samedi 25 février 2017

Présidentielles 2017. Note 21 à J-58. Craintes et espérances se confondent !


Un deuxième temps intermédiaire et décisif .

Le point au 24 février 2017.
par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Les commentateurs politiques examinent, avec gravité, l'évolution de la campagne.
L'émission quotidienne « C dans l'air » sur « France 5 », d'inégal intérêt, a pris, le 23 au soir, un caractère différent : les journalistes ont cherché, très sérieusement, à tirer les enseignements de « l'alliance » qui s'est réalisée entre François Bayrou et Emmanuel Macron. J'en ai conservé certains qui donnent à penser :
1 – Le duel de second tour peut être autre que celui qui avait été pronostiqué depuis de nombreuses semaines : Le Pen / Fillon. Actuellement Fillon n'est plus assuré de la seconde place.
2 – Qu'on apprécie ou non la politique préconisée par Emmanuel Macron, il faut reconnaître que la bipolarisation PS / « Républicains » s'en trouve fort menacée. Est-ce le début d'un chambardement inimaginable encore il y a trois mois ?
3 – Le recours annoncé à la proportionnelle (comme en nombre de pays d'Europe), et qui est jugé nécessaire par plusieurs candidats, ne peut que bouleverser la représentation parlementaire. Reste à savoir quand et comment le Parlement, qui sera élu en juin 2017, serait dissous et réélu...
4 – Les sondages ne peuvent être fiables du fait d'une volatilité de l'électorat jusqu'ici jamais connue et renforcée par un désir populaire de « sortir les sortants » (ce qui favorise les nouveaux venus et les « hors système », à droite comme à gauche).
5 – Les partis traditionnels sont en difficulté. Les mouvements (En marche ou La France insoumise sont valorisés. Les évolutions des citoyens, au sein, en marge ou en opposition à ces mouvements ne sont pas achevées. Nul ne se risque à dire jusqu'où cette effervescence va nous conduire !
6 – Ce « jamais vu » annonce probablement des recompositions politiques inédites mais encore peu lisibles. La réflexion sur ce qui reste des concepts de gauche et de droite est engagée.
7 – La Vème République ne peut sortir indemne de cette accélération politique historique.
8 – Le Front national, largement en-tête dans les intentions de vote, pourrait, à son tour, connaître un fort recul s'il cesse d'être considéré comme le recours des déçus et des maltraités. Les 340 000 euros réclamés par le Parlement européen à Marine le Pen, pour paiement indu d'assistants parlementaires, la placent au niveau de François Fillon : celui de l'usurpation de fonds publics pour rétribuer des tâches non effectuées ou autres que celles prévues ! Va-t-elle, à son tour être plombée et se voir tirée vers de plus bas sondages ? Elle n'est pas à l'abri des jugements définitifs de ceux qui estiment que les élus sont « tous pourris » !
9 - Les évolutions inachevées se situent « à gauche » : Benoît Hamon porte la plus lourde charge car il ne peut maintenir la ligne qui a fait son succès aux primaires sans se démarquer de la direction du PS associée aux échecs du quinquennat Hollande qu'il avait dénoncés.
10 – L'influence des sensibilités écologiques rend le divorce entre Hamon et Mélenchon intenable. Ou bien il ne fallait pas aller si loin dans cette direction, ou bien il faut y aller jusqu'au bout car, séparés, les deux «  néo-écolos » courent à l'échec et Jadot avec eux. Et ils le paieraient cher !
11- Le dégout, la rage et l'espoir se côtoient. Ils alimentent ou bien l'éloignement de la politique, ou bien le vote FN comme instrument de la colère politique, ou bien la recherche d'un dépassement politique (mais où ni la droite traditionnelle ni la gauche formelle n'ont plus de rôle à jouer!). C'est dire les risques encourus : l'abandon électoral ou la montée en force du nationalisme ou l'émergence d'un « printemps français » inattendu et fragile.

12 – « La politique est trop importante pour la confier à des politiciens ». Soit. Mais la politique n'est pas non plus un spectacle ou un match ! Alors ne nous contentons pas d'applaudir ou de huer. Il est temps pour les spectateurs que nous sommes de passer sur scène, en acteurs.

jeudi 23 février 2017

Présidentielles 2017. Note 20. Victoire du « dégagisme » ?


Un deuxième temps intermédiaire et décisif .

Le point au 23 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


François Bayrou a-t-il été « dégagé » ou s'est-il lui même dégagé ou désengagé ?
1 - Le « dégagisme » est un néologisme politique fondé à partir du verbe « dégager » et popularisé, à partir de 2011, lors du Printemps arabe. Il y a même un « Manifeste du dégagisme » apparu récemment en Belgique1.
Il est trois façons d'être « dégagé » :
1 - parce qu'on a été chassé du pouvoir (comme ce fut le cas en Tunisie pour Zine el-Abidine Ben Ali, en Égypte pour Hosni Moubarak ou au Burkina Faso pour Blaise Compaoré) ;
2 - parce que l'on a échoué à prendre place dans la course au pouvoir (comme ce fut le cas avec les deux primaires qui ont éliminé, l'une : Sarkozy et Juppé, l'autre : Valls et Montebourg...) ;
3 - parce que l'on se dégage soi-même et c'est ce que vient de faire François Bayrou après François Hollande.

Le paysage politique français, peu à peu, se dégage donc et va continuer de se dégager car plusieurs candidats potentiels ne rempliront pas les conditions pour participer à la campagne électorale officielle. Ce « nettoyage » n'est pas achevé et avant même que n'apparaissent, le 23 avril, les deux candidatures qui dégageront toutes les autres (car tel est l'indigne mode de scrutin présidentiel en vigueur, depuis 1962, en France), il peut y avoir encore des événements entrainant, pour François Fillon ou Marine Le Pen, une déconfiture directe (au cas où l'un d'eux serait contraint de se retirer) ou indirecte (si les effets des révélations ravageuses de la presse se poursuivaient et ruinaient toutes leurs chances).

