homme de Neandertal.

Si la grotte de Lascaux n’était pas fermée, vous le liriez sur ses murs.


Il a été oublié, enfoui, enterré, piétiné ou plutôt il est devenu un péché quand, au retour d’une partie de pêche, ils ont rencontré le premier curé ou le premier capitaliste néolibéral venu.


Le curé leur a dit : « C’est mal de vivre ainsi, Dieu a dit vous êtes condamnés à gagner votre vie » ; ce qui est une escroquerie puisque de toute façon on la perd.

Le capitaliste néolibéral a dit : « je ne vais pas vous engraisser à rien foutre, travaillez pour gagner votre vie » ; ce qui est une escroquerie aussi puisque c’est lui qui s’engraisse ; avez-vous déjà vu un capitaliste rachitique et malingre ?


C’est peut-être un raccourci rapide ; mais dire que Dieu est capitaliste, (attention le contraire n’est pas vrai), sauf peut-être pour un LR ou pour un socialiste, est un bon résumé de la situation, puisque tous les deux nous font perdre notre vie à la gagner

Travailler plus pour gagner plus est donc une escroquerie ! CQFD.


Travailler moins pour travailler tous, me semble bien plus intelligent, mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai.





Jean-Claude Vitran.




dimanche 17 mars 2024

SI TU VEUX LA PAIX, PREPARE LA GUERRE.

 Comme je l'ai déjà écrit, je ne suis pas macronien, nous avons trop de divergences, cependant, j'ai écouté attentivement son interview du 13 mars et je souscris à ses propos sur la situation entre l'Ukraine et la Russie.

Il n'a d'ailleurs jamais dit qu'il allait envoyer des troupes françaises sur le sol de l'Ukraine, contrairement aux manipulations des groupes d'opposition et de certains gouvernements européens, mais que c'était une éventualité qu'il fallait avoir à l'esprit pour éviter la défaite de l'Ukraine.

En effet, il est impensable d'imaginer que Poutine et ses séides puissent sortir vainqueur de cette confrontation. Les conséquences d'une défaite de l’Ukraine seraient un désastre pour l’Europe et pour notre pays.

Il n'y a que certains politicards aveugles qui par calculs politiciens ne veulent pas voir que Vladimir Poutine a perdu toute mesure ; que sa mégalomanie, son mépris des autres sont sans borne et vont amener le monde à l'abime si on ne tente pas de l’arrêter dans sa folie.

Car contrairement à un certain nombre « d'experts1 » je pense que Poutine est fou. Ce n'est un fou furieux… au contraire, son profil est plutôt celui d'un psychorigide, qui va au bout de sa logique et ne recule jamais.

La majorité de nos contemporains voit dans le fou, un personnage avec un entonnoir sur la tête jouant de la flute ... non, la plupart d'entre eux sont intelligents, seulement ils ont perdu tout contact avec la réalité et évoluent dans un autre monde.

Le psychiatre Daniel Zagury dit que « les signes de la paranoïa sont la psychorigidité, l’orgueil, la fausseté du jugement, l’hypertrophie du moi et la méfiance »

Je trouve que ces caractères correspondent tout à fait aux attitudes de Poutine.

Il n’a plus aucune limite, tout lui est désormais permis. La haine de ce qui résiste à ses visées expansionnistes ne peut que s’accompagner d’un excès passionnel.

Pauvre Russie et pauvres Russes. En effet, Vladimir Poutine n'est qu'un raté qui depuis plus de 20 ans à la tête d'une nation particulièrement riche de ses réserves pétrolières et gazières, de ses immenses ressources minières n'a pas su en faire une des grandes nations développées du monde, mais a laissé son peuple vivre au niveau du seuil de la misère, pour sa jouissance personnelle et celle d'une mafia qui agit à son service.

Je suis d'autant plus inquiet des individus de cette nature qu'il est impossible de connaître leurs limites. 

Avec cette guerre, Poutine met en jeu le destin de son pays, mais aussi le notre. C'est une guerre existentielle, dans tous les sens du terme, et cela a de quoi nous effrayer.

C'est pour cette raison qu'Emanuel Macron a raison ; il faut faire comprendre à Poutine que nous ne le laisseront pas continuer ses agissements expansionnistes et ses folies mégalomanes. 

Ne pas le faire aujourd'hui, c'est obérer notre avenir et celui de nos enfants.


Jean-Claude VITRAN


PS : Comme c'était écrit par lui-même, Poutine est sorti vainqueur de son auto désignation à la tête de la Fédération de Russie. Il n'y a pas lieu de l'en féliciter, car d'habitude, les mafieux et les criminels ne sont pas honorés mais jetés en prison.


