mercredi 27 juillet 2011

Un an après !

30 juillet 2010 – 30 juillet 2011

Il y a juste un an, le 30 juillet 2010, le président de la République prononçait le trop fameux discours xénophobe de Grenoble qui, en assimilant la délinquance et l'immigration, livrait un bouc émissaire à l'opinion publique.

Dans les propos du chef de l'Etat, qui amalgamait les Gens du Voyage et les Rroms, on devinait le "karcher" qui allait nettoyer la nation de cette population incontrôlable et inassimilable dont il fallait la débarrasser. Avec le ministre de l'intérieur de l'époque, nous pensions avoir touchés le fond, mais nous entendons pire aujourd'hui.

Pourtant, à part la dialectique qui s'est encore plus "extrême-droitisée", racolage oblige, rien n'a vraiment changé.


Toujours confrontés à la même misère, sans eau, sans électricité, sans toilette, sans poubelle, ils essayent de survivre en partageant le terrain avec les rats ; ils sont toujours expulsés des campements où ils s'installent vers d'autres campements situés à quelques hectomètres ; ils reçoivent des OQTF1 qui sont contestés et qui, de toute façon, ne leur sont pas opposables car ils sont citoyens européens ; pour le quotidien les mamans et les enfants mendient, les papas commercent la ferraille ou font quelques travaux au noir ; on les accusent de toujours plus de méfaits en instrumentalisant des statistiques qui n'existent pas.

Les Rroms qui étaient environ 15 000 sur notre territoire sont toujours environ... 15 000.

Rien n'a vraiment changé, sauf à faire pression pour les dégouter afin qu'ils partent d'eux-même,

MAIS, POUR ALLER OU ?

Parias, parmi les parias, personne, même pas leurs cousins de leur contrée d'origine, ne veut entendre parler d'eux !



Alors, il faut chercher et trouver des solutions pour insérer dans la dignité ces Êtres Humains ; il y en a assez de l'autisme politique ; du maire au député, du sénateur au ministre, … chacun renie sa responsabilité : "c'est pas moi qui dois les prendre en charge, c'est lui ... c'est pas lui, c'est l'Etat …, c'est pas l'Etat ..., c'est l'Europe …"

Il y en a assez ! S'il vous plait, Mesdames et Messieurs les "responsables" qui avez brigué les suffrages de vos contemporains pour prendre et exercer le pouvoir, montrer nous enfin que vous avez du courage !

Etonnez-nous !

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1 Obligation à Quitter le Territoire Français


vendredi 22 juillet 2011

Un État palestinien : qu'est-ce qui s'y oppose (et qui...) ?

Qu'il y ait un État de plus sur Terre ne constitue pas un événement, mais qu'en dépit du soutien de 117 gouvernements siégeant à l'ONU, on refuse à un peuple constitué, reconnu, la reconnaissance de l'État dans lequel ils pourraient vivre, est un poison pour la paix du monde. Que l'État d'Israël s'y oppose, que les USA fassent barrage à cette évolution, ne saurait être accepté. Ce n'est pas seulement une question de majorité (du reste massive), c'est une question qui met en cause le droit international et l'autorité voire la raison d'être de l'ONU elle-même.


En vert sombre : États favorables à la reconnaissance de la Palestine

De quoi s'agit-il ?
Il s'agit, tout simplement de savoir, si les Palestiniens, comme les Israéliens, ont "droit à une patrie", comme le disait déjà François Mitterrand, c'est-à-dire à un État autonome qui s'autodétermine, enfin !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Palestine_%28%C3%89tat_revendiqu%C3%A9%29

Pour la pétition de soutien à la création d'un État palestinien :
http://www.avaaz.org/fr/independence_for_palestine_fr/?cl=1176078873&v=9673
Publié le 22 Juillet 2011
Dans quelques jours, le Conseil de Sécurité de l'ONU se réunira, offrant au monde une chance de soutenir une nouvelle proposition qui pourrait mettre fin à des décennies d'échec des pourparlers de paix israélo-palestiniens: la reconnaissance de l'État palestinien par l'ONU.

