mardi 28 octobre 2008

Le fric, le fric, le fric...


2 200 000 000 000

C'est, en euros, le montant des pertes mondiales imputées au crash financier, selon la Banque d'Angleterre.

Un chiffre qui fait peur et qui risque d’augmenter encore dans les prochains mois, tant la crise du système est importante.

On aurait pu en faire des choses avec tout cet argent.

On aurait pu …
On aurait pu …
On aurait pu ...


La liste serait vraiment très longue ; entre tous ces malades dans la souffrance et qu’on aurait pu guérir avec ce fric, tous ces pauvres qui passent leur temps à chercher la vie dans les poubelles, et leurs enfants qui continuent de mourir faute de manger et boire, toutes ces personnes âgées qui ont donné leur sueur au renouveau de la République et qui ne peuvent plus vivre normalement, "et qu’on attend qu’elles crèvent", comme aurait dit Brel, et puis tout ce pouvoir d'achat qui s'est envolé, et puis non..., décidément, la liste est trop longue des méfaits du capitalisme qui a rayé de son vocabulaire les mots solidarité et partage.

En fait, je ne suis pas juste, ils font un geste : le Sénat a adopté un amendement du gouvernement stipulant que "tous les salariés" bénéficient de stock-options quand il y en a dans l'entreprise. Les braves gens! Maintenant que les actions ont perdu la moitié de leur valeur, on pourra toujours être « récompensé »... en monnaie de singe.

Jean-Claude Vitran

samedi 25 octobre 2008

Le mystère du temps qui vient


La Comédie humaine ne se joue plus au théatre mais autour de nous.

Chaque jour apporte son lot de surprises. Aujourd'hui, 24 octobre 2008, il s'agit de l'effondrement des capacités de production de l'industrie automobile française! Les syndicalistes crient au scandale : en diminuant la production, on détruit l'emploi. Vieille et habituelle analyse qui est devenue largement fausse.

Le Grand Voyageur, l'omnipotent, l'omniprésent président français, le super menteur, le plus grand bavard qu'ait connu la République comme président, passe sa vie dans les avions, utilise les escales pour visiter les usines et suivre les messes d'enterrement des célébrités et, surtout, cherche à installer son pouvoir d'influence partout : en Europe, à Washington, à Pékin... Pour conserver et, mieux, étendre son autorité politique, l'homme est assez habile pour dire, avec un culot sans égal et une habileté dialectique à nulle autre pareille, le contraire de ce qu'il affirmait voici quelques mois. Il habille de gauche son discours de droite ou plutôt, il fait retour sur une conception étatiste de la gauche pour brader le libéralisme sans mettre à mal le capitalisme. Cet homme est un génie, le génie de l'arnaque.

Pendant ce temps, et derrière le flou et l'abus des mots, des choses sérieuses se passent et ce n'est pas parce qu'elles sont difficiles à saisir qu'elles ne sont pas sérieuses. Le citoyen, ouvrant son poste de radio, chaque matin, entend annoncer, benoîtement, l'implosion du système bancaire, l'effondrement des Bourses, l'inéluctabilité de la récession, le glissement vers la crise économique majeure et toutes les précautions oratoires, nombreuses encore il y a deux semaines, sont abandonnées. Quelques ministres tentent encore -et l'ineffable Christine Lagarde en premier- de rassurer les épargnants, les petites entreprises et les retraités, mais en vain.

Les doctes ont perdu leur latin. Les élites se sont noyées dans leurs arguties. Les politiciens font des moulinets pour laisser croire qu'ils brassent encore des idées alors qu'ils ne brassent que du vent. La vérité est que nul ne sait où l'on va dès lors qu'on n'a d'autres hypothèses à fournir que celles permettant de revenir à une situation antérieure, fut-elle plus cadrée, mieux couverte par des règlementations (pardon, des "régulations") et débarrassée des excès qui ont failli renverser le système.

L'inconvénient est que toutes ces hypothèses reposent sur une vérité indépassable : on ne peut produire plus que ne fournit la planète sauf à l'épuiser et "les liquidités" ne permettent pas de créer plus de richesses qu'il n'en existe. Sauf à appeler richesse ce qui n'en est pas, bien entendu, qu'il s'agisse de produits matériels inutiles ou de produits financiers "pourris" (ainsi qualifie-t-on joliment, à présent, ce dont on faisait la publicité auprès des clients, il y a peu).