Jean-Luc Mélenchon a repris ce vocabulaire « dégagiste ». Il veut dire par là que tous ceux qui ont trahi leurs électeurs doivent quitter la scène politique à commencer, au sein du parti socialiste lui-même, par les acteurs gouvernementaux du dernier quinquennat. C'est là une exigence que Benoît Hamon peut encore difficilement satisfaire et qui pourrait, sauf nouvelle surprise dégager tout candidat se réclamant de la gauche du second tour de la présidentielle.

2 – L'alliance (non le ralliement) entre F.Bayrou et E. Macron constitue un pari risqué.

L'objectif est clair : « dégager » définitivement Fillon de la seconde place que les sondages estiment encore possible et l'emporter aisément face à Marine Le Pen, in fine.

Ce choix stratégique va entrer en conflit avec celui des candidats Hamon et Mélenchon qui ont le même objectif mais qui ont un obstacle préalable à franchir : leur rivalité politique qui ne concerne pas que leur ego mais l'avenir du pays. Sans l'intervention de leurs électorats qui veut leur union avec l'appui des écologistes véritables, la partie est mal engagée.

Paradoxalement, la fuite de libéro-socialistes (tels Gérard Collomb, voire Stéphane le Foll) ou de libéro-écologistes (tels François de Rugy ou Corinne Lepage ) vers Emmanuel Macron peut y aider. Restent deux mois. C'est peu et beaucoup à la fois. Si la proximité des programmes de la France insoumise et de Benoît Hamon (qui ne peut pas compter sur le PS en son ensemble) est mise en évidence, il deviendra impossible de juxtaposer et de mettre en compétition des idées trop proches, en prenant le risque d'annihiler tous les acquis déjà rassemblés !

En bref, entre Bayrou-Macron et Mélenchon-Hamon-Jadot une course contre la montre vient de s'engager. Entre le centrisme de droite (qu'incarne Bayrou et qui contaminera le discours flou de Macron) et la gauche en reconstruction (qui doit s'affranchir vite de la fausse gauche libérale), un débat sans concession va s'ouvrir. Nous pouvons y participer !

Il reste encore beaucoup à dégager !


1http://www.manifestement.be/degagismeMANIFESTE/DegagismePourSoldes.pdf

mercredi 22 février 2017

Présidentielles 2017. Note 19. Un suffrage pas si universel que ça !


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 22 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

De l'abstention au PRAF (Plus Rien À Foutre »), y a-t-il recul du vote citoyen ?

1 - Il faut y regarder de très près avant de dire que le suffrage universel est encore privilégié par les Français.

Dans le suffrage universel, le corps électoral est constitué par tous les citoyens qui ont la capacité électorale, par opposition au suffrage censitaire dans lequel ne votent que les contribuables payant un montant minimal d'impôts.

En France, l'adoption du suffrage universel masculin date de 18481 et celle du suffrage universel féminin de 19442 : pendant près d'un siècle, le suffrage universel n'a donc eu d'universel que le nom puisqu'il ne concernait que les « mâles » excluant ainsi plus de la moitié de la population en âge de voter.

2 - En 2017, à en croire La lettre de la Citoyenneté n°145, de janvier-février 2017 (page 4), 13 millions de citoyens pouvant théoriquement voter, sont non ou mal inscrits. 7,2 millions restent inscrits dans une commune où ils ne résident plus. 2 millions sont inscrits dans un mauvais bureau de vote de leur ville. 3,5 millions sont, tout simplement, non inscrits dont de nombreux anciens immigrés pourtant naturalisés depuis plus ou moins longtemps.

Si l'on ne prend en considération que les données de la présidentielle de 2012, sur un peu plus de 46 millions d'inscrits, (2 millions de plus qu'en 2007), près de 20% s'étaient abstenus (4% de plus qu'en 2007), presque 5% avaient voté blanc ou nul (à peine plus qu'en 2007) et, donc, ne s'étaient exprimés que 75,68% des inscrits très exactement (contre 83,97% en 2007).

L'élection présidentielle est celle qui est la plus fréquentée par les électeurs. Si, à présent, on ne prend en considération que les données de la plus récente des élections, (celle des régionales de décembre 2015), pour un peu moins d'inscrits qu'en 2012, plus de 41% s'étaient abstenus, les votes blancs et nuls (pour la première fois dénombrés de façon séparée) n'avaient pas dépassés, ensemble, les 3% et, donc, ne s'étaient exprimés que 55,57% des inscrits très exactement.

3 - Il faut relever que les résidents étrangers originaires d'un pays de l'Union européenne peuvent, théoriquement, voter aux élections européennes et municipales, s'ils sont inscrits sur des listes électorales spécifiques, mais 20% seulement sont inscrits (notamment des Portugais et des Anglais3). Près de 5 millions d'étrangers « non européens » - y compris des ... Suisses ! - n'ont pas le droit de vote. « Quand on contribue à la richesse nationale, à payer des impôts, il est légitime de participer à la discussion de son usage local » (Edwy Plenel, sur France-Inter, le 29-12-2016).

En bref, comme ce fut le cas pour le vote féminin, la France est à la traine en n'acceptant pas que votent (et pas seulement aux élections locales !) tous ceux qui vivent sur son sol.

4 – Ceux qui ne votent pas ne sont pas tous des abstentionnistes. Les empêchés (malades, prisonniers ayant perdu leurs droits civiques, voyageurs éloignés des lieux de vote...) ne se désintéressent pas nécessairement de la politique. Il est d'ailleurs différentes formes d'abstention.

Dès 1888, Octave Mirbeau, publiait, dans Le Figaro d'alors (les temps on changé!) : La grève des électeurs4. Il est rejoint, un siècle plus tard, par les « Prafistes », selon le terme inventé par Brice Teinturier de l'IFOP. Ce néologisme désigne ceux qui, n'attendant plus rien des élections, s'éloignent des urnes, mais continuent à observer la situation politique. Il leur semble que tout est bloqué et que rien ne peut plus bouger et surtout pas par le moyen du bulletin de vote tant les citoyens sont formatés, conditionnés, impuissants et dominés par les professionnels de la communication.