Plus de 120 nations du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ont déjà approuvé cette initiative, mais le gouvernement de droite d'Israël et les Etats-Unis y sont férocement opposés. La France et d'autres pays clés de l'UE sont encore indécis, mais une pression publique massive pourrait les pousser à saisir cette occasion unique de mettre fin à 40 ans d'occupation militaire.

Cela fait des décennies que les initiatives de paix menées par les États-Unis échouent, tandis qu'Israël a confiné la population palestinienne dans des enclaves, confisqué ses terres et empêché la Palestine de devenir une entité politique souveraine. Cette initiative audacieuse pourrait donner un nouveau point de départ pour résoudre le conflit, mais l'Europe doit prendre les devants. Lançons un immense appel mondial pour que la France et les principaux pays européens approuvent dès maintenant cette demande de reconnaissance de l'État palestinien, et pour montrer clairement que les citoyens du monde entier soutiennent cette proposition diplomatique légitime et non-violente. Signez la pétition et envoyez ce message à tous vos amis.


Pour une victoire sans guerre ?

Vers le veto étatsunien ?
http://www.lepoint.fr/monde/la-ligue-arabe-demande-a-l-onu-un-etat-palestinien-14-07-2011-1352845_24.php
"Les Américains nous ont dit à maintes reprises qu'ils utiliseraient leur veto au Conseil de sécurité contre notre demande d'adhésion, et nous avons été prévenus que, si nous poursuivions dans cette voie à l'Assemblée générale de l'ONU, il y aurait des conséquences", a ajouté Saëb Erakat. "Sans l'approbation du Conseil de sécurité, nous ne pouvons obtenir l'adhésion via l'Assemblée générale, que nous recueillions deux tiers des voix ou même 100 %. Ce que l'on peut obtenir de l'Assemblée générale, c'est une résolution qui élèvera notre statut à l'ONU d'observateur à État non membre", a-t-il reconnu.

Arguments :
http://www.association-belgo-palestinienne.be/infos/analyses/reconnaissance-de-l%E2%80%99etat-palestinien-a-l%E2%80%99onu-quelques-arguments/

Des soutiens européens qui comptent :
http://www.france-palestine.org/article17865.html
Extrait : "
En reconnaissant la souveraineté et l’indépendance de la Palestine, et en accompagnant ce geste de l’indispensable soutien financier qu’il requiert, l’Europe ancrera solidement l’État palestinien dans le camp de la paix et de la coexistence et renforcera la stabilité de la région. Au moment même où l’Union européenne s’efforce de redéfinir ses relations avec les sociétés de la région, les États membres ne doivent pas laisser passer cette occasion de jouer un rôle significatif et positif. C’est avec à l’esprit ces considérations politiques et éthiques que les signataires de ce texte appellent les gouvernements européens à reconnaître l’État de Palestine en septembre prochain".

Hubert Védrine, président du groupe des ex-dirigeants européens, France ; Frans Andriessen, Pays-Bas ; Giuliano Amato, Italie ; Laurens Jan Brinkhorst, Pays-Bas ; Hervé de Charette, France ; Uffe Elleman-Jensen, Danemark ; Jean François-Poncet, France ; Felipe Gonzales, Espagne ; Lena Hjelm-Wallén, Suède ; Lionel Jospin, France ; Michael Lothian, Royaume-Uni ; Louis Michel, Belgique ; Andrzej Olechowski, Pologne ; Romano Prodi, Italie ; Mary Robinson, Irlande ; Michel Rocard, France ; Jorge Sampaio, Portugal ; Pierre Schori, Suède ; Clare Short, Royaume-Uni ; Peter Sutherland, Royaume-Uni ; Erkki Tuomioja, Finlande ; Andreas van Agt, Pays-Bas ; Hans van den Broek, Pays-Bas ; Vaira Vike-Freiberga, Lituanie ; Richard von Weizsäcker, Allemagne.

Deux États aux frontières reconnues et respectées...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mardi 19 juillet 2011

La double nationalité, une histoire de souche.

... une tête de bois

Pas plus tard qu'hier, en écrivant sur la polémique suscité
e par les propos d'Eva Joly, nous avions évoqué sa double nationalité norvégienne et française.

