mardi 19 mai 2009

Sondages, sondages… L'Europe en panne!




Le Gouvernement de Nicolas Sarkozy
a déjà remporté les élections européennes. C’est Le Figaro qui le dit. Un sondage place les listes UMP largement en tête, avec 27% des intentions de vote (parmi ceux qui voteront!) et même 33% en Ile de France…!

Ce que Le Figaro ne dit pas, c’est que le triste record d’abstentions de 2004 (près de 58%!) risque d’être battu. Avec 40% de participation, 27% de votants ne feraient même pas 11% des inscrits (et cela sans compter les blancs et nuls qui peuvent peser plusieurs points !). Ne parlons pas des résultats des autres, tous « anti-Sarkozy », mais totalement éparpillés ! Il ne suffira pas d'additionner les votes non-UMP! Conclusion : le plus mauvais des partis pouvant se prévaloir d’avoir fait moins mal que les autres, la messe est dite : en dépit de son score médiocre, et donc en perdant l'élection "le Parti du Président" l'aura gagnée!


Cela vaut-il la peine d'en faire tout un fromage?


Mais partout en Europe, c’est la même chose : dans les 26 autre
s pays, comme en France, on votera probablement peu, et absolument pas pour se prononcer sur les politiques européennes. Ce sont des comptes nationaux qu’on va régler ! Les élections européennes seront donc privées d’Europe! C'est contradictoire et, à la réflexion, prévisible, au vu de la pseudo campagne, terne et inadaptée, à laquelle… nous avons à peine pu assister et encore moins participer (contrairement aux débats ayant accompagné le référendum de 2005) !

Le PS et le MODEM ont le regard fixé sur 2012. Cela ne leur réussit pas. Europe-écologie semble pouvoir, dans ces conditions, obtenir un résultat décent. Du coup, les sourires que s’adressaient François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit ne sont plus qu’un lointain souvenir. Quant aux socialistes, ils sont, disent-ils, devenus les seuls à pouvoir mettre en œuvre des politiques écologistes… Ne riez pas ; c’est désolant.

Le résultat politique principal se trouve dans la main des abstentionnistes (et, pour une fois, c’est reconnu comme indiscutable). Les raisons de ne pas voter (ou de voter blanc, mais ce vote, non comptabilisé, est sans poids, hélas !) sont évidentes : le nouveau Parlement élu n’imposera pas davantage qu'hier sa volonté à la Commission ; on peut voter comme on veut mais les États ont le pouvoir de ne pas s’incliner devant un vote majoritaire, y compris quand il s’agit d’un référendum ; L’Europe économique est une Europe définitivement libérale devant laquelle l’Europe politique est et restera muette ; avec ou sans élection, la soit disant crise ne changera donc rien aux décisions économiques prises à Bruxelles ou Strasbourg, avec l’aval des gouvernements ; et surtout, la plupart des votes au Parlement ayant déjà fait l’objet d’un consensus entre les Libéraux et les « socialistes », pourquoi cela ne continuerait-il pas ? La démocratie européenne est, aujourd’hui, devenue un leurre.

Les sondages font partie du conditionnement de l’opinion, mais ils ne peuvent tout cacher ! En particulier que la France n’est plus europhile, qu’elle est à la 19ème place sur 25 en termes de confiance en l’Europe, et qu’elle est désormais convaincue que son vote ne changera rien.

Aller vers une élection européenne concernant 475 millions de citoyens, sans pouvoir rien transformer en Europe (et devoir voter tout de même !), au moment où tout est remis en question (mais sans qu’on puisse associer les peuples d’Europe à cette mutation de société !) Voilà qui n’est pas banal ! Sondage ou pas, il n’y aura aucun vainqueur au soir du 7 juin, sauf la masse de ceux qui n’auront pas voulu participer à cette mascarade et dont on culpabilisera aussitôt le refus de choisir (quelle que soit la forme que cela prendra).

On ne redonnera pas vie à la citoyenneté européenne sans refonder l’Europe. Cela est inéluctable, mais… cela se fera bien après le mois de juin 2009 !


Et il en manque...

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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