On aurait tort de tout confondre : les « j'menfoutistes », les incultes, les déçus, les irrités et les abstentionnistes politiques..., car même si le résultat est le même (le retrait), il faut admettre que redonner de la vie et de l'espérance aux citoyens commence par oser sortir des institutions qui non seulement ont fait leur temps, mais interdisent toute créativité politique, notamment celle qui s'exprime hors des partis.

1.  C'est la seconde République qui a ouvert, le 5 mars 1848, le droit de vote à tous les Français (à l'exclusion des Françaises!). Le premier à en avoir profité fut Louis-Napoléon Bonaparte, élu président, qui la renversa et devint, quatre ans plus tard, l'empereur Napoléon III, jusqu'en 1870 et la défaite de Sedan, face à la Prusse.
2.   Les femmes françaises ont commencé à voter lors des élections municipales du 29 avril 1945 par exécution d'une ordonnance de Charles De Gaulle, à la tête du Gouvernement provisoire signée à Alger, le 21 avril 1944.
3   Que vont pouvoir exprimer ces derniers, dans l'avenir, après le Brexit, même s'ils résident depuis longtemps en France et fréquemment comme propriétaires ?
4   Octave Mirbeau, La grève des électeurs, réédité (ce n'est pas un hasard), chez Allia, à Paris, en 2009.

mardi 21 février 2017

la pensée unique ou DECODEX.



Depuis quelques semaines, le monde journalistique est agité de soubresauts, en effet, le journal Le Monde a créé une application numérique destinée à distinguer le bon grain de l'ivraie médiatique.

Cette application appelée « DECODEX »1 distribue des notes2, sous la forme de code couleur, permettant, selon ses créateurs, de juger de la qualité du médium en question.

Je trouve cette application particulièrement inacceptable, voir dangereuse ; quel droit, au sens éthique du terme, les journalistes du journal Le Monde peuvent-ils s'octroyer pour se permettent de juger de la qualité et de la véracité des articles de leurs confrères ?

Serions nous revenus en 1870, au temps de l'infaillibilité du Pape Pie IX, du Syllabus, de l'Index et du contrôle et de l'interdit des écrits (dont les livres de Rousseau à Sartre...) ?

De plus, il est légitime de se poser la question de savoir qui contrôlera ces « sanctionneurs » mais aussi de l’impartialité de la ligne éditoriale du journal lorsque l'on sait que la propriété de cet organe de presse est distribuée entre trois grandes fortunes françaises - Xavier Niel3, Pierre Bergé4 et Matthieu Pigasse5 - par ailleurs propriétaires de l'Obs.

Inacceptable, parce que la presse ne peut pas et ne doit pas être aux ordres d'un pouvoir, quel qu'il soit, et Le Monde, pas plus qu'un autre médium ne peut distribuer des brevets de bonne conduite et de bonne information.

Dangereux, parce que le projet remet en cause le fonctionnement démocratique de notre société, et qu'il ne s'arrête pas là. Dans l'information donnée par Le Monde on apprend que huit médias français6 ont décidé, comme cela existe aux USA depuis décembre 2016, de collaborer avec Facebook pour réduire la présence de fausses informations sur le réseau social, avant de s'attaquer au reste du monde.

S'il est vrai que l'Internet et la prolifération des médias télévisés ont décuplé l’information, sa manipulation est aussi vieille que le monde et il serait bon, avant de vouloir donner des leçons aux autres, de balayer devant sa porte. 

La mode des médias « bien-pensants » est de laisser croire que tous ceux qui sont indépendants sont suspects de complotisme dès lors qu’ils ne délivrent pas la parole officielle.

Pourtant quelle que soit la qualité ou la véracité des nouvelles mises en ligne par ces publications indépendantes, elles ont un énorme avantage, celui d'exister.

Enfin, c'est aux lecteurs de se faire une idée de la valeur des nouvelles et celui-ci ne doit pas avoir besoin d'un organe qui réfléchit à sa place pour lui distiller la pensée unique.

Il est vrai que l'on n'apprend plus beaucoup dans nos écoles républicaines à développer "l'esprit critique" et "l'esprit de synthèse". C'est un exercice trop dangereux pour l'ordre établi qui n'a pas besoin d'individus qui réfléchissent, mais seulement de moutons qui consomment et avalent les postulats du système. Le but avoué, - il suffit de réécouter les propos de Patrick Le Lay sur le « temps de cerveau humain disponible7 » - , c'est de faire du citoyen seulement un consommateur sous influence.

Il nous faut absolument combattre ces empêcheurs de penser par soi-même qui ne sont que des courroies de transmission de l'éternelle machine à aliéner qui l'on nomme capitalisme.

JC Vitran - 21.02.2017

1.  Très vite qualifié de DECONEX par une partie de la profession.
2   http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/23/le-decodex-un-premier-premier-pas-vers-la-verification-de-masse-de-l-information_5067709_4355770.html
3.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Niel - Fortune personnelle : 7,5 milliards USD (2017) Forbes
4.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bergé
5.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthieu_Pigasse
6.   Le Monde, l'Agence France-Presse (AFP), BFM TV, France Télévisions, France Médias Monde, L'Express, Libération et 20 Minutes.

7   « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible »

dimanche 19 février 2017

Présidentielles 2017. Note 18. À J-63, rupture définitive à gauche ?


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 19 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Mélenchon et Hamon rompent les ponts.

La passerelle Jadot n'a pas tenu longtemps : l'écologie est, certes, dans la politique de Hamon, et tout autant dans celle de Mélenchon, mais elle ne peut (elle est apparue trop tard !) constituer le lien et le liant qui unifieraient ces politiques, car elle n'est pas encore la politique contenant l'exigence prioritaire devant laquelle chaque candidat constaterait qu'il est grand temps de s'incliner.

Mélenchon et Hamon pouvaient s'entendre pour refuser toute alliance avec Macron, mais ils ne pouvaient se mettre d'accord pour évincer les caciques d'un PS moribond, mais pas encore dans le « corbillard »... (comme dit le leader de la France insoumise).