Il semble que ce sujet soit particulièrement important aux yeux du pouvoir, en effet, deux lois récentes (art. 18 de la loi N° 2011-525 du 17 mai 2011, articles 1er à 7 de la loi N° 2011-672 du 16 juin 2011) et l'article 21-27-1 du code civil ont modifié le droit de la nationalité, le rendant davantage contraignant pour les prétendants à la naturalisation.

Les personnes qui demandent à acquérir la nationalité française par décision de l’autorité publique (naturalisation), ou par déclaration, doivent, désormais, déclarer la ou les nationalités qu’elles possèdent déjà, la ou les nationalités qu’elles conservent, ainsi que la ou les nationalités auxquelles elles entendent renoncer.



C'est une première étape des idées extrémistes du pouvoir sur la double nationalité et, le sujet doit être brûlant ! Les imprimés de déclaration sont déjà prêts, il ne faut pas perdre de temps.

D'abord on déclare qu'on a d'autres nationalités, on est alors fiché comme bi-national.

Ensuite, ce sera interdit ! Il suffit d'attendre la prochaine loi ...

Cela ne vous rappelle-t-il pas quelques mauvais souvenirs ?

À nous, il semble que de vieilles et terribles ombres s'étendent sur notre pays et qu'il s'y répand de très mauvaises odeurs.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
(Jean Ferrat)



lundi 18 juillet 2011

Ce n'est pas l'armée qui fonde la république

http://www.azurlingua-culture.com/wp-content/uploads/2010/09/Fete_de_la_federation-192x118.jpg
Fête de la Fédération : 14 juillet 1790

Oui, Eva Joly a raison, supprimons le défilé militaire du 14 juillet.

Réagissant au passage d’une colonne de chars et de véhicules blindés de l’armée qui venaient de défiler sur les Champs Elysées, alors qu'elle participait à un rassemblement autour des valeurs de la République initié par la Ligue des droits de l'Homme sur la place de la Bastille1, Eva Joly, candidate d’Europe écologie-Les Verts à la présidentielle, s’est déclarée jeudi favorable à la suppression du défilé militaire du 14 juillet.

Elle a déclaré : « J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé militaire par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent »

Alors que s'exprimaient les membres des associations, des syndicats et d'anciens résistants dont Raymond Aubrac, elle a ajouté, condamnant cette France guerrière : « il y a une antinomie entre le passage de chars sur cette place et les discours des anciens Résistants (...) Ce n’est pas des valeurs que nous portons (…) Je pense que le temps est venu de supprimer les défilés militaires du 14 juillet parce que ça correspond à une autre période ».


Ça, c'est un défilé..., de mode
Ces propos ont déclenché une avalanche de réactions de la classe politique de gauche, comme de droite et des propos indignes d'hommes ou de femme politiques responsables.

Ce n'est pas, par exemple, parce qu'on est premier ministre et fils d'une historienne que l'on peut s'arroger le droit de porter des jugement sur la profondeur de la culture historique française de Me Joly. Il est vrai que ce jugement apporte de l'eau au moulin des adversaires de la double nationalité très en vogue dans les allées du pouvoir. Pourtant, beaucoup de nos contemporains, parmi les plus « grands » ne peuvent se prévaloir d'être eux aussi des Français de souche (oh ! le vilain mot).

La mémoire a souvent des infidélités qui arrangent.

Pour revenir au 14 juillet, on nous dit qu'il y a une alchimie subtile, un lien sacré entre l'armée et la nation.

Pourtant, ce n'est pas la prise de la Bastille que nous fêtons, c'est la fête de la Fédération qui s'est tenue le 14 juillet 1790 sur le Champ-de-mars, la fête du rassemblement des tous les Français et de la paix, une fête pacifique, une fête de la fraternité nationale retrouvée, et c'est seulement le 3 juillet 1880 qu'il fut décrété d'en faire la fête nationale.1

Il fut alors décidé de faire défiler des militaires, mais c'était seulement 10 ans après la terrible humiliation de la défaite de Sedan et la trahison des Versaillais à l'encontre des communards – 20.000 morts et 10.000 déportés - il fallait montrer à la face du monde le redressement de la France ; en 1945, c'est la défaite de 1940 qu'il fallait alors effacer.