Le temps qui vient est incertain pour de multiples raisons. Ce qui arrive n'avait été prévu que par quelques philosophes (tel André Gorz) que les maîtres des banques tournaient en ridicule et accusaient d'idéologie. Ce qui arrive est sans rapport avec ce que prédisaient les socio-démocrates du monde entier dont l'action politique ne dérangeaient guère les dirigeants ultralibéraux en place. Ce qui arrive échappe aux savants calculs mathématiques des fabricants de produits financiers. Ce qui arrive est comme une vague géante, impossible à détourner, sur laquelle quelques surfeurs glissent encore, et emportant avec elle les grand paquebots et les plus petits esquifs comme des coquilles de noix. Nous ne savons où ce tsunami nous conduit.

Tout se passe comme si, l'écologie ayant rejoint l'économie, le réel reprenait tous ses droits. L'activité humaine est contrainte à la modestie. Une décroissance forcée (qui n'est pas celle à laquelle tiennent les tenants de la décroissance volontaire!) oblige à limiter ce qu'on croyait illimité. La surproduction qui interdit la production indispensable, celle qui est orientée vers la satisfaction des besoins vitaux, se ralentit. Le pétrole, dont le prix au baril avait atteint des sommets historiques (approchant les 150 dollars le baril) ne sera pas produit davantage maintenant qu'il coûte moins de 70 dollars, à la fois parce que l'activité économique régresse et parce que les pays producteurs n'ont pas l'intention de brader leurs réserves déjà trop bien entamées. Les sept milliards d'hommes, bientôt neuf, ont prioritairement besoin de manger, de se loger et de s'éduquer; ce n'est pas compatible avec les déséquilibres violents existant entre "les humiliants et les humiliés", comme dit Régis Debray. Le balancier social a atteint son sommet du côté du capital; il va retomber non du côté du travail mais du côté des travailleurs, non vers l'emploi salarié mais vers l'activité productive de biens essentiels.

Il est bien fâcheux de ne pas savoir comment cela va se produire... Fâcheux et dangereux! La recherche forcenée des moyens de sauver la mise à ceux qui ont triché et se sont honteusement enrichis, laisse craindre que la violence apparaisse bientôt. Les moyens de défense des intérêts des puissants vont se manifester dès que le danger d'une désappropriation effective va leur apparaître! Le mystère du temps qui vient n'est pas opaque au point de nous cacher que des conflits, de tous ordres, peuvent, désormais, surgir.

Ceux qui surveillent l'horizon ont tort. Ce n'est pas de là que "le plus terrible des enfants que le nord eut porté jusqu'ici dans ses flancs" (comme l'annonçait La Fontaine), peut frapper mais là où nous posons nos pieds. Le Nord, c'est le nord de la planète. Ce n'est pas septentrion. Nous ne sommes pas spectateurs mais acteurs. Nous ne serons pas épargnés. Même si nous ne savons pas ce qui va survenir, nous savons qu'il n'y aura pas un seul coin de Terre à l'abri du tumulte. Pour échapper au malheur, c'est dès à présent qu'il faut nous occuper de nous-mêmes. Si, face à l'économie, la politique reprend ses droits,il ne peut pas s'agir de la seule politique des États et de leurs gouvernements, ni même de la politique des seuls partis, ce ne peut plus être autre chose que la politique concernant l'ensemble des Citoyens du monde, la nôtre. C'est à nous qu'il revient que le spectacle du monde ne touche pas à sa fin.


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

mercredi 22 octobre 2008

Poker menteur


La partie qui est engagée à l’échelle internationale est une partie de poker menteur.


Il ne faut surtout pas croire les beaux discours propagés à grand renfort d’effets médiatiques.

Ce que les gouvernants de ce monde cherchent c’est s’extraire du vaste merdier qu’ils ont contribués à mettre en place, à sauver leur peau, leur image politique.

M. Sarkozy peut s’habiller de la toge du donneur de leçon et prôner un capitalisme régulé, ce n’est qu’un retournement de veste circonstanciel pour essayer de sauver la face (et les meubles !). M. Rocard commence à vieillir, quand il lui trouve des airs de gauche rentrée. M. Sarkozy est le bras séculier du capitalisme, il n’est de gauche que de façade. Ne nous laissons pas griser par le mensonge, sa compassion n’est que de circonstance, son credo reste le libéralisme.

