Il
ne suffit plus de comprendre, approuver et soutenir Cédric Herrou.
Il faut dénoncer une conception du monde qui place l'inhumanité
dans la loi elle-même ! Si nous condamnons un citoyen parce qu'il secourt ses semblables, nous devons supprimer le mot Fraternité
de notre devise républicaine.
Les
réfugiés sont des personnes et ceux qui condamne Cédric Herrou se
condamnent eux-même !
La
non assistance à personnes en danger, et plus encore quand il s'agit
d'adolescents sans famille, vaut en toutes circonstances. Il n'y a
plus d'éthique ni de politique quand on poursuit ceux qui mettent en
œuvre la solidarité humaine. La chasse à l'étranger faite, à la
frontière franco-italienne, est criminelle.
En
quelle Europe voulons-nous vivre ? L'Europe du repli ou l'Europe
du partage ? Attention : elles ne sont pas conciliables.
Jean-Claude
VITRAN et Jean-Pierre DACHEUX
Cédric
Herrou - Communiqué
du 8 août 2017.
« Aujourd’hui,
en cour d’appel d’Aix, j’ai été condamné à 4 mois avec
sursis et à verser 1000 € de dommages et intérêt à la SNCF.
Pour
rappel, j’avais été arrêté en octobre 2016 pour "aide à
l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière".
Il n’y a eu aucune flagrance, et aucun passage de frontière
d’octobre à ce jour. Nous nous étions installés dans des locaux
de la SNCF, abandonnés depuis plus de 20 ans, avec un collectif
d’associations dont Médecins du Monde et Amnesty International
ainsi qu’une soixantaine de demandeurs d’asile. Notre
revendication : la prise en charge des mineurs isolés par la
protection de l’enfance, et permettre aux demandeurs d’asile
d’accéder à leurs droits. A aucun moment il ne s’agissait de
"cacher" ou de "dissimuler" ces personnes, mais
bien au contraire de les montrer pour tirer la sonnette d’alarme.
Force
est de constater qu’un an plus tard, la situation n’a pas changé
et a même empiré. J’ai actuellement chez moi de nombreux mineurs
isolés qui attendent en vain d’être pris en charge par l’Etat
français, et des demandeurs d’asile coincés sur mon terrain,
qu’on empêche systématiquement d’accéder à leurs droits.
S’ils sortent de chez moi, ils sont sûrs d’être arrêtés et
d’être reconduits directement en Italie, sans autre forme de
procès. Il est grave que le département des Alpes Maritimes,
pourtant frontalier à l’Italie, ne dispose d’aucune
infrastructure destinée à l’accueil des migrants.
Tous
ceux qui veulent me faire passer pour un militant d’extrême
gauche, un activiste no border, n’ont rien compris à la situation
ici. Il ne s’agit pas d’être pro ou anti-migrants. Les empêcher
de passer la frontière est utopique, et tout simplement impossible :
tous passent. C’est justement pour cela que nous demandons un
contrôle de ces flux, d’éviter la clandestinité des demandeurs
d’asile. Notre combat juridique est respectueux des lois de la
République française. C’est une lutte légale et juste, à
l’image de la France, nation des droits de l’Homme.
Mais
ma condamnation ce matin montre bien les limites de l’indépendance
de la justice française, et la manipulation politique qui se joue
dans les tribunaux. Tandis qu’à l’heure actuelle des bateaux
d’extrême droite naviguent sur la Méditerranée pour couler les
bateaux des ONG, on incrimine un paysan qui se substitue à la
carence de l’Etat.
Nous
alertons Monsieur le président de la République sur les dérives
actuelles face au non-respect du droit d’asile dans le département.
Je
n’ai pas le choix de continuer car je considère que c’est mon
devoir de citoyen de protéger des personnes en danger. La menace
d’emprisonnement ne saurait entraver la liberté que je défends.
Cédric
Herrou
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