1Je n'ai pas la prétention d'être un expert.

jeudi 7 mars 2024

8 MARS, L'HYPOCRISIE DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES.

 Proclamer le 8 mars de chaque année « journée internationale des femmes1 » est une imposture. Cela veut peut-être dire que les 364 autres jours sont les journées de l'homme.

Comment, Mesdames, pouvez vous accepter une telle hypocrisie et pour aller encore plus loin, comment pouvez vous accepter d'être réduite en esclavage depuis si longtemps ?

Victor Hugo écrivait en 1870 : Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femmeDans notre législation telle qu’elle est, la femme ne possède pas, elle n’est pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse.

Cela fait maintenant plus d'un siècle qu'il tenait ces propos et vous êtes toujours contraintes de vous battre pour faire reconnaître votre égalité avec les hommes, et en plus, malheureusement beaucoup d'entre vous payent un tribut fatal à la domination et à la stupidité masculine. 

Un simple chiffre : environ moins 22 % de salaire par rapport au même poste masculin.

Bien sûr, il y a eu des évolutions depuis la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de Olympe de Gouges, mais il fallut attendre 1944 pour vous voir reconnu, après d’âpres combats, le droit de vote, puis 1965 pour que vous puissiez exercer une profession et/ou ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de votre mari, de votre père ou votre frère.

Pourtant, pour ne prendre qu'un seul exemple dans l'histoire, vous avez activement participer à la défense et au développement de notre pays.

En effet, il y a une centaine d'année se terminait la Grande Guerre et notre mémoire doit saluer le rôle exemplaire de nos mères et grands mères, dans ce conflit.

Sans leur engagement, la victoire n’aurait pas été possible. 

Elles ont connu une mobilisation sans précédent. La plupart d'entre elles ont remplacé les hommes enrôlés dans l'armée en occupant des emplois civils ou dans les usines de fabrication de munitions. 

Dans les campagnes les femmes ont assumé les travaux des champs à partir de l’été 1914. 

Des milliers ont servi dans l'armée dans des fonctions de soutien, par exemple en tant qu'infirmières. 

Pourtant, la fin de la guerre se traduit par un renvoi massif des femmes des secteurs de l'économie auxquels le conflit leur avait donné accès.

Au moment de l'armistice, ingrat, plutôt lamentable, le gouvernement les incite à retourner à leurs activités antérieures : 

« On a plus besoin de vous, retournez donc à vos casseroles ! »

On considère souvent que la Grande Guerre a marqué un tournant dans l’émancipation féminine. C'est faux, car s’il est vrai qu’elles obtiennent un nouveau statut durant la guerre, au moment de l’armistice, leurs conditions de vie redeviennent comme avant.

En 1919, la question du droit de vote des femmes est débattue à la Chambre et 78 % des députés vote positivement, mais le Sénat, se contente d'un hommage aux femmes françaises et enterre la proposition.

Les députés reviennent à la charge en 1925, 1932, 1935 et 1936 mais à nouveau le sénat conservateur bloque le projet.

Il faudra attendre le 21 avril 1944 pour qu'elles obtiennent le droit de vote et 1965 pour qu'enfin, elles puissent ouvrir un compte bancaire et conclure un contrat de travail sans l'autorisation de leurs pères, de leurs frères ou de leurs maris.

Il est clair que, à moins d'y voir une nano avancée, fêté une fois par an la Femme est une hypocrisie car à part l'égo démesuré de nombreux machistes, attardés intellectuels et conservateurs bornés, qu'est-ce qui permet d'imaginer que la femme est inférieure à l'homme ?

Quelques éléments pour enfoncer le clou et clore le bec à tous les hommes qui se croient supérieurs :

A la fin du CM2 près d’un quart des élèves ne maîtrisent pas la lecture et la très grande majorité sont des garçons.

Le baccalauréat est majoritairement féminin : 86 % des filles ont leur bac contre 72 % des garçons. 

Si on considère tous les élèves en grande difficulté ou en échec, qu’il s’agisse au niveau scolaire ou du comportement 80% sont des garçons.

Dernier fait intéressant, 71 % des filles lisent régulièrement, contre 52 % des garçons.

On pourrait trouver bien d'autres faits qui réfutent l'infériorité des femmes ... mais je me suis fait suffisamment d'ennemis pour ne pas continuer.


PS : Même si les progrès sont très, trop, lents, iI y a lieu de célébrer une avancée positive. L’introduction de l'IVG dans la Constitution de la République par le Congrès tenu à Versailles le 4 mars et présidé par une femme, ce qui est tout à fait symbolique.

Cependant, j'entends dire que celle-ci serait gravée dans le marbre.

J'apporterai un bémol à cette affirmation, car, même si cela paraît effectivement compliqué la Constitution peut toujours être modifiée. 