Il est vrai qu’il est un chant nouveau qui ressemble à celui du cygne, mais il faudrait de nombreuses années, voire des décennies, et bien des péripéties, pour revenir à ce capitalisme sauvage servi par des voyous. À moins que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, notre histoire passe, une nouvelle fois, par la case fascisme et que nous soyons contraints de défendre notre liberté à coup de couteaux.

Restons vigilants, ne nous avachissons pas dans « la servitude volontaire », que dénonçait La Boétie, il y a 500 ans. S’il n’y a pas de contre pouvoir, alors saisissons nous en : il est à ramasser.

Attention, le plus difficile est devant nous : le chômage, le surendettement, la baisse du pouvoir d’achat… Et nos dirigeants vont maintenant nous demander de faire des efforts.

Vous avez remarqué comme moi : quand il est chaud, on ne partage pas le gâteau, mais on a toujours besoin de plus de bras pour le confectionner. En d’autres termes, il nous est dit ; « retroussez vos manches pour reconstruire afin que nous nous enrichissions à nouveau ».

N’est-il pas, enfin, venu le temps d’abolir définitivement le règne de l’argent roi et de tourner le dos à cette société d’abus de confiance, en tenant compte de l’histoire, et en mettant en place une nouvelle ère où l’Homme ait véritablement sa place ?

Il est urgent de lire ou de relire Ecologica d’André Gorz, ce philosophe visionnaire qui nous a malheureusement quittés en septembre 2007.

Il écrivait, entre autres : « On a beau accuser la spéculation, les paradis fiscaux, l’opacité ou le manque de contrôle de l’industrie financière, la menace de dépression, voire d’effondrement de l’économie mondiale, n’est pas due au manque de contrôle, elle est due à l’incapacité du capitalisme à se reproduire. Il ne se perpétue et ne fonctionne que sur des bases fictives de plus en plus précaires.» Puis plus loin : « Prétendre redistribuer par voie d’imposition les plus value fictives des bulles précipiterait cela même que l’industrie financière cherche à éviter : la dévalorisation de masses gigantesques d’actifs financiers et la faillite du système bancaire. »

Je pourrais citer entièrement son livre tellement ses écrits sont prophétiques et démontrent la faillite inéluctable du système capitaliste. Il ne cesse d’attirer l’attention de ses lecteurs sur l’incompatibilité entre le système capitaliste et la survie écologique de la planète.

Pourtant, demain, le système actuel pourrait renaître de ses cendres. C’est aujourd’hui, et pas demain que nous avons la possibilité.
Jean-Claude Vitran

lundi 20 octobre 2008

L’affaire des sifflets.

AFP
Ils sont beaux. Ils sont jeunes. Ils sont inconscients. On les prend en otages.

Ah, qu’elle était belle la France Black – Blanc - Beur de 1998 !

A cette époque, tout le monde, à l'unisson, chantait la Marseillaise et brandissait le drapeau national.

Nous avions chaud au cœur car il nous semblait que le mot fraternité reprenait du sens.

Pourquoi ces changements ?

S’est-il d’ailleurs vraiment passé quelque chose ?

Michel Platini, qui s’y connaît en matière de football, dit dans Le Monde « Il y a trente ans, quand je jouais avec l’équipe de France, la Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l’époque, les politiques (et leurs maîtres, les financiers -1-) ne s’intéressaient pas au football et ça ne choquait personne ». Il rajoute : « une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique, car cette histoire de sifflets est devenue une affaire politique qui n’a rien à voir avec le sport. »

Pourtant, oui, depuis 1998, il s’est passé quelque chose.

Il s’est passé que nous avons régressé, que l’occident s’est radicalisé et que l’argent roi est devenu le système dominant, que les Twin-Towers sont tombées, que nous avons connu les attentats de Londres puis de Madrid, et qu’en France, M. Sarkozy est devenu ministre de l’Intérieur puis Président de sa République.

Il s'est passé que l’on a oublié de mettre l’Homme au cœur de nos préoccupations, que la fraternité, comme l’égalité et bientôt la liberté, valeurs phare affichées au fronton de notre république, sont en recul.

Pour les siffleurs, cela se solde par une régression considérable. Ils sont laissés pour compte. Pire, de copains Blacks, Beurs, ils sont devenus les boucs émissaires de tous les maux dont la France souffre.