La fête populaire

Mais aujourd'hui ?

Faire oublier l'accroc de mai 1958, où l'armée c'est désolidarisée du gouvernement. Qui se rappelle encore de cela ?

Servir de vitrines aux industriels français qui sont les troisièmes exportateurs du matériel de mort dans le monde. C'est pitié dans un monde globalisé, où les défilés militaires sont le monopole des dictatures et des régimes totalitaires. La France serait elle un pays totalitaire ? Pas encore,

Satisfaire les velléités d'un pouvoir qui veut encore croire ou faire croire que la France est une grande puissance internationale. Quel aveuglement mégalomane.

Déconnectés du peuple dont ils ont peur, les politiques, toutes couleurs confondues, ont pour le concept d'une union entre la nation et son armée, comme pour l'hymne national, jugé agressif même à droite, des certitudes archaïques et passéistes.

Eva Joly a raison, pour faire des défilés, des fêtes, la France n'a pas besoin d'une armée, mais seulement de se réconcilier avec elle-même et de redécouvrir les valeurs de la République, celle de 1789 :

Liberté, Égalité, Fraternité, et Laïcité.


Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1 Le bonnet phrygien, coiffe de Marianne, est le symbole de la Ligue des droits de l'Homme.

dimanche 17 juillet 2011

Reprenons la Bastille

Ce 14 juillet 2011, - lendemain ou jour même de la mort, en Afhganistan, de plusieurs soldats français, et occasion d'un débat exécrable à propos de la prise de position d'Éva Joly pour un 14 juillet populaire -, nous aura enseigné que des Bastilles sont debout qu'il faut vite abattre avant qu'on en construise d'autres où nous enfermer. Entre François Fillon et Victor Hugo, la France doit choisir..., d'urgence !

Discours de Victor Hugo au Sénat, séance du 3 juillet 1880. C'est son troisième discours en vue d'obtenir le vote de l'amnistie des Communards. Il y fait le lien avec l'autre débat du moment, voté le 6 juillet, celui du jour fixé pour la fête nationale, le 14 juillet. Texte daté ? Oui. Il faut en tenir compte en le relisant. Texte vieilli ? Eh bien pas tant que cela !

"J'appellerai seulement votre attention sur un fait. Messieurs, le 14 Juillet est une fête ; votre vote aujourd'hui touche à cette fête. Quelle est cette fête ? Cette fête est une fête populaire. Voyez la joie qui rayonne sur tous les visages, écoutez la rumeur qui sort de toutes les bouches. C'est plus qu'une fête populaire, c'est une fête nationale. Regardez ces bannières, entendez ces acclamations. C'est plus qu'une fête nationale, c'est une fête universelle. Constatez sur tous les fronts, anglais, espagnols, italiens, le même enthousiasme ; il n'y a plus d'étrangers.

Messieurs, le 14-Juillet, c'est la fête humaine. Cette gloire est donnée à la France, que la grande fête française, c'est la fête de toutes les nations. Fête unique. Ce jour-là, le 14-Juillet, au-dessus de l'assemblée nationale, au-dessus de Paris victorieux, s'est dressée, dans un resplendissement suprême, une figure, plus grande que toi, Peuple, plus grande que toi – l'Humanité ! (Applaudissements)

Oui, la chute de cette Bastille, c'était la chute de toutes les Bastilles. L'écroulement de cette citadelle, c'était l'écroulement de toutes les tyrannies, de tous les despotismes, de toutes les oppressions. C'était la délivrance, la mise en lumière, toute la terre tirée de toute la nuit. C'était l'éclosion de l'homme. La destruction de cet édifice du mal, c'était la construction de l'édifice du bien. Ce jour-là, après son long supplice, après tant de siècles de torture, l'immense et vénérable Humanité s'est levée, avec ses chaînes sous ses pieds et sa couronne sur sa tête.

