" Sous la IVème République, il n'y avait, en réalité, qu'un pouvoir : l'Assemblée ; le Gouvernement n'existait plus, il était dominé, écrasé, phagocyté par le Parlement. Sous la Vème, il n'y a de nouveau qu'un pouvoir : l'exécutif, le Gouvernement ou plutôt le Président ; l'Assemblée ne joue aucun rôle, sinon de pure figuration. On est passé d'un extrême à l'autre".
Pierre Mendès-France
On a eu beau parler, au siècle dernier, de "la Nouvelle République" (1), le mot république avait pris le sens que lui donnaient les Républicains made in USA : le société gouvernée par les élites. La République gaullienne était de nature présidentialiste. La Vème République, en dépit de ses évolutions, l'est restée.
Quand Jean-Pierre Chévénement parlait de République, il faisait appel, lui aussi, à un État fort, sévère et juste, très réticent devant la décentralisation, la régionalisation et l'Europe politique.
Cette République-là se distinguait de la démocratie quand elle ne s'en s'éloignait pas ! La "République moderne" mendésiste, au contraire, voulait un équilibre des pouvoirs qui ne réduise pas la République à une "monarchie républicaine".
Le temps passe. La République se réveille de la léthargie dans laquelle elle a été plongée. Sous jacente aux institutions, elle s'en détache parce que la res-publica, "la chose publique", est passée derrière les intérêts privés que les gouvernements français ont privilégiés. Le gouvernement actuel a dépassé les bornes en rendant publique sa connivence avec les puissances d'argent. Auparavant, la solidarité avec les capitalistes se faisait discrète; on respectait des formes. Non seulement cette prudence a cessé mais, en même temps, des événements appelés "crise" ont mis en doute la nécessité d'associer le capitalisme à la démocratie.
Alors l'idée républicaine a refait surface ! La démocratie qui est l'association plus ou moins forte des citoyens aux décisions politiques a été rejointe par la République qui est l'organisation politique où prime l'intérêt général. La République qui fut, d'abord, le rejet du pouvoir absolu, ne se reconnait pas dans "l'exercice solitaire du pouvoir" condamné par François Mitterrand et si bien exercé par lui. La République n'a rien à voir avec le gouvernement ultra centralisé, "élyséen", que nous voyons à l'œuvre ! En clair, la Vème République n'avait gardé de la République que ce que De Gaulle y avait laissé : s'obliger à s'incliner devant une décision populaire exprimée par référendum. Dès que cette obligation même a été "oubliée", conduisant à la cohabitation, cette fiction démocratique, la République a cessé d'être ce qu'elle est !
La République n'est pas une Constitution numérotée ! La République est un vivre ensemble organisé où les choix sont ceux qui font de "la chose publique" la priorité. Il est des Républiques défigurées qui portent un nom mais n'ont plus la substance républicaine, laquelle est nécessairement démocratique parce que la chose publique est la chose de tous.
Si, à l'occasion du prochain scrutin présidentiel, n'est pas mise en avant la question vitale pour le pays, (la restauration d'une République au contenu de ce siècle), nous resterons hors de la République réelle.
(1) L'Union pour la nouvelle République (UNR) était un parti politique français destiné à soutenir l'action de De Gaulle, revenu au pouvoir, au mois de juin 1958.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à poster un commentaire.