Aux démocrates de faire barrage à la stupidité des con servateurs extrêmes.

1https://fr.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9e_internationale_des_femmes

Jean-Claude Vitran

vendredi 1 mars 2024

Total Energies veut faire taire Greenpeace sur son bilan carbone :

 Tribune collective publiée dans Libération signée par Patrick Baudouin, président de la LDH

La multinationale, dont le bilan carbone serait quatre fois plus élevé que ce qu’elle annonce, assigne en justice la filiale française de l’ONG pour «diffusion d’informations fausses et trompeuses» le 29 février. Cécile Duflot, Cyril Dion ou Camille Etienne dénoncent une procédure-bâillon et demandent une condamnation pour «poursuite abusive au nom de la liberté d’expression».

C’est une inquiétante première pour l’Hexagone : une multinationale pétro-gazière cherche à museler une ONG environnementale pour avoir dénoncé sa responsabilité climatique. Le 28 avril 2023, TotalEnergies a assigné en justice l’association Greenpeace France en raison de la publication d’un rapport qui interrogeait l’évaluation et la transparence de la major sur ses émissions de gaz à effet de serre (« Bilan carbone de Total : le compte n’y est pas », publié en novembre 2022). Cette procédure, dans laquelle TotalEnergies demande au juge d’ordonner la suppression pure et simple du rapport, constitue une menace grave pour la liberté d’expression sur les enjeux du dérèglement climatique et la responsabilité de l’industrie fossile dans celui-ci.

Ce type de stratégie judiciaire porte un nom : procédure-bâillon. Une procédure complexe devant les juridictions civiles, nécessairement coûteuse pour Greenpeace, et qui peut être très longue, dans l’intention d’intimider et de faire taire quiconque serait tenté de questionner le bilan carbone de TotalEnergies.

La stratégie judiciaire de TotalEnergies interroge d’autant plus que la comptabilité carbone est par essence une science d’estimation, et surtout une expertise en cours de perfectionnement. Le travail de contre-expertise, comme celui qu’a mené Greenpeace, est essentiel et doit être protégé car de la comptabilité carbone dépend la capacité d’évaluer la réalité des émissions et donc de définir des stratégies climat solides et les réductions d’émissions nécessaires. Au-delà de Greenpeace France, TotalEnergies cherche donc à entraver la production d’études et de contre-analyses sur un champ de recherche pourtant fondamental pour le climat.

Il n’est pourtant un secret pour personne, encore moins pour les experts scientifiques du climat, qu’aujourd’hui les entreprises les plus polluantes tordent les notions scientifiques à leur avantage. Ainsi, dans une tribune parue dans le Monde, Valérie Masson-Delmotte, Céline Guivarch ou encore Jean Jouzel, citant TotalEnergies, rappelaient qu’à l’heure actuelle «chaque compagnie pétrolière retient sa propre définition de la neutralité carbone», dénonçant le manque de transparence de l’industrie pétro-gazière sur ses objectifs climatiques.

Derrière son slogan vertueux de major de l’énergie responsable et ses publicités vantant le développement d’énergie renouvelable, le modèle économique de l’entreprise repose en réalité sur une production globale d’énergie fondée à plus de 98 % sur l’exploitation mortifère du gaz et du pétrole.

Des conséquences irréversibles pour les pays et les populations

La science est pourtant formelle : à rebours de la stratégie industrielle de TotalEnergies, il est impératif de réduire drastiquement l’extraction de combustibles fossiles et de mettre un terme à tout nouveau projet d’exploitation d’hydrocarbures. Sans réduction drastique et immédiate de nos émissions, les conséquences vont être terribles et irréversibles, des territoires deviendront invivables ou seront impactés par des catastrophes climatiques qui font d’ores et déjà des dizaines de milliers de victimes et coûtent plusieurs milliards d’euros en reconstruction. Des conséquences lourdes pour les populations et les pays les moins responsables du changement climatique qui n’ont pas les moyens financiers d’y faire face.

Pourtant, la major continue d’investir dans l’expansion de plusieurs dizaines de projets d’extraction et elle est numéro 2 au classement mondial des entreprises impliquées dans des mégagisements fossiles. Derrière les projets EACOP et Tilenga qui illustrent de façon emblématique cette logique d’expansion, se cachent ainsi de nombreuses «bombes climatiques». TotalEnergies participe également au développement de nombreux projets de gaz liquéfié, alors que l’Union européenne devrait cesser toute importation de gaz liquéfié avant 2030 si elle veut respecter ses engagements climatiques. Elle investit aussi lourdement dans le gaz de schiste extrait par fracturation hydraulique alors que ce procédé extrêmement polluant est interdit en France.

