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dimanche 20 janvier 2013

Les droits de l'homme, ... des droits en constant devenir ?




 


Individuellement, nous sommes généralement conformistes et conservateurs, pourtant, la collectivité humaine est toujours en mouvement et les droits de l'homme, qui en sont l'un des piliers, ne sont pas gravés dans le marbre, mais en perpétuelle mutation.

Ils sont aussi vieux que l'homme. Ils sont une évolution du vivre ensemble et ont cheminé à côté de l'homme tout au long de son histoire. Ils n'ont pas pris naissance en France à la fin du 18ème siècle, comme notre esprit cocardier veut le laisser croire, mais bien avant notre ère, à Babylone, chez les philosophes grecs, et ensuite en Afrique, au Mali, en Inde, en Angleterre et ailleurs.

Ils sont une idée fixe des hommes de bonne volonté.

En France, en 1789, après quatre cent ans de domination totalitaire de la monarchie absolue, nos grands parents firent, quelques années après les Etats Unis d'Amérique, tomber le pouvoir royal et, à partir de la synthèse des idées des philosophes du siècle des lumières, ils rédigèrent une Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, creuset des droits de l'homme actuels. 
 
Néanmoins, cette révolution fut une passation de pouvoir entre la dictature royale et la bourgeoisie qui domine toujours actuellement, et, pendant près d'une centaine d'années, la République a beaucoup bégayé. A part, quelques soubresauts, en 1830, en 1848, le peuple n'a vraiment fait sa révolution qu'au moment de la commune en 1871, insurrection réduite immédiatement de manière sanglante par la bourgeoisie.
Il fallut attendre, les folies meurtrières du 20ème siècle, la fin du second conflit mondial et des millions de morts, avant qu'une poignée d'hommes décident, enfin, de coucher sur le papier une déclaration universelle Droits de l'Homme.

Une des preuves de ce mouvement, c'est que cette Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, socle moderne des droits de l'homme, a été, au cours des années, complétée par des textes précisant la nature de certains droits ou familles de droits - droits de première génération, de deuxième, de troisième voire de quatrième génération - mais aussi des droits spécifiques attachés à des groupes humains, à une région, à un continent - Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989, Convention Européenne des Droits de l'Homme - d'autres traités internationaux et de nouveaux concepts en gestation.

Même si l'universalité des droits est un axiome en ce qui concerne l'article premier, clef de voûte des droits de l'Homme, des différences importantes existent entre les peuples.
Sans aller très loin, la notion de vie privée - un droit que nos concitoyens considèrent fondamental - a-t-elle la même valeur dans le nord et le sud de l'Europe, chez les Européens et les Anglo-Saxons, et ne parlons pas de l'Afrique, des Indes ou de la Chine.
En ce qui concerne la justice et la présomption d'innocence les différences d'approches, là aussi, sont importantes. Le concept du droit à l'image, particulièrement malmené dans le monde de la surveillance, des réseaux, de la télévision et de l'Internet est-il le même partout ?
D'autres différences d'appréciations, quelquefois importantes, pourraient être soulignées.

De plus, des droits pourtant nécessaires au bon fonctionnement d'une démocratie sont omis :
- La résistance à l'oppression définie par la déclaration de 1793 dans les articles suivants :
Article 33 : La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme.
Article 34 : Il y a oppression contre le corps social, lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Article 35 : Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
- Le droit à un revenu minimum universel ou à un revenu permanent (selon la théorie de Milton Friedman)

Et les bouleversements les plus importants sont à attendre avec les nouvelles technologies, car une révolution est en marche dont nous ne mesurons pas les conséquences, surtout dans notre société libérale où la finance et l'industrie déterminent les règles du jeu pour rester maîtres de la croissance et du profit.
La « grande convergence » NBIC (Nanotechnologie, Biotechnologie, Intelligence artificielle, Sciences Cognitives) va bouleverser notre relation au monde, elle créera de nouvelles contraintes qu'il faudra combattre par une évolution des droits sous peine de totalitarisme. 
Quelques exemples :
La possibilité, que l'on commence à entrevoir, de commander des appareils (fauteuils, prothèses, mais aussi ... armements) directement depuis le cerveau pour optimiser le fonctionnement, l'efficacité des individus ou pour compenser leur déclin - « l'homme symbiotique » - l'« humain augmenté » techniquement !
On pourra choisir le sexe de ses descendants !
On pourra donner naissance à des enfants pour soigner ses autres enfants déficients ou malades !
On s'apprête à légaliser l'euthanasie !
Et que dire du développement et de la multiplication des contraintes de surveillance par la miniaturisation, voire l'invisibilité, des systèmes ! Sans parler des nombreuses évolutions technologiques dont nous n'avons encore aucune idée ….
Ces concepts peuvent s'avérer séduisants, mais lorsqu'on commence à modifier la nature humaine, il n’existe plus de projet universel, par conséquent plus d’éthique universelle.
Il est fort probable que les découvertes NBIC vont transformer considérablement l’homme, la société et l’environnement.
D'importantes divergences sur l'évolution risquent de voir le jour et le vivre ensemble deviendra impossible.
Ni l’obligation, par décision autoritaire ou par pression économique, de se transformer, ni la volonté d’interdire toute tentative de transformation de l'humain ne peuvent être satisfaisantes.
Alors, où se trouvera la vérité ?
Les Droits de l'Homme risquent d'être singulièrement malmenés par toutes ces évolutions.
L’espoir réside dans de nouvelles formes de pensée, mais aussi par l'exigence drastique d'imposer des devoirs, ... des devoirs éthiques aux entreprises et aux financiers. 



Jean-Claude VITRAN 

Parler des droits est devenu banal et abusif. Banal car, de l'enfant qui clame, dans sa cour d'école "tu n'as pas le droit", à l'avocat qui, s'il le faut, invoque ou invente des droits pour défendre son client mal parti, le droit peut servir à avoir raison par tous les moyens. Abusif, par ce qu'à tout vouloir mettre dans les lois et règlements, on déshumanise la société où règne, alors, des droits qui ne sont plus ceux de l'homme !
Il est grand temps de réfléchir à une réforme de nos approches du droit lequel, au lieu d'ouvrir des possibilités, les bloque. Les dogmes étaient et restent des droits imposés et non des droits aimés. Il faut changer la philosophie du droit marquée par l'ethnocentrisme et la judiciarisation.
Jean-Claude Vitran  attire notre attention sur l'impuissance du droit et la manipulation du droit, afin de laisser libre cours à ce que d'aucuns nomment le "transhumanisme", qui n'est qu'une hyperviolence scientiste que veulent nous "vendre" les marchands d'illusion : un modèle de superman qui ferait de nous des machines pensantes. C'est maintenant qu'il faut tirer la sonnette d'alarme. Demain, il sera trop tard. Je m'associe à cet appel au bon sens et à la vigilance.
Jean-Pierre DACHEUX

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