Une date facile à retenir : trois fois 11... ! Que d'élucubrations vaines n'entendrons-nous pas aujourd'hui ! La réalité est assez cruelle pour qu'on n'y ajoute pas nos fantasmes ! Mieux vaut se demander quel est l'état de santé du monde, à ce jour ? Et que retenir des événements qui se produisent sur la planète ?
Ce qui s'est passé le 11 novembre 1918, c'est la fin d'une immense et immonde boucherie et tout souvenir nationaliste, à cet égard, est plus qu'infondé. Commémorer, comme il convient, ce moment de l'histoire avec les Allemands, comme il est enfin possible, dit assez qu'on a opposé des armées et tué des millions d'hommes, pour rien.
C'est la chanson de Craonne qui exprime le mieux la condamnation de cette guerre. Son refrain suffit à dire la désespérance de soldats envoyés à la mort.
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.
Du 11 novembre, à jamais, c'est ce passé là qui demeure, ainsi que cette parole de Jaurès, assassiné pour n'avoir pas voulu la guerre : " le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l'orage". Sommes-nous au bord d'une nouvelle guerre, ce 11-11-11 ? Si une menace pèse sur les hommes, elle ne tombera pas des astres ou des chiffres et nous en serons, de nouveau, responsables !
Et voila qu'on veut honorer, ensemble, tous les "morts pour la France", de ceux de Verdun à ceux d'Afghanistan. Les morts pour la France ont trop souvent été des "morts à cause de la France". Les jeunes vie fauchées n'ont pas servi à défendre des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité ! Elles ont été sacrifiées sur l'autel d'une France longtemps dominatrice et qui voudrait bien le rester. D'Indochine en Algérie, d'Irak en Afghanistan, des Balkans jusqu'à l'Afrique noire, la France s'est prise pour le gendarme et le maître du monde, avec ses alliés occidentaux. L'humiliation de l'Allemagne en 1920 a fait le lit du nazisme. S'il fallut des morts, encore, entre 1940 et 1945, des résistants, des fusillés, des civils écrasés sous les bombes, ce n'est pas saluer leur mémoire que d'en faire des exemples et des héros. Ils ne pouvaient, hélas, que faire ce qu'ils ont fait ou subi, mais eux n'ont pas voulu cette catastrophe indescriptible. Le dire valait, en 1915 ou en 1917, le poteau d'exécution et la condamnation infamante, retentissant jusque dans les familles et les villages dont les révoltés étaient originaires !
Ceux qui ont rendu possible l'horreur, les chefs civils et militaires, n'ont toujours pas été désignés comme les criminels de l'histoire. Pire, en France, parmi les militaires, certains ont été nommés maréchaux, et l'un d'eux, Pétain, couvert d'honneurs, s'est vautré en 1940, dans le crime d'État sous l'influence et avec le soutien de nombreux cyniques .
En France, on touche difficilement aux symboles de la puissance et Bonaparte reste encore le général intouchable, image historique de la "grandeur" de la France impériale, dont on ne veut toujours pas reconnaître, en 2011, qu'il fut le premier bourreau de l'Europe !
Voila ce que le souvenir des guerres franco-allemandes aussi fratricides qu'épouvantables doit laisser en nous, ce 11-11-11 : nous avons une Europe de paix et de justice à construire qui échappe à la domination de quelques États-nations. Que cet anniversaire, cette date remarquable, soient le repère fixant le début d'une période de redécouverte d'une République sans frontières car, désormais, nous sommes tous liés les uns aux autres, si nous voulons qu'il y ait une suite à l'aventure humaine.
La paix est en nos mains.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
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