La déception sera grande à gauche parce qu'un calcul à courte vue, consistant à additionner les intentions de vote faisait espérer que la gauche, complexe mais reconstituée, pouvait être présente au second tour de l'élection présidentielle. Mais était-ce souhaitable tant que les différends principaux ne sont pas surmontés ? La peur du pire seule pourrait encore, peut-être, in fine, peu avant le scrutin, rapprocher des candidats trop engagés pour pouvoir, actuellement, quitter la voie où ils se sont avancés !

Mieux vaut construire lentement que de faire monter des illusions ! La campagne présidentielle peut faire progresser encore la prise de conscience citoyenne, face aux risques planétaires qu'on ne peut plus dissimuler et auxquels on ne peut se résigner. Un échec électoral serait moins grave qu'une déconvenue totale portant sur l'avenir d'une politique en cours de constitution. On ne mange pas le fruit avant qu'il soit mûr...

Reste à interdire le succès des pires ennemis de cette politique à venir. Le second tour y peut suffire sauf si le choix final était à faire entre Le Pen et Fillon. L'une est la championne du nationalisme, du repli et de la violence sociale. L'autre est le porte-parole des puissances d'argent, du conservatisme et des élites de la droite bonapartiste. On ne peut s'opposer à l'une en adoubant l'autre : entre l'extrême-droite historique et la droite extrême, entre le crypto-fascisme et la domination absolue des riches, l'écart n'est pas suffisamment significatif pour qu'on puisse voter pour « le moindre mal ». On a déjà « donné », en 2002, et le quinquennat impuissant de Jacques Chirac n'a pas bénéficié du soutien de la gauche ayant permis d'écraser la candidature de Le Pen père.

Les électeurs vont trancher, non pour le succès mais, pour orienter les législatives à venir, entre Hamon (qui n'a pu se dégager de l'emprise d'un PS honni) et Mélenchon (qui réalise une campagne originale et forte mais qui n'est pas certain de stabiliser certains de ses soutiens, en particulier le PCF prêt à dévorer le plat de lentilles du PS « hamonnisé »...).

Les écologistes aussi ont à faire le tri dans leurs préférences : ainsi, leur opposition au nucléaire civil et militaire résistera-t-elle à l'appel de Benoît Hamon qui a tout à gagner s'il récupère quelques points, dans les sondages, amenés par les ex-Verts ! Le danger constant que constitue le PS pour la famille des écologistes se représente, sous un nouveau visage. On ne lâche pas la proie pour l'ombre, en politique. Si l'on revient à la case départ, l'avancée des idées écologistes va se trouver, une fois de plus, réduite à peu de chose, en France !

Il ne manquerait plus que le fantôme Hollande ne ressurgisse en profitant de la déconfiture de Fillon, de l'échec de Vals à la primaire, de la fragilité de la victoire de Hamon au sein d'un PS divisé et des maladresses de Macron dont les entrechats (un pas à gauche/ deux pas à droite) commencent à se multiplier... L'hypothèse, heureusement fragile, reste évoquée par certains socio-libéraux


Ce dimanche 19 février 2017 est sombre et le printemps politique tarde à réchauffer les attentes du nombre (croissant!) des victimes de politiques brutales subies depuis trop longtemps. Attendre, encore attendre, toujours attendre : attention, l'impatience peut déboucher sur des violences. La fluidité et l'imprévisibilité de l'électorat ne peut que continuer à nous réserver des surprises, bonnes ou... mauvaises !

Présidentielles 2017. Note 17. Tout reste incertain à J-64, mais ça se décante ?


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 17 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Nul n'est plus assuré de l'emporter. L'inattendu demeure à l'affut.

1 – Fillon fut le premier à croire que l'essentiel était fait. Cruelle désillusion !
Au soir de la primaire de la droite et du centre, et une fois, Sarkozy et Juppé éliminés, un boulevard s'ouvrait devant lui, qu'il soit devant ou derrière Marine le Pen, au soir du 23 avril. Les sondages le placent à présent, en 3ème position nettement sous la barre des 20%. Pire : sa cote d'opinions favorables décroît aussi aidant au recul des sondages. Son électorat potentiel ne se maintient que parce qu'aucun « Plan B » n'existe. On en est à opposer le verdict des urnes face à celui des juges, lesquels n'ont pas renoncé... En bref, après les 99% de chances d'être élu, François Fillon compte sur un miracle pour l'être. Et ce n'est pas fini.

2 – Marine Le Pen caracole en tête des sondages. Elle n'en est pas moins fragilisée !
Jusqu'alors, elle devait craindre un second tour du type de celui de 2002 (Tous contre Le Pen). Mais ne voila-t-il pas qu'elle se « fillonnise » avec des affaires d'emplois fictifs pour ses assistants parlementaires européens ? Elle avait cru pouvoir traiter par le mépris et le silence cette accusation. Erreur ! Il va lui falloir rembourser des sommes mal utilisées ou bien voir lourdement taxée son indemnité. Cette casserole restera accrochée à ses basques jusqu'au jour du scrutin. Ses vociférations n'y changeront rien... La voici, elle aussi plombée. Pas en chute libre mais coupée dans l'élan dont elle a besoin pour s'élever au-dessus de la barre des 30% (en-dessous, elle sera à coup sûr, battue).

3 -Emmanuel Macron profite-t-il des difficultés de ses rivaux principaux ? Ce n'est plus sûr.
Quand on ne dit rien d'autre que des généralités, on ne risque pas de se voir trop visé, mais quand on commence à s'avancer, en même temps sur les terrains de la gauche et de la droite pour donner des gages aux électeurs des deux camps, on doit s'attendre à recevoir des coups multiples. Et c'est ce qui a commencé à se produire. Parler (maladroitement) du colonialisme comme crime contre l'humanité, puis se lancer dans une diatribe contre les délinquants au nom d'un conception répressive de l'ordre public, c'est se mettre à dos les militants les plus opposés. Cela va lui coûter cher. Il lui sera désormais difficile de se mettre à égale distance d'une droite et d'une gauche qui ne se reconnaîtront plus en lui. Et voici la troisième « victime » d'une campagne non maîtrisable...

