lundi 1 décembre 2008

Le marché, ça ne marche pas.

L'économie est une science humaine. Ce n'est pas une science exacte. Ce n'est pas une science "dure". Elle n'existe pas séparée des autres sciences humaines. Pour avoir voulu faire de l'économie un savoir qui ne se discutait plus, avec des lois intangibles et des calculs mathématiques savants, on a précipité l'économie dans le dogmatisme et le fanatisme des marchés. Or le marché, ça ne marche pas; ça ne marche pas tout seul. Il n'y a pas de lois du marché. Il n'y a que les pratiques des marchés.



L'économie est comme la météo : un papillon achète une action à Melbourne et cela a des répercussions à Francfort! On peut bâtir tous les modèles que l'on veut, aucun n'est fiable. Il y a autant d'économies que d'économistes ; il y a surtout autant d'économies que de niveaux de partage et de solidarité.

L'économie devenue ordinaire, celle dont on nous ressasse les fausses vérités tout au long des émissions radio et télé diffusées, par exemple, ne connaît pas la gratuité. L'économie libérale surtout, qui monétarise tout. Dans le livre L'économie pour les Nuls, l'auteur, Michel Musolino, professeur d'économie et d'histoire de l'économie en classes préparatoires et à l'Institut Supérieur de Gestion, soutient le pari de rendre accessible, tout en restant pédagogique, une discipline qui, une fois débarrassée des ses oripeaux, se révèle divertissante autant par sa logique que par les problèmes qu'elle pose et qu'elle résout. Il y rappelle que, dans les sociétés humaines, l'échange et le don ont toujours été pratiqués. Faire de tout une marchandise est une perversion qui... coûte cher.

Le philosophe Alain Guyard (1), au cours d'une émission de Là-bas si j'y suis (2), diffusée sur France Inter, nous invite à ne pas nous comporter comme des moutons. Ce n'est pas parce que l'on ne sait pas faire fonctionner l'économie mondiale autrement qu'en la faisant dépendre de financements contrôlés en Bourse, qu'il faut, à jamais, que l'humanité dépende de cette organisation rigide et unilatérale des marchés, satisfaisant toujours, et d'abord, les intérêts des riches! S'il en a été ainsi depuis l'antiquité, ce n'est pas de nature, c'est parce que le pouvoir et les moyens d'agir appartiennent à ceux qui possèdent l'argent, mais ce n'est plus inéluctable.

Jacques Attali (3), dont on ne peut dire qu'il n'est pas un soutien fervent de l'économie capitaliste, a l'intelligence d'expliquer que le capitalisme, s'il veut continuer à marcher, ne peut plus laisser les pauvres s'appauvrir en finançant l'essentiel (ce qui permet de survivre) tandis que les épargnés s'enrichissent toujours plus tout ( et en s'accordant ce qui constitue le superflu)! L'intérêt des riches n'est plus, actuellement, de garder toute la richesse pour eux-mêmes!


Les économistes informés savent surtout que les limites de l'espace de vie des humains ne permet plus d'exploiter la Terre à fonds perdus. L'écologie est une nécessité économique autant que politique mais, à présent qu'il n'est plus possible d'en contester l'ampleur et l'urgence, une nouvelle bataille fait rage : à qui va profiter l'économie verte? À tous ou, encore une fois, aux privilégiés de la planète? Nous disposons de quelques années pour effectuer le virage très difficile à négocier qui nous sortirait de la dictature des marchés. Sinon...


(1) http://www.diogeneconsultants.com/QUIsommesnous.html
(2) http://www.la-bas.org/
(3) http://elections.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2008/11/03/attali-l-a-dit.html

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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