Eh bien, messieurs, ce jour-là, on vous demande de le célébrer de deux façons, toutes deux augustes. Vous n'y manquerez certainement pas. Vous donnerez à l'armée le drapeau, qui exprime à la fois la guerre glorieuse et la paix puissante, et vous donnerez à la nation l'amnistie, qui signifie concorde, oubli, conciliation, et qui, là-haut, dans la lumière, place au-dessus de la guerre civile la paix civile. (Très bien ! - Bravos.)

Le 14-Juillet a marqué la fin de tous les esclavages. Ce grand effort humain a été un effort divin. Quand on comprendra, pour employer les mots dans leur sens absolu, que toute action humaine est une action divine, alors tout sera dit, le monde n'aura plus qu'à marcher dans le progrès tranquille vers l'avenir superbe.

Messieurs, ce sera un double don de paix que vous ferez à ce grand pays : le drapeau, qui exprime la fraternité du peuple et de l'armée ; l'amnistie, qui exprime la fraternité de la France et de l'humanité.

Rendons grâce à la République".

Voir aussi le récent texte, magnifique, d'Edwy Plenel. http://www.mediapart.fr/journal/france/170711/en-defense-deva-joly-leur-14-juillet-et-le-notre

jeudi 14 juillet 2011

14 juillet 2011 ou la banalisation de la guerre


La guerre est le SIDA de tous les peuples

"La musique qui marche au pas,

Cela ne nous regarde pas"

La France est en guerre. Deux fois : en Afghanistan et en Lybie. On va célébrer nos armées, ce jour même, 14 juillet. Un comble ! Le 14 juillet, c'est la fête de la chute de la Bastille, symbole de l'enfermement des libertés. Pourquoi l'avons-nous oublié ?

Hier, cinq jeunes hommes sont morts, en Afghanistan, victimes d'un attentat-suicide. Ce matin, un sixième, "au cours d'une opération" On les pleure. La mort d'un homme à l'aube de sa vie est toujours un drame. Mais nous interrogeons-nous sur tous ceux qui ont été fauchés, au cours du week-end, dans ces stupides accidents de la route qui atteignent, le plus souvent, de jeunes gens, ivres de vitesse ou d'alcool...? C'est une guerre aussi qui, depuis longtemps, décime notre jeunesse à la sortie des boîtes de nuit....

Et le ou la kamikaze qui a préféré se tuer pour être sûr(e) de tuer ? Il est facile de dire que c'est du fanatisme ! Ceux qui tuent nos soldats sont des criminels. Les soldats de la coalition qui tuent des civils par erreur ou approximation ne le sont-ils pas aussi ? La théorie "de la guerre juste" (comprendre : qui justifie tout !) a encore de beaux jours devant elle...

La guerre n'est jamais juste. Elle est le dernier choix possible de la part de ceux qui échouent. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les armes parlent pour sauver des innocents ! Les drones ne choisissent plus entre les coupables et les innocents. En Afghanistan, comme les Soviétiques, l'OTAN va perdre une guerre, comme les USA l'ont perdue au Vietnam, comme (ô pardon !), la France l'a perdue en Algérie.

Tout s'oublie. La vie est dure. On ferme, alors, les yeux. La guerre est banalisée. C'est un outil ordinaire de la puissance. C'est, pour les plus forts, le moyen d'exposer leur invincibilité. Cependant, il ne suffit pas de ne pas pouvoir être battu ; il faut aussi l'emporter. Et là, face à un peuple entier qui, par dessus ses divergences, refuse la domination de l'étranger, c'est une tout autre affaire...

On peut donc parader sur les Champs Élysées, aller "voir et complimenter l'armée française" comme chantait Paulus, le 14 juillet 1886, au lieu de "rester dans son lit douillet" comme le chantait aussi Brassens, rien n'y fait : la civilisation fondée sur la force des armes se contredit, tôt ou tard, et s'effondre.