4 – Alors ? Est-ce une opportunité heureuse pour les candidats Hamon ou Mélenchon ? Non !
Il ne suffit pas de calculer qu'une alliance peut, théoriquement, hisser les sondages au plus haut niveau ! Hamon est prisonnier d'un PS dont il ne peut se couper et qui lui impose des compromis qui vont ruiner sa popularité. Mélenchon, en dépit de son brio, de son courage et de sa clarté est un candidat qui demeure isolé. Quant à Jadot, prêt à se sacrifier sur l'autel d'une unité fondée sur l'écologie, enfin considérée comme essentielle à toutes les politiques, que peut-il face à ses partenaires du moment ? Sa seule chance serait - on peut rêver – soit d'être celui sur lequel les deux inconciliables décideraient, pour ne pas perdre la face, de faire leur porte-parole dans l'attente de la révision constitutionnelle ouvrant sur la VI ème République, soit... d'être tiré au sort ! Qui va oser rompre et briser les ultimes espérances de ce qui reste d'authentique dans une gauche à la dérive ? Cruelle situation...

5 – Qui pourrait encore surgir et profiter des incertitudes violentes du moment ? Bayrou ?
Un seul nom apparaît, en effet, celui de François Bayrou. Une quatrième candidature peut-elle être cette fois la bonne ? On voit mal le maire de Pau déclencher un enthousiasme qui le juche au-dessus de ses rivaux déconfits. Le comble est que ce n'est même pas impensable. Il lui faudrait créer un espace, en peu de temps, qui ne se situe pas au centre, « entre » la gauche et la droite, mais « au-dessus » de la droite et de la gauche telles que les Français les connaissent. C'est un peu la quadrature du cercle pour un homme politique dont la carrière aura été celle d'un homme cultivé et modéré mais encore marqué au...centre droit.

En conclusion, le paysage politique est aussi bouché qu'ouvert. Il est, de surcroît, mouvant ! On n'a jamais connu une élection présidentielle se présentant de façon aussi incertaine. Parmi les clefs explicatives, on peut, avec prudence, avancer qu'est venu le temps de changer de République, que le personnel politique, usé et déconsidéré, est à remplacer, que les idées écologiques, qui ont fait leur chemin, longtemps repoussées, sont devenues incontournables mais cela n'ouvre pas toutes les portes.


Le pire et le meilleur sont encore au seuil de notre démocratie.

jeudi 16 février 2017

Présidentielles 2017. Note 16. Confusion à J-69 ?


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 15 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Le rapport des forces se modifie sans cesse et le débat d'idées est escamoté.

Dans la note n°11 du 8 février, nous avions effectué un premier « état des lieux » Il semble, une semaine après que tout bouge et que rien n'a bougé encore ! C'est un constat bizarre... L'hebdomadaire « le 1 » titre aujourd'hui : « La grande lessive présidentielle ». En effet, tout est brassé, reconstitué, mélangé et les électeurs ont, à moins de 70 jours du premier tour de l'élection, toutes raisons de ne pas s'y retrouver. Et pourtant, les repères subsistent et permettent de sortir et d'éclairer ce qui a été « mis sous le boisseau ». Les jours qui viennent vont apporter du neuf... Tel est notre regard dans cette attente.

1- Le Front national s'éloignerait du fascisme et deviendrait présentable, voire respectable, un parti « comme les autres » en quelque sorte. Il séduit, pour le moment, une majorité (relative) d'électeurs sondés ! En réalité, Marine le Pen, comme son père, vise moins l'Élysée que la domination politique du pays. Une entrée fracassante au Parlement pourrait y suffire. L'effondrement probable de la candidature Fillon lui ouvre un espace supplémentaire.
À la vérité, l'ultra-nationalisme, en France et dans plusieurs autres pays d'Europe, conduirait à l'aventure, voire à la guerre. L'anti-capitalisme du Front n'est qu'un argument de campagne destiné à influencer le vote populaire des victimes de l'économie libérale. Les thèmes traditionnels du FN (et notamment son rejet de l'immigré puis du réfugié) restent premiers. Faire barrage à l'extrême droite non par des généralités mais argument contre argument, n'a jamais été aussi nécessaire.

2 – La droite classique s'était donnée, en la personne de François Fillon, un champion non de l'extrême droite mais bien de la droite extrême (dure). Les révélations relatives aux libéralités douteuses du parlementaire, avec de l'argent public l'ont mis en grande difficulté lui et son camp ! Le danger, pour « les Républicains », contre toute attente, serait, à ce jour, l'élimination dès le premier tour ! C'était imprévu.
Les puissants qui sont derrière « la droite de gouvernement » ont un choix rapide et difficile à faire :
• ou bien prendre le risque de soutenir Fillon jusqu'au bout (car sa politique convient au patronat).
• ou bien le faire remplacer par un candidat moins « mouillé » dans des affaires, (mais qui ?)
• Ou bien rallier, tout de suite, Emmanuel Macron (mais la ficelle serait grosse!).

3 – La droite cachée, qui séduit y compris dans les rangs du social-libéralisme, dont le plus visible soutien est le maire PS de Lyon, est représentée par Emmanuel Macron. De qui est-il la créature ? Il surfe sur le désir du consensus droite-gauche espéré dans la partie naïve de l'opinion qui rêve d'un rassemblement des compétences d'où qu'elles viennent.
Quand Macron va devoir sortir du bois et indiquer les voies qu'il veut emprunter (peu à gauche, nombreuses à droite), il risque un effondrement ( il perd déjà un peu de terrain selon le sondage Edoxa de ce Mardi 14 février ).