De Bolloré à Vinci, en passant désormais par TotalEnergies, les exemples de multinationales qui cherchent à réduire au silence journalistes et ONG se multiplient. Mais la menace judiciaire ne fera taire ni les organisations du mouvement climat, ni la science, ni les millions de personnes mobilisées pour faire primer l’intérêt général sur les profits financiers.


mercredi 28 février 2024

l'humanité est dans une impasse.


A part pratiquer la démagogie, pourquoi E. Macron s'engage t'il auprès des agriculteurs à promettre des prix planchers ?

Cette promesse est contraire au modèle économique qui régit tous les échanges mondiaux. 

Depuis la fin du siècle dernier, le modèle économique des gouvernements français et des autres pays, aussi bien démocratiques qu'autoritaires ou totalitaires, est le capitalisme dans son concept néolibéral. (même la Chine a fait ce choix)

C'est tout pour le marché, rien que pour un marché de concurrence libre et non faussée. 

Dans ce modèle, les Etats n'ont aucune possibilité de fixer les prix sinon à sortir de l’orthodoxie du FMI et des institutions financières mondiales. L'interdépendance internationale est absolue et la marge de manœuvre de chaque pays est proche de zéro.

Nous avons tous en mémoire l'exemple de la Grèce qui a voulu sortir de ce système économique avec les conséquences désastreuses sur sa population qui par pans entiers est tombée dans la misère.

Les partis politiques qui nous font croire qu'ils pourraient modifier cette politique gravée dans le marbre et regagner de la souveraineté sont des manipulateurs et des menteurs qui conduiraient rapidement le pays dans une impasse surtout que celui-ci est déjà d'une santé économique chancelante. (Plus de 3000 milliards de dettes)

Un autre exemple : pourquoi parle t'on de transition écologique, alors que l'on sait très bien que celle-ci est impossible sinon à changer de modèle économique ?

Une VRAIE transition écologique obligerait chacun de nos contemporains à modifier son monde de vie pour aller vers plus de sobriété. 

Un essai a été tenté, il y a quelques temps, avec la mise en place d'une taxe carbone sur les carburants, cela a conduit le pays à la séquence des « gilets jaunes » et à une onéreuse instabilité qui reste toujours latente.

Une vraie transition écologique obligerait à modifier la consommation de chacun d'entre nous.

Demandez donc aux constructeurs automobiles d’arrêter la production de gros SUV et au public de ne plus les acheter !

Demandez donc aux CAC40 d'ignorer la croissance et les résultats à deux chiffres !

Je pourrais multiplier les exemples, mais est-ce utile ?

Le néolibéralisme a besoin de la consommation et le consommateur, dopé à la publicité, aux crédits, aux déviances … a besoin du néolibéralisme.

Surtout, ne pensez pas que je défends ce système économique, pas le moins du monde, car je crois qu'il nous conduit au néant. 

Mais, en dehors de toute idéologie, j'essaie, inlassablement, d'imaginer une sortie à cette perversité, car c'est bien de cela qu'il s'agit, mais, à part les contes de fées ou les baguettes magiques, je ne vois pas d'issue.

Comme le savant Frankenstein, l'humanité a façonné un monstre, le consumérisme, dont personne n'a plus la maitrise.

Jean-Claude Vitran

 

lundi 26 février 2024

REPUBLIQUE MACRONIENNE

 La République de Macron, c'est la République du théâtre !

samedi 17 février 2024

Emotion et colère après l’assassinat d’Alexeï Navalny

 En plus de l'émotion soulevée par l'assassinat de Alexeï Nalvany, car il s'agit bien d'un assassinat, une sourde colère à l'encontre de W. Poutine ( Putin en Russe ) monte en moi.

Je suis contraint de retenir ma rage, car les mots que j'emploierai pour qualifier cet énergumène n'ont pas leur place dans ce blog.

Cet acte odieux nous fait comprendre que le goulag est toujours d'actualité et qu'il n'y a rien à attendre de Poutine et de ses séides.

Il faut vraiment que les démocraties soient vigilantes et réactives car la folie du dictateur russe est sans limite.

Il faut absolument aider l'Ukraine dans son combat contre la Russie sinon nous allons vers un conflit généralisé.

Comme il serait bon d'imaginer que le sens de l'histoire change et que dans un avenir proche, le tyran aille, lui aussi, en villégiature dans le nord de la Sibérie.

Jean-Claude Vitran



Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) s’associe à l’émotion et la colère qui s’expriment après l’assassinat d’Alexeï Navalny, nouvelle victime du régime poutinien après tant d’autres dont Boris Nemtsov et Anna Politkovskaïa.