La haute technologie militaire est obsolète

Déjà nous n'avons plus "les moyens économiques" de continuer à nous engager dans ces guerres, et s'il faut, pour rester militairement "performants", exiger de nouveaux sacrifices, une plus grande rigueur, il devient clair que nous n'acceptons pas la vérité : nous sommes devenus une petite puissance et le temps où nous "découvrions", conquérions, colonisions, en bref dominions des terres et leurs habitants, est révolu.

Comment ne pas songer à Molière et à son personnage Géronte : « Que diable, allions nous faire dans cette galère ? » Edwy Plenel écrit, dans Médiapart : "Les parlementaires socialistes viennent d'approuver l'intervention militaire en Libye lancée par Nicolas Sarkozy. Auparavant, les dirigeants socialistes avaient soutenu le remplacement de Dominique Strauss-Kahn par Christine Lagarde au FMI. Comme si leur gauche était interchangeable avec la droite".

Quand la gauche, ou ce qu'il en reste, approuve ce qu'elle devrait combattre, elle se suicide. Ce n'est pas pur hasard si ce sont les deux gouvernements européens les plus droitiers, anciennes grandes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne, qui mènent l'action contre le dictateur Khadafi qu'ils ont si longtemps soutenu ! Armer les "rebelles" : jamais ! L'Afrique du Nord reste notre domaine. On peut même suspecter certains faux républicains de rechercher l'occasion de renouer avec la conquête de l'Algérie, ne fut-ce qu'en combattant l'immigration algérienne présentée comme une conquête à l'envers.

Enfin, oui, en finir... Oui, mettre fin à ces politiques obsolètes qui transforment notre pays en gendarme du monde. "Vivement la crise" qui nous rendra un peu plus humbles et surtout plus prudents. Envoyer de jeunes militaires de carrière au combat, en nous faisant croire que c'est pour le bien de la France, des Afghans, de l'humanité tout entière, c'est un énorme mensonge. Même les USA commencent à douter. Cessons de nous désespérer nous-mêmes !

Ce n'est pas ainsi que s'écrit, en notre temps, l'histoire des peuples libres.


Défendre l'armée, c'est lui défendre d'agir contre les intérêts des français.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

vendredi 8 juillet 2011

"Les checkpoints d'Israël sont même à Roissy"

Une série d'événements nous alertent sur les réactions actuelles du Gouvernement israélien (et de l'opinion israélienne elle-même, dans sa majorité).
• Il est hors de question, pour Israël, que soit levé le blocus de Gaza et toutes les pressions diplomatiques et militaires sont engagées pour interdire à la "flottille de la paix" l'accès au port.
• Il est impossible que des citoyens de divers pays prennent l'avion pour Tel Aviv, afin de se rendre à Bethléem et y rejoindre des associations pacifistes.
• Il avait été interdit, sous peine de fusillade, à des Palestiniens vivant en Syrie de franchir, ne fut-ce que symboliquement, la frontière israélienne pour faire valoir qu'ils sont aussi chez eux sur une terre qu'ont habité leurs ancêtres et dont ils ont été chassés.
• Il est enfin tout tenté pour éviter que ne se crée, à la fin de l'été, dans des conditions acceptables par les Nations-Unies, un État palestinien ayant, comme Israël, une existence propre et reconnue.


Et tombe, ce matin, l'information suivante :

347 indésirables.

À Roissy, Genève, Bruxelles, les compagnies Lufthansa, Maalev, Swiss, Alitalia, Easyjet, ont interdit de vol pour l'aéroport Ben Gourion, à Tel Aviv, des passagers disposant de toutes les autorisations requises, mais figurant sur la "liste des indésirables" qui leur avaient été transmise par les autorités israéliennes.

Durant la nuit, Israël a refoulé vers les Etats-Unis, dès leur arrivée, deux militantes américaines, venues par avion qui devaient initialement participer à la flottille bloquée en Grèce.

La flottille bloquée

La garde-côte grecque a intercepté jeudi un bateau français de la flottille qui entend briser le blocus maritime imposé par Israël à la bande de Gaza. Parti de Corse, le "Dignité-Al Karama" a été repéré au petit matin en Crète où il se ravitaillait et remorqué jusqu'au port de Sitia pour des vérifications.