4 – Le centre introuvable, lui aussi en panne de candidat, piégé par la primaire et son erreur de ralliement à Juppé, va-t-il ressortir François Bayrou qui ne peut ni soutenir Fillon ni se retrouver chez Macron ? La quatrième candidature du maire de Pau est possible encore.
Les sondages ne lui sont pas favorables mais sa cote d'opinion reste très bonne. La droite tempérée, « humaniste » qu'il représente peut séduire encore. D'ici la fin de la semaine, on saura « s'il y va... »

5 – La gauche diversifiée et qu'on n'ose plus appeler plurielle, est à la peine. Benoît Hamon est en nette hausse dans les enquêtes d'opinion. Jean-Luc Mélenchon, stable, continue son travail de fourmi. Yannick Jadot a du mal à obtenir les 500 parrainages nécessaires. Ces trois personnalités sont condamnées à échouer si elles ne s'unissent, à moins qu'elles ne visent déjà que les législatives.
Les ralliements des uns aux autres sont peu crédibles (hormis celui de Jadot à Hamon, écolo compatible). Mélenchon est trop avancé pour reculer et il a des exigences, vis à vis de certains collaborateurs de Hollande (à abandonner) que Hamon n'a pas le pouvoir de satisfaire. On se dirige donc vers des scores d'estime mais pas vers la victoire finale le 7 mai prochain.

6 - Laissons de côté, - même si ce n'est théoriquement pas juste – les « petites » candidatures, de droite (telles celles de Michèle Alliot-Marie ou de Nicolas Dupont Aignan) comme de gauche (celles de Philippe Poutou, de Charlotte Marchandise ou de Nathalie Arthaud) qui ne peuvent rien changer, pour le moment, à l'équilibre des forces.
Ces candidatures et d'autres encore, dont très peu émergeront le 17 mars, révèlent toutefois l'inanité (ou le trop plein) de l'élection présidentielle faite pour éliminer bien plus que pour faire émerger des politiques originales ou non conformes au modèle institutionnel « bi-partidaire » !

7 Cette élection est cependant hors normes. Il fallait bien que cela se produise un jour. En politique tout ne peut être complètement bloqué. Arrivée à son terme, la Vème République ne peut être relancée et va continuer à se déliter lentement, à moins qu'elle ne se trouve renversée « en pire », plus rapidement qu'on ne pensait, sous la forme d'un nouvel ... « empire » brutal et totalitaire !
2017 a déjà été l'année des surprises et tout donne à penser que ce n'est pas terminé.

8 – Que peuvent faire les citoyens ?
Les non politisés vont suivre leur pente. Les politisés fanatiques vont suivre leur mentor. Les autres vont se déterminer après doutes et hésitations. Certains ne voteront pas parce qu'ils récusent le principe même de la monarchie républicaine ou parce qu'ils n'attendent rien d'une élection. D'autres voteront blanc parce qu'aucun candidat ne peut mettre en pratique ce qu'ils attendent ou parce qu'ils écartent les noms qu'on leur présente. D'autres encore feront un compromis et choisiront un candidat capable de freiner ou d'interdire une candidature exécrée. Peu voteront « comme ils pensent ».
Il semble bien que, le plus souvent, dans l'esprit des électeurs, la politique soit enfouie, détournée, paralysée, voire absente. Le temps serait venu de tenter de la régénérer et revivifier. Des signes le font espérer mais une élection, fut-elle, en France, la principale, n'y peut suffire.

9 – L'intérêt pour les présidentielles ne protégera pas de l'abstention mais peut la réduire
Qui peut dire si la participation à l'élection, comme c'est habituel à l'occasion des présidentielles sera forte ou très forte ? Le doute est ravageur et peut entrainer « la grève des urnes ». Sans espérance, on tend à se retirer d'un scrutin qui ne motive plus.
Deux raisons donnent à penser que le vote sera, quand même, sinon massif, du moins significatif : d'une part, comme en 2002, on fera barrage au FN, au pire au second tour ; d'autre part. la montée de la recherche de voies nouvelles (notamment à gauche), qui s'exprime déjà, laissera des traces dans les urnes.

10 - Les questions principales non ou mal évoquées vont-elles apparaître enfin ?
• Le président de la République a le pouvoir de déclencher l'arme nucléaire. L'ONU a décidé de préparer, en 2017, un traité d'interdiction de telles armes. La France peut-elle encore s'y opposer ?
L'Europe politique est en difficulté. Doit-on l'abandonner ou la relancer et, si oui, comment ?
Les inégalités de revenus sont abyssales. Un revenu minimum garanti peut-il les amoindrir ?
• La santé humaine est très menacée par de très nombreuses pollutions. Que faire en priorité ?
Le réchauffement climatique, est « oublié » par la plupart des candidats de droite comme si cette problématique majeure ne concernait pas tous les hommes, y compris ceux dont les politiques économiques sont à l'origine de cette catastrophe annoncée.
• La conversion énergétique est engagée, mais fort timidement ! Pour que toutes les énergies renouvelables, ensemble, puissent satisfaire nos besoins (à restreindre du reste) qu'entreprendre de façon concertée et massive ?
Ces questions majeures (il en est d'autres) ne peuvent durablement être étouffées. Reste à savoir si elles feront leur chemin dans les semaines à venir...

mardi 14 février 2017

Présidentielles 2017. Note 15. Le candidat qui « va-ta-la-messe »


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 14 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

François Fillon fait-il, de son christianisme, un argument électoral ?

À la Réunion, le candidat des Républicains s'est ostensiblement affiché à la messe locale du dimanche, parmi les paroissiens de l'église de Saint Gilles. Cette présence appelle plusieurs réflexions :

1 – Que François Fillon aille à la messe ne saurait lui être reproché, mais, « aurait-on vu le général de Gaulle... », catholique convaincu, se montrer, en plein campagne électorale, non pas chez lui, à Colombey-les-Deux Églises, mais dans l'église de l'une des villes où il venait tenir un discours politique ? Se vouloir, comme disent tous ceux qui deviennent chefs de l'État, « le Président de tous les Français » suppose de la discrétion de la part de quiconque aspire à devenir le Chef d'un État laïque et cela commence donc avant même d'entrer éventuellement à l'Élysée. La laïcité ne privilégie aucune religion et ne stigmatise pas l'absence de religion. C'est un respect vigilant et scrupuleux de tous les citoyens.

2 – Il n'aura donc pas suffi que François Fillon se dise « chrétien », au cours des primaires ? Le voici qui semble draguer une partie des électeurs de sensibilité catholique, comme s'il était naturel que les citoyens qui fréquentent les églises votent à droite ! Les sociologues constatent que cette généralisation est fausse. Il est des catholiques, fussent-ils minoritaires, qui votent autrement.