La violence terroriste d’Etat qui se manifeste encore une fois est une caractéristique majeure d’un pouvoir qui a écrasé Alep sous les bombes, rasé Grozny comme Marioupol, et sème la mort partout en Ukraine.

Cette violence à répétition et le cynisme traduit par les mots du régime poutinien à chaque nouvel épisode de sa chevauchée mortifère apparaissent de plus en plus comme une composante des désordres du monde actuel, auxquels contribuent aussi les relations multiformes qui se sont établies au fil des années entre les extrêmes droites de tous pays et le régime de Poutine.

La généralisation de toutes sortes de violences mises en œuvre par des Etats, y compris se réclamant de la démocratie, participe de la spirale délétère qui entraine vers toujours davantage de barbarie, de négation des droits humains à travers le monde. Il y a urgence à penser le combat pour la défense de la démocratie comme un combat universel, qui se mène dans toutes les arènes, locales, nationales, internationales. Un combat qui porte celui de toutes les solidarités avec celles et ceux qui se battent pour l’effectivité des droits universels.

La LDH participera aux initiatives qui vont être appelées dans les prochains jours pour manifester son indignation face à l’assassinat d’Alexeï Navalny. Elle sera aux côtés des opposants au régime poutinien qui sont réfugiés en France.

Ici comme là-bas, la LDH sera avec toutes celles et ceux qui sont solidaires avec les victimes russes du régime, et tout particulièrement avec l’association Mémorial alors que s’ouvre aujourd’hui le procès d’Oleg Orlov.

Paris, le 16 février 2024


dimanche 11 février 2024

ROBERT BADINTER : " C'EST UN HOMME D'ABORD "

 

Lorsque j'ai appris le décès de Robert Badinter, une immense tristesse m'a envahi .

En effet, c'est à cause de lui, ou plutôt grâce à lui, que je suis depuis de nombreuses années militant des Droits de l'Homme. 

Depuis ce jour de 1981 où du haut de la tribune de l'Assemblée Nationale il a lancé son magnifique réquisitoire contre la peine de mort en France et qu'il a réussi à convaincre une majorité de députés qui ont voté l'abolition. 

Pour avoir lu les écrits d'Albert Camus et de Victor Hugo sur le sujet, j'étais déjà partisan de l'abolition, mais son extraordinaire intervention a achevé de me convaincre et j'ai tout de suite senti que nous étions face à un personnage hors du commun.

Robert Badinter n'était pas seulement un Homme, c’était l'humanisme personnifié. 

Il était une vigie, une conscience de la République et sa parole va nous manquer. 

Un amoureux des Lumières, infatigable militant des Droits de l'Homme, c'était le pourfendeur de tous les extrémismes et de tous les négationnistes.

Gardons à l'esprit une phrase qu'il a prononcé et qui résume son immense humanité :

"Tu défends un homme qui a tué ou volé, parce que c’est un homme d’abord"

C'EST UN HOMME D'ABORD

Jean-Claude Vitran

Communiqué LDH

Robert Badinter : nous avons perdu un combattant acharné de la justice

Figure tutélaire majeure de la vie politique et judiciaire, de la devise de la République : « Liberté, égalité, fraternité » et bien sûr de la LDH (Ligue des droits de l’Homme), c’est avec émotion que nous apprenons le décès de Robert Badinter.

Remarquable avocat pénaliste qui s’est toujours battu pied à pied devant les juges, un des rares grands garde des Sceaux de notre époque, président du Conseil constitutionnel, il était aussi membre de la LDH depuis 1972, de son Comité national de 1976 à 1981 et membre honoraire jusqu’à ce jour.

S’il a tout particulièrement marqué l’histoire par son immense combat pour l’abolition de la peine de mort, il était également engagé pour la justice internationale et plus particulièrement en faveur de la création d’une juridiction pénale internationale permanente, mais aussi contre l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie et toutes les formes de discriminations.

Pour la constance, la justesse et l’exemplarité de ses engagements, parce qu’il a longtemps participé et enrichi le débat démocratique au sein de l’association, la LDH salue sans aucune réserve la mémoire de Robert Badinter.

Paris, le 9 février 2024


mardi 6 février 2024

BENEFICE DU DOUTE

Pensez-vous qu'une personne relaxée au bénéfice du doute soit blanchie des griefs que l'on a porté contre lui.

En ce qui me concerne, j'ai un doute !

Le dictionnaire Larousse donne la définition suivante, DOUTE : « Manque de certitude, soupçon, méfiance quant à la sincérité de quelqu'un, la véracité d'un fait, la réalisation de quelque chose. »

La définition est claire : il manque des éléments pour condamner mais il reste, tout de même, des zones d'incertitudes qui ne permettent pas de prendre une décision franche et nette. 