Pendant toutes ces années, de petites phrases en petits mots, on les a qualifiés de « racailles », puis on leur a promis un nettoyage au karcher. On leur a même dit de retourner chez eux, eux qui, pour la plupart, sont…français!
On parle maintenant de les « nettoyer au Destop »
, selon Fadela Amara, s'exprimant le 15 octobre, au lendemain du match retransmis sur France 2, (à croire que le pouvoir l’a rendue amnésique sur ses origines).

Dans le florilège d'injures et mots plus ou moins violents, on relèvera que des membres du gouvernement qualifient les siffleurs « d’imbéciles », « de voyous ». Bernard Laporte stigmatise les personnes d’origines maghrébines en laissant entendre qu’elles ne sont pas civilisées et pas saines. Jacques Myard, député UMP des Yvelines les qualifie de « petits merdeux ».

Ces jeunes indociles sont particulièrement appréciés de la police, (eh ! oui, elle les contrôle plusieurs fois par jour, jusqu’à 8 fois à Villiers le Bel, et par les mêmes fonctionnaires de police...)

Depuis 1977et les 110 propositions de François Mitterrand, depuis 30 ans, on promet à ceux qui résident avec une carte de séjour le droit de voter aux élections locales et donc d’être des citoyens à part entière et plus à part.

Le pouvoir n’a pas cherché à les intégrer, mais à les dé-s-intégrer.

Annisa, jeune Beur d’Épinay sur Seine, dit : « c’est vrai, je ne sais pas ce que je suis, je veux me considérer comme une française, mais dès qu’on me traite de sale arabe, ça me perturbe, ça me travaille..., alors nous sommes un peu de nulle part » et elle ajoute, fataliste : « De toute façon, les Français pensent que se sont les Arabes et les noirs qui foutent la merde dans ce pays ».

On va installer à Paris,, avec la bénédiction de la municipalité de gauche, 1250 caméras de vidéosurveillance, surtout dans les quartiers soit disant chauds…, les quartiers des siffleurs : 11ème, 18ème et 19ème arrondissements pour surveiller… les siffleurs.

Avec 50 millions d'euros l’installation et 6 millions annuel de fonctionnement, on pourrait payer plus de 200 fonctionnaires et recréer du lien social. (2)

Un commissaire du 19ème assure : « A l’heure de la déflation des effectifs de police, la vidéo devrait permettre d’améliorer la couverture de terrain. » Quel constat d’échec !

Dans le même temps, des députés UMP dont Jacques Myard (déjà nommé) ont déposé 2 projets de lois, l’un pour interdire aux mères, porteuses d’un voile, la possibilité d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, l’autre pour interdire le port de la burqa sur tout le territoire français. En matière d’intégration on pourrait trouver mieux.

A croire que d’aucun cherche le conflit majeur, mais je me trompe certainement ! La crise financière et économique que nous vivons ne va qu’exacerber ces tensions. Les plus pauvres, les plus démunis, les victimes des inégalités s’interrogent, à bon droit : il y a 2 mois, la France était en faillite, aujourd’hui, elle est prête à offrir 360 milliards pour essayer de sauver le système financier! De qui se moque-t-on ?

Les mois, voire les années à venir seront difficiles pour tous, mais certainement plus encore pour ces populations qui sont ostracisées en permanence. Il est temps que tous les démagogues, tous les populistes se taisent, qu’ils cessent de tenir des propos assassins et extrémistes, qu’ils arrêtent de souffler sur les braises.

Notre démocratie a besoin d’apaisement, sinon, elle sombrera !

(1) - Ajout du rédacteur.
(2) - On installera aussi des caméras de vidéoprotection dans le 16e pour rassurer les mémères à rivière de diamant.

Jean-Claude Vitran

lundi 13 octobre 2008

Du contrôle social



Non, ce n’est pas un gros mot que de parler de contrôle social. L'expression doit être prise dans le sens d'un troisième mot : celui de maîtrise, c’est le sens anglo-saxon (comme dans self-control).


C’est la façon de vivre ensemble et de se supporter, ce qui permet à la société de « vivre en harmonie ». Longtemps les hommes ont cherché des codes pour vivre en harmonie.