3 – Le rappel de l'évangile du jour, ce dimanche 12 février, par le prêtre officiant, le père Russel Torpos, aura été cruel, pour peu qu'on mette ce texte en relation avec ce qui est reproché au pénitent Fillon : « Accorde-toi avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter qu'il ne te livre au juge, qu'il ne te livre à l'officier de justice, et que tu ne sois mis en prison. Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou ! » ( Saint Matthieu V-17-37 ). Un texte évangélique est un texte poétique, une exhortation, et ce n'est pas un article de loi. Il n'empêche que sa signification est claire.

4 – Une question de fond est alors posée aux catholiques : est-il possible de voter à droite si l'Évangile est plus qu'une référence abstraite mais bien une véritable inspiration quotidienne ? Selon le texte du Magnificat, Marie, mère de Jésus, aurait affirmé, que Dieu « disperse les superbes, renverse les puissants de leurs trônes, élève les humbles, comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides ». Il ne faut pas comprendre ce texte de travers ! Le Dieu dont il est question n'agit pas à la place des hommes mais par eux. Les réfugiés, les immigrés, les affamés, les étrangers, les prisonniers, les malades, les sans toit, les spoliés, les brutalisés, les « misérables » au sens de Victor Hugo, doivent faire l'objet de sollicitude, être « premiers servis », non pas assistés mais soutenus, aidés, épaulés. Les politiques de droite s'y opposent !

5 – En bref, la politique n'est pas le lieu de la religion mais bien le domaine d'un universel pluriel où s'organise le commun des habitants de la planète, tous différents, mais nos semblables en humanité et nos égaux en droits. Combattre les inégalités est le fondement même de la démocratie en actes. On devra à François Fillon de nous l'avoir, même involontairement, rappelé.

samedi 11 février 2017

Présidentielles 2017. Note 14. Macron constitue-t-il déjà le plan B de la droite?


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.

Le point au 11 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte , daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Les analystes politiques se trompent et nous trompent. « L'enfumage » semble bien préparé...

À en croire les analyses et commentaires, sur les médias (radios et télés ), depuis quelques jours, tout serait déjà écrit et dit ! Trois candidats seraient en mesure de devenir le ou la Président(e) de la République française. Et peut-être deux seulement, voire un seul...

Démonstration : Marine Le Pen est en tête des intentions de vote, suivie par Emmanuel Macron, lui-même devançant François Fillon. Les autres sont loin derrière. Selon les sondages, Marine Le Pen, au second tour, ne dépassera pas les 40% et serait battue par Macron ou Fillon. Or Fillon est déconfit du fait du « Fillon-gate » (laissons Pénélope en paix...) et recule dans les intentions de vote sous la barre de 20%. Reste qui ? Emmanuel Macron. CQFD.

À quoi bon voter si les maîtres de l'économie, conscients de la chute irréversible de leur candidat, changent de cheval, abandonnent le candidat vainqueur de la « primaire de la droite et et du centre » (Fillon) au profit du bon serviteur, fils putatif du capitalisme, ayant tiré habilement, avec l'aide de Valls, le quinquennat vers la droite libérale (Macron).

Le lâchage aura été brutal. « François Fillon perd 13 points de popularité dans le dernier sondage Elabe pour les Échos et radio Classique, publié le 9 février. Le vainqueur de la primaire de novembre 2016 recule de la troisième à la dix-huitième place du classement derrière Najat Vallaud-Belkacem, Bruno Le Maire ou Marine Le Pen »1.

Les journalistes les plus en vue ont fait mieux que de discréditer Fillon une fois connue son erreur irrattrapable, révélée par Le Canard Enchaîné. Ils ont cherché à démontrer que Marine Le Pen ne peut pas l'emporter et que la gauche, quel que soit son candidat, est hors jeu. Le succès de Jean-Luc Mélenchon, qui remplit les salles et qui fait un tabac dans les réseaux sociaux ne peut, selon eux, suffire à le faire gagner. Oublions-le, car quiconque est hors de l'espace politiquement correct doit être banni de la compétition électorale. Benoît Hamon, qui a surpris tout le monde et qui est devenu, contre toute attente, le candidat officiel d'un PS obligé de rompre avec le quinquennat Hollande, n'est pas mieux considéré. La ligne politique nouvelle écolo-socialiste ne mérite pas une ligne...

La presse, est aux mains de très grandes fortunes (dont, parmi bien d'autres : Arnault, Baylet, Bergé, Bouyghes, Dassault, Drahi, Niel, Perdriel, Pigasse, Tapie...)2. Elles feront tout, avec le concours de leur personnel, pour éviter les « mauvaises surprises », c'est-à-dire l'apparition d'une force politique inattendue, qu'elle soit bonne ou exécrable. Les leçons du Brexit, de l'élection de Trump et de la montée des nationalismes partout, sont négligées. 

Mieux vaut n'importe quelle droite qu'un nouveau Front populaire... !

1 - https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/presidentielle-grosse-degringolade-de-francois-fillon-dans-les-sondages_453400
2Voir l'affiche cartographique : Médias français qui possède quoi ?, éditée par Le Monde diplomatique, en décembre 2016, qui relève que Le Canard enchaîné est « le seul titre indépendant ». Comme par hasard...

vendredi 10 février 2017

Présidentielles 2017. Note 13. Les sondages fragililisés.


S'engage, jusqu'au 17 mars, un deuxième temps intermédiaire mais décisif.
Le point au 10 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte , daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : (« Avec ou sans primaires » puis... « Voici venu le deuxième temps, intermédiaire et décisif »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Les sondages informent les électeurs mais... déforment aussi les jugements des commentateurs.

Que croire et qui croire? Aujourd'hui, on nous annonce que monte dans l'électorat l'exigence de voir François Fillon se retirer. 8 sur 10 de nos concitoyens, selon un sondage Odoxa, relayé par France-info, n'auraient pas été convaincus par sa défense. Les trois-quarts des Français (74%) et la moitié des sympathisants de droite (53%) auraient, désormais une "mauvaise opinion" de l'ancien Premier ministre. 70% d'entre eux, (contre 61%, voici une semaine), lui demandent, nous dit-on, de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle.

