Des élections viennent
de se terminer.
De quelques couleurs
politiques qu'elles proviennent, les professions de foi sont
révélatrices de la pauvreté des programmes des candidats et cette
observation est constante à toutes les élections. Ensuite, arrivés
au pouvoir, ils gèrent le présent sans prendre en compte l'avenir.
Alors que la politique
doit s'entendre dans le temps long, coincés par la durée de leur
mandat, par la perspective de leur réélection et par le
fonctionnement médiatique et sociétal, tous les hommes politiques
font de la gestion de court terme.
En 2012, la Cour des
Comptes les a tancés en affirmant dans un rapport « (qu'il
fallait) mettre le politique au défi de se placer sur le temps long,
pas sur celui des promesses électorales ».
« Assez de
pilotage à vue » a écrit la Cour, ajoutant : «
de se débarrasser des réflexes d'une société de consommation
obnubilée par le temps … court »
Mais, comme tous leurs
contemporains, ils se laissent prendre au piège de l'accélération
du temps où l'on va toujours plus vite, où Internet permet d'être
informé dans l'instant, où l’obsolescence programmée limite la
durée de vie de tous les biens de consommation, où le retour sur
investissement, non content d'être à deux chiffres, doit être
immédiat, où les transactions boursières se font à la nanoseconde
…
Le temps court permet de
renouveler les produits plus souvent au bénéfice (importants) de
quelques individus qui ont compris comment s'approprier les marges à
leur profit.
Le temps court permet
d'augmenter le rendement des capitaux qui tournent à la vitesse de
la lumière et décuple la cupidité du système et des oligarques.
Le
temps court est concomitant à la société de consommation dont le
credo est de consommer toujours plus et toujours plus vite.
L'accélération du temps est inhérent au système capitaliste et
assure son succès.
Le monde a perdu de vue
le temps long et ne s'intéresse qu'aux symptômes et plus aux
causes.
« Nous empruntons la
terre à nos enfants »
Oublier
ce proverbe africain si chargé de bon sens, c'est
oublier que nous devons toujours considérer nos actions en pensant
aux générations futures, c'est oublier que le temps
long est celui des visions politiques de long terme porteuses de
progrès social et humain.
L'omission
du temps long donne le confort d'ignorer les conséquences de nos
actes et de nos décisions sur les générations à venir et obère
jusqu'à l'avenir de l'humanité.
Malgré l'oxymore que
certains dénoncent, le concept de « développement durable » est
un rappel à l'ordre à notre modèle économique et à l'adulation
du « dieu croissance ». Le modèle que nous montre l'évolution du
monde depuis sa création est celui du temps long.
C'est l'arrogance et la
prétention de l'homme « moderne » qui le met en contradiction avec
la terre qui le porte.
La petitesse de notre
passage sur la terre sur la terre en comparaison avec les temps
géologiques devraient nous ramener à la plus grande modestie.
Tout dans la nature est
là pour nous rappeler le temps long :
- Le jardinier qui plante aujourd’hui un chêne sous l'ombre de laquelle se détendront ses petits enfants,
- les énergies fossiles qui, œuvre des temps anciens, seront consommés en moins de deux siècles,
- des pans entiers des forêts d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique détruites en quelques minutes par des machines géantes,
- les ressources halieutiques en voie d'extinction détruites par l'avidité du monstre humain,
- sans oublier la désagrégation lente des déchets nucléaires et la dégradation des nappes phréatiques, de la couche d'ozone, du climat, etc
Quelle prétention de se
croire ainsi supérieur à la nature qui a mis des centaines de
milliers d'années à élaborer ce que nous aurons dilapidé en
l'espace de deux siècles.
Aujourd'hui,
on constate que la Cour des Comptes n'a pas été entendue et que ses
exhortations sont restées lettres mortes, pourtant, il faut
absolument que la raison revienne à tous les décideurs, aux
industriels, aux femmes et aux hommes politiques, mais aussi à nous
tous car la prise en compte du temps long n'a de sens que
collectivement.
Il
est primordial que les conséquences de nos décisions comme de nos
actes soient prises en compte sur la durée.
Jean-Claude Vitran et
Jean-Pierre Dacheux
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