jeudi 2 septembre 2010

La politique est morte, vive la politique !

20 PICASSO GUERNICA

Guernica et le Veau d'Or de Picasso, inspirés par l'horreur de la guerre d'Epagne, sont, devant nous, le rappel permanent de l'épouvante passée. Pour citer d'anciens maîtres de la pensée socialiste, (tel Jaurès), il nous faut garder à l'esprit, et devant nos yeux grands ouverts, que "le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage". Jaurès mourut de l'avoir dit, crié et mis en débat et l'on sait ce qui s'en suivit : deux guerres mondiales !

"Le temps du monde fini commence" avait annoncé Paul Valéry, en 1945, peu avant sa mort. survenue moins de quinze jours avant le crime historique d'Hiroshima et Nagasaki, jamais reconnu comme tel ! Depuis, nous nous sommes avancés vers cette finitude et le sort de l'humanité se trouve, à présent, deux fois mis en cause. D'une part, nous serions en capacité de nourrir 15 milliards de Terriens mais, par refus du partage, nous ne faisons pas face aux besoins des 7 milliards de vivants actuels (hormis ceux qui consomment plus qu'il n'est nécessaire). D'autre part, nous avons accumulé de quoi produire une énergie nucléaire, civile et militaire qui, par sa violence libérée, par ses déchets, peut, à court ou long terme, éliminer notre espèce et, en principe, détruire la planète plusieurs fois (mais une seule fois suffirait...).



"Que faire", alors, eut dit Lénine ? Pour qui veut en finir avec ce qu'on appelait jadis "l'exploitation de l'homme par l'homme", il faut "sortir du capitalisme", nous rappelle Hervé Kempf. Oui, mais comment ?

Les socialistes, écologistes, communistes, altermondialistes, trotskistes et autres radicaux qui ne sont pas des "objecteurs de croissance" se retrouvent, aujourd'hui, sans arguments, mains nues devant ce qu'ils contestent, et condamnés à se trahir eux-même. Car la contestation radicale du système capitaliste suppose la mise en cause totale de la croissance.

Et bien voilà : nous y sommes ! On peut le dire, à présent : il n'y a d'anticapitalisme qu'écologiste.

Ceux des socialistes qui ne cessent de croire en la croissance indéfinie, ne sont plus socialistes, parce qu'ils s'interdisent de désirer encore ce pour quoi leur parti était né, la fin de l'appropriation privée des moyens de production. !

Les écologistes qui, par "réalisme", se refusent à une totale mise en cause de la croissance, ne sont plus eux-mêmes écologistes. Pour l'avoir trop oublié et n'avoir plus fait des luttes antinucléaires l'axe principal de leur politique, ils se sont enfermés dans des compromis électoraux les menant à des compromissions irréversibles.

Les grands thuriféraires de la croissance se moquent bien, de nos jours, de la gauche et de la droite. Ils veulent du profit, de l'argent pour les actionnaires et une bonne protection de leurs joujoux productifs, quitte à limiter (un peu) les excès antiécologistes de certains.

Et nous voici revenus à l'objection de croissance qui est aussi une objection des consciences car elle est la manifestation de volontés politiques innombrables, de plus en plus éclairées. La découverte de la capacité des hommes à devenir leurs propres prédateurs n'est certes pas récente mais ce qui est nouveau, c'est que des milliards de Terriens désormais le savent et glissent du sentiment de la fatalité à celui de la responsabilité.

La politique est morte, celle qui consiste à tromper le peuple aussi longtemps qu'il est possible. Vive la politique, celle qui substitue à la professionnalisation des élus, quel que soit leur mode d'élection, la responsabilisation, elle croissante, de tous les citoyens qui veulent agir non pour la domination mais la coopération de tous les humains.

Et qu'on ne nous dise pas que c'est une utopie, un rêve, un idéal ! C'est, tout simplement, la seule voie qui reste ouverte pour que la politique retrouve un sens

Voir le texte de Paul Valéry. http://www.archipope.net/article-12074109.html

Nous sommes la Terre

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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