samedi 8 mai 2010

Sétif, 8 mai 1945 : un déni historique !

Les Droits de l'Homme "hors la loi" ?

8 mai 1945 : fin d'une guerre mondiale.

8 mai 1945 : début d'une guerre coloniale.
Les Algériens qui voyaient dans la Victoire, à laquelle ils avaient contribué, une chance pour l'indépendance de l'Algérie, ont été massacrés, par milliers, à Sétif, après une manifestation ayant dégénéré en affrontements tragiques et entrainé la mort de plusieurs dizaines de "Pieds-noirs". Ce massacre est à l'origine de la révolte qui allait couver et commencer en novembre 1954.
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C'était en 2005, à l'occasion du 60e anniversaire du massacre, dans Libé.

Le conseil d'administration de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a décerné, "à l'unanimité", le vendredi 7 mai 2010, le premier prix de la "Bêtise avec un grand C" au député UMP des Alpes Maritimes Lionnel Luca pour s'être "attaqué publiquement" à une oeuvre, le film de Rachid Bouchareb "Hors-la-loi", "sans l'avoir vue". Lionnel Luca, "dans un grand élan de respect et de tolérance", a estimé que "Hors-la-loi", qui sera présenté le 21 mai en compétition au 63e Festival de Cannes, est manichéen et qu'il s'agit d'une falsification historique".

"Hors-la-loi" suit, de la fin des années 1930 à l'indépendance algérienne en 1962, le destin de trois frères à travers les tumultes de l'histoire franco-algérienne.

Taxé de "négationnisme" par M. Luca, le film s'est attiré les foudres de l'extrême droite, d'associations représentant des harkis, des anciens combattants et des pieds-noirs. Une douzaine d'intellectuels ont réagi en dénonçant le "retour en force de la bonne conscience coloniale".

Plusieurs intellectuels protestent. Nous aussi ! En pleine remontée de l'extrême-droite en Europe, le déni historique est le signe d'une avancée de forces qui n'en sont pas à leur première violation des Droits de l'Homme. M. Luca n'est pas seulement ridicule; il est dangereux. Nous faisons nôtre cette protestation :

" L'évocation d'une page d'histoire tragique peut aussi bien passer par la fiction, avec ses inévitables raccourcis, que par les indispensables travaux des historiens.

Dans le cas du film de Bouchareb, le problème de fond est ailleurs : des pressions ont été exercées sur les chaînes de France Télévisions pour ne pas coproduire le film et sur les responsables de la sélection officielle du Festival de Cannes pour qu'il ne soit pas sélectionné. Tandis que le producteur a été l'objet de demandes inhabituelles venant de la présidence de la République et du secrétariat d'Etat à la défense et aux anciens combattants pour visionner – dans quel but ? – le film avant la date de sa présentation officielle aux jurés et au public du Festival de Cannes.

En même temps, des associations extrémistes appellent à perturber le Festival en protestation contre la sélection de ce film. Et la réaction de M. Luca – rejoint le 29 avril par le député UMP de Béziers, Élie Aboud, président du groupe parlementaire d'études sur les rapatriés, qui n'admet pas "qu'on utilise de l'argent public pour insulter la République" – est révélatrice : des milieux nostalgiques de la colonisation continuent de chercher à faire obstacle à la liberté de la création et à la nécessaire reconnaissance du passé colonial de la France. Ces députés déclarent espérer que la "Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie", prévue par l'article 3 de la loi du 23 février 2005, qui présentait comme positive l'"œuvre de la France outre-mer", sera rapidement mise en place, "afin de mieux approcher la vérité". Le pire est à craindre quand le pouvoir politique veut écrire l'histoire que nos concitoyens iront voir demain sur nos écrans".

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


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