M. François Bayrou a été relaxé au bénéfice du doute. 

Comme moi, le parquet doute et voudrait définitivement levé ce doute, il décide donc de faire appel de cette décision qui laisse perplexe.

Jean-Claude Vitran


vendredi 26 janvier 2024

Nous ne sommes plus qu’à 90 secondes de la fin du monde ...

L'horloge de la fin du monde ou horloge de l'Apocalypse est une horloge virtuelle créée en 1947 au début de la guerre froide pour dénoncer le danger qui pèse sur l'humanité du fait des menaces nucléaires, écologiques et technologiques.

L'horloge utilise l'analogie du décompte vers minuit qui serait l'instant de la fin du monde. Chaque année, le nombre de minutes restant est mis à jour par des scientifiques. 

A l'origine, l'horloge évaluait la possibilité d'une guerre nucléaire mondiale, mais depuis 2007, elle prend aussi en compte la reprise à la course à l'armement nucléaire par de nouveaux acteurs (Iran, Corée du Nord) et aussi les conséquences des actes terroristes, les problèmes liés au changement climatique, aux pandémies et aux nouvelles technologies (nanotechnologie, biotechnologie, intelligence artificielle, ...)

Ce début d'année, face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique : la guerre en Ukraine s'enlise, l'impact sur les réacteurs nucléaires de Tchernobyl et de Zaporijjia inquiète et le changement climatique s'accélère, elle est positionnée 90 secondes avant minuit (23h 58min 20s), c'est à dire qu'il semble que l'humanité n'a jamais été aussi proche de sa fin !

Jean-Claude Vitran



mardi 16 janvier 2024

POPULATION CARCERALE FRANCAISE

Une de mes amies, visiteuse de prison, m'a fait prendre conscience d'un fait particulièrement troublant dont on ne parle jamais, pas même la Ligue des Droits de l'Homme.

Saviez-vous qu'au 1 décembre 2023, dernier chiffre connu, il y avait 75677 personnes sous écrous et seulement 2543 femmes soit 3,4% de la population carcérale. (Voir les chiffres dans le tableau ci-dessous)

Cette différence révélatrice, voire sidérante, qui n'est vraiment pas glorieuse pour le genre masculin explique certainement pourquoi celui-ci préfère oublier la statistique et mettre un couvercle sur le chiffre.

D'autant que la démographie penche du coté féminin puisque à fin 2023 on recensait 35.255.688 femmes et 33.117.745 hommes dans notre pays.

Alors que, Emmanuel Macron a voulu faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat, il serait, peut-être judicieux de réunir une convention pour réfléchir au moyen de civiliser le mâle français.




jeudi 11 janvier 2024

LA POLITIQUE DE LA PEUR

 Chacun sait que plus on renforce la sécurité, moins on a de liberté !

Pourtant, aujourd'hui, nombreuses sont les organisations politiques qui font commerce de la sécurité en surfant sur les peurs de nos concitoyens et la dernière « loi immigration », 29 lois depuis 1980, en est une des conséquences.

En effet, les peurs se multiplient, ... peurs des émigrés, de l'inconnu, du futur, du monde, des gens, de l'autre, de la différence, de son voisin, de décevoir, de la mort, du terrorisme, des enlèvements, etc … et pour certains politiques professionnels de la peur, celle absurde, du grand remplacement.

Nos contemporains pensent que des risques sociaux, économiques, industriels et écologiques, nous guettent en permanence, qu'ils sont multiformes et incontrôlables.

Bien que nos sociétés démocratiques occidentales soient parmi les moins dangereuses, nous nous sentons menacés, plus soucieux de notre sécurité que dans la plupart des autres sociétés. Notre vie est organisée autour d’une recherche perpétuelle de protection et de sécurité dans un environnement peureux, angoissé et faible. La force de la peur, vecteur émotionnel contagieux, est telle qu'elle est exploitée par des politiques, des financiers, des médias peu scrupuleux, spécialistes de la manipulation de masse. Dans un monde qui semble ne plus avoir de sens, la peur donne des repères. Comme le suggère Freud : la peur rassure.

De plus, dans le système économique libéral, la peur est un facteur de croissance. C'est un marché qui ne connaît pas la crise, un commerce florissant dans nos sociétés marchandes. Dans notre pays, combattre les risques représente environ 20 à 30% des ressources et le marché de la peur pèse, au niveau mondial, plus de 100 milliards d'euros, c'est une nouvelle ruée vers l'or pour les entreprises spécialisées qui génèrent une croissance en expansion continue à faire rêver tous les dirigeants avec une prévision de progression annuelle de l'ordre de 5%.