Dès 1215, la Magna Carta, fut rédigé par les barons anglais pour réduire les pouvoirs royaux de Jean sans terre. Ensuite le 26 mai 1679 les « Anglais » proclamaient le Bill d’habeas corpus qui réglait avec précision le droit de l’inculpé et du détenu, et en 1688, ils proclamaient le Bill of right qui marquait le passage d’une monarchie de droit divin à une monarchie constitutionnelle basée sur un contrat. Le 4 juillet 1776, les « Américains » proclamaient leur indépendance. Enfin le 26 août 1789, en France les députés de l'assemblée nationale constituante établissent la synthèse des textes anglo-saxons et des idéaux politiques et philosophiques du Siècle des Lumières et rédigent la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Tout cela procède du contrôle social.

Mais aujourd’hui, l’État prend le « Contrôle » dans son sens premier : celui de « CONTRÔLER, VERIFIER, SURVEILLER, et SANCTIONNER » les citoyens. Et comme l’a dit Michel Foucault, «surveiller, c’est aliéner la pensée et c’est punir »

Depuis longtemps, les gouvernements rêvent de pouvoir tout savoir sur leurs concitoyens pour faire régner la paix sociale, leur paix sociale. Les premiers fichiers datent de la fin du règne de Louis XIV et vers 1775/1780, un certain Fouché devient le champion du fichage.

Depuis cette période, le goût de ce sport, devenu national, ne nous a pas quittés.

Ce fichage, que l'on peut sans exagérer penser qu’il sera, à terme, généralisé, révèle le changement fondamental de logique. De la primauté de la présomption d'innocence, il instaure la présomption de culpabilité.

Sa logique purement policière est claire : tous suspects donc tous fichés.

C’est celle des fichiers EDVIGE 1.0 et 2.0 qui fichent les enfants à partir de 13 ans, même s’ils n’ont commis d’infraction, seulement sur leur potentiel de dangerosité (ou leurs faciès).

Ses zélateurs expliquent avec perfidie qu'il s’agit d’un progrès puisque accusés à tort nous pourrions ainsi plus facilement être innocentés.

« Je m’en fiche d’être fiché, je n’ai rien à me reprocher ! » Cette phrase est souvent reprise.

Les juifs, les homosexuels, les Tziganes en 1942 n’avaient, eux aussi, rien à se reprocher, pourtant leur fichage par l’Etat français a permis leur déportation et leur extermination.

Le fichage systématique, et à priori comme prévu, dans EDVIGE 1.0 et EDVIGE 2.0, le développement anarchique de la vidéosurveillance est antithétique des idéaux de la société démocratique issue du siècle des lumière et de la révolution de 1789.

Accepter sans débat le fichage et la surveillance, c’est accepter une nouvelle société où s’établit la culture du soupçon, où s’installe l’arbitraire, et qui glisse vers le totalitarisme.

Ces remises en cause des libertés fondamentales de tous les citoyens ne peuvent être décidées par le seul gouvernement sous forme de décret ou d’arrêté.

Il faut qu’elles fassent l’objet d’un grand débat de société, du vote d’une loi, et d’une modification constitutionnelle ; il faut, enfin, redonner à la CNIL le pouvoir qu’elle avait avant la loi régressive de 2004 et lui octroyer des moyens juridiques, financiers et humains à la hauteur des enjeux de la société numérique qui s’installe.

Jean-Claude Vitran





vendredi 10 octobre 2008

Sortir de l'impasse des bavardages


Adversaires en 2012?

Il est presque trop facile de rire des discours et comportements ridicules des pseudos responsables politiques, hier ultra-libéraux, et qui, depuis que la crise bancaire est devenue catastrophique, nationalisent les banques à qui mieux mieux. Il est on ne peut plus clair que les propos "rassurants" des porte-parole des États et des institutions les plus qualifiées, y compris ceux du très "socialiste" président de FMI, Dominique Strauss-Kahn, ne sont que bavardages sans prise sur le réel!

La situation est trop grave pour qu’on puisse se gausser longtemps des rodomontades et des moulinets de notre agité président, ou de ses pairs en politique, que ce soit son partenaire US, hier adulé, Debeuliou Bush, en fin lamentable de parcours, ou, en Europe, ses trois partenaires de la bande des quatre : le travailliste en souffrance, Gordon Brown, le « néo-moraliste » transalpin Berlusconi, et l’austère dame d’outre Rhin, Angela Merkel ! Les 23 autres chefs de gouvernement européens, qui ne font pas partie du G8, voudront bien attendre qu’on les siffle. L’actuel Président de l’Union européenne ne mélange pas les torchons avec les serviettes. La serviette espagnole a dû apprécier.

