vendredi 10 octobre 2008

Sortir de l'impasse des bavardages


Adversaires en 2012?

Il est presque trop facile de rire des discours et comportements ridicules des pseudos responsables politiques, hier ultra-libéraux, et qui, depuis que la crise bancaire est devenue catastrophique, nationalisent les banques à qui mieux mieux. Il est on ne peut plus clair que les propos "rassurants" des porte-parole des États et des institutions les plus qualifiées, y compris ceux du très "socialiste" président de FMI, Dominique Strauss-Kahn, ne sont que bavardages sans prise sur le réel!

La situation est trop grave pour qu’on puisse se gausser longtemps des rodomontades et des moulinets de notre agité président, ou de ses pairs en politique, que ce soit son partenaire US, hier adulé, Debeuliou Bush, en fin lamentable de parcours, ou, en Europe, ses trois partenaires de la bande des quatre : le travailliste en souffrance, Gordon Brown, le « néo-moraliste » transalpin Berlusconi, et l’austère dame d’outre Rhin, Angela Merkel ! Les 23 autres chefs de gouvernement européens, qui ne font pas partie du G8, voudront bien attendre qu’on les siffle. L’actuel Président de l’Union européenne ne mélange pas les torchons avec les serviettes. La serviette espagnole a dû apprécier.

Il est fort intéressant de constater que, d’un seul coup, on est repassé au plus d’État, et au retour de la régulation, sans honte et sans transition ! Le Congrès du PS s’annonce moins centré sur ses « vedettes » médiatiques et il n’y fera pas bon avoir donné dans le libéralisme… Comme toujours en pareil cas, les propos se gauchisent ! Mais c’est trop tard : ce sont les propos tenus hier dont les citoyens vont se souvenir.

L’essentiel n’est pourtant pas là ! Si les Français, les Européens, tous les modestes ne comprennent rien à ce qui arrive, ils ont pourtant déjà compris qu’il y a de l’argent, beaucoup d’argent en jeu, qu’on sauve les banques et les banquiers véreux mais que ce sont les contribuables qui vont règler la note finale. On se paie même le luxe, c’est bien le mot, d’annoncer que, quand ça ira mieux, on redonnera aux actionnaires des banques nationalisées, le pouvoir qu’on leur avait enlevé le temps que la Bourse et les organismes de crédit se soient refait une santé, grâce à l’intervention des États… Le premier ministre ne l’a pas caché.

Mais la Bourse et les banque vont-elles se refaire cette santé économique indispensable à l’activité des hommes ? Ce qui arrive n’a jamais été vu. Inutile de comparer à 1929 : la crise était plus délimitée, moins mondialisée, plus dépendante de l’économie réelle, plus brièvement brutale. Cette fois, tout est lié : le système monétaire, le crise alimentaire, la crise énergétique, l’enfermement militaire des Etats-Unis, le rejet de l’Occident par une large part de l’humanité, la crise démocratique qui voit les peuples se couper de leurs représentants et, bien entendu, l’immense crise écologique multiforme qui menace le climat, les ressources non renouvelables, la biodiversité, la pollution des eaux, etc. L’oubli de cette dernière dimension écologique de la crise en dit long, d’ailleurs, sur la cécité des dirigeants incapables de sortir des modèles théoriques où ils se sont enfermés et d’où ils ne peuvent que répéter leurs pétitions de principe, même si chaque jour les contredit !

Une course contre la montre est engagée. Chacun court sur la piste du monde mais sans bien savoir d’où il faut partir et dans quelle direction il faut se précipiter ! Capitalisme moralisé (avec ou sans « parachutes dorés » ?) … Capitalisme régulé (avec des lois et règlements, mais imposés par qui à qui ?) … Capitalisme vert (afin de faire du développement durable une nouvelle source de profits confisqués ?) … On a convenu, en quelques semaines, qu’il fallait abandonner (provisoirement ?) le capitalisme libéral, mais le dogme reste le même : il faut sauver le capitalisme. Cela ne se discute pas! Faudra-t-il qu’implose le système comme implosèrent, sans affrontements guerriers, la dictature franquiste, la dictature de Salazar ou la dictature soviétique ? Ne doutons pas qu’il soit de nombreux zélateurs de ces marchés dont « la main invisible » ne laissera pas se détruire le Veau d’or, qu’ils vénèrent ! Rien ne saurait se passer en douceur. Les enjeux sont trop considérables.

Le temps n’est plus de savoir si le capitalisme est mal au point. Il l’est. Le temps est venu de créer du neuf et là, il y a bien du souci à se faire ! Sans alternative économique et politique, de graves dangers menacent les peuples. Il n’est donc point d’autre chemin que celui de travailler, vite, durement, à l’expression d’une révolution philosophique, écologique et sociale. Le retard est impressionnant mais, sauf à baisser les bras, -ce qu’espèrent ceux qui cherchent à faire durer ce qui leur échappe-, il n’y a plus d’autre action citoyenne possible que celle qui consiste à rapprocher les savoirs et les énergies pour faire émerger une politique qui n’a jamais encore existé. Toutes choses égales par ailleurs, nous voici revenus en des temps comparables à ceux qui ont bouleversé la fin du siècle des Lumières. La parole est au peuple. Que va-t-il dire?

Attention, quand une inondation s’empare d’un territoire, l’eau explore toutes les impasses jusqu’à ce quelle trouve une voie de passage. Si elle n’en trouve pas, elle la force…

Jean-Pierre Dacheux

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