samedi 25 juillet 2009

Alain Refalo, symbole de notre résistance

Le pouvoir tape dur. De préférence au portefeuille. Qui n'obéit est un mauvais Français. Qui résiste est un criminel. Des citoyens prennent des risques. Quand, sous le régime de Vichy, le portrait de Pétain devait être affiché dans les écoles, des instituteurs ont refusé. La suite nous a appris qu'ils avaient raison. En serions-nous revenus là? Soyons solidaires d'Alain Refalo.



COMMUNIQUE - 24 juillet 2009

du Comité de soutien à Alain Refalo
et du Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique.

Alain Refalo, professeur des écoles à l'école Jules Ferry de Colomiers, qui a comparu en commission disciplinaire le jeudi 9 juillet à l'inspection académique à Toulouse vient de se voir signifier une sanction disciplinaire de catégorie 2 : abaissement d'un échelon, soit la sanction qui a le plus de conséquences financières sur son traitement. S'ajoutant à la promotion qui lui a été refusée au mois de février, et indépendamment des 19 jours de salaire qui lui ont déjà été soustraits, cette sanction représente pour les quatre ans qui viennent une perte d'au moins 7 000 euros, alors qu' Alain Refalo a effectué l'intégralité de son service devant les élèves et que les rapports pédagogiques de ses inspecteurs sont élogieux. Les faits reprochés à Alain Refalo sont les suivants : refus d'obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective, attaque publique contre un fonctionnaire de l'Education Nationale. Il s'agit donc bien d'une sanction politique pour briser professionnellement l'initiateur du mouvement de résistance pédagogique et bâillonner la liberté d'expression des enseignants.
Le comité de soutien à Alain Refalo et le Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique considèrent cette sanction, décidée par le ministre Luc Chatel, comme une attaque directe à l'encontre de tous les enseignants en résistance et plus largement de tous les citoyens et les élus qui se sont mobilisés massivement le 9 juillet pour soutenir Alain Refalo et défendre l'école publique. L'inspecteur d'académie de la Haute-Garonne qui avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas de sanction disciplinaire à l'encontre d'Alain Refalo, et qui, le vendredi 10 juillet, lors de son point de presse, avait souhaité s'inscrire dans une démarche d'apaisement, a doublement menti.
Luc Chatel qui ne cesse d'afficher une posture d'ouverture et de dialogue en direction des enseignants vient de montrer toute la duplicité de ses propos. La porte du dialogue que nous avions toujours laissée entrouverte est pour l'heure fermée de part la volonté du ministre qui devra en assumer toutes les conséquences dès la rentrée. Cette grave et injuste décision n'entamera pas la détermination d'Alain Refalo et celle de milliers d'enseignants du primaire en résistance dont les coordinateurs de toute la France se réuniront à la fin du mois d'août à Montpellier pour décider des initiatives communes de résistance aux "réformes" scélérates qui déconstruisent l'école publique.

http://resistancepedagogique.blog4ever.com/blog/index-252147.html resistpedagogique@free.fr


Déclaration d'Alain Refalo (extrait)

Alors, à l'heure où la répression s'abat sur les enseignants en résistance qui refuse d'assister passivement à la déconstruction de l'école publique,

J'appelle, avec tous les enseignants du primaire en résistance, à une insurrection des consciences de la société civile pour sauver l'école de la République aujourd'hui menacée.

J'appelle les enseignants à se ressaisir en refusant cette attitude de soumission permanente et aveugle qu'une hiérarchie abusant de son autorité veut nous imposer au mépris de toute confiance et de tout respect envers les professeurs des écoles confrontés à des difficultés inégalées au quotidien.

J'appelle les syndicats d'enseignants à jouer pleinement leur rôle en organisant dès la rentrée un mouvement de résistance puissant à ces réformes scélérates qui aggravent une situation d'enseignement délicate et tout particulièrement à ces dispositifs pédagogiques qui trahissent l'esprit de notre mission qui est la réussite de tous les élèves.

J'appelle les parents d'élèves, les citoyens et les élus à se mobiliser pour défendre le service public d'éducation que le pouvoir veut démanteler alors que nous avons plus que jamais besoin d'un système éducatif cohérent, outillé pour affronter les défis de l'échec scolaire et de la violence juvénile.

A tous mes collègues déjà entrés en résistance et à tous ceux qui le seront inévitablement bientôt, je leur dis : ne nous résignons pas, car se résigner c'est déjà abdiquer de sa liberté, de sa raison et de sa dignité. Ayons confiance en nous-mêmes. Vous le savez, le verbe résister est un verbe qui se conjugue au présent... Alors osons dessiner, dès aujourd'hui, un a-venir pour l'école aux couleurs de la générosité et de l'espérance.




Relisons nos classiques. Il est grand temps!


Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



mardi 21 juillet 2009

Liberté et sécurité



http://www.securite-surveillance.com/blog/wp-content/uploads/2009/03/camera-video-surveillance.jpg

En mars 1981, Pierre Mauroy, Premier ministre socialiste, affirmait que la première des sécurités, c'était la Liberté.

Fin 1997, Jean-Pierre Chevènement, puis Lionel Jospin soutiennent que la première des libertés, c'est la sécurité.

Dés le lendemain, trop heureux, Patrick Devedjian diagnostique une grande victoire idéologique pour l'opposition. L’histoire lui a donné raison car depuis cette époque s'est mis en place, dans notre pays, sous l'impulsion de la "gauche" un paysage sécuritaire où la politique sociale et judiciaire de l'État se décline sur le seul registre répressif.

En effet, on ne trouve plus un élu socialiste, aujourd'hui, pour affirmer que la vidéo surveillance est liberticide pour les libertés individuelles et est dangereuse pour les droits fondamentaux.

Actuellement, à Paris, Bertrand Delanoë, soutenu par le responsable de la sécurité municipale parisienne, Georges Sarre, ancien ministre socialiste, apporte leur soutien au plan de la préfecture de police : "1000 caméras pour Paris".

Il s'agit plutôt de 1250 caméras, imposées par le gouvernement, qui assure vouloir tripler le nombre de caméras de vidéo surveillance installées dans notre pays. Pour surveiller les Parisiens, tous les arguments sont bons, même les plus fallacieux.

http://www.atelier-idees.org/www/images/stories/videosurveillance.jpg

Il faut pourtant rappeler trois grands principes constitutionnels aux édiles parisiens si prompts à donner des leçons de vertu républicaine.

Le principe de finalité :
Les données personnelles doivent être collectées dans un but précis et pour des finalités déterminées, explicites et légitimes, et ne peuvent être pas traitées ultérieurement de manière incompatible avec ces finalités. Seul cet objectif détermine les données à recueillir.
La finalité doit être connue par la personne dont les données sont traitées.
Elle doit être énoncée précisément afin d'assurer l'information de l'individu.
De plus, le respect du principe de finalité interdit toute modification ultérieure de celle-ci.

Dans le cas du système mis en place à Paris, la finalité annoncée « vidéo protection » est mensongère puisque le système ne protège pas mais surveille uniquement.
Comme l’annonce Georges Sarre aux maires d’arrondissements parisiens, dans sa note du 29 juin 2009, il permet, éventuellement, d’élucider plus rapidement des enquêtes policières, mais ne protège pas les citoyens d’un hypothétique danger.

Le principe de proportionnalité :
Les moyens technologiques de traitement des données doivent être proportionnés à l'objectif poursuivi (pas de recueil de données sensibles pour un objectif banal). En terme trivial : on ne casse pas une noix avec un marteau pilon.

Dans le cas de la vidéo surveillance parisienne, la collecte des données est hors de proportion avec le but recherché qui, toujours selon M. Georges Sarre, est : prévenir les agressions et les vols, lutter contre le terrorisme, assurer la fluidité de la circulation, etc.
L’ensemble de ces buts assignés ne nécessite pas l’enregistrement et le stockage des images, et le coût de l’installation et de la maintenance, (300 millions d’Euros sur 15 ans, hors salaires des « surveillants »), est disproportionné par rapport au but recherché.

Le principe d'universalité des Droits :
Ces systèmes, installés à Paris ou ailleurs, contournent la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui dans son article 12 rappelle que : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, …… » et dans son article 13 « toute personne a le droit de circuler librement ….. » On peut aussi ajouter le droit à l’image qui lui aussi est un droit fondamental.



Il faut aussi rappeler ces principes au maire d'Ermont, Hugues Portelli, pourtant professeur de droit constitutionnel, qui installe des caméras dans sa commune, ainsi qu'à Luc Strehaiano, maire de Soisy, à François Balageas, maire socialiste d'Eaubonne, ou à Dominique Lefèvre, maire socialiste de Cergy...

Arrêtons l'énumération, la liste serait trop longue.

L’ensemble de ces systèmes est mis en place dans de nombreuses communes de France en dehors de tous débats démocratiques et sans l’avis éclairé des citoyens, alors que plusieurs pays, le royaume Uni et les USA, entre autres, réfléchissent au démantèlement des systèmes mis en place.

Il est vrai que pour résister à la vidéo surveillance, il faut avoir le courage de déplaire à une partie de son électorat. Mais ce courage n'est pas le trait dominant des élus municipaux.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

lundi 20 juillet 2009

Passé ou présent ?


Nous sommes certains que les conditions des travailleurs se sont améliorées depuis le début de la révolution industrielle. C'est indubitable.

Pourtant, à comparer certains écrits de l'époque avec la situation d’aujourd'hui, on peut en douter.

Le publiciste Saint-Marc de Girardin (1801-1873) illustre les inquiétudes bourgeoises lorsqu'il écrit, en 1831, que « Les barbares qui menacent la société ne sont pas du Caucase ni des steppes de la Tartarie, ils sont des faubourgs de nos villes manufacturières ».

Il ne s'agissait pas alors de Villiers-le-Bel ou de Vaulx-en-Velin !


Professeur de poésie française à la Sorbonne, député en 1834, 1848 et 1871, conseiller d’État et ministre de l’Instruction publique en 1848.

En même temps, toujours vers 1830, il s’écrit dans les gazettes que « Le libéralisme dominant, concept inventé vers 1776 par Adam Smith, répugne à toutes formes d'interventions en vue de protéger les travailleurs car ceux-ci doivent être tenus pour responsables de leur état ».

Ou encore :

« Vers 1860, alors que le salaire réel tend à augmenter, la majorité des ouvriers ne laissent rien à leur mort; pour les élites, c'est leur vice et leur imprévoyance qui est la cause de leur misère ».

Je ne sais pas pour vous, mais, pour moi, ces propos qui ont pourtant 150 ans me semblent d'une actualité criante ; je les entends, nuancés peut-être, dans la bouche de nos gouvernants.

Pauvre misérable, tu n'es pauvre que par ta faute, reste donc pauvre et misérable.

Jean-Claude Vitran.