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mercredi 16 novembre 2011

Une gauche à dépasser !


Un marché de dupes ? Qui va le plus y perdre ?

"L'accord a minima" entre le PS et les écologistes est d'une lumineuse clarté, si l'on veut rester dans le cadre de la politique politicienne. C'est même un événement, car chaque signataire vise un résultat différent, à partir d'une reconnaissance surprenante d'un accord avec désaccords !

Pour le PS, l'intention est claire : reconstituer une unité de la gauche dite de gouvernement qu'il puisse continuer de dominer, dans le cadre d'institutions non touchées, et en maintenant la bipolarité politique en France, sur le modèle US. D'un côté, les républicains, (l'UMP et ses alliés obligés) ; de l'autre, les démocrates, (le PS et ses partenaires, tenus en laisse).

Pour les écologistes, il s'agit de tenter de briser cette bipolarité, en introduisant, dans la machine électorale, un cheval de "Troie", (comme en Allemagne, où les Grünen ont modifié le rapport CSU-SDU / SPD). Pour cela, l'accord électoral installerait une troisième force partisane, franchement européenne, fédéraliste et écologiste, que le PS ne pourrait plus jamais mettre à sa botte.

À court terme, en 2012, nous saurons qui a le plus gagné à ce jeu de dupes. Car il y aura une dupe, voire plusieurs. On peut, ainsi, imaginer un PS vainqueur de la présidentielle mais surpris par une poussée écologiste pour lui dérangeante aux législatives ! On peut, autre hypothèse, voir surgir une situation internationale incontrôlable, laissant ouvertes des possibilités inattendues, "le pire" étant que les Présidentielles doivent être ajournées pour cause de troubles sociaux.

Car, élections ou pas, il y a gros à parier qu'on ne reconnaitra plus notre pays, d'ici à un an ! Ceux qui s'évertuent à penser la conjoncture, en fonction de repères stables et connus, vont aller de surprise en surprise. Les Chefs de gouvernement ou d'État valsent, depuis quelques mois, à un rythme totalement imprévisible, et l'on n'a pas tout vu.

Que Berlusconi et Papandreou aient dû céder la place sans même qu'un changement de majorité se soit produit, et ce au profit de technocrates respectables mais inféodés aux marchés, révèle que la démocratie se meurt, les peuples n'ayant même plus un mot à dire dans la direction de leurs pays !

Nous assistons à l'implosion du libéralisme. La bête est très grosse et robuste, mais elle s'est blessée à mort. Elle a eu plus grands yeux que grand ventre et s'est étouffée. En combien de temps s'effondrera-t-elle, qui peut le savoir ? Ce qu'il faut, par contre, savoir d'urgence, c'est qu'il importe de se préparer à cette éventualité proche ou lointaine. Et nous voilà, en France, ramenés à cet accord habile et vain qu'ont signé des partis qui ont, par principe, à proposer une alternative crédible non pas à la présidence Sarkozy mais à une situation, économique, écologique, financière et sociale qui ne peut perdurer. Est-ce le cas ? Est-ce le but ?

Que les socialistes, tels que nous les connaissons par l'intermédiaire de leurs personnalités médiatisées, mais vieillies avant que d'être vieilles, persistent à croire -nous disons bien croire- en la croissance, l'énergie nucléaire, les institutions de la Ve République et la démocratie représentative fondée sur les partis, rien d'étonnant à cela.

Leurs alliés principaux, en 1981, les communistes, en retard d'une ou deux générations, sont politiquement morts avec la fin du système des soviets, en 1989 (Tchernobyl y ayant contribué, en 1986), mais aussi à cause de leur instrumentalisation par François Mitterrand. Les survivants, de cet organisme caduc en sont restés à une politique traditionnelle de protection des derniers élus, sans rien proposer de neuf, ni pour leur pays ni pour eux-mêmes. Le tout nouveau Front de gauche en fera bientôt les frais, en dépit des talents d'orateur de Jean-Luc Mélenchon et des quelques idées fraîches nées au sein du Parti de Gauche.


Combien de députés ? C'est la question qui poigne les écolos comme les cocos.

Mais que les écologistes lâchent la proie pour l'ombre, à cause d'un calcul électoral à court terme, voila qui inquiète, plus que cela n'étonne ! L'écologie, telle que nous l'avons découverte, comprise et adoptée, suppose une vision à moyen et long terme qui n'autorise pas la perpétuation de cette quête constante de places, soit disant pour peser sur les politiques publiques mais au risque de ne peser que sur du marginal ! Les lucides savent qu'il y a plus d'avenir chez les "indignés" que dans un retour à des majorités roses-vertes que le PCF, moribond, et les antiquités politiques, hier brillantes, tel Chévénement, feront tout pour rendre infécondes. L'erreur pluri-décennale des Verts, depuis les années 1970, aura été de chercher à entrer dans des jeux d'alliance avant d'avoir obtenu, par eux-mêmes, l'audience et la représentativité nécessaires pour n'être pas marginalisés.

Cette fausse gauche-là est en voie de dépassement, quand bien même elle continuerait à engranger des succès électoraux ! Les élections ne sont plus au bout de processus politiques qu'elles valident, mais elles sont devenues des machines à désigner des vedettes, formatées pour séduire, et devant disposer de moyens financiers considérables et aliénants. La démocratie a cessé d'être liée à des succès électoraux !

Car la démocratie n'est-elle pas à réinventer ? Eh bien non ; elle est à... inventer, car c'est d'une autre démocratie que nous avons besoin, celle où le citoyen peut décider. La réalité du monde a changé et faire fonctionner les organisations politiques, comme au siècle dernier, ne peut durer longtemps encore. Il n'y a pas que le système économico-politique capitaliste qui va imploser, c'est tout une culture au rabais dans laquelle se sont englués les leaders de droite comme de gauche qui va se révéler obsolète et pernicieuse.

Dépassons nous-mêmes cette politique du compromis avec le passé. Il y va de la paix autant que de la liberté de penser et d'agir des citoyens, dans un monde qui a achevé de se transformer, sous nos yeux, en "société de Marché" et qui ne peut plus fonctionner dans ce cadre restreint.



... la France peut leur vendre un excellent prototype : Flamanville

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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