Il s'agit du troisième bateau de la flottille intercepté par la Grèce. Les autres embarcations, au nombre de sept, ont été bloquées dans les ports grecs, Athènes ayant interdit à la flottille d'appareiller pour la Méditerranée orientale en arguant de la sécurité des militants à bord.


http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110708.OBS6703/des-voyageurs-juges-indesirables-par-israel-bloques-a-roissy-et-geneve.html

http://www.lalibre.be/toutelinfo/afp/332831/la-flottille-bloquee-israel-ecarte-les-passagers-d-avion-propalestiniens.html



Il est grand temps qu'on se rende compte qu'Israël se considère en danger, se crispe, et peut se montrer dangereux dans la région et donc entrainer les États dans des relations de plus en plus conflictuelles.

Le "printemps arabe" a déstabilisé la politique de l'État d'Israël en ruinant une partie de sa démonstration : les Arabes sont envahis par l'islamisme ; ce sont des terroristes potentiels ; il fallait donc soutenir tous ceux qui s'opposent à ce péril. C'est ainsi qu'avaient été établis des liens politiques forts avec les régimes impitoyables pour les Islamistes, à commencer par l'Égypte ou la Tunisie. Mais, à présent, Moubarack et Ben Ali ont quitté la scène politique. L'association Islam = risque terroriste est brisée.

Non seulement cette logique s'est effondrée mais la Syrie elle-même pourrait bien cesser d'être l'État repoussoir qui, avec l'Iran, constitue une justification permanente de la lutte d'Israël contre des ennemis tout désignés. Si l'Iran, à son tour, évolue vers un régime moins dictatorial, Israël va se retrouver bien seul dans un environnement qui n'aura même pas besoin de lui être hostile pour exprimer sa force politique.

Le blocus de Gaza, aussi illégal qu'intenable pourrait cesser sans violence, mais, là encore, risquerait de s'effondrer cette propagnade qui soutient que, le Hamas terroriste étant au pouvoir dans cette partie de la Palestine, aucune solidarité ne peut s'y manifester. Sous entendu : rien ne peut se passer dans cette partie du monde hors de la volonté d'Israël qui, par la même occasion, démontre que la Palestine ne peut être et ne sera jamais un État souverain.

La responsabilité des pays occidentaux qui sont solidaires d'Israël en toutes circonstances est lourdement engagée. Comment expliquer l'attitude de la Grèce qui bloque la flottille de 10 bateaux qui devaient se rendre à gaza ? Comment expliquer l'attitude des États-Unis qui, en dépit d'un vote massif probable des Nations-Unis, pourraient mettre leur veto à la délibération qui accorderait à la Palestine son existence politique ? Comment expliquer la tolérance, voire la cécité, de l'Union européenne qui évité d'avoir à mettre en cause les décisions d'Israël, y compris quand elle ne les approuve pas !

Ce qui va se produire dans les années à venir est très inquiétant. En Israël, on pense ne pouvoir exister que dans une logique de conquête de terres fournissant une assise suffisante ; on considère qu'un équilibre avec les États environnants ne peut perdurer qu'appuyé sur la suprématie militaire. On en détient l'arme suprême : l'arme atomique, au cas où la pression sur l'État d'Israël se ferait insupportable.

Nous ne pouvons, en 2011, réinstaller, au Moyen Orient, l'équilibre de la terreur ! On ne peut continuer indéfiniment à figer une situation, installée depuis 1948, et qui est devenue alarmante pour les Israéliens et leurs voisins. Il faut profiter des évolutions positives qui se sont produites dans le monde arabe pour sortir des logiques de guerre et travailler à l'organisation d'une cohabitation durable dans la région. Toute autre approche est désespérante et nous entrainerait vers le pire.

Les minables oppositions à l'expression de cette recherche de paix dessert Israël. On ne peut tout arrêter par la force. Le peuple juif a besoin de se faire des amis et pas des adversaires ! L'apport immense à l'histoire humaine des intellectuels et des créateurs juifs est un trésor pour l'humanité tout entière. La montée du dégout à l'encontre de la politique de l'actuel gouvernement israélien ne saurait effacer cet apport.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran