mercredi 3 mai 2017

La Ve République s'est-elle défaite avant même d'être abrogée ?


À l'approche du deuxième tour des présidentielles

Le point au 2 mai 2017. Note 54. À J-5.
par Jean-Pierre Dacheux

Nous continuerons d'analyser l'évolution de la situation politique. Aux notes antérieures, datées, numérotées et modifiables, s'ajouteront les suivantes jusqu'au 6 mai et sans doute au-delà car la lecture complète des présidentielles ne s'effectuera qu'après les législatives. Fin juin 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Au cours de cette campagne électorale, nombre de personnalités politiques parmi les plus connues, se sont trouvées, dès les primaires organisées par les partis, éliminées, écartées, ou se sont mises en retrait. Le premier tour des élections a élargi ce processus si bien que les partis traditionnels, piliers jusqu'alors des institutions de la Ve République, ont été brisés, aucun de leurs candidats n'ayant accédé au second tour. Ce « lessivage » doit être observé avec soin.


1 - Les primaires n'ont pas pesé sur l'issue du scrutin. Pire, elles ont créé des illusions. Cependant, elles ont révélé des contradictions et des faiblesses dont il va, à présent falloir tenir compte.
La primaire ouverte de la droite et du centre, organisée les 20 et 27 novembre 2016, principalement par le parti « Les Républicains », a abouti à l'élimination, au premier tour, d'Alain Juppé, et de Nicolas Sarkozy puis, à l’issue du second tour, à la nette victoire de François Fillon.
Le candidat Fillon, à qui la présidence de la République semblait alors promise, n'en a pas moins été disqualifié, le 23 avril et la droite « officielle » s'est retrouvée écartée de la compétition finale.


La primaire citoyenne ouverte aux acteurs de « la Belle Alliance populaire », organisée les 22 et 29 janvier 2017, afin de désigner le candidat du PS et de ses alliés a abouti à l'élimination, au premier tour, de Manuel Valls, de Vincent Peillon et d'Arnaud Montebourg puis, à l’issue du second tour, à la nette victoire de Benoît Hamon.
Le candidat Hamon, abandonné et trahi par les siens, n'en a pas moins été disqualifié, le 23 avril et la « gauche « officielle » s'est retrouvée écartée de la compétition finale.


La primaire de l'écologie s'est déroulée en octobre et novembre 2016 pour désigner le candidat d'Europe Écologie les Verts (EELV). Organisée par internet elle a abouti à l'élimination, au premier tour, de la favorite, Cécile Duflot, puis, à l’issue du second tour, à la victoire deYannick Jadot qui, ayant lié son sort à celui de Benoît Hamon a été, de fait, exclu de la compétition, lui-même et son parti.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Primaire_fran%C3%A7aise_de_l%27%C3%A9cologie_de_2016


Les candidats sans parti, qui se sont exonérés du passage par les primaires ont atteint leur objectif : Emmanuel Macron, en situation très favorable sera, sans doute, Président de la République. Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score qui a permis à la gauche rénovée d'exister encore et de préparer l'avenir. Les « petits candidats » ayant obtenu moins de 2% des suffrages n'ont pas pesé sur le résultat final mais leur apport ne fut pas totalement négligeable.


En fait de lavage ou de lessivage de l'espace électoral, ce fut un véritable essorage ! Le mode de scrutin retenu pour les primaires était la copie du mode de scrutin en usage, depuis 1965 pour désigner le Chef de l'État. Les primaires, inefficaces, ont entamé un processus imprévu : nombre de candidats ont été purement et simplement « sortis » de la vie politique. Les prochaines législatives verront disparaître aussi des députés qui ne se représenteront pas, et non seulement à cause de la mise en œuvre de la loi sur le non-cumul des mandats mais parce qu'ils auront perdu les références partidaires qui leur permettaient de se faire réélire. Quoi qu'il arrive, dans les semaines et mois à venir, le paysage politique, totalement nettoyé, ne sera plus jamais le même.


2 – Peut-on, sans changer la République et ses institutions changer d'univers politique ?
Voilà qui ressemble à une quadrature du cercle ! Suffit-il de ne changer que le personnel ? Ceux qui se sont rangés derrière Macron vont-ils se contenter de le suivre sans mot dire, sans rien demander, sans exiger le prix de leur ralliement ? Après « la trouille des électeurs », affolés par la montée de Marine Le Pen, va-t-on assister à un énorme « ouf » de soulagement et à une retombée des exigences démocratiques ou, au contraire, va-t-on voir apparaître, notamment dans les jeunes générations, une volonté plus forte de participation à la décision publique ? À quoi s'ajoute l'exigence de ne pas rechuter dans les mêmes ornières, au risque de se retrouver, en 2022, avec une nouvelle progression du Front National et une candidature Le Pen-ter ?

Les élections législatives vont nous réserver de nouvelles surprises quand vont se chercher :

Une majorité présidentielle complexe avec :
- Un nouveau « parti du Président » mais composé de qui et de quoi en termes d'actions ?
- Le retour du parti « les Républicains » mais sous quelle égide avec quels leaders ?
- La relance d'un parti ex-socialiste franchement social-libéral ?
De nouvelles oppositions, avec : 
- L'entrée du FN au Parlement, à droite de la droite, mais à quel niveau ?
- Un mouvement de gauche écolo-social autour de la France insoumise, incluant ou non le PCF et EELV, voire une partie de l'ex PS ?
- Des opposants non identifiés encore qui ont voté Macron seulement pour éviter le FN ?

Si la logique présidentialiste ancienne l'emporte, le nouveau Président aura une majorité pour gouverner. Mais, dans le même cadre institutionnel, est-ce si sûr, cette fois,  ?


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