L’expression « politique de la peur » sous-entend que des politicien(e)s manipulent volontairement les craintes des populations pour réaliser leurs objectifs : Inquiéter les électeurs, jouer sur leurs émotions. Lors des campagnes électorales, c'est l'exercice favori d'hommes ou de femmes politiques qui stigmatisent le Musulman, le Rom, l'étranger, le délinquant, l'Europe … 

L'utilisation politique de la peur est un moyen de pression sur tous les citoyens quisont des suspects, des ennemis potentiels et tous les gouvernants finissent pars'intéresser de trop près à leur vie privée et à leurs données personnelles au point d'aliéner leurs libertés.

Bien entendu, chacun d'entre nous se considère inoffensif et ne se croit pas concerné ; pourtant, ceux qui nous côtoient ne le savent pas ; si nous avons peur des autres, les autres ont peur de nous.

Ce principe de réciprocité de la peur de l'autre ne saurait rassembler la communauté, il est sans issue et conduit inéluctablement à la violence. La peur de l’autre, c’est le refus de sa différence mais c'est aussi la peur de soi-même.

Quand comprendrons nous que ces discours de peur sont seulement des manipulations destinés à prendre le pouvoir et à accroître la domination sur les citoyens !

Ni les démocraties, ni les individus ne résisteront à cet avilissement, on doit vaincre la peur dans son rapport avec l’autre, en luttant contre les préjugés et les habitudes, en envisageant l’autre non comme une agression mais comme une chance d’ouverture.

C’est une des questions fondamentales du moment et il y va de la survie de la démocratie.

Jean-Claude Vitran



jeudi 4 janvier 2024

LA DICTATURE DU RISQUE ZERO

L'une des origines étymologiques du mot "risque" renvoie à l'italien risco ou à l'espagnol riesgo ce qui signifie l'écueil qui menace les navires, puis plus largement tout danger auquel sont exposées les marchandises en mer. 

Ce mot apparaît au XIVème siècle, avec l'avènement de l'assurance maritime en Italie (en particulier à Gênes), qui accompagne alors le développement du commerce par voie maritime. 

La recherche de nouveaux débouchés constitue bien une innovation au sens de Schumpeter : le risque est ainsi d'emblée associé à une volonté d'innover, d'entreprendre, qui a le souci de prévenir les coups du sort, en les maîtrisant par l'assurance, chaque armateur versant une prime qui permettra de sauver de la banqueroute les quelques malchanceux qui verront leur navire sombrer. 

A condition bien sûr que la cause du naufrage soit bien fortuite : une ordonnance de Colbert rappelle que la notion de risque est exclusive de celle de la faute. Ainsi, si la cargaison est perdue suite à une mutinerie plutôt qu'à une tempête, l'assurance ne fonctionne pas. 

Apparaît alors une différence essentielle entre risque et danger : le second terme vient du latin dominarium, le pouvoir de dominer, qui implique la présence d'une volonté adverse qui contraint l'individu, se rend maître de lui. 

Au contraire, le risque est un danger sans cause, accidentel. 

Cette notion de risque sans cause a beaucoup évolué au cours des siècles, aujourd’hui pas de risques, sans cause, ni responsabilité.

Pour beaucoup, le risque zéro et son corollaire le principe de précaution sont une philosophie du catastrophisme qui voudrait que l’on considère le scénario le plus alarmiste comme le plus probable. 

Si cette vision triomphait nous entrerions dans un nouvel âge obscurantiste.

Dans notre société moderne, l’angoisse existentielle de notre fin programmée exacerbe le besoin de sécurité. 

Nous ne voulons pas que nous même et nos proches courent des risques ; de notre conception jusqu’à notre dernier souffle, nous demandons à l’Etat de nous garantir notre intégrité, voire de nous garantir l’immortalité. 

Cette tentation du risque zéro est une absurdité.

L’apprentissage du métier d’Homme, l’éducation, vivre tout simplement obligent à des prises de risque permanentes.

Comme le dit Martin Heidegger : « Ne sommes nous pas en sursis dès notre naissance ? »

Toute action humaine a sa part de risque et vivre est un risque.

Le risque zéro correspond aussi au développement de la société de consommation : consommez, consommez, tout est sous contrôle. 

Cette gestion des risques vise le bien-être des individus, or ceux-ci ne considèrent pas que le pire est toujours sûr : sinon il y a longtemps que les marchands de tabac auraient fait faillite ; en 1996, les scientifiques ont affirmé la possibilité d’une forme humaine de la vache folle (ESB), pourtant la consommation de bœuf n’a baissé que de 10 %.

Sans doute, le public a considéré que le bénéfice de la consommation excédait le coût du risque qu’elle induisait.

