jeudi 14 juillet 2011

14 juillet 2011 ou la banalisation de la guerre


La guerre est le SIDA de tous les peuples

"La musique qui marche au pas,

Cela ne nous regarde pas"

La France est en guerre. Deux fois : en Afghanistan et en Lybie. On va célébrer nos armées, ce jour même, 14 juillet. Un comble ! Le 14 juillet, c'est la fête de la chute de la Bastille, symbole de l'enfermement des libertés. Pourquoi l'avons-nous oublié ?

Hier, cinq jeunes hommes sont morts, en Afghanistan, victimes d'un attentat-suicide. Ce matin, un sixième, "au cours d'une opération" On les pleure. La mort d'un homme à l'aube de sa vie est toujours un drame. Mais nous interrogeons-nous sur tous ceux qui ont été fauchés, au cours du week-end, dans ces stupides accidents de la route qui atteignent, le plus souvent, de jeunes gens, ivres de vitesse ou d'alcool...? C'est une guerre aussi qui, depuis longtemps, décime notre jeunesse à la sortie des boîtes de nuit....

Et le ou la kamikaze qui a préféré se tuer pour être sûr(e) de tuer ? Il est facile de dire que c'est du fanatisme ! Ceux qui tuent nos soldats sont des criminels. Les soldats de la coalition qui tuent des civils par erreur ou approximation ne le sont-ils pas aussi ? La théorie "de la guerre juste" (comprendre : qui justifie tout !) a encore de beaux jours devant elle...

La guerre n'est jamais juste. Elle est le dernier choix possible de la part de ceux qui échouent. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les armes parlent pour sauver des innocents ! Les drones ne choisissent plus entre les coupables et les innocents. En Afghanistan, comme les Soviétiques, l'OTAN va perdre une guerre, comme les USA l'ont perdue au Vietnam, comme (ô pardon !), la France l'a perdue en Algérie.

Tout s'oublie. La vie est dure. On ferme, alors, les yeux. La guerre est banalisée. C'est un outil ordinaire de la puissance. C'est, pour les plus forts, le moyen d'exposer leur invincibilité. Cependant, il ne suffit pas de ne pas pouvoir être battu ; il faut aussi l'emporter. Et là, face à un peuple entier qui, par dessus ses divergences, refuse la domination de l'étranger, c'est une tout autre affaire...

On peut donc parader sur les Champs Élysées, aller "voir et complimenter l'armée française" comme chantait Paulus, le 14 juillet 1886, au lieu de "rester dans son lit douillet" comme le chantait aussi Brassens, rien n'y fait : la civilisation fondée sur la force des armes se contredit, tôt ou tard, et s'effondre.


La haute technologie militaire est obsolète

Déjà nous n'avons plus "les moyens économiques" de continuer à nous engager dans ces guerres, et s'il faut, pour rester militairement "performants", exiger de nouveaux sacrifices, une plus grande rigueur, il devient clair que nous n'acceptons pas la vérité : nous sommes devenus une petite puissance et le temps où nous "découvrions", conquérions, colonisions, en bref dominions des terres et leurs habitants, est révolu.

Comment ne pas songer à Molière et à son personnage Géronte : « Que diable, allions nous faire dans cette galère ? » Edwy Plenel écrit, dans Médiapart : "Les parlementaires socialistes viennent d'approuver l'intervention militaire en Libye lancée par Nicolas Sarkozy. Auparavant, les dirigeants socialistes avaient soutenu le remplacement de Dominique Strauss-Kahn par Christine Lagarde au FMI. Comme si leur gauche était interchangeable avec la droite".

Quand la gauche, ou ce qu'il en reste, approuve ce qu'elle devrait combattre, elle se suicide. Ce n'est pas pur hasard si ce sont les deux gouvernements européens les plus droitiers, anciennes grandes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne, qui mènent l'action contre le dictateur Khadafi qu'ils ont si longtemps soutenu ! Armer les "rebelles" : jamais ! L'Afrique du Nord reste notre domaine. On peut même suspecter certains faux républicains de rechercher l'occasion de renouer avec la conquête de l'Algérie, ne fut-ce qu'en combattant l'immigration algérienne présentée comme une conquête à l'envers.

Enfin, oui, en finir... Oui, mettre fin à ces politiques obsolètes qui transforment notre pays en gendarme du monde. "Vivement la crise" qui nous rendra un peu plus humbles et surtout plus prudents. Envoyer de jeunes militaires de carrière au combat, en nous faisant croire que c'est pour le bien de la France, des Afghans, de l'humanité tout entière, c'est un énorme mensonge. Même les USA commencent à douter. Cessons de nous désespérer nous-mêmes !

Ce n'est pas ainsi que s'écrit, en notre temps, l'histoire des peuples libres.


Défendre l'armée, c'est lui défendre d'agir contre les intérêts des français.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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