Il est fort intéressant de constater que, d’un seul coup, on est repassé au plus d’État, et au retour de la régulation, sans honte et sans transition ! Le Congrès du PS s’annonce moins centré sur ses « vedettes » médiatiques et il n’y fera pas bon avoir donné dans le libéralisme… Comme toujours en pareil cas, les propos se gauchisent ! Mais c’est trop tard : ce sont les propos tenus hier dont les citoyens vont se souvenir.

L’essentiel n’est pourtant pas là ! Si les Français, les Européens, tous les modestes ne comprennent rien à ce qui arrive, ils ont pourtant déjà compris qu’il y a de l’argent, beaucoup d’argent en jeu, qu’on sauve les banques et les banquiers véreux mais que ce sont les contribuables qui vont règler la note finale. On se paie même le luxe, c’est bien le mot, d’annoncer que, quand ça ira mieux, on redonnera aux actionnaires des banques nationalisées, le pouvoir qu’on leur avait enlevé le temps que la Bourse et les organismes de crédit se soient refait une santé, grâce à l’intervention des États… Le premier ministre ne l’a pas caché.

Mais la Bourse et les banque vont-elles se refaire cette santé économique indispensable à l’activité des hommes ? Ce qui arrive n’a jamais été vu. Inutile de comparer à 1929 : la crise était plus délimitée, moins mondialisée, plus dépendante de l’économie réelle, plus brièvement brutale. Cette fois, tout est lié : le système monétaire, le crise alimentaire, la crise énergétique, l’enfermement militaire des Etats-Unis, le rejet de l’Occident par une large part de l’humanité, la crise démocratique qui voit les peuples se couper de leurs représentants et, bien entendu, l’immense crise écologique multiforme qui menace le climat, les ressources non renouvelables, la biodiversité, la pollution des eaux, etc. L’oubli de cette dernière dimension écologique de la crise en dit long, d’ailleurs, sur la cécité des dirigeants incapables de sortir des modèles théoriques où ils se sont enfermés et d’où ils ne peuvent que répéter leurs pétitions de principe, même si chaque jour les contredit !

Une course contre la montre est engagée. Chacun court sur la piste du monde mais sans bien savoir d’où il faut partir et dans quelle direction il faut se précipiter ! Capitalisme moralisé (avec ou sans « parachutes dorés » ?) … Capitalisme régulé (avec des lois et règlements, mais imposés par qui à qui ?) … Capitalisme vert (afin de faire du développement durable une nouvelle source de profits confisqués ?) … On a convenu, en quelques semaines, qu’il fallait abandonner (provisoirement ?) le capitalisme libéral, mais le dogme reste le même : il faut sauver le capitalisme. Cela ne se discute pas! Faudra-t-il qu’implose le système comme implosèrent, sans affrontements guerriers, la dictature franquiste, la dictature de Salazar ou la dictature soviétique ? Ne doutons pas qu’il soit de nombreux zélateurs de ces marchés dont « la main invisible » ne laissera pas se détruire le Veau d’or, qu’ils vénèrent ! Rien ne saurait se passer en douceur. Les enjeux sont trop considérables.

Le temps n’est plus de savoir si le capitalisme est mal au point. Il l’est. Le temps est venu de créer du neuf et là, il y a bien du souci à se faire ! Sans alternative économique et politique, de graves dangers menacent les peuples. Il n’est donc point d’autre chemin que celui de travailler, vite, durement, à l’expression d’une révolution philosophique, écologique et sociale. Le retard est impressionnant mais, sauf à baisser les bras, -ce qu’espèrent ceux qui cherchent à faire durer ce qui leur échappe-, il n’y a plus d’autre action citoyenne possible que celle qui consiste à rapprocher les savoirs et les énergies pour faire émerger une politique qui n’a jamais encore existé. Toutes choses égales par ailleurs, nous voici revenus en des temps comparables à ceux qui ont bouleversé la fin du siècle des Lumières. La parole est au peuple. Que va-t-il dire?

Attention, quand une inondation s’empare d’un territoire, l’eau explore toutes les impasses jusqu’à ce quelle trouve une voie de passage. Si elle n’en trouve pas, elle la force…

Jean-Pierre Dacheux