Ce 14 juillet 2011, - lendemain ou jour même de la mort, en Afhganistan, de plusieurs soldats français, et occasion d'un débat exécrable à propos de la prise de position d'Éva Joly pour un 14 juillet populaire -, nous aura enseigné que des Bastilles sont debout qu'il faut vite abattre avant qu'on en construise d'autres où nous enfermer. Entre François Fillon et Victor Hugo, la France doit choisir..., d'urgence !
Discours de Victor Hugo au Sénat, séance du 3 juillet 1880. C'est son troisième discours en vue d'obtenir le vote de l'amnistie des Communards. Il y fait le lien avec l'autre débat du moment, voté le 6 juillet, celui du jour fixé pour la fête nationale, le 14 juillet. Texte daté ? Oui. Il faut en tenir compte en le relisant. Texte vieilli ? Eh bien pas tant que cela !
"J'appellerai seulement votre attention sur un fait. Messieurs, le 14 Juillet est une fête ; votre vote aujourd'hui touche à cette fête. Quelle est cette fête ? Cette fête est une fête populaire. Voyez la joie qui rayonne sur tous les visages, écoutez la rumeur qui sort de toutes les bouches. C'est plus qu'une fête populaire, c'est une fête nationale. Regardez ces bannières, entendez ces acclamations. C'est plus qu'une fête nationale, c'est une fête universelle. Constatez sur tous les fronts, anglais, espagnols, italiens, le même enthousiasme ; il n'y a plus d'étrangers.
Messieurs, le 14-Juillet, c'est la fête humaine. Cette gloire est donnée à la France, que la grande fête française, c'est la fête de toutes les nations. Fête unique. Ce jour-là, le 14-Juillet, au-dessus de l'assemblée nationale, au-dessus de Paris victorieux, s'est dressée, dans un resplendissement suprême, une figure, plus grande que toi, Peuple, plus grande que toi – l'Humanité ! (Applaudissements)
Oui, la chute de cette Bastille, c'était la chute de toutes les Bastilles. L'écroulement de cette citadelle, c'était l'écroulement de toutes les tyrannies, de tous les despotismes, de toutes les oppressions. C'était la délivrance, la mise en lumière, toute la terre tirée de toute la nuit. C'était l'éclosion de l'homme. La destruction de cet édifice du mal, c'était la construction de l'édifice du bien. Ce jour-là, après son long supplice, après tant de siècles de torture, l'immense et vénérable Humanité s'est levée, avec ses chaînes sous ses pieds et sa couronne sur sa tête.
Eh bien, messieurs, ce jour-là, on vous demande de le célébrer de deux façons, toutes deux augustes. Vous n'y manquerez certainement pas. Vous donnerez à l'armée le drapeau, qui exprime à la fois la guerre glorieuse et la paix puissante, et vous donnerez à la nation l'amnistie, qui signifie concorde, oubli, conciliation, et qui, là-haut, dans la lumière, place au-dessus de la guerre civile la paix civile. (Très bien ! - Bravos.)
Le 14-Juillet a marqué la fin de tous les esclavages. Ce grand effort humain a été un effort divin. Quand on comprendra, pour employer les mots dans leur sens absolu, que toute action humaine est une action divine, alors tout sera dit, le monde n'aura plus qu'à marcher dans le progrès tranquille vers l'avenir superbe.
Messieurs, ce sera un double don de paix que vous ferez à ce grand pays : le drapeau, qui exprime la fraternité du peuple et de l'armée ; l'amnistie, qui exprime la fraternité de la France et de l'humanité.
Rendons grâce à la République".
Voir aussi le récent texte, magnifique, d'Edwy Plenel. http://www.mediapart.fr/journal/france/170711/en-defense-deva-joly-leur-14-juillet-et-le-notre
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