Qu’il y ait des accidents technologiques lourds - centrales nucléaires, usines chimiques - aux impacts internationaux, si nous ne sommes pas concernée directement, ces accidents dangereux pour l’humanité, laissent la majorité du public indifférent. Mais que des menaces plus diffuses surviennent sur l’environnement, la santé, la sécurité - sang contaminé, ESB, pollution, OGM, Covid 19 - et la crainte ronge alors la tranquillité des citoyens des pays développés.

La multiplication de ces menaces mal identifiées entretiennent les angoisses. Aidé par une presse catastrophiste qui verse dans le sensationnel et les morts accidentelles en tout genre, le public succombe à la dictature du risque zéro.

A force de vouloir le risque zéro, il glisse vers une déresponsabilisation générale face aux exigences de la démocratie.

Les hommes politiques se transforment en gestionnaires des risques et en réactifs compassionnels.

Lors de ses vœux aux Français, alors qu’il était président, Jacques Chirac évoqua un « monde incertain et dangereux » et Il faut noter que depuis le tournant du siècle, à gauche comme à droite, la sécurité est devenue la « première des libertés » - la notion de risque constitue une ressource politiquement très intéressante. Le bon politique est le bon gestionnaire des risques. 

Avec la gestion des risques, un parti politique se projette dans l'avenir sans avoir à imposer une volonté particulière aux citoyens. Il se met à leur service. 

Avec la gestion des risques, les pouvoirs publics ont moins à craindre d'affronter les mouvements sociaux ; ils auront plutôt à canaliser les bonnes volontés.

Ainsi, le pouvoir instrumentalise la demande sécuritaire au point d’en faire un outil politique, et pour garantir le besoin de sécurité il développe des systèmes de coercition et de surveillance de plus en plus sophistiqués et généralisés.

Evidement, le risque zéro n’a jamais existé dans la réalité, et, trop de sécurité tue la sécurité.

Un exemple parmi d'autres de dérives sécuritaires : 

On entend dans certains discours l'idée de vouloir évaluer le potentiel de dangerosité des individus.

La dangerosité est une notion difficile, voire impossible, à cerner. On peut en distinguer deux types - la dangerosité psychiatrique et la dangerosité criminologique.

La première ne devrait pas poser de problème, mais si on veut la prévenir, on doit s’en donner les moyens, ce qui n’a jamais été historiquement le cas. A titre indicatif, il n’existe que quatre unités de soins pour malades difficiles en France et 30 % des détenus des prisons françaises sont des malades psychiatriques.

Si l’on veut diminuer la dangerosité psychiatrique, il faut SOIGNER NON ENFERMER ET PUNIR.

La dangerosité criminologique est plus problématique à évaluer. Définie comme un phénomène psychosocial d’une présomption de commettre un délit contre les personnes ou les biens, elle est une probabilité subjective que l’on mesure difficilement.

Pour répondre à ce potentiel de dangerosité, le pouvoir a promulgué sans réaction du public, sauf des militants des droits humains, une loi nommée « rétention de sûreté »

Des mesures de rétention de sûreté s’appliqueront après expertise médicale et sur avis d’une commission chargée de constater que ces criminels "restent particulièrement dangereux et présentent un risque très élevé de récidive à l’issue de leur peine de prison". 

La rétention de sûreté pourra, alors, être prononcée pour une durée d'un an renouvelable. Seront concernés les pédophiles condamnés à plus de 15 ans de réclusion. Ce dispositif s’appliquera également aux personnes placées sous surveillance judiciaire (notamment sous bracelet électronique mobile) qui ne respectent pas leurs obligations. 

Robert Badinter a souligné un changement radical de société : « La prévention par la détention au regard d’une infraction virtuelle est le fait des sociétés totalitaires, dans lesquelles on peut considérer l’individu comme dangereux du point de vue social, criminologique ou politique. »

D'autant plus, que chacun d'entre-nous peut, un jour, pour des raisons pathologiques devenir dangereux pour la société.

Ni prison, ni hôpital, ces centres ne sont pas définis par une fonction interne : ils ne soignent pas, ils ne punissent pas, ils ne réinsèrent pas. Les individus qui y sont placés sont en retrait de la société qui s’en protège. Ils sont des non-sujets dans des non-lieux. 

C’est une régression de 180 ans.

Pour mémoire :

1838 : les aliénés deviennent des malades à soigner et non plus des asociaux à enfermer. Mais beaucoup d'entre eux, qui ne sont pas criminels, restent internés à vie. 

1960 : les soins se poursuivent hors de l'hôpital. 

1990 : la liberté du malade est protégée ... 

Sous couvert du risque zéro, on veut chambouler un système patiemment construit et qui soigne plutôt bien, notamment les quelques 250 000 schizophrènes dont 99 % vivent au dehors et sont dangereux surtout pour eux.

Jean-Claude Vitran