À la vérité, on ne sait exactement quand il est mort...
Ce mardi matin passé, Benoit Hamon, porte parole du parti socialiste était interrogé par RTL. Les questions roulaient sur la candidature de Ségolène Royal à la magistrature suprême qu’elle venait de confirmer quelques instants plus tôt sur une autre chaine de radio.
Tous les auditeurs sentaient bien qu’il était en difficulté, bien embarrassé pour répondre et qu’il cherchait désespérément des échappatoires. "La crise, elle sera à droite, qui aura, elle, plusieurs candidats au premier tour de la présidentielle" de 2012. "Nous n'aurons pas plusieurs candidats au premier tour. On fait des primaires pour choisir le meilleur candidat", se déclarant "pas vraiment surpris " de l'annonce de Ségolène Royal. " Ma responsabilité, c'est de dire : "il faut être les meilleurs opposants et les meilleurs proposants et, comme ça, on s'illustrera comme de bons socialistes" finissait-il par dire.
Pauvre Benoit, comment voulez vous qu’il annonce aux auditeurs qu’ils étaient les témoins désarmés et impuissants d’une mise à mort annoncée et que se jouait, en direct, le dernier opus du Requiem pour le PS ?
Ce ne sont pas les affirmations de Mme Royal qui rassurent : "Ce n'est pas une décision par surprise. Je fais mouvement dans le respect de tout le monde (...) La compétition ne se fait pas les uns contre les autres, elles se fait en regardant les Français", a expliqué l'ancienne candidate PS à la présidentielle, qui assure avoir annoncé ses intentions à Dominique Strauss-Kahn, lors de sa visite en France, ainsi qu'à Martine Aubry avant de se lancer. "Nous avons une alliance fraternelle entre nous, pour qu'il n'y ait pas de guerre des chefs, pour que nous nous respections (...) et que nous puissions, le moment venu, nous rassembler", assure-t-elle. En ajoutant, en parlant de DSK, avec un aplomb extraordinaire : "D'ailleurs quoiqu'il arrive, il fera un excellent Premier ministre. "
Avec cette spécialiste de la pirouette, grande perturbatrice de la vie publique à la capacité de nuisance inégalée, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Sa certitude narcissiste, proche de celle du président en exercice, d’avoir un destin « national » et l’exubérance de son surmoi l’amèneront à toutes les extrémités. En réalité, M me Royal ne peut pas entretenir une relation normale avec une organisation collective structurée.
Nous oublions tous, ou nous feignons d’oublier ce propos entendu sur BFM radio, en février 2010, en réponse à la question de savoir si elle pourrait concourir en 2012 contre le ou la candidate investi(e) par le PS, et Ségolène Royal de répondre qu'il faudra compter sur elle en 2012, avec ou sans le PS. Quelle bande de sourds sommes-nous, tout était déjà presque consommé.
De plus, Mme Royal n’est pas une socialiste ou, sinon, de ce faux socialisme d’après 1983, devenu libéral et adepte de l’économie de marché, et ses idées sur la sécurité reviennent en force dans le projet du PS qui marque un véritable virage idéologique pour le parti. Elle et ses lieutenants évoquent à nouveau "l’ordre juste", "la sécurité durable", et l’encadrement militaire des jeunes délinquants. Par ailleurs, Mme Royal a rajouté dans sa déclaration de candidature : "Je crois que nous pouvons construire en France un capitalisme d’état" dévoilant enfin la nature de son éventuel gouvernement : "néolibéral socialiste".
Cet instant de la tragédie grecque où l’héroïne porte le coup fatal et où tous les combattants, désorientés, s’éparpillent et retournent à leur base, laissant derrière eux un désert infertile, était inévitable.
Car la candidature de Mme Royal n'est que le révélateur d'une situation trouble et intenable qui ne pouvait perdurer. Le nombre de courants est suffisamment important pour que le parti puisse occuper, à lui seul, tous les degrés du Palais Bourbon, de la gauche extrême à la droite frontiste. Vouloir concilier l'inconciliable pour des raisons de basse politique électoraliste et d'ambitions égotistes, sans vrai programme ni dessein pour notre pays, ne peut produire que l'éclatement du parti.
Pour le confirmer, il suffit simplement de comptabiliser, 9 mois avant la date officielle, le nombre de candidats en lice pour la désignation suprême : pour l'instant, pas moins de 11 sont dans les starting-blocks.
Nous observions avec intérêt cet assemblage hétéroclite de la carpe et du lapin et bien d’autres animaux, courbant le dos en redoutant le moment où allaient apparaître les premières fissures.
Nous constatons avec chagrin que ce moment est arrivé.
Il ne reste plus qu’à demander au compositeur de nous interpréter le dernier opus de la messe pour les défunts et, pour ceux qui sont croyants, de prier pour une résurrection.
Puissent les socialistes reprendre le pouvoir dans leur parti et laisser filer la socialo-capitaliste...
Jean-Claude Vitran et Jean -Pierre Dacheux
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