Si le premier tour avait lieu dimanche prochain, François Fillon, en ne recueillant que 19% des voix et arrivant en 3ème position, derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, serait éliminé, selon un sondage Harris Interactive pour France Télévisions, publié jeudi 9 février. 

Il nous faut revenir à ce qu'est un sondage : ce n'est pas une prévision mais une mesure approchée de l'état de l'opinion à une date donnée. Quand l'organisme qui recueille les avis des citoyens interrogés travaille avec sérieux et rigueur, il ne délivre pas LA vérité mais une information utile. Ne parlons pas des sondages fantaisistes ou manipulés par les officines des candidats : combien de fois, et en tous pays, n'a-t-on pas constaté les erreurs des instituts de sondage, une fois connus les résultats des élections ?

Ce qui peut être retenu, actuellement, avant que n'aient été enregistrées les candidatures officielles, sans savoir si François Bayrou sera candidat, sans être certain que François Fillon pourra se maintenir, c'est l'ordre dans lequel le sondage de Harris Interactive place, aujourd'hui, les candidats déclarés : aucun au-dessus de 25%, deux au-dessus de 20% (Le Pen et Macron), trois entre 10 et 20% (Fillon, Hamon et Mélenchon) et les autres largement sous les 5% (Jadot, Arthaud, Poutou et Dupont Aignan). Mais la messe n'est pas dite, non seulement parce que les surprises n'ont jamais été aussi nombreuses, mais parce que, outre les erreurs possibles des sondeurs, l'imprévisibilité et la mobilité des électeurs n'ont jamais été aussi grandes.

Selon le sondage Elabe pour L'Express et BFMTV, publié le 8 février, l'ordre d'arrivée était le même, à cette différence près que les deux promus pour le second tour approcheraient ou dépasseraient un peu les 25%. La panique s'installe alors au fur et à mesure que Marine le Pen maintient sa première place dans les sondages. Macron se voit, déjà, pour la nomenklatura libérale française, investi de la mission de faire barrage au FN (ce que le même sondage annonce comme probable, dans le rapport 67%/37%) et ce avant même qu'il ait révélé son programme !


Restons prudents. Constatons les tendances mais n'y voyons pas les signes d'un paysage figé. Depuis le référendum de 2005 qui, lui aussi, avait déjà surpris les médias, les Français ont une revanche démocratique à prendre qui, sondages ou pas, risque d'être inattendue.

jeudi 9 février 2017

Présidentielles 2017. Note 12. L'écologie enfin prise en compte .



Voici que s'engage, d'ici le 17 mars, un deuxième temps intermédiaire et décisif.

Le point au 9 février 2017
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte complémentaire, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre («... Avec ou sans primaires » puis « ... Après la fin des primaires »). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.

Il n'a jamais, au cours des campagnes présidentielles, autant été question d'écologie. Pourquoi ? Sera-ce suffisant ?

Au cours des présidentielles, en France, l'écologie a commencé, en 1974, avec le verre d'eau, brandi par René Dumont pour sensibiliser les électeurs aux risques encourus par les humains du fait de leur dégradation de l'environnement planétaire. Seul Noël Mamère a réussi, au cours d'une élection présidentielle, en 2002, à faire franchir à un candidat écologiste la barre des 5% de suffrages exprimés. L'écologie a, certes, depuis, gagné du terrain dans l'opinion, mais sans jamais atteindre des scores majoritaires à l'occasion de consultations nationales. Cependant, « les Verts », grâce à des scrutins proportionnels, ont obtenu un nombre honorable de sièges au niveau local ou européen.

En 2017, aucune formation politique ne fait plus silence sur les questions écologiques. Ce serait électoralement incorrect. Toutefois, l'écart est considérable entre ceux qui veulent seulement « faire respecter la nature » et ceux qui pensent que l'écologie est, au XXIème siècle, au cœur de tout projet politique. La question a pris une dimension planétaire depuis que le nouveau président étatsunien, climato-sceptique, s'est dit prêt à encourager une activité économique intense, aux USA d'abord, quitte à dégrader les sols, polluer les airs et les eaux et augmenter les dérèglements climatiques.

Si les partis politiques sont traversés, enfin, par la problématique écologique, l'événement, au cours des premières semaines de campagne, aura été la conversion progressive et définitive des candidats Jean-Luc Mélenchon, puis Benoît Hamon, qui ont fait mieux que de s'affirmer écologistes : ils ont inscrit leur engagement dans une analyse écologique complète de la conjoncture planétaire. Ils proposent aux électeurs de cesser de penser et d'agir en séparant l'activité économique ou les relations sociales d'avec les règnes minéral, végétal et animal de la Terre tout entière. Un nouveau réalisme se fait ainsi jour et les accusations d'utopie chutent dès que le réalisme n'est plus qu'un conservatisme (du reste de plus en plus fragilisé par l'évolution naturelle du monde, elle-même accélérée par l'action puissante et destructrice de l'économie libérale).

Car la mutation de civilisation qui nous emporte et dont les effets s'accélèrent, fait découvrir aux citoyens qu'il y a incompatibilité totale entre, d'une part, le capitalisme, lequel cherche d'abord à produire plus pour profiter davantage et, d'autre part, le bon équilibre du monde où la très grande majorité des bientôt huit milliards d'habitants humains souffre de désordres insensés causant des inégalités abyssales, jamais encore à ce point constatées et mesurées, au cours de notre Histoire !

Cette prise de conscience soudaine touche, en priorité, les plus jeunes qui ne peuvent supporter d'avoir à être sacrifiés sur l'autel de la fausse croissance ou d'un progrès illusoire, sans pouvoir prendre en main leurs propres destinées. Que ce mouvement d'idées surgisse en pleine période électorale influencera partiellement ou profondément les votes, ce qui est heureux, mais jusqu'à quel point ? Il est encore trop tôt pour le déchiffrer. On y verra plus clair à la fin mars.